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dimanche 2 juin 2024

Icônes soviétiques

 


Il fait vraiment chaud, et trop sec, mais avec quand même un petit air, c’est supportable, ce n’est pas le Gard au mois de juillet. J’ai ouvert la saison en allant me baigner dans la rivière Troubej, qui manque d’eau, elle aussi. Elle était fraîche comme j’aime, et en sortant de là, je me sentais tellement bien, ma pauvre vieille carcasse était complètement régénérée, et mon âme aussi, car c’est un vrai bonheur de dériver sous le ciel et les saules, les oiseaux et les libellules. Au retour, malheureusement, j’ai eu droit à la radio du voisin. La mère Alexandra me dit qu’il ne l’écoute sûrement même pas, mais que les gens ne peuvent se passer de bruit, qu’ils en sont drogués, et c’est exactement ce que je pense. Or ce bruit est, j’en suis sûre, néfaste à notre organisme, il nous rend fous et idiots. On empêche les gens de fumer dans les lieux publics mais on ne voit aucun inconvénient à leur casser les oreilles et les nerfs partout. De mon côté, j'ai joué des gousli devant la fenêtre ouverte, le soir, avec le chant des rossignols, et le vent frais qui m'apportait des effluves fleuries.

La mère Alexandra a détesté le bruit dès l’enfance, et c’est aussi mon cas. Elle cherchait à s’isoler pour réciter un psaume, je ne sais plus lequel, moi, je ne connaissais pas les psaumes, mais je cherchais le silence pour écouter la symphonie de la vie et contempler le ciel, les arbres et les fleurs.





Le temps passe à une vitesse effrayante, comme si ma vie, en approchant de son terme, se transformait en un tourbillon aspirant, pareil au mouvement de l’eau dans une baignoire qui se vide, les semaines s’écroulent positivement les unes sur les autres et filent dans l’abîme. Les nouvelles aussi sont effrayantes. 

Le démon qui gère la France pour le compte des banksters va, après nous avoir complètement ruinés, nous précipiter dans la guerre et la catastrophe. En deux siècles de « démocratie », on aura organisé notre complète extermination, je dis bien organisé, car il est visible maintenant, que les gens ne mordent plus vraiment à un aucun hameçon pour partir la fleur au fusil, alors on est prêt à les contraindre, comme en Ukraine où de pauvres types se retrouvent au front sans savoir qu’y faire, et où l’on commence à y envoyer des femmes, dans le cadre d’un génocide hypocrite et ignoble. La mort de nos rois chrétiens nous a livrés à des ploutocrates qui nous haïssent. Pacha le cosaque écrit que les choses ne font que commencer... Peut-être que de toute façon, je ne mourrai pas de vieillesse, et il est bien probable que je ne revois plus la France, pourtant, quand j’y suis allée, j’ai eu l’illusion que c’était facile, qu’il suffisait de prendre son billet, que c’était juste plus cher et plus fatigant, mais en fin de compte, je retrouvais sans trop de mal les miens, et les lieux de mon enfance... 

Je suis allée à la liturgie tôt le matin, à l'église de la Vierge de Vladimir, à côté de la cathédrale. On avait exposé, dans la première partie du bâtiment, des icônes « soviétiques » que faisaient les gens quand tout cela était clandestin. Je trouve que c’est extrêmement joli et touchant, et dépourvu du mauvais goût fantasmagorique qui se répand dans l’iconographie et les églises de nos jours, peut-être tout simplement parce que ces représentations ont une ferveur et une vérité qui vient de leur fabrication par les croyants eux-mêmes avec les moyens du bord. Pour remplacer les revêtements d’argent, de laiton des siècles précédents, les gens utilisaient des feuilles de métal travaillées comme de la dentelle, ou même du papier d’aluminium, ou encore, m’a-t-il semblé, des papiers de bonbons, et ils intégraient à ces compositions des fleurs en tissu ou en papier, des fleurs séchées, des perles brillantes, tout ce qu’ils pouvaient trouver de poétique. J’ai même vu une guirlande de fleurs en plastique identique à celle qui orne le saint Nicolas que j’avais trouvé et recueilli à la cathédrale et qui doit appartenir à la même catégorie ! Pour ces réalisations, on utilisait des icônes en papier ou en carton, mais aussi des icônes peintes, comme la mienne, et souvent d’une façon spontanée et vivante qui me touche beaucoup plus que les reconstitutions plates des icônes médiévales ou les peintures académiques.









 Je n'ai pas forcément photographié celles que je préférais, mais celles qui ne présentaient pas trop de reflets. Ce qui est curieux, c'est que j'ai moi-même procédé de la sorte avec une photo du saint suaire, que j'ai entourée de fleurs séchées de Solan, et de la tombe de sainte Matrona, d'une tresse de mes cheveux d'enfants et même d'une touffe de duvet de mon malheureux petit chien Doggie. Je vais peut-être perfectionner la chose. 


mercredi 29 mai 2024

Privilèges

 

Il y a quelques temps, j’entends au téléphone de bon matin une voix d’homme qui s’écrie : «Le Christ est ressuscité ! » C’était l’higoumène Parthène, d’un monastère de la région de Toula, qui voulait me prendre une interview. Il est venu hier, avec un journaliste qui, à 63 ans, restait mince et séduisant, et nous avons eu un entretien fatigant, mais cordial et joyeux, le père Parthène a de l’humour. Quand je leur ai parlé des gauchistes des années soixante-dix en France, il s'est exclamé : « Comme c’est intéressant, c’est exactement comme chez nous après la révolution de 17, avec les bolcheviques ! »

En effet, c’est la gauche trotskiste qui sévissait alors, qui sévit toujours. Alors que déjà sous Brejnev, le communisme soviétique n’avait plus le même caractère. 

Le père Parthène m’avait apporté du lait des vaches du monastère, des oeufs du monastère, des calendriers et autres petits cadeaux. Il m’a même baisé la main, c’est la première fois qu’un higoumène me fait un baise-main, il faut dire que le baise-main n’existe plus qu’en Russie, je ne l'imagine vraiment pas dans la France woke !

Une personne qui veut émigrer ici, m’a appelée sur Telegram, et nous avons longuement parlé. Elle m’a tracé un triste tableau de la Suisse, où, comme en France, tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire et où l’on emmerde les gens de toutes les manières, et ce qui est pire, les gens sont formatés pour s’emmerder les uns les autres, comme on l’a vu au moment du covid, ils le font avec empressement, avec zèle, avec une vraie satisfaction. Il y a toujours une bonne âme pour prendre la place du flic là où on a oublié de le mettre. Elle a cru pouvoir lâcher son chien inoffensif dans un bois pour lui permettre de courir un peu, on lui a fait comprendre, en tapant avec réprobation sur l’écriteau qui interdisait la chose (pour « ne pas déranger la faune sauvage »), qu’elle contrevenait aux instructions « écologiques » de  gouvernements qui ont mis la planète à bout de souffle et continuent à le faire. Elle ne peut plus se garer dans son quartier car, désormais, il y a une file d’attente de quatre ans pour obtenir le passe-droit pour les riverains, et on a souligné avec sévérité que sa voiture était un « privilège », c’est-à-dire que c’est un privilège que les seigneurs veulent garder pour eux en en privant les gueux. Je lui ai dit que cet état d’esprit existait depuis très longtemps, et que dès les années soixante-dix, l’après soixante-huit, j’avais vu le gauchisme de la médiocratie empoisonner lentement mais sûrement le pays où j’avais grandi et en rendre l’atmosphère irrespirable. Par l’ostracisme et la calomnie, le harcèlement, la persécution administrative, par toutes sortes de moyens sournois et avec la complicité de tous les minables contents d’enquiquiner ceux qu’ils enviaient ou ne comprenaient pas. 

Le coup du privilège, on nous le faisait déjà dans les années soixante-dix. Quand on n'était pas traité de facho, on l'était de privilégié. Le notaire, le restaurateur ou le dentiste étaient privilégiés. Le haut fonctionnaire socialiste aux avantages et passe-droits éhontés, ou le patron de chaîne de grandes surfaces, curieusement, ne l'étaient pas. Ils étaient sans doute perchés trop haut, au delà de la perception myope du petit médiocre ulcéré.

Nous avons évoqué Slobodan Despot qui s’indigne d’être calomnié et persécuté dans cette même Suisse démocratique où on l’accuse de tout, et du contraire de tout, c’est-à-dire simultanément d’être un « révisionniste » et de prétendre, dans son délire « complotiste », que les pays baltes remettent le nazisme à l’honneur. On n’a plus le droit de dire que les nazis sont nazis, ni de s’offusquer de la justification de cette idéologie dans les pays où elle est inexplicablement permise, mais on est obligatoirement traité de facho et de révisionniste si l’on critique les satrapes de l’UE, leurs discours stupides et schizophrènes, leur hypocrisie et leurs doubles standards systématiques. Slododan Despot est pourtant une personne éminemment civilisée et mesurée, et son indignation l’est aussi, mais je ne sais pourquoi, en le regardant expliquer tout cela, je pense aux intellectuels russes des années vingt, ébahis par les reproches que leur adressaient des minables enragés et le tour dangereux et ignoble que tout cela prenait, jusqu’au poète Goumilov, fumant sa dernière cigarette avec une bravoure dédaigneuse au nez des tchékistes qui le faisaient fusiller. Enfin, quand je dis que je ne sais pas pourquoi... bien sûr que je le sais. Et j’ai comme l’impression que cela se terminera à peu près de la même manière pour tous les gens lucides, qu’ils soient ou non civilisés et mesurés. La valise ou le cercueuil. Réjouissons-nous que le traité avec les truands de l'OMS ait fait flop. Comme dit Igor Drouz, c'est une importante petite victoire.

J’avais décidé d’offrir un tableau à la jeune femme du café français qui m’a tellement aidée pour organiser mon voyage en France, ou régler des questions administratives, et elle est venue prendre le thé avec son mari, et choisir. Ils ont pris une vue du château de Pougnadoresse, dans le Gard, et ils en étaient tellement émus et contents que j’en étais moi-même bouleversée 



vendredi 24 mai 2024

Permis de conduire

 

Après Strelkov, l’arrestation du général Popov, qui a une tête de parfait honnête homme, qui est très aimé dans l’armée et sur lequel on a collé une accusation crapuleuse. Poutine n’est pas une personnalité simple. Le père Basile, qui en est un inconditionnel, me parle de son grand charme, car il l’a rencontré, et me dit que lui-même, dans son monastère, ne dirige pas tout seul et ne contrôle pas tout. D’autres me disent qu’il ne fait pas ce qu’il veut. En tous cas, face à ceux qui en font une marionnette juive et un mondialiste, Nicolas Bonnal a produit un article dont un extrait sonne très juste à mes yeux:

« La nouvelle que des milliers de Juifs russes fuient vers Israël pour protéger leur argent, et les signes continus que de nombreux oligarques juifs maintenant hors de Russie pourraient ne jamais revenir, suggèrent que « l’auto-épuration naturelle et nécessaire de la société » de Poutine impliquera une réduction de la présence juive, de la richesse juive et de l’influence juive dans le pays. En plus des oligarques déjà mentionnés, il y a plusieurs milliardaires juifs, dont Boris Mints sur les listes russes les plus recherchées, pour une variété de crimes, y compris le détournement de fonds et la fraude. Leonid Nevzlin, un oligarque juif, ami de l’exilé Khodorkovski et ancien magnat du pétrole qui a fui la Russie en Israël il y a 20 ans afin d’échapper à une peine d’emprisonnement à perpétuité pour meurtre et crimes financiers, a récemment entrepris l’acte symbolique de renoncer à sa citoyenneté russe. Les demandes russes d’extradition de Nevzlin ont été ignorées à plusieurs reprises par Israël. Nevzlin a récemment déclaré à un journaliste : « J’ai été l’un des premiers à être frappé par Poutine. Il a jeté mes amis en prison et en a tué certains. »

L’un des aspects les plus fascinants de la carrière politique de Poutine est qu’elle combine un philosémitisme rhétorique et performatif souvent flamboyant avec des actions qui nuisent ou entravent directement les intérêts juifs. Comme mentionné dans un essai précédent, Poutine est l’un des principaux promoteurs européens du récit de l’Holocauste, mais c’est un récit de l’Holocauste nettement moins utile aux Juifs que la version hollywoodienne/Spielbergienne à laquelle nous sommes si habitués en Occident. C’est un récit de l’Holocauste dépouillé de l’exclusivité juive, imprégné de codes moraux géopolitiques favorables principalement à la Russie, et dirigé sans vergogne par et pour Moscou plutôt que Jérusalem. Dans un autre exemple curieux de rhétorique heurtant la réalité, en 2016, Poutine a invité les Juifs à venir s’installer en masse en Russie, sachant vraisemblablement très bien que des milliers de Juifs quittaient déjà la Russie à un rythme de plus en plus rapide. En 2014, plus du double du nombre de Juifs a quitté la Russie qu’au cours des 16 années précédentes.

L’une des forces de Poutine pour vaincre le pouvoir financier juif au plus haut niveau, ce qu’il a incontestablement fait, pourrait avoir son fondement dans le fait qu’il n’est pas un antisémite au sens classique. Il ne pense peut-être pas en termes raciaux, mais, en tant qu’ancien membre des services secrets, il est parfaitement à l’écoute des cliques, de l’intrigue, de la subversion et des subtilités de l’identité – les caractéristiques habituelles de l’activisme juif dans les cultures européennes. Il apparaît tout à fait capable d’éliminer de telles stratégies lorsqu’il les affronte sur une base individuelle et avec un pouvoir autocratique. Il peut déposer un Berezovsky, par exemple, non pas sur la base de la judéité, mais, néanmoins, sur certains comportements et associations qui sont une excroissance de la judéité. Ils disent qu’une horloge cassée sera toujours juste deux fois par jour, et de la même manière si l’on entreprend d’éliminer les stratégies de groupe opposées, même de manière « race aveugle », alors les confrontations avec les Juifs deviennent inévitables. De cette manière, Poutine est une sorte d’antisémite accidentel, ou plutôt accessoire, qui a dominé ou éliminé les financiers juifs dans son pays d’une manière probablement inédite depuis l’époque des Juifs de cour et la montée de la démocratie parlementaire. »

Si cela est juste, son attitude, sur ce plan-là, est la bonne, ne pas penser en termes raciaux, mais s’attaquer à ce qui est un danger pour l’Etat, et pour la survie de son peuple, sans entrer dans le détail de l’origine ou de la couleur de la clique concernée, qui n’a pas à être traitée avec des égards particuliers. Personnellement, face à ce problème, c’est tout ce que je demande. Et cela devrait s’appliquer également à tout le monde. Que les migrants ne soient pas privilégiés par rapport aux Russes dans les affaires pénales, que les Russes de la diaspora soient prioritaires pour la récupération de leur nationalité, et que les ennemis intérieurs authentiques de la Russie soient poursuivis avec au moins autant de sévérité que des patriotes grandes gueules.

Il y a quelques temps, j’ai vu une vidéo du scientifique Jean-Pierre Petit sur les manipulations du climat, et elle a disparu du paysage. C’est grand dommage, car elle était très instructive, et je pensais aux plaisanteries incessantes, dans la presse et les BD des années soixante-dix sur les braves gens qui gémissaient à chaque accident climatique : « Ma bonne dame, ils nous détraquent le temps, avec leurs bombes atomiques ». Eh bien oui, c’est encore le comptoir du café du Commerce qui avait raison, ils nous le détraquent bel et bien, avec des retombées radioactives sur les populations des endroits où s’exercent les tirs expérimentaux, et puis tout le reste, les outils de manipulation du climat, et pas seulement : provoquer des ouragans, des séismes, des raz-de-marée. D’après Jean-Pierre Petit, tout est possible, et tout le monde le fait, les militaires, par définition, sont prêts à tout. Tout est possible, disait aussi le père Boboc, pour ce qui concerne le transhumanisme et les manipulations génétiques. Quand on voit le profil psychologique et les gueules de cauchemar des gens de la caste, cela fait froid dans le dos. Des gens capables d’assassiner les chefs d’état qui les contredisent, comme en Slovaquie, et de menacer les autres, comme dernièrement le premier ministre géorgien qui a reçu une mise en garde mafieuse d’un parlementaire européen. Comment pouvons-nous ne pas voir à qui nous avons affaire ?

Avec cela, cette bande sinistre nous déclare, la main sur le coeur, que nous devrons manger de la merde pour ne pas salir la planète, qu’ils violent et malmènent à leur gré sans aucune précaution, aucune pitié ni aucune limite. Pierre Rahbi a pourtant maintes fois expliqué que la Terre pouvait amplement nourrir sa population, si on retournait à l’agriculture vivrière, avec l’ajout de techniques contemporaines, à la gestion, au contrôle et à la distribution locales de la production alimentaire, l’écologie, la vraie, c’est la fin de l’industrie agroalimentaire monstrueuse, et quand ceux qui la patronnent prennent des prétextes écologiques pour nous l’imposer et nous assassiner, nous devrions éclater d’un rire sarcastique et prendre un fusil.

Jean-Pierre Petit croit les voyages interstellaires possibles et pense que nous sommes mûrs pour essaimer dans l’univers, après avoir rendu notre planète invivable. Il voit là le but de l’évolution, à un moment, je réfléchissais aussi à cela, je me disais que le but de l’évolution était l’apparition de la conscience, et l’union de la créature avec le Créateur, la chute m’apparaissant comme un bug dans le programme et aussi un processus éternel. Le père Barsanuphe me disait qu’il n’était pas situé dans le temps, et que nous étions chassés du paradis terrestre à chaque minute. Mais cher Jean-Pierre Petit, qu’y a-t-il de plus désespérant que d’envisager l’essaimage dans l’univers entier de Klaus Schwab, Soros, Harari, le docteur Alexandre et autres créatures des ténèbres ? C’est à cela qu’aboutirait la glorieuse et sanglante aventure humaine, avec ses infamies, mais aussi sa grandeur tragique et ses sacrifices ? Et pourquoi, en ce sens, les "extraterrestres" qui viendraient nous visiter, seraient-ils bienveillants et discrets, quand, au sommet de l'évolution, nous le sommes si peu? Pour moi, les extraterrestres sont déjà parmi nous, ce sont ceux qui sont prêts à sacrifier tout ce qui vit à leur pouvoir et à une fausse immortalité; ceux qui nous font une existence ignoble et ceux qui y consentent. Et parce qu'ils sont extraterrestres, ils sont aussi extracélestes. Une tumeur indurée dans le tissu cosmique fluide. 

A propos des gens qui marchent dans les combines politiques libérales, ou selon les critères français, bobos, Xioucha me dit qu'en fait, ils sont programmés, et refusent toute information qui ne correspond pas au programme. Peu importe leur degré de culture ou leur intelligence, ils sont programmés, ils étaient programmables. C'est exactement l'impression que j'ai depuis ma jeunesse, celle d'avoir affaire non plus à des êtres humains mais à des espèces de mutants. Cela me paraît provenir en grande partie du déracinement culturel et spirituel, et même naturel. Des gens grandis hors sol, sans poésie, sans mémoire, sans épopées, sans prière, sans beauté. Ma tante Mano me disait que la gauche avait détruit les anticorps spirituels des Français, les laissant sans défense devant le déferlement du consumérisme américain d'après guerre. D'une façon ou d'une autre, ce processus a touché au moins tous les pays de culture européenne et chrétienne. Et ceux qui résistent sont soumis par la force.

Il fait toujours froid, la nuit, au point que j'allume le chauffage le soir. Mais quelle pleine lune somptueuse, énorme et dorée, la lune, et le soleil, paraissent plus gros ici qu'en France, mais les étoiles ne sont pas aussi vives. Le marécage retentit du chant ensorcelant des rossignols, que je n'entends pas depuis mon lit, les fenêtres sont trop isolantes. Et la spirée japonaise, avec les narcisses et les jonquilles, répand, sur ces litugies nocturnes, les bouffées d'un encens puissant et frais. J'ai obtenu très facilement mon permis russe, je suis désormais en règle. On n'a plus a repasser les épreuves, seulement à fournir des documents et la traduction assermentée du permis français. La seule chose que m'ont demandé les gendarmettes du GIBDD de Petrovskoié, c'est si je me sentais mieux en Russie ou en France. Et elles m'ont fait une photo qui me rajeunit de vingt ans, elles pourraient faire concurrence à Harcourt! 

Je suis allée montrer le précieux document au café français, Gilles vient d'avoir le sien, Maxime à Moscou a beaucoup plus de mal, comme d'habitude. J'éprouve un curieux et agréable sentiment à plaisanter là bas dans ma langue, sur le fond de radio Nostalgie, avec tous les tubes des années soixante et soixante-dix. Comme si je me trouvais dans une sorte de salle des pas perdus du train de l'éternité, où toutes les époques de ma vie se téléscopent. D'ailleurs, moi qui ai grandi en partie à Annonay, je vois voler ici des mongolfières de partout. Rita adore le café et son patron. Depuis son opération, elle retrouve sa belle fourrure d'autrefois, et, embusquée derrière la plante verte du bord de la fenêtre, attend que quelqu'un lui fasse l'hommage d'un bout de ce qu'il déguste, pareille à Jane, dans la jungle, guettant le retour de Tarzan, un phacochère sur l'épaule.

L





mardi 21 mai 2024

Rayons

 

Dany m’avait envoyé un mot pour me dire que le gouvernement russe avait signé l’accord maudit avec l’OMS, ce n’était pas officiel, mais elle le savait. J’étais catastrophée mais, bien qu’il y ait pas mal de chances que le gouvernement commette cette signature qui pourrait nous placer complètement sous tutelle mafieuse et ferait du sacrifice des soldats russes un massacre inutile, le traité n’est pas signé, il ne le sera pas avant la fin du mois. Parallèlement, d'après Isabelle, des voix dissidentes disent que ce traité est mort avant d'être signé. Ca aussi, j'aimerais bien savoir si c'est vrai. Car en ce cas, la signature de ce papier par les Russes n'aurait pas du tout le même sens, car ainsi que me le fait observer un autre ami inquiet, la signature du traité serait en contradiction complète avec l'opération menée en Ukraine et dans le monde, du moins si il est vraiment mis en application, si l'organisation mafieuse est encore en mesure de l'imposer. 


Je suis allée chez ce couple rencontré à l’église du père Ioann, Vladimir et Mariana. Nous avons plein de connaissances communes. Ils vivent au village de Dobrylovo, que je ne connaissais pas, c’est un endroit ravissant, une belle église perchée sur une colline, environnée d’espaces immenses, et surplombée par un ciel énorme. Mais là dessous, une palissade rouge de cinq cents mètres affiche : terrains à vendre...

En chemin, un bonhomme m’arrête en agitant les bras et me demande de le ramener vers la route principale, ce qui me faisait rebrousser chemin sur cinq kilomètres. « Je prierai pour vous toute ma vie, » me dit-il en pleurant, à mon avis, plein comme un coing, mais bon... Quand on est plein comme un coing au milieu des bois à six heures du soir, ce n’est pas marrant. Je l’ai remis dans la civilisation avec le sentiment d’être charitable mais imprudente.

J’ai fait un saut à Moscou pour faire faire la traduction assermentée de mon permis. Je vais avoir un permis russe, et c’est semble-t-il assez facile en ce moment, profitons-en, ce sera une bonne chose de faite. Je suis allée à l'église du père Valentin, et j'ai eu droit à une magnifique procession au son des cloches, pour le dimanche des Femmes Myrrophores, avec du soleil, une douce brise, les arcs éblouissants des jets d'eau bénite que déversaient sur nous nos prêtres souriants et ravis de nous faire ce plaisir. Puis je suis allée à l'église des vieux-croyants, le dimanche des Femmes Myrrophores est aussi l'anniversaire de l'oukase de Nicolas II qui mettait fin à toute persécution à leur égard et leur donnait un statut normal. Il y avait plein de barbus en chemises russes, et parmi eux, Veniamine le Suisse cosaque, son miel, sa femme Katia, et son fils Savva. Mais pas Skountsev.



 

Cette fois, j’étais chez Xioucha, car les filles de Liéna étaient malades et je ne voulais pas risquer de me faire contaminer. En réalité, elles ne l’étaient plus tellement quand je les ai vues à l’église. Du coup, je suis passée chez le père Valentin, j’ai laissé « Epitaphe », je l’ai donné en français à Macha qui y était aussi. J’étais contente d’apercevoir Macha et de voir un peu Xioucha, qui est si gaie, chaleureuse et vivante, et généreuse.


Son quartier reste encore joli, avec de vieilles maisons du XIX° siècle, et même une maison de marchand à l’étage en bois. Il y a un parc agréable pour promener Rita. La nuit, il faisait très doux, la brise m’apportait depuis les nombreux cafés, des relents de musique et de cuisine, des trottinettes traversaient l’espace, avec des lumières clignotantes et multicolores, pareilles à de gros insectes. Je n’aime pas ces machins, ni les gens qui les utilisent, et j’ai toujours peur de me faire renverser ou de voir mon chien écraser sous mes yeux, mais je dois dire que cet étrange spectacle m’a fascinée, et j’ai eu une pensée pour ceux qui avaient construit les vieilles maisons survivantes, quelle tête auraient-ils faite en voyant ce que je regardais ? Les jeunes gens qui passaient avaient des physionomies de Russes typiques, mais qu’y a-t-il encore de commun entre eux et les jeunes gens de cette époque, élevés traditionnellement, héritiers d’une tradition séculaire ? La langue, et encore elle-même a changé, et la foi quand ils sont orthodoxes. 

Une inconnue m’appelle. Elle voudrait déménager à Pereslavl Zalesski, mais elle voudrait aussi être sûre qu’elle y trouvera un milieu ouvert à ses idées et intérêts. J’ai compris qu’elle rejetait en bloc toute la société russe actuelle, en dehors des monarchistes purs et durs, elle rejette également le patriarcat de Moscou. Elle ne reconnaît pas la réunion du patriarcat et de l’Eglise hors-frontière. Je lui ai fait observer qu’ici, on n’avait rien d’autre en magasin. J’ai senti un certain mépris, suivi de considérations sur l’histoire de l’Eglise russe, qu'elle connaît très bien, depuis l’époque de saint Serge de Radonej... Bon, admettons, alors redevenons tous vieux-croyants, j’y ai pensé moi-même, si j’avais un esprit extrémiste, c’est peut-être ce qu’il me serait logique de faire, d’ailleurs. En réalité, il y a des tas de choses que je ne sais pas, je ne suis pas une érudite, il y en a beaucoup que j’ai oubliées, il y en a beaucoup que je ne saurai jamais, et c’est peut-être dommage mais je fais mon miel où je peux, et je n’ai plus le temps ni les forces. Je suis monarchiste, mais je suis aussi réaliste. Je regrette le schisme des vieux-croyants, je ne trouve pas utile d’en créer un de plus. Beaucoup de gens en Russie ont été bien abîmés par l’URSS et la modernité, le progressisme, puis le consumérisme arrivé ensuite, nous en sommes tous là. Cependant, le bon aspect du communisme a été de les préserver longtemps du capitalisme mafieux, du freudisme, de la dégradation morale, de l’intellectualisme creux et snobinard dont le wokisme est l'aboutissement lamentable. Certes, les guerres du XX° siècle n’ont eu de vrais gagnants que les banksters et les sionistes, mais je ne peux pas cracher sur les mythes de tout un tas de braves gens dont les parents ou grands-parents sont morts par millions avec héroïsme, que le mythe soit ou non exploité politiquement dans tous les sens. Que puis-je faire de pages couvertes d'imprécations, de lamentations, de caricatures, assorties de portraits de Nicolas II, des officiers blancs, et de récits sur les martyrs, sur les massacres de paysans, sur les intellectuels injustement réprimés et calomniés, et tout cela n’est pas faux, je ne dirai pas le contraire. Mais peut-on s’hypnotiser toujours sur cela, ne jamais rien voir de positif ? Dieu sait que je ne suis pas du genre à blanchir les rouges mais laissez-moi souffler... Et puis les migrants, avec toujours des photos d’asiates ricanants, impudents, perfides, qui font appel aux émotions extrêmes et aux instincts animaux, je suis allée à Moscou, et n’ai pas vu une capitale submergée par des hordes mongoles, personne n’a peur, tout le monde est calme, et même libre, décontracté sans être débraillé, en tous cas dans les coins du centre où je suis passée. Et là encore, Dieu sait que je ne suis pas favorable à la submersion migratoire et convaincue qu’elle est organisée, mais encore une fois, pourquoi noircir tout le temps le tableau et aussi réduire toute une population à des malfrats ricanants, alors que beaucoup d’ouzbeks cèdent leur place aux vieux dans le métro, et que mon épicier tadjik très aimable fait commerce honnête de ses spécialités orientales délicieuses, pourquoi ne pas admettre que la vie est la vie, qu’elle est pleine de nuances, et qu’on ne peut sans arrêt être dans la révolte, la colère, l’invective, la rancoeur et déshumaniser les gens en les représentant d’une façon systématiquement caricaturale et insultante ? Malgré toute ma tristesse, c'est bien ce qui m'est apparu en France, où le problème est plus grave qu'ici... Dieu sait, encore une fois, par ailleurs, que je suis consciente du rôle néfaste d’une certaine intelligentsia juive dans la vie russe depuis les « deux siècles ensemble » dont parle si bien Soljétitsyne. Et pas seulement dans la vie russe, d’ailleurs, il suffit de regarder tout le monde occidental, et son prolongement israélien au moyen orient. Mais j’éprouve un malaise total devant les pages bourrées de caricatures antisémites, de jérémiades et d’invectives, où l’on n’aborde aucun autre sujet, où l’on nourrit sa haine en grattant ses plaies. Il m’est très difficile de discuter avec des gens obnubilés et ulcérés qui veulent votre adhésion entière à leurs thèses, sous peine d'anathème. Le problème est d’ailleurs qu’en ce moment, on en trouve dans pratiquement tous les camps. Et que ceux qui ont ourdi tout cela se réjouissent de tous nous jeter les uns sur les autres. Je pense souvent à mon évêque, monseigneur Théoctyste, me répondant à la confession: "On ne vous demande pas d'avoir pour vos ennemis une affection profonde, mais de ne pas les déshumaniser. Ainsi, les Français en ce moment nous font des misères, certains les surnomment des grenouilles, eh bien il ne faut pas le faire."

Je suis tellement lasse de ces passions exacerbées que pour un peu, je me ferais ermite. Heureusement, j'ai eu des rayons de lumière dans toute cette angoisse. La mère Hypandia a chargé Cathy de me transmettre "tout son amour", et quand elle lui a fait part de mon regret de ne pas l'avoir vue plus longtemps, avec ses soeurs, elle lui a répondu: "Nous ne nous sommes jamais quittées." Cela m'a profondément émue et réconfortée, car en effet, il y a de cela, je pense si souvent à Solan, à la mère Hypandia, aux soeurs, que leur prière me devient palpable, et elle me soutient sans doute plus que je ne le réalisais..

Et puis j'ai trouvé dans le blog de Maxime ce merveilleux message: 

https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/2024/05/pere..
"Je recommande avant tout un état d’allégresse intérieure, intime, dans le cœur, état qui suppose la prière ininterrompue. C’est un état d’allégresse véritable, dégagé des soucis de la vie, des soucis que présente, d’une façon ou d’une autre, le chemin de la vie: de toute façon, un état d’allégresse. Quand on s’attriste, le diable couve ses œufs! Et cela produit un état d’absence, de ténèbre. Tant que l’être humain ne meurt pas à son mode de vie d’élévation de soi et de prétention, toute la création souffre. Nous vivons dans une grande unité, toute la création de Dieu est une unité. Quand nous nous éloignons de cette grande unité, nous sommes dans une position d’annulation, d’auto annulation. Je recommande donc une attitude de vie. La tragédie du monde entier doit être pleurée comme nos propres péchés, et l’état de prière signifie un état de présence. En ce qui me concerne, en tant que père spirituel qui toute la journée parle avec un monde qui a besoin de verticalité, je ne recommande pas des efforts ascétiques, des renoncements. Je recommande un état permanent de présence, qui signifie la reconnaissance des forces du bien qui sont en nous."

le père Arsène Papassios


jeudi 16 mai 2024

Oubli jamais, pardon toujours

 


Dimanche, j’ai reculé devant l’idée de communier à Glebovskoié et j’ai même bu un café, mais le père Ioann m’a dit : « Si, si, communiez. ».  Je songeais à déménager dans ce village, car j'y avais vu de très jolis terrains, avec le gaz, et il m'encourageait: « Tout le monde vous aidera. Les forces, les forces, c’est Dieu qui les donne, les forces. » Il m’a présenté une vieille qui a travaillé dans l’administration. D’après elle, les terrains en question sont vendus par un petit malin, qui a centralisé tout le gaz sur un compteur qui lui appartient, de façon à percevoir de l’argent sur sa fourniture. 

 En dehors du père Ioann, les gens sont très gentils, très accueillants, simples. Le père Ioann a réussi à créer une dynamique, à impliquer des personnes pour qui cette église et sa réfection constituent une sorte d’élément transcendant qui les unit et les motive. Tout le monde a son rôle, son utilité, ils se soutiennent les uns les autres. Un iconographe de Moscou est venu peindre les voûtes, et le père Ioann embauche des paroissiens pour orner le tour des fenêtres et des portes de frises de vigne et de grappes de raisin. L’iconographe est visiblement conquis par cet homme fervent et charismatique, comme je le suis moi-même.

Je crois la construction d’une maison devant mon échappée sur le marécage imminente. L’abruti qui a déversé des centaines de tonnes de terre au mépris du ruisseau qui passait là ne l’a certainement pas fait pour s’amuser. Je vois sans arrêt arriver des bagnoles et des types tenir conférence. Hier, près du magnit, sous un auvent où l’on vend des plants, je vois un lilas déjà de belle taille, dans les deux mètres, avec des rameaux épanouis. Le lilas pousse lentement, mais celui-ci était déjà grand, et à ma grande surprise, abordable. Le lilas cache bien les horreurs, c'est un buisson qui devient épais, touffu. Le temps de faire mes courses, j’avais décidé d’acheter le truc. Je ne sais même pas de quelle couleur il est, ce sera la surprise. S'il était bleu, par exemple, ce serait un vrai cadeau du ciel, c'en est déjà un, comme si Dieu m'avait dit: "Bon, ne râle pas, voici un beau lilas pour te cacher la modernité hideuse."  Entre le lilas et le seringat qui a bien pris, et qui va certainement beaucoup pousser, cette année, j’aurai peut-être assez vite un rideau végétal contre la laideur et la prétention, mais pas contre le bruit, les pétarades et la musique obsédante. 

Avec l’amélioration du temps, je retrouve le moral. Je reste sur la terrasse, je prends le soleil, j’écoute les oiseaux, je regarde ma merveilleuse spirée japonaise qui commence à fleurir, en déployant ses arceaux constellés de petites rosaces blanches. Cependant, une copine me parle beaucoup des migrants d’Asie centrale ou du Caucase, le remplacement de population, qui est un programme supranational, ce qui du reste est un fait, et la Russie, malgré la guerre pour sa souveraineté, distribue sa nationalité à tous les musulmans des ex républiques au lieu de récupérer ses « pieds rouges » perdus désormais au delà des frontières, depuis les pays baltes jusqu’au Khirguizistan, un député de la Douma a produit les preuves que tout cela était organisé de l'extérieur, par toujours les mêmes. Elle ne voit à Moscou que physionomies exotiques patibulaires et femmes bâchées. Une jeune amie trouve qu’elle exagère, que beaucoup de ces gens sont bien calmes, et que c’est Soros qui agite le populo pour créer ici des conflits interethniques ; que ses pareils détestent les slaves et veulent leur disparition, ce qui est exact. Là dessus, elle commence à m’expliquer qu'un vieil ami de sa famille, intellectuel irréprochable et cérémonieux, est un traître, qu’il est fasciste, qu’il regrette la victoire soviétique. C’est un sale type, à la limite, il faudrait l’arrêter. Elle se répand en imprécations sur Vlassov, un traître de bas étage, et je ne connais pas trop cet homme en tant que personnalité, mais à l’époque, bien des gens, entre Staline et Hitler, ne savaient pas trop qui choisir et je ne l’aurais pas su moi-même, disons qu’étant russe, communiste ou non, et voyant arriver des troupes allemandes décidées à conquérir le pays et à en traiter les habitants comme des sous-hommes, le choix logique était quand même  de défendre son pays et son peuple, indépendamment des mains entre lesquelles ils étaient tombés. Mais l'intellectuel en question a pu plaisanter là dessus, car de toute façon, à mon avis, nous avons tous perdu, dans l’affaire, sauf les Américains et les juifs sionistes, et encore, à long terme, pas sûr. Bien mal acquis ne profite jamais. De là à estimer qu’il faudrait envoyer au Goulag un ami de la famille qu’elle connaît depuis sa petite enfance... Elle m’explique alors que la Russie n’est pas gouvernable si son chef n’est pas un tyran, et certes, il faut un homme ferme à la tête d’un pays si grand, et si convoité, mais un tyran ? Et hop, blanchiment des rouges, justification des milliers de morts, de l’esclavage d’état, de la persécution des chrétiens et de la paysannerie. J’ai pensé que si cette abomination ukrainienne se poursuivait trop longtemps, nous allions tous devenir complètement fous. Il n’est vraiment pas facile de conserver la raison, la mesure, sa dignité et son humanité en de telles circonstances. Je me souviens d'ailleurs du métropolite Onuphre, incitant son troupeau à "prier pour garder figure humaine", il y a déjà plusieurs années.

J’aimerais entendre parler non de la « lutte contre le fascisme » qui fait pendant à la lutte contre les bolcheviks, qui motive encore quelques imbéciles de droite dans leur soutien à l’Ukraine ou ce que recouvre ce nom, mais de la lutte contre l’idéologie globaliste transhumaniste actuelle, en laquelle ont muté les pires démons des pires idéologies du vingtième siècle. Quand j’entends parler de la lutte contre le fascisme alors que le président, ou le satrape, du trou noir est juif, que le principal rabbin d’Ukraine bénit les banderistes à croix gammées des deux mains, et que la répugnante compagnie des chasseurs de quenelles, BHL, Glucksmann and co, depuis 2014, nie les exactions des Azov et autres malades à folklore nazi, j’ai vraiment l’impression qu’on se fout de notre gueule de tous les côtés. Et depuis longtemps. Lorsque par dessus le marché, des orthodoxes occidentaux justifient les persécutions trotskistes contre l’Eglise ukrainienne en la qualifiant de « soviétique », j’ai carrément envie de vomir. Comme disait Dostoievski, la bêtise peut quelquefois devenir un crime.

Moi, c’est ma faiblesse, je ne fais pas dans le systématique et j’ai horreur des idéologies, quelles qu’elles soient. Elles drainent des tas de salauds, elles abusent beaucoup de braves gens, et elles transforment éventuellement les braves gens en salauds. Quand je vois ce que des juifs ont fait en Russie, ce qu’ils font en Ukraine et en Palestine, et même en France, tout en se présentant comme de blancs et éternels martyrs devant lesquels nous n'expierons jamais assez d'être ce que nous sommes, je trouve cela légèrement fort de café, mais je suis glacée d’horreur quand je vois des photos de juives terrifiées en culotte et soutien-gorge, poursuivies par des meutes d’Ukrainiens ricanants dans la Galicie banderiste de la guerre de quarante, et je suis consternée par le mauvais triomphe de Rebatet devant les juifs d’Allemagne qui rasent les murs à la même époque. J’ai horreur des haines recuites et des règlements de compte. Une Russe écrit qu’elle ne se réjouit jamais des pertes ukrainiennes et c’est aussi mon cas. J’ai pitié de la plupart des soldats qui meurent là bas, des deux côtés, et je sais que beaucoup de ceux qui combattent le font à contre-coeur, après avoir été enlevés dans la rue par des recruteurs appointés. Je n’aime pas le solgan « ni oubli ni pardon »; oubli jamais, mais pardon, si, il le faut, c’est indispensable, qui sommes-nous pour ne pas pardonner ? Et je déteste encore plus le « devoir de mémoire » à géométrie variable, et la vengeance érigée en vertu.

Quand je vois ce qu’ont donné les idéologies politiques, je comprends à fond le mot de Dostoievski : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis. » Tant de sacrifices humains pour en arriver là où nous en sommes, à ce degré d’abrutissement, de folie, de méchanceté, d’indignité et de dégradation...

Ma dentiste aujourd’hui m’a demandé comment j’allais. « J’ai comme une légère déprime.

- En ce moment, tout le monde est dans cet état-là. »

Et de fait... Les bombardements de civils à Belgorod, spécialité de l'ignoble guerre des suppôts de l’OTAN. La persécution des meilleurs chrétiens et hiérarques d’Ukraine. La révolution orange, sous drapeau américain, en Géorgie qui brûle de se transformer, comme l’Ukraine, en abcès purulent, en foyer d’infection, en éruption de démons. La tentative d’assassinat du président slovaque, signature mafieuse, depuis Kennedy, du pouvoir occulte qui nous mène, depuis des décennies, à notre perte...

. On peut trouver un grand réconfort dans l'église du père Ioann et l’élan qui motive cette petite communauté. On peut agir concrètement à ce point précis du monde pour le rendre légèrement moins malade. Et puis, tant que le cauchemar n’est pas devenu complètement universel, l’odeur de ma spirée japonaise, le matin,  la lumière qui passe à travers les narcisses et les jonquilles, la sieste des chats sur la terrasse. Le vent soyeux et humide qui brasse la nuit et m'apporte le chant magique des rossignols...

Une amie moniale m'envoie cette anecdote véridique postée par un soldat russe: 

Les tranchées. Dimanche. Le silence. Nous ne tirons pas. Les Ukrs ne tirent pas. De notre affût, leur position est visible, et seulement une centaine de mètres nous séparent d'eux. L'un des nôtres, un gars sympa, crie en inspirant à pleins poumons: "Salut les "toupets"! Aujourd'hui, jour de repos! Et si nous faisions relâche?"

L'autre côté répondait habituellement par des tirs, les balles passaient en rase motte. Et soudain, on nous répond: "D'accord, repos! Et si vous êtes sérieux, nous ne sommes pas contre!"

Le petit gars fûté s'anima à nouveau, et le dialogue se poursuit en russe: "Allez, passons la journée ensemble! Nous avons de la gnôle maison, mais pas d'amuse-gueules:"

On ne peut raconter tout ce qui au front nous sauva la vie de façon inattendue... "Eh bien d'accord! Nous apporterons du lard, on ne boit pas de la gnôle sans lard!"

Toute la journée, jusqu'aux larmes, à s'en faire péter les veines, nous avons fumé, parlé, chanté des chansons... et au matin, les "toupets"... se sont constitués prisonniers.

La presse occidentale ne cache plus que la guerre aurait pu prendre fin dès 2022, comme Poutine l'a expliqué à Tucker Carlson. Mais le club des Vampires a délégué l'un de ses pires suppôts, Boris Johnson, pour faire foirer le traité en cours de signature. Pour que ça saigne, bien fort. 

     




vendredi 10 mai 2024

Présentation d'Epitaphe

 


Ma présentation de livre a été très chaleureuse et intéressante, il est venu aussi des gens que je ne connaissais pas, et même un acteur connu tombé là par hasard, assez hâbleur et cabot, du reste, mais il m’a acheté un exemplaire. Katia a comme d'habitude, lu les extraits avec talent, et elle m'a fait une pub préalable efficace, je serais plus riche, je la prendrais comme public relation! J’ai eu des questions intelligentes, intéressantes. Par exemple, « ce que vous décrivez pour la France, n’est-ce pas une tendance mondiale ? Et n’êtes-vous pas « de droite » ? Eh si, la tendance est mondiale, et même mondialiste, la Russie résiste encore, dans une bonne mesure, mais il faudrait réagir à temps et ne pas permettre ce qui nous est arrivé. Et suis-je de droite ? Au fond, je ne l’ai jamais su, et je ne sais pas ce que cela veut dire. Quand j’étais jeune, je répondais qu’en tous cas, je n’étais pas de gauche, ce qui suffisait pour me classer à droite. En ce moment, la fracture se situe entre ceux qui marchent dans la combine et ceux qui ne marchent pas, et dans les deux camps, on trouve des gens de doite et des gens de gauche. Benjamin le Suisse m'a demandé dans quel pays je me sentais actuellement chez moi, car de son côté, il se sent russe, et c'est aussi une question délicate, je suis russifiée dans une certaine mesure, mais le vieux fond français est indestructible. Cependant, j'ai un attachement spirituel à la Russie, qui existe encore, et reconnaît de moins en moins mon pays d'origine dans la satrapie dont Nécron est le gouverneur félon. 

Ensuite une jeune femme m’a parlé de « la Russie, terre d’asile des aryiens », car nous sommes tous des aryens, tous cousins, et face à notre possible disparition, nous allons nous regrouper sur ces vastes territoires slaves, c’est la version païenne de l’arche.

Les gens s’intéressaient à mes poèmes, car j’ai chanté des chansons à moi sur la France, et je leur en ai lu la traduction, en attendant d’avoir appris la version russe. Mais traduire un recueil me coûterait encore cher, attendons d’avoir fait un best-seller !

Après cette séance, je suis partie au restaurant « les Boyards » avec Katia, Ania Ossipova et Larissa Fickmann. C’est un excellent restaurant russe qui passe de la bonne musique folklorique au lieu de l’habituelle contrefaçon vulgaire. A Pereslavl, les maisons sont moches, mais les restaurants sont bons. Et pas chers. Il faisait un froid de loup, un vent polaire, avec des flocons, j’aurais supporté un bonnet et des bottes fourrées. Mais notre repas a été joyeux. Larissa a raconté des histoires de guérisseuses et de rebouteux qui m'ont rappelé celles qu’on me rapportait en France. Par exemple d’aller enterrer une pomme de terre, ou autre chose de ce genre, pour faire passer les verrues, et le plus fort, c’est que cela marche. J’ai parlé de la mère de mon beau-père, Eugénie, qui faisait passer non seulement les verrues mais les brulûres, en promenant le doigt dessus avec des incantations. Elle devait lui "laisser le don", mais elle a perdu la tête avant de l'avoir fait. 

Il est certain qu’ici, j’ai beaucoup d’amis qui me sont proches par la mentalité et la vision du monde, même si parfois, je sens la différence de culture et d’éducation, non en termes de qualité, mais en termes de nature. Les Russes ne fonctionnent pas comme les Français, et si j’ai toujours eu le sentiment de fonctionner comme les Russes, eh bien ce n’est pas entièrement le cas. Et personne ne m’invective à cause de ce que je pense, d’ailleurs, je ne comprends pas qu’on le fasse, je n’ai pas la prétention de ne jamais me tromper, surtout dans une période aussi complexe, où nous sommes la proie d’innombrables faux-semblants, fausses nouvelles, manipulations fourbes et intimidations arrogantes.

A ce sujet, je suis tombée sur un article d’un Anglais qui vit en Russie, il date du covid, période qui m’avait semé dans l’âme une inquiétude qui n’est jamais vraiment partie, quoiqu’ici, depuis l’intervention en Ukraine, on n’entende plus parler de rien, ni de mesures, ni de masques, ni de pass sanitaires, ni de vaccination obligatoire, au moment où Astrazeneca reconnaît par ailleurs que sa daube était toxique... Mais l’article montre combien les tentacules de la pieuvre sont infiltrées partout.

https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Fedwardslavsquat.substack.com%2Fp%2Fi-believe-we-are-facing-an-evil-that&post=19879744_18451&cc_key=&track_code=

Je le délivre comme une pièce de puzzle, ainsi que, du même Anglais, celui sur l’épuration en cours du ministère des Armées.

https://edwardslavsquat.substack.com/p/is-putin-going-to-sack-shoigu

C'était hier le jour de la victoire, et plutôt que des cartes postales martiales, j'ai préféré publier le beau portrait de cette grand-mère:



Cette victoire si cher payée m'apparaît trop, en fin de compte, comme notre défaite à tous, mais je trouve singulièrement ignoble de vouloir effacer les Russes et leurs immenses sacrifices de ce fait historique, et s'il s'agit là d'une volonté de blanchir les bruns, comme ici on blanchit les rouges, que font certains juifs dans cette entreprise?

 

lundi 6 mai 2024

Humeur pascale


 
esquisse

Il fait un froid terrible, les feuilles des fougères, qui me ravissaient comme chaque année en déployant leur manteau translucide sous leurs petites têtes courbées, ont gelé. Quelle tristesse... la belle saison est si brève, et voilà qu'elle s'annonce pourrie. J'ai pitié  des plantes et des bêtes autant que de moi-même, dont les printemps sont déjà comptés.

Pereslavl, outre "l'architecture" de ses nouvelles maisons qui ne ressemble à rien, se distingue par ses rues défoncées à un point indécent, le délabrement de certains quartiers, des terrains vagues qui suivent des destructions incompréhensibles et qui s'installent pour des années, avec déversements subreptices d'ordures, tas de ciments, poutres abandonnées, ferrailles... Cependant les "administrations" successives et leur architecte-conseil fantôme font mumuse avec l'aménagement jamais terminé de la plage municipale qui ne s'imposait pas; l'achat de faux topiaires en plastique, car le plastique inaltérable, il n'y a rien de mieux, on les a répartis dans toute la ville, au milieu du désastre, c'est bien festif. Et dernièrement, l'asphaltage du sommet des buttes qui constituent l'ancien rempart, dernier lieu de poésie et de charme naturel de cette malheureuse cité. Pour que les sacro-saints touristes puissent marcher là haut avec des talons aiguilles, peut-être? Quel genre de crétin a pu concevoir un tel projet? En revanche, les rues au dessous des remparts, où circulent les voitures et les autobus de ces mêmes touristes sont toujours aussi défoncées. Pour elles, il n'y a pas d'asphalte prévu. On fait un petit morceau de temps en temps, pour calmer la populace et c'est marre.

Mon humeur n'est guère pascale... Mais si, mais si, j'essaie de ne plus remarquer tout cela, ou de passer par dessus, seulement je le mentionne quand même pour ne pas me faire accuser de tout trouver ici idéal.

Dany m'avait parlé d'un ado qui avait voulu "changer de genre", dans l'Oural, et que les autorités du coin ont soustrait à l'autorité de sa mère, qui bien sûr, s'opposait aux mutilations catastrophiques et irréversibles impliquées par une telle opération . "Comment? M'étais-je écriée. Mais le changement de genre par voie chirurgicale a été interdit en Russie!" Et en effet. Piotr Tolstoï répond à un journaliste qui lui reproche d'avoir voté cela en temps de guerre, comme s'il n'y avait pas plus urgent, que précisément, il fallait le faire maintenant, avant que les partisans de ce type de mesures ne prennent de l'importance, et que c'était pour garder une société normale à leurs descendants que les Russes faisaient la guerre à ceux qui cherchaient à imposer leur étrange style de vie au monde entier. Alors que penser? Qu'au niveau local, un chaud partisan de l'Occident et ses valeurs soutient sournoisement ce genre de choses? Si c'est le cas, il faudrait mettre au pli ce saboteur et ses pareils. Car en effet, c'est contre tout cela que se battent et meurent les soldats russes. Il s'avère, d'après ce que j'entends dire, que ces soldats manquent de beaucoup de choses et que c'est la population qui finance directement l'armée, c'est-à-dire les innombrables groupes de soutien, qui récoltent des fonds, offrent des drones, du matériel, des uniformes, de vieilles voitures ou les réparations d'icelles, des médicaments, des bains de vapeur intinérants, ce n'est pas "la guerre de Poutine", c'est la guerre des Russes, et peut-être que je ne me trompais pas en pressentant que la Russie était un énorme Donbass potentiel. On verra bien. Si c'est le cas, ce n'est pas gagné pour nos ennemis, et si nous mourons tous, ce sera, dans le contexte, ce que nous aurons encore de mieux à faire. Car la société de la caste n'est pas faite pour les hommes ni même pour le bétail.

pour les russophones


Je traduis ici le propos d'un soldat, Dmitri Joukov, qui me frappe par sa profonde lucidité et son courage: "Je me bats ici pour des raisons simples et banales. Des raisons personnelles. D'abord, je n'ai rien à faire à Kiev, où je serais pendu la tête en bas sur le Maïdan pour des activités que j'ai menées avant celui-ci. J'ai aidé le Berkut, organisé des processions religieuses pour l'unité avec le monde russe.. Et ensuite... je me bats pour la sainte Russie et la foi orthodoxe. si nous gagnons, il y aura davantage de Christ sur la terre, et si nous perdons, il y en aura moins".  http://rys-strategia.ru/news/2024-05-01-18528   

En voilà un, au moins, qui ne se trompe ni de combat ni d'ennemi.

"Que pouvons-nous faire?" me demandait mon peintre d'hier. Rester solidaires et déterminés. Prier. Crier la vérité. Si l'Ukraine est le laboratoire du monde entier, le Donbass est celui de notre résistance, envers et contre tout, y compris nos propres traîtres et affairistes.

A ce point de mes réflexions, je tombe sur celles de Slobodan Despot, ô combien judicieuses:

"Dans un système aussi bien tenu en main, il ne peut rien se passer et il ne se passe, de fait, rien. L’opposition sincère, en particulier depuis la dystopie covidienne, transmigre vers des formes d’organisation «citoyennes» qui s’illustrent par leur amateurisme et leur naïveté. On pétitionne, on manifeste, on concertationne, on lettrouvertise, on s’éparpille très vite en clans et en factions et l’on n’aboutit, concrètement, qu’à fournir aux agences du pouvoir des listes de suspects. En un mot, on fait comme si l’on était encore en démocratie en s’obstinant à ignorer les preuves criantes de son abolition fournies par le pouvoir lui-même. Le déploiement de techniques de subversion dignes de la guerre secrète — comme l’infiltration cognitive développée par le psychologue Cass Sunstein sous l’ère Obama — contre ces formes de contestation légales et légitimes illustre la transposition de méthodes d’influence psychologique venues du monde militaire dans le champ civique. Face à un tel appareil de contrôle, soutenu par une machinerie de propagande médiatique unanime, la contestation démocratique loyale n’a aucune chance. Sa tragédie est qu’elle ne l’a toujours pas compris. Autant réclamer le référendum d’initiative citoyenne au roi Hérode. Les Européens de l’Ouest ont une sorte de circonstance atténuante: ils sont nés au milieu d’une clairière historique. Rien dans leur éducation ni dans leur univers culturel ne les avait préparés à ça. Ils se sont lancés dans une lutte inégale sur un terrain miné sans même dresser un portrait-robot de leur adversaire, de ses moyens et de ses motivations. Ils ont cru le plus souvent qu’il ne s’agissait que de lever un malentendu alors que la lutte est ontologique: elle se terminera par l’anéantissement d’un camp ou de l’autre. Beaucoup, particulièrement en Suisse, essaient de maintenir coûte que coûte leur foi dans la bienveillance foncière des «autorités». Au stade actuel, leur confiance s’apparente à de l’infantilisme".

https://antipresse.net/aparchive/440244/Antipresse-440.pdf

Je m'en vais faire une icône, quand on n'a plus d'issue, il faut s'évader vers le haut. Il est temps d'en prendre l'habitude.