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dimanche 7 janvier 2024

Crèche

 

 


Nous avions moins vingt-trois pour Noël, il a fait jusqu’à moins trente sept, la nuit. C’était très beau, un royaume de verre et de lumière froide et radieuse, entre deux pans de nuit étoilée qui tombent à cinq heures et se relèvent à neuf heures... Mais j’ai pitié des oiseaux, et aussi des chiens, que tous ne laissent pas entrer chez eux, quelle que soit la température, de tous les animaux abandonnés et même de ceux qui sont sauvages.

Ma voiture est restée coincée sur le parking du supermarché où j’étais allée acheter de l’eau, car ma canalisation avait gelé. Elle avait démarré comme une brave petite Renault, mais il m’aurait fallu la laisser chauffer ou rouler plus longtemps, une fois arrivée au but, elle a déclaré forfait, mais deux jours plus tard, quand je suis venue avec le voisin, elle est repartie tout de suite, comme une grande, et depuis, ne m’a plus laissée tomber.

Le plombier non plus, il est venu tout de suite, et il m’a rétabli l’eau, j’avais oublié de boucher un trou d’aération de la cave. Rouslan considère qu’il est mon plombier personnel, car il n’en revient pas des gentillesses que j’ai écrites sur son compte et distribue mes chroniques autour de lui !

Je suis allée aux vigiles, mais pas à la liturgie de minuit, je suis allée à celle du matin. Il y avait de nombreux enfants, et une atmosphère très chaleureuse. Je me disais que même si souvent je devais me pousser pour aller à l'office, mon temps était complètement transfiguré par ces fêtes qui ponctuent l'année, qui l'éclairent, qui lui donnent un sens et une beauté interne. La femme du père Vassili, qui continue à venir chez nous, bien que son mari officie maintenant aux Quarante Martyrs, m'a souhaité de fêter encore beaucoup de Noël comme celui-ci, et justement, je me demandais combien j'en verrais encore: cinq, dix, quinze? Je lui ai répondu: "Oui, je voudrais bien avoir le temps d'enterrer tous mes chats", ce qui l'a bien amusée. 

Je n'étais pas assez habillée, et frigorifiée. Au café français, où je suis allée après, c'était juste, question température, il m'arrivait dessus des courants d'air froid. Que je plains ceux qui sont dehors, hommes ou animaux, ou qui ne peuvent se chauffer. Une de mes mésanges s'était réfugiée dans une barquette de margarine que j'ai pendue pour les nourrir. Elle y prenait le soleil qui ne chauffait pourtant pas beaucoup. 

Vers le soir, je suis retournée au café, car des folkloristes y montraient une crèche sous forme de spectacle. Habituellement, il y a un petit théâtre, avec des poupées et des bougies, mais là, les filles avaient préféré faire une crèche interactive, et les poupées étaient distribuées au public, où il y avait plein de gosses. Elles éclairaient ponctuellement le personnage qu'elles faisaient parler, et projetaient ausssi des ombres au plafond. Tout était extrêmement joli, les poupées, les effets lumineux, et les chants, et je pensais à l'importance de telles représentations pour des enfants abreuvés de culture dépréciée, défigurée, vulgaire. Il y avait là suffisemment de beauté pour les faire rêver longtemps. Nous avons tous chanté ensemble des chants de Noël. Les folkloristes s'installent chez nous, dans un village près de Pereslavl, et depuis trois ans, essaient de faire renaître les traditions, et vont quêter en chantant de maison en maison, avec une étoile, et si ce fut assez difficile au début, car on n'a plus affaire à des isbas nomales mais à des "cottages", avec des palissades métalliques et des portails automatiques. Mais les gens en ont pris l'habitude et les attendent.

Un couple de jeunes voisins, Vitia et Macha, m'ont invitée ensuite chez eux, j'y suis allée à pied, sous les étoiles, sur la neige crissante. Les enfants ont voulu nous réciter des vers, la bataille de Borodino, et puis ils ont chanté des chansons. Ils étaient intarissables. La mère d'un de ces petits acteurs, m'a montré une place en Italie, noire d'Africains, c'est le cas de le dire, à l'occasion du jour de l'an. Les Italiens n'osent plus sortir, me dit-elle. J'avais le coeur serré. Adieu, Italie, brillante, splendide Italie, te voilà livrée avec un paquet cadeau, que restera-t-il de toi et de la France, et de tous les pays victimes de ce forfait dans dix ans? Les Russes ont peur qu'il leur arrive la même chose. 

On a parlé des illusions que se font les Russes sur l'Europe, et me dit Macha, on ne sait plus que croire...  Je lui ai confirmé des choses dont souvent ils doutent, il n'est pas possible que cela arrive en Europe, mais si! Ne laissez pas pourrir votre pays comme on a pourri les nôtres. 

Il paraît qu'il y a de plus en plus de familles nombreuses, surtout à Pereslavl.

J'ai vu une nouvelle qui passe sans doute inaperçue en occident. Dans l'ancien diocèse du pape François, la foudre a frappé une statue de saint Pierre, l'auréole et la clé. Un commentaire a rappelé celle qui était tombée au Vatican, le jour de l'abdication de Benoit XVI, et les colombes de la paix attaquées par des corneille. 

https://spzh.news/ru/news/77796-molnija-udarila-v-statuju-apostola-petra-v-byvshej-eparkhii-papy-frantsiska

1 commentaire:

  1. Merci pour toutes vos rubriques, Laurence, que le Seigneur vous protège. Qu'Il fasse que vous puissiez, longtemps, nous donner de vos nouvelles !

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