La rivière Veska |
Après le départ d’Henri et Patricia, le beau temps se
maintient encore, j’ai même pu aller me baigner à Koupanskoïé, dans la rivière
Veska. Quelle jolie rivière, quelle eau douce et fraîche, et ces roseaux
ondulants et murmurants, et ces nuages blancs effilochés, chevelures d’ange
dans la lumière déjà automnale, et si calme… Des canards glissaient sur les
reflets bleus et les ombres vertes, et j’ai même vu une couleuvre qui nageait
d’un bord à l’autre, sa petite tête bien dressée, comme un périscope. Je l’ai revue plus tard, une
jolie couleuvre noire avec un collier rouge, quand je suis venue chercher
de l’eau pour faire une petite aquarelle. Et j’ai dessiné dans le fil du vent.
Qu’il fait bon vivre, qu’il fait bon vivre, marcher sur le sable, nager dans
l’eau fraîche, écouter murmurer les roseaux, sentir sur soi l'air qui passe, qu’elle
me sera difficile à quitter, la terre, cette terre dont on dit parfois qu’elle
ne vaut rien et qui est pourtant si belle, et si profanée.
ma carte postale de la Veska. |
A la sortie de Pereslavl, j’ai vu une femme qui fait la
manche devant toutes les églises du pays, et je l’ai prise en stop, avec celle
qui l’accompagnait. Elle m’a chanté de l’opéra, je lui ai chanté un vers
spirituel. Elle m’a dit qu’elle faisait partie de l’union des écrivains et qu’elle
composait des chansons. La littérature, ça ne paie pas !
Son amie est la directrice du jardin d’enfants de
Koupanskoïé, c’est elle qui m’a indiqué le coin où je suis allée me baigner.
Rosie ne fait que des conneries, elle ne reste pas chez moi
car elle s’ennuie, et elle enquiquine tout le monde. De plus, si on la
contrarie, elle a tendance à se retourner. Elle est équilibrée et pas
agressive, mais elle est dominante et peut donner des coups de dents. Je m’y
suis attachée, elle est parfois drôle, touchante, et elle me garde avec
dévouement, mais elle peut m’attirer et s’attirer des ennuis.
Je suis très heureuse d’être allée me baigner hier, je
saurai désormais où cela se trouve, pour l’année prochaine, si elle n’est pas
pourrie. Je suis heureuse d’avoir cueilli un moment de bonheur, de
contemplation béate, de communion avec la nature. Il me semble parfois que nous
emporterons ces moments-là, et qu’ils enrichiront notre éternité.
Au retour de Ferapontovo, les Messerer ont fait étape chez moi, et comme, dans l'attente de mon déménagement mythique, je n'ai pas beaucoup de tableau, ils m'ont fait choisir l'une de leurs dernières oeuvres:
lavandière à Kirillov. |
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