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jeudi 31 octobre 2019

Vieille foi

J'ai eu le temps d'épousseter les dernières fleurs du sedum et d'en faire un bouquet. Elles tiennent très longtemps, et finissent par donner des racines. Autrement la neige est là, et semble vouloir tenir. Il faut à nouveau décroûter la voiture; il faudra déneiger. Tout ce blanc réflechit dans la maison une lumière particulière, diffuse. On entre dans la période "nuit polaire" qui se fait sentir ici. Et on a envie d'hiberner au chaud, avec du thé. Ce n'est pas désagréable. J'ai appris depuis déjà pas mal d'années à profiter du moment présent. Et la Russie accentue cette tendance, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait!
J'ai à nouveau mal à la tête, sans doute à cause du changement brutal de température et des "tempêtes magnétiques".
Il y a quelques temps, on m'a communiqué un documentaire sur une communauté de vieux-croyants exilés en Moldavie depuis le XVII° siècle, depuis le schisme. Ce schisme, et la politique ultérieure de Pierre le Grand, ont vraiment martyrisé le peuple russe pour pas grand chose. Pour des réformes insignifiantes qui auraient pu se faire sans douleur quand elles étaient vraiment nécessaires, et pour s'harmoniser avec les Grecs dont le patriarche d'aujourd'hui montre le cas qu'il fait de l'Eglise russe . Au prix de l'admirable, de la cosmique unité du peuple russe, de sa tradition iconographique, architecturale, de son chant religieux, discrédité au profit de compositions artificielles et extérieures pour dindons et pintades de cour.
L'argument, c'est que la Russie était attardée, et qu'on lui a apporté la culture; comme si ce qu'elle avait auparavant n'était pas une culture. Et curieusement, à regarder ce documentaire, j'ai eu le même genre de choc que lorsque j'avais regardé, à vingt ans, "les Chevaux de Feu", mauvais titre pour ce film de Paradjanov qui s'appelle en réalité "les ombres des ancêtres disparus": une plongée dans quelque chose d'originel que je reconnaissais, bien que ce monde ne s'apparentât pas à quoi que ce soit de connu dans mon enfance, quelque chose dont j'avais passionnément besoin, une sorte d'élément naturel dont j'étais privée, à la fois profondément inscrit dans la terre, dans le cosmos, et relié de tous côtés au ciel, complètement sacré. Je crois que c'est là la clé de ma rencontre avec la Russie, beaucoup plus encore que la littérature, la peinture etc. C'est là pour moi la Russie, et dans ce documentaire, elle est à l'état pur, miraculeusement conservée dans ce coin de Moldavie où ont échoué ces vieux-croyants: au XVII° siècle, elle était entièrement comme cela, d'un bout à l'autre, avec ces chants qui semblent directement issus des arbres ou de l'eau, et ces usages chrétiens qu'on dit formalistes mais qui me paraissaient tout à coup extraordinairement vivants et pleins de sens car ils font de la vie de ces gens une célébration perpétuelle et confèrent à leurs visages, à leurs comportements une espèce d'allégresse et de pureté qu'on ne voit plus nulle part. On la voit chez nous sur des sculptures romanes ou gothiques mais nous n'en avons plus le souvenir et ce qu'on nous présente en exemple de vie et qui nous transforme tous en clowns tristes, blasés, vulgaires et agressifs, avec notre liberté et notre émancipation, est à l'opposé de cette sorte de feu intérieur qui habite ces vieux-croyants au bout de trois cents ans d'exil. J'observais la danse du sonneur de cloches, сelui qui clôt le film, son extase, c'était là la Russie que j'aime, pas celle des babouchkas qui brandissent le portrait de Staline, mais celle que haïssait Pierre, que méprisaient ses intellectuels pétersbourgeois, qu'exécraient plus que tous les autres les bolcheviques qui se sont si terriblement acharnés sur elle, jusqu'à la rendre résiduelle, des vieux-croyants comme ceux-ci, des folkloristes, des cosaques en quête de leur mémoire et de leur noblesse perdues. Qu'est-ce que détestaient si férocement tous ces gens si ce n'est à la fois la nature et son Créateur, et cette communion mystérieuse de ce peuple unique avec l'une dans l'Autre?
J'ai beaucoup aimé l'extase panthéiste de Giono, mais elle n'avait aucune dimension chrétienne, et là, chez ces exemplaires sauvegardés du Russe pur jus, on voit que la nature, sa force et sa poésie entrent directement à travers eux dans le Dieu qui les a faites. Il s'opère une sorte de réconciliation, et là plus besoin de théologie, je comprends tout, c'est mon univers, et la réponse aux questions que parfois je me pose en voyant des gens opposer la création au Créateur.


sous-titres anglais



mardi 29 octobre 2019

Une histoire de fous et de fous-en-Christ


le tsar Ivan, 1° stichère quartet Voronov

Dans quelques jours je vais faire paraître aux éditions du Net la suite et l’épilogue de Yarilo (ed. du Net), intitulée Parthène le Fou. Comme ceux qui ont lu le premier livre le savent,  il avait une fin en suspens qui pouvait en rester là mais on avait quand même l’impression qu’il y aurait des prolongements, les voici qui viennent. Encore le tsar, vieilli, encore un petit garçon, mais pas le même genre de relations entre le vieux despote et son lumineux petit protégé.
Ceux qui n’ont pas lu le premier ne liront pas plus le second, et d’ailleurs le second sans le premier, ou avant le premier n’aurait pas beaucoup de sens. Le second est moins cher, parce que moins gros ; donc les lecteurs du premier n’auront pas à se ruiner pour savoir la suite.
Je mets à la disposition de ceux qui ne considèrent pas ce don de toute ma vie comme un colis piégé, la suite de Yarilo, Parthène le Fou, avec  des extraits pour se faire une idée. 
Parthène le Fou était le surnom que se donnait Ivan le Terrible pour écrire des compositions religieuses, qui existent encore. Evidemment, les historiens se sont penchés avec curiosité sur ce détail, et l’explication pour moi la plus plausible c’est que Parthène voulant dire vierge en grec, il s’identifiait aux vierges folles qui oublient de se munir d’huile pour leurs lampes, afin d’entrer chez l’Epoux.
En somme le livre raconte comment le tsar, dévoré de passions et de remords, dépouille peu à peu, aidé par son fils Féodor, « le petit tsar des fous », par sa bru, la douce Irina, par le petit barde Vania Basmanov, dit « Rossignol le Brigand », le despote luxurieux et cruel pour ne garder de lui-même au dernier moment, que le fou Parthène.
Une histoire de fous et de fous-en-Christ. Une tragédie. Un conte sur le pouvoir, la mort, le salut.


Vanietchka secoua ses boucles pour ne pas pleurer : «Quand j’aurai une femme dont je serai très amoureux, nous aurons plein de bébés, et un très grand lit. Nous inventerons des chansons tous ensemble… Tu sais que le tsar écrit des prières, tsarévitch, et compose des stichères ? Seulement il ne le dit pas. Il prétend que c’est Parthène le Fou qui les écrit. Parthène le Fou, c’est lui. C’est son nom secret.

- Pourquoi me le dis-tu, alors, Vania ? Tu sais dans quelle colère le tsar pourrait se mettre ? Vanietchka ! Tu ne l’as encore jamais vu vraiment en colère !
- Tsarévitch, je ne le dis à personne, mais toi, ce n’est pas pareil, tu es un saint, et tu l’aimes…
- Je ne suis pas un saint, voyons, Vania, je suis juste un idiot et un bigot ! Un sonneur de cloches ! »
Vania regarda avec ferveur le jeune homme fluet aux doux yeux d’icône, dans sa luisante armure de brocart fourré : «Tu es un saint, affirma-t-il. Tu comprends, j’ai vu le métropolite Philippe quand il est venu chercher papa. Je sais à quoi ressemble un saint.
- Tu as vraiment vu cela, Vanietchka ?
- Mais oui. Il éclairait toute l’isba comme en plein jour. Le séraphin sur sa coiffe brillait comme une grosse étoile. »
Féodor se signa avec vénération. « Toi aussi, tu es lumineux, poursuivit Vania. Si tu n’envoies pas de rayons partout, c’est que tu es encore ici, sur terre, mais si tu meurs, tu vas te mettre à briller. Peut-être que dès maintenant, si on t’ouvrait comme un coffret, on ne trouverait dedans que de la lumière… »


lundi 28 octobre 2019

33 - Post-scriptum

de l'argent froissé, miroitant
J'ai la joie d'annoncer que le centre médical de l'hôtel Pereslavl m'a paru rassurant, le médecin, normal, une femme. Je n'ai pas de tension mais il faut vérifier des trucs, je suis comme une vieille deuche qu'il faut rafistoler pour qu'elle roule encore. Mais ce n'est pas loin, c'est simple, abordable, et cela m'évitera de m'en occuper en France, où je ne resterai pas deux mois... A ma grande joie, elle m'a dit que je n'avais nul besoin d'une gastroscopie, qu'il y avait d'autres moyens d'explorations tout a fait anodins. Parce que la gastroscopie, à Pereslavl, c'est sans anésthésie. Et c'est effectué par des gens qui se font la main....
je suis contente d'avoir désormais un centre médical et un généraliste dedans.
J'allais mieux, je me suis promenée vingt minutes au bord du lac avant le médecin. C'était tellement beau, cette couleur que prend l'eau dans le nord, ténébreuse, violacée et en même temps brillante comme de la soie... Et ces énormes massifs de nuages, leurs failles resplendissantes...  Ce lac m'apparaît comme une sorte d'être énorme dont la respiration se propage dans toute la ville, un être puissant et magique. Il était beaucoup plus grand au moyen âge, j'imagine l'atmosphère, des jours comme aujourd'hui, quand le vent soulevait cette somptueuse et sombre surface, et que sur les berges, il n'y avait encore que des isbas autour des fortifications du kremlin. Et les habitants, leur allure, leurs chants...
Ritoulia adore aller au bord du lac, mais ça ne va pas durer longtemps, car sur les pas de l'ouragan, l'hiver arrive à grands pas. C'est pour ça que j'ai voulu aller encore une fois contempler cette surface fascinante, ces verts et ces bleus violacés et jaunâtres, ces rayons d'or qui viennent tout à coup consacrer un seul détail, le glorifier, comme nous effleure la grâce avant de nous laisser à nouveau dans la nuit.
J'ai dit au médecin que je pensais avoir eu une migraine, je n'en suis plus très sûre, car je frissonne à nouveau. L'important est que je puisse prendre l'avion. Bon et puis le lot de consolation, c'est que je mange des portions d'anorexique, je serais incapable de consommer un ruby ou un royal...
J'ai envie de voir les miens, et en même temps, j'ai peur d'aller en France, de constater de visu l'évolution des choses. Et puis j'ai peur tout court, car chaque jour que Dieu fait quelqu'un est agressé sans raison dans un lieu public par un "désequilibré" armé d'un couteau, d'une hache, d'un marteau. Des lieux comme l'aéroport, le train, la gare ne me disent rien qui vaille, bien qu'au fond, j'ai du mal à m'imaginer des choses pareilles dans la France de Charles Trenet et d'Yves Montand dans laquelle j'ai grandi..
J'ai vu qu'Annecy, ville charmante il y a peu, d'après ce qu'on me disait, devenait un dépotoir louche, que de haine féroce chez ceux qui nous ont préparé ce destin, quel concentré de haine et de fourberie... Prendre un pays comme le nôtre et le détruire, le profaner de cette manière. Je commence à ressentir ce qu'éprouvaient sans doute les Russes émigrés de 17...











Amours en cage

Chez le père Alexandre, à Rostov, j'étais au bord de l'évanouissement. Le soir même j'avais une poussée de fièvre, qui est passée le lendemain dans la journée, me laissant avec ce que je crois être non une grippe, comme je l'avais pensé, mais une migraine, une migraine comme je n'en avais pas eue depuis bien longtemps, la plongée dans un trou noir de deux où trois jours, en tête-à-tête, c'est le cas de le dire, avec sa douleur, sa faiblesse, et des médicaments qui marchent plus ou moins et vous crèvent encore plus. Mais si j'ai depuis longtemps, en association avec la migraine, des étourdissements et phénomène vasculaires divers, jamais eu de poussée de fièvre. Coup de bol, j'ai rendez-vous avec un généraliste ce soir. Sans confiance excessive, mais il faut bien essayer de se trouver un service médical sur place.
Dans le même temps, Dany avait une horrible sciatique et, sans doute à cause de la souffrance, une tension de folie, elle a fait venir les urgences trois ou quatre fois, et seul le quatrième médecin a fait preuve d'un peu de compétence et d'attention. Cela la déçoit, moi pas tellement, car je connais un peu le problème, j'ai eu affaire à de bons médecins, mais généralement sur recommandation dans des cliniques payantes. C'est même le point qui me faisait le plus hésiter à revenir ici.
Il est vrai que notre gouvernement de démolisseurs est en train de saboter l'excellente médecine française et de l'amener au niveau de la médecine russe des années 90 et c'est la conscience de cette pente fatale qui m'a décidée à passer par dessus mes appréhensions et à compter sur la divine providence.
Sur le soir j'ai reçu, abrutie par les médicaments et probablement la migraine elle-même, le père Constantin et la journaliste poétesse venue déjà m'interviewer, Natacha. Ils m'avaient apporté des amours en cage qui me permettent d'avoir pour l'hiver de beaux bouquets secs. Natacha nage dans le bonheur d'avoir quitté Ekaterinbourg pour Pereslavl-Zalesski, le vieux territoire plein de prières de la Russie médiévale, qui sombrera sans doute le dernier. Je n'avais pas grand chose à manger, j'ai entamé, pour accompagner le thé, un de mes pots de confiture de poires, comme la première fois, elle est sublime. Cela vient sans doute de la qualité des poires, et je ne sais pas si cela joue un rôle, mais j'y mets du fructose au lieu de sucre, et en quantité limitée.
Dans la nuit s'est levé un véritable ouragan, j'ai eu du mal à dormir, à cause de la migraine, et à cause des éléments déchaînés. Je n'étais pas tranquille. J'avais l'impression qu'un géant ivre et furieux sautait autour de la maison et allait en emporter le toit d'un coup de pied. Car depuis quelques temps on voit certains événements météorologiques prendre des proportions hallucinantes dans des régions du globe où c'était extrêmement rare. Je regardais par la fenêtres les arbres secoués et les nuages arrachés  qui faisaient place aux étoiles. Il paraît que la semaine va nous faire connaître un refroidissement jusqu'aux alentours de zéro. Accrochez-vous, on descend. Ces bouleversements agissent sans doute aussi beaucoup sur mon tempérament migraineux et climatodépendant.
Au matin, cela soufflait toujours, mais avec de la pluie. Je voyais la jeune chienne des voisins, qui n'allait même pas dans sa niche, probablement inondée. Ces gens, au demeurant très aimables, très bien disposés, l'ont enchaînée pour le restant de ces jours, avec le mauvais goût; c'est ce que je supporte le moins, ici, cette manie d'attacher les chiens. La chienne est un berger pyréennen, elle est visiblement douce et intelligente et ne comprend pas pourquoi on la punit. Elle est faite pour travailler en montagne, rassembler des brebis et coopérer avec son berger. Pas pour servir de sonnette et d'épouvantail, elle est d'ailleurs très gentille. A part ça, on la nourrit bien, on la caresse en passant, mais bon...
Et si par miracle, elle échappait à son sort, une autre la remplacerait aussitôt. Quand à en parler, je ne crois pas que ce soit possible. On me dirait que Rosie a probablement fort mal fini, mais à la limite, que vaut-il mieux? Vivre pleinement et brièvement, ou toute une existence à la chaîne?
Je prie Dieu pour elle. Et j'attends que mes thuyas poussent.
Même la gentille Liéna de Rostov garde sa chienne dans une cage, mais elle la laisse sortir dans le jardin, ce n'est pas permanent.

les amours en cage dans le vase 1900 de la tante Camille, qui aurait été bien surprise de savoir qu'il finirait en Russie!

samedi 26 octobre 2019

Mémoire universitaire


Il y a des moments où « attendre l’Apocalypse avec confiance » n’est pas toujours simple. C’est-à-dire que l’attendre avec confiance, je peux, l’attendre dans un calme olympien, c’est plus dur.
Pour m’éviter des coups de sang, je ne vais plus sur la page facebook que voici : https://www.facebook.com/groups/2425082894439432/ consacrée, si l’on peut dire, à la défense de l’archevêque Jean de Doubna et ouverte à tous vents. C’est une option démocratique respectable du créateur de la page, mais qui dans un contexte que je connais bien, lui ramène évidemment des trolls ukrainiens et des excités haineux complètement imbéciles et à mes yeux très peu orthodoxes, des spécimens sous hypnose de la boboterie, souvent d’origine russe. M’empoigner avec les imbéciles étant mauvais pour ma paix intérieure assez souvent éprouvée, j’avais décidé de m’en abstenir.
Là-dessus, une jeune femme d’origine russe m’adresse le copié-collé du post d’un jeune homme fraîchement « converti » à l’orthodoxie après un séjour d’un an en Russie, séjour qui l’autorise à vaticiner sur la question avec une arrogance de freluquet diplômé des grandes écoles, ce qui pour moi est d’ailleurs tout dire. Quand je l’ai vu quasiment accuser l’Eglise russe de meurtre, je lui ai dit que je souhaitais qu’il ne revînt jamais en Russie, où il n’apporte que du malheur, et en lui conseillant d’écouter les sages conseils d’un moine que nous connaissons tous les deux. Ce moine est d’ailleurs intervenu, mais le freluquet est bien trop content de lui pour écouter qui que ce soit. Et puis apparemment, il a un compte à régler avec les Russes, à moins qu’il ne soit suffisamment sot, avec tous ses brillants diplômes, pour gober les calomnies délirantes que colportent en Russie même médias occidentalistes et mondialistes, libéraux divers et communistes à qui les nouveaux martyrs de Russie restent en travers du gosier.
Voici le texte du post.
P.-S. Pour revenir à Un Tel... Ce n'est pas le personnage qui m'intéresse en tant que tel, mais le fait qu'il propose à des personnes opposées au "P.M." de relater leur expérience, en somme. J'imagine ce dont certains sont capables comme imagination débordante et affabulations allant jusqu'à l'intoxication. Voici ce que propose Un Tel. (en public) : "Chers amis,
Certains le savent déjà, mais je voudrais interroger plusieurs personnes qui connaissent - de près ou de loin - les différentes affaires dont ils furent les malheureux témoins et qui les opposèrent au Patriarcat de Moscou et à la Fédération de Russie.
J'ai déjà écrit un premier mémoire universitaire sur les relations entre l'Eglise et l'Etat en Russie post-soviétique (que je pourrai transmettre à ceux qui le souhaitent).
Cette année, j'écris un deuxième mémoire, portant sur la même thématique, axé sur le caractère géopolitique du partenariat Eglise-Etat en Russie. Plus précisément, je souhaite analyser comment les diasporas russes orthodoxes en Occident font l'objet de multiples influences géopolitiques.
Merci pour votre contribution.

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Commentaires"
Je ne suis pas allée lire les commentaires, fouiller les poubelles n’étant pas mon occupation favorite, je n’ai pas envie de me coller de la tension. La russophobie hagarde s’exprime si librement sur cette page démocratique qu’on y attrape des démons comme les chiens prennent des tiques dans les maquis. Je ne nomme pas non plus ce triste jeune homme, et je ne fais pas de capture d’écran. Il aura assez de problèmes avec ça au jour du Jugement.
Bien entendu, en fouillant dans les poubelles comme il l’a fait avec déléctation pour écrire son mémoire qui, je n’en doute pas, aura une note pharamineuse et les félicitations du jury, on peut toujours trouver des prêtres et des hiérarques indignes. Mais moi qui ai passé non pas un an en Russie, mais seize, et fréquenté des milieux ecclésiastiques, je témoigne que ce qui a pu me choquer, et qui était de l’ordre de la bigoterie ou du manque de charité, je l’ai rarement vu de mes yeux. Cela m’a toujours été raconté. Depuis trois ans à Pereslavl, j’ai une haute idée de notre jeune évêque, des monastères, prêtres et fidèles locaux.
Je vois aussi circuler beaucoup de calomnies enragées et stupides d'ennemis fanatiques de l’Eglise ou plus simplement, de trolls appointés.
Donc, en lançant cet appel, je ne doute pas une minute que ce garçon va récolter une masse de témoignages croustillants et étayés, vrais ou faux,  qu’il répercutera aussitôt avec bonheur dans sa misérable thèse complaisante à l’Ordre Mondial établi.
Je suppose qu’en fouillant dans les poubelles de l’Eglise grecque on trouverait aussi des personnalités douteuses et des événements regrettables. Bien consciente qu’on peut aussi y trouver autant de lumineux personnages que dans n’importe quelle église locale, et j’en connais, je voudrais quand même dire qu’il n’est vraiment pas besoin de lancer un appel au peuple, en ce moment, pour avoir les détails qui feront peut-être, qui sait ? l’objet de la prochaine thèse du jeune homme, s’il avait le courage de la soumettre. Ces détails nous sont assénés avec une telle impudence, une absence si complète de vergogne, un mépris si absolu de l’opinion des gens et des ennuis qu’on peut leur attirer que je ne comprends même pas comment des orthodoxes un tant soit peu au courant de ce qui se passe dans le monde peuvent encore continuer à vaticiner sur la dictature Poutine, le « KGB », devenu depuis des années un service de contrespionnage ordinaire à qui les nôtres n’ont rien à envier. Cela tient vraiment de l’hypnose.
Alors je vais répertorier quelques faits connus de tous, bien que pas toujours en réalité, ou éclairés de manière malhonnête. Je passe sur les acquointances œcuméniques ou maçonniques du patriarche Bartholomée qui me le rendaient un brin suspect, mais enfin, jusqu’à ce qu’il dévoile son vrai visage, j’ai prié pour lui dans le monastère où je suis allée pendant six ans, on ne prie pas que pour les gens sympathiques ou irréprochables.
Je ne parlerai pas non plus de l’archevêché, que je connais mal. Ca pue les intrigues infâmes et les règlements de compte déshonorants, mais ce n’est pas trop mon rayon, je n’ai jamais été paroissienne de l’archevêché.
Tout d’abord, pour assouvir sa vindicte et sa soif de pouvoir, le patriarche, en tripatouillant les canons, comme l’a démontré le théologien grec Théodore Zissis, conteste une autocéphalie reconnue depuis 300 ans. Je dirais que là, déjà, on peut agiter tous les canons du monde, même si techniquement c’était vrai, faire une chose pareille est d’une perfidie absolument inqualifiable, quand on a reconnu quelque chose si longtemps, on s’y tient. Il est vrai que Constantinople avait déjà poignardé l’Eglise russe et son saint patriarche martyr Tikhon, au moment de la révolution. C’est déjà une tradition. Tikhon, le martyr, qui lui, s’opposait aux grands de ce monde, n’était donc pas réellement patriarche de Moscou ?
Bien que le métropolite de Kiev Onuphre soit unanimement reconnu comme un saint homme, désintéressé, humble et ferme, quelqu’un comme le patriarche Tikhon, en somme, le patriarche Bartholomée, mû par de vilains sentiments et de vilains gnomes de la CIA et de l’oligarchie supranationale mondialiste, décide de lever l’anathème jeté par Moscou sur le douteux Philarète, d’octroyer le Tomos alors que l’Eglise canonique n’en veut pas, à une bande de clowns discrédités partout, même en Ukraine, où à l’encontre des calculs et intrigues, le peuple orthodoxe initial continue à soutenir avec une ferveur et une fermeté exemplaires son lumineux pasteur. Acte qui bien entendu déchaîne les néonazis et les uniates, aussi orthodoxes que je suis musulmane, et  accentue terriblement les répressions, les spoliations, les brutalités, les persécutions. Quid des liens de la nouvelle église du Tomos avec le gouvernement ukrainien fantoche et sanglant, avec le satanique Soros, avec des mafieux comme Joe Biden et Kolomoïski ? Le gouvernement russe s’est-il mêlé de cette affaire ? Des consuls russes vont-ils démarcher, comme en ce moment, les diverses églises locales en agitant la carotte et le bâton ? Même la presse aux ordres ne le mentionne pas, c’est dire qu’il n’y a vraiment pas lieu.
Je rappelle que Philarète, qui pensait devenir calife à la place du défunt Pimène, et contre lequel le vote a été massivement en faveur d’Alexis II, a délaissé le KGB pour la Cia, s’est autoproclamé patriarche de Kiev, s’est lancé dans les affaires, le mariage et la paternité, et allant périodiquement mendier des armes aux Américains, proclamait que « le Donbass devait expier dans le sang le péché de fédéralisme ». Et en effet, le sang coule là bas autant qu’il le souhaite.
L’affaire du Tomos a été menée avec une impudence, une morgue positivement incroyables. Le lumineux métropolite Onuphre traité comme un larbin par ce vieillard méchant et renfrogné. Et l’on a bombardé métropolite le grotesque Epiphane, qui respire la vanité, la stupidité et l’arrogance, et qui n’a même pas été ordonné dans la succession apostolique. Pas grave. Ce que veut le pape du Phanar, le pape du Phanar le fait, l’Orthodoxie dût-elle connaître un schisme irréparable, et les petites gens d’Ukraine et leurs prêtres un sort funeste, pas son problème. Le métropolite Hilarion essaie avec diplomatie d’envisager que le pape du Phanar a été abusé, qu’il ne sait pas ce qu’il fait. Cela part sans doute d’une bonne intention, mais à moins qu’il ne soit gâteux, il ne peut ignorer ce qu’il fait.
Je parle de schisme, car évidemment, de vrais orthodoxes purs et durs comme, par exemple, le métropolite Luc de Zaporojié qui ne mâche pas ses mots (« une épée », dit Slobodan Despot) ou l’higoumène de Valaam, ne peuvent soutenir des entreprises pareilles s’ils en ont connaissance. C’est impossible, c’est trop immonde, et ce n’est pas uniquement une question de canons interprétés comme ci ou comme ça par des saduccéens phanarodoxes, C’est une question de discernement. D’un côté des millions d’orthodoxes plongés dans la persécution avec un primat d’une rare élévation spirituelle, de l’autre une bande de coquins, de magouilleurs, compromis jusqu’aux tréfonds, et de vrais bandits internationaux capables de tout. Là quand même les choses sont claires, à moins de ne pas vouloir en entendre parler. Canons, pas canons, exemples croustillants d’indignité ecclésiastique hâtivement exhumés ou inventés pour ternir l’éclat de la bannière orthodoxe que Dieu a fiché en Ukraine, moi je vois bien où est le Christ. Il est avec le saint homme persécuté et ses fidèles, pas avec les brutes qui les persécutent, il n’est pas avec Philarète, il n’est pas avec Epiphane, il n’est pas avec Porochenko ou Zelinsky, il n’est pas avec Pompeo et le département d’Etat américain qui va intimider ou acheter hiérarques et monastères et répandre des calomnies dans tous les journaux à sa solde. Aussi je dis non aux uns et oui à l’autre, oui à l’Eglise du métropolite Onuphre, qui ne renie pas celle de Moscou, parce qu’elles ont les mêmes martyrs, la même histoire, la même mémoire.
Mais nous voyons maintenant que s’il est des orthodoxes purs et durs dans l’Eglise grecque ou les autres églises, il est des hiérarques qui se déballonnent, se compromettent, sont prêts à partager la coupe de l’eucharistie avec des instruments indignes de forces antichrétiennes et antiorthodoxes, déshonorant ainsi leur rang et leur église. Et devant les silences gênés, qu’on a pu croire diplomatiques, on commence à se demander si nous n’allons pas avoir une belle série de baisers de judas.
Curieusement, ces collusions et ces infamies n’intéressent pas du tout notre jeune homme, il est vrai que la note sur son brillant travail ne serait pas du tout du même ordre.
Je le laisse hurler avec les loups dans le tableau de Jérôme Bosch où il s’ébat, en compagnie de toutes sortes de personnages caricaturaux, comparables à ceux qui crachent sur le Christ, dans les œuvres de la Renaissance. Nul doute qu’il sera très applaudi. Et magnifiquement noté. A peine mal converti, le voilà phanarodoxe. Je le félicite.

J'ajouterai cette déclaration du métropolite Luc de Zaporojié, avec lequel, comme avec le métropolite Onuphre, je suis fière d'être en communion:

L'Église survivra ces temps de trahison (metr. Luc)


traduction originale en anglais :
https://russian-faith.com/guarding-fullness-church-times-betrayal-n2514

"Nous sommes arrivés à ce moment où la Vérité se révélera non pas dans les décisions des Synodes cléricaux ou même des Conciles des différentes Églises... mais plutôt par la fidélité de chacun, considéré individuellement, aux dogmes et Canons chrétiens de l'Eglise Une Sainte, Catholique et Apostolique."

Une note encourageante de l'illustre métropolite Luc de Zaporozhye - Même si un certain nombre de patriarches et d'évêques de haut rang s'égarent, la véritable Église sera toujours présente sur Terre, par l'intermédiaire des évêques et des personnes qui restent fidèles.

-=-=-=-=-




Le Christ est parmi nous, mes chers lecteurs ! 

Soyez fidèles à Dieu en parole, dans la vie et dans l'amour !

Réflexions sur la déclaration du Saint Synode de l'Eglise orthodoxe russe.

Le changement dynamique de la société planétaire montre d'autant plus l'accélération du processus de mondialisation, qui conduira à la dernière période de la vie humaine dans ce monde terrestre.

La participation active de diplomates étrangers à la vie de l'Église Orthodoxe ne peut s'expliquer simplement en termes géopolitiques. Derrière tout cela, une personne peut ressentir quelque chose de plus important et de plus significatif que les intérêts politiques et économiques. L'esprit du mal universel a été activé dans la sphère des relations ecclésiales, pour lesquelles il était nécessaire de préparer le sol à l'avance.

Dans les conditions des derniers temps, l'existence de l'Église changera aussi.

La présence de la vertu de la fidélité au Christ séparera les fidèles de ceux qui adorent l'antéchrist, dont la puissance dans ce monde sera présentée extérieurement dans les nombreuses diverses traditions religieuses, y compris l'Orthodoxie. Leur légitimité (dans l'ordre mondial) sera déterminée par leur volonté de s'incliner devant l'image de la bête. Ceux qui refusent de le faire seront déclarés illégaux.

Saint Ignace le Théophore disait : "Là où est l'évêque, là est l'Église." La plénitude de l'Église est présente dans la communauté, qui est composée de l'évêque - comme successeur des apôtres - du collège des prêtres et des diacres, et du peuple croyant, unis dans l'assemblée eucharistique. Cette plénitude est autosuffisante et offre à ses membres tout ce dont ils ont besoin pour la connaissance que Dieu notre Rédempteur nous a donnée.

Il est vital pour nous de comprendre cette vérité, afin que nous puissions garder la pureté de l'Orthodoxie dans les nouvelles situations de la société humaine.

Dans le cas des Églises de Constantinople et de Grèce, nous voyons que les décisions de l'antéchrist ne sont pas acceptées par la plénitude de l'église, mais plutôt par les administrateurs supérieurs qui ont été préparés en conséquence par les directeurs du nouvel ordre mondial.

En même temps, au sein même de ces Églises, il y a un grand nombre de clercs et de laïcs qui ne sont pas d'accord avec ces décisions et restent fidèles à la sainte Tradition. On peut dire avec confiance qu'à l'avenir, les diplomates étrangers chercheront à exercer une influence sur les évêques des autres Églises locales, surtout sur ceux qui ont une voix qui fait autorité.

Pourtant, cela ne signifie pas pour autant que chaque Église locale s'éloignera de Dieu uniquement à cause des décisions d'un petit groupe de personnes.

Il s'ensuit que, selon l'ecclésiologie du saint martyr Ignace le Théophore et la tradition ecclésiale ancienne, la communion eucharistique doit être gardée par l'unité inter-Eglises avec les communautés eucharistiques qui ne se sont pas engagées sur la voie de la trahison de leur Foi.

Selon l'esprit des temps et les paroles prophétiques de notre Sauveur, nous pouvons évaluer que la fidélité à l'Église Mère sera maintenue dans la sainteté au niveau de l'être individuel de chaque plénitude Eucharistique (communauté), conduit par des évêques qui ne se sont pas engagés dans la voie de la trahison.

C'est pourquoi le Synode de l'EOR a décidé de garder la communion eucharistique avec les hiérarques qui n'ont pas accepté les décisions non-canoniques et maléfiques du Synode des évêques de l'Eglise orthodoxe grecque. C'était une décision correcte, profondément réfléchie et sage.

Nous sommes arrivés à ce moment où la Vérité se révélera non pas dans les décisions des Synodes cléricaux ou même des Conciles de diverses Églises, qui peuvent déjà être guidés par l'esprit bureaucratique de ce monde, mais plutôt par la fidélité de chacun, considéré individuellement, aux dogmes et Canons chrétiens de l'Église Une Sainte, catholique et apostolique.

Nous devons vivre et croire de manière à donner une réponse positive à la question posée par notre Sauveur : "Trouvera-t-Il la Foi, quand Il reviendra pour juger le monde" (cf. Lc 18,8) ? Seul le petit troupeau qui sera resté fidèle à Dieu Lui répondra un puissant "Oui !"
 

Métropolite Luc de Zaporozhye
17 octobre 2019



vendredi 25 octobre 2019

Havre de paix

Nous avons donc fait connaissance avec le père Alexandre, un homme très intéressant, profond, original, qui s'implique dans le développement de la vie culturelle locale. Il organise un festival dans un lieu saint du coin, la montagne de sainte Marie (l'Egyptienne) menacée par un projet de carrière, les termites du démon sont vraiment partout. Il a besoin de moi pour chanter des chansons françaises anciennes lors de ce festival, en été, ça me laisse le temps de répéter! Car il a un projet de reconstitution du moyen âge français, et le père américain Joseph Gleason, émigré à Rostov avec sa nombreuse famille, célèbrerait la liturgie des Gaules chère à l'ECOF et théoriquement antérieure au schisme du XI° siècle, dont on dit pourtant que la reconstitution est sujette à caution.
Il dispose pour tout événement culturel d'un splendide local, une vieille maison restaurée, une vraie maison russe avec des fenêtres sculptées, qui fait partie de tout un ensemble. Si j'ai bien compris, une jeune femme biélorusse venue s'installer à Rostov, Anastassia, restaure tout ce qu'elle peut avec un mécène.
Le père Alexandre "aime la beauté", et je partage pleinement son état d'esprit. La maison a été aménagée avec goût, avec des meubles et des objets plus ou moins anciens, en respectant les murs et les plafonds de bois. Si objets contemporains il y a, ils s'intègrent parfaitement. Et l'on s'y sent merveilleusement bien, c'est une maison qui repose les yeux, l'âme et l'esprit.
Elle comporte une petite partie galerie, où je pourrais exposer ultérieurement mes aquarelles, mais le projet immédiat, c'est une expo des oeuvres des petits élèves de Liéna, couplée avec un concert de ces mêmes élèves, et notre participation d'adultes, dans le cadre d'une manifestation informelle autour d'un thé, cela en décembre.  D'ici là nous pourrons aussi répéter dans ce lieu magnifique, et d'ailleurs, nous l'avons fait, à la grande joie du père Alexandre, qui nous accompagnait. Il connait Kotov, de l'ensemble Sirin, le joueur de gousli Strelnikov, et autres folkloristes.
Je lui ai chanté le roi Renaud et la blanche biche, et puis un vers spirituel russe, ma vielle marchait, il faut dire qu'à force de piquer des crises de nerfs dessus, je finis par savoir lui parler.
Liéna est partie ensuite donner ses cours, et il nous a emmenées au restaurant d'en face, Katia et moi, nous avons abondemment discuté de nos expériences respectives, comment nous sommes arrivées à Pereslavl, de nos projets sur place. Le père Alexandre est très francophile, et comprend même un peu le français. Il est très conscient de ce qui est en train de nous arriver et des menées sournoises pour installer le même chaos en Russie. Comme je lui parlais de Vologda et Ferapontovo, il nous a dit: "Là bas, c'est autre chose, c'est la zone au delà de ce que j'appelle l'horizon des événements, soit cette bande de stabilité qui borde un trou noir.
- Et le trou noir, c'est Moscou? demande Katia.
- Oui. Nous, nous sommes dans la bande de stabilité, où arrivent des gens comme vous, ou comme Anastassia, cultivés, dissidents et plus ou moins malmenés par la vie, seuls, marginalisés, en un mot victimes de la modernité. Vologda, Ferapontovo, ce sont d'autres gens, qui ne sont pas soumis à la force d'attraction et restent simples, vrais, paisibles, avec en effet des intellectuels locaux profonds."
Devant les événements terribles qui se profilent un peu partout, le père Alexandre, comme tous les gens que je rencontre dans le folklore ou la culture ici, estime qu'il faut sauver ce qu'on peut là où nous sommes, importés ou non. Et se regrouper, d'ailleurs pas seulement dans une optique culturelle, mais dans une perspective de survie physique et surtout spirituelle.


Liéna

jeudi 24 octobre 2019

Communautés



Davydovo. Photo de Liéna
Retour à Davydovo hier, avec Katia et Liéna de Rostov, pour voir Yana, qui devait nous donner du matériel folklorique. Yana estime que nous devons chanter le folklore local et organiser des manifestations qui permettent de l’enraciner à nouveau dans la population, ce qu’elle essaie de faire pour sa part. Le village-communauté de Davydovo est largement « refolklorisé ». Les gens chantent et dansent pour les fêtes, et maintenant, les femmes se rassemblent une fois par semaine pour chanter, en tricotant ou cousant, et échanger des chansons ou les commenter ensemble.
Yana était très requise par son huitième enfant, une petite fille. Ensuite, des enfants de tous âges sont venus chanter et jouer de divers instruments, elle m’a demandé de faire une démonstration, seulement comme dit Vassia Ekhimovitch, qui a fabriqué ma deuxième vielle, avec laquelle je dois aller le voir en Carélie, je chante bien, mais je joue mal ! En fait, les  gens, ici, trouvent que je chante bien, mais quand je m’écoute, je n’en suis pas certaine.
Elle nous a donné les références d’un recueil publié de chansons de la région de Pereslavl. Quelques unes enregistrées encore au XIX° siècle, mais elles sont transcrites avec des notes de solfège, et il y a une certaine dose d’interprétation à effectuer, d’après ce que l’on sait du chant folklorique, pour redonner de la chair à ces squelettes. Les notes segmentent le continuum mystérieux du chant et de nombreuses nuances leur échappent. Elle nous a donné aussi un disque, et elle nous enverra des enregistrements par internet. Ayant écouté un chanson française traditionnelle que je lui ai chantée, elle m'a dit: "Si cela est une chanson ancienne traditionnelle, alors effectivement, notre folklore est resté beaucoup plus archaïque que le vôtre. La chanson est très jolie, mais c'est une romance, je dirais du XIX° , peut-être XVIII°...
- Je pense qu'elle peut remonter même au XVII°, mais que c'était probablement au départ  une chanson de cour. Je connais moins bien le folklore français que le folklore russe, mais j'ai entendu ou lu que beaucoup de nos chansons folkloriques sont dans ce cas. Cependant, j'ai entendu un enregistrement de chant de laboureur, et là, c'est la nuit des temps...
- Ah oui, bien sûr! Tout ce qui est lié à la terre est très ancien, partout!"
Le village est joli, il reste des maisons traditionnelles, une belle église. Une autre communauté m’a contactée, Romanov Khoutor, je pensais que ce n’était pas loin de Davydovo, mais c’est plutôt du côté de Toutaïev. J’observe que se créent ainsi beaucoup de communautés néopaysannes traditionnalistes, mais à la différence des expériences françaises, elles ne sont pas new age, bouddhistes, chamanistes ou tout ce qu’on veut de mélangé et d’exotique, ce que cherchent généralement ces gens, c’est la Russie, c'est l'héritage perdu. elles semblent toutes organisées autour d'une ou plusieurs fermes, avec un vocation particulière.
Je viens d’apprendre qu’un prêtre de Rostov, le père Alexandre nous convoquait demain pour faire connaissance, il envisage une exposition et un concert et m’avait déjà repérée sur facebook. Je ne m’attendais pas à repartir demain à Rostov, et ce qui me fatigue avec les Russes, c’est que rien n’est jamais prévu à l’avance. Ou l’on supprime au dernier moment une rencontre à laquelle on s’était préparé, ou au contraire, on vous annonce à ce même dernier moment qu’il faut foncer quelque part, cela me rappelle la joyeuse époque de l’ensemble 3D, avec Micha, Sérioja et Vadim… du temps des 3D, je travaillais et j’apprenais le jeudi qu’au lieu de me reposer le samedi, j’irais chanter quelque part avec eux dans n’importe quel état un programme que je ne connaissais pas. Maintenant, je ne travaille plus mais j’ai dix ou quinze ans de plus et je me fatigue beaucoup plus vite.



lundi 21 octobre 2019

Attendre l'Apocalyse avec confiance


J’étais hier en retard à l’église,  et dans un état de profonde tristesse dûe à l’actualité de plus en plus épouvantable et à la conscience de la vieillesse qui m’enlève mes forces et me cause toutes sortes de douleurs. Encore n’ai-je pour l’instant pas trop à me plaindre, car j’ai toute ma tête, et c’est bien le principal. Ce qui me cause le plus d’appréhension, c’est l’idée de mourir avant mes animaux.
Dans l’église, je pleurais en pensant à la France. J’avais vu la photo d’une musulmane  voilée proclamant qu’elle était « dans son pays », et que si nous n’étions pas d’accord, nous pouvions nous en aller (ce que du reste, j’ai fait, sur les conseils du père Placide, qui voyait cela venir gros comme une maison). Cette provocation est le résultat de cinquante ans de propagande, d’ingénierie sociale et de mollesse imbécile. Il est évident que son islam et toute la culture qui va avec n’ont absolument rien de français. C’est-à-dire qu’à mes yeux, la France, la vraie,  est morte avec l’incendie de Notre Dame, que ces envahisseurs dansent  sur sa tombe, et qu’elle commence à se décomposer. Mais beaucoup de malheureux zombies à prénom américain ne s’en rendent pas compte, car de Français, ils n’ont plus que le patrimoine génétique, cela fait cinquante ans qu’on leur rince la tête et leur atrophie  l’âme. Aconnassis et stérilisés, ils regardent béatement une mafia sans conscience transformer leur pays en immense Kosovo, où ils serviront de bétail sexuel et de souffre-douleurs à tous ceux qu’on leur déverse sur la tête et qui, le sachant bien, se conduisent avec l’impudence correspondante. Je souhaite de tout cœur à la voilée, et surtout à ceux qui ont favorisé son impudente présence sur la terre de mes ancêtres, que cette mauvaise action ne leur profite pas. Que notre douce France disparue devienne pour eux un champ d’épines, un espace empoisonné, d’ailleurs, au rythme où brûlent mystérieusement toutes nos usines, cela ne saurait tarder, mais c’est des Français que j’ai pitié, du moins de ceux qui n’ont jamais voulu cela, et qui sont de plus en plus opprimés et marginalisés chez eux.
Je précise en passant que ce n'est même pas le voile, à mes yeux, le problème, mais ce qu'il signifie pour la créature à la pancarte, qui ne susciterait pas de réaction de ma part, si elle proclamait son amour du pays d'accueil et son adhésion à sa culture, au lieu d'envisager d'en foutre  les indigènes dehors.
La veille, j’avais vu une vidéo où deux jeunes filles russes adorables, fraîches et spontanées comme on ne l’est plus chez nous depuis longtemps, chantaient une de ces chansons françaises des années 60 ou 70, légères et pleines de joie de vivre. J'ai pensé alors que la culture française piétinée par les nouveaux venus et les Français dénaturés ne vivrait bientôt plus que dans le coeur des Russes, où elle demeure un mythe merveilleux, entre les trois Mousquetaires et Charles Trenet. (https://www.facebook.com/laurence.guillon.10/posts/10218119574294588)
 Dieu protège la Russie de cette maladie sociale qui nous a été inoculée et qui, en rendant plusieurs générations de jeunes complètement idiots, va faire de nous des lapins pourchassés sur leur propre territoire.
Ce qui m’inquiète encore davantage, c’est de voir qu’en Russie, les mêmes virus toxiques sont à l’œuvre, la même secte supranationale monstrueuse. La résistance réside dans l’orthodoxie, d’où l’attaque virulente organisée contre elle, par le biais du « patriarche » Bartholomée et de la pagaille qu’il a collée en Ukraine et partout. Le pape de Rome, lui, est entièrement au service de la secte, et les protestants en ont favorisé l’avènement depuis 500 ans, avec zèle.
L’orthodoxie, les folkloristes, les cosaques, une partie des intellectuels, les gens simples, et aussi, les communistes, utiles un moment et maintenant laissés sur le bord du chemin par la bête de l’Apocalypse.
L’église me console en cela que j’y trouve une pérennité, une tradition qui me remet dans le droit fil des siècles, où court la trame secrète et dorée de la Promesse. Et les gens que j’y vois me sont tous chers. La famille de cosaques. Les petites vieilles. Les vendeuses de cierges, si amicales. Les couples qui se tiennent par la main, les pères qui enlacent leurs fils d’un bras protecteur, les jeunes filles en fichu. Les prêtres, qui sont tous bons et dignes, chacun à sa manière. Mon cher évêque Théoctyste, quand il célèbre chez nous. C’est un monde que je reconnais, qui est inscrit dans le devenir humain et le cosmos éternel.
J’y ai trouvé Katia, et nous avons échoué au café français, pour parler des ravages de la « modernité » sur les relations humaines, entre hommes et femmes en particulier. Et de nos projets « folkloriques », auxquels je voudrais associer le fils de mes voisins qui me supplient de lui ouvrir des horizons culturels. C’est un enfant intelligent et droit, avec un caractère viril, et je voudrais bien, en effet, lui donner quelques éléments qui pourront lui permettre d’échapper à la bête de l’Apocalypse.
« J’attends l’Apocalypse avec confiance », m’écrit Claude Ginesty, devant les invraisemblables ignominies qui se disent et se commettent jusqu’au sein même de l’Orthodoxie. C’est ce qu’il me faut essayer de faire. Et prendre une distance spirituelle avec internet, qui me fascine d’autant plus que la situation est si inquiétante. Mais ignorer ce qui se passe ne me semble pas possible, à l’heure où nous devons choisir et combattre. Mon ami Henri cherche avec succès l’antidote à tous ces poisons dans ses escapades au pic de Burgarach, qu’il photographie avec talent. Dans ce qui nous reste de beauté au sein des ténèbres montantes. Et je suis allée au bord du lac, avec Ritoulia. Il y soufflait un vent violent, et la pluie commençait à tomber. L’eau était d’un vert sourd, légèrement violacé, et l’église des Quarante Martyrs, très visible, et très claire, semblait une précieuse cassette, ou un encensoir ancien qui dévidait dans le ciel entier des nuages pleins de pluie. Un couple est arrivé, tous deux très beaux, la quarantaine, je les vois de temps en temps à la cathédrale, avec quatre ou cinq magnifiques enfants. Ils ont regardé le large, puis se sont embrassés sous le même manteau, appuyés contre un arbre et battus par les gouttes obliques. J’étais sous le kiosque bleu, et je dessinais.

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Sur le chemin du lac, j'ai noté plusieurs maisons qui m'ont intéressée, au milieu du chaos affreux de toutes les autres. Il y a peu de temps, j'ai eu une discussion avec des Russes qui ne comprenaient pas mon horreur des "toits bleus comme le ciel" en tuile métallique couleur cuvette en plastique qui tuent la maison dessous, les maisons autour, le ciel et toute la nature environnante. Mais ce n'est pas la couleur en elle-même le problème, c'est son côté criard, brillant, uni et mort, plastifié, car lorsqu'on peint un toit en bleu, ce n'est pas du tout la même chose, comme on le voit ici:



 Le bleu est doux, nuancé et se fond admirablement avec le reste. Evidemment, il y a le tuyau de gaz qui passe en travers des fenêtres et les fondations recouvertes de plastique façon fausse pierre, mais ça saute moins à la gueule, ce sont des détails.
 Plus loin, j'ai vu une maison récente que je ne trouve pas vilaine du tout et qui s'inscrirait bien auprès de n'importe quelle maison traditionnelle ou d'un monastère.

 Même le toit ne me gêne pas, et il est de toute façon difficile, de nos jours, de faire un toit en tuile de bois ou en chaume... Toujours le tuyau de gaz, mais ça, les malheureux, ils n'y peuvent rien...
J'ai vu également ceci, ces merveilleux cadres sculptés: 



Ils font partie d'une maison "double". Quand a maison est coupée en deux, ce qui était le cas de la mienne, avec deux propriétaires différents, personne n'a l'idée d'harmoniser façade, toit et fenêtres, ce qui donne un effet complètement disparate.
La jolie moitié, non restaurée est à vendre, mais l'ensemble donne ceci:


Plus loin, j'ai vu une maison contemporaine assez banale, mais pas du tout choquante; et qui ne gâche pas le petit étang voisin:


Je préfère donner des exemples de maisons réussies plutôt que de montrer des horreurs, d'abord parce que c'est infiniment plus rapide, et ensuite parce que cela évite de stigmatiser!

jeudi 17 octobre 2019

Que tout souffle loue le Seigneur

Un étrange temps printanier m'a poussée à aller sur le "val" dessiner dans l'air tiède. Il ne reste plus que quelques accents dorés aux branchages nus et bruns, et je profite du frémissement de ces derniers précieux lambeaux que le soleil exalte une dernière fois. Le ciel avait des tons de nacre, doux et mélancoliques. On dit que novembre sera tiède, ce qui n'est pas forcément une bonne chose, car il sera sûrement pluvieux, ce serait bien étonnant qu'il fût ensoleillé...
Le val est l'un des rares endroits de Pereslavl qui restent jolis, avec des points de vue pittoresques sur les diverses églises et la rivière.
Les mésanges sont venues me montrer qu'il fallait penser à les nourrir. Elles viennent voleter sous mes fenêtres et se poser de façon à ce que je les voie. Le problème est que les pies et les corneilles s'attaquent au lard que je suspens et finissent par le faire tomber.
Rita est à nouveau amoureuse, moi qui pensais qu'elle ne le serait qu'une fois par an... Je lui ai acheté des sortes de pampers! A Moscou, nous avons vu son ancienne maîtresse mais elle a fait comme si elle ne la connaissait pas, à vrai dire, même à ceux qu'elle n'a jamais vu, elle prête davantage d'attention, mais pour avoir vu ce comportement chez Joulik et Doggie, je crois qu'il signifie que le petit chien n'a aucune envie de changer encore de patronne, une fois ça suffit, ras le bol. ! Car les spitz ont beaucoup de mémoire, elle ne l'a certainement pas oubliée. J'en étais même ennuyée, car sa maîtresse a bien des problèmes et la donner était sans doute la meilleure chose à faire dans le contexte.
Avant d'aller à Moscou, j'avais vu un passage de saint Païssios où il recommandait de ne pas prêter attention aux beautés de ce monde pour ne s'orienter que vers celles de l'au-delà, mais ma nature poétique en est parfaitement incapable. Je n'appréhende le Créateur qu'à travers la Création et n'ai jamais compris ces gens qui se tournent vers Dieu par détestation de la vie et le voient comme un architecte dans son bureau. Je ne dis pas que c'était le cas de saint Païssios, mais c'est ainsi que certains peuvent interpréter ce qu'il dit. Je me souviens du père Alexandre Schmemann, si contemplatif et sensible aux spectacles quotidiens de la lumière et des nuages, il y voyait l'anticipation, le reflet des splendeurs futures. J'ai toujours eu le sentiment que le cosmos était une sorte d'immense cathédrale où se célébraient en permanence les liturgies de la vie. "Que tout souffle loue le Seigneur". On découvre scientifiquement que tout est lié, ce que savent tout poète et tout artiste. Rilke, Philippe Jacottet, Van Gogh... Les arbres vivants et mystérieux, que je ne supportais pas de voir abattre dans mon enfance, sont en communication les uns avec les autres, et avec les corps célestes, les païens les divinisaient, mais ce serait à mon avis une erreur que de faire, comme les chrétiens occidentaux, du monde un tas de matière inerte exploitable à merci. Car "tout souffle loue le Seigneur, louez le, feu et glace, vents de tempête, serpents et oiseaux ailés, arbres fuitiers et tous les cèdres". Tout souffle loue le Seigneur, et accompagne nos prières, et prie avec nous. Je me souviens d'un jour où j'avais lu ce psaume dans la campagne autour de Cavillargues et où le vent s'était tout à coup levé, comme un écho allègre... Tout souffle loue le Seigneur, et le père Svevolod Schpiller disait: "Chaque chose a son ange". J'en ai parlé au père Valentin, car j'avais peur d'être hérétique, et c'est le fils spirituel du père Vsévolod; il m'a dit: "Oui, ce sont des histoires de moines, ne vous en faites pas, ne prêtez pas attention à cela". Le père Barsanuphe me disait, lui: "Il y a plusieurs sensibilités dans l'orthodoxie, la vôtre y est présente, elle a de saints représentants".
Il ne me semble pas que l’Écriture parle du firmament du paradis comme de l’habitation séparée de Dieu… car le divin est également présent en toutes choses et, d’une certaine manière, il pénètre toute la création et n’existe pas séparément de l’être, mais la nature divine honore également chaque élément de l’être, prenant compassion de toutes choses à l’intérieur d’elle-même ». Saint Grégoire de Nysse 





mardi 15 octobre 2019

Protection

J'ai enfin réussi à mobiliser ma volonté pour aller à Moscou rendre visite à mon père Valentin. Il faut dire que c'était hier la fête votive de son église consacrée à la Protection de la Mère de Dieu. Difficile de laisser passer ça...
Dans sa paroisse, je me sens en famille. Les prêtres et tous les gens que je connais ont toujours un mot gentil, et de plus, j'ai enfin réussi à repérer la dame qui s'occupe des plates bandes, et à qui depuis deux ans je voulais demander un rejet d'un églantier à ravissantes petites roses blanches, avec un port de branches très souple, de petites feuilles légères qui prennent en automne des tons rubescents, au sein desquelles les fruits noirs sont du plus bel effet. Il a deux floraisons, au printemps et à l'automne. La dame appelle cela un rosier, c'est vrai que la fleur est plus élaborée que chez l'églantier ordinaire, mais pour moi, c'est un églantier...Par la même occasion, j'ai récolté quelques roses trémières pour compléter ma collection. Cette dame à la main très verte arrive même à faire pousser des lavandes dans les parterres de l'église, mais me dit que c'est grâce au micro-climat urbain.
Le dimanche, on fêtait aussi l'anniversaire du sixième enfant de Macha, Doroteïa, et le lendemain, celui de la troisième fille de Liéna, Zinaïda. J'ai vu également Xioucha, et son septième bébé, Kyra. Et chez elle, un charmant jeune Français, Samuel, qui est en train d'émigrer. Il est beau garçon, et sympathique. Xioucha lui a trouvé une chambre à louer dans l'appartement du dessus. "On m'a reproché de partir sans lutter, m'a-t-il dit, mais je sens tellement que ce n'est pas la peine, on dirait que les gens n'ont plus aucune réaction.
- Je sais, ils sont sous hypnose. Vous savez, j'ai vu hier un Russe libéral qui, lorsque j'ai confirmé qu'après les églises qui brûlaient en série, chez nous, ce sont maintenant les usines, et que quasiment chaque jour, un "déséquilibré", ou plusieurs, assassinent le premier venu, violent impunément ou tabassent, m'a répondu: "Je ne veux pas savoir ce qui se passe en France, en Russie, ça va très mal, ça va très très mal, et c'est tout ce qui m'intéresse." Comme ça, il est bien sûr de ne pas discerner ce qui se passe au niveau mondial et de continuer à gober ce qu'on lui raconte qu'il faut croire dans les milieux intelligents, exactement comme chez nos bobos. Et exactement comme un pur produit de la République, il n'en croit pas moins, tout en étant libéral et anticommuniste, qu'avant la Révolution, la Russie paysanne n'était que ténèbres, alors qu'en dehors de leur art populaire et de leur folklore magnifiques, plus de la moitié des gens savaient lire, et les folkloristes me chantent des chants populaires élaborés sur des vers de Lermontov et Pouchkine que cette "populace" prenait dans les journaux! Mais toute cette frange d'intellectuels urbains est complètement hors sol, et parle d'autant plus dans le vide qu'elle est persuadée d'être le sel de la terre. J'ai trouvé à Férapontovo des gens qui n'ont jamais quitté leur province et qui sont plus intelligents et profonds, et d'aplomb que beaucoup d'entre eux.
- Oui, c'est sans doute le phénomène Gustave Thibon qui joue!
- Un peu!"
Samuel, et d'après ce que j'ai compris, toute sa génération, attribuent la désagrégation de la France à l'aveuglement des babyboomers, dont je ne fais partie que par la date de naissance...
Il a soutenu les gilets jaunes et pris des coups de matraque. D'après lui, ce sont là les vrais Français, le sursaut de la province, mais leur récupération l'a découragé.
Le père Antoni, avec qui j'ai échangé sur Whatsapp, m'a dit qu'il rêvait de fonder une paroisse dans un coin perdu des Alpes: "Quand on est en France, il faut monter dans les montagnes, et quand on est en Russie, s'éloigner des villes dans les profondeurs du pays".
J'ai ensuite parlé avec le père Valentin de la situation de schisme provoquée par les Américains par l'intermédiaire du patriarche Bartholomée, et rendue irréparable par la trahison des hiérarques grecs. Avec beaucoup d'orthodoxes que je connais, je ne suis désormais plus en communion. "Comment pourrais-je rester en communion avec des gens qui le sont, depuis la décision de leur synode, avec des imposteurs plus ou moins criminels comme Philarète et Epiphane Doumenko, lesquels à présent, se jettent de surcroît dans les bras des uniates et de leur métropolite menteur et complice des massacres au Donbass?
- Impossible, impossible, m'a répondu le père Valentin, pourtant très héllénophile. C'est devenu impossible, c'est fini. Le schisme est acté."
Bien sûr, comme au temps du premier schisme du XI° siècle, des gens qui ne savent rien, continueront à aller, déterminés par leur position géographique, dans leurs églises habituelles, et se retrouveront de facto d'un côté ou de l'autre sans l'avoir vraiment décidé. Mais moi, je sais. Les hiérarques grecs qui ont suivi Bartholomée savent ce qu'ils font, comme le leur a dit le métropolite de Zaporojié. Ils vouent consciemment des millions de croyants et leur pasteur, à juste titre respecté de tous, aux persécutions d'intrigants impurs, aux ordres d'une bande de mafieux supranationaux notoirement sataniques et antichrétiens. Leur pardonner est l'affaire de Dieu, pas la mienne. Je Lui rends grâce de m'avoir fait monter dans la dernière arche plutôt que de m'avoir laissée en occident, dans la nef des fous.
N'oublions pas cependant ces rochers grecs de l'orthodoxie qui ne suivent pas le triste mouvement de la course à l'abîme:
https://orthodoxologie.blogspot.com/2019/10/sur-lexcellent-blog-ortodossiatorino.html