Je ne suis pas allée au
monastère, parce que j’attendais le bricolo Oleg et une livraison de planches.
Le bricolo n’est pas venu, les planches ont été livrées l’après-midi, je ne
peux toujours pas tondre le territoire, car j’attends Oleg pour me montrer
comment faire démarrer l’engin.
Il fait beau, mais pas
moyen de rester dans mon hamac à cause des moustiques.
Chez le marchand de
fruits et légumes, il y avait du romarin et du thym frais, j’ai revu la
garrigue, du côté de Saint Pons ou de Solan, quand je m’y promenais avec mon
petit Doggie, et j’ai failli fondre en larmes dans le magasin.
Rosie s’assagit un
peu, elle est parfois drôle et touchante, mais n’a pas la finesse de mes petits
spitz.
Je suis allée à
l’inauguration du club culturel, au café français. J’avais peur que ma vielle
me trahît, le matin même, alors que je
pensais presque me faire porter pâle, elle sonnait normalement, mais en mode
mineur, impossible de passer en mode majeur. Les gosses étaient mignons,
certains très intéressés, leurs parents aussi. En revanche pas d’adultes, mais
Macha avait annoncé : « aquarelle française musicale ». Je ne
sais pas moi-même ce qu’elle entend par là. Je m’occuperai donc seulement d’un
atelier d’enfants, cela me suffit, c’est presque du bénévolat.
Gilles, le patron du
café, était entouré d’amis français, avec de vraies têtes de Français, très
gentils, portés sur la bonne bouffe. J’en retirais une étrange impression. Une
sorte de télescopage spatio-temporel…
J’ai rencontré sur
place la propriétaire du palais du XVI° siècle construit dans le centre et qui
faisait mon admiration. Enfin une construction de style russe, de style vraiment russe, qui ne viole pas le paysage autour. Malheureusement, il est entouré de constructions moches qui n'ont tenu aucun compte de son voisinage. On m’a précisé qu’il était plutôt de style XVII° que
de style XVI°, soit. Il comporte un musée d’art populaire, "le cheval avec un manteau", ce que ces gens ont
collecté par les villages du nord, assorti d’explications. L’intérieur du palais ressemble à une maison
contemporaine ordinaire.
On m’a dit qu’à la
veille de la révolution, les vêtements des gens du peuple étaient exactement
ceux que tout le monde portait au moyen âge, mais c’est en partie vrai aussi en
France. En revanche, il y a tout un univers païen cosmique contenu dans les
décorations aussi bien des tissus que des objets ou des murs. Tout un
répertoire de symboles. Et les gens ont été majoritairement coupés de toute
cette richesse en l’espace de quelques décennies. Privés de poésie, de beauté,
de chants et de danses, de transfiguration, de dignité. Elevés pour servir dans
des métiers qui n’ont pour la plupart d’entre eux aucun sens, instruits pour
lire le journal où on leur rince la cervelle. Avec pour horizon culturel le
musée et la salle de concert, cette momification distinguée des forces vives
opérée par des profs et des intellectuels de broussailles. On s’étonne ensuite
que notre QI baisse… Je suis persuadée que n'importe quel paysan du fin fond aussi bien de la Bretagne que du Kamtchatka était plus intelligent, plus développé, avait une personnalité plus riche et plus créative, plus originale que le citadin d'aujourd'hui, jusques et y compris les représentants de l'intelligentsia péroreuse et glapissante, qu'elle soit russe ou française.
Le club |
le club |
La cour du petit "palais" |
gros nuage russe vu de mon hamac |
Georgette méditant de me rejoindre pour la sieste |
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