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dimanche 2 juin 2024

Icônes soviétiques

 


Il fait vraiment chaud, et trop sec, mais avec quand même un petit air, c’est supportable, ce n’est pas le Gard au mois de juillet. J’ai ouvert la saison en allant me baigner dans la rivière Troubej, qui manque d’eau, elle aussi. Elle était fraîche comme j’aime, et en sortant de là, je me sentais tellement bien, ma pauvre vieille carcasse était complètement régénérée, et mon âme aussi, car c’est un vrai bonheur de dériver sous le ciel et les saules, les oiseaux et les libellules. Au retour, malheureusement, j’ai eu droit à la radio du voisin. La mère Alexandra me dit qu’il ne l’écoute sûrement même pas, mais que les gens ne peuvent se passer de bruit, qu’ils en sont drogués, et c’est exactement ce que je pense. Or ce bruit est, j’en suis sûre, néfaste à notre organisme, il nous rend fous et idiots. On empêche les gens de fumer dans les lieux publics mais on ne voit aucun inconvénient à leur casser les oreilles et les nerfs partout. De mon côté, j'ai joué des gousli devant la fenêtre ouverte, le soir, avec le chant des rossignols, et le vent frais qui m'apportait des effluves fleuries.

La mère Alexandra a détesté le bruit dès l’enfance, et c’est aussi mon cas. Elle cherchait à s’isoler pour réciter un psaume, je ne sais plus lequel, moi, je ne connaissais pas les psaumes, mais je cherchais le silence pour écouter la symphonie de la vie et contempler le ciel, les arbres et les fleurs.





Le temps passe à une vitesse effrayante, comme si ma vie, en approchant de son terme, se transformait en un tourbillon aspirant, pareil au mouvement de l’eau dans une baignoire qui se vide, les semaines s’écroulent positivement les unes sur les autres et filent dans l’abîme. Les nouvelles aussi sont effrayantes. 

Le démon qui gère la France pour le compte des banksters va, après nous avoir complètement ruinés, nous précipiter dans la guerre et la catastrophe. En deux siècles de « démocratie », on aura organisé notre complète extermination, je dis bien organisé, car il est visible maintenant, que les gens ne mordent plus vraiment à un aucun hameçon pour partir la fleur au fusil, alors on est prêt à les contraindre, comme en Ukraine où de pauvres types se retrouvent au front sans savoir qu’y faire, et où l’on commence à y envoyer des femmes, dans le cadre d’un génocide hypocrite et ignoble. La mort de nos rois chrétiens nous a livrés à des ploutocrates qui nous haïssent. Pacha le cosaque écrit que les choses ne font que commencer... Peut-être que de toute façon, je ne mourrai pas de vieillesse, et il est bien probable que je ne revois plus la France, pourtant, quand j’y suis allée, j’ai eu l’illusion que c’était facile, qu’il suffisait de prendre son billet, que c’était juste plus cher et plus fatigant, mais en fin de compte, je retrouvais sans trop de mal les miens, et les lieux de mon enfance... 

Je suis allée à la liturgie tôt le matin, à l'église de la Vierge de Vladimir, à côté de la cathédrale. On avait exposé, dans la première partie du bâtiment, des icônes « soviétiques » que faisaient les gens quand tout cela était clandestin. Je trouve que c’est extrêmement joli et touchant, et dépourvu du mauvais goût fantasmagorique qui se répand dans l’iconographie et les églises de nos jours, peut-être tout simplement parce que ces représentations ont une ferveur et une vérité qui vient de leur fabrication par les croyants eux-mêmes avec les moyens du bord. Pour remplacer les revêtements d’argent, de laiton des siècles précédents, les gens utilisaient des feuilles de métal travaillées comme de la dentelle, ou même du papier d’aluminium, ou encore, m’a-t-il semblé, des papiers de bonbons, et ils intégraient à ces compositions des fleurs en tissu ou en papier, des fleurs séchées, des perles brillantes, tout ce qu’ils pouvaient trouver de poétique. J’ai même vu une guirlande de fleurs en plastique identique à celle qui orne le saint Nicolas que j’avais trouvé et recueilli à la cathédrale et qui doit appartenir à la même catégorie ! Pour ces réalisations, on utilisait des icônes en papier ou en carton, mais aussi des icônes peintes, comme la mienne, et souvent d’une façon spontanée et vivante qui me touche beaucoup plus que les reconstitutions plates des icônes médiévales ou les peintures académiques.









 Je n'ai pas forcément photographié celles que je préférais, mais celles qui ne présentaient pas trop de reflets. Ce qui est curieux, c'est que j'ai moi-même procédé de la sorte avec une photo du saint suaire, que j'ai entourée de fleurs séchées de Solan, et de la tombe de sainte Matrona, d'une tresse de mes cheveux d'enfants et même d'une touffe de duvet de mon malheureux petit chien Doggie. Je vais peut-être perfectionner la chose. 


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