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mardi 30 novembre 2021

De Charybde en Scylla

 


Nicolas Bonnal m'a envoyé un article auquel j'ai répondu en commentaire, mais je voulais aborder cette question dans une chronique, car elle me tracasse moi-même. L'auteur de l'article est visiblement un Américain venu s'installer en Russie pour y trouver une arche et donner un avenir à ses enfants, or comme beaucoup d'entre nous, il commence à se demander s'il n'est pas allé de Charybde en Scylla. Je ne suis pas une experte, et ne peut parler que de mes réactions épidermiques à mes observations limitées, et de mes intuitions.  Tout est clair pour moi de ce qui se passe en occident, mais en Russie,c'est plus complexe. Slobodan Despot émet l'hypothèse que la Russie puisse être l'objet d'une attaque de guerre bactériologique, c'est aussi l'opinion de mon amie Dany qui est restée un mois et demie à l'hopital avec le covid, et j'ai eu bien peur qu'elle n'en ressorte pas. On dirait en effet que notre virus n'est ici pas le même qu'en occident, beaucoup de gens sont malades, parfois très gravement, parfois leur état s'aggrave brusquement, pas mal de gens en meurent. Slobodan envisage que Poutine finasse. Il y a en effet une dissonnance entre la soumission à la politique mondialiste qui prévoit une dépopulation et la politique nataliste de la Russie. De plus, comme le remarque Dany, ici, on soigne les gens. Tous les malades du covid sont pris en charge et soignés. Poutine a autrefois remboursé la dette russe au FMI, il a reconstitué des stocks d'or, restauré la puissance militaire russe. Cela ne cadre pas avec une soudaine soumission au mondialisme. Cependant, le vaccin russe Spoutnik V ne semble pas différer sensiblement du vaccin occidental, si l'on peut appeler ce qu'on injecte aux gens sous ce terme un vaccin. Il ne protège pas mieux. Il produit, d'après ce que je lis et aussi ce qu'on me raconte, des effets secondaires comparables. S'il s'agissait de nous protéger contre une attaque bactériologique, nous injecterait-on l'équivalent local du Pfizer? D'un autre côté, Dany m'a appris que l'immunité officielle des gens qui ont été malades, comme elle et moi, est prolongée de six mois à un an, ce qui me paraît bon signe et, en tous cas, nous arrange bien.   

C'est vrai que la version selon laquelle Poutine le rusé, soumis à d'énormes pressions économiques, finasse et donne le change en attendant que l'occident ne s'écroule de lui-même commence à devenir difficile à croire, et le pays qui lui faisait massivement confiance marche de moins en moins là dedans.  Ce qui se passe en ce moment semble démontrer que s'il n'était peut-être pas partie prenante enthousiaste, il a fini par se coucher. C'est ce que j'aurais personnellement tendance à penser. Cela dit, je reste dans l'expectative, car on ne sait pas comment tout cela va se passer ici. Pour l'instant, les gens n'adhèrent pas à tout ce cirque. Il y a naturellement des gens effrayés, car ils regardent trop la télé et il y a réellement beaucoup de malades, qui se promènent avec des masques qui ne les protègent de rien, sauf de l'air pur. Mais beaucoup sont exaspérés, d'autant plus que parallèlement, les fonctionnaires, gouverneurs et députés se conduisent comme des satrapes haïssables. En plus tout le monde a bien conscience que tout ceci nous est imposé de l'étranger, et que ceux qui s'entremettent trahissent. Beaucoup de Russes ignorent tout simplement les mesures quand ils le peuvent. Beaucoup se procurent des certificats de complaisance. Beaucoup de flics ferment les yeux, beaucoup de magasins et de restaurateurs font comme si de rien n'était. Il y a des chances que le bordel, la corruption et la résistance passive viennent à bout des tentatives d'asservissement, c'est du reste l'argument qu'invoquait Poutine pour ne pas imposer la vaccination obligatoire. Je ne suis pas communiste mais les lendemains qui chantent étaient plus convaincants que la peur du virus, pour l'installation du totalitarisme. J'avais lu que Koudrine avait évoqué le projet d'une ceinture de mégapoles à travers la Russie, des mégapoles connectées, intelligentes et friquées, tandis qu'on laisserait péricliter tout ce qui n'entrait pas dans ce réseau, campagnes et villes périphériques de peu d'importance. Je me suis dit que s'il en était ainsi, nous pourrions au moins végéter tranquilles dans nos ruines sans infratructures, car il est possible que les seigneurs mafieux du nouveau monde se fichent éperdument des parias oubliés dans les zones abandonnées, alors qu'en France, par exemple, il y a une volonté idéologique de traquer tous les réfractaires. Mais pour l'instant, les Russes réagissent plutôt en fuyant les mégapoles. Il y a un net mouvement de retour à la terre. Des communautés agricoles, des communautés d'artisans, la prise de conscience que les traditions, la conservation et la transmission des savoir-faire préparent la renaissance d'un monde normal. C'est le credo de l'homme d'affaires orthodoxe et écologiste Boris Akimov, installé près de Pereslavl et fondateur du mouvement "les gens heureux". Karine Bechet Golovko envisage que la détestation du pouvoir et de ses QR codes puisse fédérer une véritable opposition nationale, ce qui n'avait pas pu se faire auparavant.

De plus, même si les Suisses ont voté massivement, comme des boeufs, pour l'installation des QR codes, il y a quand même des choses qui commencent à éblouir les plus aveugles par leur évidence. Des parties du monde qui échappent à l'hystérie entretenue par l'OMS et ses séides. Et plus le temps passera, plus les mensonges vont se révéler. Un signe pour moi encourageant, l'affreux petit Blachier a tourné sa veste, apparemment, la girouette a senti la direction d'un nouveau vent. Le voilà qui proclame qu'on est allé beaucoup trop loin, que cela devient absurde, dangereux, qu'il faut arrêter la plaisanterie... A ne pas en croire ses oreilles.

« Je crois que nous sommes confrontés à un mal qui n'a pas d'égal dans l'histoire de l'humanité » (reseauinternational.net)

https://www.facebook.com/michel.rosenzweig.14/videos/436899918007951

J'ajoute cette vidéo de Xavier Moreau, complémentaire du propos:



dimanche 28 novembre 2021

La vie reprend son cours

 

J’ai vu l’urologue de Iaroslavl, qui s’est réjouie de l’évolution des choses et m’a prolongé un traitement que j’avais déjà pris avec le copain de Skountsev, c’est un médicament à base de plantes.Après cela, nous n’avons avec Nil pas eu le temps de visiter Iaroslavl, parce que mes codes n’éclairant presque rien, je ne peux rouler la nuit, et la nuit tombe à quatre heures. J’ai proposé de nous arrêter à Rostov et d’aller visiter enfin le musée d’art populaire, mais il était encore fermé, et une affiche demandait de prendre rendez-vous à l’avance. Nous sommes allés au restaurant en face. Je craignais qu’on ne nous demandât le QR code, mais non, et même, personne ne portait l’abominable masque. En revanche, dans mon super marché, on m’a obligée à le mettre à la caisse, en signe de soumission aux diktats imbéciles de la caste, car de la caissière aux clients, personne ne s’en recouvre le nez, on a trop besoin de respirer, et il est impossible de le faire normalement quand on est baillonné. En ce qui me concerne, j’en ai un dégueulasse dans ma poche, je l’accroche d’une oreille à l’autre sans souci de l’ajuster, et je l’enlève aussitôt que j’ai passé le barrage.

Le restaurant était très bon et très bon marché, avec une déco kitsch, bien sûr. Nous avons payé à deux ce que je payais pour moi seule au café Montpensier, où je ne vais plus depuis qu’ils n’acceptent plus ma chienne et exigent le QR code. Rostov nous a paru si beau, si pittoresque, Dieu veuille le préserver ainsi, ce qui est arrivé à Pereslavl est trop triste...

Au retour, j’ai appelé Alla, la blonde au tailleur rose que j’avais rencontrée quand nous promenions nos spitz respectifs. Elle a été malade du covid, elle aussi, cet été, et s’est retrouvée à l’hopital avec le même traitement que moi. Elle m’a dit que beaucoup de gens dans son quartier avaient été malades plus ou moins gravement, et que certains étaient morts. Elle m’a précisé aussi qu’à l’hôpital, la moitié des gens qui s’y trouvaient avec elle étaient vaccinés quand ils avaient contracté le truc. Bien qu’elle ne veuille surtout pas revivre ce qu’elle vient de passer, elle éprouve une grande méfiance envers le vaccin, mais pense qu’elle sera obligée de le faire pour pouvoir continuer à prendre le train et aller voir sa mère. Une de mes amies est dans ce cas en France, par rapport à sa fille handicapée. Alla connaît aussi directement ou indirectement des cas d’effets secondaires sérieux. Je lui ai parlé de l’hypothèse de Slobodan, une version russe du virus, différente de la version européenne. Quoiqu’il en soit, tout cela est terriblement louche et effrayant. Elle a vu comme moi l’état d’une femme s’aggraver brusquement, et son départ précipité en réanimation. Comme Dany, elle témoigne que les médecins de son hopital à Moscou étaient très compétents et dévoués, et la veillaient avec vigilance. Elle a l’impression qu’on lui a volé sa vie et ce qu’il lui reste d’avenir, car tout est devenu irrespirable, comme l’air vicié de nos masques, et nous vivons dans une sorte de sourde angoisse permanente. Il y a comme une incohérence, d’ailleurs, entre la vigilance des soins qu’elle évoque, et un vaccin douteux et inefficace imposé à toute une population contre son gré. En France, on pousse les gens au vaccin par tous les moyens, mais on ne soigne pratiquement pas la maladie, contre laquelle existe pourtant le traitement Raoult. Etienne Chouard, dans le documentaire Hold On, parle des techniques d'intimidation mafieuses mises en oeuvre par nos "élites" toxiques, et c'est exactement comme cela que je les caractérise depuis un moment, c'est bien d'ailleurs pourquoi je suis si méfiante envers leur vaccin et toutes leurs mesures brutales et absurdes.

Je suis retournée enfin à la cathédrale, où j’ai été très bien accueillie. Chacune de mes communions est en ce moment une petite victoire et une source de joie. J’ai confessé ma dureté envers une créature, sans doute bien malheureuse et esseulée, qui me paraît un vampire absolu et m’emplit d’une répugnance peu propice à la compassion que je devrais éprouver en un tel cas. Car quoique je lui dise, lorsque je cède par charité chrétienne et répond à ses coups de fils répétés et à ses messages éplorés en lettres capitales, sur le moment elle recule un peu, puis elle revient à la charge, avec ses sanglots, ses plaintes, sa vision absolument négative de l’existence, et son absence complète de sens des limites. Elle se jette sur les autres et les encombre de sa vie, projetant sur eux une espèce de désespoir visqueux et indiscret comme s’ils devaient absolument se charger d’elle et écouter indéfiniment ses lamentations. Les conseils, elle n’en fait aucun cas, et bien qu’elle invoque le Seigneur à tout bout de champ pour amadouer sa victime, elle ne recourt visiblement ni à la prière, ni à l’Eglise, ni à son clergé. Comme m'avait dit le père Valentin avec un rire ironique: "Essayez de garder la distance sans être trop blessante et bon courage". 

 On m'a fait le drainage de mon terrain, la tranchée creusée s'est transformée en ruisseau qui est allé se déverser dans le canal à l'extérieur. Mes deux travailleurs ont posé un tuyau spécial, et un lit de graviers pour créer un filtre. Puis ils ont réparti la terre sur les alentours. Ils ont remis au printemps le curetage du canal autour de chez moi. 



 

vendredi 26 novembre 2021

Mercredi cosaque

 


L'électricien Kolia est venu avec son copain Génia, pour étudier la partie de mon terrain à drainer. Ils vont mettre un tuyau souple prévu pour absorber les eaux et les conduire plus loin. Il n’est pas énorme et ne devrait pas nuire à mes plantations. Mais ils vont faire cela demain, quand je serai à Iaroslavl, où je vais rencontrer l’urologue. Il vaut mieux ne pas attendre, la terre est encore malléable mais cela ne va pas durer.Il faudra sans doute rajouter de la terre, mais j’essaierai de faire cela délicatement, contrairement à mon voisin.

Je vais de mieux en mieux, mais j’ai encore toutes sortes de douleurs bizarres. Et puis des coups de fatigue. Ma cousine me prend pour une force de la nature, or s’il y a de la force en moi, ce n’est pas de moi qu’elle vient, mais de Dieu et des saints intercesseurs auxquels je m’adresse. L’hôpital m’a au contraire dévoilé toute ma faiblesse. Ce fut une véritable descente aux enfers, et je l’ai assez vite ressenti comme une épreuve spirituelle destinée à m’arracher à mon état précédent pour me pousser en avant. L’épisode de la tombe du père Boris et de la confession au père Gérasime ont été des signes qui me l’ont confirmé et qui sont venus comme des encouragements précieux.

Je n’ai toujours pas réussi à envoyer la lettre pour Spyridon, en Belgique, avec le sable de cette tombe. Je suis encore allée à la poste aujourd’hui, il y avait bien quinze personnes devant l’unique guichet ouvert. Comme on passe généralement dix ou quinze minutes sur chaque client, cela me fait reculer. Mais je vais aller dans une autre poste, où m’attend un colis que je ne pourrai pas me faire livrer, parce que je n’en dépends pas, pourtant si on cherche mon adresse sur internet, c’est justement celle-là qui est indiquée !

Mercredi soir, Veniamin le Suisse m’avait invitée à venir regarder l’émission qu’on avait tournée sur lui et sur ses amis cosaques, et j’avais participé, on me voit dix secondes. Le film est très bien, avec de jolies prises de vue, Veniamine est très beau, avec des yeux bleu des mers du sud. Les cosaques m’ont accueillie littéralement à bras ouverts. Le mercredi soir est le jour de leur réunion hebdomadaire, qui a lieu maintenant dans les dépendances d’une église en voie de restauration, Saint Serge, à côté de la cathédrale où je vais, dans le centre. Des adolescentes avec une guitare ont chanté en chevrotant des chansons à la noix, dont une en anglais, ce qui m’a paru profondément ennuyeux et plat, mais ces mêmes gamines, quand elles ont entonné des tchastoutchki, des refrains satiriques accompagnés à l’accordéon par l’oncle Slava, se sont révélées naturelles, enjouées, avec des voix fermes, expressives et sonores. L’un des cosaques, dont le nom m’échappe parce que le covid m’a ralenti les synapses, nous a donné un cours de percussions, le rythme cosaque qui rappelle le pas des chevaux, le rythme caucasien. Il a expliqué que le rythme lui avait permis de récupérer après des problèmes de santé qui l’avaient beaucoup diminué, parce qu’il agit sur le physique et le mental, qu’il nous met en contact avec la dimension cosmique de l’existence. Le rythme, et en règle général la pratique d’une activité artistique, développent l’intelligence, la concentration, j’en suis très profondément persuadée, et n’ai cessé de le constater en maternelle. Ce cosaque a un fils, qui l’accompagne sur son tambour, et qui non seulement possède bien ce fameux rythme, mais bée d’admiration devant son père, et rayonne de la joie de jouer avec lui d’égal à égal. Ce petit garçon a dansé avec un copain, ils ont dansé avec tant de naturel, de grâce, de bonheur, je les ai chaleureusement félicités. Son père m’a remerciée d’être là : «Vous êtes pour Pereslavl un enrichissement culturel. Veniamine et vous faites partie de notre culture locale, que malheureusement les habitants de notre ville bien souvent méprisent et que vous aimez. »

Moi qui songeais parfois à me rapprocher de Moscou et d’un hôpital correct, j’ai compris que ce n’était pas possible, que j’étais liée à Pereslavl, à ses cosaques, à son café français, à ses monastères, son évêque, son père Gérasime et son père Pantaleimon, son père Andreï et son père Vassili, au petit Aliocha et à ma voisine Ania, que faire ?

Sur le site de la ville de Pereslavl, les gens ironisent souvent sur les cosaques, et se scandalisent de leurs jeux guerriers, de l’esprit guerrier dans lequel ils élèvent leurs enfants, mais cet esprit guerrier est noble, chevaleresque, héroïque, et c’est précisément ce dont les enfants ont besoin. Les enfants des cosaques partagent cela avec leurs pères, et ils sont épanouis, gentils, bien élevés. Alors que les gosses de tous ces pacifistes ricanants écoutent de la musique étrangère de merde complètement dégradante, se promènent avec des fringues ridicules et des mines renfrognées ou tâtent peut-être de la drogue.J’ai lu avec horreur que parmi tous les innombrables animaux abandonnés de la ville, certains sont atrocement torturés par des créatures des ténèbres, cela m’a fait froid dans le dos. Car les monstres capables de cela s’attaqueront aux humains à la première occasion. Or les cosaques ne sont pas comme cela, et leurs enfants, malgré leurs jeux guerriers, ou sans doute même grâce à eux, n’ont pas cette vilenie ni cette cruauté. Les cosaques sont ce que je connais de mieux à Pereslavl, avec le clergé et les fidèles de nos nombreuses églises. Et aussi les artistes peintres. Ils sont purs.


 

 

mardi 23 novembre 2021

Adieu les pierres




Je suis allée hier me changer les idées au café, je me sentais très mal le matin. Et en sortant de là, je suis tombée sur mon amie Claire, avec son mari, qui est russe et prêtre à Moscou. Elle espérait me voir, et nous sommes retournés au café. Son mari est très fier de son chien, un véritable épagneul breton importé de France! J'étais très heureuse de voir Claire, toujours fraîche comme une jeune fille. Ils ont une datcha près de Taldom, il y en a pour une heure et demie de trajet, mais il m'est beaucoup plus facile d'aller les voir là bas que de les rencontrer à Moscou. Moscou, ses QR code, son affreux maire saccageur me dépriment, je n’y vais plus que pour le père Valentin et quelques occasions comme un mariage, un enterrement ou ma fête d’anniversaire.

Après quoi, je suis allée à la plage municipale voir ce qu'on y avait fait comme travaux. Des allées asphaltées, et des bordures en ciment, tout cela va regorger de thuyas et de petits massifs de bégonias comme les aiment les comptables et les fonctionnaires. Un des kiosques a été détruit, l'autre est encore là. Le lac est en train de geler, il ne fait encore que - 3, mais il soufflait un vent violent et glacial. Le long des rochers l'écume était déjà figée, l'eau huileuse, à la fois verdâtre et dorée, charriait des débris solides. De gros nuages sombres et irisés laissaient passer les rayons d'un soleil bas qui ne chauffait pas.

Aujourd'hui, je suis retournée au café, car j'avais quelque chose à fêter. L'échographie a révélé que les pierres étaient parties et que le rein malade commençait à rentrer dans la norme. Le médecin m'a dit que le traitement de l'urologue était excellent, mais que certaines personnes pouvaient avoir du mal à le supporter. C'est mon cas. Mais les pierres sont parties, Dieu soit loué. Maintenant, il faut récupérer une santé normale et éviter que la chose ne se reproduise, dans la mesure du possible.

Auparavant, et bien que toujours très fatiguée, je suis allée aussi claquer un peu de fric dans un magasin du centre commercial Magnit. Je me suis offert une nouvelle doudoune, plus courte, pour les moments où il ne fait pas trop froid et les ballades. Et un joli pull beige. J'ai vu dans la glace de la cabine à quel point j'avais minci. Il me faudra essayer de rester comme cela, pour ma santé, c'est meilleur. 







dimanche 21 novembre 2021

Grains de sable

 


Les offices sont très beaux, au monastère saint Daniel, il n'y a que trois hommes dans le choeur, mais leur répertoire est constitué de chant znaménié et de chant byzantin, aux vêpres, hier, j'ai entendu le "kyrie eleison" magnifique qu'on chante à Solan aux agrypnies. En Russie, l'agypnie, c'est tous les samedis soir.

C'était la fête de l'archange saint Michel. J'ai communié et Nil aussi. Je suis allée vénérer l'icône de saint Daniel de Pereslavl. Dans un coffert vitré est présentée une des chaussures avec laquelle il a été enseveli. Il y avait pas mal de monde, si l'on considère que Pereslavl compte plusieurs monastères et plusieurs paroisses pour 50 000 habitants. Le père Pantaleimon semble très aimé. Il est beau, de noble apparence, il a l'air intelligent et un magnifique regard clair. L'atmosphère était sereine et d'une spiritualité élevée.

Je me demandais ce que le nouveau monde qu'on cherche à nous installer ferait de tout cela, les croyants orthodoxes, les monastères, les higoumènes et les évêques. Dans les mégapoles intelligentes et connectées où l'on projette de tous nous parquer, sous surveillance constante jusque dans nos salles de bains, je ne vois pas comment tout cela pourrait encore être toléré, et cela ne le sera pas. Slobodan, après un entretien sur messenger avec moi, a fait un article où il envisage que la Russie ait été l'objet d'une attaque bactériologique, parce que notre covid semble différer du covid occidental, et faire plus de dégâts, et c'est bien possible, Dany l'envisage aussi. Slobodan trouve illogique que Poutine, soucieux de restaurer la souveraineté nationale, après avoir favorisé les naissances et restauré la puissance militaire russe, se mette brusquement dans le fil mondialiste de la vaccination forcée et des QR codes. Il discerne d'autres intentions, plus louables. Il donne une interview de Dmitri Orlov, du Saker, que j'ai toujours lu avec grand intérêt. Dmitri Orlov partage le point de vue de Slobodan, et précise que "il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes, que le gouvernement russe, au rebours des gouvernements occidentaux, cherche à protéger sa population, et que le vaccin Spoutnik est excellent." Je voudrais bien le croire, mais j'ai des doutes. Beaucoup de gens témoignent comme en occident de cas d'infections covid malgré le vaccin et d'effets secondaires analogues à ceux qu'on décrit là bas. De plus, le ton de la propagande, les procédés et les pressions rappellent beaucoup ce qui est mis en oeuvre partout. On fait ouvertement la réclame du monde connecté qui nous "simplifiera" tellement la vie. La destruction du patrimoine à Moscou et dans les villes importantes de Russie comme Nijni Novgorod et Kazan ne me dit rien qui vaille. Il se peut que tout ceci soit envisagé dans un esprit de souveraineté nationale, comme en Chine, mais je ne voudrais pas vivre en Chine, et je ne vois pas les Russes vivre de cette manière, à moins d'en faire des zombis décérébrés, ce qui est le programme universel: et je ne trouve pas que les autorités russes aillent tellement en sens contraire. Il y a une certaine résistance, sur le plan sociétal, mais elle est régulièrement battue en brèche par l'importation de spectacles dégradants, d'une contre-culture qui tourne la Russie et d'ailleurs tout sentiment humain normal en dérision. J'ai l'espoir que le processus soit moins absolu qu'en occident, c'est-à-dire que les parias soient tolérés dans les villages perdus ou les petites villes abandonnées. Tout ceci se fait ici sans l'aspect idéologique occidental, dans une sorte de cynisme mafieux, c'est peut-être ce qui nous sauvera des ilôts de liberté, où en revanche, nous n'aurons rien, aucune infrastructure, et c'est finalement ce qui se dessine déjà, des villes obèses et une province délaissée et misérable. Slobodan observe que les gouvernements occidentaux sont constitués de psychopathes, mais que les Russes restent rationnels. C'est vrai, c'est une différence essentielle, quel que soit leur degré d'honnêteté ou de dévouement au pays, les autorités russes sont rationnelles et regardent leurs équivalents européens comme des malades, et on les comprend. Mais leur rationnalisme est souvent cynique, étroitement progressiste et matérialiste. Le soviétisme relooké par le libéralisme et le consumérisme. 

D'une manière générale, les gens de pouvoir ont tendance au pragmatisme brutal, sauf dans le cas des derniers tsars du XIX° siècle, qui avaient un certain raffinement sur le plan de la culture et des sentiments. Quand ils voient, chez l'homme d'état voisin et potentiellement ennemi, une arme nouvelle, ils vont naturellement s'efforcer d'en fabriquer une équivalente et même plus performante. Ici, devant la dictature électronique et le monde connecté qu'on médite à l'ouest et qui est déjà installé en Chine, on va naturellement aller dans le même sens, parce qu'on n'est pas plus con que les autres et que c'est le progrès. Cet entraînement maudit, que j'entends justifier depuis mon enfance par "c'est le progrès", nous mène en enfer depuis pratiquement cinq siècles, avec une vertigineuse accélération au cours des deux derniers, à partir du moment où la chute des royautés a permis à la finance nomade de n'en faire qu'à sa tête. La Russie a failli réussir a sauver sa paysannerie et sa structure naturelle d'empire chrétien, mais les bolcheviques y ont mis bon ordre, avec toute la haine sordide dont ces gnomes étaient capables. En cela, ils ont admirablement bien servi le capitalisme mafieux qui cherche à présent à asservir définitivement l'humanité.

Slobodan pense que ce qui n'a pas été achevé en 17, on cherche à le réaliser maintenant. Oui, bien sûr, il y a un moment que je le pense aussi, et par le truchement des mêmes personnages. Ceux-ci, à l'occasion des 200 ans de la naissance de Dostoievski, le couvrent de boue et de sarcasmes, évidemment, Dostoievski, c'est la Russie incarnée, son concentré, sa fleur. Et les gens comme eux, il les avait minutieusement démasqués. Les démons, les démons comme Tchoubaïs, Gref, Sobianine, et toute une certaine presse, un certain milieu intellectuel, y compris les faux dissidents comme le prix Nobel Alexieva ou la journaliste Galia Ackerman, héritiers directs de ceux qui ont assassiné le dernier tsar et sa merveilleuse famille, et avec eux une grande partie de l'intelligentsia et de la paysannerie russe. 

A propos de ce qui se trame en occident, je suggère de regarder la vidéo suivante:

et de lire l'appel de l'archeveque Carlo Maria Vigano: L'archevêque Carlo Maria Vigano appelle à une alliance anti-mondialiste internationale (lemediaen442.fr). Tout ceci est annoncé ouvertement par les acteurs de ce coup d'état planétaire. Par Klaus Schwab, par Attali, par Sarkozy, par Macron. Curieusement, les gens n'entendent pas, et quand c'est relevé et cité par quelqu'un d'autre, par un observateur, un lanceur d'alerte, alors cela devient du complotisme. Mais ce sont eux qui nous le disent, vous croyez qu'ils plaisantent?

Tout cela n'est évidemment pas réjouissant. Je pense souvent avec appréhension aux miens, en France, à leurs petites et grandes maisons, à leurs petits commerces, à toute leur façon de vivre condamnée par une bande de salopards sans foi ni loi et sans patrie. Si bien sûr, personne ne réagit plus que ça, si aucun grain de sable ne tombe dans la machine. Mais je crois aux grains de sable. Je crois aux interventions divines, elles ont lieu dans ma vie, elles peuvent avoir lieu dans le destin des peuples. Je ne pense pas que Dieu laissera tomber les père Pantaleimon et les père Guérassim, non plus que leurs fidèles et leurs monastères; qu'il laissera éliminer tout cela de la surface de la terre, ou alors, c'est que le second avènement est imminent.

En rentrant du monastère, je suis allée contempler le lac. Il avait des nuances irréelles, un vert étrange, presque vénéneux, qui se teintait de bleu profond sous la rive opposée, les nuages eux-mêmes étaient à la fois sombres et pleins de lueurs. Je pensais à tous les gnomes qui se précipitent pour construire des horreurs et transformer ce lac nordique issu des épopées russes en Luna Park pour connards: acheter, louer, vendre, tout exploiter, tout profaner, tout saloper, tout détruire.Et quand le processus sera achevé, que ce pauvre lac pollué à mort et défiguré n'aura plus aucun intérêt, l'argent ira sévir ailleurs, laissant la plèbe avec son bidonville en plastique qui ne sera plus rentable. Pereslavl périclitera comme tout ce qui sera à l'écart des villes mondes, à moins qu'il ne s'inscrive dans une chaine de métastases entre la tumeur Moscou et la tumeur Iaroslavl, le long de la route fédérale qui les réunit.



samedi 20 novembre 2021

La vie

 


Le concombre masqué devient plus fréquent à Pereslavl. La télé doit faire son oeuvre. Et puis il y a dû avoir des consignes, car la jeune femme qui vend de la charcuterie en face du café français avait mis le sien, qu'elle déteste, sous le nez. Je ne sais pas comment les gens font pour croire que ce machin les protège de quoi que ce soit. Il empêche les chirurgiens de baver dans les plaies ouvertes et les dentistes de recevoir des giclées de sang en pleine action, mais les virus, eux, passent à l'aise, en revanche, l'air pur pas tellement. J'étouffe au bout de cinq minutes, quand j'ai ce pattacul sur la figure. Mais plus on verra de malheureux frileusement masqués, plus s'ancrera dans la conscience générale que nous sommes tous en danger, que l'autre est un danger.

Je supporte très mal le traitement de mon urologue. Un des médicaments agit sur la tension, et la fait baisser. J'avais toutes sortes de phénomènes circulatoires désagréables, et j'étais au bord de l'évanouissement. Je ne le prends plus. Aujourd'hui, je me sens normale, j'ai pu aller à pied au café sans redouter de m'écrouler. Et je suis même allée hier, avec Katia, dans un centre touristique situé en pleine campagne, où l'on peut s'offrir hammam, sauna, piscine et jaccuzi à volonté pour 1000 roubles la séance. L'endroit est joli, design, du bois et de grandes verrières, mais ni le sauna ni le hammam ni la piscine n'ont les températures requises pour produire un véritable effet thérapeutique. Enfin c'est quand même bien agréable de pouvoir nager, et pour ce qui est du reste, c'est toujours ça, c'est toujours aussi efficace qu'un bain chaud dans une baignoire. Quand je parle d'effet thérapeutique, c'est dans mon cas, cette impression d'être complètement rénovée, récurée, apaisée que j'avais après le bain de vapeur à Moscou, où la vapeur était brûlante et la piscine glaciale, et où l'on se frottait et se lavait des pieds à la tête pendant des heures en s'aspergeant avec des baquets d'eau. Cependant, comme je suis affaiblie, peut-être vaut-il mieux que les procédures soient plus calmes...

Il commence à neiger, mais c'est mou, humide et ça fond. Nous attendons tous la neige, qui assainit et éclaire. Marcher par un temps pareil n'est pas des plus exaltants. Il y a de la boue, des flaques, un ciel gris... J'avais fait une ballade avec Nil, il y a deux jours, il faisait plus froid, nous avions suivi la rivière jusqu’à l’embouchure, l’endroit où je me baigne l’été. L’eau était en train de geler, elle était grise et verdâtre sous un ciel de plomb. Pas encore de blancheur pour napper toutes les disgrâces de ces berges saccagées. Il faut à Pereslavl la neige ou la verdure pour retrouver un peu de son charme passé... 

Ce soir, j'ai emmené Nil au monastère saint Daniel, car il souhaitait se confesser, et l'higoumène Pantaleimon parle anglais. Du coup, avisant un petit moine rondouillard qui attendait près d'un lutrin, j'ai fait la même chose. Ce moine m'a fait l'effet d'un océan de bonté, et je ne me suis même pas rendu compte qu'il me confessait, alors qu'au fil de l'entretien, il me tirait tous les démons du nez. Il m'a dit qu'il s'appelait le père Guérassim. "Saint Guérassim avait un lion, mais moi, comme je suis un petit moine, je n'ai qu'un chat." Il m'a demandé combien j'avais de chats, et il était ravi d'apprendre que j'en avais six. "Je nourris les oiseaux, me dit-il

- Moi aussi. 

- Vous savez comme on peut manquer de foi, un jour je n'avais plus rien à leur donner à manger, et voilà que Dieu m'a envoyé un bonhomme avec un sac de graines, eh bien vos chats, Dieu en prendra soin.

- Oui, lui dis-je alors, je manque terriblement de foi. 

Il m'a raconté l'histoire d'Adam et Eve: "Pour comprendre ce qui se passe dans notre âme, et quels sont nos péchés, il faut retourner en arrière, vers la source de tout le reste. Il était une fois, dans un jardin, des arbres et des animaux immortels, et puis Dieu a fait Adam, et il lui a donné Eve, mais elle est allée écouter le serpent, elle voulait la connaissance, censée faire de nous des dieux, et vous voyez ce qu'elle fait de nous, la connaissance? On ne pense qu'à cette connaissance, pousser les enfants vers les études et les diplômes, au lieu de les élever en Dieu".

Je lui ai dit que j'aimais beaucoup la vie, que je n'en étais pas détachée du tout. "Mais qu'est-ce que c'est la vie?

- Ce qui est beau et bon, la création de Dieu...

- La vie, c'est ce qui se passe en Christ dans votre tête et dans votre coeur, quand ils sont purs."

Nil était très content de son entretien avec le père Pantaleimon, et nous irons demain à la liturgie au même endroit.





mercredi 17 novembre 2021

A l'aube

 


Nous sommes au bord de la neige. Hier, j'ai réussi à aller me promener une heure et demie dans le marécage, par vent glacial et beau soleil, que j'ai vu surgir par dessus la rive escarpée, à mon retour, et qui m'a prise une partie du chemin dans son souffle aveuglant. Je suis arrivée dans le marécage au moment où la lumière rase commençait à transfigurer certains endroits, un arbre tout à coup flamboyant, des roseaux, la rive opposée lointaine avait des nuances roses, et le lac agité et écumeux était d'un vert émeraude profond.

Je me disais que mon organisme commençait à s'habituer au médicament problématique, mais aujourd'hui, ma tension monte et descend. J'attends le bon moment pour marcher...

Depuis quelques temps, je dois remplir sans arrêt la mangeoire des oiseaux, j'ai dû acheter un sac de 10 kilos de graines pour être tranquille quelques temps. J'ai compris pourquoi en voyant, devant l'isba du défunt oncle Kolia, une mangeoire identique désespérément vide... J'ai hérité de tous ses petits pensionnaires, car ce ne sont certainement pas ses voisins qui reprendront le flambeau.

Nadia est venue m'aider pour le ménage, et nous avons ensuite pris le thé. Nil est venu nous rejoindre, elle lui a parlé par mon intermédiaire de saint Nil de la Sora, pour lequel elle a une dévotion particulière, et du monastère de Saint-Cyrille-du-Lac-Blanc, de celui de Férapontovo, où elle va chaque année en pèlerinage, des liens entre la doctrine hésychaste de saint Nil et les fresques de Dionysi. Nous avons aussi évoqué l'hystérie covidiennes des autorités russes, les pressions et les chantages exercées sur les populations, qu'elle trouve trop dociles, mais elles résistent mieux qu'en France. A Rostov, certains restaurants exigent le QR code, le sceau de l'OMS de Bill Gates. Mais ici, à Pereslavl, nous sommes encore épargnés par tout ce délire malsain. En réalité, on voit se matérialiser dans notre microcosme local ce qui peut sauver la Russie toute entière. D'abord, il y a à Pereslavl une vie spirituelle assez intense, de nombreux monastères, de nombreux tombeaux de saints, de nombreuses reliques, différentes cristallisations lumineuses. Il y a les cosaques, avec leur nostalgie patriotique résistante. Et puis ce qui nous gâche par certains côtés la vie, l'incurie totale et la vénalité des autorités, qui nous valent les rues complètement défoncées et les constructions anarchiques, nous permet aussi une grande liberté, car personne n'en a rien à foutre de rien, à la mairie, les QR codes y compris.








lundi 15 novembre 2021

Liès

 

J’ai commencé le traitement, mais j’ai du mal à digérer tous ces médicaments. De plus, l’un d’eux me fait chuter la tension, l’urologue m’avait prévenue et dit de boire du café, mais il me faudrait me bourrer de café toute la journée. Marcher beaucoup, par un temps affreux, quand on n’a plus de tension, ce n’est pas simple.Et puis j’essaierai de danser, pour faire descendre les pierres. J’irai faire un tour, aussi, mais il y a de l’eau et de la boue partout, dans les bottes en caoutchouc, on a froid, dans les bottes d’hiver, trop chaud. Ce qui est bien, c'est le jardinage, je prends les mêmes positions que pour laver les sols, et je fais beaucoup d'allées et venues dans tout le jardin. J'ai déterré des topinambours...

Je vais mieux, mais dès que j’ai mal quelque part, et j’ai mal partout, je commence à me faire du souci. Je suis allée à la lecture de leurs vers que faisaient Natacha et Kostia dans le sous-sol du café français. C’est désormais une galerie, "Liès", la forêt, où expose un peintre local, Pacha Morozov. Ses tableaux peuvent paraître quelque peu brouillons, mais ils ont une luminosité et une présence étonnantes quand on les regarde attentivement. Une amie de Natacha était venue de Moscou pour chanter, elle s’accompagnait au piano électronique. Il y avait du monde, pour une soirée poétique. C’était chaleureux. J’étais loin de tout comprendre, mais j’en captais assez pour voir que les vers étaient bons. Ceux de Natacha sont comme une petite musique de la vie, qui sourd avec simplicité et naturel, et débouche sur le mystère et la ferveur. Ceux de Kostia scandés, martelés, passionnés, incantatoires. La différence de rythme et d’atmosphère entre les deux poètes est remarquable.

Dans quinze jours, ils veulent faire une soirée française, avec ma participation. Kostia lira en russe des poèmes français classiques que je lirai en version originale. Je chanterai mes propres chansons. Enfin si j’en suis capable. Dans dix jours, je verrai où j’en suis avec mes cailloux, et puis il me faut répéter les chansons...

La correctrice Nina m’a envoyé encore un paquet de 50 pages, elle en est au début de la troisième partie. Elle me dit qu’il n’y a rien de ridicule dans Yarilo, que ce que le livre a de français, c’est plutôt sa manière, et qu’il y a des scènes très fortes, celle où le fol en Christ Basile apparaît à Fédia et sa femme, l'entretien du tsar et du petit tsarévitch Feodor. Et enfin que la fin est remarquable, avec la vie du héros qui "s’éteint dans les chants liturgiques", et le tsar qui « vient contempler le tas de cendres dont il est responsable».

Elle a des trouvailles dans les dialogues, et elle remet tout à sa place, par rapport au texte français. Je sens d’ailleurs qu’elle a commencé à accrocher au livre, qu’elle l’ait lu jusqu’à la fin en est un signe.

De son patron pas de nouvelles, je ne l’intéresse plus depuis que j’ai refusé de continuer Epitaphe avec lui, et de reprendre Yarilo de la même manière, ce qui aurait pris deux ans et m'aurait coûté je ne sais combien. Quand je pense qu’il l’a caractérisé de conte dans l’esprit du tsar Saltan avec beaucoup de dorures ! Alors que finalement, j’ai écrit sobrement, et s’il y a parfois de l’humour, de la poésie, de la couleur locale, c’est un livre profondément tragique, et actuel. Mais il l'a à peine survolé...

Enfin ce qu’il m’importe, c’est que tout soit rapidement achevé. Avec la dictature sanitaire qu’on essaie d’installer en Russie, je risque de ne pas être en mesure d’aller faire des présentations à Moscou. Encore que d’avoir été malade me donne un sauf-conduit de six mois, merci mon Dieu.


 

tableaux de Pacha Morozov



samedi 13 novembre 2021

Encore un taxi

 


L'urologue de Iaroslavl, Marina Sergueïevna, m'a dit que d'après la tomographie, comme je le ressentais, les cailloux voyagent et sont descendus, et que les pulvériser ne serait pas possible, mais qu'il y avait de bonnes chances de s'en débarrasser naturellement avec un traitement, beaucoup de marche à pied, d'exercices consistant à piétiner sur place ou laver les sols (ce que je fais souvent à cause des chats), de bains chauds ou à défaut, de séances au bain de vapeur russe. Son traitement reprend plus ou moins celui de Mikhaïl, le copain de Skountsev, le problème est que cela me surmène terriblement tout le reste, mais que faire? Heureusement, j'ai tellement perdu de poids, que mes articulations supportent bien la marche à pied, maintenant.

Je suis allée à Iaroslavl avec un taxi très pittoresque, Constantin. Il m'a fait d'admirables diatribes contre la tyrannie du masque, des piquouzes obligatoires et des QR codes. "Je compte beaucoup, lui dis-je, sur la résistance passive des Russes...

- Si ça continue comme cela, la résistance, elle ne sera plus passive du tout, ils seront balayés avant d'avoir compris ce qui leur arrive. On dirait qu'ils cherchent à nous pousser à bout. Je suis entré dans une cantine à Pereslavl, où je vais d'habitude acheter des pirojki. Et la vendeuse, qui faisait le ménage, me demande mon QR code! Je lui crie: "Et tu vas le vérifier avec quoi, avec ta serpillère?" Le QR code dans les transports en commun, quand les gens sont loin d'avoir tous un smartphone, vous imaginez les bus de campagne, avec les vieilles qui ont de vieux téléphones à touches, et encore pas toujours?"

Il déteste les moscovites qui se conduisent et conduisent comme des cochons, et traversent Pereslavl, nous provoquant des encombrements perpétuels, parce qu'ils ont la flemme d'emprunter la déviation. Il m'a dit que lorsque les gens ont une entreprise ailleurs que dans leur ville de résidence, ils en paient les impôts à celle-ci. De sorte qu'à Pereslavl, comme dans tout le reste de la Russie, les restaurants, magasins, pompes à essence, usines ou tout ce que vous voudrez achetés par des moscovites, rapportent de l'argent non à la ville où ils sont situés, mais à celle de Moscou, qui est déjà une tumeur obèse suintant le fric et attirant les mafieux. Alors que la province se meurt, vidée de sa substance par ce vampirisme.

J'ai beaucoup de chance avec les taxis, ces temps-ci, et je serai la cliente régulière de Constantin, dans la mesure où j'aurai besoin de ses services, car si j'y ai eu recours, c'est que je n'ai pas eu les forces d'aller avec ma voiture chausser les pneus d'hiver. Spirydon, qui est belge et non français, et m'avait commandé le sable de la tombe de l'higoumène, m'écrit: " Jamais, je n’aurais imaginé que notre Saint Père Boris vous enverrait un taxi pour vous amener chez lui! Notre vie est une succession de miracles." De fait, je reste sous l'impression de l'évènement, de cette rencontre avec l'higoumène, inscrit dans tout un contexte spirituel local. Comme si en vérité, c'était lui qui m'avait envoyé ce taxi, parce que je tardais à venir le trouver. Il débarque dans mes prières, il est présent. 

vendredi 12 novembre 2021

L'higoumène Boris

 Mon équipée à Moscou n'a pas du tout pris le tour que je prévoyais. D'abord, j'avais mal compris les instructions de la fille qui m'avait appelée de l'hôpital, et je n'arrivais à trouver ni le local, ni le médecin, qui est juste un consultant externe, que personne ne connaissait, et qui n'avait pas de bureau attitré. J'ai donc couru d'un pavillon à l'autre pendant des heures, fait plusieurs fois la queue à différents guichets. J'ai appelé le numéro qu'on m'avait donné en cas de problème. Une bonne femme m'a répondu qu'elle n'était pas au courant. Finalement, quelqu'un a eu l'idée de m'orienter sur le bon cabinet, où la jeune femme qui m'avait donné les instructions, très embêtée, a commencé à remuer ciel et terre. Sa collègue n'avait pas eu l'idée de lui passer le téléphone, quand j'avais appelé.

Le consultant lui dit de m'arranger un rendez-vous payant avec un urologue de l'hôpital. J'ai retraversé à nouveau toute la cour immense et l'urologue m'a laissé moisir une heure dans un couloir avant de me recevoir. Je pensais qu'on allait me prendre et me faire tous les examens utiles sur place, mais non. L'urologue m'a dit qu'il fallait faire une tomographie à la polyclinique du quartier, où je ne suis pas inscrite, puisque je viens de Pereslavl Zalesski, où l'on ne peut pas me la faire. Alors il me fallait payer pour la tomographie. J'étais bien sûr d'accord, mais il fallait attendre une semaine pour avoir un rendez-vous. J'étais si épuisée et si découragée, que le type s'est un peu radouci. Il m'a dit que poser un stent dans mon cas n'avait pas de sens, qu'il fallait probablement, à confirmer après la tomographie, soit pulvériser le caillou gênant, soit opérer. "Vous opérer en ce moment, je ne le ferai pas, car vous venez d'avoir la covid, vous êtes affaiblie. Et d'ailleurs pulvériser serait mieux, mais nous n'avons pas d'appareil pour le faire. 

- Ils en ont un à Iaroslavl, vous me conseillez d'aller à Iaroslavl? 

- Oui, s'ils sont équipés à Iaroslavl allez là bas, faites votre tomographie, préparez-vous tranquillement, reprenez des forces. D'après ce que je vois, votre rein n'est pas en mauvais état, votre situation n'est pas critique; vous avez le temps."

Sur les conseils de Liéna, la fille du père Valentin, j'ai pris rendez-vous pour une tomographie dans un centre de diagnostic payant, à l'aube. La dame du taxi qui m'avait amenée était prête à m'emmener à Pereslavl, car elle vivait elle-même à Serguiev Possad. Nous avons bavardé en chemin, elle était très agréable. Elle avait une entreprise, ruinée par le confinement covid de 2020, et elle s'était reconvertie dans le taxi, après avoir retrouvé le moral sur le tombeau de l'higoumène Boris. "Ah m'écriai-je, justement, un orthodoxe français m'a demandé d'aller prier sur ce tombeau pour sa femme Anastassia, et d'y ramasser du sable pour le lui envoyer, mais je n'ai toujours pas trouvé le moyen de m'y rendre.

- Qu'à cela ne tienne, je vous y emmène".

Nous sommes entrées dans une chapelle au bord de la route d'Ouglitch et j'ai inscrit le nom d'Anastassia, et aussi le mien et celui de Dany sur les intentions de prières. J'ai imploré l'higoumène Boris d'intercéder pour nous. Sa tombe est très simple et très jolie, et j'ai ressenti de l'espoir et de la grâce. La vieille dame qui garde la chapelle nous a invitées à prendre le thé. Elle m'a donné un livre sur l'higoumène, trois photos de lui, et un sachet du précieux sable. Nous avions des connaissances communes, l'iconographe Ioulia, rencontrée au monastère saint Nicétas, dont l'higoumène Dmitri est le frère du père Boris. Ioulia a longtemps vécu en France, et parle français. Et puis aussi l'higoumène Gabriel, du monastère Pogost Krest, entièrement rebâti grâce au père Boris. Il avait été édifié au moyen âge, à l'emplacement où l'on découvrit la fameuse croix miraculeuse de Godenovo, actuellement au village du même nom, et ceci depuis la révolution. Le père Gabriel m'avait fait grande impression, et j'avais été frappée par l'harmonie et de la simplicité de son monastère, par l'impression de joie sereine que dégageaient ses moines.

L'higoumène Boris n'est pas canonisé, mais jouit d'une grande réputation de sainteté, son tombeau est très visité. Il s'est dépensé sans compter pour restaurer et faire vivre les églises à l'abandon, et son frère continue son oeuvre. La vieille dame en parlait avec une vénération et un amour touchants. Je sentais qu'elle n'était positivement pas séparée de lui, elle restait complètement en contact. "Vous avez, me dit-elle, des yeux bleus comme j'en ai rarement vus. Ils sont d'un bleu si intense, je crois que les seuls yeux de ce bleu-là que j'ai connus, ce sont ceux du père Boris. Une jeune femme russe était venue le voir avec son mari espagnol, et ce dernier, en rencontrant le regard de l'higoumène, s'était exclamé: "Je veux devenir comme vous"!

Quand nous sommes parties, elle m'a demandé si j'étais pour longtemps en Russie. "Oh oui, lui repondis-je, j'ai un permis de séjour, et où irais-je encore?"

Elle m'a fait un sourire absolument radieux.

Je suis rentrée mystérieusement encouragée par cette lumineuse rencontre du tombeau et de sa gardienne. Demain, je vais donc à Iaroslavl, avec tous les examens nécessaires, en principe. 

Il a neigé tout le long de la route, toutes les disgrâces s'en trouvaient effacées. Il me semblait qu'entre cette viste inattendue à la tombe du père Boris, qui me remettait dans l'aura de la croix miraculeuse, et de tous ceux sur lesquels elle veille, et cette blancheur qui transfigurait les forêts et les villages, je recevais un signe, un encouragement, et c'est que pensait aussi ma nouvelle copine taxi, Natacha. Qui aurait cru que ma tomographie m'amènerait à ce pèlerinage?

l'higoumène Boris



le monastère de Pogost Krest, rebâti par les soins de l'higoumène Boris. photo Alexandre Matrossov

l'higoumène Gabriel. Photo Alexandre Matrossov

 
la tombe de l'higoumène Boris

 



lundi 8 novembre 2021

Dernière étape

Ce matin, j'ai enfin réussi à aller à l'église et à communier. J'ai communié normalement, et baisé le calice, et bu du thé dans une coupelle en argent. L'absolution, quand le prêtre m'a recouverte de son étole et a posé ses mains sur ma tête, est descendue sur moi avec une consolante douceur et l'eucharistie m'a fait l'effet concret d'une vivante et vivifiante parcelle de divinité. J'ai discuté avec la femme du prêtre qui m'a demandé si j'allais me faire vacciner, je lui ai répondu que j'avais six mois d'immunité et ne savais ce qui m'effrayait le plus, de la maladie ou du soi-disant vaccin. 
C'est aussi son avis.
En rentrant, j'ai trouvé une série de messages du copain de Skountsev, Mikhaïl. Il me fallait prendre contact avec l'hôpital Botkine pour aller à la consultation en vue de la pose d'un stent à l'urètre et d'un examen approfondi, pour éviter le blocage du rein, et décider de la thérapie ultérieure, ce qui nécessitait une hospitalisation, mais j'ai l'impression qu'elle ne sera pas bien longue. Comme j'ai pris l'assurance russe de base, elle sera gratuite. Et comme mes analyses sont très bonnes, il n'y a pas péril en la demeure, mais enfin il ne faut pas trainer non plus, car avec toutes ces conneries, cela fait presque deux mois que je me promène avec un rein qui ne fonctionne pratiquement plus. Mania a obligemment contacté l'hôpital, car je ne comprenais rien, et une dame m'a aimablement rappelée, j'ai rendez-vous après demain à l'aube, avec escale chez le père Valentin demain soir. Le cauchemar touche à sa fin.
Une amie m'a dit que son fils, atteint de la covid, avait pris de l'ivermectine et de l'azythromycine, il était guéri au bout de deux jours. Ici, on n'utilise plus ces médicaments, sur instructions de l'OMS. On a développé une autre procédure de soins, à base d'antiviraux et d'antibiotiques, cela dure 12 jours, pendant lesquels on s'empoisonne le foie, encore vous soigne-t-on, à la différence de la France. En ce qui me concerne, j'ai perdu 10 jours enfermée au régime, en vue d'un examen qui aurait pu être remplacé par celui qu'on va me faire dans un hôpital normalement équipé, où on aurait dû m'envoyer, dès la crise terminée. Ensuite, je suis me suis retrouvée 12 jours enfermée avec la covid et mon rein malade, à bouffer des tonnes de pilules, au lieu d'être traitée 3 jours à l'ivermectine, et je suis restée encore 15 jours en quarantaine... et on voudrait que je fisse confiance à l'OMS et au vaccin qu'on nous impose avec des méthodes cyniques et brutales? 
Je me fiche de ce qu'on me fera à l'hôpital Botkine, car là, j'ai confiance, j'ai confiance, car c'est un bon hôpital, et que j'y entre par le biais de la solidarité cosaque. De plus j'en ai tellement ras le bol que j'y vais vraiment joyeusement. Nil gardera les chats et Gilles Rita. Et après, terminé. Il ne reste plus qu'à demander l'intercession du saint médecin Pantaleimon.




A propos de l'opération covid et de tout ce qu'elle nous apporte comme malheurs, voici ce qu'écrit et publie Serge Livron:

De la malveillance
Du fait de l’abjection mercantile et sanitaire qui a pris le pouvoir dans les nations occidentales, la pandémie que nous subissons est un triomphe pour la part maudite de l’humain : nous assistons à la fois au triomphe exécrable des kapos, des menteurs, des minables, de la lâcheté, de la bêtise et de la veulerie. Un triomphe qui est exactement de même nature que celui qu'offrent toutes les tyrannies aux collabos et aux aigris. Assujettie par la peur, l'humanité se résume au pire d'elle-même.
Oui, la magnifique gestion de la « crise sanitaire par les dirigeants occidentaux aura eu sur l’humanité des effets effroyables, dont il est hélas à prévoir qu’ils perdureront bien au-delà du moment où toute cette clique aura été désavouée par l’explosion de la vérité – explosion d’autant plus éloignée et tardive que tout ce qu’il y a de plus hideux en l’homme n’a cessé d’être sollicité pour permettre à la charge de mensonges nécessaires aux mercanti qui nous gouvernent de bien asseoir leur sujétion.
Tous les ressorts de la laideur mentale et psychologique auront en effet été sollicités, non seulement en tant que composantes de l’âme, mais en tant que carburant des interactions cognitives et sociales les plus néfastes.
Sous la houlette abjecte de la peur, bien sûr, parce qu’il n’est pas de meilleur moyen de réduire l’intelligence humaine à néant. La peur rend celui qui en est atteint non seulement perméable à n’importe quelle sottise, mais aussi prêt à exercer sur ses semblables toutes les agressions susceptibles de leur nuire, pour peu qu’il s’en sente justifié par son droit à survivre. La violence devient instantanément légitime, dès lors qu’elle permet d’écarter de son chemin celui ou ceux qui menacent son paisible cours. C’est ainsi que nos gouvernants n’ont eu de cesse de terroriser les crédules, à coups de chiffres de décès, à coups de statistiques de risques menaçant la vie de chacun jusque dans son intimité. Mais ils ont aussi réussi à les persuader qu’il était moralement responsable et civique de se faire le petit flic de ses voisins, de ses collègues, et même de sa propre famille. Ils ont introduit la division et la suspicion, les ont récompensées.
Les ayant divisés et affolés, ils ont fait de citoyens qui se croyaient adultes et responsables, des enfants idiots et désespérés – car ils ont aussi aboli l’espérance, et c’est sans doute ce qu’ils ont commis de plus grave et de plus odieux. Et le paradoxe, c’est que chez nous, en France, ceux qui ont orchestré cette monstruosité l’ont fait au prétexte de la bienveillance qu’ils avaient mise à leur programme !
Ayant trompé et rabougri l’intelligence de leurs menaces, ceux qui diffusent et manipulent la peur possèdent du même coup un ressort incassable pour s’assurer dans la durée l’assentiment des imbéciles qu’ils ont dupés : l’orgueil - puisqu’il est impossible à un humain normalement doté de reconnaître qu’il a été trompé mais qu’il a, qui plus est, fait sous lui pendant des mois. Ainsi les dupés s’enfoncent dans l’erreur et le déni jusqu’à préférer voir détruits ceux qui osent les confronter aux conséquences de leur jobardise.
Tout ce qu’on voit triompher depuis dix-huit mois, l’aigreur des incompétents des plateaux, l’incohérence institutionnelle et institutionnalisée, le mensonge assumé et permanent de ceux qui étaient censés nous informer et nous protéger, le chantage, la délation, la félonie de nos représentants - dont la récente abdication de leurs prérogatives par 122 députés supporters du tyran Marron, bref : la trahison de tout l’apanage des vertus humanistes qui ont fondé notre culture, découle de cette manipulation malveillante de l’âme par la peur.
Méfiance et flicage sont devenus les deux mamelles de notre quotidien malade. Dans les lieux publics, les magasins, sur les places et les rues, même, on ne compte plus les interventions hargneuses de citoyens arborant fièrement leur regret de ne pas voir châtiés séance tenante ceux qui refusent le conformisme servile maquillé du faux-nez de « civisme » et réclamé par la hiérarchie étatique - ce monde où nul ne se sent plus coupable de déshonneur puisque chacun s’empresse de revendiquer de n’en être qu’un pion obéissant, : « je me contente de respecter la consigne, moi, monsieur ».
Ainsi l’infection qui règne a gangrené la société et les rapports humains à un point tel qu’elle est capable désormais, de « rouler toute seule » ; et l’on voit effectivement mal comment l’humanité pourra lui survivre, quand elle a laissé le conformisme et l’angoisse la salir jusqu’à tolérer que ses meilleurs serviteurs, les plus utiles contributeurs au bien-être social soient chassés de leurs postes par la volonté arbitraire d’une poignée de manipulateurs incompétents et nocifs. Qu’il suffise de rappeler :
- les médecins et chercheurs bannis de leurs fonctions pour avoir dit ce qu’il ne fallait pas dire, pour avoir soigné avec ce qu’il fallait refuser de prescrire pour ne pas qu’on s’aperçoive que des remèdes sans danger et peu chers sont efficaces, pour avoir cherché à rassurer et à prendre en charge des mourants ;
- les soignants interdits de fonctions parce qu’ils refusaient de se plier à l’obligation de subir une pseudo médication non testée et dangereuse ;
- les sauveteurs qu’on empêche de sauver, pour les mêmes raisons, et alors qu’on a arrêté l’économie des deux tiers des nations du monde en prétextant du danger de saturation de nos capacités de secours et de soin ;
- les enseignants, professeurs des lycées et collèges, poussés à la démission parce qu’on leur demande d’enseigner masqués à des enfants que le masque étouffe physiquement et mentalement ; hommes et femmes dont la vocation est précisément de transmettre à des petits d’homme les outils qui font de l’homme un être de liberté et d’unicité, dont on exige qu’ils les élèvent soudain comme du bétail anonyme ;
- flics, même – pourtant le seul corps professionnel à qui le projet délétère de nos gouvernants fait risette et dont l’avenir prospère, quand celui des autres a disparu – mais qui sont vomis par tous parce qu’ils sont sommés de discriminer et de punir de préférence les citoyens qui sauvent l’honneur de nos valeurs et de laisser courir ceux qui les méprisent.
Les dupes du récit délétère du régime disent en général que l’humanité n’en est hélas pas à sa première traversée du désert, et qu’il y a des exemples pas très vieux d’abominations dont elle a réussi à se relever. Sans doute. Il n’empêche que depuis quelques temps, - trois ou quatre mois, pas plus, - j’entends fréquemment, des vieilles gens ou des personnes que la maladie condamne, me dire ou m’écrire que le monde tel qu’il se dessine leur semble si odieux que l’approche de la mort leur paraît presqu’heureuse! Et je ne suis pas certain que ce genre de pensées ni de propos aient été souvent annonciateurs de lendemains qui chantent.
Si l’avenir advient finalement, ce ne sera certes pas à ceux dont chaque décision, chaque mot, chaque acte le font déchanter qu’on le doit mais, comme toujours, à ceux qui auront su leur résister. Car seule l’espérance sauve l'avenir.


dimanche 7 novembre 2021

33

 

Je comptais aller à l’église et communier, mais j’ai été tourmentée une partie de la nuit par mes cailloux baladeurs, et j’étais exténuée, au matin. J’ai fait l’échographie, et la fille a été très rassurante.Les cailloux étaient petits, trop petits pour être pulvérisés, ils seraient sans doute spontanément évacués, mais il fallait aller voir un urologue normal. Elle m'en conseille un , et à la réception, on nous dit qu’il ne vient plus dans le centre. Elle me conseille une généraliste, elle ne vient plus non plus. «Eh bien cherchez sur internet, à Iaroslavl, ils sont tous très bien. »

Rassurée, j’envoie le compte rendu au médecin de Skountsev. Celui-ci m’écrit qu’il ne comprend pas pourquoi, en étant si rassurante, elle écrit : risque de blocage du rein ? Peut-être pour se garantir. Et puis l'échographie n’est pas ce qu’il y a de meilleur comme examen. Je lui demande si un urologue ne pourrait pas me recevoir dans son hôpital, à Moscou. Il y en a quatre, mais trois d’entre eux ne s’occuppent que des patients en stationnaire. Il va demander l’avis du quatrième demain. Entretemps, je lui ai communiqué les autres analyses. Il les trouve excellentes, pas de traces de complications ou d’infection.

Je ne sais pas ce que dira son collègue demain, mais j’ai de toute façon pris rendez-vous avec l’urologue recommandée par le médecin de l’échographie. Il me faudra attendre une semaine, c’est samedi prochain. Mais apparemment, il ne devrait pas y avoir de catastrophe d’ici-là, quoique les diverses manifestations que je ressens ne soient pas très agréables et plutôt gênantes, plus ou moins selon les jours.

Depuis le début de ces problèmes, je me heurte à des délais, à des atermoiements inutiles, à des gens qui me racontent des choses contradictoires, au surmenage permanent du malade obligé de courir à droite et à gauche. J’ai rencontré Veniamine le Suisse, il m’a dit qu’il ne mettait plus les pieds à l’hôpital de Pereslavl et qu’on était ici très mal soigné. Je m’en étais déjà rendu compte à Moscou, sauf à l’institut Sklifassovski et au centre anti migraine. Mais il faut bien dire que l’excellent système français est méthodiquement détruit par notre gouvernement nuisible et son opération covid. On ne pourra bientôt plus se faire soigner nulle part si on n’appartient pas à la caste des surhommes.

En Russie comme en France, l’application musclée et implacable des consignes mondialistes, s’accompagne de l’apparition répugnante de toutes sortes de cancrelats aux regards fuyants qui réclament à cor et à cri davantage de coercition envers ceux qui rechignent à se faire vacciner, et leur dénonciation systématique, leur traque par des descentes d’agents spécialisés. C’est une étrange chose que ce virus qui se déchaine en Russie, tout à coup, entre les élections et l’homologation par l’OMS du Spoutnik V. Comme pour soutenir la campagne de chantage et d’intimidation entreprise au même moment. Et pourtant, beaucoup de gens sont effectivement malades. Et beaucoup aussi chez les vaccinés. Dany me dit que chez les vaccinés, pas mal de gens sont foudroyés en trois jours. Un de ses amis, guéri de la covid, est mort en trois jours après avoir pris le vaccin en cachette de sa femme.

Je vois passer des pubs exaltant le paradis numérique qu’on nous prépare, où, grâce à la reconnaissance faciale, il n’y aura plus de criminalité, et où la vie connectée sera tellement plus simple. Plus de liberté non plus, ni de crétivité, ni d’intimité, ni de sentiments élevés, ni d’affection, ni de communion. Dieu nous garde de ce « paradis ».

Mon amie Anne m’a envoyé un roman de Kessel, « le tour du malheur », et je le lis avec fascination. D’abord parce qu’il est vivant et bien écrit, et ensuite, parce qu’il décrit un monde encore proche de celui dans lequel je suis née, et dont j’ai vu disparaître les dernières manifestations au cours de ma jeunesse. Des Français comme ceux qu’il décrits, il y en avait encore dans la génération de mes parents, mais dans la mienne, déjà, je n’en ai pas connu. Ses héros, adolescents au début du livre, sont pleins de rêves, d’idéaux, de fierté, et d’orgueil mal placé maladroit et irritant, mais les voilà à la guerre, où l’on a jeté pêle-mêle jeunes intellectuels bourgeois et braves types du peuple, fiers aristocrates à l’âme rongée mais altière, et officiers héroïques, et ils font face, ils sont de bonne race et le démontrent dans l’épreuve. C’est là tout un monde voué à la destruction massive, à la boucherie de la table rase, car il était incapable d’entrer dans les cases des futurs tableaux Excell, un monde que l’on a achevé pendant le conflit suivant et les trente années dites glorieuses, dans la dégringolade de la société de consommation, de sa vulgarité et de sa veulerie. Et malgré le contexte de la guerre, on éprouve une nostalgie poignante de cette société où les jeunes gens pouvaient encore être exaltés, romantiques et courageux, les jeunes femmes féminines, délicieuses, sensibles, aimantes. Que nous avons fait de chemin dans la voie de la perdition, et de façon si rapide, si catastrophique et si irrémediable...

J'ai appris avec joie que le jeune chat orphelin de l'oncle Kolia serait adopté par le meilleur ami de ce dernier. 



chanson sans calcium


 

 

 

mercredi 3 novembre 2021

Peu à peu

 

la maison d'oncle Kolia

Je remonte doucement la pente. Quelqu’un m’a dit qu’on mettait 45 jours à récuperer à partir du moment où l’on est tombé malade. J’ai encore une quinzaine de jours devant moi. Et encore un période équivalente pour être vraiment dans la forme précédente. Cependant, aujourd'hui, je me sens mieux. J'ai fait un test dans un centre de diagnostic payant; il est négatif. Et la polyclinique m'a demandé de leur envoyer la copie, car apparemment, on y a égaré mes résultats...

Il fait gris, humide, froid, avec un épais brouillard matinal. Je devrais me promener, mais cela ne fait pas envie. Aujourd'hui, j'ai eu la visite de NTV, qui m'avait contactée quand j'étais encore à l'hosto. J'avais dit que j'étais malade. On m'a recontactée; on a insisté, on a promis de ne pas rester longtemps. en effet, ils ont été très gentils, avec des questions normales, et ils n'ont pas abusé de la situation. J'ai réussi à chanter deux chansons avec les gousli, j'avais la voix cassée, mais ça faisait plus vécu; 

J’ai regardé une vidéo d’Ariane Bilheran, psychologue clinicienne et docteur en psychopathologie. Elle donne une analyse précise, profonde, complète de ce que j’ai toujours ressenti sur notre époque et ressens plus que jamais, et en particulier des totalitarismes qui en sont la dérive et la marque et dont nous voyons émerger encore une des formes. Elle explique les mécanismes de ces maladies mentales collectives qui, pour s’installer et durer, doivent détruire tout ce qui témoigne des époques plus normales, tout ce que nous ont légué nos ancêtres et auquel nous devons en principe apporter notre contribution pour les générations futures au lieu de tout détruire, de « faire table rase », et introduire la confusion dans tous les liens familiaux, intergénérationnels, intersexes et jusque dans notre langue. La seule parade lui semble dans la conservation de tout ce que nous pouvons sauvegarder de notre héritage culturel et spirituel, et c’est également comme cela que je vois les choses. Elle n’est pas optimiste sur l’issue. Moi non plus, malheureusement, encore que le pire n’est pas toujours certain, mais elle pense qu’on doit le faire de toute façon.



Quand à Karine Bechet Golovko, elle observe des phénomènes encourageants au sein de la population et c’est sur elle que nous comptons pour éviter de basculer dans l’engrenage occidental. Une fois enclenché, un tel engrenage est difficile à arrêter. Malheureusement, beaucoup de gens, ici, ont gardé des réflexes totalitaires. Mais cela ne les met pas forcément du côté de ce qu’on veut nous imposer maintenant. Et beaucoup de gens, en revanche, sont vaccinés contre le totalitarisme, alors que les Français ont été tellement habitués à la licence qu’ils ne l'ont pas vu venir.

http://russiepolitics.blogspot.com/2021/11/russie-le-confinement-de-trop.html

Je pense que mes angoisses ont été extrêmement aggravées par ce contexte. J'ai lu aujourd'hui les imprécations d'un individu qui appelle a terroriser les gens pour les obliger à se faire vacciner, comme en France et partout ailleurs, un psychopathe malfaisant. Les adeptes de la dictature covidienne et de la piquouze rituelle sont d'une agressivité qui confine à l'hystérie. Mais je prends de plus en plus l'habitude de prier. Sans doute Dieu m'a-t-il amenée à vivre tout cela pour en arriver là.