Le Sanhédrin juif condamne le Christ pour
une seule raison simple et banale : pour ne pas perdre de confortables
conditions de vie. « Il vaudrait mieux mourir… » (Jean 18 :12).
Les hiérarques grecs font la même chose. Mieux vaut que souffre le Corps du
Christ, Son Eglise, plutôt que de nous voir privés de nos salaires européens, de
notre confort, de nos bonnes relations avec les poches d’où sortent nos
salaires. C’est quand même plus simple.
Vous vous en êtes lavé les mains, pareils à
Pilate, mais vous avez souillé vos cœurs. On nous spolie de nos églises, on tabasse
nos paroissiens, le sang coule sur notre terre. Et c’est là seulement « le
commencement des maux » (Mat. 24 !8). Pendant que vous philosopherez
sur le Christ et théologiserez sur Dieu dans vos bureaux douillets, on nous
tuera pour le Christ avec votre permission. Du levain de votre hypocrisie nous
a prévenu le Seigneur depuis longtemps (Mat. 16 :6) et nous sommes à
nouveau les témoins de la véracité de ses paroles.
Vous n’avez pas sentidans le baiser de Dmitrios Archondonis le goût
de Judas. Maintenant que vous avez dit « A », il vous faudra dire « B »
et continuer plus loin selon tous les points du plan prévu par le gouvernement
du Nouvel Ordre Mondial. Après que vous aurez baisé le soulier du pape de Rome,
vous baiserez déjà celui de l’antéchrist.C’estlà votrechoixd’aujourd’hui.
«Serpents, racedevipères ! Comment fuirez-vous votre châtiment dans la
géhenne » ? (Mat. 23:33). « Ainsivotremaisonresteravide » (Luc 13:35).
Comme vous vous en souvenez, la trahison
des juifs ne les a pas sauvés. Au bout de quelques temps, le Jugement de Dieu n’a
pas tardé à venir. Dieu ne connaît que deux mots « Oui » et « Non ».
Les déterminants biaisés, glissants, déguisés et perfides de votre sanhédrin ne
vous sauveront déjà plus. Dieu vous a entendus, vous avez dit non à la Justice.
Vous êtes allées consciemment contre la Vérité, et cela, c'est le blasphème contre
le Saint Esprit qui ne peut jamais connaître de pardon (Mat. 12 :23).
Nous, nous sommes infiniment reconnaissants à Dieu
de nous avoir choisis en qualité de victimes pour la Vérité. Sans doute par les
prières de la Mère de Dieu. Dans le monde entier, c’est seulement sur notre sainte
terre que se trouvent trois de Ses saintes Laures. Pour nous, souffrir pour le
Christ est un grand honneur. Merci à Dieu pour ce don immense : non
seulement croire en Lui, mais souffrir pour Lui.(Philip. 1:29). A votre propos, j’aimerais pouvoir dire à Dieu : « Pardonne-leur,
car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Mais je ne le peux pas, car alors,
je serais un hypocrite pareil à vous.
Carjelesais à coupsûr : voussavez, maisvouslefaitesquandmême.
Je lis parfois
des choses sur facebook qui me plongent tout d’abord dans une grande fureur et
une espèce d’angoisse, celles d’avoir à y répondre, car je ne peux pas laisser
passer ça, dans la mesure où mon père spirituel m’a bénie pour combattre. Mais
c’est pour moi une souffrance, car je déteste les conflits et la polémique.
Hélas nous vivons des temps où l’on ne peut vivre en paix, même intérieure.
Quelqu’un m’a
inscrit sur un groupe « d’amitié biélorusse » ; des groupes, j’en
ai des milliers, je n’arrive pas à tout lire, et celui que j’ai ouvert pour
soutenir le métropolite Onuphre m’occupe déjà pas mal. Mais soit. Et là, je
tombe sur le post d’un Français, résidant depuis onze ans au pays de Loukatchenko
et avidede démontrer que les Biélorusses
ne sont surtout pas des Russes (comme si être de près ou de loin apparenté à
des Russes était quelque chose d’absolument infamant), ni par leur histoire, ni
par leur langue, ni par rien. Bref le syndrome de la vérole ukrainienne
galopante (et inoculée).
Pour moi, il a
toujours été évident que les Biélorusses et les Malorusses sont des Russes,
avec des particularités locales, mais des Russes. Ceux qui ne sont pas russes
parmi eux sont des sortes de polonais uniates, car ce qui fait la différence
initiale entre les tribus slaves de la grande plaine, c’est l’adoption du
catholicisme romain par les uns, de l’orthodoxie par les autres. Génétiquement,
avec bien sûr de petits métissages locaux, ils sont tous pareils, et ça se
voit. Culturellement et linguistiquement également. Ils sont beaucoup plus proches
les uns des autres que de n’importe quel représentant de l’Europe occidentale,
et par la génétique, et par la culture, et par la foi, et par la mentalité, et
par les traditions. Les Polonais et leurs uniates se sont éloignés et puis ils
se croient d’une autre essence, qui a « connu la renaissance », des
Européens pur jus, pas des paysans arriérés des steppes, mais Biélorusses, Malorusses ou grands Russiens, tout ça, c’était les Russes des trois Russie qui
avaient un seul tsar et un seul patriarche. Certes les frontières ont pas mal
fluctué, les Polonais sont allés jusqu’à Moscou et l’ont occupée au XVII°
siècle, provoquant un rejet absolu des populations. Mais les trois Russie
avaient toutes en commun la même foi orthodoxe et le même folklore.
Les vidéos de
folkloristes, sur youtube, sont souvent accompagnées des commentaires haineux
et stupides des «Ukrainiens » ukrainisants : « C’est notre
folklore, vous nous l’avez volé ; vous vous n’avez pas de folklore, vous
êtes des mongols etc… » C’est complètement faux et affligeant à lire. Car
justement, le folklore remonte à la plus haute antiquité , dans les trois
Russie, et en démontre la profonde unité. D’une certaine manière, il rejoint
même celui des pays d’Europe, qui s’est parfois davantage éloigné de ces
sources millénaires, mais je laisserai cette question de côté. En ce qui
concerne les trois Russie, c’est le même folklore. Des musiciens italiens venus
en Russie au XVIII° siècle se sont à ma grande surprise intéressés à la
question. Ce folklore les avait émerveillés par la complexité de ses
architectures musicales, que de simples paysans élaboraient d’instinct. Et ils
avaient observé que dans tout l’empire russe, de Pétersbourg au Khamtchatka, d’Arkhangelsk
à Odessa, il s’agissait d’UNE SEULE formule mélodique qui connaissait d’infinies
variations. Cela pourrait être d’ailleurs la formule de l’âme russe qu’Ukrainiens
et Biélorusses antirusses renient purement et simplement. Je ne suis jamais
allée en Biélorussie, sauf deux jours à Brest-Litovsk, et l’envie m’en passe au vu de telles considérations ;
mais je suis persuadée qu’on retrouve les mêmes coutumes et les mêmes motifs de
tissage et de broderies, symboles de fertilité, conjuration du mauvais œil etc.
Qui plus est, on voyageait pas mal, par les grandes plaines et les forêts, pèlerins,
marchands, cosaques ou même brigands, et le folklore aussi. Personne ne
songeait alors, dans l’empire des tsars, à le revendiquer pour sa seule région.
La Biélorussie,
comme l’Ukraine actuelle, sont des créations soviétiques entérinées par l’Occident
via Eltsine pour affaiblir l’entité russe, le prochain stade étant de casser la
Russie en deux selon l’axe de l’Oural et vous verrez que si cela se fait, ce qu’à
Dieu ne plaise, avec une bonne propagande, les Sibériens dans vingt ans ne seront
plus russes du tout, eux non plus. Comme en Ukraine, il y a sans doute des
régions de Biélorussie occidentale qui se sentent plus polonaises que russes.
Mais j’ai observé que même en Pologne orientale ce phénomène existait, en
direction inverse. Ainsi je me suis arrêtée au monastère saint Onuphre, qui
était russe depuis le XIV° siècle, et s’est retrouvé après la guerre, à son
grand désespoir, en territoire polonais. Pour le monastère saint Onuphre, d’ailleurs,
la Biélorussie, c’était la Russie…
J’avais rencontré
ensuite un prêtre à Brest-Litovsk, il parlait russe, et pas biélorusse, et dans
la bibliothèque qu’il s’occupait de monter pour relever le niveau culturel des
populations, il mettait Tolstoï, Dostoïevski, Pouchkine et Gogol en version
originale…
Au moment du
démembrement de l’URSS, j’avais parlé avec une jeune Biélorusse qui était
catastrophée par « l’indépendance » et me disait que personne n’y
comprenait rien et n’avait rien demandé. Les Biélorusses ont eu de la chance,
en un sens, car de tous les apparatchiks communistes pourris bombardés
roitelets dans leur nouvelle petite république périphérique, il est le seul qui
ait pris les intérêts de son fief en considération et conservé une sorte de
société soviétique soft, ce qui était la meilleure chose à faire, dans le
contexte actuel. A tel point que les Russes enviaient leurs voisins de l’avoir
pour président. J’avais rencontré une Biélorusse dont le fils travaillait et s’était
marié en Russie, comme foule de Biélorusses et d’Ukrainiens depuis la nuit des
temps et aujourd’hui peut être encore plus que jamais.La dame m’avait confié : « l’indépendance,
au début, on était tous contre, mais finalement, on y trouve notre compte ».
Mettons qu’aujourd’hui, le Pays d’Oc fasse sécession, avec par exemple, Robert
Ménard de la République soluble dans l’UE et le Nouvel Ordre Mondial du traître
Macron, et développe une politique nationale satisfaisante pour les habitants,
dans 20 ans, il pourrait s’en féliciter, et le Pays d’Oc aurait bien plus de
raisons historiques et culturelles de le faire que la Biélorussie.
De là à dire que
les Biélorusses n’ont rien en commun avec les Russes… Alors bien sûr, quand l’histoire
des gens et leur mémoire ne remontent pas au-delà de 1917, ou pire, de 1990, et
que tous les liens sont rompus avec la culture et la foi de leurs ancêtres, on
peut facilement prétendre une chose pareille. On dit bien aux Français, qui ont
perdu tout lien avec leur passé et donnent à leurs gosses des noms américains,
qu’ils doivent tout aux Arabes et que les héros de l’Iliade étaient noirs… Vous
avez même des Russes qui renient leur histoire, sous l’effet d’une propagande
inlassable, et mettraient leur pays avec joie sous tutelle internationale, je
dirais que ceux-ci ne sont pas plus russes, en fin de compte que les Biélorusses
ou les Ukrainiens revendiqués : ce sont là des mutants post-soviétiques, des
serviteurs bien dressés du Nouvel Ordre Mondial. Car derrière le nationalisme
régionaliste des uns et la haine de soi des autres, on discerne le même rejet
général de sa spécificité, celle qui subsiste dans la foi orthodoxe, le
folklore, la littérature et la mémoire commune. Vous remarquerez en passant que
BHL, le principal soutien médiatique du maïdan ukrainien, en dépit du
nationalisme des cavernes des banderistes et de leur symbolique nazie, se
revendique auprès des Français qui eux, non plus que les Russes, n’ont pas le
droit d’être nationalistes, comme cosmopolite et affirme, à la façon de Trotski,
son mépris et sa haine de tout ce qui est local et folklorique, bref ce qui
fait d’un peuple une famille et même une entité mystique. Je rappellerai à
ce propos qu’il se place dans la droite ligne des bolcheviques. Ceux-ci avaient
convoqué un « congrès panrusse des vielleux », des joueurs de
vielle-à-roue (d’ailleurs majoritairement ukrainiens et biélorusses, et le
congrès, là, il était « panrusse »), à seule fin de les arrêter tous
et de les fusiller en masse, ce qui a pratiquement détruit cette tradition
populaire. Je le tiens du grand folkloriste russe Starostine. Pourquoi leur
fallait-il le faire ?
Si je regarde les
vidéos des sermons du père André, du monastère sainte Elizabeth de Minsk, et
les fidèles qui l’écoutent, je vois la sainte Russie. Je suis à la fois aujourd’hui
et il y a cent ans et même cinq cents ans, je suis dans la sainte Russie. Si je
regarde les grandes processions du lumineux métropolite Onuphre de Kiev, le
métropolite lui-même, ses fidèles persécutés, je vois la sainte Russie. Tous
ces croyants des trois Russie, qui n’ont pas perdu la mémoire, sont frères par leur
histoire, par leur volonté, par le sang versé de leurs guerriers et de leurs
martyrs, par les chemins séculaires de leurs pèlerins, par leurs nombreux
saints, vénérés par tous, par leurs traditions, leurs cousinages, leur
génétique, par l’âme russe qui n’a qu’une seule formule mélodique. Partout où j’entends
résonner cette formule, où je vois ces moines et ces pèlerins, je suis en
sainte Russie. Partout où j’entends les criailleries d’un nationalisme politique
artificiel revendiquant la « démocratie » occidentale et les slips en
dentelles au son du rock et du rap, je suis dans la modernité du poisson de
banc voulue par BHL et consorts pour les idiots utiles. Ce qui attend les Biélorusses, s’ils se laissent mettre
dans la tête ce qu’on a inculqué aux Ukrainiens, c’est de devenir un trou noir
périphérique, avec une base américaine au milieu, des défilés LGBT, des usines
à bébé, des filières de prostitution, des trafiquants et des mercenaires
internationaux, administré par des oligarques à passeport israélien. Le stade
ultérieur étant l’infiltration de migrants pour le métissage obligatoire annoncé
par Sarkozy et mis en place chez nous à marche forcée, et là, adieu le joli
dialecte biélorusse ou ukrainien, les chemises brodées et l’indépendance. Tous
à la chaîne, tous sur le trottoir. C’est ça le programme, et pour le monde
entier.
Première neige, mouillée, et elle ne tiendra pas. Mais enfin voilà, on passe à la dernière partie de l'automne. Il y a trois jours, je faisais une aquarelle au bord du lac dans un air suave et tiède. Ce matin, je suis partie à l'église en doudoune, et il va falloir sortir le sac d'hiver de Rita, qui est très frileuse. J'ai entrevu Katia, qui reçoit une copine de Moscou et revient de Sicile. Elle était très en forme, très jolie et discrètement maquillée, ce qui lui va bien.
Je suis allée ensuite au café Montpensier où Rita a été accueillie par son fan club et une écuelle de poulet. J'étais allée au café la Forêt la veille. J'y ai vu un Français, qui a suivi sa femme prise de mal du pays. Il est pêcheur, et trouve son bonheur à Pereslavl, il m'a dit avoir pêché 60 poissons en une seule fois. Pourquoi autant? Il me semble que si je pêchais, je prendrais juste de quoi manger. C'est la mentalité contemporaine...
Auparavant, j'étais allée à pied à l'embouchure de la rivière, près des quarante martyrs, c'est un endroit qui vaut à lui seul le coup de vivre à Pereslavl. Mais la pluie m'a accompagnée, ce qui a compromis mon aquarelle de l'ambiance nordique à l'horizon. Il y a des bateaux et des mouettes, comme sur la côte en France, mais c'est un lac nordique violacé, verdâtre, avec des nuages lourds où des taches d'azur résiduelles s'enchâssent dans l'or et la nacre. Il sera sans doute bientôt gelé, mais les canards glissent encore avec élégance sur ses eaux de plomb.
Ces changements atmosphériques m'ont épuisée, en revenant de l'église, j'ai dormi deux heures.
J'ai eu un échange avec des Russes sur une page facebook consacrée à la restauration de la vie paysanne. C'est-à-dire que voyant une photo de village avec un abominable toit bleu façon hangar de centre commercial, j'ai poussé un cri du coeur: "Encore ce bleu vénéneux, y a-t-il encore un endroit en Russie où il ne blesse pas le regard?" Manque de bol, c'était la maison de la fondatrice du groupe et j'ai provoqué un tollé. Une journaliste (journaliste!) d'un organe de presse important ne voyait pas le problème et m'a vanté son toit rouge qui est probablement encore pire, car le rouge sang de boeuf rutilant fait généralement écho partout au bleu cuvette de plastique dans les malheureux paysages russes défigurés. Une troisième nana m'a objecté que ces toits étaient "bleus comme le ciel". Hé oui mais non... justement! Un toit de ce bleu suffit à tuer le ciel entier, toutes les maisons autour, les arbres, tout ce qui vit, respire et porte les couleurs subtiles de la vie est anihilé par un pareil toit, comme le sont les sons mélodieux de la nature par la radio que met à fond le fils du voisin quand il bricole sa voiture dehors. Le problème est que les descendants de ces paysans géniaux, qui avaient une architecture et des arts décoratifs absolument féériques, sont dénaturés par un siècle de modernité imposée à coups de pied au cul, et même quand ils veulent "restaurer la campagne", ils ne savent pas l'observer, lire les signes laissés par leurs ancêtres, leur âme est bétonnée et plastifiée, imperméable, la sève et l'eau vive ne passent plus. Il faut dire que lorsque j'avais visité Moscou en 1973, j'avais été effarée par la laideur de ce monde soviétique, les maisons, les meubles, les vêtements, les gosses habillés n'importe comment, ça laisse des traces. Et les maternelles où on élevait ces gosses, j'ai connu cela dans les années 90, ces coloriages gnangnans, ces affreux petits objets qu'on leur faisait fabriquer, ce mauvais goût désespérant... Il paraît que la femme du père Vsévolod Schpiller, émigrée revenue avec son mari au pays dans les années 50, souffrait plus que tout de ce fantastique mauvais goût contre lequel elle n'arrivait pas à lutter, car même dans l'aménagement de son propre appartement, elle ne disposait que des horreurs en vente dans les magasins de l'époque.
J'ai essayé de rattraper ma gaffe sans me dédire.. C'est sûr que je ne voulais pas faire de la peine à la dame si fière de son toit bleu... Mais ici, c'est ce qui me déprime le plus, cette lèpre galopante de la laideur contemporaine fantasmagorique. En France nous en avons jusqu'ici moins souffert, mais les démons qui nous gouvernent sont en train de s'occuper de Paris, comme les bolcheviques ont saccagé Moscou et pratiquement toutes les villes russes...
Sérioja Lochakov m'a apporté son soutien d'architecte, dans cet échange! Cela dit, la journaliste, par exemple, ne s'attend sûrement pas à voir ce genre de toits dans les pittoresques villages d'Europe où elle va peut-être passer ses vacances...
Cette question du mauvais goût, inconnu au moyen âge et introduit par la société industrielle, a pour moi des prolongements métaphysiques, elle n'est pas du tout anodine, comme le pensent beaucoup de gens qui ont grandi dedans. Milan Kundera avait écrit qu'on allait à l'église, en Tchécoslovaquie communiste, pour trouver un peu de beauté. Et aussi, que la laideur du monde contemporain était telle que si tout à coup nous le voyions tel qu'il est sans les lunettes de l'habitude, nous deviendrions fous de terreur. Et une de mes amies me disait à propos des villes du midi de la France, au centre pourtant préservé, que si elles nous apparaissaient telles qu'elles étaient il y a cent ans, nous nous mettrions à pleurer.Je n'ai jamais eu ces lunettes de l'habitude, et j'ai au contraire entraîné mon regard à voir, à voir pleinement, toute ma vie, mon regard est un trou béant sans défense . Je ne suis pas devenue folle parce que j'ai la foi, mais j'ai souvent envie de pleurer...
sur le chemin du lac, j'ai rencontré un tigre abandonné!
un canard profite des derniers jours d'eau fluide
Sibélius ou Arvö Part...
Les bateaux, les mouettes, mais ni Raimu ni Fernandel...
Quelqu’un m’a
adressé cette information où, sans parler de l’apparence de jésuite propre sur
lui du charmant conférencier, à elle seule assez parlante, je lis
personnellement des tas de choses entre les lignes, les dernières, qui définissent le propos de la conférence..
« Ces difficultés (invasions, conquêtes, pouvoir
soviétique) ont eu comme conséquence un certain isolement des orthodoxes,
Et une certaine méfiance envers les occidentaux. »
Là, il est tout
de suite visible qu’on le déplore. On déplore et l’isolement, et la méfiance.
Or moi, en tant qu’orthodoxe convertie, je considère qu’en fin de compte, tous
ces événements ont été voulus par Dieu pour préserver les orthodoxes le plus
longtemps possible de l’influence occidentale qui a, d’une part dénaturé en
partie l’orthodoxie et d’autre part, introduit dans l’empire russe des idées
regrettables qui ont conduit à la révolution.Quant à la méfiance, elle est
bien naturelle, quand on considère le sac de Constantinople par les Croisés, la
campagne des chevaliers teutons contre la Russie arrêtée par le saint prince
Alexandre Nevski, lequel Alexandre
Nevski, plutôt que de se soumettre au pape, a préféré les Tatars: il suffisait
de leur payer tribut pour avoir la paix, pratiquer sa foi et conserver ses us
et coutumes. Alors qu’en choisissant le pape, la Russie aurait perdu l’une
et les autres. Ensuite, avec la conquête polonaise de la Petite Russie, on a vu
arriver le cheval de Troie uniate, destiné à convertir les orthodoxes de force,
et cette politique occidentale, comme l’a montré le théologien grec Théodore
Zissis, est encore appliquée en Ukraine de nos jours, sous une autre forme, et
avec la complicité enthousiaste du patriarche Bartholomée.Il y a encore les exactions hallucinantes de
cruauté commises par les Croates catholiques contre les Serbes pendant la
guerre. Donc des raisons d’être méfiants, les orthodoxes en ont eu de très
sérieuses.
Pour en revenir à l’isolement, et en ce qui concerne la Russie, je
dirais que grâce à cet isolement, dû aux Tatars, aux dimensions du pays, à sa
nature inhospitalière, elle a développé une culture extrêmement originale avec
des éléments d’une insondable antiquité, qu’à mon avis aucun peuple européen n’a
pu conserver à ce point, culture qui fut par la suite ignorée et méprisée de la
noblesse occidentalisée, béate d’admiration devant l’efficacité des protestants
et « l’art » des catholiques, les idées des « Lumières » et
la franc-maçonnerie, mentalité que l'on retrouve aujourd'hui chez les libéraux.Les pays orthodoxes
ont échappé à la Renaissance, ce retour en arrière à un paganisme hellénistique
décadent et à des antiquailleries que la vivacité et la spontanéité du moyen-âge
chrétien avaient dépassées tout en les intégrant naturellement. La Renaissance qui vit surgir l’hérésie
protestante de l’hérésie catholique, l’esprit bourgeois et capitaliste, ennemi
de la communion chrétienne, de la société organique naturelle où tous les
éléments sont reliés et complémentaires, comme dans une cathédrale, de la
conception cosmique et traditionnelle du monde, du désintéressement, du don. Un
esprit matérialiste, rationaliste, prométhéen, terriblement efficace, d’ailleurs,
puisqu’il est la marque de ce monde, dont nous savons qui est le prince. Je ne vois pas comment on pourrait regretter d’avoir
été tenu à l’écart de tout cela, sauf à être soi-même dénaturé, surtout quand on
voit, et cela se voit maintenant d’une façon éclatante, quel gigantesque asile
de fous totalitaire cette civilisation finit par mettre en place. Que pour
survivre les peuples orthodoxes aient dû plus ou moins « se mettre au
niveau » technologique de cette civilisation satanique et mortifère mais
très puissante, était peut-être inévitable aux yeux de leurs dirigeants. Mais l’Eglise
n’a pas à participer à cela, sauf à se renier, et nous en arrivons au deuxième
point de la conférence annoncée :
Le modèle des Eglises autocéphales nationales a
rendu aussi difficile le cheminement des Orthodoxes vers la modernité.
Là, ce qui me
vient immédiatement à l’esprit, c’est pourquoi les orthodoxes doivent-ils
cheminer vers la modernité ? Comment un prêtre peut-il envisager un
cheminement orthodoxe vers la modernité ? Il me paraît clair que si l’Eglise
a un chemin, c’est vers le Christ, son second avènement et l’Apocalypse, avec
le souci d’y parvenir entière, intacte, en conservant le plus de brebis possibles
à l’écart des gouffres de perdition. La modernité n’a absolument rien à voir là
dedans, ou plutôt, elle est précisément LE gouffre de perdition number one, ce n’est plus un gouffre, d’ailleurs,
c’est même un maelström ! Cela devrait être visible à tout chrétien
authentique, ce l’était aux yeux de tous les grands saints orthodoxes du XX°
siècle. Aucun ne nous a prêché de cheminement vers la modernité. Je vois ici le
titre d’un livre de saint Païssios l’Athonite que j’ai sous la main : « Avec
crainte et douleur pour le monde contemporain »… De toute évidence, saint
Païssios ne cheminait pas vers la modernité. Moi non plus. Quand j’ai choisi l’Orthodoxie,
je n’ai pas choisi la modernité, j’ai choisi la Tradition et l’Eternel Présent
qui est l’écume d’un passé toujours vivant, ce que ne me donnait pas le
catholicisme romain ni le monde dans lequel j’étais née, progressiste, effréné,
superficiel, artificiel, égoïste, de plus en plus hideux et vulgaire. Si on
tient à cheminer vers la modernité, ce n’est vraiment pas la peine de devenir
orthodoxe ou de le rester, il suffit d’être protestant, ou catholique de
gauche, il est vrai que le fin du fin, pour ceux-ci comme pour les orthodoxes
sympathisants, serait de faire de l’orthodoxie quelque chose de comparable,
avec quelques icônes et de jolis chants… «L’orthodoxie intelligente et
occidentale » dont m’a cassé les oreilles un jour une adepte de cette
dérive. La modernité est certes une donnée dont on est forcé de tenir compte,
malheureusement, mais pour faire face aux problèmes qu’elle pose, car elle pose
surtout des problèmes, il existe la fameuse « économie » qui
fonctionne si bien dans l’orthodoxie. Ainsi aujourd’hui, les femmes font des
icônes, ce qui ne leur était pas permis, sans doute à tort, au moyen âge. Mais
ce genre d’aménagements survient, sans toucher à l’essentiel, sous la pression
de l’histoire, de façon organique.
Ici je bute sur
le premier élément de la phrase que j’avais laissé pour la fin : le modèle
des Eglises autocéphales. C’est le modèle des Eglise autocéphales qui nuit au
glorieux cheminement des Orthodoxes vers les lendemains qui chantent de la
modernité. Ce modèle des Eglises autocéphales tellement mis à mal par le
patriarche Bartholomée, qui s’affirme en tant que pape orthodoxe, dans l’affaire
ukrainienne. C’est vrai que ces Eglises autocéphales de Serbes, Roumains et
levantins arriérés, toutes ces structures défendues au fil des siècles par le
sang des martyrs, des saints princes et guerriers locaux, contre les divers musulmans,
tatars, ottomans, polonais, oustachis, croisés, chevaliers teutons, ça fait
désordre, ce n’est pas compatible… avec quoi ? Je vous laisse vous poser
la question et tirer vos conclusions, cela vaut vraiment la peine d’y
réfléchir.
Pour moi, qui
suis une arriérée assumée, la réponse est claire. Les Eglises autocéphales qui
constituent l’Orthodoxie, la vraie, sont une fâcheuse persistance d’un état d’esprit
archaïque normal dans un monde complètement perverti, abruti et confus que des
oligarchies pas si occultes que ça sont en train d’organiser en société globale
sous l’autorité d’un gouvernement mondial. Il ne paraît pas si difficile d’atomiser
les plus petites d’entre elles, mais l’Eglise russe est un plus gros morceau,
et c’est la seule qui n’est pas au pouvoir politique et militaire de l’OTAN, le
gouvernement de son pays ne l’étant pas encore non plus. C’est là que l’infamie
commise en Ukraine apparaît dans sa vraie perspective.
Aux foules de
consommateurs et d’esclaves amnésiques ébahis sur lesquelles entend régner ce
gouvernement mondial, il faut une religion syncrétique pour sous-hommes, projet
décrit dans les années 80 par le père Séraphim Rose dans son livre « l’Orthodoxie
et la religion du futur ».
S’il ne reste
plus que deux papes en lice et que les Eglises locales « arriérées »
sont soumises à celui de Constantinople, la « religion du futur », la
communion arc-en-ciel dans l’extase œcuménique des confessions « intelligentes
et occidentales » pourra commencer à se constituer.
Traitez moi de
complotiste, si vous voulez. Je sais déjà que si par malheur le patriarcat de
Moscou pliait devant ce projet, ce qu'à Dieu ne plaise, j’irais retrouver les vieux-croyants, ce serait
pour moi la preuve éclatante qu’ils étaient dans le vrai, ce que je crois déjà
à beaucoup d’égards.
Les nouvelles de plus en plus affreuses me semblent un songe maléfique dès que je regarde par la fenêtre mon paisible paysage russe. Je suis partie avec Ritoulia me promener dans le vent chargé de pluies bleues et de rayons d'or. Le long de l'ancienne berge du lac on a commencé à brûler les ordures, ce qui dégageait dans l'air humide de nauséabonds relents de plastique.On a mis deux pancartes comminatoires pour rappeler aux malotrus de ne pas prendre la nature pour une décharge. C'est bon signe.
J'aime particulièrement ce temps très court où, devant l'imminence de l'hiver, les arbres font une fête de plus en plus frénétique, et dans leurs atours déchirés d'or et de pourpre, se donnent en titubant, ivres du sommeil qui les gagne, au vent encore doux qui leur vole des feuilles au passage et fuit à ma rencontre, me secoue et me laisse. J'ai alors du mal à croire que je suis déjà si vieille et que je traîne la patte, et devant le ciel béant, j'essaie d'évaluer ce qui m'attend, d'en prendre la mesure, comme d'une robe beaucoup trop grande, et beaucoup trop splendide.
Les prés prennent des tons de brocart ou de tapis précieux, avec des moirures d'un or écaillé qui se fane et luit. Le ciel tombe dans le miroir des flaques. Les saules deviennent de grosses mongolfières vaporeuses et cuivrées que retiennent au sol des branches noires enchevêtrées, on les dirait prêts à partir vers ces montagnes d'air et ces gouffres bleus qui s'ouvrent.
Je pense à ceux qui ont parcouru Pereslavl et le hantent toujours à mes côtés, le prince Alexandre. Le tsar Ivan et Fédia. Comme s'ils m'avaient conduite ici, et m'accompagnaient, invisibles. Quand j'ai commencé à les aimer, à les laisser me séduire et me terrifier, j'avais quinze ans, c'était il y a tellement longtemps, sans doute ne me voient-ils pas vieille, ils accompagnent la fille de quinze ans, et c'est sans doute cette adolescente qui franchira, chassée d'un corps de moins en moins ressemblant et de moins en moins habitable, le seuil mystérieux d'un monde inimaginable.
J'ai fait une aquarelle, en essayant de ne pas traîner, pour ne pas être prise sous une averse. Ritoulia ne raffole pas de mes expéditions cosmiques, elle s'assied, et attend que je la mette dans le sac-à-dos. Ce qui lui plaît, c'est la direction du café français, les rues, les passants, voir du monde et se faire admirer et gâter.
J'ai eu tout un échange sur mes thuyas, avec visiblement, un jardinier compétent et raffiné, c'est vrai, le thuya, c'est con, mais cela vient aussi beaucoup de la façon dont on l'utilise, et ici, la gageure est d'arriver à faire quelque chose de joli avec ce qu'on trouve et avec des artisans qui ont un goût immonde. Ne pouvant planter des sapins ou des mélèzes qui deviennent énormes, ni des saules pour la même raison, et en plus ils perdent leur feuilles, je me suis rabattue sur l'affreux thuya dont raffolent les Russes. Mais ma surface de thuyas est assez limitée, il s'agit juste de créer le plus vite possible un écran persistant entre ma maison et celle du voisin qui est, disons, très présente...
Curieusement, ces thuyas ne me déplaisent pas tant que cela. Ils prennent un air ébouriffé, car ils poussent comme ils veulent, et créent des éléments verticaux, quelque chose qui m'évoque les cyprés du midi. En hiver, chargés de neige, ils ploient gracieusement sous ce blanc vêtement. Bien sûr, au lieu de suivre le conseil de la paysagiste, je pourrais intercaler autre chose entremi, mais quoi? autre chose de vertical, évidemment.
Lorsque j'ai planté le thuya du milieu, il y a trois ans, il était de la taille de celui de droite. Il a doublé. Il me semble qu'un écran vert n'est pas superflu.
Hier, une dame qui vend parfois les cierges à
l’église m’a proposé de venir chercher des plants de ronce. La ronce, qui pousse
partout en France, est ici beaucoup plus rare, et moins envahissante. Mais elle
donne des mûres, et j’adore les mûres. J’en mangeais le long des chemins de
Cavillargues quand on n’avait pas massacré les ronciers. Les ronciers servent
d’abris aux rossignols, raison pour laquelle mon beau-père en laissait toujours
un de l’autre côté du mur de la ferme. J’ai des endroits pourris où je ne peux
rien planter, des recoins vides, j’y ai lâché des ronces, j’espère que ce ne
sera pas trop humide.
Cette dame est biélorusse, plutôt
sympathique. Son quartier est ravagé par les maisons hideuses, prétentieuses ,
énormes qui ont l’air soit de bâtiments administratifs, soit de châteaux d’opérettes.
Je me suis extasiée sur la fenêtre sculptée d’une isba branlante : « Elles
disparaissent toutes, me dit-elle. Vous savez qu’en Biélorussie, le gouvernement
à donné une maison à mes enfants et à leur famille, une maison neuve, en bois,
avec des fenêtres et des planchers en bois, et vous savez ce qu’ils ont fait ?
Ils ont mis des fenêtres en plastique et du parquet flottant ! »
Chez nous, on met des fenêtres en
plastique et du parquet flottant parce que le bois revient trop cher. Ici, ils
trouvent que le plastique et le parquet flottant, c’est le comble du chic, ça
fait riche et moderne.
Parfois, je pense à la ville ravissante
qu’a été Pereslavl pendant près de mille ans, et puis la révolution en a ravagé
une partie, la modernité a rendu les gens fous, les a déconnectés de leur
tradition et de leur nature, et ce qui restait encore pittoresque il y a vingt
ans devient monstrueux et absurde, non plus une ville mais une « agglomération »
de baraques disparates et contrefaites, qui ne tiennent pas compte les unes des
autres et bourgeonnent comme des tumeurs, à l’image du monde engendré par le
progressisme matérialiste et des âmes mutilées qu’il a élevées, coupées les
unes des autres, mal nourries, mesquines, envieuses et insatisfaites.
Au café français, Valia, qui est communiste, m'a dit que son grand-père avait été "dékoulakisé" mais n'en tenait pas rigueur au régime soviétique. Ca existe. Soljénitsyne parlait de prisonniers du Goulag qui, ne comprenant pas en quoi ils avaient trahi la cause, continuaient à lui vouer tout leur être. Le grand-père de Valia s'était vu confisquer par le pouvoir soviétique le joug sculpté et décoré de l'attelage de ses noces...
A Férapontovo, je ne peux pas dire que les braves gens du coin gardent un bon souvenir de la dékoulakisation. Ils m'en ont parlé dans les termes les plus négatifs et les plus énergiques. Valia met les horreurs sur le compte des dénonciateurs. C'est le grand argument, les coupables des dérapages sont les gens qui dénonçaient et pas le gouvernement qui les encourageait à le faire. Etrange démarche d'esprit, l'esprit idéologique dont mon oncle Louis disait "on est communiste comme on est boîteux". Ainsi chez nous, certaines demoiselles formatées par la gauche, violées en bande par plusieurs migrants, craignent de faire preuve de racisme en allant porter plainte, c'est un effet de ce que dans les années soixante-dix on appelait la misère sexuelle des immigrés.... La mentalité idéologique fait accepter n'importe quelle monstruosité, et lui trouve toujours des justifications.
Valia nie aussi les ravages de la pollution, tout ça c'est des histoires pour nous faire oublier les inégalités sociales. Et certes, comme dans tous les domaines, les pervers du Nouvel Ordre Mondial commencent à manipuler le truc avec la poupée Greta, tandis que par ailleurs, en France, les usines s'enflamment les unes après les autres, mais de là à affirmer qu'il n'y a pas de problèmes... Il faut dire que pour ce qui est de ravager le milieu naturel, les soviétiques n'étaient pas en reste, voir la mer d'Aral, entre autres. Valia me dit qu'elle est chimiste et m'assure qu'un sac en plastique s'autodétruit en un mois et demie. Pas dans mon jardin, où j'en retrouve enfouis dans le sol depuis plusieurs années.
J’ai appris que le
topinambour, outre beaucoup d’autres vertus, avait celle d’exterminer la berce
du Caucase, dont l'invasion est encore dûe à une trouvaille d'un fonctionnaire soviétique. J’ai donc commencé à transplantertous les topinambours donnés par la chevrière Nadia dans les endroits infestés de berce. Le
topinambour est esthétique, comestible, il assainit l’air et le terrain.
J’ai acheté à Nadia des œufs et du
fromage de chèvre, et constaté qu’un des gosses qui s’invitaient chez moi était
son petit-fils. Il est revenu avec le petit voisin Vania, mais ils se
conduisent mal.
Des nuages lourds de pluie se
déroulent au dessus des moutonnements dorés des saules, leur houle bleue,
soulevée par un vent violent, s’abat en gerbes liquides sur nos jardins parés
de rouge et de jaune, où subsistent quelques fleurs tardives.
Ekaterina Igorovna, la femme de lettres, est venue
avec une copine. Je croyais que c’était pour me la présenter, mais c’était pour
me faire bénéficier de ses conseils de paysagiste. Or mon grand plaisir est d’organiser
mon terrain en faisant toutes sortes d’expériences, et je n’ai pas trop envie qu’on
vienne s’en mêler. Elle m’a cependant dit que je pouvais encore rajouter deux thuyas
entre ceux que j’ai déjà plantés, et qu’ils ne seraient pas trop serrés mais me
feraient plus vite une haie. Cela cache la maison voisine et fournit un écran
vert persistant aux feuillages dorés de l'automne. C’est aussi la seule verdure
que je garde en hiver.
J’ai réussi à rattraper l’icône pour
le rhumatologue, qui partait mal, et elle est presque finie, Dieu merci; il me l'avait commandée en échange d'une infiltration gratuite! Elizabeth, paroissienne de Solan, m’en a commandé trois, et Cécile une…
Mais c'est une chance, je me sens à nouveau capable d’en
faire, plus ou moins. C’est drôle,le
tsar Ivan commence à me laisser tranquille. Je continue à prier pour lui et
pour Fédia tous les jours. Je suis persuadée qu’avec mon livre, j’ai fait
quelque chose pour eux que je devais accomplir, et qu’ils avaient besoin des
prières que j’adresse en leur faveur; je veux dire que naturellement, ils en
avaient besoin, avec tout ce qu’ils ont sur la conscience, mais que cela a
changé la situation et l’état de leurs âmes. A un moment, l’âme du tsar
exerçait sur moi son pouvoir et sa séduction, sur qui d'autre encore lui était-il loisible de le faire? Elle ne le fait plus, elle semble avoir trouvé une sorte de paix, en renonçant à perdre la mienne.
Il a fait beau, et même pas
très froid, je suis allée hier à pied, avec Ritoulia, au café français, en jouissant
de la lumière dorée sur les feuillages, des reflets sur l’eau de la rivière.
Elle était très contente, gaie comme un pinson, elle me rappelle plus Joulik
que pauvre petit Doggie; c'est une joyeuse coquine.Je suis bien,
ici, je ne vais plus me décider à mourir, et pourtant, je n’ai plus tant
d’années devant moi, il faudra finir par y penser.... Je suis bien, parce que psychologiquement, je vivrais mal
de voir mon destin dépendre de l’Europe, de l’Occident, infédoés complètement à
la caste supranationale qui détruit les peuples, leur culture, leurs
traditions, leur foi, leur psychisme, leur mémoire et d’une manière générale,
la vie dans son ensemble. Et je n’ai pas ici de dilemme concernant le
patriarche Bartholomée et ses paroissesen France, puisque je suis dans la juridiction du patriarcat de Moscou.
Je soutiens, avec Dany, l’archevêque Jean, qui, depuis la dissolution de son
archevêché par Bartholomée, a décidé de rejoindre le patriarcat d’origine des
paroisses russes dissidentes depuis les années 30. Lire ce que racontent ses
opposants, souvent d’une grande agressivité et d’une immense mesquinerie, est
une véritable épreuve. Et même ces considérations sur l’orthodoxie française, sur l'orthodoxie "intelligente et occidentale"…
Pour l’instant, elle est diluée dans les différentes juridictions des
différentes diasporas, à vrai dire, les seules structures destinées dès le départ à devenir
« l’orthodoxie française » sont les monastères athonites du père
Placide, fondés dans ce but par Simonos Petra. Et c’est en effet une réussite, que je soutiens pleinement, mais le mont Athos est sous l’omophore de Bartholomée, du reste, toutes les
Eglises locales sont plus ou moins sous le contrôle de l’Empire, qu’elles
coopèrent ou non, elles lui sont en tous cas soumises avec les populations
qu’elles représentent, seule l’Eglise russe conserve encore, avec son pays, son
indépendance vis-à-vis du Nouvel Ordre Mondialet de la « religion du futur » qu’il médite de fabriquer. (cf https://www.amazon.fr/LORTHODOXIE-RELIGION-FUTUR-ROSE-SERAPHIM/dp/B00Q73ET2E en anglais et en français, traduit autrefois par moi-même bénévolement et comme j'ai pu...)
Cet archevêque Jean m’a vraiment étonnée. Je
l’avais vu au monastère saint Silouane, un gentil bonhomme, qu’on pouvait
penser faible, et il a résisté comme un lion à des pressions
énormes. Il m’apparaîtcomme le pendant
occidental du métropolite Onuphre. On dit que le métropolite Philippe de Moscou
était lui aussi du genre très conciliant, et il détestait les conflits, mais il
a défendu les principes de l’Eglise jusqu’au martyr, face à Ivan le Terrible.
A ma grande joie, le monastère saint Silouane a rejoint Moscou, de sorte que je reste en complète communion avec mon amie mère Geneviève. C'est déjà ça.
La France, après l’incendie de Notre Dame, que
je crois volontaire, et les tonnes de plomb qui se sont répandues dans
l’atmosphère parisienne, est victime d’une catastrophe écologique énorme, à
Rouen, une usine d’hydrocarbures a explosé, un énorme nuage ténébreux et puant a recouvert le ciel, les clichés de la ville évoquent un cauchemar de science-fiction, ou une représentation médiévale de l'Apocalypse..:Toute la région étouffe dans
les vapeurs d’essence, il pleut du pétrole dans les jardins, sur les fleurs, sur les légumes, les poissons et
les oiseaux meurent par milliers, mais la presse osait titrer que « le nuage
était un peu toxique, mais pas trop »…
J'ai lu le témoignage d'une jeune mère qui s'est enfuie à Paris avec ses enfants, chez sa soeur, loin de l'atmosphère empoisonnée et des spectacles de désolation. Ma compassion épouvantée s'accompagnait, comme d'habitude, d'impuissante colère. L'usine appartient à un gredin richissime et au dessus des lois, qu'importent la vie et le destin de ces pauvres franchouillards? Dès que j’ai vu le candidat Macron, j’ai su
que c’était la fin des haricots, le traître intégral, l’exécuteur des basses
œuvres, qu’on nous le propulsait à la présidence pour achever le pays. J’aurais
voté pour un crocodile plutôt que pour lui. Il sent la mort et le souffre.
Je me suis poussée pour aller à l’église
communier. C’était l’évêque qui officiait. Aucun de nos prêtres habituels n’était
là, ni père Constantin, ni père Andreï , ni le nouveau dont je ne connais
pas le nom. Je me suis demandée s’ils étaient tous malades. Un jeune prêtre de
l’entourage de l’évêque est venu assurer les confessions. Je déteste me
confesser à des prêtres inconnus, mais j’ai tort, car j’ai souvent de très
bonnes surprises. Le jeune prêtre m’a dit que je ne devais pas m’affliger d’avoir
à lutter pour prier et me rendre à l’église, parce que la vie du chrétien est
un combat, que j’étais un soldat du Christ. « C’est normal, vous êtes une
adulte spirituelle, alors les choses sont plus dures, et le plus dur de tout, c’est
de se débarrasser des mauvaises habitudes pour les remplacer par des bonnes. »
Monseigneur Théoctyste a distribué sa
bénédiction, que nous attendons tous, parce que nous l’aimons. Sur son passage, les fidèles fondent, les sourires s'épanouissent. Dans notre monde ignoble, les seuls princes qu'il nous reste sont ceux de l'Eglise, ces princes qui mettent des étoiles dans les yeux des enfants. Quand je viens à l’église , la cathédrale ici
ou la paroisse du père Valentin à Moscou, je me sens pleine d’amour pour tout
le monde et j’ai l’impression que tout le monde m’aime.
J’ai appelé Cécile, car j’ai maintenant Skype
sur mon portable ; c’est facile, pas cher et ça marche. Tout d’un coup, je
retrouvais Cavillargues et Solan. J’ai beau me plaire ici, je me plaisais aussi
là bas, et j’y ai laissé des gens que j’aimais beaucoup. Il m'arrive, lorsque je prie en français, de revoir tous ces chemins que j'aimais, le chemin de la Condamine, la route de Saint-Pons-la-Calm, Mas Carrière... Mais je me plais ici,
je me fais même au climat, et j’apprécie cet automne qui ressemble à celui des
livres de lectured’autrefois,
avec de gros nuages, des feuilles qui volent, des arbres dorés: « colchiques
dans les prés », la chanson que j’aimais brailler dans la voiture de mon
grand-père. D’ailleurs, des colchiques, j’en ai. On m’en a donné au printemps,
je ne savais pas ce que c’était, c’en est, ils fleurissent en ce moment.