Le triomphe de l'Orthodoxie commémore la victoire de l'Eglise sur l'hérésie des iconoclastes, qui considéraient les icônes comme des idoles, et en ont fait disparaître un très grand nombre. On ne trouve pratiquement plus d'icônes antérieures à cette hérésie ailleurs qu'au monastère sainte Catherine du Sinaï.
Je suis retournée au monastère Fiodorovski, et à son petit café. La moniale de service, soeur Larissa, apprenant que j'étais française m'a d'autorité conduite à une jeune femme, Lioudmila, qu'elle a chargée de m'amener au réfectoire. Celle-ci m'a prise par le bras et ne m'a plus lâchée de la journée.
Le réfectoire m'a rappelé Solan, bien qu'il n'ait rien en commun avec celui de mon monastère français, mais c'est plus ou moins le même rituel, le repas en commun, la lecture à voix haute, en l'occurrence le baptême de la Russie à Kiev, saint Vladimir et les autres saints princes qui ont suivi. L'higoumène est la mère Varvara.
Après, nous sommes retournées au petit café, où j'ai acheté du miel, de la tisane, des pâtisseries carémiques. La soeur Larissa m'a déclaré que si j'allais dans un monastère grec en France et que j'avais pour nom orthodoxe, comme elle, Larissa, c'était la volonté de Dieu qui m'avait conduite à saint Théodore, car Larissa est un nom grec. Elle m'a fait du café, et m'a donné tout un tas de trucs.
Lioudmila est en relation avec le kazatchetsvo, la communauté cosaque locale, et m'a dit que j'y trouverais tout ce qu'il me faut dans le genre chants populaires et vieille Russie. Et sans me lâcher le bras, elle m'a entraînée chez elle.
Là elle m'a fait du thé, et servi encore des pâtisseries et confiseries carémiques mais caloriques. Elle habitait avant près de Vladimir mais se sent chez elle à, Pereslavl. "Je suis contente de vous avoir rencontrée, me dit-elle, je n'avais personne à qui parler de choses spirituelles." Elle m'a donné beaucoup de conseils et elle m'a complètement prise en main: les démarches administratives (elle est juriste), les pèlerinages, offices et processions locaux, les magasins moins chers, les marchés.
Elle a une fille ravissante et une vieille mère (de mon âge) qui croit elle aussi qu'elle a vingt ans et qu'elle peut éviter de se faire materner par une fille orthodoxe attentive.
Lioudmila est d'une famille de "koulaks" cosaques, des gens qui avaient une exploitation agricole prospère avant la révolution, dix enfants, et travaillaient dur. On les a naturellement spoliés et persécutés. Sa grand-mère, pendant la guerre, a été enlevée par les Allemands et expédiée en Allemagne pour y travailler. Au retour, elle a dû dissimuler ce fait, puisque être fait prisonnier était considéré comme une trahison par le pouvoir soviétique et que ceux qui revenaient de captivité ou s'évadaient étaient bons pour le Goulag.
Comme j'utilisais un mot qui faisait référence au diable, Lioudmila m'a interrompue: "Ne dites pas cela, car prononcer son nom, c'est le faire venir."
Elle pense (comme moi d'ailleurs) que les derniers temps sont arrivés et que nous en verrons l'aboutissement de notre vivant.
Elle a tenu à me donner un pot de confiture, de la salade de chou, un pot de conserves de courgettes à la tomate, des prosphores et de l'eau bénite, et m'a escortée jusque chez moi, pour m'éviter de porter tout cela et m'empêcher de glisser sur la glace. J'avais l'impression d'avoir rencontré un ange gardien, et d'ailleurs, elle me répétait que tout arrivait par la volonté de Dieu, y compris les Français à Pereslavl.
Hier, j'ai enfin attaqué mon icône du saint tsar Théodore, et l'ai faite très facilement, elle venait toute seule. Je me suis rendu compte que c'était justement la saint Théodore Stratilate, patron du saint tsar lui-même. Il me paraît significatif que les deux dynasties russes se soient terminées l'une par un tsar "bienheureux" et l'autre par un tsar martyr.
Je suis retournée au monastère Fiodorovski, et à son petit café. La moniale de service, soeur Larissa, apprenant que j'étais française m'a d'autorité conduite à une jeune femme, Lioudmila, qu'elle a chargée de m'amener au réfectoire. Celle-ci m'a prise par le bras et ne m'a plus lâchée de la journée.
Le réfectoire m'a rappelé Solan, bien qu'il n'ait rien en commun avec celui de mon monastère français, mais c'est plus ou moins le même rituel, le repas en commun, la lecture à voix haute, en l'occurrence le baptême de la Russie à Kiev, saint Vladimir et les autres saints princes qui ont suivi. L'higoumène est la mère Varvara.
Après, nous sommes retournées au petit café, où j'ai acheté du miel, de la tisane, des pâtisseries carémiques. La soeur Larissa m'a déclaré que si j'allais dans un monastère grec en France et que j'avais pour nom orthodoxe, comme elle, Larissa, c'était la volonté de Dieu qui m'avait conduite à saint Théodore, car Larissa est un nom grec. Elle m'a fait du café, et m'a donné tout un tas de trucs.
Lioudmila est en relation avec le kazatchetsvo, la communauté cosaque locale, et m'a dit que j'y trouverais tout ce qu'il me faut dans le genre chants populaires et vieille Russie. Et sans me lâcher le bras, elle m'a entraînée chez elle.
Là elle m'a fait du thé, et servi encore des pâtisseries et confiseries carémiques mais caloriques. Elle habitait avant près de Vladimir mais se sent chez elle à, Pereslavl. "Je suis contente de vous avoir rencontrée, me dit-elle, je n'avais personne à qui parler de choses spirituelles." Elle m'a donné beaucoup de conseils et elle m'a complètement prise en main: les démarches administratives (elle est juriste), les pèlerinages, offices et processions locaux, les magasins moins chers, les marchés.
Elle a une fille ravissante et une vieille mère (de mon âge) qui croit elle aussi qu'elle a vingt ans et qu'elle peut éviter de se faire materner par une fille orthodoxe attentive.
Lioudmila est d'une famille de "koulaks" cosaques, des gens qui avaient une exploitation agricole prospère avant la révolution, dix enfants, et travaillaient dur. On les a naturellement spoliés et persécutés. Sa grand-mère, pendant la guerre, a été enlevée par les Allemands et expédiée en Allemagne pour y travailler. Au retour, elle a dû dissimuler ce fait, puisque être fait prisonnier était considéré comme une trahison par le pouvoir soviétique et que ceux qui revenaient de captivité ou s'évadaient étaient bons pour le Goulag.
Comme j'utilisais un mot qui faisait référence au diable, Lioudmila m'a interrompue: "Ne dites pas cela, car prononcer son nom, c'est le faire venir."
Elle pense (comme moi d'ailleurs) que les derniers temps sont arrivés et que nous en verrons l'aboutissement de notre vivant.
Elle a tenu à me donner un pot de confiture, de la salade de chou, un pot de conserves de courgettes à la tomate, des prosphores et de l'eau bénite, et m'a escortée jusque chez moi, pour m'éviter de porter tout cela et m'empêcher de glisser sur la glace. J'avais l'impression d'avoir rencontré un ange gardien, et d'ailleurs, elle me répétait que tout arrivait par la volonté de Dieu, y compris les Français à Pereslavl.
Hier, j'ai enfin attaqué mon icône du saint tsar Théodore, et l'ai faite très facilement, elle venait toute seule. Je me suis rendu compte que c'était justement la saint Théodore Stratilate, patron du saint tsar lui-même. Il me paraît significatif que les deux dynasties russes se soient terminées l'une par un tsar "bienheureux" et l'autre par un tsar martyr.
Magnifique Icône, Laurence ! Si vous le permettez, je la partagerai sur le forum orthodoxe francophone, avec le lien vers vos chroniques. Même si le forum n'est plus très actif comme avant, cela peut intéresser certaines personnes.
RépondreSupprimerMagnifique Icône, Laurence ! Si vous le permettez, je la partagerai sur le forum orthodoxe francophone, avec le lien vers vos chroniques. Même si le forum n'est plus très actif comme avant, cela peut intéresser certaines personnes.
RépondreSupprimerMerci, Henri. Elle est mieux en vrai, la photo durcit le trait. Je permets néanmoins! Je me sens fortement reliée à tout cela, le tsar Théodore, son redoutable père, le métropolite Philippe...
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