Ici, c’est l’été. Je
supporte bien la chaleur et ne la trouve pas excessive. J’ai pris la route
de Solan, et me suis arrêtée à Saint-Pons-la-Calm, chez Emmanuelle. Nous sommes
allées à Goudargues, à Cornillon. J’ai vu se déployer les chemins que je
parcourais à pied ou à vélo, avec petit Doggie. Je pense à lui sans arrêt, et
il en est de même chez ma sœur, où il repose. Tout me parle de petit Doggie, de
sa triste mort prématurée et de notre vie ensemble.
La beauté des
paysages, des villages, des anciennes maisons de pierre me subjugue, où est
passé l’esprit du peuple qui a façonné les uns et bâti les autres dans une
harmonie réciproque, où sont ses chants et ses danses, ses liturgies, ces
pierres sont muettes, à Goudargues, les orchestres de rue jouent du country
américain, dans les champs et les vergers, on n’entend que les oiseaux, le vent
ou les engins agricoles, mais plus le chant de l’homme, son âme s’est tue, elle
ne chante ni ne prie.
C’est à ce genre de
détails que je discerne notre terrible malédiction. Nous nous sommes donnés à
l’argent et aux idéologies de l’enfer, à ses contrefaçons, et s’il en est de
même en Russie, au moins des processions parcourent-elles encore les villes et
les campagnes sinistrées, des gens cherchent-ils à ranimer les quelques braises
de la sainte Russie qui subsistent encore.
Je vais à Solan, et
puis à Marseille, chez Henry et Mano, survivants d’une époque encore normale où
notre mort était cependant déjà à l’œuvre. L’optimisme niais des années 50 et
60 nous aveuglait, nous croyions la fête éternelle… Mais à dire vrai, je
n’étais pas aveuglée. Dès mon enfance, j’ai senti que tout cela nous mentait,
que c’était de la fausse monnaie, que notre fête était vulgaire et sans
véritable joie.
Revoir Solan, ses
moniales, ses paroissiens m’a beaucoup émue. Que c’est beau, tout est
harmonieux, organique, pas une faute de goût, et quelle lumière, quelle ferveur.
Une lampe allumée dans nos ténèbres.
ça me manque aussi
RépondreSupprimerMerci Laurence..Heureuse que tu retrouves une partie de toi qui existera toujours...
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