Vers spirituels à Davydovo

  

Une guide que j'avais rencontrée à Pereslavl voulait me voir aujourd'hui, car elle emmenait des réfugiés du Donbass vénérer la Croix de Godenovo et passait par ici, mais elle n'a pas eu le temps, et moi je devais aller à Davydovo, dans la communauté qui pratique le folklore, sur la route d'Ouglitch.

Il s'avère que cette guide, Ioulia, s'occupe activement des réfugiés dans sa paroisse de Moscou. Elle m'a dit que d'après ceux-ci, ce que dit la "propagande de Poutine" est exact, les Ukrainiens se servent des gens comme boucliers humains et les maltraitent de toutes les manières. Ces gens sont très reconnaissants à la Russie, ils ont un comportement humble et discret. Ils ont souvent vécu des choses affreuses. Cela, bien entendu, je le sais depuis longtemps, puisque je suis tout cela, qui n'intéressait personne, depuis huit ans...

Sur ce thème, voir ici: https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/2022/04/6-raisons-de-sarreter-avant-de.html

Dans cette paroisse, les enfants font des dessins et des lettres qu'ils envoient aux soldats blessés, pour leur soutenir le moral.

Ce matin, le jardin était recouvert de neige, j'ai passé des heures à dégager la voiture et à ménager des accès. J'étais excédée, la neige était humide et lourde. Et puis j'ai eu un appel d'un Français qui voulait me rencontrer au café, où il m'attendait avec sa femme. C'était Gilles qui lui avait donné mon numéro, parce qu'il n'était pas libre aujourd'hui. Ce Français, d'origine arménienne et corse, a l'intention d'émigrer avec toute sa famille, sa mère de 83 ans et ses enfants adultes. Aucun d'eux ne veut rester dans la France de Macron, avec les masques, les vaccins obligatoires, la pénurie et l'insécurité, la culture woke et LGBT. Ils vendent tout, et vont ouvrir quelque chose en Russie, sans doute un restaurant, ils ont un visa business. Je les comprends et cela me serre pourtant le coeur de voir le chemin parcouru dans la dégringolade. Pour venir, ils ont pris trois avions différents.

Ensuite, Alessia est venue me chercher avec ses parents et Olga, la femme du cosaque Romane,  pour aller à Davydovo. Yana, les femmes, les jeunes gens et les enfants du village donnaient un concert de vers spirituels, entrecoupés de jeux et d'invocations destinées à faire venir le printemps. On nous distribuait des pâtisseries rituelles, les oiseaux de la fête des Quarante Martyrs, les croix de la fête de la Croix, les échelles du dimanche de saint Jean Climaque. J'ai été envoûtée par la beauté des chants et l'interprétation spontanée, organique de tous les participants. Olga a dit: "C'est parce que, comme autrefois, ces gamins ont entendu tout cela dès le ventre de leur mère, ils sont nés dedans". Et en effet, c'est le cas, Davydovo réussit à ressusciter un vrai folklore. 

Le village et ses environs étaient transfigurés par une magnifique lumière printanière, en dépit de la neige et du vent froid, et je songeais que fort probablement, c'était la dernière fois avant l'hiver prochain que je voyais ces étendues blanches, car tout cela va fondre à toute vitesse et dans 15 jours, ne sera sans doute plus qu'un souvenir. Et ce moment avait quelque chose d'enchanteur, des couleurs de fleurs virginales et fraîches, avec un ciel plein de nacre et de dorures.

Le père d'Alessia avait la conduite sportive, c'était le 4X4 supersonique. Dans les endroits où la route était défoncée, j'avais le coeur au bord des lèvres. Il écoutait de la musique américaine mais se signait en passant devant toutes les églises...