Olga
Kalashnikova m’a proposé d’aller faire une expédition photo dans des endroits
pittoresques, car il neigeait dru, ce qui conférait aux paysages un intérêt
particulier. En arrivant à la rivière Troubej, j’ai vu sur la rive opposée,
dans un demi jour vibrant de flocons, se déplacer une mariée toute en blanc,
sous son voile, avec son époux en costume foncé, ils avançaient pareils à des
fantômes, dans ce monde hivernal. D’après Olga, la coutume locale veut que le
mari porte la mariée tout le long du pont qui franchit la rivière.
En chemin, Olga nous
faisait écouter un disque d’accordéon musette : la mer qu’on voit danser
le long des golfes clairs… surréaliste d’entendre cela par les rues de
Pereslavl brouillées par la neige et le crépuscule précoce.
Nous nous sommes
arrêtées sous le monastère Goritski, un endroit où j’ai souvent dessiné quand
j’ai découvert Pereslavl en 99. Mais presque toutes les jolies maisons qui
accompagnaient les remparts du monastère et ses coupoles ont été remplacées par
des monstres de plusieurs étages mal fichus. Ces gens-là croient-ils que les
peintres auront encore envie de peindre leurs affreuses bâtisses ?
Olga |
Je me souviens d’une
isba particulièrement jolie, près de l’entrée du monastère. Le fronton en était
orné d’une poule et d’un coq sculptés et peints. La petite vieille qui habitait
là, et qui avait de beaux yeux très bleus, m’avait expliqué que ces sculptures
étaient l’œuvre de son mari et les représentaient tous deux, lui le coq, elle
la poule. Je n’ose pas retourner à cet emplacement de peur de voir cette
merveilleuse petite maison remplacée par un machin prétentieux.
Nous avons fait halte
au bord d’une rivière, dans la forêt, la neige soulignait tous les reliefs
d’une lumière sans éclat, sur les sombres ramures, à la lisière des berges où
l’eau commençait à geler. Les roseaux balançaient au vent glacial de petites
mains blanches et crispées. L’atmosphère était sévère et magique, mystérieuse,
envoûtante.
Puis nous sommes
allées du côté de Koupanskoïé, près du musée du chemin de fer, où se dresse une
église neuve, en bois, consacrée à la sainte Trinité. Dans cette grisaille, les
herbes semblaient balancer des fleurs immaculées et glaciales, je voyais se
déployer des rangées de présences oscillantes, d’anges suspendus. Les arbres se
perdaient dans la brume neigeuse, où des reflets encore dorés se fanaient ça et
là.
A Koupanskoïé,
beaucoup de très jolies isbas se conservent encore, et cela donne au paysage
une toute autre allure, elles ne s’imposent pas, elles accompagnent les
accidents du terrain, elles nous mènent doucement jusqu’à l’église comme une
double rangée de paysannes parées pour une fête.
Au retour, Olga m’a
invitée dans un restaurant du coin pour prendre le thé, elle m’a offert une bouteille
d’hydromel. Les gâteaux étaient très bons, nous avons beaucoup parlé, de l'éducation des enfants, de la très mauvaise influence de l'ordinateur sur leur développement et leur psychisme, de la mutilation grave que représente pour l'âme de nos contemporains la rupture de la transmission du patrimoine culturel et des savoirs faire populaires.
Le royaume mystérieux de l'hiver se découvre |
Féerique ! C'est un plaisir de vous lire. Votre écriture est un régal !
RépondreSupprimerMagnifique, c'est un régal,mer i Laurence de nous en faire profiter
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerC'est un spitz, votre petit chien?
RépondreSupprimerOui, c'est un spitz miniature, qui succède à un autre spitz, ce sont des chiens que j'adore, intelligents, délicats, sensibles. Celui-ci a un défaut de naissance, une luxation congénitale, et je l'ai recueilli.
SupprimerBonsoir ma Chere Laurence merçi pour ces magnifiques photos depereslav çela me donne une envie folle de m'y rendre ençore merçi et Tres belle et douçe soiree mon esprit va vagabonder sur les chemins de ma si belle et attachante russie amities marie
RépondreSupprimerTrès belles photos!Spaciba!😉
RépondreSupprimerMerci à tous de vos encouragements et de votre intérêt pour la Russie
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