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mardi 31 juillet 2018

Bigoterie

Alexandrina Viguilianskaïa,, jeune femme on ne peut plus pieuse, fille d'un ecclésiastique renommé, l'archiprêtre Valdimir Viguilianski et de la poétesse et romancière Olessia Nikolaïeva, a connu une mésaventure comparable à beaucoup d'autres que l'on m'avait relatées autrefois et qui me scandalisaient profondément, au point que j'en avais presque perdu la foi.
Il y a deux  ou trois jours, mon voisin, en faisant notre palissade, m'avait déclaré qu'il portait une croix en bois d'olivier de Jérusalem mais ne fichait pas les pieds à l'église à cause des popes qui ne pensaient qu'à l'argent. C'est une chose que j'entends souvent, le "pope en Mercedes" ou le pope ivrogne, ou les deux. Mon voisin me produit un exemple: "Au monastère saint Nicétas, dès que tu arrives, on te saute dessus pour te prendre de l'argent.
- Oleg, je ne sais pas, vous avez sans doute un physique de riche, car je suis allée plusieurs fois là bas sans que personne ne me demande rien.
- Comment cela, mais dans tous les coins on voit des troncs qui nous incitent à ouvrir le portefeuille!
- Mais enfin, Oleg, il faut bien vivre, ces moines font beaucoup de bien, ils accueillent les sans abris, ce qu'on leur reproche assez, ils restaurent toutes les églises des villages environnants, alors que personne d'autre ne se soucie de conserver et de restaurer votre patrimoine! Je n'ose penser à ce que serait la Russie sans l'Eglise! Les gens deviendraient aussi cons qu'en Europe!
- Ce prêtre qui est venu bénir votre maison, il vous a pris de l'argent pour cela?
- Il ne me l'a pas pris, je le lui ai donné!
- Oui, mais il l'a accepté!
- Evidemment! Il mange, lui aussi, il ne vit pas de la manne céleste, il a des enfants à élever!"
Je n'ai jamais connu de "pope en Mercedes", sauf un, en Biélorussie, sa bagnole devait avoir 30 ans, et il se démenait tant qu'il pouvait pour ses paroissiens à qui il voulait constituer une bibliothèque classique. Beaucoup de prêtres font des kilomètres et des kilomètres, si un sponsor leur paie une voiture, cela ne me dérange pas vraiment. Beaucoup de prêtres sont d'ailleurs fauchés comme les blés, dans les campagnes, où ils n'ont que quelques grands-mères tout aussi fauchées pour subvenir à leurs besoins. Car ils vivent ici des dons des fidèles, en nature, ou en argent. On apporte à l'église des pommes, de l'épicerie, du miel, des conserves, à certains endroits on fait la quête, à d'autres non, les gens laissent de l'argent dans les troncs, ils donnent un peu plus pour les mariages, les enterrements, les bénédictions de maisons, offices spéciaux etc.
Pour ce qui est de l'ivrognerie, la femme du père Valentin m'avait dit que c'était presque une maladie professionnelle, parce qu'il faut toujours finir le vin de messe, d'une part, et que d'autre part, partout où ils vont bénir, marier et enterrer, les prêtres sont invités à boire et manger avec la famille. Alors selon qu'on lève ou non facilement le coude...
En revanche, ce qui me révulse, ce sont les Savonarole, qui ne sont pas toujours prêtres, qui peuvent être des fidèles, des jeunes filles revêches, des dragons de paroisse en fichu, des barbus rigides, des moines et moniales. Ceux qui se jettent sur la bonne femme qui entre mettre un cierge sans foulard, ou en pantalon, qui vous engueulent à tous propos dans la maison du Seigneur. J'ai pris un jour une tape sur la tête, parce que quelqu'un trouvait que je ne m'inclinais pas assez, quelqu'un qui ne s'est pas dénoncé quand je me suis retournée, furieuse, ce qui avait beaucoup fait rire le père Basile Pasquiet.
Et voilà donc Alexandrina qui, avec sa fille et sa nièce adolescentes, s'arrête pour aller visiter un joli petit monastère dans le Don, et mettre quelques cierges. En bonne fille de prêtre bien pieuse, elle a jupe longue, manches et fichu, et passe un moment, avec les gamines, à les équiper de la même manière, manches courtes, jupe jusqu'aux chevilles, en principe, tout est au delà du réglementaire, mais les moniales ne les ont pas admises, car les manches s'arrêtaient au coude et ne descendaient pas jusqu'au poignet (peut-être faudrait-il même les faire aller jusqu'aux doigts, comme au moyen âge?), qu'elles ne portaient pas de chaussettes dans leurs chaussures d'été (par 40°) et que, péché suprême, Alexandrina avait du vernis incolore sur les ongles de ses orteils!
Comme le faisait remarquer un commentaire, Alexandrina s'en remettra, mais la fille peu ou pas christianisée qui serait venue, sans tenue réglementaire à la chaussette près, chercher du réconfort, prier, qui serait venue sur un bon mouvement, un élan de son âme, accueillie de cette manière par des mégères doucereuses en soutane aurait fui pour toujours. J'ai connu un homme qui, s'étant décidé à se confesser pour reprendre une vie pratiquante, s'était fait engueuler dans toute l'église, de sorte que plus personne n'ignorait ses péchés dans la paroisse.
J'ai d'ailleurs le vague soupçon que si Alexandrina et ses jeunes compagnes avaient été de vrais laiderons sinistres, la longueur de leurs manches n'aurait pas eu la même importance.
Toujours est-il que c'est un étrange réflexe quand on voit arriver des gens dans un lieu de prière, que de mesurer mentalement la longueur des ourlets et de traquer l'orteil qui brille de façon suspecte sous certains angles, quand on se penche bien pour le voir et qu'on ne pense qu'à ça. Cela ne dénote pas un coeur débordant d'allégresse spirituelle et d'amour pour son prochain.
De telles histoires m'avaient conduite à un état permanent de colère que j'avais confessé au père Valeri, et celui-ci s'était exclamé avec tristesse: "C'est que vous fréquentez trop les prêtres et entendez tous nos ragots, eh bien que voulez-vous que je vous dise, vous avez raison, pardonnez-nous, au nom du Christ!"
Réflexion qui m'avait délivrée de cette colère pour toujours. L'Eglise est une communauté, avec ses brebis noires, que Dieu leur soit juge. Il faut pourtant bien dire que souvent, ses pires ennemis, ses ennemis les plus efficaces ne se trouvent pas parmi ses persécuteurs et ses calomniateurs, mais d'abord en son sein...
Je préfère un pope en Mercedes qui picole à des vierges desséchées et méchantes ou à des ayatollahs orthodoxes qui désespèrent les gens...


vendredi 27 juillet 2018

Bénédiction de la maison

Le père Victor et sa matouchka Nadia sont venus bénir aujourd'hui ma maison. On a collé des croix au quatre côtés, encensé et béni toutes les pièces, et lu des prières, l'évangile de Zacchée, le petit bonhomme grimpé sur un arbre pour voir le Seigneur, lequel l'apostrophe en lui disant qu'il viendra déjeuner chez lui. C'est une histoire que j'aime beaucoup. C'était chez moi, aujourd'hui, que le Seigneur s'invitait.
Le père Victor était ébahi par ma destinée, et me suggérait de l'écrire. Mais pas si surpris que cela: "Il y a chez nous un esprit qu'on ne trouve plus ailleurs, et si la Russie ne tient pas et disparaît, alors ce sera la fin. Même certains catholiques le disent: le Christ se retire d'Europe..."
Ma destinée ne m'ébahit pas du tout, elle me fiche plutôt le cafard, mais on peut dire que dans sa trame sombre a toujours couru le fil d'or de la providence, malgré tout... Et celui de l'espoir, souvent contre toute raison.
"N'essayez pas de comprendre votre attirance pour la Russie, m'a dit le père Victor, ce sont là des choses qu'on ne peut pas expliquer. C'était sans doute la volonté de Dieu, vous vous êtes russifiée, et voilà..."
 L'été est de retour,hier j'ai décidé d'aller enfin me baigner au lac d'un coup de vélo. Rosie m'a accompagnée, c'est vrai qu'elle est attentive aux voitures, son accident l'a rendue prudente. Elle adore l'eau et m'a suivie dans le lac, mais ne m'a pas laissé nager tranquillement. Le lac est très peu profond, mais il y a des endroits où j'aurais pu nager un peu, seulement comme elle n'avait plus pied, elle estimait que c'était très dangereux et qu'il fallait me sortir de là. Elle restait collée à moi, avec un air concerné, et me donnait de grands coups de pattes. A part Rosie, l'autre problème, ce sont les taons qui s'en donnent à coeur joie.
Je me suis assise sur un rocher pour sécher et faire une petite carte postale, tandis qu'une grosse fille prenait des poses de sirène pour se faire photographier par son petit ami. Rosie aboyait férocement sur ceux qui approchaient de moi et s'ennuyait visiblement. Ce n'est pas le genre de chien que je conseillerais à ceux qui veulent draguer... De plus, son grand jeu est de faucher tout ce qu'elle voit: ma robe, les maillots des nageurs. Bref, la plage avec Rosie, ce n'est pas à refaire...





jeudi 26 juillet 2018

Les cabines Rouges

Je me fais périodiquement attaquer par des communistes purs et durs qui me reprochent d'être "victime de la propagande occidentale" (qui, dans ma jeunesse, en France, était pro communiste) et me soutiennent mordicus que tout ce qu'on a raconté sur les épurations diverses, c'était de gros mensonges. Ils accusent également Soljenitsyne d'être un menteur et un traître. Or mon opinion s'est forgée au cours de longues années, et Soljenitsyne n'a pas été le seul à m'influencer, loin de là. J'ai juste entendu énormément de témoignages, beaucoup de ces témoignages, d'ailleurs, m'arrivaient par l'émission "Jdi Menia", "Attends-moi", où la télévision aidait des gens à retrouver des parents disparus, des amis perdus de vue. J'ai entendu alors des histoires incroyables, et des gens séparés par les arrestations, il y en avait un paquet. Par ailleurs, des amis me racontaient leurs histoires de famille. Et voilà qu'aujourd'hui, je tombe sur un post de Dmitri Paramonov, le roi du gousli, qui est en vacances dans l'Oural où il a grandi, avec les commentaires de ses amis. C'est un témoignage direct sur ce qu'on a appelé la "dékoulakisation", l'épuration des paysans "riches":




Dmitri Paramonov : Près des cabines Rouges au croisement . C’est dans ces endroits magnifiques que fut déporté mon arrière-grand-père Sémione avec sa famille, après la « dékoulakisation », en automne. Ils vivaient dans des huttes, ils mangeaient de l’écorce. Ils avaient deux sacs de blé et de seigle, mais mon grand-père ne les donnait pas à manger, pour les semer au printemps. Ils tressaient des lapti et les vendaient à la foire de la ville. Grâce à Dieu, ils ont survécu !
Katerina Savelieva : Et d’où venaient-ils et où les a-t-on envoyés ? Mon arrière-grand père aussi a été dékoulakisé mais il s’est enfui. En hiver, sans vêtements d’extérieur, il a parcouru plusieurs kilomètres, s’est planqué chez un ami cheminot et profitant d’une occasion, il est parti à Moscou, s’est fait embaucher à l’usine et a fait venir petit à petit sa famille. Il avait alors 70 ans.
Alexandre Kapoustine. Je suis heureux que tout se soit bien terminé pour ton arrière- grand-père. Le mien a été dékoulakisé deux fois. La première fois parce qu’il avait deux chevaux pour une famille nombreuse. On a déporté toute la famille, sauf mon arrière-grand-mère qui travaillait. Au bout d’un moment, les dékoulakisés se sont faits à leur nouvel endroit, ils ont remonté l’affaire familiale et commencé à envoyer à l’arrière-grand-mère leurs produits : de la crème, du beurre, emballés dans des tonnelets.  Et on les a à nouveau dékoulakisés, on les a jetés au milieu de la steppe en hiver sans vêtements chauds ni instruments de travail, avec des enfants en bas âge, les vouant à une mort certaine.
Dmitri Paramonov : Et chez nous pareil, on a dékoulakisé deux fois.

Ces récits familiaux répondent en tous points à ce qui est décrit pat Soljenitsyne dans "l'Archipel du Goulag": des familles jetées en plein hiver dans des endroits inhabitables qui, avec leur courage et leur résistance russes, réussissent à survivre et à qui on refait le même coup, lorsqu'on constate qu'ils ont recréé une petite exploitation paysanne et qu'ils arrivent à s'en sortir. Cela correspond également à ce que décrit Alexandre Panarine dans la "Civilisation orthodoxe": un acharnement sadique, méticuleux et haineux contre la population paysanne russe. Je ne vois pas pourquoi ces jeunes folkloristes qui échangent des considérations entre eux mentiraient sur ce point.
Maintenant, on me répète sans arrêt de tous les côtés que les Russes ne veulent pas travailler. Les descendants de ceux-là même qui les mettaient dans de telles situations vous diront que c'est un peuple de bons à rien, de feignants et d'alcooliques. Or, au vu de telles histoires, je pense que c'est un peuple extrêmement résistant, héroïque, j'espère que ces qualités n'ont pas été définitivement brisées par le dressage subit.

mercredi 25 juillet 2018

Objectif Solovki

J'observe ici un phénomène curieux, le vent change plusieurs fois par jour, et le temps de même. J'ai réussi à aller faire une balade en vélo, vers le lac, la rivière, par les petites rues. De moins en moins d'isbas pittoresques, de plus en plus d'horreurs, aucun contrôle de ce qui se construit: n'importe quel style, si l'on peut appeler ça un style, n'importe quelle hauteur, au besoin en enfermant le voisin derrière son château sans se demander si on le prive de soleil et de vue... J'essaie de me concentrer sur les fleurs et les églises, le ciel et les reflets dans l'eau.
Le vent s'est mis à souffler en tempête, mais doux et tiède. J'ai trouvé un lac sombre, très sombre, exaltant, prêt à se soulever, prêt à tout balayer, toute la modernité hideuse, et à lâcher sur la ville les cavaliers disparus et les guerriers du prince Alexandre, qui défendaient contre les mongols leur poignée d'églises et de maisons de bois, mais cela ne s'est pas produit. Les routes étaient  jonchées de branches brisées.
Au retour, le vent est devenu glacial, le ciel chargé. Le voisin me continuait le mur de Berlin, ce n'est vraiment pas comme cela que je voyais les choses. En chemin, j'ai vu de magnifiques clématites avec de grosses rosaces violettes, et ce sera ma parade, lâcher des clématites sur le grillage. Du chèvrefeuille, peut-être du houblon. Je vais même conserver un coin roseaux.
La pauvre Rosie court avec tant de bonheur, pendant que le voisin s'affaire à la cloîtrer chez moi, dans le grand espace de notre pré intermédiaire... Mais elle ne leur fait que des bêtises, elle leur a déterré leurs pommes de terre, elle pique les jouets de la gosse, et généralement tout ce qui traîne à sa portée.
J'ai dit au voisin que cela sentait l'automne, il m'a répondu que pas du tout, que nous étions au milieu de l'été. En France, on a ce temps fin septembre.
J'ai pris aujourd'hui, avec Anna Messerer, une artiste peintre qui a une datcha à Ferapontovo, la décision de partir la rejoindre là bas, près du monastère saint Cyrille du Lac Blanc, et de pousser avec elle jusqu'aux îles Solovki. D'ici à saint Cyrille 450 km, de saint Cyrille aux Solovki plus de 900... Je vais sur la mer Blanche!
Cela fait plus de 30 ans que je médite d'aller aux Solovki. Par vénération pour le métropolite Philippe de Moscou qui en fut l'higoumène, et pour tous les martyrs de l'époque soviétique qui y furent emprisonnés, puisque ce fut le premier camp d'une longue série, pour le père Pavel Florenski, esprit remarquable et parfaitement innocent de tout crime, sinon celui d'être croyant et prêtre, dont les déchirantes lettres de Solovki à sa famille m'avaient impressionnée. Profondément affecté d'être loin des siens, son esprit scientifique ne cessait de fonctionner, d'observer, d'inventer, et il se lamentait de ne pouvoir travailler normalement et être utile à son pays. Les nouveaux maîtres de ce pays ont fini par le fusiller.
C'est de plus un endroit magnifique, magique, d'après les photos que j'en ai vu.
Enfin, j'ai un chapitre qui se passe là bas, et toute une partie qui se déroule à saint Cyrille. Quand j'aurai fait ces deux coups avec une seule pierre, je pourrai peut-être mettre un point final à mon premier livre et tenter de le publier.




mardi 24 juillet 2018

Le mur de Berlin

Pas loin de chez moi, des voisins refont leur maison, c'est-à-dire qu'ils la surélèvent. Je craignais le pire. Ce ne sera pas affreux , à condition que le toit ne soit pas rouge pétard ou bleu électrique, je prie pour que cela me soit épargné...

Il est vraiment souhaitable que ce toit en construction reste discret...
Le fils de ma voisine Violetta, qui avait promis de faire la clôture qui va nous séparer, m'a monté un vrai mur de Berlin, c'est une manie, maintenant, chez les Russes, s'ils pouvaient les faire monter jusqu'au ciel... Ce matin, j'ai timidement suggéré de raccourcir les poteaux, j'ai vu que je lui faisais beaucoup de peine.

Après mûre réflexion, je pense que je mettrai du grillage, pas en plastique vert, comme le propose le voisin, mais en métal, parce que le plastique vert, c'est trop moche, surtout que je n'arriverai pas à le cacher sur une clôture aussi haute. Le grillage est plus discret et je ferai grimper des lianes dessus. Le bois me reviendrait plus cher, et sur une pareille hauteur, couperait trop la lumière et me donnerait une impression d'enfermement.
Cette clôture sera un coup dur pour Rosie qui adorait cavaler à travers le grand terrain de Violetta, mais justement, ce qui a décidé son fils à agir, c'est qu'elle leur fauche des tas de choses.
Hier, j'ai vu Olga et Oleg, rencontrés cet hiver, deux intellectuels orthodoxes sympathiques. Ils m'avaient préparé de l'okrochka, soupe froide au kvas que j'avais toujours trouvée dégueulasse, la leur est très bonne, il faut dire que leur kvas aussi. Oleg m'a donné du ferment pour obtenir cette boisson au pain fermenté, très rafraîchissante. Ils m'ont aussi emmenée chez leur médecin (à la retraite) qui soigne à sa manière, avec des aiguilles d'acupuncture, mais ce n'est pas de l'acupuncture. Je voyais qu'Oleg avait l'air de souffrir, avec ses aiguilles enfoncées jusqu'à la garde, et je n'étais pas trop partante. Le médecin m'a dit que mon arthrose venait d'un déséquilibre traumatique de ma colonne vertébrale, qui faisait que mon côté gauche était déficient, et qu'il me fallait beaucoup marcher. "Je croyais que c'était déconseillé, qu'il fallait faire du vélo?
- Les hommes des cavernes ne faisaient pas de vélo, nous sommes faits pour marcher sur des kilomètres, quand vous marchez, vos articulations sont irriguées et lubrifiées, si vous ne marchez pas, tout se bloque..."
J'ai fait un peu de marche à pied avec eux le long de la rivière Troubej, jusqu'à l'embouchure, et nous avons regardé le lac de plus en plus envasé, parce que la municipalité a créé un problème écologique qui enlève du débit à la rivière, enfin comme d'habitude... Oleg et Olga sont aussi en deuil du joli Pereslavl dont il subsistait encore de beaux restes il y a vingt ans. La plus ancienne maison du quartier a été remplacée par un machin revêtu de plastique façon fausse pierre. La fausse pierre en plastoque fait fureur à Pereslavl. La seule consolation que nous ayons, c'est que la verdure l'été, et la neige l'hiver, cachent ces horreurs à la vue des gens encore normaux que ce spectacle déprime.
Cela sent déjà un peu l'automne.  Chez Oleg et Olga, quelques feuilles de vignes vierge rougissent et chez moi quelques unes deviennent violacées, sur le poirier. En Fance, je voyais venir l'automne fin août, à quelque chose de doré et d'épuisé dans la lumière, après un été surchauffé. .
Le lac déjà bien gris et son atmosphère de mer froide et lointaine

J'ai des coups de cafard en pensant à ma famille disparue et à mes petits chiens également disparus, surtout le pauvre Doggie, mort si jeune et se croyant trahi pat moi qui avais du le laisser dans la cage du vétérinaire... Parfois, lorsque je prie en français, j'ai comme un diaporama dans la tête, je revois les rues de Cavillargues, le chemin de saint Pons-la-Calm, celui de la Condamine, celui du docteur Henri qui montait à la chapelle, le côté de Mas Carrière, et mon petit Doggie qui me suivait, car c'était en me promenant que je disais ces mêmes prières. Je vois aussi des coins de Montélimar ou de Pierrelatte, et le monastère de Solan. Oleg et Olga connaissent un Français orthodoxe qui cherche à s'installer en Russie, il leur a dit que les points orthodoxes étaient en France isolés dans un ensemble incroyant, sinon hostile, et qu'ici, l'orthodoxie était partout dans l'atmosphère. Pour moi, après les années où je m'étais habituée à Solan, j'ai eu un peu de mal à revenir à l'orthodoxie russe, au slavon, et mon livre a aussi joué un rôle, dans la mesure où il m'a profondément perturbée. Je devais le faire, mais il m'a perturbée et comme ramenée en arrière, par rapport au moment où, pendant et après la maladie de ma mère, je m'étais comme dévitalisée et me raccrochais à la prière. Mais il s'est passé quelque chose au cours de l'office en la mémoire de la famille impériale et je suis sortie de cette torpeur spirituelle. Pourquoi? Mystère, ce genre de choses ne se commande pas, et c'est pourquoi je suis persuadée de leur profonde authenticité. Je pense que j'en discernerai plus tard tout le sens.
J'en discutai avec Oleg et Olga, être partie me conduit principalement à rassembler mes forces, à les concentrer, à ne pas me laisser aller et surtout à compter essentiellement sur Dieu et le soutien mystérieux de ces saints Russes que je côtoie ici, et auxquels je m'adresse, ceux de mon livre, ceux de Pereslavl, les nouveaux martyrs... J'aurais pu vieillir tranquillement à Cavillargues, et je vois bien que ce n'est pas au repos que Dieu m'a ici conviée. Parfois, j'en éprouve une grande crainte. Je suis amenée à parler, à m'engager, à triompher de ma négligence et de ma lâcheté. Je suis lâche par désir d'avoir la paix, mais je suis lâche surtout devant les gens que j'aime bien et que je redoute de blesser. Ceux qui m'enrôlent d'office, et à qui je voudrais faire plaisir en leur disant que je pense comme eux. Mais ce n'est pas le cas... Or il faut dire les choses telles qu'elles sont et ne pas suivre un mouvement dont on sait que la direction n'est pas la bonne, et la bonne direction est unique, il n'y en a pas trente-six quelque plus ou moins semblable ou parallèle à l'originale elles puissent nous apparaître.

PS: je réponds à tous ceux qui m'écrivent, n'ayant pas encore un courrier de vedette, et je signale à MARIAM que son mail ne m'est jamais parvenu!

dimanche 22 juillet 2018

La grande procession de l'histoire russe.



Tableau d'Ilya Glazounov
Un correspondant russe, Iouri Tkatchev, qui a étudié à fond l’histoire de la chute et de l’assassinat du tsar et de la famille impériale, m’a interpellée à propos de l’homélie du patriarche Cyrille, qu’il trouve hypocrite et lâche.
Je suis donc amenée à me pencher sur cette homélie et en faire quelques commentaires.... Non que j'en ai très envie, ou que je sois très habilitée, mais je ne peux pas me dérober non plus...
Le Patriarche dit : des gens coupables en rien, qui ont dédié leur vie au service de la Patrie, ont été assassinés par une volonté humaine mauvaise. Ce crime ravive jusqu’à maintenant notre conscience, il nous force à faire revenir nos pensées sur ce qui s’est produit avec notre pays et notre peuple et, en même temps, à nous efforcer de le comprendre. D’où est provenu ce trouble de l’esprit, ce malheur ? En regardant avec un recul de cent ans, malgré tous nos désirs, nous ne pouvons voir toutes les nuances de la vie nationale de notre peuple, qui sont effacées de la mémoire et échappent même aux regards les plus pénétrants. Mais de tels crimes, comme ceux qui ont été commis ici, ne peuvent être fortuits. Derrière ce crime se trouvait quelque chose, derrière lui il y a une sorte de faute collective du peuple entier, une sorte de tournant dans la vie historique de la sainte Russie, qui a précipité le peuple dans une impasse grave, terrible. Que s’est-il donc passé avec notre peuple ? Tout le pays était couvert d’églises et de monastères, la majorité absolue des gens étaient baptisés, les églises étaient pleines. Pourquoi cela s’est-il produit ? Pourquoi les assasins ont-ils pressé sur la gachette, sans frémir pour ce qu’ils faisaient ? Cela veut dire que tout n’était pas en ordre. Cela veut dire que la lumière solaire qui se reflétait sur les coupoles dorées n’était pas toujours réfractée dans les cœurs des hommes, en renforçant en eux la foi dans le Seigneur.
Iouri Tkatchev est profondément choqué, car toute la responsabilité du crime est attribuée au seul peuple russe dans son entier. Y compris les bourreaux, ceux qui ont « pressé sur la gâchette sans frémir ». Or comme on le sait, bien qu’il soit mal perçu de le dire, les commanditaires du crime et les éxécutants n’étaient pas ethniquement russes, et ne se considéraient pas comme russes, ils avaient même la Russie en horreur, et entendaient, à partir du matériau russe, le seul à leur portée pour pratiquer l’expérience révolutionnaire qui devait s’exporter et supprimer toutes les particularités nationales, créer un homme nouveau pour un monde nouveau. Donc, dans l’assassinat du tsar, aucun Russe n’était directement impliqué (ou peut-être un seul, si je me souviens bien). Et les gens de Russie n’étaient même pas au courant de ce qui s’était passé, ils ne l’ont appris que l’automne suivant. Iouri reproche au patriarche de ne pas avoir eu le courage de le dire, comme l’auraient fait des personnages comme saint Philippe de Moscou ou saint Tikhon, fusillé par les bolcheviques.
La thèse selon laquelle la révolution est le résultat des péchés du peuple n’est pourtant pas l’apanage du patriarche. J’ai entendu de nombreux prêtres la soutenir : si les gens avaient eu plus de foi, s’ils ne s’étaient pas laissé séduire par des idées étrangères, ils auraient résisté au chant des sirènes. Un peu plus loin, c’est ce que développe le patriarche, d’ailleurs : Et nous savons qu’au cours d’au moins 200 ans précédant la tragédie de la maison Ipatiev, certains changements se produisirent dans la conscience des gens qui, lentement, mais sûrement, en amenèrent beaucoup à l’apostasie, l’oubli des commandements, la perte d’un lien spirituel réel avec l’Église et la tradition spirituelle séculaire. Pourquoi cela s’est-il produit avec notre peuple ? Pourquoi, à un certain moment, il a imité un train, dont le conducteur n’a pas tenu compte de la vitesse et s’est engagé dans un virage serré, se précipitant dans une catastrophe inévitable ? Quand sommes-nous, comme peuple, entrés dans ce virage ? Nous y sommes entrés lorsque des pensées autres, des idéaux autres, une perception du monde autre, formés sous l’influence de théories philosophiques et politiques n’ayant rien en commun avec le christianisme, pas plus qu’avec notre tradition et notre culture nationale, ont commencé a être adoptées par l’intelligentsia, l’aristocratie, et même une partie du clergé et ce comme une pensée avancée, laquelle, si on la suivait, pourrait changer, en l’améliorant, la vie du peuple. Effectivement, l’idée de changer en mieux la vie du peuple surgit chaque fois lorsqu’apparaît le plan de changer radicalement le cours de l’histoire. Nous savons que les renversements les plus terribles et les plus sanglants se sont toujours produits en vue de l’aspiration des gens à une vie meilleure.
Cela n’est pas faux. La noblesse et l’intelligentsia pétersbourgeoises, détachées du reste du pays, versaient dans toutes sortes de dérives, dénoncées par Dostoïevski qui avait annoncé, dans son roman « les Démons », les horreurs à venir. Tout cela est aussi la conséquence de la politique occidentaliste de Pierre le Grand, du schisme des vieux-croyants malheureusement provoqué sous le règne de son père Alexis, du servage qu’on a laissé s’installer et s’aggraver sous le règne des Romanov, on peut dire que les derniers tsars n’ont pas hérité des premiers de la dynastie une situation très facile à gérer. Le tsar Nicolas, avant de devenir la proie des bolcheviques, avait été trahi par tout son entourage. Donc, en une certaine façon, quand le patriarche dit que le peuple russe est responsable, il l’est, bien qu’à priori, ce soient surtout ses élites qui aient provoqué l’engrenage fatal.
En dehors des faits historiques, il intervient probablement dans cette assertion du patriarche et de nombreux prêtres depuis que l’événement a eu lieu, la conscience que nous sommes tous solidaires dans le péché, ce qu’on appelle, pour les romans de Dostoïevski, la responsabilité collective, car l’Homme est Un (comme l’écrivait le père Vsévolod Schpiller). Ainsi, dans les « Frères Karamazov », l’affreux père Karamazov est-il tué par son ignoble fils bâtard, mais de ses autres fils qui le détestaient cordialement, à l’exception du doux Aliocha, l’intellectuel Ivan se pend, et la tête brûlée Mitia, que l’on accuse et condamne à tort, prend volontairement sur lui la croix de ce crime, car s’il ne l’a pas commis, il a désiré le commettre, et il expie consciemment pour lui et pour les autres. 
On peut dire que de la même manière, si les Russes n’ont pas commandité ni exécuté le crime odieux, ils l’ont favorisé, par complaisance, lâcheté, trahison, passivité, et toutes sortes de mauvais sentiments. Une grande partie des gens, comme toujours dans ces cas-là, subissait sans trop comprendre, une partie restait loyale, et l’autre se donnait comme une fille folle aux mauvais sujets (au sens propre) patibulaires qui lui contaient des boniments sur la vie merveilleuse qu’ils allaient lui faire et n’entendait pas qu’on la privât de son rêve. Tout le monde était plus ou moins impliqué dans un sens ou dans l’autre, comme il arrive toujours dans un événement historique, et en tant que chrétiens orthodoxes, nous savons que nous sommes tous reliés, en communication profonde et mystérieuse, en communion. Auprès de certains il fait clair, auprès d’autres, il fait sombre, la prière d’un seul en sauve plusieurs, mais le mal aussi est contagieux. Dans cette perspective, le crime, en effet, implique l’ensemble du pays et s’en repentir au sens chrétien a un sens profond. Quand je prie : « Seigneur, prends pitié de moi pécheur », le moi n’implique pas seulement ma personne, mais tous mes proches, et par extension tous les hommes pécheurs. Peut-être aurait-il fallu préciser tout ceci.
Cependant personnellement, je ne partage pas l’opinion que la Russie a été « punie de ses péchés », comme il est sous entendu et comme je l’entends souvent dire. Car s’il fallait punir des péchés, à part les errements d’une élite, comme le dit patriarche lui-même, les églises étaient pleines, la Russie était certainement le pays le plus chrétien du monde, pourquoi ne pas punir prioritairement les pays d’où venaient les idées fâcheuses qui tournaient la tête de la noblesse et des intellectuels, donc l’Occident qui avait commencé à renier le christianisme originel pratiquement depuis le x° siècle et surtout depuis la renaissance ? De plus, les Russes avaient déjà pas mal souffert pour la foi au cours de leur histoire, pas mal souffert tout court, et les souffrances causées par la révolution ont largement dépassé les scores précédents. Non, moi je crois qu’il y a quelque chose, dans la tragédie de la révolution, et de l’assassinat du tsar, de plus mystérieux, peut-être quelque chose d’eschatologique, qui embrasse toute l’histoire russe précédente. Car au fond, que le tsar eut été comme ceci ou comme cela n’aurait pas changé grand-chose au problème à plus ou moins long terme, et même en fin de compte s’il n’avait pas commis l’erreur, pour respecter sa parole, d’entrer dans la guerre de 14. La modernité progressiste, technologique, capitaliste, corruptrice déclenchée par l’occident n’eût certainement pas laissé la Russie tranquille, elle devait l’assassiner avec son tsar, comme elle avait assassiné la France avec son roi. Un mouvement satanique était en route qui ne pouvait laisser aucun peuple intact.
Mais au plan mystérieux de Dieu, il a fallu que le dernier tsar de la dynastie des Romanov fut ce pur Nicolas, avec sa famille d’un autre monde, ces jeunes filles ravissantes, compatissantes et humaines, ce petit garçon sensible, de même qu'en contrepoint, la dynastie précédente, celle de Rurik, s’est achevée par le tsar Féodor Ivanovitch, doux mystique incapable de régner. Il a fallu que ce martyr fut suivi de tant d’autres, d’un si grand nombre de croyants morts pour la foi, et cela, dans une Russie isolée du reste de la planète, un espace retranché où se livrait un combat métaphysique redoutable. Dieu, me semble-t-il, ces derniers terribles siècles, plutôt que de punir me paraît d’une part faire ses dernières moissons de justes et d’autre part peut-être créer les conditions qui permettront de sauver l’essentiel jusqu’à la fin, quelques lumières dans la tourmente. La famille impériale, par sa mort, prend la tête de la grande procession de l'histoire russe qui en est la quintessence. Non la puissance terrestre au nom de laquelle des impérialistes athées ou peu orthodoxes justifient les crimes de Pierre I aussi bien que ceux de Staline, mais le chemin spirituel de la Russie qui a aussi fécondé de sa foi les pays où s'est dispersée son émigration.
Je ne me donnerai pas le ridicule d’essayer de percer les desseins divins, qui me dépassent. Mais à l’inverse de mes contemporains, je n’ai pas une lecture exclusivement politico économique de l’histoire, surtout de l’histoire russe, qui est pleine de signes, d’épisodes tragiques et de miracles incompréhensibles, de lumière perçant au travers des ombres, comme la littérature de Dostoïevski elle-même.
Le patriarche incite ensuite les Russes à ne plus recourir aux révolutions et à ne plus attendre de changements de société, ce qui n’est également pas bien perçu par un certain nombre de gens :
Oui, de quelle loi pouvait-il être question si, pour construire la vie heureuse, il fallait assassiner le tsar et toute sa famille ? Nous savons qu’il n’est rien sorti de tout cela, et, enseignés par cette amère expérience, nous devons former en nous une aversion ferme à toute idée, à tout dirigeant, qui proposerait, par la démolition de notre vie nationale, de nos traditions et de notre foi, à aspirer à quelque « avenir radieux » incertain. Aujourd’hui, rassemblés ici dans une telle multitude, nous avons commémoré la tragédie de la maison Ipatiev. Nous avons élevé des prières au Seigneur, nous avons prié l’empereur Nicolas martyr et ceux qui ont souffert avec lui, afin que dans les cieux, ils prient pour notre Patrie terrestre, pour notre peuple, afin que se renforce la foi orthodoxe dans chacune des générations futures des Russes, pour que la fidélité à Dieu, l’amour de la patrie accompagnent notre jeunesse et ceux qui viendront la remplacer, et pour que jamais de telles tragédies ne se reproduisent sur notre terre.
La première phrase de cet extrait m’a encore rappelé Dostoievski : «Le bonheur de l’humanité ne vaut pas une larme d’enfant » faisait-il dire, je crois, à Ivan Karamazov. Le type qui a achevé le tsarévitch à coups de baïonnette, lorsque celui-ci rampait vers son père, prétendait qu’il l’avait fait pour l’avenir de son propre fils, ce qui est complètement spécieux, mais qui répond à cette problématique. Les lendemains qui chantent, lorsqu’ils coûtent si chers, et les jeunes cadavres profanés du tsarévitch et de ses sœurs sont loin d’avoir été les seuls sur la route censée y mener, n’annoncent rien de bon à un chrétien lucide. Le bonheur à venir fondé sur les massacres du présent ressemble trop à une supercherie, du genre pacte avec le diable : tu ne reçois rien, et tu perds tout.
Ce qui ne veut pas dire qu’il faut tout accepter et ne pas tenter d’améliorer, réparer  ou défendre ce qui peut l'être, comme on l’a d’ailleurs toujours fait d’une manière ou d’une autre, sans recourir aux bouleversements radicaux menés par des aventuriers, la plupart du temps soutenus et financés par des ennemis extérieurs.
Le chrétien auquel le patriarche s’adresse sait que nous sommes sur terre avec un destin spirituel, une âme qui quittera ce monde plus ou moins préparée à ce qu’elle ira rejoindre, et que cela compte plus que tout le reste.
Le problème de cette homélie est peut-être de n’avoir pas nuancé certains points pour prévenir les interprétations qui pourraient en être données.
Reste qu’effectivement, pourquoi mettre sur le dos des seuls Russes, comme il convient au discours officiel exigé de manière quasiment internationale, les péchés de la révolution et l’horrible exécution à laquelle un seul Russe a pris part effectivement ?
Pourquoi ne pas dire qui étaient les commanditaires et les bourreaux, pourquoi ne pas les nommer ?
Poser la question est sans doute déjà y répondre. Encore qu'il ne m'appartient pas de juger, en l'occurrence. Mais la pratique qui consiste à faire des Russes les boucs émissaires de l'URSS n'a que trop duré.
Où s'arrêtent la prudence et la diplomatie, où commencent la compromission et la lâcheté? Encore une fois, cela n'est pas à moi d'en juger. On a accusé les patriarches de l'époque soviétique de compromission, l'Eglise a été sur le point de disparaître, car contrairement à tous les gouvernements précédents, ce pouvoir ne reculait devant rien, il n'avait rien de sacré. Je considérais le patriarche grec Bartholomée comme un oecuméniste à tendance carrément uniate susceptible de toutes les trahisons, et mon père spirituel le tient pour un fin diplomate dans une situation très compliquée.
Un ami m'a dit que le patriarche, comme tout un chacun, était faillible, ce sont les catholiques qui ont un pape infaillible. En dehors de Iouri Tkatchev, à propos de la tragédie d'Ekaterinbourg, je vois toutes sortes de gens l'accuser de tous les péchés et de tous les maux, cracher sur l'Eglise et sur ses prêtres, même parmi les orthodoxes, du moins par le baptême... J'ai récemment demandé à l'un de ces contempteurs du clergé s'il connaissait beaucoup d'exemples concrets de ce qu'il avançait, et j'ai vu qu'il avait finalement du mal à en produire. Il fut un temps où me choquaient non les "popes en Mercedes" (j'en ai connu un dans ma vie, sa Mercedes était vieille comme le monde, pourrie, branlante et il se démenait pour ses paroissiens), mais les Savonarole qui décourageaient les gens par une attitude intransigeante. Etant donné l'incroyable méchanceté de tous ces commentaires, j'en conclus que selon l'aphorisme de je ne sais plus quel starets, les mouches vont spontanément vers la merde et les abeilles spontanément vers les fleurs.
Je me suis rendu compte, le jour où un prêtre à qui je ne pouvais rien reprocher m'a demandé pardon des péchés de ses confrères, quand je lui confessai mes doutes et mes indignations, que l'Eglise est Une, l'humain est Un, l'Eglise est le Corps du Christ qui est venu appeler non les justes, mais les pécheurs à la pénitence. De sorte qu'on ne peut dire: "ah j'aime Dieu mais pas l'Eglise, ah je crois en Dieu mais je méprise les popes". Car l'Eglise est une communauté, une sorte de ruche dont le Christ est la reine.A certains endroits de cette communauté, on est presque au ciel, à d'autres on touche à l'enfer, mais notre affaire, c'est notre coeur. C'est ce qu'explique le starets Zosime dans les Frères Karamazov avec sa métaphore de la goutte dans l'océan, si chaque goutte se purifie, c'est l'ensemble qui est purifié.
Pour ce qui est du soutien de l'Eglise au gouvernement, dans lequel siègent pas mal de coquins, d'anciens apparatchiks qui se lèvent pour applaudir des Américains mais pas pour la mémoire de la famille impériale, là aussi, pressentant toute la complexité de la situation, je vais me montrer réservée. Je suppose que l'Eglise ne va pas soutenir les communistes qui l'ont persécutée, ni des ultralibéraux tendance néotrotskiste qui lui veulent la peau, et qu'elle n'a pas envie de voir s'installer des situations du type de l'Ukraine. Le père spirituel du patriarche est le très vénéré starets Elie. Quand à Poutine, dont je devine qu'il se bat, comme dit le Saker, une main attachée dans le dos, je lui accorde le crédit d'être reçu à Valaam, et le mont Athos l'avait pratiquement intronisé. Mon parti est pour l'instant de faire confiance au starets Elie, à Valaam et au mont Athos.
Comme le dit le proverbe russe "Celui qui ne reconnaît pas l'Eglise pour sa mère, Dieu n'est pas son Père". C'est à cela que je m'en tiens.



vendredi 20 juillet 2018

Un temps pour les taons

Il fait orageux et comme je l'avais déjà remarqué à la datcha, la deuxième moitié de juillet est l'apanage des taons. Un vrai cauchemar, je préfère les moustiques. Les moustiques n'aiment ni le vent, ni le soleil, les taons s'en foutent. Il est vrai qu'en revanche, ils ne s'attaquent qu'au individus debout, en train de s'agiter et qui transpirent, c'est comme cela qu'ils les repèrent. donc couchée dans le hamac, j'ai la paix, seulement le temps orageux fait que le hamac est détrempé. Et puis j'aurais beaucoup de travail à faire dehors, que je ne fais pas, parce qu'à la différence de la piqûre de moustique, dont l'irritation passe assez vite, celle de la piqûre de taon dure des jours et des jours (chez moi), et souvent elle s'infecte. Une fois, j'ai eu des résurgences de démangeaisons pendant plusieurs mois!
Je me suis quand même décidée à aller faire une récolte de cassis. Il me faudra les tailler, car ils ne donnent pas beaucoup, on les taille, dans ces cas-là? Mais ils ont donné plus que je ne le pensais, pas assez pour des confitures, mais assez pour manger ce soir et congeler l'autre partie, les confitures c'est plein de sucre.
Pendant que je ramassais mes cassis, il tombait des gouttes à travers le vent tiède, et cela me rappelait l'église, quand le prêtre nous arrose copieusement d'eau bénite dans une atmosphère surchauffée. 
Puis j'ai voulu désherber et là quelque chose m'a piquée, si c'est un taon, alors là, c'est une espèce nouvelle, encore plus toxique que la précédente. Douleur aiguë, brûlures, démangeaisons. Je me suis hâtée de mettre de l'essence de lavandin, et j'ai pris un antihistaminique, mais on dirait que mes parades françaises sont sans effet sous ces latitudes...
Les Russes mettent des feuilles de cassis dans leur thé, moi aussi, c'est délicieux.
J'ai dû refaire partiellement ma façade, car on m'avait fixé les planches avec de petits clous, comme à l'intérieur, et elles se décollaient déjà. Il a donc fallu les visser puis repeindre et la peinture s'en allait déjà, j'ai mis de la peinture de bonne qualité. C'est presque le même ton, mais en plus joli.
Je me heurte sans arrêt à ma malédiction: des types qui me font le coup de la sympathie, et qui travaillent mal pour un prix gonflé. Le patron du café m'a dit qu'on en était tous là, mais je crois qu'il est un peu comme moi, trop gentil. Cependant, la mentalité de ceux qui me grugent m'est si étrangère que j'ai du mal à me défendre, car il me faudrait aller sur un terrain qui ne m'est vraiment pas familier. Je pense sans arrêt à un arrière-arrière-grand-père Chanterperdrix, le mari de l'arrière-arrière-grand-mère Caroline, qui répétait à ceux qui l'en blâmaient: "J'aime mieux qu'on dise j'ai roulé Chanteperdrix que Chanteperdrix m'a roulé"
J'ajouterais aussi à la russe: "Que Dieu leur soit juge".
J'en ai profité pour refaire l'escalier, qui était très casse-gueule.

Le nouvel escalier


J'aime beaucoup cette hémérocalle, quand la plante va grossir,
l'effet sera joli sur le fond de la palissade

mercredi 18 juillet 2018

Natalia Poklonskaïa, l'étendard de la sainte Russie


Natalia Poklonskaïa, qui fut la Jeannne d’Arc de la cause de la Crimée et du Donbass, éveille les sarcasmes depuis qu’elle s’obstine à célébrer le souvenir du tsar Nicolas. Hier, elle a demandé aux députés de se lever pour observer une minute de silence en mémoire de la famille impériale, on lui a répondu que c’était interdit par le règlement.
Ces mêmes députés, en dépit du règlement, s’étaient spontanément levés comme un seul homme (à l’exception de Poklonskaïa) pour applaudir une délégation américaine venue discrètement et de façon impromptue, alors que la Russie est en butte aux persécutions économiques et aux calomnies de cette même Amérique qui finance et arme l’extermination de la population russophone du Donbass.
Je vois dans cet événement la confirmation de mon opinion sur le capitalisme et le communisme, et le libéralisme, et le nazisme, et tous les « ismes » de nos deux derniers siècles : plusieurs têtes sur un seul serpent. Car tous ces députés sont en majorité d’anciens apparatchiks du pouvoir précédent, tout comme leurs fonctionnaires, et ils fondent d’enthousiasme devant l’Amérique et l’Occident, tout en méprisant le tsar et sa famille assassinés qui incarnent la sainte Russie, c’est-à-dire CQFD, qu’à l’instar des bolcheviques, ils méprisent et même détestent, la sainte Russie. On en arrive donc à la constatation que libéraux et néostaliniens, communistes et trotskistes ont tous un dénominateur commun : ils détestent la sainte Russie.
Or la sainte Russie, c’est la Russie, c'est plusieurs siècles de Russie, sa formation, sa culture, son mode de vie, son originalité, un pouvoir fondé sur la détestation de la Russie ne peut être appelé russe, et d’ailleurs, il ne le voulait surtout pas, il se disait soviétique, le patriotisme russe était devenu un péché mortel, on faisait à l’échelle de l’ancien empire des tsars ce qu’on se propose de faire maintenant à l’échelle mondiale : priver les gens de leur mémoire, de leur culture locale, de leur identité pour créer un « homme nouveau » qui convienne à une poignée d’intellectuels sadiques, ou à présent, en Europe, en important le maximum d’allogènes hostiles,  une « nouvelle race métissée », administrée comme du bétail par une caste supranationale  immaculée qui, elle, ne se mélange pas. Les députés de la Douma ont montré de quel côté ils se situaient, car bien entendu, eux n’ont plus aucun lien charnel, culturel et spirituel avec cette entité qu’on appelle la Russie, ils la détestent instinctivement, raison pour laquelle sans doute, dès qu’un retour aux traditions se manifeste, le « ministre de la Culture » ferme le centre de folklore, qui marchait très bien, trop bien.
L’URSS fut donc porteuse de cette idéologie, mais depuis qu’elle s’était russifiée, congelée et que le golem manifestait, dans l’accumulation de ses tissus morts, des repousses incongrues de sentiment national réel, des survivances de valeurs humaines et spirituelles archaïques, on s’est mis à la haïr, à l’intérieur comme à l’extérieur, avec la même fureur qu’autrefois le tsar, les cosaques, les paysans et leur folklore, l’Eglise orthodoxe, les coupoles dorées et tout ce fatras poétique qui n’avait rien à faire dans un monde progressiste, productif et efficace. On s’est mis chez les libéraux à en exhiber les crimes, si longtemps cachés et minimisés, ou justifiés, tandis que chez les malheureux communistes laissés sur le bord du chemin, on accusait l’Eglise de tous les péchés de la terre, parce qu’elle alignait ses innombrables martyrs, et ne voulait pas en démordre, et l’on criait au mensonge, en proclamant, devant la traîtrise des libéraux( généralement d’anciens apparatchiks ou leurs descendants) que les milliers de gens sacrifiés sur l’autel du progrès et de l’avenir radieux avaient mérité leur sort.
Quand on aime la Russie, je dis bien la RUSSIE, il est évident qu’on ne peut être ni d’un côté ni de l’autre.  De même que lorsqu’on aime la France, on ne peut pas être républicain. Surout de nos jours, au vu des résultats. J’aime la Russie, je n’ai jamais aimé l’URSS, ce pays synthétique qui offre à mes yeux assez peu de charme, qui  a détruit un patrimoine unique par sa beauté et son originalité au nom des cages en béton et des meubles en contreplaqué poli,  et qui a causé le malheur de milliers de ces  Russes qui s’obstinaient à rester russes plutôt que de devenir « soviétiques ».
Les soviétiques, qui peuvent être, par les vertus de la génétique et de l'imprégnation culturelle, un peu ou beaucoup russes quand même, et parfois sympas, et puis ceux qui sont restés sur le carreau, avec leur drapeau rouge, étaient naturellement les plus naïfs et les moins pourris, ont effectivement perdu leur pays dans l’affaire. Ceux dont l’histoire commence en 1917, comme chez nous les instits de gauche, dont l’histoire commence en 1789. L’histoire de leur patrie a commencé en 1917 et elle s’est achevée en 1985. Les déprédations culturelles et la guerre sans merci, sous dénomination de lutte des classes, qui fut faite aux anciens occupants de l’espace russe par l’URSS sont, à la lueur de cette découverte, tout à fait compréhensibles : appartenant à un nouveau pays et une nouvelle espèce, tout ce qui rappelait l’ancien était insupportable et devait être détruit. Le phénomène se poursuit avec les libéraux qui applaudissent les Américains et qui détestent « ce pays » : bouleverser les ossements antérieurs à l’illumination du progrès, construire sur les cimetières, raser les vieux quartiers, promouvoir la « culture » internationale (européenne classique ou massivement américanoïde) au détriment de la sienne, tout cela prend son sens.
La Russie, elle, a commencé on ne sait quand, sans doute avec les Scythes, et se poursuit encore aujourd’hui, comme elle peut, je l’ai retrouvée, et j’y tiens. Je pense que nous sommes désormais tous condamnés, mais c’est avec la Russie que je me tiendrai dans le naufrage, pas avec l’URSS. De même que mon cœur reste avec la France, pas avec la République française maçonnique, ni avec l’UE.
Car la France elle-même, sur un temps plus long, a connu le même processus. Ceux qui ont été élevés dans la détestation de leurs racines, de leurs ancêtres, du "moyen âge", des "religions", des "moeurs patriarcales" se foutent éperdument qu'on détruise une cathédrale ou que leur gouvernement livre leur pays à n'importe qui. Leur France est née en 1789. Et dans les musées, ils traversent en courant toutes les salles où les collections sont antérieures à cette date: leur culture commence avec Zola et l'impressionnisme, tout ce qu'il y avait auparavant est ténèbres (j'ai vu cela de mes yeux!). 
Les ténèbres qui les attendent dans le monde qu'ils ont enfanté seront autrement plus épaisses que celles du "moyen âge obscurantiste"...


mardi 17 juillet 2018

Sainte Russie, garde la foi orthodoxe...

L'office à la mémoire de la famille impériale avait lieu dans l'église neuve du Signe, construite par le marchand de vins et spiritueux à la place de son magasin, qui occupait celle de l'ancienne église. Elle est très jolie. La première fois, les dorures de l'iconostase m'avaient choquée, cette fois-ci, j'ai trouvé que c'était assez harmonieux et les icônes sont belles, le choeur tout à fait décent.
Avec le recteur officiait le prêtre de l'église de la Protection de la Mère de Dieu, le père Alexandre.
En entrant dans les lieux, j'ai tout de suite vu une grande icône du tsar Nicolas. J'étais émue, je pensais à ces gens, à leur air digne, honnête, sensible et raffiné, à leurs jeunes filles ravissantes, au petit garçon malade plein de bonté et de noblesse, à leurs serviteurs fidèles, au docteur Botkine... A tous ces gens massacrés par des gnomes qui ont achevé cet enfant, alors qu'il rampait pour rejoindre son père, et la princesse Anastasia, à coups de baïonnettes, et qui les ont arrosés d'acide... Ne faut-il pas être un parfait démon pour traiter ainsi de telles personnes, pour inonder d'acide de tels visages?
Mais à propos de visages, à moins d'être soi-même complètement égaré, il suffit de les comparer avec ceux de leurs bourreaux, des leaders bolcheviques qui ont confisqué le pouvoir pour comprendre à qui on avait affaire.
Cependant, dans les fils de commentaires russes apparaissent toujours les imprécations vibrantes de haine de mutants soviétiques qui justifient ce crime et ceux qui ont suivi et considèrent l'opposant politique comme un ennemi personnel. Ils sont extrêmement agressifs. Sectateurs de bolcheviques russophobes acharnés à détruire tout ce qui était russe, ils appellent Nicolas le Sanglant cet homme civilisé, humain, sensible et plein de bonne volonté qui a commis l'erreur d'entrer dans la guerre de 14 pour respecter sa parole...
Les massacres soviétiques, les famine organisées, l'esclavage d'état que fut le Goulag ne sont sans doute que des détails. Il est vrai qu'ils les nient, ou plus grave, les justifient: des ennemis du peuple... Mais le peuple, à mes yeux, ce sont tous ces gens sur la tombe desquels ils crachent et de nos jours, ceux qui avec lesquels je prie...
Il semble que cet office nocturne ait été accompli à travers toute la Russie, car c'est au milieu de la nuit qu'on a tué la famille impériale. Sur Pereslavl, il avait lieu à trois endroits.Les prêtres étaient vêtus de rouge comme pour l'office de Pâques. Ils ont lu l'évangile de Jean:
Ce que je vous commande est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui; mais parce que vous n'êtes point du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, c'est pour cela que le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont gardé mes paroles, ils garderont aussi les vôtres. Mais ils vous feront tous ces mauvais traitements à cause de mon nom; parce qu'ils ne connaissent point celui qui m'a envoyé. Si je n'étais point venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient point le péché qu'ils ont; mais maintenant, ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père. Celui qui me hait, hait aussi mon Père.
Avant la communion, le choeur a chanté: "sainte Russie, garde la foi orthodoxe". A la fin, nous avons tourné autour de l'église en procession, en nous arrêtant aux quatre côtés, avec aspersion d'eau bénite. J'en ai pris une giclée en pleine figure, les prêtres adorent arroser leurs fidèles, et les fidèles ne sont pas contents, s'ils ne le sont pas copieusement. Puis on a lu l'évangile de Matthieu:
Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres; mais gardez-vous bien de vous troubler, car il faut que ces choses arrivent, mais ce ne sera pas encore la fin. Car on verra se soulever peuple contre peuple et royaume contre royaume; il y aura des pestes, des famines et des tremblements de terre en divers lieu. Et toutes ces choses ne seront que le commencement des douleurs. Alors on vous livrera aux magistrats pour être tourmentés, et on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. En ce même temps, plusieurs trouveront des occasions de scandale et de chute, se trahiront, et se haïront les uns les autres. Il s'élèvera un grand nombre de faux prophètes, qui séduiront beaucoup de personnes. Et parce que l'iniquité sera accrue, la charité de plusieurs se refroidira. Mais celui-là sera sauvé qui persévérera jusqu'à la fin. 
Le vent était très doux, je distinguais des étoiles, ce n'était pas Solan par nuit de mistral mais quand même, il y en avait.
l'icône du tsar
Je n'étais pas fatiguée, je n'avais pas sommeil et je ressentais une sorte de tristesse pleine de grâce. Que la mort du tsar soit liée à la venue des ténèbres et des derniers temps, je l'ai toujours senti, mais cela me paraissait encore plus évident. Le répit chrétien qui suivit la venue du Christ a pris fin avec le meurtre du roi anglais par Cromwell, puis celui du roi français par la franc maçonnerie et enfin l'assassinat du tsar russe par des intellectuels juifs enragés.
Comme j'étais avec Katia et qu'elle connaissait l'un des prêtres, nous avons été embarquées, après l'office, aux agapes qui suivaient. Cela m'a donné l'occasion de constater que le père Alexandre semblait pétillant d'intelligence et d'humour.
Un membre du choeur a chanté une abominable chansonnette cucul la praline à thème religieux, dans le style variété internationale. Ce fut mon seul moment de tristesse. J'avais envie de chanter un vers spirituel, mais je n'ai pas osé.
A part ce détail, tout était très chaleureux et touchant.
Je suis sortie de là à trois heures du matin, le jour se levait, il se lève encore très tôt. Arrivée chez moi, je n'avais toujours pas sommeil, et cette grâce m'accompagnait, comme si j'avais réellement rencontré la famille martyre, et constaté qu'elle était sainte et qu'elle me protégeait. Car je l'ai priée, je l'ai priée pour la sainte Russie, et pour moi, qui ai choisi d'y retourner et de partager son sort, comme la tsarine Alexandra et sa soeur, la grande duchesse Elizabeth, à laquelle le père Barsanuphe avait autrefois consacré tous ses convertis.
J'ai dormi un peu, et en ce jour anniversaire de l'affreux massacre, il faisait un de ces temps béni qui surviennent parfois ici: un vent tiède, beaucoup de lumière, une lumière spéciale, douce et omniprésente, j'ai jardiné un peu, avec toujours cette grâce au coeur, et quand cela arrive, c'est un signe, c'est une indication. Je me sentais participante de la dernière ligne droite de la grande Procession russe, que j'en sois ou non digne, par la grâce de l'amour que je porte à la sainte Russie.







lundi 16 juillet 2018

Le glas des martyrs

La France vue par les Russes, illustration de Maria Soutiaguina
Lorsque le Capital se prend un retour de vivre-ensemble en pleine poire. Il n'y pas de raison que ce soit uniquement les petits blancs qui en profitent.
Mais on s'en fout... on a gagné !
Ce n’est pas une civilisation qui se donne à voir dans un de ses moments de félicité et de communion, c’est le réensauvagement de l’espèce qui s’étale dans sa volupté vandale.
Les uns sont hébétés de malheur, d’avoir perdu leur patrie ; les autres hébétés de haine et de succès, de pouvoir la détruire et se l’approprier. Les industries de la Matière Humaine Indifférenciée et de l’homme remplaçable se frottent les mains, en songeant au profit. Plus l’époque est technique, plus l’espèce est barbare.

C'est ainsi que commente, citant Renaud Camus, Jean-Michel Gorsse, sur sa page Facebook intéressante et lucide, le déchaînement très prévisible de la "diversité" à la suite de la victoire à la coupe du monde de foot, d'une équipe africaine sous les couleurs françaises. 

Il ajoute encore:

Le multiculturalisme (et son corollaire, le droit à la différence) est une politique néocoloniale qui a échouée (il suffit de voir les Champs Elysées ce matin ou de repenser au Bataclan...)
Le système essaye de masquer ses échecs derrière une victoire sportive où des gladiateurs des temps modernes ont étés achetés à prix d'or, privant ainsi l'Afrique d'une victoire en coupe du monde. Le dopage a remplacé l'effort, l'argent remplace maintenant le dopage.
L'immigration est bien l'armée de réserve du capitalisme, elle est le droit à indifférenciation, à l'uniformisation au détriment des peuples et des cultures du monde.
Le racisme est la négation de la culture de l'autre, le néocolonialisme vit de cette indifférenciation. Le racisme est bien dans ce camps là !

"Hébétés de malheur d'avoir perdu leur patrie..." Enfin, pour ceux qui ne sont pas devenus apatrides sur leur propre sol et ne contribuent pas à sa livraison pure et simple avec paquet-cadeau...
Je trouve encore sur celle de Luna Delsol ce témoignage:
Dans le bourg à côté, 7 voitures incendiées hier soir en feu de joie stupide et irresponsable, dont celle d’un de mes vieux patients malade de pauvreté, et qui en pleurait à l’instant à mon Cabinet. Il ne pourra jamais s’en offrir une autre, avec les mesures du bellâtre poudré et mauvais comédien qui met la société en coupe réglée.
La victoire sportive pseudo-patriotique de la France aura engendré moult actes inciviques voire barbares. Faites le point , c’est général .
Ma voiture a juste été rayée sur toute la longueur sur ses deux portières.
Nous sommes en marche vers la France soumise comme un troupeau de moutons décérébrés.
Tout cela, j'y assiste de loin avec horreur, après l'avoir prévu depuis longtemps, il n'y avait d'ailleurs pas besoin d'être extra-lucide, seulement d'avoir un peu de bon sens. Contrairement à Cassandre, qui a subi la prise de Troie qu'elle avait prédite à ses compatriotes sourds et aveugles, j'ai émigré dans ma patrie de rechange, ma patrie spirituelle.
Cela me retourne pourtant les tripes de voir cela, même à distance, nos années 17 et 18 dont nous ne nous remettrons jamais. De voir sur une vidéo le traître de mélodrame qui nous sert de président proclamer en dansant sur notre tombe que "rien ne sera plus comme avant", tandis que des hordes de sarrasins scandent autour de lui qu'elles vont tout casser. Et c'est ce qu'elles font.  
Je vais ce soir à l'office nocturne à la mémoire du tsar et de sa famille, le sacrifice humain qui a inauguré l'affreux XX° siècle, brouillon de l'épouvantable XXI°.
Dans mon hamac, je pensais à cela, et aux morts qui me sont chers et dorment là bas. J'entendais sonner le glas, sans doute en hommage à la famille impériale, cette famille qui n'était pas de ce monde et qui conduit dans l'autre monde, la grande Procession russe....
Mes amis russes soutenaient tous cette équipe de France exotique et me félicitaient à qui mieux mieux, n'enregistrant même pas mes protestations, d'abord faibles, puis de plus en plus véhémentes, assorties de vidéos, montrant nos tatars-mongols déchaînés. Ils y tiennent à la jolie France d'Yves Montand, d'Edith Piaf, de Mireille Matthieu et de Joe Dassin! Pour leur coller dans la tête que réveillez-vous, les enfants, le Mordor nous a bouffés, les orques et les nazguls déferlent sur les Champs, ce n'est pas facile.
Evidemment, je m'en veux de leur faire de la peine, mais si les Français ont besoin de se réveiller, les Russes aussi: le paradis occidental n'est plus ce qu'il était, débrouillez-vous pour rendre vivable votre arche de Noé, il faut qu'elle tienne dans la tempête...
En attendant, il fait beau, un peu orageux, avec d'affreux taons russes. Ces bestioles raffolent des gens qui travaillent, et rappliquent dès que je m'agite, et ensuite, j'ai des bouffioles pendant des jours, c'est vraiment pire que les moustiques. En revanche, ils me fichent la paix si je suis en position horizontale...
J'ai fait un poème étendue sous le poirier (le meilleur endroit pour en écrire, ne me chantez pas les vertus du travail): 

Le glas des martyrs

O brûlantes verdures aux feux clairs jaillissants,
Aux reflets circulant sous la brise étendue,
J’écoute en reposant vos sourds chuchotements
Et vos incantations distantes et ténues.

Mon âme balbutiant des regrets éplorés
S’attarde en ce corps lourd que la vie charme encor
En jetant sous mes yeux ouverts tous ses trésors
Que jamais je n’ai su ni voulu mépriser.

L’enfant vivace en moi n’a pas pu se lasser
Des radieuses visions qu’offre à chaque moment
L’existence enivrée de sa propre beauté,
L’ombre avec la lumière enlacées s’embrassant.

Splendeur des fleurs brassées sous le grand ciel ébloui
Dont je lis en rêvant les pensées allusives,
Qui vont à petits pas errantes et furtives
D’est en ouest suivant des trajets infinis.

Sonne le glas doré de ses nouveaux martyrs
Sur le cœur ravagé de la sainte Russie.
Dans quel état serai-je au moment de partir
Quand l’archange viendra m’arracher à la vie ?

Le Seigneur mettra-t-il quand même à mon crédit
Le cœur bien défendu de ma solide enfance ?
L’enfance est le seul bien que j’ai gardé pour lui
Au fil trouble des pleurs avec grande constance…


la famille impériale



dimanche 15 juillet 2018

Le néotraditionnalisme de la jeunesse russe


A la suite d'une discussion que j'ai eue avec de jeunes amies inquiètes de voir les ravages des tablettes et autres ordinateurs sur le mental de leurs enfants, je leur ai sorti une fois de plus ma panacée: le folklore, et les divers endroits où on le transmet activement, le folklore et pas le n'importe quoi de mauvais goût qui en prend trop souvent la place et qui fait ricaner les ados à juste titre. Malheureusement, une de ces amies fréquente elle-même un club de ce type avec des "kalinka kalinka" et rien de spontané. Et aujourd'hui, je tombe sur cet article, diffusé par Dima Paramonov, le roi du gousli. A noter que l'évêque de Pereslavl, tout comme le prêtre qui prête ses locaux à Skountsev, considèrent le folklore comme une thérapie. Le fait de reprendre une tradition en l'adaptant, ce qui l'amène à évoluer, me paraît un signe encourageant de santé. Car la tradition est quelque chose qui évolue constamment, mais contrairement aux principes des sociétés-golem fabriquées par de brillants esprits à coups de réformes autoritaires, de façon organique et naturelle. Cela m'a rappelé certaines considérations sur la permaculture qui reprend des traditions agricoles d'autrefois en leur ajoutant des trouvailles contemporaines. A la différence que trop souvent, le retour à la terre en France s'accompagne de toutes sortes d'emprunts culturels exotiques, plutôt crever que de jouer de la vielle ou du biniou, ou si l'on en joue, c'est en méconnaissant et désavouant complètement l'esprit qui présidait à la pratique de cette musique...

Le néotraditionnalisme de la jeunesse russe  est 1) un processus d’utilisation de normes, de valeurs de la culture traditionnelle et leur adaptation aux conditions contemporaines, les plus consubstantielles à la jeunesse. Il s’avère précisément un mécanisme d’adaptation aux conditions contemporaines et non une simple reproduction des traditions, ce qui différencie le néotraditionnalisme du traditionnalisme ; 2) un processus d’observation par les jeunes de la tradition, possédant en même temps des caractéristiques au caractère nouveau. 3) un choix de pratiques sociales de la jeunesse, lié au recours aux formes traditionnelles de comportement et d’orientation morales, caractéristiques des modèles traditionnels de société.
Dans la science nationale, les phénomènes de néotraditionalisme, ainsi que les processus connexes de l'archaïsation et du traditionalisme, ont été couverts dans les travaux d'auteurs comme AI Arnold, AS Akhiézer, SI Artanovsky, NI Lapin, VG Fedotova, IG Iakovenko, A. Ya. Flier, AV Kostina, VA Achkasov, Yu. V. Popkov, EA Tyugashev, LD Gudkov, C. K. Lamazhaa, S. A. Madyukova, E. V. Nikolaeva et autres (Achkasov, 2004, Gudkov, 2002, Madyukova, Popkov, 2011, Nikolaeva, 2004, Lamajaa, 2013 et d'autres).
Les approches de l'étude du néotraditionalisme sont ambiguës. Ainsi, les chercheurs Yu. V. Popkov et S. A. Madyukova le représentent comme un double processus: d'une part, la reproduction continue de la tradition, et d'autre part - sa modification, l'adaptation aux conditions modernes. En conséquence, s’effectue non seulement la mise en œuvre du «modèle», mais la tradition se développe, grâce à l'incorporation de l'innovation. Ainsi, concluent les auteurs, est inhérent au néotraditionnalisme la dialectique de la stabilité et de la variabilité, qui se manifeste dans l'interdépendance des traditions et des innovations (Madyukova, Popkov, 2010).
Une autre approche du néotraditionnalisme comme processus d'utilisation des normes, des valeurs de la culture traditionnelle et de l'adaptation aux conditions modernes permet de distinguer différentes formes d'adaptation dans l'environnement des jeunes. L'analyse par les chercheurs des particularités de la vie ethnoculturelle en Russie centrale, la généralisation de certaines formes ont permis aux chercheurs d'identifier trois formes de manifestation du néotraditionalisme chez les jeunes de Russie (Lapshin, 2014).
Les premières formes identifiées de néotraditionalisme sont le folklore et l'ethnographie. Elles sont associées à la reproduction des traditions folkloriques de la culture ethnique russe qui, entre autres, se déroule de façon professionnelle, avec des objectifs éducatifs, visant à populariser la culture russe ou nationale en incorporant les traditions folkloriques dans la culture musicale contemporaine du pays et du monde. C'est le cas, par exemple, de l'Union russe du folklore, de divers ensembles musicaux folkloriques, d'associations créatives engagées dans l'organisation de festivals, etc. (Klyuchnikova, ressource électronique).
 La seconde forme de néotraditionnalisme est militaire et ethnographique. Nous parlons d'organisations impliquées dans la renaissance des traditions militaires nationales (elles sont particulièrement représentées à Moscou, dans les régions de Moscou et de Tver), qui ont commencé leurs activités au début des années 1990. Parmi celles-ci, par exemple, la tradition russe du combat à mains nues - système Golitzine:, Buz (Bazlov, 2006), système Kadochnikova (Kadochnikov, 2007), etc., qui est utilisé à des fins éducatives et pour le développement en général (Bazlov ressources électroniques.).du mouvement de culture physique dans le pays, des sports amateurs et professionnels. Dans ces organisations s’impliquent en premier lieu la jeunesse à qui sont transmises des traditions russes de combat originelles plutôt que la tradition empruntée des arts de combats orientaux ou occidentaux, avec leur transformation ultérieure.
La troisième forme de néotraditionalisme des jeunes est néo-païenne (surtout à Moscou, dans les régions de Moscou, Vladimir, Voronej, Ivanovo, Orel). Selon un certain nombre de spécialistes modernes de ce phénomène, le paganisme contemporain est le fruit de la recherche spirituelle d'une population en quête de son identité à travers les racines culturelles du peuple russe d’avant la période chrétienne (Seregin 2001, Shnirelman, 2001, Ardinger, 2006).
Ainsi, les formes du néotraditionalisme de la jeunesse de Russie sont interdépendantes, bien que l'isolement même de ces formes soit plutôt conditionnel. Certaines organisations sont plus solidement structurées idéologiquement, d'autres - moins; certaines ont plus de succès commercial, d'autres ne sont pas du tout destinées à faire des profits. L'accélération de la vie sociale, l'érosion des valeurs sociales dans le contexte de la mondialisation et l'occidentalisation des traditions de la culture populaire constituent non seulement une menace pour la culture elle-même, mais aussi pour la santé morale des jeunes générations. Le néotraditionnalisme des jeunes prend la forme d'une adaptation sociale aux conditions changeantes de la société, d'une forme de socialisation, d'une alternative à l'impact d'un certain nombre d'autres institutions sociales.
Lit:. Achkasov, VA (2004) La transformation des traditions et de la modernisation politique: le phénomène du traditionalisme russe // La philosophie et les valeurs sociales et politiques du conservatisme dans la conscience publique de la Russie (des origines à nos jours). Saint-Pétersbourg. S. 173-191; Bazlov, GN (2006) Combat à corps-à-corps russe Buza. M. 80 p .; Bazlov, GN Trostka Boy [Ressource électronique] // Buza russe. URL: http://www.buza.ru/text.php?cat_id=9&text_id=42 (date de diffusion: 19 juin 2015); Bazlov, GN Les principes et préceptes du prince Boris Vassilievitch Golitsynyna Timofeev enregistré Gregory Bazlovym [ressource électronique] http://www.russtil.ru/1files/books/Golotcin.pdf (date de référence: 04/12/2015 g). Bazlov, GN Le système du Prince Golitsyn [Ressource électronique] // Buza Russe. URL: http://www.buza.ru/text.php?cat_id=11&text_id=26 (date de référence: 14 juin 2015); Gudkov, LD (2002) Le néotraditionalisme russe et la résistance au changement // Le multiculturalisme et la transformation des sociétés post-soviétiques. M.S. 124-147. Kadochnikov, AA (2007) Russie main-à-main de combat dans le système des forces spéciales. Rostov n / D : Phoenix. 224 p.; Klyuchnikova, OA sur les tendances contemporaines mouvement populaire russe [ressource électronique] // http://www.folklore.ru/article/122-folklornoedvigenie .. (date de référence: 04.06.2015); Lamajaa, C.C. (2013) Archaïsme de la société. Le phénomène Tuva M .: Librocom. 272 p .; Lamazhaa, CK, Namlinskaya, O. (2013) Les modèles de mode russes et néo-archaïsme dans la modernisation // L'état actuel de la culture et de la société: caractéristiques et perspectives de développement de la Russie: samedi sci. articles / Moscou. Humanit. un-t. MS 99-103; Lapshin, V. (2014) Les formes de néo-: District fédéral du Nord-Ouest [ressource électronique] // Base de données de recherche « modèle russe de perturbation et neotraditsionalizatsii ». URL: http: //neoregion.ru/szfo.html PHPSESSID = 1ce91e1b3a572 ... (date de référence: 04.06.2015)? Lapshin, VA (2014) Néotraditionalisme en Russie centrale: Formes, mouvements, idéologie // Connaissance. Compréhension Capacité № 2. P. 102-108; Bows, VA, Pogorsky, EK, Tikhomirov, DA (2011) La politique de jeunesse de l'État: la pratique russe et internationale dans la mise en œuvre du potentiel d'innovation sociale des nouvelles générations // connaissances. Compréhension № 4. P. 231-236; Lukov, VA (2012) Théories de la jeunesse: analyse interdisciplinaire. M .: "Canon +" de l'ONG de réhabilitation. 528 p.; Madyukova, SA, Popkov, V. (2010) neotraditionalism socio-culturelle: jouer les traditions et la reproduction de l'ethnicité [ressource électronique] // Nouvelle recherche de Touva. 2. URL №: http://www.tuva.asia/journal/issue_6/1743-madyukova-p .. (date de référence: 14.06.2015); Madyukova, SA, Popkov, Yu. V. (2011) Le phénomène du néotraditionalisme socioculturel / ed. E. A. Tyugasheva. Saint-Pétersbourg. : Aletheia. 132 pp. Nikolaeva, EV (2004) néo-culture de la vie quotidienne: la version russe de la fin du XX siècle: l'auteur. dis. ... cand. culte M. 27 s .; Recensement panrusse de la population de 2010 T. 4. Composition nationale et compétences linguistiques, citoyenneté [Ressource électronique]. URL: http://www.gks.ru/free_doc/new_site/perepis2010/croc/ .. (date de référence: 20.11.2015); "Post-folklore" - folklore urbain russe moderne [Ressource électronique] // Magan.org.il. URL: http://madan.org.il/node/855 (date de référence: 4 juin 2015); Seregin, A. (2001) Vladimir Soloviev et la "nouvelle" conscience religieuse // Le Nouveau Monde. № 2. P. 134-148. Néopaganisme slave moderne (critique) [Ressource électronique] // Culture slave. URL: http://www.slavyanskaya-kultura.ru/slavic/jazychestvo .. (date de référence: 19.06.2015); Shnirel'man, VA (2001) Le néopaganisme dans les étendues de l'Eurasie. M .: Théologien biblique. in-t. 177 pp. Ardinger, V. (2006) païen chaque jour: trouver l'extraordinaire dans nos vies ordinaires. Livres Weiser.