Je rentre ce soir de Moscou, deux heures de bouchons sur le périphérique et deux heures de trajet. Dès que je suis là bas, entre la pollution et le masque que je mets le minimum, j'ai des allergies respiratoires qui commencent. Poutine a raison de dire qu'on ne peut le porter plus de dix minutes sans suffoquer et les dingues qui nous gouvernent l'imposent de façon dictatoriale à des millions de gens sains du matin au soir, y compris aux gosses et aux vieux, et le pire, c'est qu'il y en a qui trouvent ça normal, et vont même dénoncer ceux qui n'ont pas envie de se détruire la santé pour plaire à Big Pharma...
Chaque fois que je vais à Moscou, j'ai un programme que je ne remplis pas. Je voulais voir Liouba, mais elle avait à faire déménager une armoire, elle n'était pas disponible. Nous avons discuté au téléphone, et elle m'a déclaré que cela l'avait beaucoup aidée à cerner des impressions qu'elle avait, or c'est l'effet que me font toutes nos conversations, Liouba m'a souvent été d'un grand secours spirituel. Nous avons évoqué l'attitude des hiérarques pendant la crise du Covid, les masques et mesures diverses, en contradiction avec l'esprit et les rites de l'Eglise. La déclaration du patriarche comme quoi nous pouvions regarder les liturgies on line et nous en passer, comme Marie l'Egyptienne au désert. Mais non, nous ne pouvons pas nous en passer. Je me pousse pour surmonter ma flemme et y aller, mais si je n'y vais pas, je tombe vite dans la déprime. On peut naturellement prier chez soi, ou contempler la nature. Mais il y a une dimension de prière collective qui est absolument indispensable, et pas masqués à deux mètres les uns des autres. Nicolas Bonnal a publié tout un article sur le masque qui nous prive de notre visage qui doit être en principe à l'image de Dieu: https://nicolasbonnal.wordpress.com/2020/09/07/voler-nos-visages-et-nous-priver-de-notre-ressemblance-a-dieu-les-effets-profonds-du-mouvement-du-masque-par-mo-woltering/. Tout orthodoxe sait bien quelle importance a le visage, et le premier de tous, celui du Christ incarné. La liturgie nous rappelle que l'humanité est Une, comme disait le père Vsévolod Schpiller, elle nous met dans la dimension de la sobornost russe, la communion en Christ, nous devenons tous un en Lui, et peu importent alors les péchés des uns et des autres, ou les défauts de nos prêtres, nous entrons dans la même grâce. A Moscou, je suis allée à l'église, et, regardant nos prêtres officier, le père Fiodor, le père Dmitri, je me sentais pleine d'amour pour eux, comme je me sens pleine d'amour pour mon évêque, nous sommes à l'église tous ensemble. Ici, une vieille vient m'offrir des propshores, si je ne vais pas les chercher moi-même, les enfants Rimm me sautent au cou, on fait une collecte de pommes si j'ai oublié d'en apporter un panier pour les faire bénir, oui, quels que soient les défauts des uns et des autres, nous retrouvons à l'église le contraire de la société contemporaine abominable où nous nous enfonçons, et l'on vient nous dire d'y aller masqués et de rester loin les uns des autres? Naturellement, il y a des précautions à observer, mais quand même, surtout au vu de la mystification qu'on nous monte.
L'eucharistie avait un arrière-goût de l'alcool dans lequel les prêtres sont obligés de tremper la cuillère de la communion, cela m'a fait un drôle d'effet.
J'ai vu Xioucha, celle-ci m'a proposé de m'emmener avec elle chercher des affaires chez son oncle, et nous avons fait pour cela un très beau trajet, à travers des quartiers préservés de Moscou. Avant de partir, j'ai appris par une amie, ce qui vient en complément de ma chronique précédente, que Sobianine planifiait de détruire un des rares endroits de la ville qui a conservé toute sa poésie et son caractère pittoresque, entre la Taganka et Kitaï Gorod. Il doit lui aussi vouloir éliminer de son monde nouveau transhumaniste cette beauté sur le terrain de laquelle prospère la populace conservatrice... Au retour, nous sommes restés coincées dans des embouteillages, et je n'a rien pu échanger avec le père Valentin, qui est parti se coucher. Je me suis confessée à lui le lendemain à l'aube, et j'ai vu Dany après la liturgie. Puis je suis allée à la Chocoladnitsa, une chaîne de salons de thé, manger une omelette, les omelettes russes sont toujours trop sèches. Enfin, ne voyant pas arriver le père Valentin, j'ai décidé d'utiliser quand même les heures que je perdais dans son appartement, et je suis allée faire des courses chez Leroy Merlin. au retour, toujours pas de père Valentin. Le soir, j'ai appris par sa fille Liéna revenue de la datcha qu'il était parti chez sa fille Macha, à Peredielkino, sans moi, parce qu'il ne m'avait pas trouvée, j'étais chez Leroy Merlin!
Du coup, je suis allée à Peredielkino le lendemain pour ne pas décevoir Macha. Il faisait très beau, l'été s'accorde une petite prolongation. Chez elle, on a l'impression de se trouver chez les trois ours ou les sept nains, car c'est dans la forêt, ou plutôt ce qu'il en reste. Sur le chemin, j'ai cru voir un chien, mais c'était un renard, sûrement encore jeune. Macha a plein d'enfants et pas une minute à elle. Physiquement, elle ressemble de plus en plus à sa mère, la matouchka, en beaucoup plus mince. En revanche, c'est Xioucha qui a sa façon de parler, son humour sarcastique!
Est venue nous rejoindre une de ses voisines, Lisa, que j'ai rencontré une ou deux fois chez les Messerer, et qui me fait en ce moment un lion en céramique inspiré par les modèles traditionnels. Elle fait aussi des vêtements russes traditionnels,mais elle est pédiatre de métier, je ne sais pas comment elle arrive à tout combiner. Elle parcourt la Russie, surtout le nord, et me propose d'aller voir avec elle une exposition à Serguiev Posad. C'est une jeune femme énergique, lumineuse et gaie.
C'est cette expédition à Peredielkino qui m'a valu de stagner sur le périphérique. En arrivant à Pereslavl, j'ai fait un détour par le lac, la plage municipale, j'avais besoin d'espace. Le soir tombait, et j'ai même raté le coucher du soleil. C'est curieux, ici, la diminution des jours, ou leur augmentation, ne me paraît pas aussi progressive qu'en France. Jusqu'à début août, nous avions de longues soirées, avec cette lueur au nord qui subsistait même en pleine nuit, et puis tout d'un coup, nous avons basculé du côté des fins de journée de plus en plus ténébreuses, et je n'ai même pas vu comment. Sveta Soutiaguine a posté des vues de Kertch, en Crimée. Ils ont le même ciel, et la même lumière, que dans le midi de la France...
Rita était ravie de faire un tour sur la plage. Le lac était lisse, miroitant, frémissant, avec des reflets et des sillages de canards dans tous les sens. J'aurais été en maillot, je m'y serais baignée. Vraiment, je ne pourrais plus vivre à Moscou, ni dans aucune grande ville, malgré les souvenirs que j'y ai et les gens que j'y connais, on sent que les villes sont devenues les abcès de fixation de ce que notre civilisation produit de pire, des laboratoires sataniques. J'ai remarqué beaucoup de tours 5G, pareilles à celle qu'on a monté dans mon quartier, pour préparer la "ville intelligente" de ceux qui n'ont plus l'intelligence de rien, surtout de rien de vital et d'essentiel. Et pourtant, j'ai l'impression que les Russes font semblant, du haut en bas, que les choses ne prennent pas et ne prendront pas le tour qu'elles prennent dans la partie "démocratique" du monde, en Europe, en Australie, où l'on sombre dans un affreux délire de science-fiction.
Très beau texte, oui les villes me paniquent. Et leur populace aussi. Il ne reste que le mir ou le pueblo.
RépondreSupprimerPhotos toujours impressionnantes... merci.
RépondreSupprimerY.