Translate

mercredi 24 juillet 2024

Frénésie

 

La russification passe par la salaison des cornichons


Aujourd’hui, j’ai senti que nous basculions déjà vers l’automne. Nous passons sur le versant automnal de l’été, et c’est venu d’un seul coup. Il fait plus frais, avec du vent, les feuilles de la viorne aubier commencent à rougir, celles des cassissiers à durcir, la végétation n’a plus cette exubérance verte et coriace, elle se fatigue. Mes astilbes sont fanées, à part celles qui fleurissent plus tard que les autres. Et je vois pointer les boules d’or et toutes les fleurs d’automne. Les soirées raccourcissent.

J’ai récupéré Rita, au café. Elle ne m’a pas vue arriver, elle dormait près de Lika, et elle a levé la tête quand elle a entendu ma voix. Elle était très contente mais sans frénésie, et tant mieux pour son coeur. 

En fait, j’étais complètement malheureuse sans Rita et je redoute beaucoup sa fin qui va arriver dans les prochaines années. Je l’ai emmenée promener, j’ai pensé que ce serait bien pour nous deux, je suis énorme et elle a pas mal grossi depuis son opération. Mais elle déteste marcher, et le fait qu’elle ne veuille pas de la laisse n’est pas du tout pratique, je m’arrête sans arrêt pour voir où elle est. J’ai fini par la prendre dans mon sac-à-dos et elle a eu beaucoup de succès sur la plage municipale. Je suis allée sur l’espèce de jetée, on y a ménagé deux sièges de bois, et j’ai dessiné le lac, au pastel gras. Rita était couchée près de moi.

En chemin, j’ai vu les progrès de la laideur et du chaos dans le quartier. La plage n’a pas été mal arrangée, pour une fois, mais les maisons... Il en reste de très jolies, mais elles sont bien isolées, au milieu des architectures wokes venues de nulle part. Il y en a une qui est moderne mais que j’aime bien, elle est harmonieuse, elle a un style russe sans excès, seulement elle est flanquée d’une horreur mauve à qui il ne manque qu’une faveur rose géante pour ressembler à une boîte de savons bon marché comme on en donne quand on ne sait pas quoi offrir. Ailleurs, toujours dans la même tonalité, une isba s’est retrouvée flanquée d’un auvent en polycarbonate transparent fuschia qui, avec le soleil, jette des éclairages de discothèque sur la camionnette du propriétaire, c’est tellement moche que je ne trouve plus les mots pour décrire cela. Et puis j’ai croisé deux camions de terre brinquebalants, et encore un camion de transport, et j’ai vu qu’on construisait frénétiquement dans la zone humide qui borde le lac. Or le lac est un organisme, que tous ces imbéciles étouffent progressivement.

Ici, cela reste charmant et naturel, pour combien de temps?


J’ai vu que la Douma avait rejeté un projet de loi consistant à ne pas donner aux migrants fraîchement arrivés de « capital maternel », cette somme rondelette qui permet aux familles nombreuses de se loger plus facilement. C’est-à-dire que pendant que les soldats russes combattent pour la sauvegarde de leur pays et de leur culture, on leur prépare le Brésil à l’arrière. Apparemment, c’est comme chez nous, les « migrants » arrivent à vivre royalement de différents subsides, ce qui les encourage à venir en rangs serrés.

l'auvent en polycarbonate et la palissade en profnastyl...

Je trouvais que Dany exagérait quand elle me parlait des beaufs débraillés moscovites à tatouages et cheveux bleus ou roses, mais cette année, ils grouillent à Pereslavl, on se croirait à la Grande Motte. Dans le temps, je ne ressentais pas devant les Russes l’exaspération (et le chagrin) que m’inspirait la plèbe française estivale, je trouvais les Russes simples et touchants, mais sans doute que les Français l’étaient aussi, avant qu’on ne les pourrît et les abrutît. Je me demande si je ne devrais pas déménager chez le père Parthène, là où il y a peu de monde, beaucoup d’espace, de merveilleux paysages, de grands arbres, des hirondelles et des martinets, mais pas de moustiques et pas de touristes...

Les motos ont tourné toute la journée, et puis des engins vont et viennent dans le lointain, des camions passent avec fracas, on dirait que l’humanité devient folle, même ici, les gens sont pris d’une espèce de frénésie, ils circulent avec leur radio à tue-tête, dont émanent des hurlements de damnés sur des rythmes primitifs, ils ne peuvent plus exister sans cela, sans faire ou entendre du bruit, du vacarme, le silence les terrifie, et puis emmerder les autres est une sorte de revanche sur leur médiocrité. Cela commence à me faire peur, comme une espèce d'épouvantable phénomène métaphysique universel en cours d'évolution, et que personne ne peut arrêter, parce que trop de gens en sont désormais les complices plus ou moins conscients. Ce soir, en plus des Parisiens en cage et de leurs QR codes, des hommes politiques réfractaires mis en joue par des gangsters, on m'envoie, sur Telegram, cette nouvelle hallucinante et sinistre: 

Mais que se passe-t-il aux Etats-Unis ? Des militants radicaux ont infiltré le Watergate Hotel où séjourne Netanyahu et ont déclenché des alarmes incendie pour perturber sa nuit de repos avant son discours au Congrès. Ils ont même libéré des asticots et des grillons dans les zones réservées à la délégation israélienne, ajoutant une touche de chaos à leur protestation.

FBI, CIA, NSA etc, des agences payées des milliards de dollars, mais on peut s'approcher à 200 mètres avec un drone, un fusil, une échelle de Trump et pénétrer dans un hôtel avec asticots et grillons, où réside Netanyahu. C'est quoi le truc ?

https://t.me/trottasilvano/36001

Et pour finir, on s'attaque au mont Athos, et à ses derniers résistants, au nom de la chasse à la "mafia russe". On tombe sur les Grecs qui ont refusé les réformes douteuses de Constantinople, et sur les Russes, mais aussi sur les Serbes et les Bulgares. C'est l'assaut mondial des forces des ténèbres contre l'Orthodoxie.

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=pfbid0mQnn4wzpP5oUXGHpKVpKQEa1ZGLvxFJ4fBT8yRgpdpqvMXJZtm1Q1MgoEy9KZab3l&id=100009140182723&__cft__[0]=AZVd4kZO_fq-wFQGvFi_TAnwKbNu0uvGkwnk5B9tienink04CxuuXYUoScaEdUslwWc0U_xoSFSEb5274cQYgljJvaZrHWd8XZBD3RnGaZkWWUVkFKZN_e-fk-S5Lw7xYzTnItXfBNL2sXSxuwykjhurTQfQ8ATPOmgIvyLZgQvxyRlWtuzEYU8PARGipExls-E&__tn__=%2CO%2CP-y-R

https://vk.com/wall-118791961_148146 

Ca fait peur.

 


 

dimanche 21 juillet 2024

L'arbre de vie et les alouettes

 


Expédition au monastère Anastassov, près de l’ancienne petite ville d’Odoiev, dans la région de Toula. Je devais laisser ma voiture au garage près de Moscou, pour une remise en forme, puis dans la foulée, partir avec Oleg le journaliste, pour aller rejoindre l’higoumène de ce monastère, le père Parthène, qui m’avait invitée. 

Le paysage de la région de Toula me rappelait vaguement la France, par la douceur de ses collines, et ses essences d’arbres moins sévères et moins nordiques. Le monastère apparaît à flanc de coteau, sans horribles constructions tout autour. C’est la Russie éternelle, comme on l’imagine, d’autant plus que les bâtiments sont dans le style du XVI° siècle, bien que récents, pour la plupart, le monastère ayant été presque complètement détruit, mais l’higoumène Parthène était architecte, et il a bien travaillé, sans incohérences ni fautes de goût.

Je me suis retrouvée dans cet endroit absolument silencieux, sans aucun moustique, devant un paysage intact, avec des arbres magnifiques, des ormes, des pins, et le cri des martinets dans l’air du soir. Au dessus de la petite rivière, des collines, des brumes qui les recouvraient partiellement se levait une énorme lune dorée. Je ne sais pas pourquoi, la  lune me paraît toujours beaucoup plus grosse en Russie qu’en France. « On dirait un tableau de Vroubel ou un dessin de Bilibine », dis-je à l’higoumène.




Le père Parthène nous a reçus à dîner, il voulait absolument me gaver de sucreries, qui me sont défendues. « Cela fait dix ans que j’ai du diabète, je mange sucré quand même, et je suis bien vivant ! » Il a ensuite joué de l’accordéon, et il en a prêté un à Oleg, sur lequel était écrit « Ukraine ». « C’est un trophée de guerre, nous dit-il. J’ai reçu il y a quelques temps des Wagner qui l’avaient récupéré au front, et me l’ont donné ».

Le père Parthène est chaleureux, intelligent, plein d’humour et très malin. « Vous êtes un petit rusé, père, observai-je, en riant.

- C’est pour cela que je suis higoumène ! Vous connaissez l’anecdote ? Deux higoumènes échangent des nouvelles de leurs monastères respectifs. « Ca va, toi ?

- Oh nous avons eu cete année trois grands malheurs : la mort d’une vache, l’incendie d’un bâtiment, et la visite de l’évêque ! »




L’higoumène Parthène était si content de ma visite qu’il m’a fait cadeau d’une magnifique petite icône sculptée ancienne de saint Nil le Stylite, à ne pas confondre avec saint Nil de la Sora. Il m’a dit que son film sur moi était meilleur que celui de Victor le Blogueur, car j’y étais beaucoup mieux filmée, par les soins d’Oleg, ce qui n’est pas faux. Il me passait au téléphone des gens qui l’appelaient pour m’exprimer leur enthousiasme à l’issue de cette émission.


Le lendemain, je suis allée aux matines, dans l’église principale, dont l’intérieur est digne de l’extérieur, simple et beau. Du haut de la galerie extérieure, je contemplais une brumeuse gloire matinale traversée par les hirondelles et les martinets, pareils à de petits anges lestes et affairés. Après les matines, ne voyant pas arriver la liturgie, mais l’heure du départ prévu pour le festival du jouet de Filimonovo, je regagnai ma chambre et appelai Gleb. On m’attendait pour le petit-déjeûner « français », qui n’avait rien de français, concombres, tomates du jardin, fromage blanc et lait du monastère. Outre la visite du festival et des musées du jouet en terre et de la broderie, nous devions écouter le concert des « Petites alouettes d’Odoiev », un ensemble folklorique de fillettes, patronné par notre higoumène Parthène.

Il faisait dans le centre-ville une chaleur terrible, et il y régnait une ambiance de kermesse, avec le vacarme correspondant. Le père Parthène voulait tout me montrer, me présenter tout le monde et m’offrir tout ce qui me tombait sous les yeux. Gleb n’arrêtait pas de parler, et il avait ses idées, lui aussi. Je cherchais une amie, Lisa, qui collectionne les jouets en terre depuis son enfance. Les stands étaient loin de proposer tous des jouets authentiques, il y avait malheureusement pléthore de kitscheries dégoûtantes, mais je suis tombée sur deux vieux, le frère et la soeur, qui avaient poursuivi sans pouvoir la transmettre la tradition familiale, et j’ai acheté un magnifique « arbre de vie » très poétique et très symbolique qui me rappelait mon « vers spirituel »  préféré :

 


Au milieu du paradis

L’arbre croit et resplendit.

Les feuilles en sont de satin

Les pommes de l’or le plus fin

Et les oiseaux séraphins

Chantent pour les chérubins.

 

Le programme musical continuait à nous bétonner les oreilles d’un boum-boum constant avec des variations pseudo-folkloriques à la surface, ou du sirop patriotoïde. J’attendais les « petites alouettes » avec impatience pour quitter cet endroit surchauffé, et j’ai pu constater qu’elles étaient largement les meilleures. Habillées de costumes simples et authentiques, et non déguisées en poupées russes et en matriochkas, elles chantaient et dansaient du vrai folklore avec un naturel délicieux et si rafraichissant, sur le fond de toutes ces grimaces et de tout ce toc ! Je les ai chaleureusement félicitées, et elles étaient ravies, car elles avaient vu l’émission du père Parthène, l’une d’elles m’a quand même demandé si j’étais une Française réelle.


De retour au monastère, déjeuner, et puis le père Parthène voulait à nouveau me filmer et m’interroger, notemment sur « Parthène le Fou », dont le titre l’avait frappé, forcément, et dont je venais de lui offrir un exemplaire. J’étais absolument épuisée par mon périple et la chaleur, et me suis aperçue que ce n'était pas seulement le pseudonyme que partageait l'higoumène avec Ivan le Terrible, mais l'art russe d'amener les gens à faire ce qu'ils n'avaient pas du tout l'intention de faire au départ!

Enfin Lisa est passée me prendre, avec trois copines, dont l’une avait exigé un détour de cent kiomètres pour aller à Toula dans un magasin qui, seul en Russie sans doute, vendait un alcool particulier. Sur le chemin du retour, elle me racontait sa vie dans la région de Tver, où elle s’est installée avec son compagnon, et sa chienne des Pyrénées. C’est une femme d’une rare énergie, rien ne lui fait peur, elle a toutes sortes d’activités de couture et de modelage, plus l’élevage des poules, mais depuis qu’elle est en ménage, elle ne travaille plus pour gagner sa croûte. « La voilà, la vraie libération de la femme !  m’exclamai-je.

- Le travail, me répond-elle, c’est l’horreur. »

Elle m’a laissée chez Macha, la fille de mon père spirituel, à Peredelkino, après plus de trois heures de voiture. Il me restait à récupérer ma Logan le lendemain et à rentrer chez moi. Son fils Marc, qui a onze ans, lui a déclaré pendant qu’elle me montrait ma chambre : «J’espère que dans son blog, elle écrira que je suis le meilleur ! »

De retour à Pereslavl, j'ai trouvé presque autant de vacarme et d'agitation que dans la rue principale d'Odoïev. Le bricoleur sciait, les jeunes débiles pétaradaient, le café français était pris d'assaut, et Lika n'avait pas pensé à amener Rita!






jeudi 18 juillet 2024

Pas avec eux.

 

 
 Victor le Blogueur m’a dit que j’avais dépassé les cent mille vues sur Youtube, dommage que je n’ai pas dépassé les cent mille ventes sur Ozon ! Les gens exigent que je donne un concert, mais ils ne se précipitent pas pour me lire. Sur Amazon, où je suis allée parce que j’ai acheté une liseuse électronique, on m’a laissé il y a fort longtemps une appréciation de Yarilo magnifique, circonstanciée et profonde, et j’ai vu qu’il s’agissait d’Henri, que je n’avais pas remercié, car je ne l’avais pas vue, je n’allais plus jamais sur Amazon. Le peu d’appréciations que j’ai sont bonnes, mais ce n’est pas pour cela que les gens achètent...

Je vais me baigner tous les matins et, en quelques jours, je me suis rendu compte que je montais l’échelle du ponton comme une jeune fille, sans y penser, alors que j’avais de la peine à me soulever il y a encore une semaines, et même chose pour sortir de mon hamac... Ce n’est donc pas tant la vieillesse qui est en cause que le ramollissement. Ces séances de natation sous les nuages, parmi les canards et les nénuphars jaunes sont un vrai bain de jouvence et une puissante consolation pour l’âme. Je nage, et les feuillages des saules écument au dessus de ma tête, les nuages passent, se déploient, s’effilochent, les hirondelles filent, happant les saloperies qui se ruent sur moi quand je sors de l’eau.

Le bruit est de plus en plus incessant. Outre les divers outils dont le son vrille les nerfs, il y a les camions que les GPS envoient de notre côté, les horribles pétrolettes de tous les petits choléras, les pelleteuses, cela n’arrête pas. Ils lotissent tout, construisent partout. Et il y aura bien évidemment de plus en plus de circulation, de radios, de vacarme. J’ai vu qu’on vendait un grand morceau de nature dans le marécage, au dessous du monastère saint Nicétas, si j’étais plus riche, je l’achèterais, pour empêcher qu’on y construise quoi que ce soit. C’est un véritable massacre, ils ne pensent qu’au fric, aux Moscovites qui viendront bâtir leurs boîtes d’allumettes plastifiées aux berges sacrées de ce lac épique. 

Les gens se plaignent beaucoup de l’immigration asiatique musulmane excessive, des exactions commises par des barbares barbus, à côté de ce qui se passe en France, je dirais que ce n’est pas encore si tragique mais quand même, et visiblement, la population réagit avec plus de vigueur, il se crée des communautés, pour défendre les autochtones, et pas seulement contre les brutalités des allochtones, mais aussi contre les débordements des bandits ou fonctionnaires locaux. Ces communautés viennent aussi en aide à leurs membres dans la détresse, elles ont une cagnotte alimentée par les dons des adhérents. Il y a aussi échange de services, propositions de travail. Et aide humanitaire aux populations impactées par la guerre, aux soldats. Sur ce fond, j’apprends dans RT, que l’on fait massivement venir en Russie des Africains pour leur offrir du travail. On veut limiter, soi-disant l’immigration asiatique mais on commence à déverser ici toute l’Afrique, comme chez nous, selon le principe de l’extermination sournoise des chrétiens blancs cher au mondialisme. Qui est ce «on » qui nous médite cela, alors même qu’on envoie mourir au front la fleur de la jeunesse pour défendre la Russie et le monde russe ? Moi, j’aime les Russes et la Russie tels qu’ils sont, je n'ai pas envie de les voir noircir dans une espèce de Brésil ou de Seine-saint-Denis, ni de voir des blacks impudentes déclarer à la télé qu’elles sont ici chez elles, et que les autochtones mécontents n’ont qu’à partir, ou se réjouir bruyemment que leur municipalité ait triché aux élections pour "faire barrage". Que viennent ici des étudiants et des séminaristes, à la rigueur, mais le remplacement de population, personnellement, j’ai vu ce que cela donne, merci. Car si la Russie tombe dans ce scénario, nous n’aurons plus nulle part où aller. Je vois tous les jours des photos de jeunes soldats russes morts au front, des garçons avec de beaux visages purs, la fleur du pays, pas du tout ceux qui se traînent débraillés et tatoués, cramponnés à leurs tablettes ou juchés sur leurs pétrolettes et leurs squads. Cela me rend malade, je pense à leurs parents, à leurs fiancées, au Fédia de Katia. On a passé sur tous les sites Telegram une vidéo atroce de sévices fantasmagoriques infligés par les Ukrainiens aux Russes prisonniers, et j’ai préféré ne pas regarder, mais je crois que c’est insoutenable. Et pendant ce temps-là, on déverse toute l’Afrique et toute l’Asie à l’arrière ? Ca ne va pas la tête ? On ne pourrait pas commencer par les Russes coincés dans les ex-républiques baltes ou musulmanes, ou par les Européens qui vont se retrouver bientôt commes les Boers ? Délivrés de notre présence, ils n'ont pas envie de travailler chez eux, ces Africains? Il leur faut toujours un tonton blanc, si pas français, alors russe?

Du coup, je suis entrée dans la communauté « le nord russe ». Et merde.

Parallèlement, dixit Igor Drouz, un intellectuel d’origine juive soi-disant orthodoxe et patriote, ce doit être une espèce de Zemmour, a fait un article dans Tsargard prônant la solution finale palestinienne pour les Ukraniens, le massacre systématique de tout ce qui bouge, et cela est cité abondemment par les occidentaux ravis, bien que Tsargard ait supprimé cette prose nauséabonde. Ce n’est pourtant ni russe ni orthodoxe, comme démarche, la tête du journaliste non plus, d’ailleurs, d’où sort-il, celui-là ? Qui est derrière ? Il y a tant de fourberie et de vilenie à l’oeuvre partout qu’on a bien du mal, parfois, à garder le moral. Et pourtant, il se passe aussi au front des choses lumineuses, des conversions éclatantes, des exploits spirituels, des miracles, et c’est ce qui démontre que le combat passe au dessus des protagonistes politiques et des trahisons, le combat est métaphysique ; et ce qui est sûr à mes yeux, c’est que Dieu ne PEUT PAS ETRE AVEC EUX, avec ceux d’en face, même si nous ne sommes pas toujours dignes qu’Il soit avec nous.

J'ai infiniment honte d'avoir loupé toute une série de fêtes, le transfert à Moscou des reliques du métropolite Philippe, le martyr de la famille impériale... Comme il est significatif que l'horrible époque où nous vivons toujours, et même de plus en plus, ait commencé par le sacrifice humain de ces gens dignes, nobles et beaux, l'incarnation même de l'idéal chrétien, par d'infects gnomes!



samedi 13 juillet 2024

Insolation

 


Hier soir, des gens sont arrivés de Suisse, Myriam, son mari et son amie Eliane. Des lecteurs de Slobodan Despot et de son Antipresse, des amis de Jean-Marc Bovy qui m’envoyait une bouteille de vin et que je remercie. Ils m’avaient apporté aussi du chocolat Lindt, auquel je n’ai plus le droit de toucher, et du fromage. Ils voulaient voir de leurs yeux ce qui se passe ici, et dans le même esprit, Myriam est allée déjà cinq fois en Syrie où elle a trouvé une toute autre réalité que celle qui est présentée par les médias aux ordres. Ils voulaient aller avec moi au restaurant, je les ai emmenés aux « Boyards », où j’ai trouvé Katia, dont c’est le quartier général. Nous avons dîné avec elle, dans la bonne humeur et le plaisir de parler librement de la situation qui nous préoccupe tous. Les Suisse étaient impressionnés par l’accueil qu’ils rencontrent partout et par l’importance que conserve ici la culture française.

Katia m’a paru triste et fatiguée. Elle se ronge les sangs pour son Fiodor. D’après ce que nous entendons dire, il est temps que Bielooussov fasse le ménage.

Le matin, j’étais allée à la liturgie de la fête des saints Pierre et Paul, et j’ai vu une femme d’une quarantaine d’années sangloter tellement à la confession qu’elle ne pouvait pas parler. Elle était accompagnée de deux vieux, probablement ses parents, eux-mêmes en larmes, et j’ai pensé que c’était encore un jeune homme qui avait dû périr au front. Que dire des fonctionnaires qui trahissent et étalent leur luxe et leur débauche, de tous les serviteurs de la caste, en Occident, et de ceux qui, ici, se vendent à eux et vendent les leurs ?

Après l’office, je suis allée au café avec Jean-Pierre, Tatiana, Thaissia et leurs enfants, j’avais la vue sur la coupole de bois de l’église du métropolite Pierre, et sur son toit en forme de tente, d’une blancheur irréelle, depuis qu’on la restaure, quel cachet elle donne déjà à tout l’ensemble...

Aujourd’hui, j’ai revu mes Suisses au café, ils sont très sympas, je voulais prendre congé, et puis ils ont rencontré Veniamine, mais c'était un exploit de ma part: je suis tellement surmenée en ce moment, je devais aussi aller chanter au petit marché de la « place Rouge », je n’ai pas pu refuser, pour ne pas snober les gens du cru. Quand je suis arrivée, une jeune femme chantait de la variété française, en robe rouge sous un soleil de plomb. C’était le cosaque Alexeï qui dirigeait la manoeuvre. Quand mon tour est arrivé, j’ai tout de suite senti que ce serait très dur. Au bout de deux chansons, j’étais au bord de l’apoplexie. Un brave homme est venu m’ombrager d’un parapluie, il m’a sans doute évité une insolation. Curieusement, je n’ai pas mal chanté, et tout le monde était très content. J’ai entonné le « corbeau noir de Donetsk », en précisant que, dans les circonstances actuelles, un hommage à ceux qui se battaient là-bas n’était pas déplacé. Un jeune homme est venu jeter cent roubles dans l’étui de ma vielle-à-roue et une bonne dame m’a offert un bouquet de lavande ! Après encore deux ou trois chansons, j’ai dit que si l'on ne voulait pas me voir repartir en ambulance, il fallait mettre fin au concert. Un jeune soldat s’est précipité pour m’aider à remporter mes instruments. Il me regardait avec un sourire ravi qui s’est encore élargi, quand il a appris que j’étais ici depuis presque huit ans.

Au retour, je me suis jetée sous la douche, des pieds à la tête sous l’eau froide, je me demande s’il ne me sortait pas de la vapeur par le nez et les oreilles. Puis je suis allée m’étendre sur le hamac, dans le fil d’une brise miséricordieuse, avec la vue sur les astilbes, leurs épis de lumière rose, et les calices oranges des hémérocalles.



jeudi 11 juillet 2024

Ange en blouse blanche

 



Au réveil, j’ai lu le post d’un intellectuel orthodoxe qui m'a déprimée: on a écrasé à Moscou un petit pavillon de style baroque russe pour construire une horreur de plus. Le problème est que ces gens-là, les hauts fonctionnaires, ou disons les fonctionnaires, les bas ne sont pas tellement mieux, sont tous des apparatchiks fils d’apparatchiks élevés dans la haine de tout ce qui a précédé 1917 et, au fond, la haine de la culture, de la mémoire et de la spiritualité, même s’ils vont faire, par superstition, bénir leur voiture chez le prêtre du coin. Il ne faut donc pas s’étonner s’ils se vendent à n’importe qui et agissent avec un rare cynisme. Un correspondant m’écrit que je parle des Russes comme lui parle des Français. Mais c’est que les mêmes processus sont à l’oeuvre partout, le communisme n’étant que l’autre face du capitalisme, c’est-à-dire une idéologie du matérialisme et du mépris absolu de tout ce qui nous a faits ce que nous sommes. Ou plutôt ce que nous étions. Car plusieurs générations de créatures programmées et mutilées ont engendré trop de dégénérés qui n’ont plus aucune référence culturelle, aucun respect de rien. Ici, les choses ne sont pas allées aussi loin que chez nous, parce qu’il y avait au moins un discours officiel d’héroisme et d’abnégation, encore un certain respect de la littérature et de la musique classique, et aussi une simplicité de vie favorable à la vérité des sentiments. Les Français qui font des vidéos invariablement enthousiastes sur la Russie n’en connaissent pas la culture, l’un d’eux s’est même empressé de saccager son isba traditionnelle, exactement comme ses voisins, et un Anglais ricane de mes réflexions sur les barrières métalliques façon zone industrielle qui défigurent la Russie entière. Ce sont des occidentaux qui ont exactement la même mentalité que les post-soviétiques, simplement ici, ils sont plus libres, de travailler, d'exister et d'élever leurs enfants, et ils y voient moins de migrants exotiques. Cela leur suffit. Ils n'ont pas idée de ce que fut Moscou avant la cata, ni les autres villes, d'ailleurs. Pour le folklore, ils en restent à kalinka et aux poupées en jupettes coiffées de kakochniks qui s'agitent, avec un sourire invariable, sur de la kitscherie musicale. Comme beaucoup de Russes, malheureusement. 

Ceux qui connaissent et aiment la culture russe, ou la culture française, ne peuvent être que pleins de douleur, qu’ils soient russes ou français, car on nous efface l’une et l’autre, et sans notre culture, nous ne serons plus nous-mêmes. Quand Poutine disait, la larme à l'oeil, qu'il ne voudrait plus vivre dans un monde dont la Russie aurait disparu, j'ai envie de lui répondre qu'il faudrait commencer par empêcher qu'on ne la fit disparaître de l'intérieur, qu'on ne la rende, comme la ville de Pereslavl, complètement méconnaissable. Car sans monde russe à sauver que signifie la guerre contre un occident lui-même dénaturé? Ici, du moins, pour l’instant, l’Eglise tient le coup, alors qu’en occident, elle s’est depuis longtemps couchée, et l’esprit de « l’orthodoxie occidentale intelligente et ouverte » ne me dit rien qui vaille. Je suis de plus en plus convaincue que je ne suis pas venue ici me mettre à l’abri mais obéir à une sorte de vocation, car il n’y a plus vraiment d’abri nulle part. Disons qu’en Russie, les occidentaux encore dignes de leurs ancêtres peuvent trouver un repli et un répit, et peut-être appuyer les Russes encore authentiques dans leur résistance.

Je prie pour Andreï Belooussov, afin qu’il ne connaisse pas le destin de Stolypine et puisse mener à bien son nettoyage. Que Poutine l’ait nommé pour ce faire me rassure. Et puis mon père Valentin soutient Poutine, c'est vraiment la lueur qui me guide dans les ténèbres. Mon père Valentin n’a jamais été communiste, il est monarchiste, d’une culture encyclopédique et d’une intelligence exceptionnelle.

Un autre élément qui me donne de l’espoir, en Dieu, en l’archange saint Michel, en la providence, c’est la qualité des soldats russes et de ceux qui les aident, les conversions massives et les miracles, tout ce qui se passe « là bas », parallèlement aux histoires de brigands et aux bacchanales estivales de la plèbe dont l’Administration de Pereslavl admet, paraît-il, ouvertement favoriser l’élevage en batterie. Et aussi la mémoire génétique, le surgissement, malgré tout, de Russes inattendus et convaincus dans des familles où l'on avait perdu le souvenir de ce que c'était, avec l'estime pour ses ancêtres moujiks.

Juste avant le covid, j’avais ici une excellente généraliste, le docteur Ivanova, et puis elle avait disparu de la circulation. Ensuite, Gilles m’avait dit qu’elle était à Kostroma, où il était allé la consulter, et elle lui avait parlé de moi. Récemment, Lika, la femme de Gilles, m’a dit que le docteur Ivanova était de retour à Pereslavl. J’ai pris rendez-vous. Elle m’a dit que son retour était dû à son veuvage, et en effet, elle avait l’air plutôt triste, mais si je suis pour elle pleine de compassion, j’avoue que son retour me soulage énormément. Elle est compétente et consciencieuse, avec de grands yeux bleus sévères et honnêtes. Elle m’envoie faire toutes sortes d’examens de routine, mais au moins je sais où aller, et m’interdit complètement le sucre, car mon pancréas est surmené, et d’après elle, la plupart des ennuis que j’ai, y compris les problèmes d’articulations, viennent d’un état inflammatoire engendré par l’ablation, autrefois, de la vésicule biliaire et l’abus de sucre.

Ce n’est évidemment pas marrant, car cela me prive de la consolation des gâteaux du café français, et autres pauses sucrées, cela complique aussi beaucoup l’alimentation quotidienne. Mais en même temps, j’éprouve le sentiment que le retour du docteur est pour moi quelque chose de providentiel, que je serai moins seule vis à vis de mes problèmes de santé et de vieillissement ; que cela me sauve peut-être la vie, ou me la prolongera, et j’ai besoin de vivre au moins jusqu’à la mort de mes chats ou notre éventuel anéantissement collectif par les effets de la malfaisance de la caste. Aussi suis-je pleine de reconnaissance envers le Seigneur qui m'envoie cet ange en blouse blanche.



mardi 9 juillet 2024

La fête des astilbes

 


Depuis mon retour de Moscou, je n’ai jamais eu la paix, car Nina a débarqué à Pereslavl, sans son jules, et brûlant de me voir, et puis une Française d’origine russe dont la fille est à Iaroslavl, avec son mari. Je devais l’héberger dans le studio, mais Aliocha et Neonila sont restés une semaine de plus, et j’avais oublié. J’ai dû la fourrer dans mon atelier. Elle était à peine partie que les journalistes qui m’ont fait rencontrer Victor le blogueur, ont voulu venir fêter chez moi le succès « extraordinaire » des vidéos que nous avions tournées. D’après eux, je deviens une star, et Victor a fait avec moi plus de vues qu’avec n’importe qui d’autre. Et le lendemain, mes locataires ont dîné avec moi, puis ce matin, nous sommes allés à l’église, et au retour, au café français.

Mes locataires, Aliocha et Néonila, ont voulu aller chez le père Ioann, et cela faisait longtemps que je n’y étais pas allée, mais la liturgie est très longue, le père Ioann confesse et communie tout le monde, et du monde, il y en avait. Un jeune homme m’a dit qu’il venait pratiquement tous les dimanches à la liturgie dans cette église. Le père Ioann est venu me demander si j’avais apporté l’icône de l’Archange saint Michel, je lui ai répondu que je ne l’avais pas encore vernie, et qu’il fallait encore attendre que le vernis lui-même sèche. Il voulait faire participer l’icône à la procession du jour, puisque la naissance de saint Jean-Baptiste est la « petite Pâques ». En confession, il m’a demandé si, tout ce temps, j’avais communié. « Non, pas toujours, cela fait deux dimanches que je ne l’ai pas fait.

- Mais pourquoi ?

- Parce que je n’étais pas prête, ou fatiguée. J’avais fait une bouffe dans un restau la veille avec des amis. Ou bien je suis partie à Moscou le matin, et j’ai pris un café pour tenir...

- Mais quelle importance ? C’est très bien de voir des amis...

- Je n’étais pas dans l’ambiance, et puis j’en vois trop, je n’arrive plus à me concentrer sur rien...

- Oui, je sais que vous êtes très sollicitée. Mais il faut communier, prête ou pas prête, il n’y a rien de plus triste qu’une liturgie sans communion. Et puis, rendez-vous compte que vous êtes un peu devenue une sorte d’apôtre, pour nous, il vous faut trouver l’énergie spirituelle pour correspondre à la tâche... Je ne sais pas si vous avez un père spirituel, et ce qu’il pense de cela.

- Il pense comme vous qu’il faut communier le plus souvent possible.»

J’étais ébranlée, parce qu’à vrai dire, je suis souvent en état de grâce, dans cette église, malgré la longueur des offices. J’ai vu qu’une des chapelles était consacrée aux saint hiérarques de Moscou, parmi lesquels le métropolite Philippe. 

Dany trouve que le père Ioann me parle d’une façon qui peut encourager l’orgueil. Mais ses paroles m'ont paru s'adresser à mon insuffisance spirituelle flagrante, car si je remplis un apostolat aux yeux de ce prêtre, je suis bien loin de correspondre intérieurement à la fonction, et la renommée que je commence à connaître me fait souvent plutôt peur. Naturellement, je suis très contente quand mes oeuvres trouvent un écho, j’ai l’impression de ne pas les avoir faites pour rien, et toute ma vie si peu satisfaisante sur pratiquement tous les autres plans trouve là une sorte de sens et de transfiguration, mais souvent, c’est juste ma personne qui suscite l’enthousiasme, et je suis contente qu’on me trouve sympa, mais je ne suis pas non plus une extraterrestre, j’ai toutes sortes de défauts bien humains et bien ordinaires.

Cela dit, je pense en effet que ma venue en Russie répond à une espèce de vocation providentielle qui va bien au delà des raisons matérielles ou politiques, et l’on ne se dérobe pas à ce genre de choses. En même temps, comme tout le monde, j’ai envie d’être tranquille. Etre en vue suscite des réactions positives mais aussi de très mauvais sentiments, comme je l’ai vu lors de mon « procès de Moscou ». Il est difficile de « partir pour le Golgotha » quand on est un vieux machin, et et j’aimerais autant qu’il ne soit pas trop crucifiant.

J’ai vu mon éditrice qui est assez malade et avait du mal à parler, avec le fracas des motos devant l"isba d'en face, on ne s'entendait pas discuter. Elle m'a demandé comment je supportais cela: "Comme je peux..."

 Elle est venue avec le même monsieur que l'année dernière, Victor. Il écrit comme moi ses souvenirs d’enfance, et il a les mêmes problèmes que moi : impossible de procéder par chronologie, si on ne veut pas faire un plat récit factuel et les souvenirs d’enfance ne sont intéressants que lorsqu’ils s’inscrivent dans une époque, dans le destin universel. Il m’a parlé de son oncle, un héros de la résistance, qui dirrigeait un kholkose avec une fabrique de vin, en Crimée. Il a été arrêté par le NKVD parce qu’il avait refusé de fournir plus longtemps en victuailles et en pinard gratuits ses représentants locaux. Victor avait sept ans et dormait avec son oncle. Il a senti dans son sommeil le matelas glisser sous lui. Les tchékistes fouillaient le lit, après en avoir arraché leur proie.

Victor m’a confirmé ce qu’avait dit Soljénitsyne, que les Allemands avaient envoyé leurs SS en stage auprès des tchékistes. Un ami de son oncle, qui avait résisté aux interrogatoires allemands, a craqué à celui de ces derniers et il a témoigné contre son compagnon d’armes. Par la suite, ils ont continué à se fréquenter, l’un pardonnant à l’autre, bourrelé de remords. « On a fait disparaître les meilleurs et les plus courageux d’entre nous », m’a-t-il dit. En sus de la guerre qui a le même effet, et ça continue. En ce moment, les meilleurs hommes de Russie ne sont pas ceux qui se débraillent dans les rues de Pereslavl-Zalesski...

Quand j’ai raconté cela à mes locataires, Nila m’a parlé de son grand-père, lui aussi arrêté. Dès l’enfance, il avait été stigmatisé comme le fils d’un ennemi du peuple. Il a grandi en paria. Puis il est parti au front. Prisonnier, il s’est échappé pour rejoindre les partisans, et il a été ensuite arrêté, comme ancien prisonnier. A l’interrogatoire, on lui demanda de dénoncer ses amis. Mais en tant que fils d’ennemi du peuple, il n’en avait aucun. « Mes amis, a-t-il répondu, ce sont mes livres et mon instrument de musique ».

Aliocha et Nila sont partis hier, ravis de leur séjour.

Mon amie Nina m’a emmenée me baigner au lac, il n’y a pas beaucoup de fond, et beaucoup de taons, mais l’endroit est magnifique, on dirait la mer, ou plutôt une sorte de contrée féérique, avec les blanches constructions du monastère Nikitski et de l’église de Gorodichtché à l’horizon, et toutes les maisons affreuses ne sont pas visibles, c'est un peu comme si, soudain, on se retrouvait au moyen-âge, ou dans un autre monde, qui est le vrai, mais on nous en fait perdre l'habitude. Je nageais sur le dos et voyais des mouettes effilées planer dans l’azur. Puis nous sommes allées dîner dans un café. Le premier était envahi d’enfants braillards et effrontés dont les parents ne jugeaient pas utile de leur dire de mettre un peu sur off, de sorte que nous avons fui dans un autre établissement ignoré des touristes, avec une déco affreuse, de faux style Western, mais très bon, et calme. Cette année je remarque avec chagrin qu’arrive à maturité toute une génération de Russes vulgos qui n’ont plus grand chose de russe, à part la physionomie. Pereslavl commence à me faire penser à la Grande Motte au mois d’août. Ioulia m’avait envoyé une annonce que j’avais prise pour une blague : Poutine aurait signé un ukase pour faire un métro aérien qui irait jusqu’à Pereslavl. A voir ce que Moscou nous déverse comme beaufs débridés cette année, il faudra envisager de déménager sur la mer Blanche...

Nina, qui n’est pas précisément complotiste, car elle ne s’intéresse pas du tout à la politique, m’a raconté avoir rencontré, chez une amie commune, un couple très impliqué dans les manifestations culturelles et l’aide aux enfants, aux vieillards. Le mari est allé proposer à l’Administration de la ville un projet de théâtre de marionnettes. On lui a ri au nez : « Pourquoi faire ? Nous n’avons pas besoin d’éveiller les enfants, cela ne nous intéresse pas du tout. Ce que nous voulons favoriser, c’est la populace. »

Eh bien au moins, c’est franc. Il faut dire que la plupart des gens aux commandes sont eux-mêmes incultes, la culture ne signifie rien pour eux, ils ont un goût abominable et sentent d’instinct qu’une population d’abrutis leur posera moins de problèmes que des gens cultivés et enracinés.

Beaucoup de Russes me demandent ce que je pense des élections. Je ne peux qu’exprimer ma consternation et mon impuissance. Un commentateur russe a dit que finalement, pour la Russie, Mélenchon premier ministre, ce n’est pas mal, parce qu’il veut sortir de l’OTAN et il est contre l’envoi de troupes et d’armes en Ukaine. Pour la France, c’est catastrophique, mais qu’aurait fait Marine le Pen, qui s’est pratiquement alignée sur tous les autres partis politiquement corrects sans en tirer aucun avantage ? On en arrive à des abimes vertigineux de bêtise, de haine et de vilenie. Tous ces imbéciles de castors qui « font barrage » à un fascisme qui n’existe pas, au bénéfice d’un facho-bolchevisme de plus en plus totalitaire et enmafiosé, c’est complètement pathétique, et il n’y a plus rien à dire, juste à attendre le retour de bâton, qui ne leur ouvrira pas les yeux, car ils n’en ont plus, ce sont juste de petites machines à répéter des conneries au signal. Ils sont comme ces poissons des profondeurs qui n'ont plus qu'une gueule pour gober ce qui circule, l'absence totale de lumière rendant inutiles les organes prévus pour la percevoir. Cependant du côté de la droite, ils ne sont pas tous lucides non plus, c’est le moins qu’on puisse dire. Je suis déroutée par la gymnastique mentale qui consiste, par solidarité dans la détestation des Arabes, à traiter de fascistes de gauche ceux qui ne sont pas d’accord avec la politique d’Israël, alors que si Israël nettoie son territoire des Arabes qui y étaient depuis l’antiquité, ses agents, chez nous, ont toujours soutenu notre invasion et mis au pilori tous ceux qui s’y opposaient. De même, ils soutiennent les Ukrainiens par haine des "soviétiques" comme si nous étions dans les années 30, alors que si quelque chose rappelle les années 30, c'est bien la mentalité de la clique de Kiev, qui n'utilise les crétins néonazis que pour éliminer la population slave orthodoxe et la remplacer éventuellement par des esclaves exotiques.

Quand les motos sont au diable et emmerdent les autres quartiers, et que la radio se tait,  mon jardin devient paradisiaque. Les astilbes fleurissent, et c'est une telle merveille… La lumière chatoie à travers leurs épis vaporeux, et sur les hortensias. J'attends toute l'année cette fête si brève. Je reste sur la terrasse à contempler chaque reflet, chaque nuance, chaque fulgurance, tandis qu'autour de moi, le monde se défait, se débraille, perd toute dignité, toute noblesse, toute beauté et aussi toute miséricorde. Où allons-nous, de la sorte? Je prie saint Nicolas pour les petits enfants tombés aux mains des monstres et pour ceux dont on fait des monstres, qui poussent de travers, parce qu'ils ne reçoivent pas ce qu'ils devraient recevoir, et deviennent idiots, dans le meilleur des cas, et atroces dans le pire.



Les coins de paradis au détour des enfers

Nous rappellent parfois que tout n’est pas sur terre

Fichu, détruit, vendu,

Souillé, bradé, perdu.

Que tout n’est pas figé dans des carcans de fer

Ni tout vivant plié dans le béton sévère,

Pourvu que ce répit dure encore un peu plus.

 

Car les gnomes conçus et grandis dans le bruit,

Dans le faux, le clinquant, le vil et le vulgaire,

Sans avoir plus accès à ces points de lumière

Qui brillent ça et là dans l’infernale nuit,

Souvent ne les voient pas ou d’instinct les haïssent,

Obligatoirement salissent et trahissent

Toute étoile venue de l’espace oublié

Où leurs simples aïeux mettaient tant de beauté.

 

Ils écrasent du pied le papillon léger

Coupent l’arbre liquide et frémissant d’oiseaux,

Ils traquent aussi bien le saint et le héros,

Qu’au bois le loup furtif, ou le renard rusé.

Tout en nous les dérange,

Ils font la chasse aux anges.

Ils n’aiment pas non plus les elfes et les fées

Tout ce qui nous emporte au delà des nuées.

 



Malgré tout, je garde espoir dans les Russes. Nina me parlait de son mari, un être matérialiste et primaire, qui ne s'intéresse qu'à ses fonctions vitales et à son compte en banque. Eh bien il trouve le moyen d'envisager la restauration d'un village du nord où il a grandi, et se rend fréquemment dans un monastère. Il est bien rare que l'équivalent français de ce nouveau riche se préoccupe de restaurer un village ou d'aller faire une retraite dans un monastère. Les plus perdus des Russes conservent encore une espèce de nostalgie de la dimension éternelle qui peut les faire basculer dans une toute autre vie.

mercredi 3 juillet 2024

L'ïle Thélème

 


Mon voyage à Moscou a été un véritable marathon. Il fait une chaleur terrible, enfin une chaleur digne du Gard, et ma clim ne marche pas. Je suis partie tôt, mais le soleil se levant à trois heures du matin, pour cause de jour polaire, il a le temps de chauffer... A l’arrivée, Rita s’est cachée sous une voiture, je n’arrivais plus à la récupérer. En fait, elle souffre beaucoup de la température, sa fourrure, après son opération, repousse à vue d’oeil, épaisse et soyeuse, mais avec son coeur fragile, ce n’est pas un avantage, et je vais la faire tondre façon ourson, pour qu’elle passe l’été sans crise cardiaque.

Je l’ai mise chez le père Valentin, et je suis partie à l’église, mais je n’ai pas eu le temps de repasser la voir. Je suis allée voter puis je suis revenue dans un appartement torride, car il est exposé au sud et chauffé en permanence par le système d’eau chaude. Je n’ai dormi que trois heures. Liéna m’a dit que Rita avait eu une sorte d’attaque, elle n’arrivait plus à respirer, j’ai connu cela avec Jules. Le lendemain, je devais aller à la banque, puis déjeuner avec quelqu'un, récupérer ma vielle, et foncer au vernissage des Messerer. Rosbank fusionne avec Tinkoff et ma conseillère se fait virer comme une malpropre après 18 ans de bons et loyaux services. Tinkoff sera une banque entièrement électronique sans agences, pas pour moi. 

J’ai ensuite rallié la « Chaussée des Enthousiastes », où se trouve le studio de Skountsev, en retard d’une heure. «Vas m’attendre au centre commercial, il y a des cafés ». Le centre commercial était parfaitement sinistre, avec une population cosmopolite d’asiates divers, habillés des mêmes fripes minables et ridicules dont on s'affuble partout et qui nous défigurent tous. J’y ai acheté des chaussures d’été qui, contrairement à ce qu’il m’avait semblé, ne sont pas confortables du tout, parce qu’on y transpire abominablement. Heureusement, j’avais laissé Rita chez une amie, qui n’était pas là, et elle a la clim dans son appartement. Mais j’y pensais sans arrêt, je me faisais du souci pour elle.

Skountsev avait un air de faux témoin, la vielle sonnait bizarre, il faudrait refaire le clavier, mais il ne voulait pas empiéter sur le travail de Joukovski. Je lui ai raconté le concert avec Kotov, il a éclaté de rire : « Mais il a un caractère de cochon et la grosse tête, c’est bien connu ! » J’étais si fatiguée que j’ai pris un taxi pour aller au vernissage des Messerer, qui était dans le même genre de quartier trépidant, en travaux perpétuels, que le studio de Skountsev. C’était dans un loft, un truc à la mode au milieu des bâtiments industriels. L’exposition était magnifique, avec des éclairages savants qui faisaient scintiller des tableaux déjà chatoyants par eux-mêmes, car Anna Messerer utilise de l’acrylique métallisé, on dirait des vitraux ou des joyaux. Ses tableaux et ceux de son mari ne rendent pas en photos, et il faut les voir de loin. Il y avait un concert, et je rongeais mon frein, car j’avais décidé de partir le soir, avec Maxime, pour éviter à Rita un voyage trop éprouvant. Deux jeunes filles, une pianiste et une violoniste, jouaient des pièces de Debussy. Quelle étrange impression m’a faite cette musique si typiquement française, dans ce loft moscovite, avec toute cette capitale de la vieille Russie défigurée par cent ans de progressisme hagard tout autour... Bien sûr, l’impressionnisme de Debussy répondait bien à celui des Messerer, mais le leur était russe, le public russe, les interprètes aussi, il me venait à l’idée que cette culture, la mienne, celle qui me rappelle tant la France, sa poésie particulière, sa douceur de vivre, ne serait bientôt plus appréciée, justement, qu’ici, dans un pays dont elle est si loin, et qui l’adore envers et contre tout. Le loft devenait pour moi une sorte de vaisseau spatial, où les survivants d’une catastrophe planétaire éventuelle, écoutaient la musique d’un monde disparu.

Anna Messerer voulait absolument me faire jouer de la vielle, je protestai qu’elle était hors service, mais impossible de se dérober. La vielle est vraiment un instrument étrange, car sur place, elle s’est mise à résonner tout-à-fait normalement, j’ai chanté une chanson française et une chanson russe devant les Messerer et le public ravis.

Puis j’ai foncé chez mon amie récupérer mes affaires et Rita. Son fils, qui se caractérise comme un Arabe russe au coeur français, prenait un cours de français avec la voisine, qui le parle très bien. Il veut partir en France, où il est né, d’un Marocain sans papiers, et se figure que la France est le paradis de la démocratie, alors qu’ici, nous vivons dans des ténèbres barbares. Je pensais à ce concert de Debussy dans le loft, dans le vaisseau spatial de « l’île Thélème », en français dans le texte, c’est comme cela que s’appelle la galerie. Le meilleur de la France se fait la malle, ou se terre dans de nouvelles catacombes, bonne chance...

Nous sommes arrivés de nuit, avec Maxime, et comme il a pris le volant, il m’a permis de constater que ce n’était pas moi qui n’y voyais plus rien, mais ma voiture qui avait un défaut, car il n’y voyait rien non plus. Les rétroviseurs sont aveuglants, la lumière des phares trop faible et impossible de la régler. La femme de Gilles m'a dit que de toute façon, le marquage routier étant déficiant, personne n'y voyait rien la nuit.

Le lendemain, j’ai vu arriver Ioulia, la fille de mon ami Slava, qui est mort, il y a un an. Elle voulait aller se baigner au lac, et s’il n’était pas assez profond pour vraiment nager, à l’endroit où elle va, c’était d’une beauté féérique, avec des reflets d’or sur l’eau bleue, un azur énorme qui rappelait la mer, et les monastères au loin, comme des cités irréelles. Puis ce matin, nous sommes allées à la rivière, qui était fraîche et propre, je nageais sous les volutes des hirondelles, et l’écume des saules, argentée et frémissante, comme si l’eau se soulevait en gros nuages verts et ondoyants, de colossales et mouvantes sulfures.

J’ai eu récemment la surprise de voir Vitali me recontacter, je n’ai pas compris comment il m’avait retrouvée. C'est un artiste que j'ai connu  jeune, beau et très sexy. Et très fauché. Il m'est arrivé plusieurs fois de lui avancer son loyer, bien qu'il vécût avec une cougar qui ne lachait pas les billets aussi facilement que moi. Il voulait être riche, il aimait le luxe, il voulait avoir une famille et des enfants. Et il y est arrivé d'un seul coup, en travaillant pour un vendeur de tableaux. J'avais appris qu'il avait un appartement dans un des plus beaux quartiers de Moscou, il travaillait dans un magasin d'antiquités de haut vol, il allait fréquemment à Paris... Je ne sais comment il a su que j'étais ici et m'a retrouvée. Il a maintenant cinquante-sept ans, il est toujours riche, marié, et il a un enfant, enfin il en a deux, nés au même moment, mais apparemment, l’une des deux mères l’a emporté sur l’autre ! Son gamin doit avoir douze ans. Sa femme la quarantaine. Il lui trouve le type français. Il brûle de me revoir. J’étais émue d’en avoir des nouvelles et contente pour lui que sa vie ait bien tourné, il voulait être riche et avoir une famille, c’est fait. Mais je n’avais pas le temps de le rencontrer, et je n’ai pas envie de courir le voir à sa datcha des environs de Tver, il essayait déjà de me convaincre de déménager, là bas tout est intact, beau, plein d’artistes peintres... Oui, mais déménager à l’intérieur de Pereslavl me fait déjà peur. Alors partir là bas... N’empêche que je suis touchée par l’affection que me conserve cet être séduisant et débauché, qui gardait la nostalgie de la pureté et s'est acheté une conduite!


Sur une page consacrée aux vieilles photos russes, je suis tombée sur celle d'un jeune couple, à l'expression si intense et si pure que j'en ai été bouleversée. Un ami a noté au dessous que c'était juste le long temps de pose qui leur donnait cet air-là, et cela me chagrine de sa part, car toutes les vieilles photos ne dégagent pas cela, bien que ce long temps de pose révélât beaucoup mieux les âmes des modèles que les instantanés qui ont suivi, Milan Kundera a écrit là dessus des réflexions pénétrantes. Je vois encore de beaux visages en Russie, les Russes constituent une race particulièrement belle, mais cette qualité d'expression apparente sur les photos anciennes et dans les vieux films n'est plus toujours sensible, comme dans tous nos pays travaillés par le progressisme, le consumérisme et l'ingéniérie sociale, c'est-à-dire passablement dégradés à des degrés plus ou moins irrémediables.


Je recommande vivement cette vidéo de l'excellente émission Géopolitique profonde, à écouter un peu entre les discours, on ne peut visiblement pas tout dire. A part quelques petits points de détails, elle me paraît faire de la situation un tour d'horizon complet et pénétrant, modéré et objectif, réaliste. Certes, les Français de bonne volonté n'ont pas toujours une bonne compréhension de la mentalité russe, mais ils ont aussi parfois le recul nécessaire pour voir la situation sans se laisser emporter par les émotions. Curieusement, je ne peux la partager directement, je ne peux qu'en donner le lien. Elle est sans doute trop véridique... Il faut se dépêcher de la  regarder.

https://www.youtube.com/live/qqvCui2uxQ4?si=adjb9nwr2sfMc5--

Je recommande également cette émission sous-titrée en français qui explique bien le point de vue philosophique et spirituel recouvert par l'expression "le monde russe".


Mon père Valentin m'a dit: "Poutine ne sauve pas seulement la Russie, il sauve le monde, les gens ne se rendent pas compte de l'ampleur de la tâche et de la puissance du mal auquel il s'est attaqué".

Enfin, je terminerai par un commentaire que j'ai laissé moi-même et qui a eu un écho auquel je ne m'attendais pas:

Cette émission m'a beaucoup intéressée par les renseignements qu'elle donne, cela dit, je ne pense pas que les Russes font la guerre pour "laver l'affront de la chute de l'URSS", et je suis tout cela depuis longtemps, sans être politologue, et j'ai vécu longtemps en Russie, j'y vis actuellement. Affront ou pas, les Russes n'avaient pas envie de faire la guerre, même Poutine n'en avait aucune envie, sinon il n'aurait pas conclu les accords de Minsk ni calmé la résistance du Donbass. Contrairement à l'idée répandue chez les occidentaux, les Russes ont horreur de la guerre, ils ont encore le souvenir de la guerre de quarante, et c'est un pays convalescent. En revanche, d'après mes observations personnelles, "l'occident collectif" la voulait absolument, et il a tout fait depuis la chute de l'URSS pour la provoquer en utilisant l'Ukraine, la Géorgie, tout ce qu'il pouvait. Dès les années 2000, je remarquai avec surprise que les monuments à la WaffenSS dans les pays baltes passaient crème alors que bien moins que ça, en France, aurait déclenché un tollé affreux. Dès ces mêmes années, je remarquai aussi la propagande russophobe en Ukraine, et en Europe occidentale aussi, d'ailleurs. Je craignais cette guerre depuis trente ans. Depuis la guerre du Golfe, où j'ai vu que, même si l'URSS n'était plus un "danger", l'OTAN subsistait et que nous allions en Irak au signal américain, alors que nous n'avions aucun intérêt à le faire. Les Russes auraient pu, ou dû intervenir au Donbass bien avant. Il s'y passait depuis 2014 des choses révoltantes. Ils se sont contentés des accords de Minsk, qui étaient une arnaque, et il me paraît difficile de croire qu'ils ne s'en rendaient pas compte. Peut-être ne pouvaient-ils pas alors faire autrement, économiquement et militairement, et puis il y a en Russie des partenaires idéologiques ou corrompus de l'occident. Les Russes autour de moi qui se battent ou soutiennent les combats avec conviction le font pour les populations du Donbass, et pour eux-mêmes, car ils ont conscience qu'il s'agit d'une guerre existentielle et qu'on leur veut la peau. Ils le font aussi pour un certain type de civilisation contre un autre, ou plutôt contre son absence totale, l'Europe woke n'étant pas un modèle à suivre, à l'exception de l'occident, tout le monde est d'accord là dessus, les "valeurs" de Macron and co, personne n'en veut. Le Donbass n'avait pas plus envie de faire la guerre que la Russie, mais il y a été contraint par le comportement de Kiev, et il se peut que la Russie dans son ensemble, je ne dis pas les grandes villes, où le public libéral est plus présent, finisse par se transformer en grand Donbass, si les choses tournent mal. Mais je ne pense pas qu'on en arrive là, ou alors, cela tournera très mal pour l'Eurasie entière. Enfin là où je suis, je ne sens aucune terreur policière, on vit normalement. Pour ce qui est des territoires récupérés, je n'ai pas eu écho d'actions répressives du "KGB", bien que naturellement, on puisse être là bas à l'affût des trahisons possibles, et cela se conçoit, quand on pense que Daria Douguine a été assassinée à Moscou, par exemple.
Moins
9

La grandeur du niveau de ton analyse pourrait te faire asseoir à la table de ces deux jeunes généraux de division de l'information et du renseignement du champ de bataille. Tous mes respects.