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mardi 30 mai 2023

A l'ombre de Mars

 Entre la mort de ma mère, en 2014, et mon départ en Russie, en 2016, j'ai écrit des poèmes que je sors aux éditions du Net, pour les rendre éventuellement disponibles et en avoir une trace écrite. Ils sont imprégnés du pressentiment de la guerre et du malheur approchant de la France.


Cassandre

 

 

La bêtise aux cent mille bouches,

Le grand tohu-bohu du diable,

S’en va remplir ses desseins louches

En rameutant la foule instable,

 

Chien noir de cet affreux berger,

Glapissant à tous les échos,

Elle pousse à courir nos troupeaux

Sur les chemins qu’il a tracés.

 

Et comme il y va volontiers,

Le grand troupeau des imbéciles,

A l’abattoir sans barguigner,

Se pressant pour doubler la file.

 

Hurlant plus fort que tous les loups,

Entonnant, joyeux, leur refrain,

Ils feront leur boulot demain,

Sans soupçonner de mauvais coup.

 

Pareil au taureau dans l’arène,

Qu’aveugle le chiffon sanglant,

Il va là où la mort le mène,

Sans voir derrière ni devant.

 

Tous sont d’accord pour aller pendre

Ceux qui clamaient, depuis longtemps,

Que le chemin n’est pas à prendre,

Que l’assassin nous y attend.

 

Et Cassandre sur son rempart

Peut verser des larmes amères,

Les idiots vont de toutes parts

Nous précipiter dans la guerre.

 

Il te faut prier en silence :

Les mots trop vite déformés

Volent mal, au ciel éclatés,

Sur ce qui reste de la France.

 

 


Avant la Trinité

 


Après la période sèche, venteuse, lumineuse et douce de l'après Pâques, la Trinité s'annonçait humide, orageuse, avec des moustiques et des végétations adventices déchainés. Je n'arrivais même pas à tondre, et la situation dégénérait. Et puis aujourd'hui, miracle, un vent léger et frais, une lumière transparente, je suis restée sur ma terrasse à jouer des gousli, pas de radio à tue-tête, pas de camions, encore quelques motos, malheureusement, mais quand même, un moment de grâce, de trêve... Je sors souvent la nuit pour écouter les rossignols. Ils sont un peu loin, sans doute manquons-nous de grands arbres et de taillis à proximité, mais très nombreux, leurs trilles tissent dans la nuit une sorte de mystérieuse dentelle sonore, sous le croissant orange, dans ce ciel qui garde une étrange transparence au nord ouest. Tout se dépêche d'exulter pendant la belle saison trop courte.

J'ai rencontré un couple de Suisses de mon âge qui méditent de quitter leur pays. Ils font une tournée d'exploration. Des gens très gentils, qui voulaient rencontrer aussi notre Suisse cosaque apiculteur Veniamine, et qui nous ont couverts de cadeaux, j'ai un magnifique couteau suisse, par les temps qui courent, ça peut servir! Ils cherchent un pays "en dehors de l'Europe, un pays des Brics". Ils me disent que l'UE devient une dictature, que le mal à l'oeuvre autrefois chez les Russes est passé à l'ouest. En effet, et l'on voit bien qu'à divers épiphénomènes existe une seule cause. Le serpent change de couleur, il devient même arc-en-ciel, mais quel que soit le nombre de têtes, c'est toujours le même serpent. Puis j'ai fait la connaissance d'une Française, blogueuse, elle aussi, et installée en Russie depuis longtemps, Cécile Rogue. Elle parle parfaitement le russe, ce qui n'est hélas pas mon cas. Elle a un mari russe, c'est-à-dire qu'elle pratique la langue quotidiennement depuis des années. Et puis je pense qu'elle a étudié plus longtemps et plus sérieusement, et n'a jamais cessé d'utiliser cette langue.



Elle m'a parlé des problèmes qu'ont les gens tiraillés entre deux pays. Nous sommes russifiées mais quand même françaises, avec des différences de mentalité et d'éducation qui se font parfois sentir. Je lui trouve l'allure française, la silhouette, la coupe de cheveux, j'ai tout de suite vu, dans le café, que c'était elle. Je me demande si l'on réagit de la même manière à ma vue. Je me souviens qu'à New-York, en 80, quelqu'un m'avait dit: "On reconnaît les Françaises au foulard ou à l'écharpe qu'elles portent toujours au cou". Et à l'époque c'était très vrai, en ce qui me concerne, je n'ai jamais arrêté d'en porter, il faut que la chaleur soit torride pour que je m'en passe. Quand j'ai vu l'exquise Anne-Laure, très française également, elle avait l'inévitable écharpe enroulée autour du cou, et comme moi, elle ne la quittait pas! 


Les cosaques se réunissent en ce moment sur la place Rouge de Pereslavl, où je les ai trouvées dans des nuées de moustiques et le parfum des lilas. On leur prête maintenant un cheval, et les enfants peuvent s'entraîner à monter, les adultes aussi, moi, je suis trop vieille. Alors j'ai un peu chanté. Le petit Maxime voulait s'essayer sur ma vieille-à-roue. Elle est trop grosse pour lui, mais il ne s'en sort pas mal. Tous ces enfants sont très mignons, spontanés, gentils. La fille d'Olga m'a dit que je leur avais manqué! 

Cela prouve que ces séances sont profitables aux enfants, ils apprennent des choses, font des jeux et des sports d'hommes, avec des hommes. Ils sont bien élevés et serviables, ouverts. 

Un peu plus tard, à la Poste, où j'ai fait la queue trois quarts d'heure, je vois un type avec un gros colis étiqueté "détachement cosaque de Pereslavl". Il envoyait des médicaments au front. Son fils y est. En sortant, j'ai pensé longtemps à lui, à son fils, à celui du père Gueorgui, de Vladimir, qui a été tué, à ces jeunes gens fauchés par la mort, à cause d'une bande de psychopathes richissimes et toxiques...  Que faire? Quelqu'un m'écrit que tout a été fait pour jeter les "Ukrainiens" et les Russes les uns sur les autres, et que ça marche très bien, pour le plus grand profit de la mafia qui est derrière. En effet, on a rendu la chose inévitable et on s'efforce de la faire durer; mais le gouvernement russe n'est pas imbécile, je crois, et ne mène pas seulement sa guerre sur les champs de bataille. Je mets des guillements à Ukrainiens, car en fait, dans cet espace que l'Occident a étiqueté Ukraine, à la suite des soviétiques, et dans leur lignée, on peut dire qu'une partie du pays est occupée et martyrisée par l'autre, et depuis un bon moment, il suffit de lire Taras Boulba pour le comprendre. Arestovitch, le conseiller de Zelenski, a même décrété, paraît-il, en Israël, que les Ukrainiens, les siens, étaient un mélange de Polonais et de Juifs. Je mets "parait-il", parce que l'info n'était pas sourcée, mais je la crois volontiers véridique, tant cela me paraît évident. En effet, les Ukrainiens de l'ouest, uniates, ont été polonisés, bien qu'ils haïssent les Polonais et réciproquement (et puis aussi, accessoirement, les juifs). Et Catherine II a envoyé, d'après Soljénitsyne, un grand nombre de juifs en Ukraine, ils n'étaient pas contents d'y aller, mais quand même, ça laisse des traces; ça, plus la légende du royaume Khazar.... Donc aujourd'hui, les "Ukrainiens" russes gênent, et leur religion aussi, c'est pourquoi on les persécute et leur intime d'élever leurs enfants dans des caves, ou de partir chez les "moscovites" en leur attribuant des génocides qui ne sont pas de leur fait, selon le procédé de l'inversion accusatoire. C'est pourquoi aussi certaines grandes consciences, en occident, n'aperçoivent pas les croix gammées tatouées sur les bourreaux d'Azov et dissimulent depuis 9 ans les crimes commis par ceux-ci... Dans ce jeu de couillons, bien sûr, ce n'est pas seulement l'opinion occidentale, qui est dupe, mais aussi ceux qui servent d'hommes de mains aux crapauds richissimes de la finance internationale et des USA associés. Quelles que soit notre origine et nos convictions, il conviendrait de ne pas entrer dans ces manipulations criminelles et de ne pas tomber dans une solidarité de principe avec les manipulateurs.                                                                                                  



Poème de la poétesse d'origine juive Iouna Moritz:

Sans bavardage creux 

Ni clameurs mégalomanes,

La Russie compte trois classes,

Ceux dont elle est la Patrie,

Ceux dont elle est la proie,

Ceux qui la trouvent horrible.

Qu'on la tue, qu'on l'oublie, qu'on l'efface

De nos mémoires comme un espace

Pour que n'existe plus jamais

De pays qu'on puisse appeler de ce nom!


Et nous ont déclaré la guerre,

La clique amérciane

La clique européenne,

Leur communauté russophage

Qui ne vaut pas mieux que celle d'Hitler,

Le fascisme de l'histoire occidentale, 

Honte aux pays qui maintenant

Ont oublié la condition principale

De notre plus grande victoire:

La classe principale ici, 

Voit en la Russie sa patrie,

Où Napoléon n'est plus que le nom d'un gâteau.

https://vk.com/wall709040475_4370

Elle est communiste, moi pas, mais j'aime bien sa classification qui reflète une réalité. D'autant plus que bon an mal an, communistes, orthodoxes, juifs, musulmans et monarchistes se retrouvent assez massivement dans la première catégorie. Je laisse le lecteur curieux s'interroger sur les prédateurs et les renégats de la deuxième et de la troisième. Quand on a un cerveau, il faut le faire travailler.



jeudi 25 mai 2023

Contre la Vie




Un petit tour à Moscou pour diverses affaires, et une exposition de la bande Soutiaguine-Chevtchenko, dans l'atelier de ce dernier. Cela fait peut-être vingt ans que je me retrouve périodiquement dans cet endroit qui a beaucoup changé, Sacha l'a réparé, métamorphosé, le quartier lui-même, resté pittoresque, a des allures de quartier latin avant Hidalgo.
Toute la famille Soutiaguine a du talent, le père, la mère, les filles...
Sacha Chevtchenko n'a pas d'enfant, mais sa femme et lui ont recueuilli vingt chats.
C'était le dernier dimanche de Pâques, celui de la procession sur l'eau à Pereslavl, que j'ai malheureusement ratée, je lui ai préféré les Soutiaguine...
Chez le père Valentin, Liéna m'a parlé des grands blessés qu'elle va soigner deux fois par semaine. C'est absolument poignant. Elle ne sait que leur dire, tant leur détresse est totale. Mais souvent, ils finissent par être heureux que leur état les mette désormais à l'abri de la mort au front. J'admire son sang-froid et
Sveta Soutiaguina

sa force d'âme. On la trouve souvent dure, mais c'est sans doute ce qui lui permet d'assumer ce service. "Aller m'occuper d'eux m'apaise, me dit-elle, parce que cela me donne l'impression de participer un peu." 
Elle fait dans le patriotisme pessimiste, son père pense qu'elle se laisse démoraliser par des sites alternatifs.

Constantin Soutiaguine






Maria Soutiaguina

Anna Soutiaguina


A ce sujet, j'ai trouvé sur VK ce post d'Olivier de Hangest: 

Durant la seconde guerre civile européenne (1939-1945), la Résistance a commis — comme ceux d'en face — plusieurs crimes de guerres, longtemps niés, refoulés ou effacés. Nous ne pourrons jamais nous réconcilier sans accepter les exigences de la vérité. Et la vérité, tout historien digne de ce nom le sait, est kaléïdoscopique.

Les faits reconnus par un vieux résistant. Un groupe FTP (communiste) de la Corrèze a décidé froidement, en juin 1944, de fusiller 47 prisonniers allemands et une Française, après qu'ils aient creusé leur propre fosse. Cela constitue bien évidemment un crime de guerre, quel que soit le contexte.

Une partie de ma famille était socialiste, franc-maçonne et résistante («gaulliste») — un mien cousin a même donné sa vie pour la cause patriotique, il est mort en déportation, donnant son nom à une rue tourangelle. L'autre partie de ma famille était maréchaliste et nationaliste, détestant aussi bien les Godons que les Boches.

Moi-même j'éprouve une sympathie naturelle pour tous les réprouvés, ceux de 1939 (communistes réduits à la clandestinité) aussi bien que ceux de 1944 (fascistes réduits au silence et au peloton d'exécution). Il est des plaies qui se referment difficilement. Les mémoires sont inconciliables, alors il reste la recherche de la vérité, sous tous ses angles. Mon choix est de fleurir toutes les tombes. Mon mépris s'adresse aux spectateurs passifs et aux juges rétrospectifs.

Bien que partageant en grande partie le combat social et patriotique de nos amis du PRCF, je désapprouve leur refus radical de paix civile. Le courage était le même des deux côtés de l'orage, dans l'Europe d'alors et en France même. Rien de pire que les guerres civiles, qu'elles fussent religieuses ou idéologiques. Elles brisèrent les familles, les communautés, les jeunes volontés et tout sentiment d'humanité. Pour des idées qui «font trois petits tours et puis s'en vont».

Si nous en sommes là où nous en sommes aujourd'hui, c'est parce que des salauds des deux camps ont poussé au suicide Pierre Brossolette en 1944 et Pierre Drieu La Rochelle en 1945.

Comme le chantait jadis Georges Brassens:

Qu'au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi
Mieux vaut attendre un peu qu'on le change en ami
Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main
Mieux vaut toujours remettre une salve à demain

♫ https://youtu.be/K4GZLNUx1JE

Je ne connais pour ma part que des Français, courageux et minoritaires, «qui ont voulu faire quelque chose» avec panache. Dans les maquis rouges, au sein dans l'Armée d'Afrique ou bien dans les plaines de l'Ukraine. Tous éternellement unis dans le Panthéon des guerriers.

Jeune nation ► https://jeune-nation.com/kultur/histoire/le-crime-de-..

La Croix ► https://www.la-croix.com/France/Soldats-allemands-exe..

Initiative communiste ► https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/co..

Olivier ajoute en commentaire: Le salut hypothétique et lointain de la France (et, ce qui revient au même, celui du vieil Occident enraciné) passera nécessairement par le retour victorieux de la Sainte Russie (sur les ruines du nouvel Occident dévoyé).

Non point parce que la Troisième Rome viendra à notre secours, comme l'espèrent beaucoup de kremlinolâtres naïfs — mais parce que son règne ne peut que réactiver ce qui n'est, pour le moment, qu'endormi. La lance de saint Georges appelle celle de saint Michel.

Je partage son point de vue, car le conflit me paraît métapolitique autant que métaphysique, tout se passe au delà des personnalités en jeu. L'Occident est désormais contre la Vie. La Vie est contre lui.




mercredi 17 mai 2023

OVNI

 



La maison d'oncle Kolia

Malade plusieurs jours, sans beaucoup de fièvre, mais avec une bronchite dont je viens à bout avec des doses massives d'antibiotiques et de vitamines. Je n'ai plus de voix. Plus de forces non plus, mais toujours des tas de choses à faire, que l'on ne fera pas à ma place. C'est là qu'on prend conscience de son âge, quand on a tendance à l'ignorer.

Le temps est magnifique, rarement vu ici autant de journées ensoleillées, ni aussi peu de moustiques, mais la sècheresse menace. Dans mon marécage, cela ne concerne pas les plantes installées, mais les nouvelles et les transplantées demandent de l'arrosage.

J'ai vu hier une équipe mesurer la moitié d'isba de l'oncle Kolia, je redoute le pire. Cette ravissante façade va être saccagée, plastifiée, sans compter le bruit qui va me gâcher l'été, il ne manque plus que la construction par derrière du monstre pour lequel on a déversé ici des quantités de terre invraisemblables. J'essaie de surmonter le chagrin et la révolte que cela me cause. On peut dire que la connerie m'a pourri la vie dès l'enfance, je ne l'ai jamais supportée, convaincue, comme Dostoievski, que la bêtise peut devenir un crime. Mais à mon âge avancé, avec un organisme usé et une âme épuisée, cela devient difficile à supporter. 

Cependant, il y a pire. Hier, le festival Tom Sawyer fêtait par un thé en plein air la fin de son dernier chantier, la restauration extérieure d'une isba, sur la route principale, pas loin de chez moi. Je suis allée soutenir la cause. Cette pauvre isba, devenue toute pimpante, avec des détails charmants que l'on ne voyait plus sous la grisaille, est guettée par un énorme truc, tombé là comme un OVNI, en écrasant tout sur son passage. Ce truc me fait cuire les yeux à chaque fois que je passe devant. Il se dresse à trois mètres, au nord, d'un château américain lui-même hideux, à qui il bloque toute espèce de vue et de lumière. Et il surplombe au sud l'isba et son jardin, avec tant de lourde impudence, que si j'étais contrainte de vivre dans un tel voisinage, il me faudrait commander trois sequoias presque adultes pour ne plus voir ça, et aussi ne plus être vue de haut, comme une fourmi dans un vivarium. Heureusement que mon voisin à la terrasse n'a pas les mêmes moyens que le propriétaire de l'OVNI... 




Ce n'est même plus de la simple bêtise, du simple mauvais goût, c'est, au delà du mépris pour le style local, celui des gens qui vivent autour et qui doivent supporter cette intrusion colossale. Il paraît qu'après avoir regardé les volontaires restaurer la masure avec perplexité, les extraterrestres sont devenus plus ou moins amicaux. Mais même si je n'avais pas été malade, je n'aurais pas travaillé sur ce chantier, aucune envie de faire connaissance: les extraterrestres ne sont pas ma tasse de thé.

Quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre que l'auteur de ce méfait vitré était architecte, et même un célèbre architecte de Moscou! Dans un sens, c'est instructif. Si vous ne comprenez pas comment on a pu et peut encore, saccager cette capitale et ce qu'il lui reste de quartiers pittoresques après l'Union Soviétique, venez contempler l'OVNI de Pereslavl-Zalesski. Ca fait peur. Si j'avais encore les forces, je crois bien que j'envisagerais la fondation d'une communauté dans un village perdu du nord

Cependant, il faut dire que tout ceci concorde avec la vidéo de l'officier para que j'ai donnée récemment. La Russie ayant connu l'effondrement de l'Etat providence, tyran mais providence quand même, puis le pillage néo-libéral, en est là où nous allons, dans une société post-moderne dont elle a pris l'habitude en développant des stratégies de résistance. Certes, n'importe quel butor peut construire n'importe quoi, mais  en revanche chez nous, on projette carrément de priver les gueux de toute espèce de propriété. Ainsi, dans un cas comme celui de l'OVNI, il reste la haie de sapins de 20 mètres ou le déménagement à 30 km de Pereslavl (parfois même beaucoup plus près). Car si personne n'empêche la construction d'un tel machin, personne n'empêche non plus les plantations d'arbres... c'est votre terrain.

J'ai une pensée émue pour une dame qui, vivant dans une ravissante maison provençale en pleine nature, rêvait de trouver ici "une jolie petite maison russe", ce qui reste théoriquement possible dans les villages perdus où faire 30 km peut vous prendre pratiquement une heure selon les saisons, et où il n'y a aucune infrastructure. Ou bien il faut vraiment étudier de près ce qu'il y a autour et savoir que la chute d'un OVNI reste toujours possible, à moins d'avoir devant soi un plan d'eau, un ravin, une falaise, ou une construction récente tolérable qui se dissimule aisément. Il faut avoir cet aspect de la question à l'esprit, quand on déménage en Russie, à moins d'être un citadin invétéré ou, au contraire, un homme des bois.

Or une émigration occidentale s'annonce avec de plus en plus d'insistance. Je lis sur VK:

Nous avons aussi de bonnes nouvelles. Avec tous les défauts de la FR, que je critique beaucoup, elle a l'air tout à fait convenable en regard des régimes dégénérés des USA ou de l'UE, où le christianisme  et la moralité sont opprimés par une politique gouvernementale délibérée. Elever normalement des enfants est problématique également chez nous, mais là bas, c'est juste irréaliste, car dans chaque école, l'enfant est confronté obligatoirement à l'idéologie des trente six genres et de la drogue permise. Et les gens de bonnes moeurs s'efforçant de résister à cela sont conspués dans les médias, les tribunaux, et de plus en plus soumis à des poursuites judiciaires. Par conséquent, se profile une émigration de chrétiens blancs d'occident, pas encore énorme, mais déjà assez importante. Dans l'ensemble, je suis contre les vagues de migration, mais une telle vague de gens qui nous sont proches par la moralité, l'état d'esprit et le génome, qui aiment la Russie, c'est utile. De plus, ils ne demandent pas d'argent, mais l'apportent eux-mêmes.

Ce sont généralement des gens désintéréssés, souvent plus patriotes envers la Russie que le Russe moyen. J'ai eu moi-même au Donbass une assistante allemande de souche qui s'est convertie à l'orthodoxie: pour une femme, et d'autant plus étrangère, aller faire la guerre pour la sainte Russie, c'est bien plus risqué que pour nous. Néanmoins, parmi les émigrés occidentaux venus chez nous, il y en a beaucoup.

Ils voient à juste titre dans la Russie le dernier bastion du christianisme et d'une vie normale et morale. Je vitupère moi-même les rechutes de bolchevisme dans notre pays. Cependant, chez nous, il relève plutôt du symbole. Alors qu'en occident, toute la politique et l'idéologie sont devenues bolcheviques façon Lénine et Trotski, avec les histoires de pédophilie dans les écoles et les "marches nues". Cependant, la question de la symbolique est activement reprise, en Occident, par les mêmes clans occultes financiers, sous l'égide desquels le communisme et la révolution sexuelle ont été introduits en Russie en temps voulu. Ils s'occupent désormais de la déchristianisation définitive de leurs fiefs, y compris au niveau des symboles. La famille royale d'Angleterre a, à un certain moment, aidé à renverser et à supprimer le saint tsar russe Nicolas II et à déclencher la persécution du christianisme en Russie. Et maintenant, elle en arrive à détruire les symboles chrétiens jusque sur les armoiries de ses propres terres, sans parler de choses plus viles. Le roi Charles III, à peine coutronné, ordonna la création d'un nouveau dessin héraldique sans croix pour le gouvernement canadien.

Des gens viennent chez nous, qui sont prêts à tout pour ne pas affronter tout cela et en protéger leurs enfants:

Un "Village américain", qui abritera 200 familles des Etats-Unis, commencera sa construction dans le district de Serpoukhov de la région de Moscou en 2024. 

C'est ce qu'a déclaré le directeur général du cabinet d'avocats Vista Emigration lors du 11° Forum juridique de Saint-Pétersbourg: "Fondamentalement, ce sont des chrétiens orthodoxes. Des Américains et des Canadiens qui, pour des raions idéologiques, veulent s'installer en Russie. Le projet est entièrement financé par ces étrangers eux-mêmes. Il n'y a pas de financement étatique ou local, mais l'approbation et le soutien du gouvernement de la région de Moscou étaient nécessaires."

En Allemagne, on parle de centaines de milliers d'Allemands russes qui veulent s'installer en Russie. Les raisons en sont connues. C'est l'implantation des valeurs radicales de la gauche libérale occidentale qui n'ont pratiquement plus aucune limite. Aujourd'hui, ils ont 70 sexes, demain, on ne sait pas ce qui se passera. Beaucoup de gens normaux, et là bas, il y en a aussi, ne comprennent pas tout cela et veulent émigrer. Beaucoup choisissent la Russie, mais ils y sont confrontés à un grand nombre de problèmes bureaucratiques liés à l'imperfection de la législation russe sur les migrations.

Igor Drouz.

https://www.blogger.com/blog/post/edit/8427042741309398685/7602757536195622948#


Si je cite ce post, ce n'est pas pour inciter les gens à partir, la question est très personnelle, mais parce que le phénomène me fascine et que l'analyse de l'auteur répond tout à fait à la mienne. Et puis je me demande quel en est le sens, la direction. Quand je suis partie, je pensais que ma démarche resterait assez marginale, or elle prend de l'ampleur, il est vrai que ce qui se passe en Occident s'est beaucoup accéléré et radicalisé. Les Américains s'organisent en villages, eh bien comme cela, ils éviteront peut-être les chutes d'OVNI... Personnellement, je ne suis pas venue ici pour vivre entre Français, mais pas non plus pour voir la Russie saccagée par ses propres habitants, et pourtant, je pouvais déjà le prévoir, la tendance est ancienne.


 


  


lundi 15 mai 2023

Très bien, très bien!

 

le métropolite Josaphat, condamné par la satrapie de Kiev

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un commentaire indiquant que, sur une page orthodoxe, sous les nouvelles concernant les arrestations de hiérarques ukrainiens, de bonnes âmes écrivaient: "Très bien, très bien!" Ou: "Ils n'avaient qu'à ne pas s'occuper de politique." Mais qui s'occupe de politique, le métropolite Onuphre et ses hiérarques qui s'en sont toujours gardés, ou ceux qui ont créé la structure maudite, mis à sa tête le grassouillet mitré ordonné par n'importe qui, avec la caution d'un vieux patriarche grec vindicatif? Pour quelle raison a-t-elle été créée, cette structure? Je citerais bien la députée ukrainienne dont j'avais traduit la vidéo à l'époque, mais bien qu'elle n'ait pas fait des milliers de vues, cétait encore trop pour youtube, qui l'a supprimée. 

Apparemment, les "orthodoxes" en question, après avoir ignoré délibérément pendant des années la situation de l'Eglise ukrainienne, car elle était fort gênante pour eux, ont décidé qu'ils pouvaient à présent se lâcher et passer à la calomnie et à l'hostilité déclarée. C'est tellement honteux, que des gens m'écrivent à ce sujet, m'exposant ce que j'ignorais encore, dans le genre immonde, et songent à émigrer, pour retrouver au moins des paroisses normales, et pas des nids d'agit-prop surexcités où l'on se monte la tête et règle ses comptes.

Pour ces croisés de la mauvaise cause, évidemment, ne "pas s'occuper de politique" serait rejoindre gentiment les rangs de l'Eglise indigne de la CIA-Bartholomée-Soros and Co, et le simple fait de s'y refuser fait de l'Eglise ukrainienne et de son métropolite une "Eglise Soviétique". Ils sont d'autant plus enragés, que les fidèles, là bas, ne s'y trompent pas, ils font la différence, entre de vrais pasteurs et des succédanés de sabbat, fabriqués en vue de la "Religion du futur", arc-en-ciel et compatible avec le mondialisme. L'Eglise ukrainienne, et c'est là que cela devient encore plus honteux et pathétique, depuis que j'en suis l'épopée, est sans doute la meilleure expression de ce qui subsiste de la Sainte Russie, cette Sainte Russie dont se réclament officiellement les descendants d'émigrés dévoyés, et les convertis français par erreur. L'Eglise Ukrainienne en est directement issue. Elle est sur place depuis le baptême de saint Vladimir. Elle utilise ces églises, qu'on lui arrache pour les profaner, depuis leur édification. Les saints qui reposent à la Laure sont les siens. Je pense à la lettre du saint patriarche Tikhon aux bolcheviques, où il précisait que ce qu'on confisquait à l'Eglise appartenait au peuple russe, que c'était son héritage dont on le spoliait. Nous avons affaire à exactement la même situation, et derrière la filiale de Bartholomée, nous n'avons ni des Ukrainiens, ni des chrétiens orthodoxes, pas plus qu'en 1918 derrière "l'Eglise rénovée". 

Donc, toute une regrettable partie des "orthodoxes de France" hurlent avec les chacals, dansent la carmagnole autour des moines et des chrétiens en prière, et crient "très bien, très bien"! au visage des métropolites condamnés par un gouvernement d'imposteurs et de compradores au service des forces les plus ténébreuses de la planète. J'inscris cela, pour qu'on s'en souvienne. C'est d'ailleurs le genre de choses que je n'oublie jamais. 

O Dieu, sois attentif à me secourir, Seigneur, hâte-toi de venir à mon aide.

Qu'ils rougissent et soient confondus, ceux qui cherchent mon âme;

qu'ils retournent en arrière et soient couverts de honte, ceux qui me veulent du mal; qu'ils retournent en arrière et rougissent soudain, ceux qui me disent: "Très, bien, très bien!"

Qu'ils exultent et se réjouissent en toi, tous ceux qui te cherchent, ô Dieu, et qu'ils disent sans cesse: "Que le Seigneur soit magnifié!" ceux qui aiment ton salut.

Pour moi, je suis pauvre et indigent, ô Dieu, viens à mon secours. Tu es mon secours et mon libérateur, Seigneur ne tarde pas!

Les fidèles et les hiérarques de l'Eglise Ukrainienne, qui est depuis 1000 ans une partie spirituelle de la sainte Russie, n'ont que le martyr pour se faire entendre des oreilles et des coeurs durs, et on leur répond "très bien, très bien!" En crachant sur elle, on crache aussi sur tout le reste, sur toutes ses reliques et ses ancêtres, pour épouser la cause des uniates polonisés auxquels elle a résisté des siècles, selon les oukazes d'un gouvernement qui est à peu près aussi ukrainien que moi je suis bantou. Il est vrai que nous sommes oecuménistes, éclairés et ouverts à tout, bien sûr. 

Le chemin de l'enfer est large, emprunté avec enthousiasme, sous les applaudissements des fous.


samedi 13 mai 2023

Post-moderne...

 Avant de commencer cette chronique, je voudrais signaler deux vidéos remarquables, celle de cet ancien parachutiste au parcours universitaire brillant, dont je retiens la formule: "Les juifs américains sont des descendants de juifs pessimistes qui ont fui aux USA, les fosses communes des camps d'extermination sont pleines de juifs optimistes qui pensaient que ça allait s'arranger": 



La tableau qu'il trace n'est pas riant, mais pas excessivement catastrophique non plus, disons qu'il est réaliste, un homme averti en vaut deux. Il dit en substance que nous ne reviendrons pas en arrière, et qu'il nous faut trouver des moyens de survivre, de nous adapter et de résister, dans l'entraide, car nous ne pouvons plus compter que sur nous-mêmes en face de gouvernements plus ou moins mafieux et susceptibles de commettre n'importe quelle saloperie.

Et ensuite la prestation de Slobodan Despot au club Aristote, qui fait avec lucidité, culture et mesure le tour de la question russo-ukrainienne, et dont je retiens la formule, exprimée à propos de l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie: "A partir de ce jour, je prie pour tous les soldats et pour tous les civils qui tomberont par leur faute, et je les envie, ces morts, de ne plus avoir à regarder les sales tronches des dirigeants occidentaux qui sont des monstres (...) Nous vivons sous l'emprise de gens qui n'ont absolument aucune moralité humaine, qui n'ont aucun frein et qui n'ont aucune pitié ni des autres ni de vous, qui êtes sous leur pouvoir." C'est une prise de conscience que j'ai eue à peu près au même moment que lui et qui n'a fait que se confirmer par la suite.


Quelqu'un me fait des remarques fines sur la gueule de Kadyrov, que je citais sur mon mur, non parce que j'en suis une admiratrice enthousiaste, mais parce que sa déclaration sur un événement récent pouvait être éclairante. La personne en question n'a pas hésité une minute à me placer parmi les groupies du Tchétchène, car je suis naturellement excessive, puisque je ne rejoins pas les rangs des rhinocéros, en lesquels tous se transforment, en démocrature, à vitesse impressionnante. Or je suis persuadée que Kadyrov est une personnalité tout ce qu'il y a de plus brutale, comme Prigogine, et comme il y en eut dans toutes les guerres, et dans celle-ci, on a affaire aux sadiques des bataillons punitifs, qui sont l'équivalent banderiste de Daesh. A la différence qu'en Ukraine, d'après les témoignages que j'ai vus, les Tchétchènes et les Wagner ne touchent pas aux civils; ce dont ne se prive pas l'armée ukrainienne, puisqu'elle ne les considère pas comme de vrais Ukrainiens, et qu'il convient de les épurer. Cependant, au même moment que Slobodan Despot, je me suis rendu compte, moi qui dans ma jeunesse, considérait les Américains comme les chevaliers blancs de la démocratie dont Israël défendait le flambeau contre les terroristes à keffieh, que les Saddam Hussein, Khadafi, Hassad, Milosevic de l'époque m'étaient, en fin de compte, plus compréhensibles et moins répugnants que les sales tronches dont il parle. Et je peux le dire aujourd'hui de Kadyrov et de Prigogine, sans pour autant les approuver. Je peux même, à la limite, le dire de ceux qu'ils combattent avec leurs propres méthodes. Alors que la caste qui a ourdi tout cela, de l'Irak à la Yougoslavie, de la Lybie à l'Afghanistan, en passant par la Syrie pour arriver à l'Ukraine, me paraît d'une nature extraterrestre glaçante dont je ne vois pas d'équivalent dans l'histoire, dont même les bolcheviques ou les SS n'étaient que le balbutiement, le brouillon enfantin. Et le mal qu'elle nous cause et peut encore nous causer est lui aussi sans précédent, nous pourrions tout simplement ne jamais nous en remettre. Je ne dis pas que la Russie, ou l'armée russe, ou le personnel politique russe soient irréprochables, mais ils sont actuellement, avec l'intervention divine, la seule chance de l'humanité d'échapper à sa perte totale, à une fin atroce et ignominieuse. Se dire que si les Russes ne sont pas si bons que ça, par conséquent la caste occidentale n'est pas si mauvaise, me paraît de l'aveuglement qui relève de l'optimisme auquel fait allusion l'officier parachutiste de ma première vidéo et qui pourrait être simplement de la faiblesse. Car les Russes restent humains, la caste ne l'est plus et le revendique. Toute personne qui en écoute les représentants peut s'en convaincre, ils ne s'en cachent même pas. Ne pas s'arrêter au brushing, à la coupe du tailleur ou du costume, ni au sourire à quarante huit dents sous les yeux de serpent congelé.

J'ai aussi regardé une vidéo de la série Besogon de Nikita Mikhalkov, "la romantisation de la vilenie", qui part d'un constat que je partage, à savoir que depuis déjà longtemps, on fait du salaud et du criminel une victime ou un héros. Il part de Vera Zassoulitch, acquittée de sa tentative de meurtre sur un fonctionnaire tsariste, un manque de fermeté qui a sans doute été à l'origine de l'assassinat du tsar Alexandre II, et peu à peu de la révolution. Il fait référence aux Démons de Dostoievski, où tout cela est magistralement analysé et prédit. Il parle de la complicité des intellectuels de l'époque avec ce genre d'individus, de leur désavoeu de la Russie, et cite des intellectuels contemporains, leurs réactions à l'attentat contre Vladlen Tatarski, leurs collectes pour venir en aide à la stupide créature qui a causé, avec la mort d'un blogueur et correspondant de guerre qui ne partageait pas ses idées inculquées, des blessures de diverses gravité aux cinquante personnes présentes autour de lui. Un de ces types explique que la Russie doit devenir enfin une "société humaine", ce que pensaient les imbéciles du XIX° siècle, comme si par exemple, la société anglaise "démocratique" que décrit Jack London dans "les Bas-fonds de Londres" était plus humaine que la Russie tsariste. Pour ma part, ce témoignage m'a fait à peu près aussi froid dans le dos que l'Archipel du Goulag, alors que "l'Eté du Seigneur" de Chmeliov, m'a fait l'effet d'un paradis perdu. Actuellement,  je trouve la société russe actuelle plus humaine, à tous les sens du terme, que la nôtre, et même dans la guerre, elle se montre plus humaine que l'OTAN dans tous les pays où cette association de malfaiteurs a cru bon d'intervenir. Ces gens qui font ces collectes pour une criminelle ne sont pas inquiétés, et même, observe-t-il, on a nettoyé brutalement les hommages déposés par les gens sous forme de drapeaux russes, photos, rubans de saint Georges, bougies, à l'endroit de l'attentat en les fourrant dans des sacs poubelles (en temps de guerre, dans des sacs poubelles, le drapeau russe, le ruban de saint Georges, chez le dictateur soi-disant revanchard, de façon officielle, sur l'ordre de quelque fonctionnaire municipal...), alors qu'à l'endroit de l'assassinat de Nemtsov, automatiquement imputé à ce même dictateur, qui n'avait aucun intérêt à se débarrasser ainsi d'un concurrent insignifiant, personne ne touche à ce qu'y déposent les libéraux enthousiasmés par les assassinats d'intellectuels patriotes.

Il revient à son obsession, le centre Eltsine de Ekaterinbourg, qui est en effet un scandale. Construit par les Américains, il fonctionne toujours, enseignant aux Russes que ce qui s'est passé chez eux n'est pas le résultat d'une idéologie occidentale importée par des russophobes, l'idéologie en soi et les russophobes ne sont pas en cause, mais la barbarie foncière de ce peuple inepte. D'une façon assez primitive, toute l'histoire russe est caricaturée pour en arriver à l'exaltation d'un compradore ivrogne au service des anglosaxons salvateurs à qui il convient de confier la direction de ce malheureux pays d'incapables, de poivrots et de sadiques et de ses richesses. Cette propagande occidentale infâme consiste à dédouaner certaines personnes des crimes commis en Russie, et à diaboliser le pays aux yeux de sa propre jeunesse. Et depuis le début du conflit, en 2014, j'ai senti toute la perversité de la démarche qui permet évidemment, par réaction, aux révisionnistes communistes de justifier à posteriori les épurations du guide. 

C'est exactement ce que fait Mikhalkov, en convoquant un contre-historien, qui nie le holodomor, Katyn, l'esclavage d'état etc... Pour Katyn, je ne me prononce pas, car c'est une histoire embrouillée et d'après ce qu'il dit, l'URSS aurait été disculpée dans un premier temps. Pour ce qui est du holodomor, ce que je conteste, c'est qu'il s'agissait d'un génocide d'Ukrainiens commis par des Russes, comme le disent maintenant ceux qui voudraient bien faire oublier ce qu'il y avait là derrière, alors qu'il s'agissait de l'extermination de la paysannerie, un peu comme en Vendée, et qu'elle n'a pas seulement frappé l'Ukraine mais la région de la Volga et tous les coins de Russie où les paysans s'en sortaient bien et avaient un peu d'indépendance. Trotski a fait un véritable génocide de cosaques, par exemple, en est-il question au centre Eltsine? Quand à l'esclavage d'état, je ne citerai pas Soljénitsyne mais l'émission populaire жди меня, équivalent de "perdu de vue", que je regardais dans les années 2000, où des gens recherchaient des disparus et pour cause de guerre et de répressions, il y en avait un paquet. Je me souviens d'une fratrie de cinq vieillards qui recherchaient le sixième, disparu pendant la guerre. Le père étant au front, la mère, une paysanne biélorusse, avait été raflée avec son nourrisson, le sixième enfant, pour remplir, je l'ai entendu de mes oreilles, les quotas d'arrestations et fournir en main d'oeuvre les grands chantiers de l'URSS. J'ai aussi effectué une croisière avec la faculté d'hydrotechnologie de Moscou, pour compenser une croisière que j'avais achetée et qui avait été annulée, au cours de laquelle on m'a parlé en long, en large et en travers de la construction du Biélomor Kanal. Un des professeurs, fille d'un directeur de camp qui, m'a-t-elle dit, n'avait jamais regretté ce qu'il avait fait, m'a déclaré: "Nous voguons sur des ossements". A cela, certains me répondent que Pierre le Grand n'avait pas fait mieux. Et alors? Il faut l'en féliciter? La fin justifie les moyens?

Mikhalkov fait comme Prilepine, c'est-à-dire qu'en face de la propagande et des mensonges occidentaux, il s'efforce de gommer ce qu'ils dénoncent d'une façon biaisée et perfide, mais qui a pourtant eu lieu, et il vaudrait mieux le reconnaître, s'il s'agit d'opérer une réconciliation nationale, autant qu'elle se fasse sur des bases saines et non pas sur des mensonges historiques complaisants répondant aux mensonges d'en face. Ce n'est peut-être pas agréable à réaliser pour beaucoup d'anciens joyeux komsomols, mais on a toujours tort de vivre dans l'illusion. Sinon on en arrive à un jeu pervers de propagande et de contrepropagande qui se nourrissent l'une de l'autre. Cela n'enlève rien à l'héroïsme des combattants russes, et à leur rôle décisif dans l'issue de la guerre, bien que finalement, à ce qu'on voit aujourd'hui, elle ne se soit pas encore terminée, mais le véritable ennemi de tous n'est peut-etre pas là où le croient chacun des protagonistes.

De même, il s'étend longuement sur les nazis recasés dans les structures de l'Union européenne et de l'OTAN, c'est instructif, je ne savais pas qu'il y en eût autant, et cela me démontre qu'en effet, comme je le pense depuis longtemps, nous avons affaire à un serpent à plusieurs têtes, dont le corps s'appelle progressisme matérialiste luciférien. Mais il conviendrait aussi de se pencher sur le trotskysme de la gauche occidentale et des néocons américains qui utilisent avec fourberie le néonazisme ou le paranazisme des banderistes ou des pays Baltes tout en traitant de nazis les patriotes des pays qu'ils veulent perdre, soit les Français, les Allemands, les Russes, les Autrichiens, les Hongrois, enfin tous ceux qui sont la cible et non pas l'instrument.

Cela étant établi, souvenons-nous aussi de Vladimir Boukovski, dont la vidéo nous avertissait, il y a 15 ans, que notre UE pouvait se parer de trois lettres de plus. UERSS, les deux dernières, à la lueur de ce qui se déroule depuis un certain temps, prenant tout leur sens complémentaire dans cette dénomination. J'ai aussi une pensée pour Zinoviev, maintes fois évoqué par Slobodan Despot. D'abord dissident, il en était venu à penser que la démocratie occidentale deviendrait plus dictatoriale que l'URSS, et que l'antisoviétisme servirait de prétexte à la russophobie.  Or cela aussi, je l'ai vérifié. Il m'est arrivé de voyager avec la veuve d'un dissident soviétique qui m'avait exprimé une haine de la Russie absolument rabique quand elle avait découvert que j'avais choisi d'aller travailler au Pays Maudit. Beaucoup de gens m'ont parlé avec inquiétude de la dissolution de l'association Mémorial consacrée aux victimes du Goulag. Cependant, membre d'un groupe, sur facebook, consacré à la même chose, je m'en suis exclue après avoir constaté que les autres membres utilisaient tout cela comme prétexte pour vilipender la Russie depuis l'aube de son histoire. De sorte qu'entre les uns et les autres, on ne peut plus évoquer le sujet. C'est finalement bien pratique pour tout le monde.

Je suis obligée de constater également, à la fin de ma vie, que les ravages opérés par le communisme sur le tissu social et la mentalité des gens ne sont pas aussi radicaux que ceux du capitalisme consumériste de l'empire anglo-saxon, au bout du compte. Certes, cet esprit corrupteur, pervers, cupide, vulgaire, impudent et profanateur s'est infiltré dans la société russe, surtout la haute société, et les milieux "créatifs", mais quand même, il n'a pas eu le temps de tout dissoudre. On peut espérer que le processus s'arrête, bien qu'il sévisse encore, au mépris de l'état de guerre et des discours patriotiques, car il a aussi ses relais inlassables et sournois chez les hauts fonctionnaires. Néanmoins, quand j'écoutais ce que disait de notre avenir l'officier para, aucune protection sociale, un état sur lequel on ne peut plus compter, la nécessité de survivre parallèlement à son appareil ou même contre lui, je me disais que si la Russie, par certains côtés, était en retard sur nous, de ce côté-là, elle était plutôt en avance. D'ailleurs, dès les années 90, j'avais senti que le désastre organisé chez elle, on nous le préparait  par la suite, et c'est ce qui se produit, le tour de l'Europe est venu. Les gens, ici, après le naufrage et les pillages des années 90, ont développé toutes sortes de contre-stratégies, grâce à leur esprit solidaire, ils ont l'habitude de compter sur leurs diverses communautés plutôt que sur les fonctionnaires qui ne fonctionnent pas. Je pense que chacun peut trouver sa niche écologique, ce qui n'est vraiment plus le cas des pays occidentaux. On peut même quasiment y choisir son époque. Faire ici le communiste, environné de communistes, dans l'environnement correspondant, ou vivre là comme les cosaques, à la façon de Veniamine le Suisse, créer un groupe de country, comme Jason l'Américain, fonder une communauté agricole, ethno-folklorique, artisanale, artistique, orthodoxe, ou souvent tout cela à la fois, ou bien encore vivre dans le high tech ou la beaufitude post-moderne, et personne ne semble s'en formaliser ni même y prêter attention.




jeudi 11 mai 2023

La grippe de la victoire


Je devais aller chanter avec les cosaques pour le jour de la victoire, mais je suis malade, j'ai une sorte de grippe, toux et température, voix, selon l'expression de Valérie, de "vieille maquerelle en peignoir". Dans un sens, c'est peut-être pour m'obliger à mettre la pédale douce. Aujourd'hui, un léger mieux, je suis sortie sur la terrasse. La noria de camions reprend, quand vont-ils s'arrêter de déverser des tonnes de terre dans ce malheureux marécage? Sans compter qu'ils nous empoisonnent et font un bruit d'enfer. D'enfer est le mot... Ma voisine Ania m'a dit qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle ne pouvait pas se reposer quand elle rentrait du travail. Lorsque les camions se calment, le voisin bricole, avec la radio à fond, et une musique horrible, obsédante, qui me ferait avouer n'importe quoi si on me la passait en boucle sans possibilité de la fuir à l'intérieur. 
L'autre soir, j'ai entendu d'affreux cris de chien terrifié, et j'ai vu, dans les ténèbres de mon jardin, le pauvre géant Alba poursuivi par un diable griffu et cornu: c'était Moustachon, dressé sur les pattes arrières, qui agressait cet animal débonnaire dix fois plus gros que lui.
Valérie et Lioudmila sont reparties en France, je les ai accompagnées à la gare routière. Elles ont 20 heures de bus depuis Moscou jusqu'à Riga, et après, l'avion...

Une correspondante facebook est venue me voir il y a deux jours, Olga. Comme Lioudmila, elle a passé trente ans en France, elle y a un fils. Elle me dit avoir adoré ce pays mais ne plus le reconnaître. Comme on l'a virée de son travail, elle a décidé de passer six mois dans son pays d'origine pour faire le point et décider si elle y revient ou non. Nous nous sommes très bien entendues et auparavant, elle a fait aussi connaissance de Dany. Elle m'a parlé de sa nostalgie de la France quand elle est en Russie et de la Russie quand elle est en France, c'est le problème de tous les gens qui ont vécu sur deux pays. Je lui ai parlé de mon impression que l'atmosphère était là bas devenue délétère et que beaucoup de gens tournaient neuneus. "C'est exact", m'a-t-elle confirmé.
J'ai fait, à cette occasion, des infidélités au café la Forêt, il y avait tellement de monde que nous avons dû nous rabattre sur le concurrent et parent du dessus, Vysoko, qui est d'ailleurs très bien. 
Un jeune homme m'écrit qu'il vient de découvrir avec horreur ce qui s'était passé dans le Donbass depuis huit ans. Il n'en savait rien, ce qui n'est pas étonnant, puisque la presse occultait complètement l'histoire. S'il a eu l'idée d'aller se renseigner, c'est qu'il était choqué par la russophobie délirante de sa paroisse et les bêtises qu'il y entendait raconter. Comme quoi,  quand on a une conscience et une cervelle, on se pose les questions nécessaires. J'en connais d'autres qui savaient et préfèrent oublier, sous prétexte d'impartialité, ou pour d'autres raisons plus inavouables, ce qu'il est gênant de connaître, sur la planète des rhinocéros, si l'on ne veut pas remettre fondamentalement son existence en question.
Une voisine est venue me demander un rejet de prunier, et m'a donné en échange une bouteille de sa gnôle personnelle, ornée d'un ruban de saint Georges!
Au café français, une dame assise à côté de nous, tandis que je bavardais avec mes copines, me dédiait des sourires radieux. Se levant pour partir, elle m'a remerciée d'avoir mis un Z sur mon sac-à-main!
Mais c'est tout ce que j'ai vu, à cause de ma grippe, des célébrations de la victoire. A vrai dire, depuis toujours mes réactions sont partagées. Cette victoire a couté très cher aux Russes et je respecte leur héroïsme. De plus, je trouve extrêmement déplaisant et vil de leur contester le rôle joué par leur résistance dans l'issue de la guerre, mais j'ai tellement l'impression que nous avons tous été dupes et perdants, en fin de compte, les idéologies d'un côté, les calculs fourbes et cyniques de l'autre, et ça continue...
Un ami belge m'écrit qu'il a été horrifié par la tentative d'assassinat sur Prilepine, et qu'il entendait se promener avec un ruban de saint Georges dans son village du midi, par solidarité. Je ne sais pas si, à sa place, j'oserais le faire!
J'observe à ce propos, que Nemtsov et Politkovskaïa: 
1) c'est forcément Poutine le coupable.
2) c'est affreux et impardonnable.
Oles Bouzina, et tous les journalistes assassinés ou emprisonnés en Ukraine, c'est normal, c'étaient des "prorusses" ou carrément des Russes.
Daria Douguine, c'est normal aussi, c'était la fille de Douguine, et elle pensait mal, comme son père.
Vladlen Tatarski, c'est normal, un séparatiste qui se battait au Donbass, tressons des couronnes à l'idiote qui l'a assassiné en blessant cinquante personnes.
Zakhar Prilepine pense mal et il avait le culot d'aller, en plus, se battre pour les siens au lieu de faire semblant, comme BHL. 
Il n'est pas mort, mais son chauffeur de 27 ans, si: c'est normal, c'était un séparatiste, de toute façon.
Conclusion, il y a des gens qui sont des vaches sacrées intouchables et d'autres, qui sont des sous-hommes dont on peut faire ce qu'on veut. Ce qui ne signifie pas qu'au besoin les vaches sacrées ne soient pas quelquefois sacrifiées par ceux-là même qui poussent des cris d'orfraie. Pour Nemtsov, par exemple, je me suis toujours posé la question.



dimanche 7 mai 2023

Pièces de puzzle


J'appréhende la réalité à la façon d'un puzzle, dont les pièces prennent tout leur sens quand on les associe. C'est pourquoi je publie ces pièces, qui collent bien ensemble:

 Il se déroule en ce moment une purge complète de l'orthodoxie canonique sur les terres ukrainiennes, afin de faire de l'Ukraine un pays catholique.

Le métropolite Luc de Zaporojié:

Le 22 avril 2003, le journal français le Figaro a publié une déclaration conjointe du métropolite grec de France Démetrios (Plumis) et de l'évêque catholique romain Mathieu Rouge. Il y est question des perspectives de restauration de l'unité entre l'Eglise Catholique Romaine et les orthodoxes. Ainsi, les auteurs ont noté que la célébration commune de Pâques aurait lieu en 2025 (année du 1700° anniversaire du premier concile oecuménique) et l'unification en 2054 (c'est-à-dire le millième anniversaire du schisme).

Dans ce contexte, je voudrais rappeler une publication importante de la chaîne Pravblog Telegram qui permet de comprendre les étapes de ce processus. Il est précisé que la nouvelle union se construirait selon l'ordre suivant:

1- L'établissement du pouvoir de l'Eglise de Constantinople et de son chef sur le monde orthodoxe. L'idée qu'il doit nécessairement y avoir dans l'Eglise la primauté d'un seul homme est l'un des outils de la promotion de la papauté en tant que telle.

2- La tenue du Concile de Crète, qui consolida indirectement les revendications de pouvoir du Phanar. Est également adopté le document "Relations de l'Eglise orthodoxe avec le reste du monde chrétien", qui a ouvert la voie aux initiatives oecuméniques les plus larges.

3- Achèvement des travaux sur un document concernant le rôle de l'Eglise romaine au I° millénaire, sur lequel s'est penchée une commission mixte orthodoxe-catholique, sous l'égide de Constantinople. Dans ce document, la paputé est justifiée, la possibilité est offerte de reconnaître la primauté du pape dans le cadre de "l'Eglise Une". 

4- Réforme du calendrier. Mise en place avec les catholiques d'une date unique pour la célébration de Pâques. 

5- Restauration de la communion eucharistique. En 2016, monseigneur Job (Getcha), représentant du patriarcat de COnstantiinople, a écrit un article politique, dans lequel il affirmait qu'il n'y avait pas de schisme entre l'Eglise orthodoxe et les catholiques mais seulement "une rupture dans la comunion eucharistique".

6- Unification réellement complète et reconnaissance de la primauté du trône romain. 

A la lumière de cela, je ne suis surpris ni par la présence de représentants de l'Eglise catholique à "l'intronisation" de Doumenko, ni par la visite d'Epiphane au Vatican, ni par ses déclarations, selon lesquelles les clés de l'union des uniates et des orthodoxes en Ukraine sont entre les mains de Rome et de Constantinople.

Je crois qu'une épuration est vraiment en cours en ce moment, une épuration complète de l'orthodoxie canonique sur les terres ukrainiennes, afin de faire de l'Ukraine un pays catholique.

https://www.blogger.com/blog/post/edit/8427042741309398685/6538479351873137593#

A cette traduction, j'ajoute celle que publie Claude Ginisty:

Subject: METROPOLITE MARC (ARNDT) : "LE DANGER EST QUE DES TENTATIVES SERONT FAITES POUR DÉTRUIRE COMPLÈTEMENT L'ÉGLISE EN UKRAINE"
To: Anne Monney <anne.monney@outlook.com>, Antoinette Monney <antoinette.monney@outlook.com>, anny hertig <annyhertig@bluewin.ch>



Le Métropolite Marc (Arndt) de Berlin et d'Allemagne a partagé sa vision de ce qui se passe maintenant dans la Laure des Cavernes de Kiev et en général avec l'Église en Ukraine. Sa position, à mon avis, est particulièrement précieuse, car on peut dire qu'il est sur la "ligne de front spirituelle" : de nombreux réfugiés d'Ukraine ont trouvé refuge dans son diocèse, de sorte que l'évêque voit tout de ses propres yeux et prépercute dans son cœur.


Metropolite Marc (Arndt)

- Vladyka, en quels termes pouvons-nous décrire ce qui se passe maintenant dans la Laure des Cavernes de Kiev et avec l'Église en Ukraine dans son ensemble ?

- Cela peut être décrit de telle manière qu'il y a maintenant persécution de la seule Église orthodoxe canonique du pays, à laquelle appartiennent la majorité des croyants en Ukraine. Ce qui se passe dans la Laure est la manifestation la plus frappante de la situation actuelle. Les autorités menacent d'expulser les moines de là. Pour le moment, les moines restent dans la partie intérieure du monastère, mais ils ont un ordre gouvernemental de quitter les lieux. Mais quoi qu'il arrive à l'avenir, les moines ne vont pas le faire volontairement, pour autant que je sache.

- Pouvons-nous qualifier ce qui se passe maintenant dans la Laure d'apothéose de persécution de l'Église orthodoxe ukrainienne dans son ensemble ?

- Oui, c'est une autre étape dans la persécution de notre Église.

- Vous êtes en contact direct avec Son Béatitude Métropolite Onuphre et les frères  de la Laure. Que disent-ils de ce qui se passe ?

- Je ne les ai pas appelés depuis longtemps. Honnêtement, je crains qu'un appel de l'Allemagne ou de tout autre pays puisse interférer avec notre interaction avec l'Église en Ukraine. Ils sont persécuts pour leur lien avec le Patriarcat de Moscou, et maintenant tout ce qui sonne ou sent "Moscou" est persécuté en Ukraine.

Le gouvernement ukrainien essaie par tous les moyens possibles de montrer qu'il n'a rien à voir avec la Russie. Mais c'est de la folie, parce que toute la culture ukrainienne est étroitement liée à la Russie et à la culture russe.


- Vladyka, quels dangers, à votre avis, se trouvent dans la situation actuelle ?

- Le danger réside non seulement dans le fait que l'Église en Ukraine sera ignorée, mais aussi dans le fait que des tentatives seront faites pour la détruire complètement.

- Vous n'avez pas le sentiment qu'en essayant d'enlever la Laure de Kiev à l'Église, le conflit approche - ou a déjà abordé - l'objectif pour lequel il a commencé par ses instigateurs : diviser et essayer d'affaiblir l'Église, qui, peut-être, plus que toute autre chose dans le monde, continue d'adhérer aux fondamentaux chrétiens ?

- Oui. Naturellement, il s'agit d'une tentative de détruire ce qui nous permet de maintenir des normes éthiques normales. La Laude des Cavernes de Kiev a préservé ces fondements spirituels pendant des milliers d'années. Et les gens qui sont maintenant au pouvoir en Ukraine veulent clairement les détruire.

- Et qui en profite ?

- Le Diable. Bien sûr, il n'y a pas d'autre bénéficiaire. C'est nécessaire pour les personnes qui suivent l'exemple du Diable et qui veulent détruire la vie spirituelle de la nation.

- Les moines et les paroissiens de la Laure peuvent maintenant faire face à un choix : faire des compromis et passer aux schismatiques pour sauver d'une manière ou d'une autre le Laure, ou résister jusqu'au bout et peut-être suivre la voie du martyre. Comment pensez-vous que la situation va évoluer ?

- Je pense que la plupart d'entre eux ne feront aucun compromis, car il s'agit d'être ou de ne pas être. Il s'agit de l'existence de l'Église ou de l'accession à une organisation qui n'a rien à voir avec l'Église et qui détruit le principe spirituel.

- Votre diocèse allemand compte maintenant de nombreux réfugiés d'Ukraine, à la fois du clergé et des laïcs. Que pensent-ils de ce qui se passe dans leur patrie avec la Laure et avec l'Église dans son ensemble ?

- Ils sont ici, y compris parce qu'ils ne sont pas d'accord avec ce qui se passe là-bas dans la vie de l'Eglise. Oui, en partie, ils ont quitté leur patrie à cause de la guerre qui s'y passe. Mais ce n'est que l'extérieur. L'aspect interne est bien pire, car les principes spirituels de l'Église et de l'État sont détruits.


- Juste à propos des principes spirituels... En février de l'année dernière, quelques jours après le début de la phase militaire du conflit, vous avez dit avec douleur qu'à la fin de la guerre, il serait nécessaire de rétablir les liens entre les Russes et les Ukrainiens, et vous avez ajouté des mots qui m'ont bouleversé : "S'il reste quelque chose à rétablir Vous voyez à la fois des Russes et des Ukrainiens tous les jours. Croyez-vous que nous avons quelque chose à restaurer et que nous serons en mesure de le faire ?

- Je pense que c'est le cas, parce qu'en général, ce n'est pas une guerre entre les peuples. C'est une guerre entre les dirigeants qui l'ont déclenchée. Les Ukrainiens qui sont en Allemagne ont des attitudes différentes à l'égard de ce qui se passe. Parmi eux, il y a ceux qui ne sont pas prêts à abandonner leur culture russe. Après tout, il est entièrement russe depuis des siècles, et un tel concept comme la culture ukrainienne n'est apparu qu'au cours des 200 dernières années, peut-être.

- Il est temps de vous rappeler que dans ce cas, vous parlez non seulement en tant qu'évêque de l'Église russe à l'étranger, mais aussi en tant que spécialiste qui a défendu sa thèse de doctorat sur la littérature russe ancienne.

- Oui, exactement.

- Comment voyez-vous ce dont nous avons besoin pour rétablir cette unité ?

- Nous avons besoin d'une approche pacifique, calme et spirituelle afin de ne pas nous opposer les uns aux autres et d'accepter les faits historiques. Mais - comprendre et accepter l'unité historique des deux peuples. L'unité qui est basée sur une base spirituelle. Pendant des milliers d'années, les peuples russe et ukrainien ne sont qu'un. Dans notre église à l'étranger, nous n'avons jamais fait de différence entre les Ukrainiens et les Russes. Cela n'a tout simplement jamais existé. De plus, il faut dire que pendant de nombreux siècles, les Ukrainiens ont occupé des postes de direction dans l'Église russe. Un grand nombre, sinon la plupart, des évêques étaient de petits Russes, comme on les appelait alors. Ça n'a beaucoup dérangé personne, c'était normal. Et c'est exactement ce qui doit être restauré - une attitude normale les uns envers les autres sur une base spirituelle.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Pravoslavie.ru

Et en complément, cet article du blog de ce même Claude  Ginisty:

L'ŒCUMENISTE ET LE FANATIQUE

Une grande ouverture 
par laquelle s'enfuit l'Orthodoxie

Il n'est pas difficile de faire la distinction entre un orthodoxe œcuméniste et un orthodoxe « fanatique ». Voici quelques observations personnelles sur ce à quoi ressemble un œcuméniste :

  • « supérieur » : bien qu'il simule un comportement humble ; il avoue sa vision large sur certains aspects de la foi, contrairement au fanatique qui s'en tient aux Saints Pères, étant ainsi « immuable dans ses propres modèles » ;

  • « éduqué » : il a beaucoup étudié, même si ce n'est pas tous les Saints Pères ; il a étudié les interprétations de grands théologiens catholiques qui lui ont beaucoup appris sur la façon dont il pouvait interpréter les dogmes et les enseignements des Saints Pères, contrairement au fanatique qui ne fait pas vraiment de différences et d'interprétations, mais qui prend simplement les dogmes et les enseignements simples tels qu'ils sont ;

  • « tolérant » : il accepte les croyants d'autres religions, parce que le Christ les appelle aussi, contrairement au fanatique « aveugle », qui, au lieu d'être conscient de ses propres péchés, s'en prend aux hérétiques et les harcèle avec des dogmes des Saints Synodes et des enseignements des Saints Pères ;

  • « aimant » : il aime tout le monde, quelle que soit sa foi, contrairement au fanatique qui n'accepte même pas de prier avec les hérétiques, sans parler de les aimer ;

  • « obéissant » : il obéit aux patriarches, aux évêques, aux prêtres, contrairement aux fanatiques qui obéissent plutôt aux Saints Pères et non aux hiérarques œcuménistes ;

  • « pacifique » : il ne veut pas créer de problèmes et offenser la foi de ses « frères » car il ne veut pas désobéir à ses supérieurs et soulever des problèmes et des questions comme le font les fanatiques, qui n'écoutent donc pas aveuglément les supérieurs mais essaient de trouver des failles dans l'œcuménisme ;

  • « visionnaire » : l'Église doit suivre la mode, c'est la vision de l'œcuménisme. Que cela nous plaise ou non, les catholiques sont des milliards contrairement à nous qui sommes quelques millions, nous devons donc parvenir à un accord avec eux afin de lutter contre l'athéisme. En plus de cela, ils ont déjà de l'expérience dans leur adaptation au modernisme, nous devons donc apprendre d'eux comment garder la foi lorsque nous entrons dans l'Union Européenne et nous devons être leurs alliés.

 Le Christ vit et son Église ne succombera jamais, quant à celui qui craint de  confesser [la foi orthodoxe], qu'il garde à l'esprit la parole de saint Jean-Jacob de Neamts :

« Certains des serviteurs actuels du Saint-autel dénigrent les saints canons, les qualifiant de chaînes rouillées. Les canons sont inspirés par le Saint-Esprit aux  Saints Apôtres et aux Saints Pères des Sept Synodes œcuméniques, et ils disent : « Les canons, en raison de leur caractère ancien, sont devenus rouillés. » Je ne dis pas qu'en raison de leur attachement charnel et de leur manque de crainte de Dieu, ils sont devenus aveuglés et ont perdus en perdant leurs cheveux, leur barbe et leur moustache pour devenir des femmes. Qu'elle est l'image de notre Seigneur et de nos saints par rapport à eux ? C'est pourquoi ils piétinent les canons sacrés des saints et clament haut et fort qu'ils sont orthodoxes. »

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY


Si vous voulez, tout cela me fait penser d'abord au livre prophétique du père Seraphim Rose, "l'Orthodoxie et la religion du futur". La religion du futur étant un salmigondis stupide à l'usage du bétail abruti sur lequel entendent régner les saigneurs de la mondialisation. Je suis convaincue, comme d'ailleurs mon père spirituel, que le Christ accueillera tous ceux qui ont vécu ou sont morts en son Nom, et c'est aussi ce que pensait Silouane l'Athonite. Cela étant, ce truc fourbe qu'on nous fourgue en jouant sur les sentiments décrits plus haut sent trop la manipulation, de même que l'Union Européenne qui était censée nous garantir la prospérité et la paix dans la fraternité et nous a menés là où nous en sommes. Si les Eglises doivent être réunies, cela se fera par un processus mystérieux et non par des décisions de fonctionnaires et des intrigues. Ce qui se commet en Ukraine depuis plusieurs années est une infamie inqualifiable, comme l'était d'ailleurs l'Union promue par les Polonais il y a quelques siècles, avec les conséquences tragiques qui se font sentir encore aujourd'hui. Honte à tous ceux qui participent à cela, activement ou par indifférence et complicité. Il est évident à toute personne douée d'un cerveau, d'une âme et d'une certaine culture, que cela est une commande de gens qui sont en train de défaire le christianisme partout où ils le peuvent, et haïssent particulièrement l'orthodoxie, ciment des pays qui l'ont adoptée au départ. L'oecuménisme sent le souffre, il faut vraiment ne pas avoir de flair pour ne pas en percevoir l'odeur, de plus en plus entêtante.