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dimanche 19 janvier 2025

Sur le parvis

 La Théophanie, le baptême du Christ, avec la bénédiction des eaux, est l'une de ces fêtes radieuses du Saint-Esprit que j'aime particulièrement, et celle-ci est aussi l'anniversaire de mon passage dans l'Eglise orthodoxe, il y a fort longtemps. En principe, c'est en Russie le moment le plus froid de l'année, et on se croirait au mois de mars. Je n'ai pas vu un hiver pareil depuis le premier que j'ai passé en Russie, 94-95. Plus un moins un, la pataugeoire, la patinoire. Au moins avons-nous aujourd'hui un peu de lumière. J'étais dans l'église Znamenié, l'église du Signe, car le père Sergueï m'avait conviée à chanter pour ses paroissiens. Du coup, on m'a proposé d'aller chanter aussi au monastère saint Nicolas. Je vais rétablir la tradition russe des joueurs de vielle sur le parvis des églises! Mais je n'étais pas sur le parvis, j'étais au chaud dans le réfectoire, au milieu de gentilles vieilles ravies, et l'on m'a offert un gâteau à la confiture maison, pour prendre le thé avec des copines. Il y avait Katia, car c'est d'elle que l'initiative provient, et elle chante au choeur. Il manque quelques voix d'hommes, mais quand même, les femmes à la manoeuvre ne s'en tirent pas si mal.

Je me suis confessée à un vieux prêtre qui avait l'air très bon, mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait. J'avais l'impression que ma liste de péchés ne lui paraissait pas assez complète. Il faut dire que je me confesse sans arrêt, puisque la recommandation unanime, depuis le père Valentin jusqu'à l'évêque, est de communier de même. Mais le père Valentin, comme le père Placide, trouve que dans ces cas-là, on peut se confesser moins souvent... J'ai l'impression d'être dans un état spirituel globalement déficient, mais je n'ai à raconter que des peccadilles quotidiennes, à la limite, on a parfois l'impression que le simple fait de vivre est un péché en soi et je n'ai pas la force de la perfection, maintenant moins que jamais. Je suis tourmentée par des visions d'horreur, des cruautés à l'égard des gens, des animaux, des enfants, et spécialement à l'église, quand j'essaie de prier, mais je ne sais pas comment caractériser cela, car ce n'est pas moi qui les commets, quoique selon la conception dostoievskienne de la responsabilité collective.... Je suis révulsée par ce que je vois et entends de toutes parts, et cela va de la chatte abandonnée dans la forêt avec ses petits aux petits vieux torturés avec leur chien dans leur cave par des ukrotaniens, dans la région de Koursk. Je ne supporte plus toute cette souffrance, toute cette vilenie et toute cette stupidité, et je ressens parallèlement l'inanité de mes sentiments à cet égard, un fétu de paille d'empathie impuissante et horrifiée dans un torrent de boue, de larmes et de sang. Je voulais adopter une chatte du Donbass qui ressemble à Georgette, mais il y a aussi deux chattes, ici, qu'une adoption sauverait, et des chiens, des petits, des gros. Les gros, c'est exclu, car avec la méchanceté d'une partie de la population qui élève ses enfants dans la peur panique des animaux, et l'absence totale de respect envers le vivant, c'est la chaîne ou les problèmes, j'ai vu ce que cela donnait avec Rosie. Les animaux en détresse sont souvent très jeunes, et moi non, j'ai peur de les laisser derrière moi. Hier, j'ai mis des papiers, avec le nom des différents animaux dont le sort me préoccuppe, dans une boîte, et au dernier moment, j'ai rajouté un papier blanc, et puis j'ai prié et fait mon signe de croix, et j'ai tiré au sort. C'est le papier blanc qui est sorti. J'aurais bien voulu sauver Georgette numéro deux, ou Boussia, ou la ravissante petite noire, mais Dieu me répond de rester tranquille, c'est la raison pour laquelle d'ailleurs, entre toutes ces détresses, je n'arrive jamais à me décider. J'ai encore quatre loustics à entretenir puis à enterrer, sans compter Rita. La fin de Georgette a été pour moi une telle épreuve que j'en suis tombée malade, après ces jours passés à la veiller, le coeur serré en permanence comme dans un étau. Mais je suis triste de cette réponse. Comme si j'avais commencé à mourir. Ce n'est pas une tristesse négative, il y a juste des amarres à larguer, peu à peu. 

J'ai rencontré deux promoteurs dans une pizzeria qui est leur quartier général, car j'aide une amie à acheter quelque chose ici. Et du fond de la salle arrive une cliente qui me prend les mains: "Vous êtes Laurence Guillon? Merci infiniment pour les deux tomes de votre journal qu'on m'a offert et que je suis en train de lire!" 

Ca fait plaisir! J'aurai attendu soixante treize ans ce début de reconnaissance, mais ça fait plaisir. 

De plus, l'un de mes promoteurs, au vu de l'expo que j'ai ouverte sur Telegram, va m'acheter un pastel! Son partenaire m'a offert du cognac arménien qui pourra servir pour mon anniversaire. Mon plombier Rouslan aussi m'a pris une vue automnale du marécage, il ne cesse de me dire qu'il est dorénavant mon plombier personnel, toujours à mon service, car il est enchanté de la façon dont j'ai parlé de lui sur mon blog.

Il y aura bientôt une pannychide à la Laure pour le neuvième jour du départ de la matouchka Alexandra, mais, en dépit du fait que j'ai beaucoup aimé les moines qui l'entouraient et la beauté de leurs chants, je ne me sens pas le courage d'y aller avec le temps qu'il fait, les gerbes d'eau sale et les plaques de verglas. Me rendre à ses funérailles a été mon exploit de l'hiver. J'en ai été bien récompensée, très au delà de mes mérites, mais là, je cale.




   Devant les prétentions de Donald Trump sur le Groenland, je pense à ceux qui auraient pu espérer trouver un asile peinard dans cette grande île nordique. Cela aurait pu m'arriver, si je n'étais si profondément attachée à la Russie. Le Groenland, ou bien l'Islande. Eh bien c'est raté! Maintenant, le seul asile possible, après l'arche russe, c'est la Jérusalem céleste.

En réalité, de la part de Donald, cela semble logique, il se replie sur sa zone de proximité immédiate, et puis il y a l'Arctique... Dany me dit qu'alors, ce sera la confrontation directe avec la Russie. J'aime autant la confrontation directe que de voir des Ukrainiens à la cervelle rincée en guerre avec les Russes pour les intérêts d'une mafia de milliardaires et la satisfaction de vindictes stupides et de haines irrationnelles. 

De plus, l'Amérique n'est pas si florissante non plus, elle fiche la pagaille partout, mais face à la Russie, pas sûr qu'elle fasse des miracles. Voir flamber Hollywood a quelque chose d'apocalyptique. On peut se demander là encore si certaines créatures des ténèbres ne sont pas à la manoeuvre. Les gens ont l'impression que l'apocalypse tombe du ciel, mais non, il y a longtemps que j'ai compris que l'humanité était assez folle pour se détruire elle-même. Le diable est un esprit qui agit par nos mains.

Il semble que les pays de l'est, moins ramollos, finalement moins formatés, parce que restés plus traditionnels, commencent à réaliser dans quel piège ils sont tombés. En Roumanie, les machinations de l'UE ne passent pas, et les gens manifestent contre les manipulations de leurs élections, pendant que les bobos imbéciles fêtent la mort de le Pen, comme s'il n'y avait pas mieux à faire...

 https://t.me/russosphere/60329









































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































mercredi 15 janvier 2025

Bon voyage, matouchka...

 

La matouchka Alexandra, qui m'avait fait ses adieux il y a quelques mois, puis m'avait déclaré qu'elle n'arrivait pas à mourir, a fini par y parvenir, avant hier soir tard, et je l’ai appris le jour suivant. Le lendemain, je devais aller chez l’ophtalmo, j’avais pris rendez-vous depuis un mois, j’ai absolument besoin de lunettes à verres progressifs, et je n’ai même pas pu décommander, car lorsque j’ai eu confirmation que les obsèques auraient bien lieu aujourd’hui, j’étais invitée chez l’Anglais, et l’ophtalmo était fermé.

J’ai fait une route horrible, neige fondue, des gerbes d’eau sale sur le pare-brise à chaque passage de camions. Je râlais tant que je pouvais, pourquoi l'enterrer si tôt, et par un temps pareil? J’étais furieuse et n’en revenais pas. Je me disais : «La matouchka vient de mourir, et tu ne penses qu’à toi, tu en veux à la terre entière, comment est-ce possible ? » Eh bien le diable, sans doute, mon démon râleur et rechigneux qui se déchaînait devant mon ange gardien consterné.

Arrivée à la Laure, j’ai trouvé l’église, qui est très ancienne et très jolie, blanche, avec un bulbe rayé bleu et or. Elle est aussi assez petite, et nous étions plutôt serrés. J’avais raté la liturgie, mais je ne pouvais pas partir avant qu’il fît jour, j’ai une fois de plus un feu de code qui ne marche pas. Comme l’office funèbre lui-même a duré une heure et demie, je ne l’ai pas trop regretté, je ne pouvais pas m’asseoir et j’aurais eu du mal à tenir le coup.

Il y avait beaucoup de nobles moines vêtus de blanc, et les chants étaient magnifiques. Je demandais pardon du fond du coeur à la matouchka et me réjouissais pour elle, car tout se déroulait comme elle l’avait prévu et souhaité. Elle était couchée dans son cercueil, au milieu de nous, le visage recouvert d’un tissu brodé. Je pensais à son destin de Russe émigrée, née en France, et revenue finir ses jours près de la Laure. "Je suis heureuse de mourir ici" me disait-elle, il y a quelques temps. Cet enterrement me paraissait le couronnement de sa vie.

https://www.youtube.com/live/Zb1r4eJoMl0?si=zvc1vRf234Xm6Yyc les funérailles sur youtube.)


Au cimetière, qui n’était heureusement pas trop loin, les gens ont commencé à passer des larmes au rire. Les moines étaient très gais, ils racontaient qui des anecdotes sur la matouchka, qui leurs voyages en France, et avec une malice bon enfant très réconfortante. Nous avons chanté : « Fais reposer ta servante parmi les saints, là où il n’y a plus ni peine ni douleur mais la vie éternelle », puis « Mémoire éternelle », « Saint Dieu, saint fort, saint immortel », et enfin le tropaire de la Résurrection. Un moine a expliqué qu’il devait à la matouchka, qui l’avait aidé à traduire des textes en français, d’avoir brillemment terminé le séminaire, et il s’est incliné pour déposer un baiser sur le cercueil, avant qu’on le descendît dans la fosse : « matouchka, je t’aime ! »

Avant de partir, nous avons tous déposé sur sa tombe des fleurs et des branches de sapin. 

« Christ est ressuscité ! » a crié un moine en français.

- En Vérité, il est ressuscité ! » ont répondu les francophones de l’assistance, et il y en avait pas mal, des descendants d’émigrés, Aurélie la Belge et moi-même. « Qu’est-ce que c’est, comme langue ? a demandé le fossoyeur, aussi gai que les autres.

- Du français ! » a répondu le moine avec une espèce de fierté, comme s'il l'était un peu devenu lui-même..

Au repas des funérailles, tout le monde a évoqué tour à tour la matouchka, à commencer par son père spirituel qui ne doute pas une minute de son arrivée directe au Ciel. Il ne doutait pas non plus qu’elle eût continué la veille à organiser les choses, toutes prévues de son vivant, et que son âme fût parmi nous. Et je n’en doutais pas moi-même, on sentait partout sa présence affable et primesautière. Les moines racontaient combien elle avait été pour tous secourable et généreuse et prenaient des fou-rires au souvenir de ses plaisanteries, et de sa gentille excentricité. Je racontai comment j’étais partie fumasse, et combien je ne regrettais pas de l’avoir fait, car c’était le plus joyeux et le plus bel enterrement que j’avais vu de ma vie. Je dis mon estime pour le courage et la foi d’une amie que j’avais connue trop peu de temps, mais qui m’avait certainement été envoyée par Dieu pour me rassurer et m’encourager, car je suis seule ici, et n’y ai pas de famille. Cette sacrée matouchka avait réussi à partir au sein d’un amour unanime, et d’une allégresse générale, comme elle me le disait à notre dernière entrevue: "Ce n'est pas parce que je suis en train de mourir qu'on va s'arrêter de rigoler". 

«Elle avait une sorte d’éternelle jeunesse, dit son père spirituel, elle s’intéressait à tout et à tous, et elle avait beaucoup d’humour, l’humour me paraît la marque des coeurs purs, l’aptitude à rire en toutes circonstances est un trait de l’enfance inaltérable ! »

Mon retour a été encore plus épouvantable que l’aller, car le navigateur m’a amenée sur l’autoroute, où je pouvais aller plus vite, et arriver avant la nuit, mais d’un autre côté, il y avait plein de camions, et des gerbes d’eau sale aveuglante, je suis entrée dans Pereslavl complètement épuisée. Mais qu’il eût été donc dommage de rater ce magnifique adieu de la Laure et de la Russie à la matouchka... Car c’était la Russie, la vraie, qui la mettait au tombeau, avec quelques Français d’origine ou d‘éducation, une Russie qui l’avait accueillie à bras ouverts et la garderait désormais pour toujours. Son enterrement aura été son dernier cadeau et peut-être le signe que je lui avais demandé de me donner, quand elle serait passée de l'autre côté.

partie dans la joie et l'amour.





samedi 11 janvier 2025

Après les fêtes

 




Obligée de mener Rita chez le coiffeur, j'ai dû affronter le dégel, la glace savonneuse sous l'eau sale et les congères vitrifiées. En principe, la période entre la Nativité et la Théophanie est la plus froide de l'année.Ce n'est plus la Russie, c'est l'Angleterre de Dickens. J'ai plus que jamais pitié de tout ce qui est à la rue, c'est-à-dire principalement des animaux. Certains sortent manifestement tout juste, encore tout propres et sidérés, d'un appartement bien chaud, d'où leurs maîtres capricieux ont décidé de les expulser. Comment peut-on faire cela à ces êtres innocents pour qui nous sommes tout??

On sent qu'approche février, tout de même, les bouvreuils commencent à arriver pour se nourrir, ces merveilleuses petites boules écarlates, mais la neige est désormais loin d'être blanche. Moustachon est un chat jouisseur, gourmand, impudent, débonnaire avec les siens et combattif avec les étrangers. Mais c'est aussi un rêveur. Aujourd'hui, j'ai décidé de le dessiner, tandis qu'il s'absorbait dans la contemplation, des décorations de Nouvel an, qui resteront, chez le voisin, pendues jusqu'à Pâques.

Un cosaque de ma connaissance s'indigne d'un petit film où l'on voit une jeune femme moderne d'une consternante bêtise s'égarer, au cours d'une beuverie avec des copines, dans la forêt qui l'entoure et y rencontrer trois femmes qui se révèlent ses ancêtres. J'avais vu la même chose auparavant, mais c'était un garçon qui rencontrait trois hommes, tous guerriers, d'ailleurs. Mon cosaque y voit quelque chose de pas net, parce que deux de ces femmes parlent à leur descendance des traditions de leurs ancêtres, et la troisième est une institutrice soviétique. Et donc, d'après lui, c'est une façon sournoise de gommer toute l'orthodoxie et de réunir le paganisme et le communisme. Et il souligne qu'il n'est nullement question, dans ce petit film, de toutes les grandes figures de l'histoire russe, de tous les saints vénérables etc... A la lecture de ses conclusions, un immense découragement m'a saisie. Je me souviens que le père Barsanuphe détestait plus que tout "la confusion". Il avait bien raison, et cette confusion se répand partout, égarant tout le monde. Pour ma part, j'ai trouvé le film surjoué, autant dans l'imbécilité de la malheureuse héroïne que dans l'angélisme de ses trois ancêtres. Mais je ne vois pas bien où on aurait pu caser l'histoire et l'hagiographie russes dans ce récit, et comment deux paysannes et une institutrice retrouvant leur descendante auraient pu lui faire une conférence sur ce sujet. Elles parlent de leurs traditions qui, en soi, sont belles et pleines de sens et n'entrent pas en contradiction avec la pratique de la religion orthodoxe, du reste l'une d'elles évoque l'Eglise, et quant à l'institutrice, elle est là pour montrer que la grand-mère était digne et dévouée, et ne titubait pas, bourrée, sur des talons aiguilles dans la forêt, ce qui était vrai de beaucoup de ses collègues à l'époque concernée. Quelques jours auparavant, c'est le père Tkatchev qui, stigmatisant un horrible clip ukrainien déjà ancien, où une fille  en costume national décapitait un Russe dans un champ de blé, s'en prenait au folklore qui menait au néopaganisme et ainsi de suite. C'est sans doute la raison pour laquelle certains prêtres refusent d'entendre les vers spirituels russes, mais laissent les gens chanter les kitcheries religieuses de sectes américaines que je fuyais au grand galop dans mon adolescence, tellement je les trouvais stupides et vulgaires. Cependant à Rybinsk, ne leur en déplaise, sept mille personnes se sont réunies dans les rues pour chanter des chants de Noël et des chansons de quête, promenant des étoiles de Béthléem, et beaucoup étaient en costume russe, ce qui me réjouit profondément. Si seulement ces contempteurs du folklore pouvaient se déchaîner avec le même zèle contre les horreurs et les vulgarités que diffuse la télé! 

Skountsev, folkloriste de premier plan, déteste le néopaganisme, car il lui reproche de ne pas être traditionnel. Ce qu'il reste du paganisme originel, dont on ne sait plus grand chose, a été sanctifié et digéré par l'orthodoxie, le néopaganisme est une reconstruction artificielle, dont la plus grande réussite, sur le plan de la destruction de la mentalité russe, aura été de faire dire au père Tkatchev et à mon cosaque n'importe quoi, et de lancer une offensive contre quelque chose qu'ils devraient d'abord étudier et ensuite soutenir. 

Plus je regarde ce qui se passe autour de moi, dans ce crépuscule de l'humanité, et plus je suis persuadée de la profonde sagesse et de la vérité du chant populaire. Ainsi du magnifique chant spirituel "la petite route du Seigneur": 

O pourquoi âme damnée,

Chez nous n'es-tu pas entrée?

Par sottise ou grossièreté

Ou bien par cupidité...

 Car les vrais sadiques ne sont pas si nombreux, mais la cupidité et la bêtise font faire aux gens des choses terribles. La bêtise au front de taureau, comme disait un de mes amis autrefois, citant je ne sais plus qui.. 


au front...

Une amie m'a envoyé l'interview d'Alexandre Dianine-Havard, et je l'ai écoutée subjuguée, parce que non seulement il parle très bien, avec flamme, avec ferveur, mais je partage tout ce qu'il exprime, et le partage, comme lui, malgré tout. C'est là que réside mon optimisme, en dépit de toutes les cicatrices que la modernité idéologique et matérialiste a laissées en Russie, qu'on l'approuve ou la combatte avec le même systématisme idéologique que ses adversaires. J'ai quelques réserves sur la régénération de l'Europe, surtout après les carmagnoles autour de la mort de le Pen. Mais dans le pire des cas, je crois que la Russie peut devenir l'arche de la civilisation européenne, et un refuge pour une partie de ses populations, ou ce qu'il en restera, si les petits démons ne la mangent pas. Je crois comme lui dans le sacrifice de ses nombreux martyrs, ses incroyables souffrances qui ne peuvent pas avoir été vaines, et se répètent aujourd'hui. Il affirme à plusieurs reprises qu'il a foi, et c'est bien de cela qu'il s'agit, moi aussi j'ai foi, et contre toute raison. Je suis fatiguée, mais j'ai foi. Car les Russes ont massivement perdu leur culture, mais, comme l'a remarqué cette spécialiste du cinéma que j'avais déjà citée, malgré des décennies de lavage de cerveau, leur coeur est resté russe. C'est le premier des miracles, et sur le front, d'après ce que j'entends dire, il y en a bien d'autres.



J'ai vu une excellente et pénétrante vidéo de Youssef Hindi, dont je fais profiter les curieux de nature:


Donald Trump à la conquête du Canada


mercredi 8 janvier 2025

Visiteur de Noël

 

Au bord du lac



Hier, j'ai fêté Noël chez le père Ioann, je lui avais promis de chanter. Les gens étaient contents, mais je me suis trompée plusieurs fois, cela devient difficile, pour moi. quand je suis seule, je chante et je joue normalement, mais en public, si je suis fatiguée, je perds ma concentration. Je n'ai pas derrière moi toute une vie d'expérience musicale, malheureusement... 

J'étais avec un visiteur français, un monsieur qui avait décidé de voir la Russie de ses propres yeux, mais justement, ses yeux sont presque aveugles, et il a bien du mérite de s'être lancé dans une telle aventure. Il n'a pas du tout trouvé ce qu'on raconte en occident, mais il a été censuré, pour avoir écrit cela dans son récit de voyage, par l'association "franco-russe" de la ville où il réside. Il voulait assister à une liturgie de Noël russe. Et il a joué du doudouk arménien, instrument envoûtant qui lui est interdit à cause de ses problèmes oculaires, mais il n'a pas pu résister. 

Nous sommes allées ensuite chez Marianna et Volodia qui nous avaient invités. Et je me suis retrouvée coincée dans une congère. Mon malheureux visiteur a fait ce qu'il a pu pour essayer de dégager les roues et de pousser la voiture, mais il n'est pas jeune non plus. Un type s'est arrêté pour nous aider, puis des jeunes gens, et tout ce monde nous a obligemment tirés d'affaire. Et par dessus le marché, le premier bon Samaritain m'a offert un pot de miel en nous souhaitant un joyeux Noël!

J'aime beaucoup le coin où vivent Mariana et Volodia, mais voici une des raisons pour lesquelles, malgré toute ma nostalgie de la nature, de la beauté et de l'espace, je ne déménage pas dans un village. Mon visiteur m'a dit qu'il n'envisageait pas d'émigrer en Russie, parce que le climat rendait la vie beaucoup trop rude. Une amie de nos hôtes, Olga, lui a répliqué que la Russie était vaste et ses climats divers, et en effet. J'aurais peut-être dû écouter le père Antoni et aller en Crimée! Je courrais le risque de me faire bombarder, mais moins celui de me casser le col du fémur. 

Pour tout arranger, nous avons encore un redoux, de l'eau partout, et sous l'eau, la glace, bien savonneuse.

Un égaré a fait de l'empreinte du saint Suaire une interprétation personnelle regrettable. Je prie devant l'empreinte elle-même, le négatif révélé par la photographie, mais devant le dessin qui prétend l'améliorer, cela m'est complètement impossible. Je vois, dans le domaine de l'iconographie, des choses terrifiantes, et ne peut que m'écrier intérieurement: "Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font..." Je suis toujours consternée de voir représenter le Christ avec une tête de niais bêlant ou de play-boy hollywoodien. Surtout quand Il a pris la peine de nous léguer ce cinquième évangile qu'est le Suaire. Brouiller ce message n'est pas une oeuvre utile. On a pu obtenir une reconstruction en trois dimensions, car l'empreinte elle-même en donne la possibilité, c'est en soi assez stupéfiant, et bouleversant quand on n'y touche pas plus loin. Mais dès qu'on essaie de la transposer, au travers de ses idées, sentiments et représentations personnelles, c'est la catastrophe. Plutôt que de bidouiller cette image, mieux vaut faire ce qu'ont fait les croyants depuis qu'ils en ont eu connaissance: des icônes. La tradition iconographique empêche de projeter sur une Image sainte absolument n'importe quoi.

Pour le Suaire, je me contente de l'icône "soviétique", que me suis confectionnée moi-même avec des souvenirs et de jolies choses. La photo du Suaire telle qu'elle s'est révélée, ma tresse de cheveux d'enfant, des fleurs de Solan ou de la tombe de sainte Matrona, un peu de duvet de mon petit chien, des monnaies du pape de mon jardin, du papier brillant. C'est-à-dire que j'ai juste composé un cadre avec toutes ces petites traces de ma vie que je voue au Seigneur. 



 


Reconstitution d'après le Suaire

J'ai vu la foule de petits crétins que la mort de Jean-Marie le Pen motive pour aller manifester, tandis que toutes les avanies infligées à leur pays par leur gouvernement mafieux ne les font pas bouger d'un cil. Je sais bien que ce sont tous des enfants-loups culturels et spirituels, avec des prénoms idiots ramassés dans les séries, aucune notion de rien, aucun réferent culturel normal, mais quand même... Tout d'un coup, j'en ai eu le vertige, et je ne regrettais plus de ne pas laisser de descendance parmi ces dégénérés ni d'avoir choisi de mourir loin des boomers qui les avaient enfantés et élevés dans la barbarie hagarde et prétentieuse. Quelle que soit l'orientation politique de chacun et la façon dont on considère le vieillard qui vient de quitter cette terre, il n'a jamais exercé le pouvoir, et l'on n'a rien de spécial à lui reprocher, à part des déclarations, souvent amplifiées par la presse et détachées de leur contexte pour en faire un épouvantail. Concrètement, à part penser mal, il n'a rien fait de si terrible. Il n'a pas arraché les yeux, les mâchoires et les mains des gilets jaunes, privé les soignants récalcitrants de salaire ni les vieux des visites de leurs proches, ni inoculé de force un vaccin douteux, j'en passe et des pires, pour ne pas encore me faire dénoncer par un obligeant minable du même tonneau que ces pauvres petits imbéciles. Mais outre que cette réaction, manifester pour applaudir le décès d'un type qui ne les a jamais réellement menacés, est absolument stupide, elle est aussi tellement vile... J'en ai honte pour eux. Et je pressens que lorsqu'ils récolteront les fruits de leur aveuglement, (ils les récoltent déjà et ne voient rien), ils ne comprendront jamais et continueront à délirer dans ce méprisable registre jusqu'à leur complète extermination déjà programmée. 

Le fiancé de Katia était en grand danger, assailli par des drones dans le bâtiment où il se trouvait avec ses camarades, et la situation était si désespérée qu'il lui avait même fait ses adieux, au cas où... J'ai demandé de l'aide à tous ceux que je connaissais et qui pratiquent la prière, évidemment. Six drones ont percuté leur abri et n'ont pas explosé. 

 



vendredi 3 janvier 2025

Début d'année

 



Moustachon

Hier, je dérapais sur la glace et dans la flotte, le centre de Pereslavl était impraticable, des voitures et des congères sales partout, les moscovites sont venus en foule. Mais aujourd’hui, féerie hivernale, neige blanche, et quelque chose de déjà printanier dans le ciel bleu et la lumière. La lumière est ce qui me manque le plus, l’hiver, ici. Je suis sortie pour le plaisir de la regarder. Mais je ne suis pas allée me promener, parce que j’ai peur de glisser et de tomber, qu’entre moi et les endroits qui sont beaux, il y a des rues bordées de maisons affreuses et du côté du marécage, les motoneiges et les luges. Alors j’ai regardé les alentours, et mon jardin briller d’un éclat doré sur la neige bleue, et les animaux profiter un peu de ce moment, courant, bondissant et grimpant aux arbres. Ce miracle a duré juste deux ou trois heures, et déjà la nuit tombe, c’était un rayon de printemps entre deux grands morceaux de nuit boréale.

Je suis allée à la gare routière chercher un Français qui visite la Russie et voulait me voir. Sur le chemin, j’étais guidée par le croissant de lune qui paraissait suspendu au clou scintillant de l’étoile du berger. Il pendait juste au dessous, presque vertical, magique.

J’ai tenté le soir de rédiger ma chronique et je vois, sur le site où je la publie, s’afficher un bandeau : « Nous avons supprimé cet article qui ne correspond pas au standard de notre communauté... » Il s'agit de l'article "figure humaine". Cela me démontre que la censure n’est pas seulement sur facebook, et aussi, sans doute, que de bonnes âmes me dénoncent, ce qui n’est pas très étonnant. Je crains d'ailleurs que par dessus le marché, ces âmes-là ne soient orthodoxes, c'est ça le pire... J'envisage de doubler mon blog sur un site russe, Live Journal, mais peut-être tombe-t-il sous le coup des sanctions. Peut-être la Russie finira-t-elle coupée du reste du monde, comme dans les romans apocalyptiques de Ioulia Voznessenskaïa... 

Katia m’a envoyé une vidéo d’un brave Russe qui conduit en Allemagne. Il a un portable à côté de lui qui ne nécessite pas d’être tenu à la main quand on est au volant, mais il a quelques secondes posé le doigt sur l’écran pour répondre à un appel, et s’est fait arrêter par les flics, il a pris une amende de 125 euros. Il n’en revenait pas. Car bien sûr, ici, nous sommes loin d’être emmerdés de la même manière. « Cela signifie, dit-il, que vous êtes étroitement surveillés par des caméras à intelligence artificielle, et que vous ne pouvez pas même effleurer, sur le siège à côté, un enfant, un animal ou le genou de votre petite amie. » Ou même vous gratter la tête. Vous ne pouvez rien faire que rester rivé à votre volant,  comme le galérien à sa rame. La prochaine étape, sera la voiture sans conducteur, transportant le pauvre esclave irresponsable là où on voudra le mener. C’est ça le programme.


Je sais qu’ici aussi, certains féodaux transhumanistes rêvent d’instaurer ce genre de choses, mais à mon avis, ça va marcher beaucoup moins bien. Pour l’instant, nous n’avons, Dieu merci, rien de tel. Dans le petit supermarché du coin, on a mis des caisses électroniques. Personne ne les utilisait. Alors on a interdit le payement par carte à la caisse habituelle pour obliger les gens à s'en servir. J’ai commencé à prendre du liquide avant d’entrer, car je n’aime pas avoir affaire à des robots, et de toute façon, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, et qui réclame l’intervention humaine. Finalement, l’année a commencé avec le rétablissement de tous types de payement à la caisse ordinaire. 

Mon visiteur me trouve pessimiste, et je ne pense pas l’être tant que cela. En ce moment, être optimiste, du moins sur un certain plan, relève carrément de l’auto hypnose. Que veut-il dire par pessimiste ? Je vois toutes les raisons que l’on a d’être extrêmement inquiets, mais je crois obstinément à la victoire du Bien, d’une façon ou d’une autre, je crois en Dieu et en la vie, et je suis toujours à l’affût des raisons d’espérer. Je râle, comme j’ai toujours râlé, car le spectacle de notre dégradation, de ce que nous faisons de nous-mêmes et de notre héritage m'emplit de colère et de douleur. Si j’étais vraiment spirituelle, me dit mon interlocteur, je ne devrais pas réagir comme cela. Sans doute, mais où a-t-il pris que j’étais si « spirituelle » ? Je n’en ai moi-même pas la prétention, je suis juste humaine, un écrivain, un témoin. Le père Valentin a dit une fois que j’avais réussi l’exploit, tout en connaissant si bien la Russie, et en y vivant depuis si longtemps, de continuer à l’aimer envers et contre tout ! Bien sûr, il y a des saints dont la sérénité, la paix intérieure et l'indulgence infinie sont inaltérables. J'ai toujours à l'esprit ce que disait le père Alexandre Eltchaninov: un chrétien souffre toujours plus que les autres, parce qu'il ne cesse de développer son empathie. Mais il ne souffre pas de la même manière, c'est la différence entre le monde que décrit Dostoievski et celui que décrivent Balzac, Flaubert, Maupassant, Céline... Dostoievski n'arrêtait pas de râler, il était complètement convulsé et il lançait des imprécations de tous les côtés, mais il est mort d'une façon remarquablement chrétienne et paisible. Ce n'était pas un moine, c'était un combattant, qui plus est hyper nerveux et hyper sensible. Mais je pense parfois que dans son genre, il n'était pas loin d'être saint et il a amené beaucoup de gens à la foi. Dont moi.

Je terminerai par ce message sur VK de Tatiana Joukova, en guise de bons voeux:

2025 sera l’année des représailles. J'en ai le pressentiment. Les rats courront dans tous les sens. Mais le châtiment ne proviendra pas des hommes, et vous ne pourrez donc pas y échapper. Ceux qui ont provoqué cette guerre, qui ont couvert les assassins de leurs mensonges, qui ont volé et gagné de l’argent grâce à la guerre et à la mort des gens, vous passerez tous un très, très mauvais moment. Les soi-disant dirigeants européens sont les premières viles créatures de cette foule infernale.

Таня Жукова
2025 год будем годом возмездия. Такое предчувствие. Побегут крысы, кто куда. Но возмездие не от людей, поэтому от него не скрыться. Те, кто разжигал эту войну, кто ложью прикрывал убийц, кто воровал и зарабатывал на войне и на гибели людей, всем вам придётся очень и очень плохо. Так называемые европейские лидеры - первые мерзкие твари в этой адской толпе. 

jeudi 26 décembre 2024

Ange promoteur



Je commence à donner des cours de français, j'espère que j'arriverai à m'en tirer. Car on ne sait de quoi demain sera fait. Je n'en avais guère envie, mais la jeune femme est très sympathique et j'ai l'impression que cela ne se passera pas trop mal.

Ma soeur, le jour de Noël, m'a appelée au téléphone, avec la caméra. Elle était à Marseille, sur la terrasse de ma cousine, et j'ai vu, à travers ce petit écran, surgir une telle lumière et un tel ciel bleu que j'ai eu l'impression d'être une plante dont on venait brusquement d'ôter le pot de fleurs qui la recouvrait. L'hiver du nord est vraiment dur, et il est vraiment sombre. "Pas grave", me dit le promoteur immobilier qui me vend mon appartement. "Vous êtes mieux ici. Vous êtes plus tranquille, et plus libre, n'est-ce pas? Et plus en accord avec votre conscience? Vous savez que des prophéties parlent de la Russie comme d'une arche?

- Oui, lui réponds-je assez surprise. C'est ce que dit un autre Français, le père Basile Pasquiet, à Tcheboksary..."

Mon promoteur est un pied-rouge du Kazakhstan. "C'est chaud, le Kazakhstan , et il y a aussi beaucoup de lumière, mais je ne regrette pas d'en être parti!"

Je pensais à mon amie Liouba, qui me disait que les anges pouvaient nous parler par la bouche de n'importe qui, le flic du coin, le concierge. Le promoteur!

Cherchant quelque chose sur les crèches traditionnelles russes sous forme de théâtre de poupées, je suis tombée sur cette vidéo de l'ensemble Ouleima. En fait cet ensemble n'en est pas vraiment un, ce sont les habitants de la communauté du village de Davydovo, entre Rostov et Ouglitch. Ils peuvent aller chanter ailleurs, mais le folklore est redevenu pour eux une façon de vivre, ils le pratiquent tous ensemble à l'occasion des fêtes, ils ont même des veillées régulières, chez les uns et les autres. J'aurais dû m'installer à Davydovo, je serais dix ans plus jeune, je le ferais peut-être encore


Je dédie cette merveilleuse crèche russe à l'ensemble la Chavannée, qui m'a écrit un intéressant commentaire et que j'apprécie énormément. 




lundi 23 décembre 2024

Les petits Jésus de cire

 


Comme d’habitude, j’ai eu du mal à me traîner à l’église, et j’ai manqué les vigiles, la veille. Je vais à la liturgie de l’aube chantante, c’est plus rapide, il y a moins de monde, l’acoustique est meilleure. Je n’avais pas grand chose à confesser car j’ai communié il y a trois jours. Mais j’y suis allée quand même, pour ne pas traumatiser le père Alexeï, et j’ai oublié de lui dire le seul truc qui me tracassait vraiment, d’avoir manqué les vigiles la veille. 

Quand je suis sortie, le ciel commençait à peine à s'éclairer, derrière les coupoles.

C’était l’évêque qui officiait. Me voyant, au moment des prières de remerciements, avec le petit bouquin du père Placide, il s’est exclamé, ravi : « Oh mais que vois-je ? Vous avez la traduction française !

- Eh oui, monseigneur, je ne comprends rien, quand on lit vite. »

En me donnant sa bénédiction, il m’a dit qu’il avait honte de ne pas parler français, je lui ai répondu que je pouvais lui donner des cours, mais il n’aura jamais le temps.


J’éprouve une immense lassitude morale, et la fréquentation de l'église, dans ce contexte, est une nécessité vitale, quelle que soit ma flemme. Nicolas Bonnal dit que « Poutine a tué 500 000 Ukrainiens, et que les prorusses s’en réjouissent ». Moi, je ne me réjouis pas du tout, et  ce n’est pas Poutine qui a tué ces soldats, mais leur gouvernement ukrobolchevique à folklore nazi et ses parrains anglosaxons qui l’ont acculé à la guerre et ont tout fait pour la prolonger et faire périr un maximum de gens des deux côtés. Le gouvernement russe a au moins essayé d’épargner les civils, qui sont systématiquement la cible de l’OTAN et de son proxy. Cela dit, la trahison est partout, la vilenie, les combines, la corruption, l’hypocrisie, tout cela sévit aussi à l’arrière chez nous. Nicolas me donne parfois l’impression de se réjouir de tout ce qui peut confirmer ses vues les plus pessimistes, et en particulier des revers réels et supposés de la Russie. Or si la Russie bascule complètement du mauvais côté, il n'y aura plus de place sur terre ni pour Nicolas, ni pour Slobodan, ni pour Dany et Iouri, ni pour moi, ni pour aucun être humain normal. Voir ce qui se passe en Ukraine, en Syrie et en Palestine.

Je vois tous les jours de déchirantes histoires d’animaux, dans les régions en guerre, bien sûr, mais surtout sur Pereslavl même. Dans les régions en guerre, beaucoup de soldats s'impliquent dans le sauvetage des malheureux quadrupèdes qui parfois même retrouvent leurs familles. Ici, les gens balancent des animaux domestiques dans les stations services, dans la forêt, dans des villages où il n’y a personne, des chats et des chiens qui étaient en appartement se retrouvent dans la neige, sur la glace, abandonnés, affamés, affolés, suppliants des yeux et des pattes, c’est monstrueux. Certains s’indignent de l’attention portée à toute cette innocente et injustifiable misère par des personnes comme moi, et malheureusement parmi eux, des orthodoxes et même des prêtres. Eh bien j’estime que secourir les victimes de notre indifférence, de notre irresponsabilité, de notre cupidité et de notre sadisme allègera un peu la facture de notre méprisable et indigne espèce, le jour peut-être assez proche du Jugement.

Personnellement, j’ai mon contingent de gentils parasites, et je ne suis plus de première jeunesse, je ne suis pas sûre d’avoir encore l’espérance de vie d’un chat. Je me sens parfois terriblement mal de ne pas recueillir un de ces malheureux. Mais c’est par dizaines que leurs photos défilent sur les sites des bénévoles, et que ces paires d’yeux nous implorent ou, pire, attendent avec une enfantine confiance que nous fassions quelque chose pour eux. Si je les prenais au rythme où je les vois, j'en aurais déjà un véritable troupeau...


Merci Annie Duperey

J’ai vu deux photos d’un quartier de Moscou, avant, après. C’est à pleurer, surtout quand on pense à l’échelle fantasmagorique des destructions qui ont eu lieu partout. Mais un joyeux communiste, en tous points semblables aux petits komsomols que j’ai connus dans les années soixante-dix, s’écrie dans les commentaires que c’est parfaitement normal, c’est la vie, tout change, vive le neuf, à bas le vieux, "du passé faisons table rase". « Le problème, lui ai-je répondu, c’est qu’à la place du vieux, vous n’avez construit et ne continuez à construire que du moche, du triste, du désespérant. Le problème est que vous ne sachiez plus faire la différence. Vos « nouveaux paramètres » sont le reflet d'un racornissement de l'âme. L’ancien quartier était humain, harmonieux et pittoresque. Le nouveau ne donne envie ni de le dessiner ni d'y habiter. »

Moins il reste d’âme aux imbéciles plus ils sont actifs, agressifs et sans complexes. Forcément, l'âme, c'est parfois bien douloureux et lourd à porter, s'en passer est plus simple. Du moins en ce monde.



Ici, c'est la ville de Iouriev-Polski qui, pourtant, en comparaison de Pereslavl, a conservé beaucoup de son charme passé, mais cette vieille photo fait entrevoir la beauté absolument fantastique que nous avons perdue, et que nous avons perdue partout. La danse des vandales sur les ruines, avec cris de triomphe et autojustification péremptoire, me paraît de plus en plus revêtir un caractère satanique, qu'ils en aient ou non conscience.



 Avec la venue de Noël, je repasse la tradition qui s'y rapporte, du moins celle que je connais. Malheureusement, je n'ai pas de crèche ici. En l'honneur de cette fête, j'ai mis en ligne deux chansons composées dans cet esprit, il y a déjà longtemps. Je les chante ensemble, parce que l'une me paraît le prolongement de l'autre. Sans doute à cause du musée d'art sacré de Pont-Saint-Esprit...


Пробую переводить

 Как обычно, мне было трудно тащиться в церковь, и я пропустила бдения накануне вечером. Я хожу раненько на первую службу, там быстрее, народу меньше, акустика лучше. Мне было не в чем исповедоваться, потому что я причащалась три дня назад. Но я все равно пошла туда, чтобы не травмировать отца Алексея, и забыла сказать ему единственную вещь, которая меня действительно беспокоила, - то, что пропустила бдения накануне вечером.

Когда я вышла, небо за куполами только начинало светлеть. Служил епископ. Увидев меня во время благодарственных молитв с маленькой книжечкой отца Плакида, он в восторге воскликнул : « О, да что ж я вижу ? У вас есть французский перевод ! - Да, владыка, я ничего не понимаю, когда читают быстро». Давая мне Свое благословение, он сказал мне, что ему стыдно, что он не говорит по-французски, я ответила ему, что могу давать ему уроки, но у него никогда не будет на это времени. Я испытываю огромную моральную усталость, и посещение церкви в этом контексте является жизненной необходимостью, какой бы слабой я ни была. Николя Боннал говорит, что "Путин убил 500 000 украинцев, и что пророссийцы этому рады". Я совсем не радуюсь, и не Путин убил этих солдат, а их нацистское укробольшевистское правительство и его англосаксонские спонсоры, которые загнали его в угол в войне и сделали все, чтобы продлить ее и чтобы погибло как можно больше людей с обеих сторон. Российское правительство, по крайней мере, пыталось пощадить мирных жителей, которые систематически становятся мишенью НАТО и его ставленников. Тем не менее, предательство повсюду, подлость, интриги, коррупция, лицемерие-все это свирепствует и у нас в тылу. Никола иногда заставляет меня думать, что он радуется всему, что может подтвердить его самые пессимистические взгляды, и особенно реальным и предполагаемым неудачам России. Теперь, если Россия полностью повернется не в ту сторону, на земле не останется места ни для Николая, ни для Слободана, ни для Дани и Юрия, ни для меня, ни для любого нормального человеческого существа. Посмотрите, что происходит на Украине, в Сирии и Палестине. Я каждый день вижу душераздирающие истории о животных, конечно, в воюющих регионах, но особенно в самом Переславле. В районах боевых действий многие солдаты участвуют в спасении несчастных четвероногих, которых иногда даже посылают своим семьям. Здесь люди бросают домашних животных на автозаправочных станциях, в лесу, в деревнях, где никого нет, кошки и собаки, которые были в квартирах, оказываются в снегу, на льду, брошенные, голодные, обезумевшие, умоляющие глазами и лапами, это чудовищно. Некоторые возмущаются тем вниманием, которое уделяется всему этому невинному и неоправданному страданию такими людьми, как я, и, к сожалению, среди них православные и даже священники. Что ж, я считаю, что спасение жертв нашего безразличия, нашей безответственности, нашей жадности и нашего садизма немного облегчит счет нашему ничтожному и недостойному виду в день, возможно, довольно близкий Страшного Суда. Лично у меня есть свой контингент милых паразитов, и я уже не первой молодости, я не уверена, что у меня еще есть продолжительность жизни кошки. Иногда я чувствую себя ужасно из-за того, что не забираю одного из этих несчастных. Но их фотографии десятками появляются на сайтах волонтеров, и эти пары глаз умоляют нас или, что еще хуже, с детской уверенностью ждут, что мы что-то для них сделаем. Если бы я брала их такими темпами, какими я их вижу, у меня уже было бы настоящее стадо...

 Я видела две фотографии одного района Москвы, до и после. Об этом приходится плакать, особенно когда думаешь о жутких масштабах разрушений, которые произошли повсюду. Но один жизнерадостный коммунист, во всех отношениях похожий на тех маленьких комсомольцев, которых я знала в семидесятые годы, восклицает в комментариях, что это совершенно нормально, такова жизнь, все меняется, да здравствует новое, долой старое, "из прошлого давайте сделаем чистый лист". "Проблема,-ответила я ему, - в том, что вместо старого вы строили и продолжаете строить только уродливое, унылое, безнадежное. Проблема в том, что вы больше не замечаете разницу. Ваши « новые параметры настройки " - это отражение оскудевшей души. Старый район был человечным, гармоничным и живописным. Новое не вызывает желания ни рисовать его, ни жить в нем».

Чем меньше у дураков остается души, тем они активнее, агрессивнее и без комплексов. Конечно, душа иногда бывает очень болезненной и тяжелой, без нее проще обойтись. По крайней мере, в этом мире.

Здесь город Юрьев-Польский, который, правда, по сравнению с Переславлем сохранил многое из своего былого очарования, но эта старая фотография дает представление о совершенно фантастической красоте, которую мы потеряли, и которую мы потеряли повсюду. Пляски, с победными криками и безапелляционным самооправданием вандалов на руинах, кажутся мне все более по сути сатанинскими, осознают они это или нет.

С наступлением Рождества я возвращаюсь к связанной с этим традиции, по крайней мере, к той, которую я знаю. К сожалению, у меня здесь нет вертепа. В честь этого праздника я загрузила в Интернет две песни, написанные мной в таком духе, уже давно. Я пою их вместе, потому что одна кажется мне продолжением другой. Несомненно, из - за Музея сакрального искусства в Пон-Сент-Эспри...

Считалка про южных городов В городе Сент-Мари Ослепленное море Ослепленное море Под солнцем сияет. В городе Арль на арене Приходя к нам Королева Приходя к нам Королева поет нам о своем горе Ибо в Тарасконе Красавец сынок Красавец сынок Умирает в тюрьме Это в городе Карпентрас Что король узнает об этом Что король узнает об этом Уйдет туда А ты, паренек
Видишь ли, не плачь Видишь ли, не плачь Отъезд короля. Ибо скоро вернется На вороном коне На вороном коне Спасти нас, конечно. На Авиньонском мосту Тогда все по кругу, тогда все по кругу, мы будем радоваться В городе Пон-Сент-Эспри Перед Иисусом Христом Перед Иисусом Христом Мы кланяться будем .

Восковые младенцы Иисусы Бледный и сияющий рай Сладких восковых младенцев Иисусов, украшенных жемчугом и таких красивых, уже давно привлекает меня. Их немигающие голубые стеклянные глаза поверх легкой улыбки навеки мечтают о вечности, о раю для младенцев, в колыбели звездного неба. Дева Мария, когда я умру, Возьми меня в свой лилейный сад, Куда уходят дети, поющие все райские песни, среди ликующих ангелов, в сиянии своих золотых крыльев,
после того, как жизнь покинула их, со слезами и годами Так сильно их испортившими.