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dimanche 29 novembre 2020

Les braises

 Un ami folkloriste, Dima Paramonov, répond à mon cri du coeur devant des photos de la magnifique petite ville de Mojaïsk: "Russes! Je ne veux pas voir disparaître tout cela, vos cottages en plastique, c'est de la merde, et aucun peintre n'a envie de les dessiner" que la civilisation russe est terminée et que tout disparaîtra. De la part d'un garçon qui est très actif dans la renaissance du folklore, c'est dur à entendre. Il est vrai qu'il avait ouvert un musée des gousli à Moscou, où l'on donnait des cours, et à la faveur du Covid, on le lui a fermé. Il est parti vivre dans un village de l'Oural, sans doute espère-t-il retarder ainsi le moment où il sera rattrapé par le siding et la tuile mécanique bleu pétard, accompagnés de la radio à tue-tête, ce qu'il pense inéluctable pour l'ensemble du pays. 

Je dis "à la faveur" du Covid, parce qu'évidemment, tout ceci est voulu. Tous les gros ploucards du business mafieux transhumaniste détestent viscéralement tout ce qui est russe de chez russe, comme ils détestent chez nous tout ce qui est français. Et ce sont eux, comme chez nous d'ailleurs, qui forment les mentalités, détiennent les médias, et le fric des investissements, eux qui décident de laisser pourrir la patrimoine ou d'en hâter la fin par des incendies, eux qui soutiennent tous les spectacles dégradants, la musique de merde, la sous-culture de masse transnationale. 

Le peintre Alexandre Pesterev, dans son isolat de Férapontovo, me disait exactement la même chose que Dima: tout ce que nous aimons est condamné.

La Russie du XIX° siècle était encore un monde jeune et extrêmement vivace, avec une riche culture populaire, une vaste paysannerie, qui faisait beaucoup d'enfants. Le début du roman de Cholokhov le Don paisible, rend bien cette impression de vitalité. J'avais lu autrefois les souvenirs d'une dame française partie en Russie avec son mari dans les années 1850. Sa description du sud de la Russie est prenante, fascinante. Il lui semblait déboucher dans un autre monde, il lui semblait, dès qu'elle quittait les bâtiments officiels des villes de province, ses fonctionnaires et nobles locaux, être la proie d'une hallucination permanente tellement elle était AILLEURS. Et elle évoque un jeune cosaque de son escorte qu'elle voyait jouer avec un aigle.

Ce monde étrange, extrêmement original, très homogène, avec un folklore qui, selon des musiciens italiens du XVIII° siècle, révélait une seule mélodie de base, dans tout l'empire, depuis la Sibérie et le nord jusqu'à l'Ukraine et la Bielorussie incluses; une seule mélodie avec des milliers de variantes, reflet de l'âme russe, cette communion de personnes unies transversalement et horizontalement en Dieu, avec toutes leurs nuances personnelles qui entraient en résonnance harmonieuse, c'est sans doute un peu ce que nous avions en occident au moyen âge. Nous avons dit de ce monde russe qu'il était attardé, alors qu'il était seulement miraculeusement conservé. Et il s'est conservé d'ailleurs en partie,  au delà de la catastrophe communiste, sans doute jusqu'aux années Brejnev;  

Il en a fallu de l'acharnement et de la cruauté, pour le faire disparaître. Au XVII° siècle, il s'est dressé toutes classes confondues pour évacuer les Polonais. Avec Pierre le Grand, c'était déjà plus difficile, le schisme des vieux-croyants ayant introduit une fracture inguérissable dans un peuple qui, plus qu'aucun autre en Europe, était une grande famille, avec ses querelles internes et ses mauvais sujets, mais une profonde parenté spirituelle et culturelle entre tous ses représentants. Pierre le Grand a inoculé l'occident à la Russie, il a été le premier à mépriser tellement son propre peuple et à le méconnaître qu'il a donné un nom étranger à sa capitale. Mais quand les Français sont venus apprendre la vie aux Russes, ils se sont encore levés comme un seul homme pour les mettre dehors. Y compris les nobles de Pétersbourg coupés de leur culture, et même les étrangers phagocytés par cet étrange et captivant pays, les Allemands, les Italiens, les émigrés français russifiés.

Que dire du bolchevisme introduit à la faveur de la trahison des élites, travaillées par toutes les idées qui, parties d'un occident devenu fou, ont fini par infecter toute la planète? Avec quelle méchanceté méthodique se sont-ils acharnés sur la Russie, précisément sur la Russie, paysanne, croyante, poétique, contemplative, artistique, pour la transformer en fourmillière mécanique sans mémoire? Séduite, violée, battue, assommée, dressée, endoctrinée, poussée à se détester elle-même et à traquer en elle tout ce qui pouvait lui rappeler sa vraie personnalité... Aujourd'hui, les descendants post-soviétiques des ardents komsomols qui ricanaient en 73,  lorsque je leur disais que les nouveaux bâtiments de Moscou étaient tous plus affreux les uns que les autres, détruisent les derniers vestiges de ce que leurs ancêtres russes avaient mis des siècles à bâtir ou se transmettaient depuis la nuit des temps. Le beauf international aux gosses maussades cramponnés à leurs écrans remplace peu à peu le Russe authentique, avant sans doute, comme nous le sommes nous-mêmes à la suite de processus analogues, d'être remplacé à son tour par le surplus délinquant et abruti de l'Asie ou de l'Afrique.

Il se trouve de ces descendants pour verser dans le négationnisme et justifier le massacre et le dressage de leurs ancêtres non conformes au modèle moderniste. Cela valait le coup de s'infliger tout ça, pour avoir une salle de bains dans son clapier en béton et aller dans le cosmos nous installer la toile d'araignée électronique qui fera de nous tous des esclaves hagards.

Pourtant, dans ce bordel hideux que devient la Russie, il surnage des ferments de renouveau, des cellules saines, plus peut-être qu'en Europe. Le folklore séduit beaucoup de jeunes, il reste pas mal de gens qui sont patriotes, qui aiment leur pays, qui voudraient le sauver. Une goutte dans la mer, me dit Dima Paramonov. Je dirais un peu plus que cela, un courant, une sorte de discret Gulf Stream.

Et quel autre choix avant nous que de souffler sur les braises qu'il nous reste? 

Derrière l'isba de l'oncle Kolia surgit une structure à deux étages du genre de celle que construit mon voisin. Si je reste ici, il ne me reste qu'à boiser à mort. Je déménagerais bien, j'ai vu une isba ravissante à Koupanskoié. En aurai-je le courage, et son environnement restera-t-il ce qu'il est? 

La maison du voisin, c'est un échafaudage d'allumettes, avec de l'isolant entre deux couches de contreplaqué, et le siding par dessus, je pressens qu'il sera façon fausse pierre, pourquoi s'emmerder avec du vrai quand il y a le plastique, qui  "dure éternellement" et qu'on a  été tellement nourri de faux, qu'on ne sait même plus ce que c'est que l'authentique? J'espère au moins que son toit ne sera pas bleu électrique ou rouge sang de boeuf...




J'ai fait ce dessin en 2000,  près du monastère musée qui domine la ville. Il y avait toute une enfilade de petites maisons semblables, qui s'inscrivaient de manière parfaitement organique dans l'ensemble et qui ont été remplacées par d'horribles OVNIS qu'on a envie de pousser pour mieux voir.


mercredi 25 novembre 2020

Pseudopodes

 J'ai écrit à l'évêque pour lui communiquer mes réflexions, et il m'a répondu qu'il n'avait sans doute pas mis l'accent où il fallait mais qu'il n'était pas plus optimiste pour la Russie que moi pour la France. C'est drôle, moi si. Le moyen âge en Russie a duré jusque dans les années 60, il est encore proche, et puis il y a l'orthodoxie. Quelques braises dans l'âtre...

Voici ce que m'écrit un ami:

Le 2 octobre dernier, nous avons été à trois à Marseille.

 

Nous avions rendez-vous avec Sœur Minodora du saint monastère Sainte-Élisabeth de Minsk pour y emporter une icône de sainte Anne en route depuis plus d’un an ( !).

 

Le rendez-vous était à la petite salle située à côté de l’accueil de la basilique Notre-Dame de la Garde.

 

Sœur Minodora tenait en effet une petite exposition (comme chaque année) à cet endroit pour vendre les produits artisanaux du monastère.

 

Elle était dépitée car elle n’avait vu quasi personne depuis trois jours !

 

Notre-Dame de la Garde EST DEVENUE DESERTE, depuis la crise sanitaire (et le 2 octobre, nous étions pourtant déconfinés !).

 

Le personnel du magasin ne voit plus personne.

 

Les Marseillais ne montent plus prier.

 

Quant aux touristes, qui étaient des dizaines de milliers (arrivés principalement par les bateaux de croisière qui sont désormais interdits !), on ne les voit plus.

 

Et cette situation risque de durer.

 

Tu peux expliquer cela à ton évêque : il perdra ainsi quelques illusions…

 

C’est, une fois encore, pour ce qui concerne la basilique Notre-Dame de la Garde (mes réticences quant au tourisme de masse, destructeur de l’environnement tout autant que du patrimoine culturel, religieux… sont énormes et je me réjouis de la diminution de l’impact environnemental du tourisme de masse), les « fidèles » représentent aujourd’hui très exactement le degré de « fidélité » à Notre Dame de la Garde…

 

Pour le reste, gardons intacte notre Espérance en Dieu !

Iakov m'a téléphoné de Rostov, il me dit que là bas aussi, on commence à tout saccager, et il médite de se retirer à la campagne, loin des cottages et des châteaux américains. Là bas aussi, on convoite les rives du lac Nero. Ces vénérables villes historiques, si elles perdent leur visage, priveront les générations russes futures d'un repère essentiel, de la beauté léguée par leurs ancêtres, cette beauté que détestent spontanément ceux qui n'en ont pas cultivé en eux les récepteurs sensibles. Une âme privée de beauté l'est souvent de vérité et de bonté, de profondeur. Elle devient grossière et stupide, banale et vulgaire, et aisément malléable. Un être privé d'ancêtres et de mémoire n'a plus aucun ancrage dans la vie, dans la dimension cosmique de la vie.

Conduisant ma voiture à travers les rues de Pereslavl, je songeais que la ville était déjà si abîmée qu'on ne la reconnaissait plus. Elle reste un tout petit peu elle-même du côté du val, la fortification de terre médiévale, et des églises du centre, et puis de la rivière et du lac. Les maisons traditionnelles ont presque complètement disparu, soit défigurées, soit remplacées par des châteaux arméniens, des cottages boursouflés, des cabanes plastifiées.

Le monde qui s'annonce, celui des concombres masqués dans les débris profanés de l'histoire humaine, est si affreux qu'on ne sait où le fuir. Sans doute déjà dans une autre dimension. Certains vont méditer dans des endroits sauvages encore beaux, mais les satanistes au pouvoir font tout pour les en empêcher. D'autres lisent, créent, mais là encore, les gnomes ferment les librairies, les lieux de culture et de rencontre. Même la famille, dernier et plus sûr refuge de l'individu persécuté par une société inhumaine et folle, est menacée par les pervers qui nous dirigent.

On m'a envoyé une vidéo d'une Russe installée en Italie. On y expliquait que sans recourir à l'injection de nanoparticules dans nos organismes, nous étions déjà sous l'influence permanente d"ondes agressives, néfastes et indiscrètes, mais que chacun d'entre nous avait le pouvoir de les contrarier et de créer des ondes antagonistes. Ce que l'intelligence artificielle cherche à créer, une interconnection permanente entre les machines, les individus isolés, et le pouvoir des surhommes transhumanistes, parodie dans le registre affreux et contrefait de Frankenstein et du golem, ce que Dieu et la nature offrent de toute éternité à l'homme et à toutes les créatures, dans un registre bénéfique, à la fois organique et spirituel; car à part le monde mécanique et désespérant, et profondément laid, de l'homme technologique luciférien, tout est sacré dans l'univers, tout est baigné par l'Esprit, "que chaque souffle loue le Seigneur"... Tout ce qui vit dans cette dimension cosmique de l'Esprit est beau et engendre de la beauté. Tout ce qui s'en exclut est laid et produit des monstres.

Parallèlement, j'ai vu une vidéo d'un intellectuel marxiste qui voyait en la tentative d'asservissement et peut être d'anéantissement des masses par les "élites" richissimes au pouvoir exorbitant, le refus acharné d'accepter l'inévitable effondrement du système capitaliste, et d'une certaine manière, je pense que c'est vrai, que toute cette enflure démesurée de la civilisation technologique capitaliste, qui n'est pas viable, qui viole sans arrêt la vie, et a fait tant de victimes, aussi bien parmi les hommes que parmi les animaux qui peuplent la terre, est en train de retomber, de basculer, de dérailler, et que ceux qui cherchent à nous manipuler ne pourront empêcher l'échafaudage de s'écrouler également sur leurs têtes. En ce sens, oui, notre monde ne sera plus "comme avant", et nous sommes en train de détruire aussi les traces de ce qui était avant cet avant, soit celles d'un monde encore normal et équilibré. Tout ce que nous pourrons sauver, nous servira de foyer dans les ténèbres; de lumière, de chaleur. 

Beaucoup de gens qui se croient réalistes et me considèrent sans doute comme une passéiste et une illuminée, sont à mon avis justement dans le déni d'un réel qu'ils ne sont pas prêts à accepter, car ils ont été entièrement modelés par cette modernité capitaliste technologique cupide et si on la leur enlève, ils ne leur reste plus rien. Ceux qui voient la réalité telle qu'elle est sont ceux qui nous proposent un retour à la vie ancestrale améliorée par des trouvailles récentes, quand c'est encore possible et si c'est encore possible, mais on ne donne à ceux-là ni audience ni moyens. "Nous n'allons pas vivre comme des Amish", s'est écrié Macron. Mais si, si, c'est ce qu'il faudrait faire, ce serait la seule issue, comme des Amish, des vieux-croyants ou des agroécologistes. Tant que nous ne l'aurons pas compris, nous continuerons à nous préparer un cauchemar inimaginable. 

Si je soutiens tellement la pratique du folklore, c'est qu'elle rétablit entre les gens une communication saine, entre les gens et aussi avec le milieu environnant, et avec les générations précédentes. Elle recentre, elle relie. Il en est de même d'une religion bien vécue. Ce n'est pas un hasard, si l'on ridiculise le folklore, si on vilipende "les religions", si on casse la famille et les valeurs éternelles, si on détruit le patrimoine, si on déconstruit la culture, et même le langage, si l'on poursuit en hélicoptère un promeneur solitaire en forêt, alors que les concombres masqués s'entassent dans le métro ou les supermarchés, si l'on interdit l'accès aux lieux de culte. Il faut nous empêcher de contrarier les sortilèges du Mordor par la réunion des ondes bénéfiques de la culture, de la prière, de l'amour, de la création, de l'émulation, de la contemplation. Quand en Italie, des gens jouaient de la musique sur leur balcon, pendant le confinement, ils faisaient de la résistance. En réalité, pour combattre le monstre obèse aux mille bras qui entenèbre toute notre vie et propage jusque dans nos maisons ses pseudopodes indiscrets, il nous faut créer des égrégores bénéfiques de cet ordre. Pratiquer des arts, de préférence en commun, prier tous ensemble à la même heure, faire de la musique d'un balcon à l'autre. Quelqu'un a proposé de couper l'éléctricité pendant une demie heure. Oui, par exemple, couper l'électricité, allumer des bougies, et prier, ou chanter, ou dire des contes à plusieurs, ou se marrer. Et puis rallumer. Périodiquement.

Je vais essayer de faire venir Skountsev pour un stage pour les cosaques, en vue de l'organisation ultérieure de cours sur Skype à trois personnes, pour que cela fasse moins cher, et pour chanter en choeur. Skountsev, victime de toutes les mesures covidiennes, est fauché comme les blés, les cours qu'il me donne contribuent à le tirer d'affaire, mais ils sont aussi pour moi un moyen de ne pas succomber à cette chape qui nous tombe dessus. Les cours à distance qu'ils nous installent pour nous isoler peuvent devenir un moyen de nous réunir.

Et puis pour les plus jeunes, il faut tourner le dos aux villes et à la vie qu'on nous y propose. L'intelligent et profond docteur Fouché fait de la permaculture. Il faut refuser en bloc tout le système, avec ceux qui nous l'imposent. Et arrêter de croire qu'il est une fatalité.



Je suis en train d'apprendre cette chanson de quête, avec Skountsev. On chantait ce genre de chansons dans la période entre Noël et la Théophanie, on allait de maison en maison demander des friandises. Etant donné son contenu, elle est d'avant Pierre le Grand, car la résidence du tsar est encore à Moscou, et il y est question des guerres avec les Tatars, elle remonte vraisemblablement à Ivan le Terrible.















dimanche 22 novembre 2020

Exil

 Je suis allée hier aux vigiles, c'était l'évêque qui officiait. J'y ai vu les enfants de la famille cosaque, mes petites élèves et leurs frères et soeurs. Mais ce matin, je n'ai pas eu le courage d'aller à l'église, et je n'arrive pas à sortir d'un état de fatigue profonde. Je soupçonne que la situation générale me mine, et le climat est dur, l'entrée dans l'hiver, les journées très courtes. 

L'évêque a eu le covid, sans symptômes trop graves, et sans doute pour cette raison, ne donnait pas sa main à baiser, il se trouve que la petite Dounia, de la famille Rimm, ne comprenait pas et voulait absolument le faire, il a fini par craquer. Au moment de me donner sa bénédiction, il m'a demandé comment j'allais, je lui ai parlé du souci que je me faisais pour la France, et il semblait découvrir la situation. Je lui ai raconté ce que m'avait dit le père Placide. Il m'a cité le cas d'un scientifique allemand qui, devant la montée du nazisme, n'était pas parti, parce que les autres Allemands ne pouvaient pas se le permettre. Il pense que cela ne va pas si mal, car il a vu que Notre Dame de Lagarde à Marseille était bourrée de croyants, et que donc, il en reste suffisemment en France pour sauver le pays. Quand j'avais rapporté les dires du père Placide et son insistance à me renvoyer en Russie, au père Syméon Tomachinski, qui me proposait une traduction, il s'était écrié: "Oh si un patriote comme le père Placide vous a dit une chose pareille, c'est que réellement, là bas, vos affaires vont mal."

Au moment où j'ai pris ma décision, des orthodoxes françaises m'avaient dit que le père Placide était clairvoyant, et un Russe exilé à Nice que lorsque le père Ioann Krestiankine l'avait expédié en France, il avait fait ses valises et était parti. La motivation de mon départ ne résidait pas seulement dans la perspective de l'avenir français que pressentait le père Placide. Car je me trouvais dans la situation de tous ceux qui ont vécu entre deux pays, prise entre deux nostalgies, et j'avais pensé que la Russie était celui où j'avais réussi à me faire une vie, où j'avais beaucoup d'amis avec lesquels je partageais la même vision du monde, alors que j'en avais peu en France. Enfin, il arrive qu'on ne veuille pas être du mauvais côté quand se préparent des forfaits, ce qui a poussé certains intellectuels à quitter l'Allemagne nazie quand d'autres décidaient d'y rester, par solidarité avec leur peuple égaré. Beaucoup de Russes éperdument patriotes ont dû quitter la Russie après la révolution, d'autres ont fait le choix, souvent fatal, d'y rester. En ce qui me concerne, je considère depuis longtemps que notre gouvernement et ses médias sont antifrançais, ils sont également antirusses, en fait, ils sont anti peuple. Ils me paraissent être l'émanation de quelque chose de profondément étranger à ce que nous sommes tous. Ils sont même hostiles à la nature et à la vie. Et une grande partie des fonctionnaires russes qui envoient leur argent et leurs gosses à l'étranger sont dans le même cas.

Néanmoins, au moment où le père Placide, appuyé par le père Valentin et le père Basile, m'a incitée à partir, j'étais résignée à rester en France, je pensais que si la maladie de maman m'y avait ramenée, c'était que la volonté de Dieu était que j'y finisse mes jours. Il m'a même été difficile de m'y décider. Aujourd'hui, je pense que je supporterais très mal ce qui s'y passe, le joug de cette bande de malfaiteurs, leur duplicité, leur cynisme arrogant, tout ce cirque des masques et des confinements, la profonde malhonneteté de tout ceci, et le consentement ou même la collaboration des imbéciles. Je suis ici inquiète et perturbée, je serais là bas complètement enragée.

Mais ce qui me frappe, c'est que l'évêque ne prenne pas en considération ce que m'a dit le père Placide, auquel j'ai obéi, et aussi l'impression que pour lui, si Notre Dame de Lagarde est bourrée de gens, peu importe qu'ils soient catholiques ou orthodoxes. Or pour moi, cela importe beaucoup. D'abord parce que malheureusement, la mentalité du catholique français d'aujourd'hui n'est majoritairement plus très proche de celle de Marie Noël, Gustave Thibon ou Georges Bernanos, sans parler même de celle des bâtisseurs de Notre Dame ou des églises romanes. La mienne a été modelée par l'orthodoxie, et on peut se poser la question de savoir ce qui m'a manqué, pour que je me jette sur la Russie et l'orthodoxie à l'âge de quinze ans, comme sur une patrie perdue et sa foi essentielle et consubstantielle. C'est une question que je me pose souvent, et je pense qu'elle sera centrale aux souvenirs d'enfance que j'ai commencé à rédiger. 

Pourtant, je ne peux écouter Debussy ou Satie sans pleurer, ni les chansons de Brel, Brassens, Fauré ou Cora Vaucaire. Les coins les plus modestes et les plus banaux des lieux qui m'ont vue grandir me remontent au coeur, y versant la douce amertume du temps perdu qui ne se retrouve pas, ou du moins pas en ce monde. 

amandier à Saint-Pons-la-Calm





 

samedi 21 novembre 2020

la saint Michel



Aujourd'hui fête de l'Archange saint Michel et des puissances célestes, je me suis traînée à l'église et j'ai même communié. J'ai bien fait, car le service s'est terminé dans l'église du métropolite Pierre. Son premier étage est consacré à l'Archange Michel, pour lequel Ivan le Terrible, qui l'a bâtie, avait une vénération particulière, il lui a même écrit une ode. C'était le moment de prier pour son âme, pour celle de maman, et aussi pour la France, qui est sous son patronage, et pour la sainte Russie. Le père André m'a inondée d'eau bénite. La staroste est extrêmement avenante, elle prend toutes les vieilles dans ses bras comme si elles étaient sa propre mère,moi y comprise. Les gens sont adorables, prévenants, j'ai toujours droit à plusieurs prosphores, à des sourires chaleureux.

En sortant de l'église, je suis passée à la galerie. J'ai encore vendu deux tableaux, et l'on m'a laissé des appréciations très touchantes. Irina m'a dit que je vendais au juste prix, et que pour cette raison, je vendais: "Les gens n'ont pas beaucoup d'argent, et vous restez accessible. Il vaut mieux vendre plus et moins cher, cela renouvelle vos cartons, vous n'allez pas vous faire enterrer avec vos dessins. Regardez, là, j'ai des trucs énormes qui sont là depuis des années à des prix astronomiques. Déjà, le format n'est pas adapté aux appartements où vivent la plupart des gens, mais alors le prix! Vous faites des petits formats accessibles, et c'est ce qu'il faut, des gens qui adorent ce que vous faites achètent avec joie. Moi, je trouve que c'est justifié,vos peintures sont magiques!"

Ce que les gens achètent, ce sont des vues de France. L'exotisme... On m'a pris "le chemin de la Condamine", celui où j'allais me promener quasiment tous les jours avec mon petit Doggie en lisant mes prières. Je pensais le garder pour moi...

J'ai retrouvé quatre cadres que j'avais oublié de mettre et qui vont remplacer ceux que j'ai vendus. Et puis j'ai retouché un tableau à l'acrylique que je vais ajouter. La plaine de Pierrelatte sous le mistral. J'ai un autre petit tableau du même sujet, mais celui-ci, je le garde pour moi.

vendues
Il a neigé. Notre première neige. Le voisin fore un puits, alors que nous avons l'eau de la ville. Le terrain n'est plus qu'un chaos boueux, on croirait les tranchées de 14. Enfin, après cela nous aurons le gazon, les thuyas, les pavés autobloquants et les petits massifs avec des bordures en plastique, peut-etre même un réverbère et un nain de jardin...



retouchée

Psychopompe

 

Lasse d’attendre et d’espérer

J’espère en Dieu.

Michel archange au ciel arqué

Ailes de feu, glaive dressé,

De nous auras-tu donc pitié,

Quand nous viendrons à trépasser ?

Parmi les astres écumeux

Sur nous poseras-tu les yeux

Quand nous menant auprès de Dieu

Tu nous découvriras les cieux ?

 

Nous n’avons pas su de nos ans

Tirer de l’or et de l’argent,

Nous avons tout dilapidé

Nous voici vieux et fatigués

Il n’est plus temps.

 

Bel Archange prend donc pitié

De nous et puis de nos parents

Conduis-nous pareils aux enfants

Avec eux dans l’éternité

Dans les grands champs illuminés

D’après le temps.

 

D’après le temps qui a passé

Sur nous sans qu’au fond de nos cœurs

S’éteigne le reflet sacré

Sous le vent sombre des malheurs.

 

Un peu de vie dans la poussière

Qui fleurira dans la lumière

Si Dieu le veut et nous reçoit

Aux champs dorés de l’au-delà.

 


mercredi 18 novembre 2020

Avant la neige

 


Irruption du voisin, il me fait une tranchée le long du grillage pour l'évacuation des eaux. Il me fera livrer de la terre. Sa maison n'est pas plus grande que la mienne, dit-il. Eh non, elle n'est pas plus grande, mais elle est moche, elle est plantée là comme une grosse dent, un colis abandonné, trop près de la mienne, trop près du grillage, un énorme corps étranger. Qui plus est, elle aura cette asymétrie qu'ils adorent faire ici, avec un pan de toit plus court que l'autre, qui descend très bas. Cela donne à la maison quelque chose de complètement difforme et déséquilibré. Les fausses pierres et le toit criard et le tableau sera complet. Lui, estime visiblement que je devrais être ravie d'avoir la vue sur cette oeuvre d'art et le jardin qui va l'accompagner, plutôt que sur un marécage avec des roseaux. La nature fait désordre.

Je suis allée à la banque,  j'ai eu affaire à une jeune femme très gentille, et même trop, car elle s'est fait engueuler par la directrice pour avoir laissé tomber ce qu'elle faisait pour s'occuper de moi. A mon retour, je voulais effectuer un paiement en ligne, mais le site ne reconnaissait plus ni le login ni le mot de passe, ni même le code qu'il m'envoyait par téléphone pour m'authentifier. J'ai essayé d'appeler la Sberbank au téléphone pour expliquer le problème. On ne peut avoir personne directement, surtout pas sa propre agence. Je suis tombée sur un robot, qui me demandait si j'appelais de Russie et quand je répondais "da", répétait qu'il voulait bien m'aider mais ne comprenait pas! Ensuite, c'était tapez un tapez deux, diverses options qui ne correspondent généralement jamais à ce dont on a besoin. J'ai fini par retourner à la banque, où la même jeune fille a arrangé ça. Je lui ai dit: "Vous voulez que je vous dise ce que je pense de tout cela et de votre patron Gref?

- Non, pas la peine, je le sais déjà".

J'imagine ce que cela va donner, si la caste arrive à ses fins et que nous n'avons plus affaire qu'à l'électronique. Nous serons complètement à la merci d'un univers kafakaïen. Mais pour l'instant, cela nous semble pratique. C'est ça le piège, en fait. J'ai beau être flemmasse, je sais que la facilité vient du diable. 

Sur la page d'un écrivain très spirituel, je me suis risquée à un commentaire, et me suis fait remoucher par un de ses admirateurs, sans doute parce que je faisais allusion à mon passé d'institutrice, ce qui faisait de moi une pauvre cloche à ses yeux de brillant intellectuel. Je suis allée voir sa page, elle m'a fait penser à la bibliothèque d'une amie très cultivée qui, me la montrant après l'avoir rangée, m'avait paru en contemplation devant son propre cerveau. Le gars n'a que des posts infiniment distingués et irréprochablement intellos, des tableaux, des films d'art et d'essai, des pensées profondes de penseurs reconnus, posts contre lesquels je n'ai rien, personnellement, chacun d'eux a son intérêt, mais le tout me donne l'impression d'une prétention livresque  qui m'a toujours fait fuir. Il y a en France des intellectuels qui ont une mentalité de caste, et dont le sport favori est d'écraser de leur mépris ceux qui ne leur paraissent pas de leur monde. Je le leur rends bien, et au centuple!

Le soleil pointant son nez, je suis partie dessiner sur l'ancienne rive du lac, de plus en plus défigurée par les constructions anarchiques hideuses, et les ordures jetées partout. J'ai passé un moment, dans le vent glacial, devant un paysage austère, gris, car le soleil était déjà parti. Cela sentait la neige, d'ailleurs tout est gelé. Je voulais faire un autre dessin, mais Rita grelottait dans son sac, où elle reste planquée avec juste le museau qui dépasse, la prochaine fois, il me faudra lui mettre une petite laine. Depuis quatre ans, le quartier a été terriblement abimé. Je me disais que côté lac, on ne construirait pas dans le marécage, mais si, ils vont le faire. Pour l'instant, derrière les deux isbas, mais rien ne me dit qu'ils n'approcheront pas plus près. C'est ce que je trouve le plus difficile à vivre, ici. Cette lèpre. Elle se répand même plus vite qu'au temps de l'URSS où les destructions étaient surtout idéologiques.

J'ai trouvé une autre photo de Pereslavl au début du siècle dernier par le célèbre photographe Prokoudine-Gorski, qui a immortalisé l'atlantide russe en couleurs avant qu'elle ne s'abîme dans l'atroce modernité. Quelle beauté.... a la fois vaste et sereine, humble et féerique. En chemin, je demandais pardon à Dieu de préférer souvent sa création aux hommes qu'il a tant aimés et qui profanent tout ce qu'Il a fait pour eux. Encore que ce sont pourtant des hommes qui firent ce paysage tel qu'il était, mais c'étaient d'autres hommes. Enfin c'étaient des hommes, et pas encore des mutants. Pour ceux qui n'ont pas muté, la planète va devenir vraiment inhospitalière.



lundi 16 novembre 2020

Corrélations

 Voici deux vidéos complémentaires. Comme dit mon amie Sophie, l'intelligence consiste à trouver des corrélations. C'est aussi ce que les surhommes hypnotiseurs appellent le complotisme. Notez que ces deux personnes n'ont rien d'illuminés... Donc, complémentaires et "complotistes". Dites-vous bien que si en 1930, quelqu'un avait décrit ce qui se passerait en Allemagne, on ne l'aurait sans doute pas cru. Qui aurait pu penser ce qui, en Russie, allait se produire en 17 et après? Dostoievski l'avait senti; alors que les autres intellectuels russes soupiraient après l'avenir radieux qui en fit des cadavres aux Solovki ou des chauffeurs de taxi à Paris. Aldous Huxley et Georges Orwell ont décrit un futur qui est devenu notre présent. A l'époque, on présentait comme de la science-fiction ce qui était un avertissement. Bernanos et Saint-Exupéry nous ont également mis en garde. Et bien d'autres que l'on qualifie de prophètes quand les catastrophes que nous n'avons pas su éviter ont déjà eu lieu.



Etablir des corrélations n'est pas du tout,à mon avis, une forme d'intelligence moderne. Au contraire, tout est fait aujourd'hui pour enfermer la pensée des gens dans des niches spécialisées. Ce qui les amène à fonctionner tous seuls dans leur coin et à élucubrer des théories fumeuses. Ces gens qui n'ont pas appris à penser de façon globale et corrélative gobent n'importe quoi. C'est à mon avis la raison pour laquelle on voit tant de cons diplômés et même d'artistes et d'écrivains complètement aveugles, et aveuglants: ils servent de caution aux bonimenteurs qui nous perdent, au lieu d'éveiller les gens auxquels ils s'adressent. Pour établir des corrélations il faut être correlié; il faut avoir une pensée synthétique, humble, ouverte, attentive, symbolique, la pensée d'un artisan du moyen âge, à l'abri de la mentalité idéologique systématique. Le docteur Laurent Alexandre, par exemple, qui méprise tant les petites gens, n'appartient pas au cosmos ni à l'humanité qui s'inscrit dedans, mais à une caste de soi-disant surhommes complètement hors sol, c'est pourquoi à mes yeux, il n'est jamais qu'un sinistre et méchant imbécile dont les pensées sont pareilles à des nuages d'encre. Les gens comme lui nous ont fait le monde où nous sommes en défaisant tout ce que l'artisan et le paysan du moyen âge avaient patiemment et humblement édifié.

Le "complotiste" est celui qui est capable de mettre a avec b pour obtenir c. De voir la réalité comme un grand puzzle, dont les pièces peu à peu s'emboitent sous ses yeux et composent un tableau de plus en plus vaste, et il faut bien l'avouer, de plus en plus terrifiant. Or c'est en regardant en face l'inanité et la profonde nocivité de cette tumeur cancéreuse qu'est la modernité qu'on peut retrouver à la fois la liberté intérieure qui nous en affranchit,et le sens du sacré qui peut nous réunifier et nous relier les uns aux autres. Et nous rendre la vraie lucidité que chez certains, la religion orthodoxe appelle la clairvoyance.

Le saule ou le bouleau

 Dimanche, je suis passée à la galerie et j'ai vendu deux petites aquarelles format carte postale, de la série que j'avais faite à Cavillargues. J'étais contente mais cela me fait quelque chose de m'en séparer, je les aimais beaucoup. 



L'une représente le chemin de la chapelle du saint Sépulcre à l'automne, avec la lune qui s'attarde dans le ciel du matin, l'autre des cerisiers en fleurs.



D'après Irina, qui s'occupe de la galerie, les gens apprécient. On m'a d'ailleurs laissé des échos sur un cahier que j'ai mis à cet effet. Mais je n'ai pas eu le temps de lire, d'autant plus que j'ai du mal à déchiffrer le russe manuscrit, parfois.

La maison du voisin a pris tout son volume. C'est-à-dire que je vois l'espace qu'elle va occuper. Elle arrive comme un ovni sur un terrain trop petit pour elle, et le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne s'inscrira pas harmonieusement dans le paysage. Si tout cela est recouvert de siding façon fausse pierre et coiffé de tuile métallique rouge pétard ou bleu électrique, ce sera assez dur. Au fond, la maison contemporaine, à l'image de celui qui la bâtit, ne s'inscrit dans rien et s'impose avec arrogance, comme un Séraphin Lampion architectural. Je suis sûre que toute une petite faune vivait sur ce territoire bétonné sous une coulée de glaise d'un mètre d'épaisseur. Moi qui ne creuse jamais un trou sans ménager les vers de terre et qui évite même de déranger les fourmilières...

J'ai de la chance dans mon malheur, il y a un pépiniériste spécialisé dans les arbres grand format sur la route de Iouriev Polski et si la terre n'est pas gelée à mort, il pourra venir me planter un écran végétal au mois de décembre. Mais cela va me coûter un peu de fric, sans compter qu'il me faudra aussi prévoir de faire maintenant une clôture en bois, comme sur le reste du périmètre. 

D'après lui, il faut laisser quatre mètres entre les arbres, j'aurai la place pour deux sapins et un bouleau. Je voulais prendre un saule argenté, mais c'est plus cher. Encore que j'hésite. Le saule argenté semble avoir beaucoup d'avantages, il est joli, léger et un peu pyramidal. Robuste. 

Une amie m'a dit que sur intervention de l'évêque, son fils serait hébergé généreusement par notre père Andreï, qui a une grande maison et l'esprit de famille, et j'ai trouvé cela si beau, car elle n'avait rien demandé, et le garçon avait grand besoin de cette solution, je trouve beau que l'évêque l'ait senti et que le père Andreï ait fait immédiatement écho. Je dois dire que j'aime les croyants, le clergé de Pereslavl, et notre évêque. Ils sont chaleureux et humains, ils sont touchants. Chacun a bien ses faiblesses, mais il me semble qu'il règne entre nous la solidarité et l'indulgence. Je me sens d'autant plus dans la peau d'une grosse méduse flemmasse en ces derniers temps qui réclament autant de fermeté que de charité. Mais bon, comme je viens de le dire, chacun de nous a bien ses faiblesses.

Du coup, je vais faire opérer la chatte de ce garçon pour éviter les naissances de chatons, inenvisageables dans le contexte.


saule argenté

























































 

samedi 14 novembre 2020

Un phare dans les ténèbres

 


Le primat de l'EOU est convaincu que quiconque essaiera de vivre avec Dieu sera sous une protection spéciale qui lui donnera de la force.

Le primat de l'EOU, Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine, estime que l'Église est entrée dans l'ère apocalyptique. Sa Béatitude en a parlé dans une interview du magazine Shepherd and Flock.

Commentant l'introduction des passeports électroniques, le remplacement progressif de l'argent liquide, l'émergence d'identificateurs numériques, ainsi que l'éventuel contrôle complet de l'État sur la personne, le métropolite Onuphre note que «les changements dans la vie de l'humanité ces derniers temps indiquent que nous entrons dans une nouvelle ère historique, appelée apocalyptique dans la langue ecclésiastique. "

«Ceci est annoncé dans le Nouveau Testament, en particulier dans le livre de l'Apocalypse de Jean le Théologien. Cette époque inaugure de nouveaux défis et épreuves pour les gens, mais quiconque essaiera de vivre avec Dieu sera placé sous une protection spéciale qui donnera la force de supporter toutes les difficultés avec dignité », a souligné le primat de l'EOU..

En même temps, répondant à la question de savoir comment tout cela affecterait la vie spirituelle des croyants, le métropolite Onuphre a déclaré que «là où est Dieu, se trouve la béatitude, et quiconque essaiera de s'attacher à Dieu sera béni même dans les tribulations les plus sévères. L'arme spirituelle la plus puissante dans les épreuves imminentes ce sera la prière et l'humilité. Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. "

En même temps, dit monseigneur, dans l'avenir "l'Église perdra en nombre de croyants ce qu'elle gagnera en qualité spirituelle de ces mêmes croyants".

https://spzh.news/en/news/75784-blazhennejshij-onufrij-cerkovy-vstupajet-v-apokalipticheskuju-epohu?fbclid=IwAR3zgOCdbLA-Y4i9fJ0TTczALGDaEwyr7KR5LtJ7pecqiGCm8JoWcekRHro

Je suis depuis ce matin sous l'impression de ce message du métropolite Onuphre, et je suis convaincue que cet homme est en ce moment notre phare, c'est lui le véritable chef spirituel de toute l'orthodoxie, celui que nous a donné Dieu pour les derniers temps, car je ne connais pas bien les autres patriarches ou métropolites, mais aucun ne me semble avoir son rayonnement, son attitude judicieuse, humble, aimante, clairvoyante et ferme. Méprisé et persécuté par le patriarche Bartholomée qui règle ses comptes et remplit la commande politique de gens ténébreux, il reste dignement à sa place et nous invite à faire de même. Le patriarche Cyrille, qui souffre sincèrement de la situation du métropolite Onuphre et de son troupeau, ne m'apporte pas personnellement de réconfort, parce que je le vois se plier à l'opération covid, marcher dans une combine qui vise à asservir l'humanité et détruire les dernières traces de christianisme; et je ne peux pas ignorer ce que j'ai compris, car un chrétien n'est pas un zombie privé de cervelle. Je veux dire que si beaucoup de gens sont hypnotisés par les techniques de secte qui nous sont imposées, lui ne peut ignorer ce qui se passe vraiment. Pour des raisons inconnues, il marche à fond. Et qu'on en me fasse pas valoir les victimes du Covid parmi le clergé. Oui, il y en a, il y en a beaucoup trop, mais les mesures appiquées sont de manière de plus en plus évidente, absurdes, excessives, inadéquates; les discours fourbes; les buts de l'opération inavouables et très certainement épouvantables. Je ne demande qu'à me tromper mais j'ai parfois le sentiment que le patriarche a peur. Et même dans l'optique où le gouvernement russe ferait en partie semblant d'appliquer tout cela pour gagner du temps, trouver une issue nationale ou que sais-je, ce que j'ai espéré, que j'espère peut-être encore, il pourrait alors nous le faire comprendre au lieu de tolérer les fermetures d'églises, ces mesures et tout ce cinéma des masques qui ne protègent vraiment personne mais nous baillônnent, nous privent de visage et de souffle, d'identité, de dignité, de communication normale, et dans l'ensemble de tous nos droits les plus fondamentaux, tout en profanant la sainte communion. Qu'y a-t-il de plus sinistre que ces prêtres et ces fidèles masqués, que ces communions qui sentent l'alcool? Le métropolite Hilarion, lui, va jusqu'à faire de tout cela la réclame enthousiaste. Je ne veux pas juger, bien sûr, mais quand même...Pendant que le pape, qui applaudit notre invasion organisée par des populations violentes et inassimilables, fait le voeu pieux et équivoque que l'univers transhumaniste dans lequel on veut nous faire entrer de force "reste au service de l'humain", ce qui est bien improbable, est-il naïf à ce point? Après la mort du métropolite Amphiloque, je ne vois plus qu'un phare dans les ténèbres de cette tempête mortellement dangereuse pour notre intégrité physique, psychique et spirituelle, c'est le métropolite Onuphre, et je prierai pour que toute la sainte Russie, ou le petit troupeau qui en restera dans ses diverses composantes artificiellement séparées par des malfaiteurs, soit réunie avant la fin en un seul patriarcat, dont il serait le chef spirituel infiniment digne, et qu'il nous conduise jusqu'au trône du Christ revenu parmi nous. Après tout, la chrétienté russe n'est-elle pas née à Kiev? Il serait logique qu'elle y trouvât sa fin eschatologique, après la chute de Moscou aux mains des impies, dont elle ne s'est toujours pas affranchie, et qui la profanent en permanence par les destruction de son patrimoine et la construction d'orgueilleuses citadelles de Mammon, avec un clergé baillonné et des églises toujours sous la menace de fermetures punitives. Oui, je crois en la sainte Russie, c'est là ma dernière patrie, et le métropolite Onuphre m'en paraît l'incarnation, bien que par ailleurs, il soit d'origine moldave,  mais on est souvent russe d'abord par l'âme, comme on l'a vu dans le cas de la grande duchesse Elizabeth et de la famille impériale. La sainte Russie transversale aux diverses unités administratives sous occupation mondialiste totale ou partielle, la sainte Russie éternelle.



Ténèbre lumineuse

 

Un correspondant m'envoie ceci:

Pardonnez-moi de me mêler de ce qui ne me regarde absolument pas. Mais à la lecture de votre avant-dernier message, j’ai eu l’impression que l’ennemi vous a placé des bâtons dans les roues (canalisation, route peu praticable) pour vous empêcher de faire quelque chose qui pourrait vous être favorable, source de plus de paix pour les années qui arrivent.
A la lecture de votre dernier ‘papier’, j’ai eu cru comprendre qu’il avait gagné, trop facilement… J’ai l’impression que là où vous êtes, vous allez vous retrouver à votre corps défendant dans une petite cité de banlieue, comme il y en a tant chez nous. J’ai (encore!) l’impression, fausse peut-être, que la Russie ce n’est pas ça. Ce qui se profile à Pereslavl, c’est la banlieue de Dallas…

Cela m'a plongée dans la perplexité, car à vrai dire, on peut vraiment se poser la question. Je me la pose, surtout par les temps qui courent. Ensuite, Henri m'a dit que les obstacles pouvaient aussi être des avertissements de mon ange gardien. Je suis un peu vieille pour aller me mettre dans un endroit très peu accessible, très désert, si je m'entends avec l'apiculteur, ce sera déjà bien, et il y a des chances, les apiculteurs ont généralement une bonne mentalité, mais il est possible que l'endroit soit sans internet, sans téléphone, et si on a oublié le sel, c'est un exploit de repartir le chercher. 

Pereslavl est complètement défiguré et justement, je suis tombée sur une photo du début du XX° siècle: un tapis d'églises, de coupoles, de clochers, des prairies, de petites maisons, ce devait être tellement beau que si j'y étais brusquement transportée maintenant, je crois que je me mettrais à pleurer. Et puis une maison de bois ravissante, qu'on a écrasée pour faire un garage ou un magasin de pièces automobiles, je ne sais plus... quel genre de pithécantrope a-t-il pu commettre une chose pareille et où était l'architecte conseil de la ville, il paraît qu'il y en a un? Le siècle du transhumanisme et de "l'intelligence artificielle" s'installe, comme celui des idéologies précédentes, sur la destruction obtuse du patrimoine culturel, spirituel, matériel et immatériel, car pour nous faire un univers de monstres et nous persuader qu'il est le meilleur possible, il faut effacer tout ce qui pourrait nous rappeler ce que nous avons bradé aux brigands de grand chemin et aux psychopathes auxquels nous nous sommes tous donnés. Et certains le font avec enthousiasme, il n'y a rien de plus actif qu'un imbécile cupide, ce qu'on appele pudiquement un esprit pragmatique. Comment a-t-on pu en arriver là, où même nos villes se mettent à ressembler aux gigantesques amas d'ordures en plastique dont nous ne parvenons pas à nous débarrasser?




Cependant, il existe ici un précipité positif, les cosaques désireux de s'approprier leurs traditions perdues, un évêque humain et intelligent qui amène de bons prêtres, qui provoque une bonne dynamique, des gens qui ici et là défendent les bonnes causes ou s'intéressent au folklore. Et dans ce mouvement, nous nous inscrivons bien, Katia et moi. Les balalaikers proposent de monter, dans cette ville où la prolifération de petits musées stupides sert d'alibi à la destruction de tout le reste, une succursale du musée de la balalaïka d'Oulianovsk: une partie didactique, avec des collections d'instruments, des photos, des outils, une partie salon de thé, avec une petite scène, des tables, la possibilité de se rencontrer, de jouer, chanter, inviter des intervenants, donner des conférences, organiser des débats, et aussi commercialiser les balalaikas de la firme. J'ai vu le Suisse cosaque, que cela intéresse beaucoup, et une de mes iconographes de Nikitski voudrait apprendre la balalaïka. Ici, il y a la possibilité de nourrir les âmes. Tout cela évidemment, si la caste malfaisante qui a lancé l'opération covid nous en laisse la possibilité... 

Ce Suisse, Benjamin, est venu chez moi pour participer au tournage d'un documentaire d'information sur l'affaire du lac.  Ce qui me rendait nerveuse, c'est que la dame à l'origine de l'initiative n'arrêtait pas de tout diriger et dicter, où nous placer et ce que nous devions dire, et je trouve cela terriblement agaçant.

Benjamin est un ami de mon voisin, mais à la vue du départ de construction, il a soupiré que cela gâchait "un peu" la vue. Benjamin est un amoureux de la Russie, au point qu'il est même devenu vieux-croyant, et il souffre également des ravages opérés sur le patrimoine par les descendants dégénérés de ceux qui l'ont édifié.

En réalité, je pense déjà à ce que je ferai pour récupérer une vue normale, c'est-à-dire des plantations. Et si la situation devient intenable, je vendrai pour aller ailleurs. Enfin si d'ici là on ne nous a pas spoliés de tout, voire même massivement exterminés en douceur, façon docteur Alexandre, en tant que biomasse inutile aux dieux mécaniques de l'Olympe transhumaniste.

Après quelques courses, je suis allée regarder le coucher de soleil sur le lac qui chuchotait doucement à mes pieds, ce beau lac qui est là depuis des millénaires, qui a nourri, abreuvé et baigné des générations de Russes, de vrais Russes, qui avaient d'autres valeurs que ces gnomes prêts à le mettre aujourd'hui en coupe réglée, et le transformer en marécage plein de moustiques, en égoût pour leurs affreux cottages, d'ici la fin du processus, avec un peu de chance, je serai morte, ou le Second Avènement aura eu lieu. Le lac avait la couleur de l'or, comme le fond des icônes, cette ténèbre lumineuse au delà de laquelle Dieu ne se laisse plus entrevoir.









vendredi 13 novembre 2020

Qui le patriarche Bartholomée tolère-t-il en Ukraine et qui propose-t-il à la place

 Le Phanar a déclaré que l'Église orthodoxe ukrainienne était «illégale» et qu'il «supportait temporairement» Sa Béatitude le métropolite Onuphre et sa hiérarchie en Ukraine. Les millions de fidèles de l'EOU sont-ils d'accord avec lui?



Le patriarche Bartholomée de Constantinople, qui se dit «le plus saint», dans une lettre aux propagandistes de l'Eglise autocéphale de la ressource «Tserkvarium», a déclaré les évêques de l'Église orthodoxe ukrainienne «tolérés temporairement» sur le territoire ukrainien. C'est regrettable... Non pour les hiérarques ukrainiens, mais pour le patriarche Bartholomée lui-même, qui laisse couler  de ses lèvres le mensonge et la saleté. Examinons un petit exemple de QUI et QUOI le patriarche Bartholomée «supporte temporairement». Dans cet article, nous n'entrerons pas dans les subtilités des canons ni ne débattrons si le patriarche Bartholomée a le droit de commander sur le territoire ukrainien ou non, tout cela a été réglé à plusieurs reprises sur notre ressource. Jetons juste  un coup d'œil sur la personnalité du primat de l'Eglise autocéphale  et de certains de ses évêques, ceux-là mêmes que le chef du Phanar «tolère» si généreusement.



Il y a un an, la chaîne Inter TV a diffusé un documentaire sur le métropolite Onuphre, intitulé «Notre Béatitude». Aujourd'hui, alors que le patriarche Bartholomée a qualifié le primat de l'EOU de «hiérarque vivant à Kiev», le titre de ce film prend une résonnance supplémentaire et très profonde: le métropolite Onuphre n'est pas un évêque titulaire, «temporairement toléré» à Kiev jusqu'à ce qu'il accepte de passer sous l' "Omophore" de Serguei Doumenko. Le métropolite Onuphre est NOTRE BEATITUDE. Peu importe ce qu'écrit le citoyen turc Bartholomée (Archondonis). Nous, les millions de croyants de l'Église orthodoxe ukrainienne, nous le reconnaissons comme notre primat, nous témoignons de notre fidélité à l'Église, qu'il sert dans cette haute fonction. Sous nos yeux, Dieu l'a mis à la tête de l'Église, dans une période très difficile, et les années suivantes ont montré à quel point le Seigneur avait été miséricordieux envers nous, en nous accordant un archevêque aussi rempli de grâce.

Le film montre d'abord comment un autre hiérarque de l'EOU, le métropolite Longin (Jar), venu dans un orphelinat en 1992, y adopta deux petits garçons que personne ne voulait accueillir dans sa famille.  Il avait reçu pour cela la bénédiction du métropolite Onuphre, alors encore évêque à la tête du diocèse de Tchernivtsi.



Le métropolite Longin: «Deux enfants que personne ne voulait adopter, des garçons ... On m'a demandé avec insistance, quand nous sommes allés féliciter les enfants, on m'a demandé de les prendre, s'il était possible. Et nous avons décidé de passer par Sa Béatitude Onuphre, il était alors à la tête de notre diocèse de Tchernivtsi. Je l'ai consulté et j'ai reçu sa bénédiction pour cela. Monseigneur est toujours comme ça, notre Béatitude, il lève les mains vers le ciel et dit: "Dieu bénira" et il en est très heureux ".

Après les deux premiers garçons, la famille de celui aui était alors l'archiprêtre Mikhail Zhar, a adopté encore deux enfants, puis dix autres. Au début des années 2000, plus de 400 enfants vivaient déjà dans l'orphelinat organisé par le métropolite Longin, 82 d'entre eux étaient infectés par le VIH et 86 autres atteints de handicaps congénitaux.



Le métropolite Onuphry: «Je l’ai écouté et je l’ai béni, mais je me suis dit: c’est intéressant de voir ce que cela donnera. Prendre des enfants là bas ... Bon, ça va faire pour un mois, pour trois mois, pour un an, et puis que faire d'eux? Mais j'avais tort, il s'est avéré être tellement ... plus que je ne l'imaginais. Aujourd'hui, ce qu'il fait, personne au monde ne le ferait. Je peux dire cela en toute responsabilité. "

Le métropolite Onuphry est NOTRE BEATITUDE. Peu importe ce qu'écrit le citoyen turc Bartholomée (Archondonis). Nous, les millions de croyants de l'Église orthodoxe ukrainienne, nous le reconnaissons comme notre primat.

Au début, l'orphelinat était situé dans le monastère de la Sainte Ascension Banchensky, qui, d'ailleurs, a également été organisé et construit par Monseigneur Longin, puis a transféré au village de Molnitsa, dans la région de Tchernivtsi. De nos jours, c'est une ville entière, composée de beaux et confortables bâtiments, dans lesquels les enfants reçoivent l'amour et le bonheur de l'enfance, malgré les graves handicaps de beaucoup d'entre eux.

Les enfants atteints de malformations congénitales sont une croix  très lourde pour leurs parents. De nombreuses familles ne tiennent pas le coup et abandonnent ces enfants, les condamnant à des souffrances physiques et psychologiques tout au long de leur vie, et elles-mêmes - à un insupportable remords, qui vient tôt ou tard. Mais le cœur aimant de monseigneur Longin accueille tous ces malades, souffrants, abandonnés ... Il supplie Dieu pour la santé de tout le monde et donne de l'espoir pour l'avenir.

Le métropolite Longin: «Un garçon avait deux tumeurs malignes. Il avait deux ans - il faisait cinq kilogrammes. Et les médecins sont arrivés et ont dit: «C'est fini. Dans une heure ou deux il est mort." Il respirait déjà peu. Il respirait toutes les deux minutes. Et quand les médecins sont partis, j'ai commencé à pleurer sur lui, je l'ai pris dans mes bras, je suis allé vers l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu de  Boyan, je l'ai déposé devant et j'ai dit: «Mère de Dieu, c'est un orphelin, il n'a personne en ce monde. Aide le…".


La très Sainte Mère de Dieu a guéri ce bébé. Grâce à la prière du justes, il ne resta des deux tumeurs que de petites cicatrices. Il a maintenant 25 ans et sa propre famille. Certains enfants grandissent, se marient ou vont dans un monastère, mais ils restent toujours dans le cœur de leur papa, le métropolite Longin. Avec leur entrée dans l'âge adulte, la grande maison de monseigneur Longin ne reste pas vide, d'autres enfants y trouvent de l'affection, des soins et de l'amour.



Prendre soin de ces enfants n'est pas facile. Il n'est pas facile de soutenir près d'un demi-millier d'orphelins, de les nourrir, de les vêtir, de leur donner un toit . Parfois, on doit traverser des moments très difficiles.

Le métropolite Longin: «Chaque fois que c'était très difficile pour moi, j'appelais monseigneur Onuphre et lui disais: 'Priez pour moi, monseigneur!' Et cela nous donnait tant d'espoir que quelqu'un nous guide. Telle est la prière au Tout-Puissant de notre Béatitude. "

Le métropolite Onuphre: «J'ai  souvent regardé ces enfants dans les yeux, et je n'y ai pas vu une trace de tristesse. <...> Ils reçoivent plus de tendresse que la plupart des enfants n'en reçoivent de leurs propres parents. "


 Images tirées du film "Notre Béatitude". Capture d'écran de la chaîne Youtube "Inter TV channel"le métropolite Onuphre: «C'est un exploit spécial qui a un prix spécial. L'amour sacrificiel, qui est le plus haut degré de l'amour humain ».



Et ainsi vit, par les prières et les efforts de Sa Béatitude Onuphre, du métropolite Longin, des moniales qui s'occupent des enfants, des bienfaiteurs, l'orphelinat dans le village. Et dans toute l'Ukraine - plus de 12 mille communautés paroissiales, près d'un demi-millier de monastères, plus d'une centaine de hiérarques  servent Dieu. Et tous ces gens sont «temporairement tolérés» par une personne qui se fait appeler le chef de toute l'Église orthodoxe.

Le patriarche Bartholomée: "Nous tolérons temporairement l'existence de hiérarques ukrainiens sous la juridiction de la Russie non pas en tant qu'évêques locaux légitimes, mais seulement en tant que titulaires ou se trouvant (ayant leur résidence) en Ukraine ...".

Autrement dit, selon le patriarche Bartholomée, il n'y a pas de place pour tout ce qui est mentionné plus haut en Ukraine. Et qu'offre-t-il en retour? En retour, il propose d'obéir à Serguei Doumenko et à ses partisans, qui, au lieu de s'occuper des orphelins, au lieu de la prière et d'une vie juste, font ce genre de choses.

Des croyants de l'EOU de Zadubrovka après avoir défendu leur église contre les pillards de l'Eglise autocéphale

Il existe de nombreuses photos et vidéos sur Internet où l'on voit les partisans de Serguei Doumenko, que le patriarche Bartholomée appelle «le métropolite canonique de Kiev», s'emparer des églises, forcer des serrures,  tabasser le clergé ...




Quel genre de cœur faut-il avoir pour «supporter temporairement» le bien et bénir l'iniquité?!

Essayons de nous abstraire et de regarder toute cette situation de l'extérieur - où est l'amour évangélique dans tout cela? Avec qui se tient le Christ? Avec Sa Béatitude Onuphre ou le patriarche Bartholomée (de Doumenko, il vaut mieux ne même pas parler)?

Même si nous ne sommes pas aujourd'hui en communion eucharistique avec le patriarche Bartholomée, personne ne nous interdit de prier pour lui. Or une prière pour son âme est maintenant tout ce qu'il y a de plus nécessaire ...


https://spzh.news/ru/zashhita-very/75690-kogo-patriarkh-varfolomej-terpit-v-ukraine-i-chto-predlagajet-vzamen?fbclid=IwAR1tSN0ztceOUvWQbgEemT6j92DTdSjx1dWtXXC7s4LGk8Ok-Hfd89p_Syw

traduction Laurence Guillon

jeudi 12 novembre 2020

Cosmos

 La maison merdique monte, et je vis dans l'ombre, car si j'ouvre les stores, je suis comme dans un aquarium. Cependant, ce sera peut-être moins atroce que prévu. Elle se voit surtout de mon atelier. Pour conserver un peu d'intimité, il me faudra sacrifier le potager, qui de toute façon n'aura plus assez de lumière sur la moitié de sa petite surface, et faire une haie d'arbres et d'arbustes à la place. Sapins devant ma fenêtre, pour me cacher en toutes saisons la vue du siding en plastique. Puis peuplier, bouleau ou saule, qui poussent bien et pompent l'eau, puis des arbustes de deux ou trois mètres pour conserver encore du soleil mais me cacher les gens. J'avais l'intention de faire une terrasse couverte dans l'angle nord, ce sera le seul endroit d'où l'été, on ne verra que des fleurs et pas de monstres; et donc, je vais la faire. 

Ici, il faudra deux sapins déjà bien grands, car elle fera un étage de plus et le toit par dessus, en espérant qu'il ne sera pas rouge vif ou bleu pétard....
 






Là , il faudra prévoir plutôt un feuillu qui aime l'eau, parce que j'ai des chances d'avoir encore un peu de lumière, du côté de sa véranda.


Et là, je mettrai quelque chose d'un peu moins grand, je déplacerai mon noisetier, par exemple.



J'ai la vertigineuse impression que je pourrais évidemment m'en aller, mais que cela ne servira bientôt plus à rien, la lèpre galopante de la connerie hideuse dictatoriale gagne tous les coins du globe. Quand je pense que les transhumanistes, comme l'abominable docteur Laurent Alexandre, se croient tellement supérieurs, avec leur intelligence artificielle, alors que pour moi, ils sont la fine fleur de la stupidité nuisible affolée d'orgueil. Cela me fait penser aux réflexions de communistes sur les fils de commentaires concernant le meurtre de la famille impériale: aurions-nous sans cela conquis le cosmos?  Conquérir le cosmos, pourquoi faire? Quand vos ancêtres savaient l'adorer et vivre avec lui d'un même souffle, alors que vous le profanez et le violez sans arrêt pour végéter dans la laideur, l'indignité, et la peur panique des virus? Pour nous installer aujourd'hui cette dictature électronique qui fera des malades mentaux de chacun de nous?

Comme dit mon ami Henri, il faut traverser tout cela en s'accrochant à un coin de ciel bleu, comme à un cerf-volant salvateur, qui nous emporte au delà de ces lumières artificielles hypnotiques, du grand tohu-bohu de la maison de fous planétaire.

De quoi peut-on bien s'entretenir avec les êtres comme le docteur Laurent Alexandre? Est-ce qu'il écoute le vent, ou la musique d'Arvö Part, est-ce qu'il lit Rilke ou Philippe Jacottet, le surhomme? Est-ce qu'il peut passer des heures à regarder voyager les nuages? Est-ce qu'il peut peindre une aquarelle ou jouer des gousli, de la harpe celtique ou du violon, est-ce qu'il a lu Homère, Andersen, Tolkien? Est-ce qu'il a fait quoique ce soit de bénéfique de sa sinistre vie, à part gonfler de prétention la cervelle des étudiants auxquels il s'adresse? Et Macron, le bellâtre solennel et faux-jeton, et toute son infâme équipe? Et le crapaud malfaisant Soros, et toute cette horrible caste qui s'attache à l'humanité comme une tumeur cancéreuse pour la faire périr, dans l'avilissement et la honte, comme une vieille gâteuse au fond d'un mouroir?

Je pense à ces foules de gens que l'on a sacrifiés depuis deux siècles sur l'autel des illusions nées des "lumières", lumières malsaines et verdâtres qui ne sont que le reflet de trompeuses phosphorescences infernales. Les feux-follets du marécage sanglant où le progressisme nous a enlisés, à l'image de toute la paysannerie européenne dans les tranchées de 14. Les tranchées de 14 et le meurtre de la famille impériale, que pouvait-il sortir de bon de pareils événements? Les lumières, l'industrie, le capitalisme et ses revers socialistes, ont amputé l'humanité de ce qu'elle avait de meilleur, elles l'ont appâtée avec leurs verroteries comme les colonisateurs les sauvages, et elle a pris cette fausse monnaie, elle a pris ces vessies pour des lanternes, et ne veut pas renoncer aux boniments qu'on lui a fait sur son bonheur futur, dont on voit maintenant la gueule avenante. 

J'ai peur pour les enfants qui naissent aujourd'hui, et pourtant, quand on croit en Dieu, en la vie et en soi, il faut en faire, il faut élever des hommes, parmi les gnomes. Avec un père et une mère, avec une histoire, des traditions, des chants et des prières, il faut fabriquer de vrais hommes et de vraies femmes, purs et courageux, même si ce sont ceux-là qu'écrasent les bottes en priorité, et qu'égorgent les serviteurs des démons. Le bien aussi, peut-être contagieux. Et c'est le seul lien véritable que nous avons avec le cosmos vivant que les robots sont si fiers de conquérir.

Regardez Hold up, tant que cela est possible: 

https://yandex.ru/video/preview?text=Hold%20up&path=wizard&wiz_type=vital&filmId=15015923859949487013

Monsieur Moustachon, lui, s'en fout, il a une vie très difficile qui exige des heures de récupération.



mardi 10 novembre 2020

Maisons

 


Terrifiée par les projets du voisin, et ceux des promoteurs et des fonctionnaires véreux  prêts à se jeter sur le lac Plechtcheïevo, j'ai commencé à me demander si Dieu ne m'indiquait pas de la sorte qu'il valait mieux envisager d'aller vivre ailleurs. Je suis perturbée par la laideur de plus en plus triomphante qui gangrène cette ville autrefois féérique, entre les palais arméniens lourdingues et boursouflés, les isbas défigurées par les verrues incompréhensibles d'étages supplémentaires mal fichus, couvertes de fausses planches ou de fausses pierres en plastique. Je viens d'apprendre que Souzdal allait être livrée aux barbares, on projette une "urbanisation" qui transformera les ruelles russes encore intactes de cette ville ancienne en allées piétonnes de centre commercial banlieusard. La bêtise, l'inculture, le mépris dont font preuve les fonctionnaires décideurs et leurs complices du batiment prennent des allures de bulldozer emballé.

J'avais vu une annonce très tentante, une isba ravissante, et entièrement habitable, les meubles sont moches, mais il y a tout ce qu'il faut pour vivre, et la couleur des murs ne me déplaît pas du tout. Je pourrais la payer, j'aurais même encore un peu de marge. Je pourrais conserver ma maison, la louer. Et prendre mon temps pour déménager. Le problème, c'est que cette merveille est dans un hameau paumé, ce qui d'ailleurs explique son prix, sa propriétaire m'a d'ailleurs dit au téléphone qu'elle se dérangerait pour me la faire visiter si l'endroit me convenait. Je suis partie la voir, en prenant au passage Liéna, la femme de Vassia Tomachinski, à Borissoglebsk. En arrivant chez elle, j'ai coincé ma voiture dans une canalisation presque invisible. Il a fallu rameuter des voisins pour me tirer de là. Une brave dame trouvait l'aventure extrêmement réjouissante. Elle-même avait été victime du même piège, mais que la chose arrivât à une Française conduisant une Renault lui paraissait tout à fait comique.

Liéna m'a expliqué que je ne pouvais vivre dans un endroit pareil, que les routes étaient détestables, qu'il n'était pas prudent pour une femme seule d'être trop isolée, que je pouvais être coincée par la neige et la boue, ceci, cela, le reste. Nous traversions un paysage qui me semblait absolument magnifique, très désert, très ouvert, avec des nuages sculpturaux, bleuâtres, à la fois sombres et lumineux, chatoyants. Nous avons dépassé un village qui m'a énormément plu, sur une hauteur, avec une belle église, et seulement à huit kilomètres de Borissoglebsk. Arrivées à l'embranchement qui menait à l'isba de mes rêves, nous avons constaté qu'en effet, les trois kilomètres restants risquaient d'être impraticables dans ma Renault comique. Après la mésaventure de la canalisation, je n'ai pas osé me lancer. Apparemment, si je prenais cettte maison, il me faudrait changer de voiture et prendre une tout terrain du genre solide. Liéna a voulu me montrer d'autres endroits, car à mon avis, cela ne déplairait pas au couple Tomachinski de me voir déménager de leur côté. Elle m'a emmenée dans le village du père américain Gleason, mais je l'ai trouvé plutôt triste. Puis dans un village à seulement cinq kilomètres de Borissoglebsk, Krasnovo. C'est un endroit banal, qui ne m'a pas emballée. La maison est juste à côté de l'église, où officie ce même père Gleason; elle a un terrain assez grand, avec une mare, et devant, c'est la campagne, avec juste une espèce  de cabanon moche. Contrairement à celle que je voulais voir, elle nécessite des travaux, Du côté opposé au cabanon moche, devant lequel un pin a eu la bonne idée de pousser, le terrain a la vue sur l'église qui le domine. Le tout est enclavé entre cette dernière et la maison voisine qui est le quartier général d'un moine de Rostov, le père Ignati. Liéna pense que celui-ci pourrait m'avoir cette maison pour pas cher, car il ne voudrait pas y voir s'installer n'importe qui. Et il pourrait m'aider à l'aménager. Elle me dit que son mari adore trouver artisans et matériel à des prix défiant toute concurrence. D'après elle, on peut tout à fait aménager la maison à l'intérieur de façon à la rendre habitable avant de refaire l'extérieur et la toiture. Malheureusement, le père Ignati n'était pas là pour me la faire visiter. J'y retournerai, pour me faire une idée plus juste. Devant les événements qui se préparent, j'aimerais de toute façon mettre ce qu'il reste de mes économies partiellement à l'abri et me donner la possibilité de louer éventuellement quelque chose. Quand on s'éloigne un peu, on arrive dans un paysage très ouvert, très beau, et même le terrain est plein de ciel. J'ai vu qu'il y avait des lilas, un bouleau, divers buissons, mais le mois de novembre, au bord de la neige, n'est pas le moment le plus riant. La maison ne semble pas minuscule, mais pas immense non plus. De style traditionnel. Il me faudrait voir l'intérieur. Je n'ai pas pu faire de photos, mon téléphone m'a lâché

J'aime beaucoup ma maison de Pereslavl, et par certains côtés, je n'ai aucune envie de la quitter, mais je ne sais pas si la maison du voisin, avec sa masse hideuse, et la présence de cons modernes juste sous mes fenêtres, ne va pas singulièrement me peser. En plus du préjudice esthétique, je peux avoir le joyeux bricolage, des gosses qui braillent, la radio, les chachlicks. Je voudrais me ménager une porte de sortie.

Les paysages que j'ai vus m'ont littéralement envoûtée. Je sentais mon âme s'épanouir, comme un oiseau qui prend son élan. Je pensais aux moments que je passais à regarder le ciel dans mon isba de Krasnoïé, dont tout l'environnement est maintenant plus ou moins saccagé. Regarder le ciel, regarder le ciel, sans que rien ne vienne me gâcher le spectacle, je sais que pas mal de gens peuvent ne pas comprendre à quel point pour moi c'est vital, mais me retrouver devant de vastes horizons naturels sans aucune ordure contemporaine en vue me donnait une impression de liberté enivrante et de plénitude.

Au retour, il y avait plein d'étoiles dans les branches de mon poirier. C'est le seul endroit qui reste joli. Au nord, une grosse baraque en béton gris. au sud une merde plastifiée en gestation. Et derrière les isbas à l'ouest, on projette quatre maisons, dont je pressens que l'architecture ne va pas m'enchanter.