Hier, fête de la Dormition, je me suis prise par la main pour aller à l'église, mal préparée à la communion, et en plus, j'ai oublié de prendre de l'argent, je n'avais pas un sou pour la quête, les cierges, et les dyptiques.En gros, la honte totale. Le prêtre qui me confessait est ukrainien, et soupire "Seigneur aie pitié" avec une vraie douleur à chaque péché qu'on lui énonce, même mes peccadilles minables. Il me dit que le Christ remplace tout ce qui peut nous manquer, c'est aussi ce que me dit Ioulia du monastère saint Nicétas, et c'est une chose que je n'arrive pas toujours à réaliser. "Je sais, lui dis-je, mais il est comment dirais-je? un peu abstrait.
- Comment ça, abstrait? Vous avez l'eucharistie, Son corps et Son sang, et vous me dite qu'Il est abstrait!"
Pourtant, j'ai eu des révélations qui m'ont fait penser: "Un seul moment comme celui-ci rachète tout les malheurs de ma vie et les rend insignifiants". Mais je bloque sur la tendance à désincarner la religion que je rencontre souvent et qui ne me paraît pas juste, et il n'y a rien à faire, cela ne passe pas. Mes "questions de païenne" qui scandalisaient dans mon enfance un curé rigide, restent sans réponse. J'ai lu, à propos d'un archimandrite qui vient de se défroquer, des considérations sur les tuniques de peau qui ravalaient Adam au rang d'un animal, lui qui était à celui des anges, mais je me pose la question païenne et stupide, quel besoin avait Dieu de créer tous ces animaux magnifiques, et un homme sexué flanqué d'une femme, si c'était pour les faire vivre comme des anges, alors qu'Il en avait déjà des théories sous la main, parfaitement désincarnés et asexués comme il sied? Et puis ce mépris pour l'amour humain, qui est certes limité mais peut-être parfois une fusion absolue... Moi, je suis très charnelle, j'ai besoin de voir, écouter, sentir, étreindre. Les gens qui ne le sont pas me semblent souvent de malheureux pisse-froids qui pourrissent la vie de ceux qui les entourent. Dans mon livre, Fédia, qui est mon double, ne reçoit au fond pas de réponse définitive du métropolite Philippe auquel il adresse ce genre de questions. Il choisit le métropolite parce qu'il l'aime, parce qu'il discerne en lui un saint homme, parce qu'il lui offre une transcendance et le salut, mais ses questions païennes restent sans réponse, il quitte la vie avec résignation et humilité, mais à regret,et les miennes, qui sont les mêmes que les siennes, je mourrai sans doute avec. Comme lui, j'ai aimé le père Serge qui ne comprenait absolument pas ce genre de débat, j'ai aimé le père Placide, j'aime la mère Hypandia, mon évêque, j'aime mon père Valentin, j'aime la sainteté. Mais j'aime aussi toute la création, qui est à la fois euphorique, splendide, souffrante et violente, et sexuée du haut en bas, à part les amibes et les bactéries. L'eucharistie m'est tombée dans la bouche de telle façon que le vin a coulé directement en moi, chaud et liquide, avec une étonnante présence, au lieu de simplement imprégner le pain. Il m'a semblé étrange que cela se produisît juste après les considérations du prêtre ukrainien, et c'est lui qui m'a donné la communion.
On nous a lu une lettre du saint Synode. Le problème est que je comprends très mal le prêtre qui s'en est chargé. Mais l'impression que j'en ai retirée, c'est qu'on nous présentait le Covid comme la peste bubonique, ce qu'il est loin d'avoir été par la virulence, les effets et la contagion, justifiant les mesures adoptées, qui me sont de plus en plus suspectes, félicitant les médecins etc.
Là encore, je suis peut-être une tête de cochon, mais je ne comprends pas le saint Synode. Il est évident à tout être doué d'un cerveau que l'on nous mène dans un affreux bateau, mais le saint Synode n'a pas l'air de s'en apercevoir. Ne dit-on pas que dans les derniers temps, même les élus seront séduits? Pourtant, certains prêtres voient ce qui se trame autant que moi, par exemple le père Andreï Tkatchev, ou le père Andreï du monastère de Minsk et d'autres encore.
Je crois bien qu'on a installé une tour 5G à 50 m de chez moi. Je pensais que ce serait une caméra, mais cela ne semble pas le cas.
L'automne en Russie commence dans deux jours, et il est vraiment dans l'air, même s'il ne fait pas très froid, le temps change, les feuilles commencent à jaunir et rosir, en revanche, les moustiques ne semblent pas comprendre que la fête est finie et me gâchent ces derniers moments où je pourrais rester dehors. Pour ce qui est de la fusion avec la nature environnante, le climat et les insectes piqueurs restreignent les possibilités. D'un autre côté, les rares fois où l'on peut se baigner, on trouve encore aisément à le faire sans le cirque des plages et des bords de rivière en France.
Le ciel était extrêmement beau, hier soir, comme il ne l'est qu'ici, et j'aurais dû aller au lac d'un coup de voiture, ou de vélo, mais j'ai eu la flemme. Je suis restée sur le perron à regarder cela, je suppose que Dieu fait pareil de son côté, et c'est là que les gens comme moi le rencontrent.