Nous avons eu +5°, le lendemain - 11 et maintenant -1. Evidemment, tout ce qui avait commencé à fondre a gelé à mort. Aujourd'hui, c'est officiellement le printemps.Cela fait sept ans que maman est morte et que je ne l’ai pas revue, moi qui lui écrivais quasiment tous les jours, ou lui téléphonais...
Hier, Blackos avait chié dans le plat où je gardais des pommes, sur le coffre. Aujourd’hui, il a pissé sur le divan. Cela me met dans de telles fureurs qu’il a peur de moi, mais il n’a pas pour autant l’idée d’aller dehors, ou même à la rigueur dans la caisse que je mets à cette équipe d’imbéciles infoutus d’aller faire leurs besoins dans la nature. Je n’arrête pas de laver, la machine tourne sans arrêt, je fais sans arrêt le ménage. Ce chat disparaîtrait de la circulation, bien qu’il me regarde avec des yeux de merlan mort d’amour, je crois que je m’en remettrais assez vite.
Je suis ce matin dans un état de fatigue nerveuse confinant à la détresse, et hier, je pleurais comme un veau à l’église, cela m'est venu sans que je sache pourquoi, une espèce de tristesse cosmique insondable. La dégradation globale de l’humanité, et spécialement de sa partie européenne, me remplit de douleur et d’appréhension. Les gens perdent toute raison, toute dignité, toute compassion. Une bande de jeunes cons, en Russie, s’est amusée à poursuivre jusqu’à l’épuisement complet, avec des motoneiges, une femelle d’élan enceinte, pour l’étouffer finalement à mains nues, ce qui provoque une vague d’indignation bien justifiée. Les photos de ces individus montrent des faciès d’imbéciles ricanants, y compris une fille, avec cette expression qu’on voit à tous les rebuts de l’humanité, aux gardes rouges qui torturaient et éxécutaient des prêtres et leurs familles, aux banderistes ukrainiens poursuivant et terrorisant en meute une juive à moitié nue, aux "jeunes" des banlieues violant ou lynchant en bande. Et cela pendant qu’en France, un viandard dégénéré assassine à bout portant un jeune sanglier apprivoisé, échappé d’une propriété voisine, qui venait gentiment chercher des caresses en se frottant contre cette équipe d’abrutis armés qu’on appelle chez nous des chasseurs, ces grands écologistes, ces amoureux de la tradition. Le Mordor recrute des orques à temps plein. Le pire est ma conviction de notre solidarité profonde dans le péché, alors que je ne peux pas prier pour ces gens-là, c’est au dessus de mes forces. J’aimerais bien en parler avec Fiodor Mikhaïlovitch Dostoievski. Je pense que toute sa vie, il a souffert des péchés des autres, en plus des siens propres, c’est ce qui le rendait si nerveux et si irritable, comme moi d’ailleurs, car il ne trouvait, comme moi, de transcendance que dans l’écriture, qui nous met encore plus à la merci des bacchanales démoniaques.
Iakov, le Français d’origine cosaque, est venu de Rostov avec toute une équipe de gens, un Grec qui voudrait travailler au café, sa femme, un paysagiste et la sienne, et leurs enfants. J’ai invité Génia, qui a expliqué qu’il était réaliste, que la promotion du folklore, ce n’était pas son objectif, qu’il cherchait juste à vendre des balalaikas et des vielles à roue à des touristes qui ne s’en serviront que quinze jours pour la plupart d’entre eux. Moi, je suis réaliste aussi, je pense qu’il faut des gens comme lui pour soutenir des projets idéalistes auxquels eux-mêmes ne croient pas, et où ils trouvent leur intérêt.
Le paysagiste, un Arménien, Andreï, m’a dit qu’il fallait absolument obtenir de mon voisin qu’il fasse un mur maçonné à hauteur de sa butée, pour protéger mon terrain des infiltrations d’eau, et du déversement de sa terre aux premières pluies diluviennes. Balancer la même quantité de terre chez moi, comme le prévoyait cet imbécile, n’est pas pensable, car ma maison est située au dessous de la sienne, et de son terrain, et la cave serait complètement inondée. Il faut également qu’il prévoit un drainage, le long du mur, et qu’il mette un tuyau, là où il a bouché le canal qui longeait la route. Je suis persuadée que ce type ne fera pas ce mur, bien contente s’il met le tuyau, et même cela j’en doute. Il considère qu’il me fait la grâce du siècle en me proposant d’ensevelir mon terrain sous des tonnes de terre. Il me faudrait discuter de cela avec lui calmement et cela me rend malade.
Le paysagiste dit que la bande de terre entre nous est très étroite, et qu’y mettre de grands arbres est impossible, il propose des thuyas. Je me rends compte qu’il faudra des années pour régler ce problème et m’épargner la vue de sa terrasse pleine de crétins hurleurs potentiels, et du parking surélevé attenant, avec ses séries de bagnoles. Or je suis déjà vieille, je n’ai pas trente ans devant moi.
Dans tous les cas de figure, remédier à ce qu’il m’a fait va me coûter encore de l’argent et du temps. C’est pourquoi vendre est peut-être la seule issue, en fin de compte, faire des travaux ailleurs ou les faire ici, je n’aurai que le déménagement en plus, et la différence entre la maison vendue et la maison achetée paiera les travaux, au lieu que là, je taperai dans mes dernières réserves pour améliorer la situation.
Seulement je suis persuadée, en dépit du fait que ma maison est grande et bien aménagée, que l'exiguité du terrain et son caractère marécageux, avec ce que le voisin m’a infligé juste à côté, compromet la vente, et qu’a cause de cela, je n’en obtiendrai pas ce que j’aurais pu normalement escompter.
Voilà, j’ai bien fait le tour de la question.
Pour cacher ça, il faut des thuyas ou des buissons de 3 mètres.... |
J'ai vu une charmante jeune femme russe, Xénia, une amie des Asmus. Elle a plein d'amis qui étaient partis en Europe et reviennent à présent épouvantés. Elle m'a dit: "A la limite, je me fous de savoir si Poutine est ceci ou cela, pourvu que chez nous cela ne devienne pas comme là bas. Entre les masques, la justice juvénale, la théorie du genre, les migrants et la culture woke.
- Vous avez raison. Car en ce moment, la situation ne peut pas devenir meilleure. Mais elle peut devenir considérablement pire".
Cette jeune femme m'a parlé de penseurs et d'écrivains russes convaincus que la foi reste vivante ici alors qu'elle s'éteint complètement en Europe, et que pour cette raison, tout dépend maintenant du salut de la Russie. Et cela m'a rappelé les réflexions d'un Russe dont je découvre la page, Iouri Kabankov. Il cite Vladimir Kroupine: "Le monde a une âme et c'est la Russie. S'il lui arrive quelque chose, le reste du monde, vain et attaché à la pourriture, périra aussitôt". Il termine son message par: