Ils avaient éclaté de rire, et ne m'avaient plus lâchée. Comme ils travaillaient le jour, ils visitaient la nuit, à pied, nous errions des heures, ils me tenaient par le bras, me récitaient des vers, Slava adorait parler de l'histoire russe, et avec un tel public, il s'en donnait à coeur joie, d'une façon extrêmement vivante. Au bout de quatre jours de ce régime, je ne tenais plus debout. Je savais qu'ils partaient le lendemain, et j'étais si triste qu'ils m'avaient donné rendez-vous pour un dernier adieu avant leur départ, près de je ne sais plus quel métro, mais je ne m'étais pas réveillée, j'étais trop épuisée. J'avais pleuré toute la journée, persuadée jusqu'au fond du coeur que je ne trouverais jamais un homme comme eux, qui étaient d'ailleurs mariés, et beaucoup plus âgés que moi, et en effet, je n'ai pas trouvé!
Voici que tout à coup, j'ai entendu au téléphone la voix de Slava, qui a 86 ans, maintenant, et me parle toujours de Souvorov ou de Catherine II, comme s'il les avait connus personnellement. Lors de notre première rencontre, et bien qu'il fût membre du Parti Communiste, il avait manifesté le désir de lire la Bible, car "deux mille ans de notre histoire et de notre culture reposent sur ce livre", et je lui en avais procuré une, en russe. J'appris lors d'une visite ultérieure en Russie qu'il s'était fait baptiser.
Je n'ai pas cessé de prier pour lui, mais je l'avais perdu de vue, et alors que je me demandais comment renouer, c'est sa fille qui me contacte...
Les mésanges savent dans quel pièce je me trouve, si j'oublie de leur donner à manger, elles viennent voleter près des fenêtres, pour attirer mon attention, et même cogner du bec. J'en ai sauvé une, que ma saloperie de chat avait attrapée. Elle avait confiance, et restait tranquille dans ma main, elle s'est envolée à proximité du prunier. J'ai déplacé la mangeoire en un lieu plus sûr.
J'ai fait passer mon vélo d'appartement de la salle de bains dans mon bureau, et quand je m'en sers, je vois ces mêmes mésanges passer entre les branches du poirier et s'amuser du spectacle de la vieille tutélaire en train de se livrer à une occupation mystérieuse dans son aquarium.
J'ai décidé de changer la disposition des pièces au printemps, et je suis toujours plus ou moins dans les travaux, le bricolage et le rangement. Et qui me dit que cette maison ne va pas brûler demain, prendre une bombe ou que je ne vais pas succomber brusquement à une crise cardiaque? Mais j'ai besoin d'être entourée de beauté, de souvenirs, et d'avoir un environnement qui me simplifie la vie... J'espère que cela ne compte pas comme richesse dont il convient de se détacher.
En réalité, rien de luxueux dans cet aménagement, des meubles IKEA ou de récupération, du lino, des rideaux achetés au magasin GIFI de Bollène, nous ne sommes pas dans la déco de haut vol, mais c'est pour moi plus intéressant de faire avec ce que j'ai et ce que je peux, et d'obtenir quelque chose d'harmonieux, où je me sente bien, parfois, des vieux trucs malmenés n'en ont que plus d'âme.
J'ai vu deux vidéos qui valent vraiment le coup d'être regardée. Celle d'Eric Veraeghe, qui analyse avec humour et réalisme la situation où la caste a mis l'Europe, et un reportage sur les enfants du Donbass, un témoignage terrible, qui ne m'apprend rien de nouveau depuis huit ans que je suis au courant, mais pourrait ouvrir certains yeux résolument fermés, il est vrai que lorsqu'on les ferme depuis si longtemps avec acharnement, les paupières finissent sans doute par se souder.
Bonjour Laurence. C'est embêtant pour Facebook. Je sais qu'avec la Biélorussie, où j'ai des contacts, ça fonctionne toujours.
RépondreSupprimercela ne fonctionnait plus à Moscou, mais je le recevais ici, maintenant black out!
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