Depuis deux jours, je me prends de bec avec des
libéraux sur différents fils de discussion russes. Ici aussi, je me trouve entre deux chaises, comme l'était d'ailleurs Soljénitsyne, je ne suis ni
néostalinienne, ni libérale, je tombe dans la case orthodoxe monarchiste
souvent en butte à l'hostilité des deux. Partir en Russie pour y retrouver ce
genre de zozos prouve que l'ennemi est une toile d'araignée infiltrée partout.
Je ne pensais pas qu'on avait eu à ce point le temps de pourrir les gosses en
Russie. Pourtant, j'avais déjà remarqué au lycée qu'on les élevait hors sol, du
moins dans les milieux qui m'amenaient leurs enfants dans cette école
prestigieuse... J'invitais des ethnomusiciens, et les Français participaient
volontiers, alors que les petits Russes prenaient des airs méprisants. Nikita Mikhalkov a démontré dans ses émissions comment la chose était menée, par les mêmes personnes qui, chez nous, ont défait la France.
Comme les européens connaissent mal la Russie, les
Russes connaissent mal l'Europe et ont toutes sortes de clichés dans la tête.
Dans "ce pays", pour les libéraux de Moscou et les gosses détachés de leur substrat millénaire, tout est merdique, en Europe, tout est merveilleux.
Les médias, ou du moins une partie d'entre eux, contribuent à ce mirage. Un
intellectuel trouve que les manifs illégales de Navalny sont une bonne façon de
socialiser les enfants, de leur donner du sens civique et de les détourner de
leur égoïsme et de leur écran d'ordinateur. Ce qui serait à mes yeux une bonne
socialisation, ce serait de pratiquer leur folklore, le folklore se pratique en
communauté, en relation étroite les uns avec les autres, avec la nature
environnante, avec nos ancêtres, voilà qui apporterait vraiment quelque chose
aux enfants, les détournerait de leur écran ou le leur ferait utiliser de façon
plus intelligente. Sans compter toute oeuvre commune ou même combat commun
concret, c'est-à-dire lutter dans son quartier ou sa maison contre la
corruption ou la brutalité des fonctionnaires, pas à pas, pendant des mois, en
convaincant les autres, en allant trouver différentes instances. Ou restaurer
une église, ou bien secourir les gens dans le besoin. Pas en défilant au coup
de sifflet d'un aventurier au service de la CIA d'une manière complètement
irresponsable, au risque de déstabiliser son pays à un moment particulièrement
dangereux pour lui.
Quand je vois l'ampleur du naufrage général, le mal
qui a été fait à nos différents peuples, au nom du progrès, du bien être
matériel et des lendemains qui chantent, je suis prise de vertige. Que de supercheries
sanglantes avons-nous vu passer, en ce siècle qui va de la première et sinistre
année 17 à notre année 17 présente, peut-être le début de la dernière et
catastrophique conflagration dont nous ne nous remettrons pas. Et rien ne nous
a ouvert les yeux, on voit toujours les mêmes foules hagardes suivre toujours
les mêmes joueurs de flûte dans la rivière où ils vont les noyer.
Que Dieu nous vienne en aide.
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