Hier matin, décollation de saint Jean Baptiste, hier et aujourd'hui, saint Alexandre Nevski, fête votive de notre cathédrale. Au réveil, je n'avais aucune envie d'aller à l'église, cela me cassait complètement les pieds, et je n'avais pas envie de jeûner non plus. En passant devant la vénérable église de la Transfiguration, où a été baptisé Alexandre Nevski, j'ai eu un grand élan du coeur: "Saint prince, intercède pour nous, défends-nous!"
Je suis allée trouver le père Andreï, je lui ai confié que j'avais un sentiment d'angoisse et de tristesse depuis plusieurs jours. en plus du surmenage causé par ma vie sociale, toutes les horreurs auxquelles ont est confronté, pas directement, mais j'imagine, et j'imagine notemment ce qui peut se passer sur les territoires qui étaient sous contrôle russe et repassent sous contrôle ukro-otanesque. Et puis d'être sans arrêt aux prises avec les croisés convaincus de la mauvaise cause qui viennent ratiociner sur mes fils de commentaires et me faire la morale. "La création me dit-il, c'est sacré, vous ne devez pas vous y soustraire, votre témoignage, vos chansons, cela fait partie de votre vie spirituelle, c'est votre vocation: "Que tout souffle loue le Seigneur". Quand au Donbass, ma chère Laurence, mais à qui faisons-nous vraiment la guerre, là bas, vous le savez pourtant bien? Ce n'est pas une histoire de territoire, c'est beaucoup plus grand que cela.N'est-il pas évident qu'en face, ils sont complètement possédés? Que disait Alexandre Nevski? "Dieu n'est pas dans la force, Il est dans le droit". Dieu ne peut pas être avec les possédés, Il est donc avec nous, et s'Il est avec nous, que craignez-vous? Si nous avons des revers, c'est pour nous éprouver, ou nous enseigner, ou nous réveiller.
- Bien sûr, mais c'est tellement affreux... votre pays m'est profondément entré dans l'âme, je me rends compte que ce n'était pas par hasard, que sans doute, Dieu m'a recrutée quand j'étais toute jeune et amenée ici, que c'était Son dessein à mon égard. Si on le détruit, les gens comme moi, qui y ont trouvé leur arche, n'auront plus de refuge nulle part. Et beaucoup me contactent dans l'intention de monter à bord...
- Eh bien voyez, alors faites confiance. Remettez-vous en à Dieu!
- Il y a quand même un aspect positif, c'est qu'on nous vire du Conseil Oecuménique des Eglises, dont nous aurions dû sortir il y a bien longtemps...
- Qu'ils fassent bien ce qu'ils veulent, la Russie est immense, qu'ils s'agitent là bas, qu'est-ce que ça change pour nous? Nous, nous faisons ce que nous avons à faire, chacun à sa place."
J'ai vu Génia Kolesov et sa femme. Celle-ci est aussi convaincue que le père Andreï qu'il s'agit d'un affrontement métaphysique, eschatologique.
Ce matin, la cathédrale était pleine à craquer, car tout le lycée orthodoxe saint Alexandre Nevski était là. Il y avait des gosses partout, impossible de s'asseoir, cela circulait sans arrêt dans tous les sens, et il y avait les bonnes femmes qui, en dépit de la cohue, veulent absolument coller un cierge aux endroits inaccessibles et enquiquinent les gens pour les faire passer jusque là de main en main. Une dame qui avait l'air de bien me connaître m'est tombée dans les bras. Ici on ne pratique pas le bisou français mais le câlin russe. L'ambassadeur anglais Jerome Horsey parle déjà, avec un certain étonnement, au XVI° siècle, des câlins de Boris Goudounov... Je préfère le câlin russe au bisou obligatoire. J'étais embêtée de ne pas reconnaître cette excellente personne, mais je m'y perds un peu maintenant, c'est terrible, et en fin de compte, je finis par étreindre et saluer, sans me souvenir du specimen précis d'habitant, à travers lui tout Pereslavl, et même toute la Russie. Quand je suis dans ma paroisse, je sens que j'aime profondément tout le monde, la vieille Antonina, les vendeuses de cierges, le choeur, le sacristain Vitali et chacun de nos prêtres, le gentil père ukrainien Vassili, le sévère père Alexeï, du reste pas si sévère que cela, le père Andreï... Ce dernier est si humain, si plein d'humour, et si fervent, je sais qu'il a des faiblesses humaines, mais c'est vraiment un homme de foi, et un homme de coeur.
L'office a été très long, et en plus de mes douleurs articulaires, j'avais mal à la tête. Il a été suivi d'une procession autour de l'église, et l'évêque nous aspergeait copieusement d'eau bénite. Les gosses lui criaient: Vladitchka! (notre cher monseigneur) par ici, encore! Nous n'avons rien reçu!" J'ai vu une adolescente au visage ruisselant comme si elle venait de prendre une douche, qui pouffait avec une copine.
Je suis tombée sur oncle Slava le cosaque, nous avons discuté de la situation: "On ne doit ni se laisser décourager, ni se laisser paniquer. Il faut espérer et prier, car que veut dire ce revers? Dieu nous éprouve, la Russie a été profondément pénétrée par de mauvaises choses, et nous devons nous purifier, autrement, nous deviendrons comme les zombies d'occident et les Ukrainiens, nous sommes les prochains sur la liste."
Au café, j'ai vu Gilles, qui m'a dit: "A force de faire dans la dentelle, ils ont perdu du temps et l'OTAN lâche ses fauves, cela me rend malade de penser aux gens qui subiront les répressions de cette bande de tarés."
Un compagnon du devoir d'origine russe m'écrit qu'il médite de partir, car "l'Europe est en train de devenir complètement folle". Je l'ajoute à la liste de ceux qui ont ce projet et pour lesquels je prie.
Ici deux analyses auxquelles je me fie, et qui me semblent justes.
Comme chaque année, la datcha du peintre Korovine, grand ami de Chaliapine, accueillait son festival à Okhotino, avec des peintres qui s'égayaient dans la nature, diverses prestations d'ensembles musicaux, de lectures de vers, un film, des ateliers, des gens qui vendaient leurs oeuvres ou des spécialités culinaires. J'y ai rencontré le père Alexandre, de Rostov, qui jouait Chaliapine dans une saynète. On m'avait invitée à chanter, ce que j'ai fait. J'étais venue avec ma voisine Ania, et des exemplaires de Yarilo et de mes chroniques. J'ai été très surprise, on peut même dire ébahie, par le succès que j'ai remporté.Une jeune femme en larmes m'est tombée dans les bras en me disant qu'en plus d'avoir du talent, j'étais tellement belle et tellement sincère, qu'elle voudrait bien être comme moi à mon âge, et merci, merci d'exister; j'étais extrêmement émue, un peu dépassée par l'ampleur des réactions. La télé de Yaroslavl va venir me prendre une interview, sa présentatrice vedette m'a fait toutes sortes de réfléxions goguenardes sur le vilain caractère de "la camarade Rita", qui, en effet, vieillit mal, elle ne supporte plus les mondanités et grogne sur tous ceux qui m'approchent! Enfin pour ce qui est de me reposer, cela ne s'annonce pas vraiment comme cela, car je vais être encore invitée à toutes sortes de manifestations.
Un charmant monsieur nommé Arthur m'a dit: "Vous avez une voix remarquable et surtout, on voit que vous ne chantez pas pour vous acquitter d'un travail, mais avec toute votre âme, vous nous emmenez au tréfond du temps! Et puis vous êtes très naturelle, avec un humour très fin qui me va droit au coeur!"
avec Arthur (Morgenstern)
J'étais accompagnée de mon ange gardien, ma voisine Ania, qui me faisait tellement de pub, que j'ai vendu pas mal de livres, et que j'aurai du monde à mon exposition du mois de novembre. On me propose une présentation de livres à la bibliothèque de Yaroslavl. Bref, la gloire locale!
"Vous deviez avoir tant d'amoureux, avec ces yeux et ces boucles", m'a dit une dame. Si elle savait... J'en avais même le coeur serré. Mais bon, comme dit ma tante Mano, ma copie est rendue.
J'ai rencontré une dame qui venait d'Elizarovo, le fief d'Alexei Basmanov, père de mon héros Fédia, et j'ai même un chapitre qui se déroule à cet endroit-là, c'est là que Fédia trouve une sage-femme un peu sorcière sur les bords pour sa jeune épouse enceinte. Elle m'a demandé comment j'en étais venue à écrire sur un tel personnage, j'ai essayé d'expliquer cela brièvement. "Vous comprenez, me dit-elle, nous autres, à Elizarovo, nous ne pensons pas qu'il était aussi mauvais que dans le roman d'Alexeï Tolstoï, ma fille en est sûre, et si elle trouve le financement, elle aimerait tourner un film là dessus.
- C'est bien possible, la vision d'Alexeï Tolstoï est très caricaturale, et puis j'ai été si possédée par cette histoire, il me semble qu'il aimait vraiment le tsar, qu'il lui était vraiment dévoué, et il était probablement très jeune."
Elle connaissait la version de sa fin au monastère de saint-Cyrille-du-Lac-Blanc et a évoqué les remords du tsar à son égard; j'espère la revoir, car j'aimerais en savoir plus long. Mais ce ne sera pas difficile, je connais une autre personne impliquée dans le musée d'Elizarovo.
Au retour, Ania m'a expliqué que depuis quelques temps, elle s'était mise à chanter, que cela lui permettait d'exorciser sa tristesse, tristesse causée par la crainte de perdre ceux qu'elle aime, et qui sont tous âgés, à part ses enfants, par la nécessité de travailler qui la prive de la contemplation de la nature, dont elle a tellement besoin. "Mais c'est pour cela que les gens chantaient, lui ai-je répondu, pour transfigurer leur tristesse ou leur joie." Son mari l'encourage, et lui dit qu'il l'accompagnera à l'accordéon. Ania est une personne fine, modeste et intériorisée, très sensible et délicate.
Déjà 9 jours que nous avons brutalement quitté l'été, pratiquement sans transition, comme Adam chassé du paradis. Vivre en Russie implique de profiter de l'instant présent, je me souviens avoir indigné ma cousine, en lui disant, dans notre jeune temps que, d'après les moines orthodoxes, nous devions vivre chaque jour comme s'il était le dernier. Ce précepte, je l'ai mis en pratique seulement à la cinquantaine, au départ, pour ne pas me laisser submerger par la souffrance et l'angoisse: à chaque jour suffit sa peine.
Au reste, même chassés du paradis, nous trouvons des joies en cette vallée de larmes, et l'automne a les siennes. Des couchers de soleil somptueux entre deux averses glaciales, la chaleur de la maison après l'humidité du dehors, les ultimes floraisons, les premières dorures de la procession des arbres qui, chaque année mettent l'été en terre avec un faste byzantin.
Comme je déplaçais des flox, j'ai trouvé sous les racines de l'un d'eux un lézard en hibernation, qui ne s'est pas réveillé et que j'ai transplanté avec son abri. Voici donc où ils passent l'hiver, j'espère qu'au printemps, celui-ci survivra à mes chats.
Pour essayer d'installer Nounours, je le prends la nuit. Il pleure un peu, dort sur la descente de lit, le matin, je le lâche, après l'avoir nourri, il file chez sa mère, ou va trouver son frère. Il me fait des fêtes quand il me voit, mais je ne suis pas sûre qu'il ait tellement besoin de moi ni que je sois de taille à l'élever, car tout gentil qu'il soit, il n'en fait qu'à sa tête. La voisine est venue lui installer une chaîne, et je n'ai pas l'intention de l'attacher, sauf peut-être épisodiquement, et dès qu'elle l'a fait, il est devenu fou, hurlant, tirant dans tous les sens, je le sens très très mal! Ania utilise la bouffe pour éduquer César, mais César est un vrai glouton, Nounours aime bien manger, mais on ne le fait pas trop marcher à la friandise, il aime être libre, et en compagnie. Il faut dire que je suis fatiguée, j'ai moins de forces qu'avant, beaucoup de choses à faire, et je suis tout le temps sollicitée.
Je vais être obligée de surseoir à la présentation de mon livre à Moscou, car je risque de manquer d'exemplaires. J'avais commandé une réédition, mon éditeur "n'a pas eu le temps"... Demain, je participe au festival annuel de la datcha du peintre Korovine, et j'en vendrai sans doute quelques uns. C'est la compétition pour m'emmener là bas, soit en voiture, soit en autobus, et je tiens à y aller moi-même, en silence, ce qui permettra aussi de m'en aller si je suis trop fatiguée, sans dépendre de gens qui voudront peut-être encore passer la soirée avec moi. Le 18, je réitère à Moscou la manifestation de Kourmych, Sacha Viguilianskaïa organise dans la paroisse de son père une exposition des oeuvres inspirées par sa chère bourgade, et j'en ai trois qui y figurent, et puis elle veut que je chante, et je vais encore sans doute vendre quelques livres, et voilà, pour la présentation, je vais en manquer. Je suis fatiguée de ne pouvoir compter sur personne ni rien organiser sans problèmes continuels. Si quelqu'un vient me voir, je suis souvent bloquée toute la journée, car peu de gens peuvent me dire précisément à quel moment ils me tomberont dessus. C'est pareil avec les artisans, les livreurs, les inspecteurs du gaz...
Ma mélancolie automnale est accentuée par la situation générale, qui n'est pas riante, et le spectacle d'une connerie débridée qui touche à la maladie mentale et se propage comme une sorte de choléra. Il m'arrive souvent de penser que les USA sont la tumeur cancéreuse d'une Europe devenue complètement dingue sous l'effet de ses métastases. La Russie n'en est d'ailleurs pas exempte, disons qu'elle est moins infectée et que l'opération chirurgicale qui va peut-être retrancher d'elle ce corps malade, dont elle a été si fortement entichée depuis trois cents ans au niveau de ses élites, empêchera ou retardera sa perte. Aucun pays n'en est exempt, malheureusement.
Découragée, j'ai laissé un commentaire au second degré, je ne suis pas sûre qu'il ait d'ailleurs été perçu comme tel: "Oui, présenté comme ça... C'est vrai que le patriarche Cyrille et le métropolite Tikhon adorent que de grosses brutasses russes ratatouillent leurs épouses et leurs petits enfants, d'ailleurs eux-mêmes circulent en mercedes dorées, avec un knout pour flageller les hérétiques. C'est bien simple, je n'ose plus sortir de chez moi, et comme me l'a dit une lectrice de facebook, je suis forcée d'écrire mon blogue, un tchékiste armé de chaque côté de mon ordinateur".
Il me paraît complètement évident que ni le patriarche Cyrille ni le métropolite Tikhon ne préconisent les violences conjuguales, en dépit des défauts de l'un et de l'autre, et aussi de la caricature qu'on en fait, ils ont toujours tenu des discours humains à leurs ouailles, si l'on excepte le prêche de Tikhon au moment du covid. Je suivais les émissions du patriarche quand j'avais la télé et qu'il était encore métropolite de Smolensk, et les libéraux le trouvaient alors tout à fait intelligent et fréquentable. C'est à lui que je dois notre excellent évêque de Pereslavl, car il s'efforce de nommer des hiérarques jeunes, intelligents, ouverts et proches des gens. En revanche, je pense que l'un et l'autre discernent ce qui se cache désormais derrière ce genre de lois: l'intrusion toujours plus grande de l'Etat et de certaines idéologies mues par certains bandits internationaux dans la vie privée des gens et dans la structure de la famille. Il me semble suffisant que la loi réprime la violence quelle qu'elle soit. En principe, si une femme est battue par son mari, cela doit être condamné de la même façon que si elle l'est dans la rue par un inconnu qui veut lui voler son sac, pourquoi établir sans arrêt des catégories de victimes, plus victimes que les autres, méritant une vigilance accrue, une intrusion permanente dans la vie de leurs proches? On a vu ce que donnaient toutes les lois sociétales précédentes en France et en Europe, toutes présentées avec un emballage de merveilleux sentiments qui en empêchaient la contestation, sous peine de passer pour une brute fasciste rétrograde. L'avortement? Un moindre mal, vous voulez que les petites filles violées par leur propre père mettent au monde le fruit de la violence patriarcale intolérable? Que des adolescentes sans ressources crèvent sur la table des avorteuses? Non, bien sûr! Mais déchiqueter dans le ventre de leur mère des foetus de 3, 4, 6 mois et programmer les avortements en vue de la récolte des organes, vous le voulez? Eliminer les nouveaux-nés gênants, vous le voulez? Or c'est à cela qu'on en arrive maintenant, et en justifiant ces horreurs de la même manière. Même chose avec les homosexuels, ils ont bien le droit de vivre comme ils veulent, ces gens-là; et s'ils vivent ensemble, de se laisser l'un à l'autre un héritage, pacsons-les. C'est très raisonnable, rien à dire. Moi-même, je n'ai absolument rien contre eux et souvent, je les trouve charmants. Mais voilà qu'il faut aussi les marier, et même à l'église, leur confier des orphelins exotiques, pratiquer pour eux la GPA dans des usines à bébés en Ukraine ou aux Indes, ou faire porter leurs rejetons éprouvettes par leur propre mère. Et puis, si on les marie, pourquoi ne pas marier aussi les couples à trois, cinq ou six? Et comment encore supporter les survivances hétérosexuelles qui sont une insulte au progrès et à l'ouverture d'esprit? J'étais un garçon manqué, aujourd'hui, on pourrait me retirer à ma mère pour me couper les seins et me faire pousser la barbe. Je me souviens d'un homosexuel, dans les années 70 où tout était en germe, qui voulait absolument me convaincre que je l'étais aussi, car "tout le monde l'était", et seuls des pionniers dans son genre avaient le courage de le reconnaître. J'ai fini par lui demander: "Mais toi, tu coucherais avec une femme?
- Certainement pas!
- Eh bien moi non plus."
Alors je suis peut-être rétrograde, mais je suis très satisfaite que tout cela n'ait pas cours en Russie, et je propose à tous les rétrogrades de mépriser superbement les glapissements et les calomnies dont ils sont forcément l'objet dès qu'ils s'expriment, qu'ils y mettent ou non des formes, ils seront calomniés, ils seront vilipendés, leurs paroles seront travesties, leurs intentions mal interprétées, ils seront les vilains méchants, comme Douguine et sa fille qu'un intellectuel distingué est venu insulter sur ma page avec une magnifique suffisance.
Au delà de ces considérations, je discerne aussi dans ces publications et ces réactions, une espèce de fossilisation sur tous les clichés qui ont pu circuler sur la Russie depuis Custine et Gustave Doré. La Russie perçue comme une anti Europe, elle qui en a rêvé depuis Pierre le Grand, et jusqu'à nos jours, avec une grande et fatale naïveté. La Russie conservait une espèce de christianisme des cavernes, ou des catacombes, avec des ascètes, des fols-en-Christ, des moines errants et un décorum médiéval que n'avaient pas touché les Lumières artificielles qui avaient aveuglé tous les autres. Elle avait triomphé de la Pologne catholique et "européenne", dont on était forcément solidaire, ce qui amenait à noircir le vainqueur et à l'assimiler aux Tatars asiatiques dont il avait également triomphé, en les intégrant à son empire sans grande violence et en leur laissant leur religion et leurs coutumes. Il est vrai que si les Russes sont des Européens, et sans doute plus aryens que les autres, ils constituent un civilisation à part, disons que l'Europe est divisée en deux moitiés, la civilisation catholique et la civilisation orthodoxe, auxquelles il faut ajouter depuis la Renaissance la civilisation protestante qui nous a engendré la tuméur américaine... Mais la seule "civilisation " reconnue, c'est la civilisation catholique, qui meurt sous nos yeux de sa maladie protestante humaniste et progressiste. La Russie, en survivant au traitement de choc du communisme, est devenue une sorte d'insulte à ces pays mourant de leur propre enflure. Alors depuis que ce processus se poursuit, la Russie cristallise l'aborrhation des bien pensants.
Ces perversions du discours se manifestent dans tous les domaines. Dans les années 70, si l'on n'était pas de gauche, cela signifiait qu'on était absolument insensible à la misère humaine, complètement soumis à la mentalité capitaliste, sauf que ma mère de droite était un ange de miséricorde, que bien des bourgeoises de gauche étaient sordides avec leur personnel et leur entourage, et que le socialisme a plus fait pour nous asservir complètement au capital mondialiste mafieux que la "droite", dont on se demande bien d'ailleurs où elle se situe dans la réalité. Mais tout débat était impossible, car ces gens, qui ricanaient de tout et surtout des "sentiments petits-bourgeois", savaient très bien jouer de la culpabilisation moralisante et de la pleurniche. Nous en sommes arrivés au point où toute discussion est impossible et toute dissidence pénalisable. Une espèce de maison de fous qui s'enferme sur elle-même pour conserver son ascendant sur ses pensionnaires, pareille en cela à toutes les dictatures délirantes que nous avons pu voir émerger et qui sont essentiellement de la même nature. Ces gens discutent de la dictature de Poutine, qui est un régime peut-être autoritaire, encore que... mais un régime qui nous fout la paix dans la vie quotidienne et ne nous empêche ni de penser, ni de parler, ni de nous réunir, ni de pratiquer notre religion, ni d'élever nos enfants à notre gré, sans voir où ils en sont eux-mêmes et comment ils vivent depuis quelques temps, infantilisés, terrorisés et endoctrinés, au lendemain de leur hystérie covidienne scrupuleusement répressive, avec des dissidents persécutés, vilipendés, réduits au silence et à l'indigence. Il est vrai qu'on leur a sans doute définitivement grillé les neurones avec le masque religieusement porté, dont on sait l'effet qu'il a sur le cerveau en le privant de la dose nécessaire d'oxygène...
L'Europe se transforme en maison de fous, nous explique Aldo Sterone. Sa vidéo est brillante, très drôle, enfin drôle... il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Ce sont souvent les gens venus de pays encore traditionnels qui ont les anticorps nécessaires pour discerner que le roi est nu. C'est pour cela que les musulmans et les orthodoxes trouvent un terrain d'entente.
La reine d'Angleterre vient de mourir et, en dehors de toute considération, j'observe que je suis née l'année où elle a accédé au pouvoir et que ces trois quarts de siècle ont vu l'effondrement de son pays, et du mien, qui meurent avec elle. Thomas, le gendre français du père Valentin, écrit en guise d'épitaphe: "Crever en voyant Liz Truss accéder au pouvoir, quel monde de merde".
Vous êtes vraiment bien informés au joli pays de la démocratie. Je voulais répercuter sur facebook le blogue noir de Brocéliande, qui m'a appris ce fait incroyable: LCI nie la manifestation du 3 septembre organisée par Philippot, et accuse les médias russes, qui la mentionnent, de fake news! Eh bien dites-vous que pour l'Ukraine, c'est le même topo, et depuis huit ans!
Alors ce que raconte la presse "sérieuse", laissez-moi rire... Je ne sais pas comment tous ces journalistes pourris peuvent encore se regarder dans la glace, mais comme disait une de mes amies il y a déjà 30 ans, à propos de la gauche caviar, ils ont tellement l'esprit faussé qu'ils ne savent même plus qu'ils sont faux, et tous les miroirs autour d'eux sont déformants.
A ce propos, et dans la foulée du torrent de calomnies déversé sur Douguine et sa fille, voici des documents interessants, introduits par un ami sur vkontakte:
il y a bcp de publications intéressantes de l'OFPRA sur l'Ukraine, notamment sur Mirotvorets, les violences institutionnelles ou de milices fascistes envers les médias, les anciens militants des partis (des régions et communistes notamment), les bataillons neonazis etc.
il y a aussi des textes sur les violences des milices "pro-russes" :il faut lire celui intitulé "Les milices séparatistes prorusses à Kostyantynivka (Konstantinovka)" pour voir à quel point les violences imputés aux séparatistes sont négligeables par rapport à celles imputés au gouvernement ukrainien et surtout aux milices nationalistes.
J'ai lu avec intérêt une interview russe du père Placide. Elle est parue en 2013 dans la revue orthodoxe Neskoutchni Sad, et elle a été reprise par Pravmir. La version longue vidéo de l'interview a disparu de youtube, comme par hasard. Il reste les quelques minutes de bande annonce très explicites, avec des sous-titres russes. L'article s'intitule: "la France d'aujourd'hui, c'est l'URSS sans le goulag". Il préconise aux orthodoxes et aux catholiques de défendre la vraie tradition chrétienne, partout menacée. Il déclare: "Nous avons en France en ce moment un gouvernement qui veut détruire tout ce qu'il reste ici de civilisation chrétienne". Il précise aussi que l'Europe est terriblement déchristianisée, en grande partie à cause de la France et de sa révolution. Et conclut en disant qu'il faut que tous les pays qui ont fait partie de l'Union soviétique et sont sous l'omophore du patriarcat de Moscou restent unis...
C'est sans doute dans cette perspective et aussi dans celle de l'islamisation croissante du pays, qu'il m'a conseillé de repartir avec tant d'insistance.
Dans la continuité, j'ai vu une longue conversation entre deux intellectuels qui explorent les raisons de ce qui nous est arrivé, où cela nous mène-t-il, et le font avec honnêteté, dignité, finesse et humour, le meilleur de l'esprit français, un succulent concentré:
Il s'agit de Paul-Marie Coûteau et Eric Verhaeghe. Quand ce dernier évoque la façon dont il a, du jour au lendemain, été exclus de la société de la gauche bobo qui l'avait tout d'abord trouvé sympathique, pour le seul fait que lui, authentique prolo, n'avait pas fait grève au moment des réformes de Devaquet, cela m'a vraiment rappelé des souvenirs. Qui plus est, il dénomme comme moi la Caste ce conglomérat de parasites prétentieux plus ou moins artistes et intellos, de journalistes et de politiciens qui s'est emparé du pouvoir et règne par l'ostracisme, la calomnie et l'humiliation. Enfin jusqu'à présent, parce qu'en réalité, on peut commencer à se demander si l'absence de goulag ne va pas de plus en plus être compensée par un terrorisme ciblé, au moyen de n'importe quel bas-de-plafond islamiste ou nénonazi, selon les latitudes, ainsi qu'on le présente ici: Ukraine : Exécutions extra-judiciaires - liste des cibles à éliminer (reseauinternational.net)
Eric Verhaeghe regrette que l'Eglise catholique n'appelle pas assez ses ouailles à la transcendance, ce qui rejoint le voeu du père Placide, mais lui-même n'est pas croyant. Je me demande si cet esprit français, dans son cas et celui de son interlocuteur, si brillant, si délectable, n'est pas un obstacle à la vie intérieure, car j'avais une tante intelligente et érudite qui n'a jamais pu croire non plus, en dépit de sa certitude que la disparition de la foi entraînait avec elle la disparition de notre peuple. Personnellement, si j'ai envie d'applaudir en écoutant une discussion de cet ordre, j'ai senti dès mon adolescence que je n'avais pas cet esprit-là. Car exclue par la gauche bobo, je n'étais pas forcément sur la même longueur d'ondes que ce qu'on appelle l'intellectuel de droite, dit de droite parce que tout ce qui n'est pas de la Caste est ainsi désigné. Ou stigmatisé. J'ai quelque chose de fervent et de lyrique qui explique sans doute mon rapprochement avec la culture russe.
J'ai vu Katia qui m'a parlé d'une cousine, née dans les pays baltes, puis partie en Finlande pour fuir la russophobie, mais elle la rattrape à présent, car les Finlandais, que les Russes n'ont absolument aucun désir d'envahir, sombrent dans la même imbécilité caverneuse, à croire qu'en effet, comme dit Douguine, les occidentaux sont possédés. Ses filles se font insulter à l'école; elle-même a toutes sortes d'ennuis. Du coup, elle songe à revenir en Russie, où elle n'a jamais vécu, puisqu'une grande proportion de Russes se sont trouvés coupés de la mère patrie par le découpage de gâteau des années 90, afin que pillards occidentaux et oligarques félons pussent se servir sans problèmes. "Nous ne sommes pas comme ça, me dit Katia. Quand nous voyons quelqu'un, nous ne nous demandons pas de quel pays ou de quel milieu il vient, mais s'il est une personne convenable". Et de fait, même ressortissant des "pays hostiles", aucun étranger dans mon périmètre n'est traité ici comme on traite les Russes en occident.
Hier soir, c'était le concert de Dania, Danil Voronkov, le roi de la balalaïka, au bar du café. Dania connaît bien la tradition populaire, mais il s'est si complètement intégré l'usage de la balalaïka qu'il l'utilise de façon parfaitement contemporaine et parfaitement organique, c'est un prolongement de lui-même, et il se donne à fond, il réveillerait un mort, je ne sais même pas comment il tient, il faut dire qu'il a 28 ans.... Les gosses étaient particulièrement séduits. C'était un peu trop bruyant pour l'exiguité des lieux, et ma chienne en souffrait, cela la rendait grognon.
Le concert s'est poursuivi à l'extérieur, et après un petit moment dehors, je suis partie, car j'avais pitié de Rita et puis je me rends compte que moi-même, je fatigue. Il y a cinq ans, j'aurais peut-être un peu dansé, la musique m'en donnait envie, mais le corps ne suit plus. Gilles a tendu des guirlandes d'ampoules muticolores par dessus la terrasse de son bar, c'était joli, et il faisait beaucoup plus frais, mais on pouvait encore tenir dehors sans grelotter. Il y a encore trois jours, je passais là ma dernière soirée d'été avec Katia, Dania, et des cinéastes d'Oulianovsk, en robe légère, dans la douceur de la brise...
La peinture de la maison est quasiment finie, et je la trouve vraiment transfigurée. Elle paraît moins énorme, le fronton plus proportionné. La verdure et les fleurs ressortent mieux. J'ai vu à l'église de nouveaux voisins, une famille moscovite récemment installée, ils m'ont dit qu'elle leur réjouissait les yeux quand ils passaient devant. Ils ont de très jolis enfants, très typés russes, blonds et bouclés, Micha et Kolia. Au concert, j'ai beaucoup surpris le petit Kolia en saisissant le papier enroulé dont il se faisait une lorgnette, pour coller mon oeil de l'autre côté!
L'office a été suivi d'une prière d'intercession pour la sauvegarde de la création de Dieu, selon les instructions du saint Synode. J'ai tout le temps envie de pleurer, sur la Création de Dieu, sur les victimes des manoeuvres démoniaques qui ont engendré la situation en Ukraine, et celle qui s'installe en Europe, sur les miens, morts et vivants. J'ai parfois aussi envie de pleurer de joie, ou d'attendrissement sur les uns et les autres. Le père Andreï, le roi des homélies, a parlé du jeune homme riche de l'évangile du jour, celui qui est bien sympa mais ne se résout pas à tout quitter pour suivre le Christ. "Que cela ne vous décourage pas, a-t-il conclu, car je vous le dis en tant que prêtre, nous sommes tous le jeune homme riche, et le Christ le sait bien, Il nous connaît. Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, mais rien n'est impossible à Dieu..." Heureusement, car il y a des renoncements dont j'ai été et suis encore incapable.
Je me sens en famille, à la cathédrale. La femme du père Vassili m'a demandé quel gâteau je lui conseillais de prendre au café la Forêt! Je deviens le guide Michelin de la pâtisserie.
Un correspondant m'a mis en commentaire: Daria, sors de ce corps! C'est vrai que j'ai été très sensible à la mort tragique de cette jeune femme, une mort si injuste, donnée par des gens si horribles. Et elle m'est proche par son idéalisme radieux, d'autant plus que si elle se considérait comme un petit soldat de la cause de la tradition et de la sainte Russie, j'avais eu, il y a de cela bien longtemps, lors de mon retour en Russie en 1990, l'impression que commençait un combat spirituel titanesque et eschatologique où nous serions tous recrutés par Dieu, appelés à Son service, que nous ne pourrions pas nous tenir à l'écart.
Le chagrin suinte de la page de Douguine, quels que soient les efforts qu'il fait pour le surmonter, le transfigurer, et cela m'emplit d'une compassion infinie. Perdre un enfant avec qui on avait une telle complicité, en lequel on avait investi autant d'espoir et d'amour, que peut-il y avoir de pire?
Gorbatchev est mort, je vois des Russes l'insulter ou l'encenser selon leur sensibilité. Une Française fait valoir qu'il a restauré la liberté de culte, et c'est exact. A cela, une Russe nostalgique du communisme lui rétorque qu'elle et ses semblables avaient leur Eglise dans le coeur, que l'URSS était une Eglise. Ce n'est vraiment pas mon sentiment, et cette Eglise, à la différence de la nôtre, a pratiqué le sacrifice humain à grande échelle, et cela pour obtenir les congés payés, la retraite, les soins et les études gratuits, au bout de 70 ans de répressions et de rééducation, ce que nous avions en France dans les années 60 et 70, avec la liberté de culte et l'existence d'un secteur privé, c'était évidemment avant que l'Union Européenne ne sape ce que l'on avait acquis et ce que l'on avait conservé, avec les objectifs mondialistes que l'on connaît à présent. Obtenir tout cela est-il le but d'une Eglise, ou plus simplement, au niveau personnel de ses membres, d'une vie orientée vers la transcendance? De plus, une Eglise sans spiritualité, avec des centaines d'emmerdeurs et de redresseurs de tort qui traquent au quotidien le mauvais esprit et le dissident, ce n'est pas ce que j'appelle une Eglise. Mais dans quelles dérives suis-je en train de m'engager? Revenons aux fondamentaux: l'Eglise est le Corps du Christ. Est-ce que le régime soviétique était le Corps du Christ?
J'en veux beaucoup moins à Gorbatchev qu'à Eltsine. Il est possible que Gorbatchev ait eu de bonnes intentions. Après tout, le régime soviétique pourrissait sur place, sous son carcan politique. Alexandre Panarine disait qu'il avait été russifié au fil des décénnies, et qu'il aurait suffi de l'assouplir en permettant un petit secteur privé et la liberté de culte. Mais ce n'était pas le plan de ses futurs oligarques ni des Américains qui attendaient derrière le signal de la curée.
Xavier Moreau, évoquant le meurtre de Daria Douguine, compare la physionomie ouverte, intelligente et sensible de celle-ci au masque plastifié et vulgaire de la créature qui l'a assassinée. J'avais regardé auparavant un documentaire sur l'affaire, en russe, où Douguine et sa femme commentaient l'événement. Et ce fait m'avait frappée. La meurtrière n'est pas seulement vulgaire et plastifiée, on dirait qu'elle est morte, la mère de Daria, qui l'avait croisée dans l'escalier, puisqu'elle avait loué dans l'immeuble de Daria, sans éprouver de pressentiment particulier, avait eu une drôle d'impression, elle la décrit comme une figure de pierre. Une espèce de poupée Barbie fatale. Daria, dans son cercueil, semble plus vivante qu'elle, avec son visage enfantin de lutin, paré comme la femme d'Ivan le Terrible, pour son dernier voyage
Douguine a tenu des discours intenses, douloureux mais mesurés et contrairement à ce qu'on raconte en occident pour justifier l'injustifiable, n'a jamais appelé au massacre ni à la "solution finale". Xavier Moreau démonte un reportage où l'on sort quelques phrases de leur contexte, chose à laquelle la presse occidentale excelle. Un illuminé m'a envoyé une vidéo du même genre, dont j'ai senti la fausseté, où il tenait il y 30 ans des "propos satanistes". Des amis m'ont engagée à supprimer vidéo et commentaires idiots, ce que j'ai fait. Une Russe m'a écrit en pièce jointe:
Excusez-moi pour cette intrusion, mais vos commentaires sont fermés. Sous votre post, il y a un lien avec la vidéo de Douguine et Kouriokhine. C'est une distorsion de sens qui change l'aspect du fait. C'était une représentation théâtrale, née du travail de Douguine et Vorobiovski "les mystères du siècle". Ils essayaient d'explorer l'arrière-plan mystique des idées totalitaires. Du national-socialisme au libéralisme. C'est juste une représentation théâtrale, dans le syle de Kouriokhine. De la même manière, Kouriokhine a fait un projet dans lequel il démontrait que Lénine est un champignon.))) Malheureusement, je n'ai pas la possibilité de répondre à votre commentaire. Et c'est vexant. Si vous le pouvez, penchez-vous sur cette question, pour pouvoir ensuite répondre à ce genre de provocations. Je ne suis pas une admiratrice de Douguine, mais Dacha me plaisait beaucoup. Il n'est pas possible que sa mort se poursuive par une persécution injuste de son père. Cela n'est pas bien.(((
Простите за вторжение, но у вас закрыты комментарии. Пож вашим постом есть ссылка с видео по поводу Дугина и Курёхина. Это смысловой перевёртыш, который меняет картину факта. Это был театральный перфоманс Курёхина, который родился из работы Дугина и Воробьёвского "Тайны века". Они пытались исследовать мистическую подоплёку тоталитарных идей. От национал-социализма до либерализма. Это просто театральный перфоманс в стиле Курёхина. Точно так же Курёхин делал проект, в котором доказывал, что Ленин -гриб.))) К сожалению, у меня нет возможности ответить вашему комментатору. И это обидно. Если сможете изучите эту тему, чтобы у вас была возможность отвечать на такие провокации. Я не являюсь поклонницей Дугина, но мне очень нравилась Даша. Нельзя, чтобы её смерть продолжилась несправедливой травлей отца. Это не правильно.(((
Et voici comment on salit quelqu'un et le livre aux déchainements justiciers de toutes sortes d'imbéciles, au moment même où l'on tue sa fille sous ses yeux, pour leur inspirer que c'est bien fait. C'est grave. Et désormais, cela peut arriver à n'importe lequel des insoumis à cette caste de malades et à leurs sectateurs hagards.
Douguine insiste beaucoup sur le fait qu'il ne désire pas la vengeance, mais la victoire sur les forces qui ont causé cette guerre, dans le cadre de laquelle sa fille a péri, pour avoir soutenu des idées qu'il est désormais interdit d'avoir dans les contrées woke dont l'Ukraine est le golem. Afin que sa mort, et toutes les autres, celles des soldats, et aussi des civils bombardés depuis huit ans, les divers assassinats politiques de journalistes ou de commandants du Donbass ne soient pas inutiles. Pour lui, les gens qui soutiennent le gouvernement de Kiev sont des possédés. Il souhaite qu'ils retrouvent la raison et soient délivrés de leurs démons. Olivier de Hangest écrit sur facebook: "Dans un système totalitaire classique, on envoie les dissidents en hôpital psychiatrique. Le système occidental est beaucoup plus futé. Il transforme la société tout entière en vaste espace à ciel ouvert, où la folie devient la norme, où toute opposition est rendue impossible — car il n'est ni murs à franchir, ni refuge où s'abriter. Nous sommes condamnés à vivre avec les dingues."
La solution finale, ce n'est certainement pas Douguine qui la voulait, ni sa fille, ni aucun Russe. Ce sont ceux qui appelaient à "vitrifier le Donbass", comme Timochenko. Qui en condamnaient le coeur léger, et de façon tout à fait officielle, les gosses à grandir dans des caves, comme Porochenko. La solution finale, ce ne sont même pas les Ukrainiens lambda qui la veulent, ils en sont juste les premières victimes, avant les Russes et les Européens eux-mêmes, si la victoire souhaitée par Douguine n'a pas lieu.
C'est souvent, en ce moment, que je pense à Poucette d'Andersen, quand elle prend congé de l'été pour s'enfoncer sous terre, et fait des adieux désespérés à l'hirondelle qui s'apprête à partir pour les pays chauds! Il y a finalement deux auteurs auxquels j'aurai toujours pensé dans ma vie, en de nombreuses circonstances, c'est Andersen et Dostoievski. Aujourd'hui, il fait moins chaud, l'air est très doux, jeudi, il fera 10° dans la journée et 3 la nuit! Pauvres oiseaux, qui chantaient à ma rencontre, ce matin, sur la rive de la rivière Troubej, pauvres crapauds, que j'ai entendus la nuit, en rentrant du bar du café à bicyclette, pauvres papillons que je vois valser, insouciants, de fleur en fleur. Les fleurs, cette année, je n'en ai pas eu autant que d'habitude, avec la sècheresse, et les dernières floraisons de flox ne seront pas remplacées par grand chose. Les sedum, les "oktiabrines", ces asters pourpres de l'automne, et il me reste les boules d'or et les topinambours. A la rivière, alors que je nageais paisiblement vers le lac, j'entends une voix élégiaque, derrière moi: " Et comme cela, en avant, tout droit, vers le large, vers la mer!" C'était un pêcheur jovial, depuis sa barque, et j'ai éclaté de rire. Il m'a tout d'un coup semblé que mon beau-père Pedro aurait pu dire quelque chose comme cela, c'était son genre d'humour. Il aurait adoré la Russie, je regretterai toujours de ne pas avoir eu le temps de la lui faire connaître.
Nounours est un chien très gentil, mais il n'obéit absolument pas, et quand on lui met une laisse, il manifeste une opposition totale. Il essaie de sortir de son collier, se couche et fait le mort. Comment aller se promener avec lui? Il a visiblement l'intention de se promener tout seul. Son obsession est de retrouver ses frères, tandis que déjà, les soupirants se pressent chez sa mère. Ce soir, il a ouvert le portillon et il est reparti chez la voisine Olga. Il s'ennuie vite, et gémit devant la clôture, dont le voisin a bouché tous les trous. Son frère le guette de l'autre côté. Pauvres gros bébés.
Les ouzbeks travaillent vite et bien. Ma maison me plaît davantage en bleu, elle semble plus légère, se confond avec le ciel, et la verdure ressort mieux. J'ai vu Gilles au café, nous avons commenté l'actualité, les aberrations hallucinantes de la propagande occidentale, et l'incroyable docilité de ceux qui la croient. Je lui ai parlé de la dernière vidéo de Slobodan, de son désarroi et de ses appréhensions, et il les partage. Pourtant, si je ne pense pas que Poutine soit un saint, il n'est certainement pas du tout comme on le présente là bas, et ses troupes non plus. Quand je vois des gens s'attendrir sur le bataillon Azov, dont les exactions horribles, au Donbass, font dresser les cheveux sur la tête...
Le pâtissier nous a rejoints. Il a un sourire blanc et féroce dans une barbe noire, des yeux verts ironiques. L'entendant critiquer une jeune employée que je trouve mignonne, je lui ai dit en riant: "Vous êtes dur!
- Oui, dans le boulot, je suis très dur, cela dit accessoirement, elle est mignonne, en effet, bien que je lui trouve la figure un peu plate, mais elle ne sait pas travailler. Quand on oublie de nettoyer la table du client qui s'installe, et que le faisant, on balaie les miettes et le sucre sur le gamin qui est dans la poussette dessous, cela la fout quand même un peu mal!"
Il a lancé quelques gauloiseries et je lui ai dit: "Ah dites donc, vous n'êtes pas un romantique!
- Ah moi, non, pas du tout!
- Vous devez en briser des coeurs, avec la tête que vous avez, quand je pense aux pauvres filles que vous faites sans doute rêver, et vous, apparemment, vous n'êtes pas du tout dans le même registre!"
Quand on est vieille et hors concours, on peut se permettre de dire ce qu'on pense!
Flaubert avait déjà évoqué ce problème des femmes qui veulent mettre du sentiment dans le sexe, pour les hommes si trivial, la plupart du temps, sauf quand parfois, ils sont amoureux. Mais finalement, je me demande s'ils le sont bien souvent, en tous cas, ils n'en ont pas forcément le besoin, ils le sont à leur corps défendant, alors que pour nous, c'est un besoin profond. En tous cas moi, je n'ai jamais pu séparer, pour mon malheur, le sexe du sentiment. Peut-être est-ce la vision qu'ont les hommes de la sexualité qui explique un certain puritanisme religieux qui m'est totalement étranger, puisque ce sont au départ essentiellement eux qui statuaient et écrivaient sur la question . Eux trouvent généralement ça dégueulasse, quel que soit le plaisir qu'ils y prennent, nous pas, enfin pas forcément, cela dépend du partenaire et des circonstances. J'ai toujours pensé que le puritanisme était l'autre face de la pornographie et réciproquement, l'un ne va pas sans l'autre.