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dimanche 29 août 2021

Au bercail

 

Robert

  Retour à Pereslavl. Les chats m'attendaient de patte ferme. Il faisait un temps doux et ensoleillé qui m'a permis de passer un moment sur mon hamac, avec Georgette, guettée par Blackos et Robert, et gardée par Rita. Les fleurs d'automne remplacent celles de l'été, et les premiers rameaux jaunes ou rouges se manifestent ça et là. Je commence à méditer les plantations et transplantations pour l'année prochaine. Les saules poussent à une vitesse intimidante, comme les arbres dans la jungle. J'ai ouï dire que mon voisin désastreux envisagerait de faire un canal de drainage le long de notre clôture, et de répartir de façon plus étendue la tonne de terre qui me surplombe. Reste que sa terrasse donne chez moi, et que tant que je n'aurai pas un écran d'arbre et des rideaux au crochet, j'aurai l'impression de vivre dans un aquarium.

  Avant de partir, je voulais avoir une conversation avec le père Valentin, mais il ne pouvait pas avant ce soir, et moi, je n'en pouvais plus de Moscou. Nous devions nous parler au téléphone, et je n'arrive pas à l'avoir. C'est le problème, quand je vais là bas, au fond, je n'arrive à voir réellement personne. Dans ma boite aux lettres, j'ai trouvé une lettre d'admiratrice, une jeune femme de Yaroslavl qui m'a vue à la télé, c'est évidemment très touchant. . Elle a fait de moi un portrait, dont elle m'envoie une photocopie, comment dire? Je préfère qu'on s'abstienne! 

Hier soir, comme Slobodan Despot et sa charmante femme se trouvaient de passage à Moscou, après les mois d'été passés dans un village perdu du nord, nous nous sommes tous retrouvés chez Dany et Iouri Iourtchenko, dans le théâtre de ce dernier, où nous avons passé une chaleureuse soirée. Iouri a parlé du Donbass, de ses pièces, de ses débuts de poète, de sa rencontre avec Dany et de son soutien actuel à un politicien communiste, non par idéologie, mais par patriotisme. Personnellement, si je conçois qu'une certaine forme de communisme national russe puisse être théoriquement préférable au cocopitalisme mondialiste avec dictature électronico-LGBT-sanitaire, je ne crois plus à grand chose en ce domaine. Et surtout, je pense, comme Valérie Bugault, que le système des partis est profondément pervers, qu'il nous divise et permet la confiscation du pouvoir par des ploutocrates oligarchiques, des apparatchiks mafieux et des idéologues psychopathes.

https://lesakerfrancophone.fr/olivier-renault-entretien-avec-valerie-bugault-pour-observateur-continental


Blackos, le chat de la sorcière et son balai




vendredi 27 août 2021

Ville connectée


 Avant le retour à Clermont-Ferrand de sa fille Alissa, j'ai voulu rendre visite au père Valentin, pour le voir et la voir. Et puis tant que les moscovites ne sont pas rentrés, on trouve encore de la place, il faut en profiter:. Je suis arrivée juste pour l'office de l'enterrement de la Mère de Dieu, qui précède demain la fête de la Dormition. Je n'ai rien compris aux lectures. Tout notre clergé était habillé de bleu, couleur des fêtes mariales, mais c'étaient des bleus si raffinés qui n'avaient rien à voir avec les bleus layette façon sainte Vierge fluo qu'on voit trop souvent.

Apres je suis allee chez Xioucha, ou je pensais que nous serions en petit comité, mais il y avait beaucoup de monde, enfants et ados des uns et des autres, j'étais complètement ahurie. Il y avait Thomas, le mari d'Olga, venu fuir ici les mesures insupportables de la France covidienne. Et un autre Français qui vit à Yaroslavl avec sa femme russe. Samuel, reparti en fin de visa, est en proie à des persécutions judiciaires dans notre démocratie modèle.

Alissa rentre la mort dans l'âme et même son fils aîné ne pense qu'à revenir en Russie le plus vite possible, le masque le rend dingue. J'espère seulement qu'on ne nous installera pas ici ce qu'on installe la bas. Nous comptons tous sur le "bordel russe" salvateur....

Car ici, à Moscou, le masque universel plane comme un nazgul, même si peu de gens le portent, et la camisole électronique se referme de plus en plus. Je commence à détester cette ville, la troisième Rome que j'espérais la voir redevenir. Elle prend tous les travers de ce que j'ai fui en occident, elle n'est plus que le fief d'un apparatchik louchon transhumaniste qui, à part son idiome, n'a plus rien de russe. Ma carte troïka étant vide, je vais pour la remplir, plus de caissières, mais des automates indéchiffrables que je n'ai jamais pu faire marcher. Ni avec une carte, ni avec du cash.

J'ai déjeuné à la chocoladnitsa avec une jeune femme qui m'a expliqué que je pouvais payer le métro directement par carte bancaire à un portillon spécial. OK. Mais dans les bus, et les trams, je n'ai pas pu faire marcher le système. J'ai vu qu'une caissière avait réapparu, et j'ai voulu recharger la troïka. La dessus la maritorne, derrière sa triple vitre avec hygiaphone inexpugnable, exige le port du masque. J'extirpe le machin de ma poche, l'accroche crasseux et de travers, sous mon nez, ce qui d'un point de vue sanitaire n'a aucun sens, mais l'important pour elle et pour tous les cons de sa hiérarchie jusqu'à Sobianine inclus, ce n'est ni sa santé, ni la mienne, mais l'acte de soumission qui est censé préluder désormais à toutes les étapes de notre vie dans les villes connectées du Meilleur des Mondes.

Après cela, munie de la troïka, je pensais aller en tram dans un magasin près de chez Xioucha mais pas de bol, on répare les voies, et marcher jusque là, je n'ai pas eu le courage.... 

Je pense qu'avec le temps, je ne viendrai quasiment plus. Car je n'ai jamais pu m'adapter au XX siècle, alors le XXI qui est encore deux fois plus merdique... C'est sans doute la qu'on voit qu'on vieillit. Encore que... Mon beau-père paysan haïssait la ville et ne pouvait absolument pas s'y adapter, quand elle était encore un organisme à peu près normal, avec des magasins et des cafés populaires, des artisans et des gens partout.

Alissa rêve qu'internet se détraque à jamais et malgré ses quelques avantages et les conséquences que cela aurait sur ma vie, moi aussi. Tout cela prend un tour sinistre quoique puisse en penser le métropolite Tikhon. 

mercredi 25 août 2021

Choix.

 


Je suis allée voir hier de vieux amis folkloristes, Sacha Joukovski et sa femme. Je les connais depuis presque aussi longtemps que Skountsev. Et ils le connaissent bien aussi, d'ailleurs nous avons beaucoup parlé de lui. Sacha a écouté avec délices le récit de mon voyage dans le Don, en s'esclaffant aux exploits de notre étoile du folklore cosaque: "C'est Skountsev! Il faut le prendre comme il est, et je n'ai jamais vu rassembler en une seule personne tant de traits contradictoires!"

Sacha avait trouvé sa datcha, dans un village perdu à  40 km de Pereslavl le même jour que moi la mienne, près de cette même ville. C'est lui qui a fait mes gousli, dont il est très fier, car ils sonnent très bien, et l'une de mes vielles. 

Ils enseignaient tous deux le folklore et les traditions populaires dans une maison de la culture aux limites de Moscou, mais on leur a fermé tout cela, ce qui me prouve une fois de plus que le respect des traditions russes n'existe que dans les discours de Poutine. Les députés et les fonctionnaires s'en foutent, et même, leurs sont carrément hostiles.

Ils ont cinq enfants, et vivaient dans un deux pièces, jusqu'à ce que ce même Poutine leur fournit un grand appartement dans une barre en béton. Ils avaient été invités au Kremlin à cette occasion, avec d'autres familles nombreuses qui avaient bénéficié des mêmes largesses.

Ces enfants étaient et sont restés extrêmement attachants, toujours contents de voir un invité, en tous cas, toujours accueillants à mon égard, enjoués, spontanés, caressants, agréables. Sacha était pourtant sévère, mais c'était peut-être ce qui les rendait ainsi. Un père sévère, une mère attentive, une famille traditionnelle, la musique qui va avec.

L'ambiance est devenue résolument automnale, avec d'énormes nuages qui roulent sur la campagne des ombres bleues. Je me réjouis chaque jour de voir encore le soleil, en espérant que cela va durer, le principal, pour moi, c'est la lumière. 

Un ami a posté un texte magnifique de Léon Bloy:

« Le Moyen Âge, c’était une immense église comme on n’en verra plus jusqu’à ce que Dieu revienne sur terre, – un lieu de prières aussi vaste que tout l’Occident et bâti sur dix siècles d’extase qui font penser aux Dix Commandements du Sabaoth ! C’était l’agenouillement universel dans l’adoration ou dans la terreur. Les blasphémateurs eux-mêmes et les sanguinaires étaient à genoux, parce qu’il n’y avait pas d’autre attitude en la présence du Crucifié redoutable qui devait juger tous les hommes... Au dehors, il n’y avait que les ténèbres pleines de dragons et de cérémonies infernales. On était toujours à la Mort du Christ et le soleil ne se montrait pas. Les pauvres gens des campagnes labouraient le sol en tremblant, comme s’ils avaient craint d’éveiller les trépassés avant l’heure. Les chevaliers et leurs serviteurs de guerre chevauchaient silencieusement au loin, sur les horizons, dans le crépuscule. Tout le monde pleurait en demandant grâce. Quelquefois une rafale subite ouvrait les portes, poussant les sombres figures de l’extérieur jusqu’au fond du sanctuaire, dont tous les flambeaux s’éteignaient, et on n’entendait plus qu’un très long cri d’épouvante répercuté dans les deux mondes angéliques, en attendant que le Vicaire du Rédempteur eût élevé ses terribles Mains conjuratrices. Les mille ans du Moyen Âge ont été la durée du grand deuil chrétien, de sainte Clotilde à Christophe Colomb, qui emporta l’enthousiasme de la charité dans son cercueil, – car il n’y a que les Saints ou les antagonistes des Saints capables de délimiter l’histoire. Dix siècles ! cent soixante papes, six cents rois ou empereurs, sans compter les princes barbares, trente ou quarante dynasties et à peu près autant de révolutions qu’il y eut de batailles ! Allez donc vous y reconnaître, fussiez- vous archange ! Il me suffit de croire que tant de souffrances furent endurées pour que vînt un jour la merveilleuse passiflore du Moyen Âge qui s’est appelée Jeanne d’Arc, après laquelle, vraiment, le Moyen Âge pouvait bien mourir. »

Je suis comme lui persuadée que le moyen âge était notre âge d'or et la Renaissance le début de la fin. Cependant, bien que dans les faits, le moyen âge français eût été plus souriant, décontracté, et disons le mot, hédoniste que le moyen âge russe, que les femmes y eussent été plus respectées et les moeurs plus policées, j'ai pensé à la lecture de ces lignes, à la comparaison que j'avais établie dans mon jeune temps, au moment où j'avais vu l'un et l'autre, entre le moyen âge d'Ingmar Bergman dans le "Septième Sceau" et celui de Tarkovski dans "Andreï Roubliov". J'avais choisi Andreï Roubliov. 

mardi 24 août 2021

Même les justes seront trompés....




La lettre du métropolite Tikhon de Pskov ayant été publiée en traduction par orthodoxie.com, je me permets de l'assortir de mes impressions de lecture....

https://orthodoxie.com/a-propos-de-la-vaccination-appel-durgence-du-metropolite-tikhon-chevkounov/

 Chers chrétiens orthodoxes du pays de Pskov ! J’ai été contraint de me tourner vers vous par les circonstances connues de tous – l’intensification de l’épidémie dans le monde, en Russie et dans la région de Pskov. Au cours de la semaine dernière, parmi mes amis et connaissances, quatre personnes sont décédées des effets du covid et d’une affection aiguë associée à cette maladie.

Vous savez que désormais le taux de mortalité par Covid-19 en Russie est le plus élevé depuis le début de l’épidémie il y a un an et demi. Et il n’y a pas seulement la mort, mais aussi de graves complications.

20 000 "cas", ce jour, sur les infos quotidiennes à ce sujet que donne Yandex. 197 dans ma région de Yaroslavl, alors que, sans parler du reste de ce grand territoire,  cette ville à elle seule compte 800 000 habitants. Qu'entend-on par cas? Malades? Juste positifs? victimes d'un refroidissement? On m'avait demandé avec des mines tragiques de prier pour un peintre que je connais, malade du truc redoutable, je l'ai vu trois jours plus tard à l'église, il m'a dit qu'il avait pris froid au lac... 20 000 cas pour 140 000 millions d'habitants, ce n'est pas la peste bubonique, et dans sa première homélie, qui m'avait consternée, il annonçait 40 millions de morts pour la Russie! Certes des gens ont été et sont malades, certains en meurent, le père Placide est mort de la grippe en 18, à 92 ans... il n'est pas question de le nier, mais que tout soit fait pour que cela s'aggrave un maximum, cela crève les yeux de ceux qui en ont encore.

Je voudrais demander à tous ceux qui sont allés au monastère de Pskov-Petchersky, et à tous les habitants de Pskov qui nous écoutent, de prier pour notre frère, le hiéromoine Lazare. Beaucoup de gens le connaissent. Il a emmené de nombreuses personnes à travers les grottes saintes, à travers le monastère de Pskov-Petchersky. Il a des complications du Covid-19. Les complications sont sévères : il a perdu la mémoire, une perte auditive et des maux de tête constants, sévères et graves.

Le père Kronid est également tombé gravement malade du coronavirus. Il a rendu visite à ses proches. Et nous l’avons hospitalisé avec beaucoup de difficulté, car tous les hôpitaux sont pleins. 60% d’entre les personnes hospitalisées ont des lésions pulmonaires. Un autre de nos résidents est malade, mais pas aussi sévèrement..

Il n’y a pas encore d’épidémie dans le monastère. Mais comme il y a un an et demi, depuis les épicentres de l’épidémie à Moscou et Saint-Pétersbourg, progressivement, au bout de trois semaines, cette maladie arrive en province. Ce fut notamment le cas dans le diocèse de Pskov. J’ai dit il y a quelque temps que cela ressemble à la troisième guerre mondiale. Et maintenant, croyez-moi, je ne renonce pas à mes paroles. C’est vraiment une guerre.

Nous avons déjà subi des pertes, et des pertes importantes. Et à ce qui se passe maintenant, bien sûr, il y a une raison.

La souche indienne est très brutale. De même qu’autrefois la variole destructrice a été stoppée par la vaccination, y compris en Russie (Catherine II fut l’une des initiatrices de la vaccination au XVIIIe siècle), de même aujourd’hui plus rien ne nous sortira de cette maladie, hormis la vaccination.

Maintenant, la vaccination est volontaire. C’est la position de l’État et elle doit être considérée comme acquise. Au début du XXe siècle, un grand nombre de vieux-croyants sont morts dans la région de Moscou. À Guslitsy – c’était le nom de ce quartier – ils ont refusé de se faire vacciner contre la variole parce qu’ils croyaient que c’était le sceau de l’Antéchrist. Et si les membres de l’Église orthodoxe russe étaient alors tous vaccinés et restaient indemnes, parmi les vieux-croyants de l’époque, dans la région de Moscou, des milliers de personnes sont mortes.

Et aujourd’hui comme autrefois, le seul véritable moyen de lutter contre l’épidémie est la vaccination. Mais de plus en plus de voix se font entendre pour dire que les vaccins, en particulier les vaccins russes contre le covid, sont dangereux, dangereux tant d’un point de vue spirituel que d’un point de vue médical.

Tiens, il nous sort, comme Macron, la théorie de la troisième guerre mondiale, et en effet, je le crois aussi, une guerre de la Caste dominante contre tous les peuples du monde, le métropolite Tikhon, qui ne le voit pas, apporte son soutien à la Caste dans sa guerre contre nous. Quand à la comparaison avec la variole, elle est spécieuse, car ce n'est pas la même maladie, et pas le même genre de vaccin, ce n'est à proprement parler pas un vaccin du tout. De plus, contrairement à ce qu'il dit, le vaccin n'est pas le seul moyen de lutter contre la maladie, c'est même un moyen, nous le voyons, peu efficace, qui au contraire, contribue à l'apparition de variants. Les traitements existants ont été systématiquement interdits et déconsidérés par ceux qui ont intérêt à nous fourguer leur piquouze, les médecins et spécialistes, souvent de grand renom, qui les ont promus, traînés dans la boue et persécutés. Peut-être devrait-il se renseigner, avant de faire des déclarations unilatérales.

Rappelons, au cours des dernières décennies, tout ce qui a pas été présenté comme un danger spirituel : nouveaux passeports, cartes moscovites, numéro d’identification fiscal, certificats de retraite. Notre starets Ioann Krestyankin, lorsqu’il a vu cette tempête de doutes et de discorde qui approchait de l’Église, a écrit de nombreuses lettres à ses enfants spirituels et a enregistré un message vidéo. Et partout, il répétait la même chose, ce qui, semble-t-il, devrait être parfaitement évident pour un chrétien orthodoxe : « Avec les capacités techniques modernes, il est possible de capturer secrètement et explicitement tous les peuples avec des nombres, des puces et des sceaux. Mais ils ne peuvent pas nuire à l’âme humaine, s’il n’y a pas de négation consciente du Christ et d’adoration consciente de l’ennemi de Dieu. »

Ailleurs, il écrit : « Le sceau ne suivra que le reniement personnel de Dieu par une personne, pas une tromperie. La tromperie n’a aucun sens. Le Seigneur a besoin de notre cœur qui l’aime. »

Oui, mais il est dit toutefois que "même les justes seront trompés".... 

Mais, malgré le fait que la Sainte Écriture en parle, et que dans les Vies des saints, nous lisions que l’on n’a pas seulement imprimé sur les martyrs le sceau des dieux païens ou de César, mais que l’on a en outre exigé d’eux qu’ils renoncent personnellement au Christ et adorent les idoles païennes ou l’empereur, malgré cela, nous continuons à affirmer que ce que nous avons eu en ces quelques années passées provient des idoles que nous nous sommes créées – le nouveau passeport, le numéro d’identité fiscal, la carte de retraite, etc…

Ici, une substitution très spéciale, insidieuse et terrible a lieu : les Orthodoxes eux-mêmes construisent une idole sans âme et prétendent que c’est elle, et non le Christ, qui est la pierre angulaire de notre salut.

Certains de nos compatriotes, y compris les chrétiens orthodoxes, craignent ces vaccins aussi parce qu’ils pensent qu’ils peuvent nuire à notre santé. Les médecins en ont déjà parlé à plusieurs reprises, mais je dois dire que de nombreux médecins confortent ces craintes. Et on écoute les uns et les autres. Bien sûr, c’est la pire des tentations. Il n’y a pas tellement de prêtres qui disent que les vaccinations sont nuisibles. Et pour un chrétien orthodoxe, il est difficile, voire impossible, d’apporter des preuves autres que « croyez-moi, il en est ainsi ». Seule l’autorité personnelle, et le fait d’amener les gens à croire est l’outil utilisé. Et en ce qui concerne la santé, la tentation est grande. La responsabilité des médecins est grande, mais en même temps, un grand nombre de personnes ont déjà reçu ces vaccins..

Oui, il devrait se renseigner, que nous dit-il là? Les médecins ne sont pas d'accord, "on écoute les uns et les autres"; eh oui, monseigneur, c'est bien naturel, pour se faire un idée, mais non! "C'est la pire des tentations". Le chrétien orthodoxe doit croire. Croire en Dieu ou en la vertu des vaccins et celle des labos plus ou moins mafieux? Le Big Pharma Russe, ainsi que l'a expliqué Xavier Moreau, est étroitement associé au Big Pharma américain. Moi, en tant que chrétienne orthodoxe, j'aurais tendance à croire en Dieu plutôt qu'en les vaccins de Big Pharma, j'aurai du mal à m'habituer à une autre vision des choses. 

Le père Ioann Krestiankin a dit des paroles si étonnantes que pour nous, ses enfants spirituels, elles restent une étoile directrice dans de nombreuses circonstances difficiles : « L’essentiel dans la vie spirituelle est la foi en la Providence de Dieu, et le raisonnement accompagné du conseil. »

Bien sûr, une personne est libre d’écouter qui bon lui semble, elle est libre d’agir comme bon lui semble, et c’est tout à fait normal. Notre expérience personnelle et notre raisonnement sont nos principaux guides dans cette situation difficile.

Je peux moi-même dire de moi qu’à la fin du mois d’août j’ai été vacciné contre le covid avec Spoutnik-V. La vaccination s’est parfaitement déroulée, je n’ai rien remarqué. […] Mais en avril, mon niveau d’anticorps a tellement chuté qu’on m’a conseillé de me faire vacciner à nouveau, et tout récemment, il y a dix jours, les médecins m’ont conseillé de me faire vacciner pour la troisième fois. Ils m’ont expliqué que la souche indienne actuelle du virus est très agressive, et capable de surmonter même un niveau moyen de bonne immunité. Seule une immunité élevée est capable de protéger une personne contre cette maladie. Et la deuxième et la troisième fois, je n’ai eu aucun effet secondaire. Et je connais beaucoup de gens qui ont été non seulement vaccinés mais revaccinés avec des vaccins différents. […]

La perle de cette déclaration. Il s'est fait vacciner et n'a pas eu d'effets secondaires, et tant mieux, mais en avril son niveau d'anticorps a tellement chuté qu'il a fallu le vacciner à nouveau! Eh oui, deuxième variant, troisième variant, quatrième, cinquième, la vaccination permanente pour faire face à la pagaille introduite dans ces variants et notre immunité. Merci bien, monseigneur, je vous laisse ma dose et toutes celles qui suivront. Je ne ferai jamais la première, à moins qu'on en me mette le revolver sur la tempe, évidemment.  

Il faut comprendre que c’est vraiment la troisième guerre mondiale. Une énorme quantité de désinformation nous est lancée – qui est provocatrice et opère un sabotage. Pour les médecins, c’est une sorte de désinformation, pour les prêtres et les orthodoxes, une autre, et ainsi de suite. Sans parler du grand nombre de rumeurs, de potins, de faits non vérifiés. Comme l’a dit notre remarquable journaliste russe, Ivan Loukianovitch Solonevitch, se référant aux événements de la révolution de février, « la Russie a été ruinée par les ragots ». Maintenant, les ragots ruinent aussi beaucoup de gens.

Là je m'esclafferais, si cela n'était aussi nocif. Les ennemis du vaccin sont les amis des ennemis de la Russie. Or justement, comme je l'ai déjà mentionné, le Big Pharma russe et le Big Pharma américain sont main dans la main. La seule différence est que le vaccin russe est fabriqué localement. L'imposition du vaccin au monde entier est un moyen d'imposer aussi une dictature mondialiste qui effacera la Russie de l'histoire comme elle est en train d'effacer la France, et le métropolite Tikhon lui apporte son soutien engagé et total. S'il est sincère, c'est à pleurer. Et d'après une de mes connaissances, il est sincère et gentil... 

Beaucoup disent maintenant qu’une sorte de puce, de nanopuce, etc., serait injectée avec le vaccin. Je ne sais pas si c’est vraiment le cas ou non, seuls des scientifiques sérieux devraient l’affirmer. Mais je sais avec certitude que les « nanopuces » spirituelles existent. Et elles affectent fondamentalement à la fois la personne et les gens qui l’entourent. Les gens eux-mêmes développent ou reçoivent de l’extérieur comme information cette « nanopuce » spirituelle et intellectuelle : « Il est catégoriquement impossible de se faire vacciner, parce que ceci, parce que cela. C’est l’Antéchrist, tu vas tomber malade, et ainsi de suite. » Et ils transmettent cette « nanopuce » d’eux-mêmes à d’autres personnes, comme une infection, comme un instrument de psychose de masse. Et les gens sont infectés en masse par ces « nanopuces », qui dans ce cas ne sont pas neutres par rapport à la conscience et à l’âme. Elles affectent réellement à la fois l’âme et l’esprit d’une personne, et la rendent vraiment comme un zombie. Une telle personne commence à diffuser agressivement cette information autour d’elle et considère que c’est son devoir, ça la démange de partager cette information avec son voisin, de l’infecter avec cette « nanopuce » spirituelle. Ce sont juste de tels démons faits de mains d’homme que les gens se transmettent les uns aux autres. Et puis il s’avère que l’information n’est pas vérifiée, que tout cela n’a pas de sens.

Mais si vous n'en savez rien, soyez prudent dans vos affirmations, car ainsi que l'a bien expliqué le père Boboc dans ses vidéos sur le transhumanisme et son livre "le transhumanisme décrypté", devenu, comme par hasard, introuvable, de nos jours TOUT, absolument TOUT est possible. Il faudrait, encore une fois, vous renseigner un peu, monseigneur.  Comment se fait-il que vous soyez si méfiant envers les "ragots" , soit l'info parallèle, qu'il faut aborder avec discernement, mais elle existe, à ses risques et périls, et sans soutien politico-financier, et si confiant dans la grosse propagande des médias largement financée par des ploutocrates apatrides tout puissants et complètement dingues? Les zombies ne sont pas ceux qui cherchent à savoir la vérité, mais ceux qui gobent tout ce qu'on leur raconte à longueur d'antenne et de colonnes. Et puis il faut atterrir, Poutine n'est pas le tsar, et apparemment là, il n'est pas clair, soit il a perdu la main, soit il s'est toujours moqué de nous. Cela me fait de la peine, mais je commence à l'envisager... Il n'est pas le tsar, la Russie post-soviétique n'est pas celle de Nicolas II, les députés de la Douma ne sont pas des intellectuels et des aristocrates..  

Je me souviens qu’au début de l’épidémie, on m’a traité de toutes sortes de noms, simplement pour avoir affirmé que le covid était réel. « Il n’y a pas de covid, il n’y a pas de maladie, tout cela n’a aucun sens », entendait-on partout. Nous nous en souvenons tous. Puis il s’est avéré qu’il y en avait vraiment.

Les personnes qui commencent à diffuser de telles informations doivent comprendre leur énorme responsabilité. Elles doivent aussi comprendre qu’elles deviennent tout simplement les véritables agents d’influence de l’envers du décor, qui, selon leurs propres mots, cherche à détruire le peuple. Elles font tout pour détourner les gens d’une protection réelle et sûre – de la vaccination.

Le Père Jean a parlé de l’état spirituel des personnes dans lesquelles de telles tares de mensonges sont semées : confusion, confusion et confusion. C’est ce qu’il y a dans l’âme de ces gens.

La responsabilité est très importante. Les gens qui répandent de manière irresponsable de telles inventions et rumeurs me rappellent de véritables agents d’influence qui travaillent non pour le bien du peuple de Dieu, non pour le bien du peuple russe, mais simplement pour l’ennemi. Ils font tout pour que la mort et la maladie se propagent et se répandent dans tout notre pays. Évidemment, ils diront : « Nous ne voulons pas de cela. » Mais « c’est à leurs actes, vous les reconnaîtrez ».

Et ça continue, en essayant de faire parvenir la vérité à la conscience des gens, on est un agent étranger, alors que c'est justement l'étranger, "l'envers du décor" étranger, l'état profond, et ses agents en Russie qui ont besoin du vaccin, du pass sanitaire, du QR code et de tout ce qui leur asservira complètement les gens. Cela ira beaucoup plus loin que les numéros de passeport ou de carte de crédit. En revanche, ils n'ont pas besoin de l'orthodoxie, et de ses hiérarques seulement dans la mesure où ils servent pour l'instant leurs desseins, consciemment ou non.Encore faudrait-il, pour le comprendre, se pencher sur ce qui se passe à l'étranger, justement, où l'on fait exactement la même chose, mais en incriminant les méchants Russes.  

En tant qu’évêque du diocèse de Pskov, qui est responsable du troupeau qui m’a été confié par Dieu, bien sûr, je donne ma bénédiction inconditionnelle pour tenir compte de toutes les recommandations du Service sanitaire de l’État de Russie et pour effectuer des vaccinations préventives contre cette maladie mortelle qu’est le covid. Je prends cette responsabilité, je fais cette recommandation et, bien sûr, j’en réponds. Bien sûr, je suis responsable envers mon troupeau. Et je pense que c’est juste. Le temps des mots creux est terminé.

Voilà une chose que les gens n'oublieront pas, que vous avez pris cette responsabilité, et en effet, elle est énorme.... 

Mais en même temps, je dois dire que ces prêtres (il y en a peu dans notre diocèse, mais ils existent) qui détournent leurs ouailles et leurs amis des vaccinations préventives devraient également être tenus pour responsables. Il est clair qu’il s’agit de leur opinion. Ils pensent que c’est la bonne chose à faire. Mais si – Dieu nous en préserve – quelqu’un parmi ceux qui ne se sont pas fait vacciner parce que vous les avez dissuadés de le faire tombe gravement malade ou meurt (et à l’hôpital, on saura certainement qu’ils n’étaient vacciné précisément parce que tel ou tel prêtre ne les a pas bénis pour le faire – la personne qui sera malade expliquera au médecin la raison de ses actions), si, à Dieu ne plaise, cela se produit, alors ces prêtres ou moines devront supporter l’entière responsabilité canonique de ces actes. Je pense que cela aussi est équitable.

Heureusement qu'il y a de tels prêtres et moines, sinon, je serais tout à fait convaincue, au vu de ce qui se passe, que les vieux-croyants ont entièrement raison. 

Je demande à tous les prêtres de notre diocèse, abbés et abbesses de monastères, s’il y a beaucoup de monde, de paroissiens dans vos églises : veuillez déplacer les offices à l’extérieur. Je le répète, dans 2-3 semaines, de Saint-Pétersbourg, de Moscou, avec les pèlerins, avec les résidents d’été, le covid viendra à nous. Récemment, Matushka Markela, abbesse du monastère de Siman dans la ville d’Ostrov, était atteinte du covid. Elle a été gravement malade. Les enfants de Saint-Pétersbourg qui sont venus au camp l’ont infectée, elle et ses proches. Sa fille – qui a été mariée avant de devenir moniale – est aujourd’hui gravement malade. Son nom est Alexandra – s’il vous plaît, priez pour elle.

Si vous organisez maintenant des camps pour enfants, même si c’est par avance, soyez très prudent ! N’oubliez pas de faire passer des tests PCR aux enfants et aux soignants en visite. Et plus d’une fois. Seulement après cela, permettez-leur d’être présents dans le monastère et de vivre dans ce camp. L’incidence a changé ; nous savons que si auparavant elle concernait des personnes d’âge mûr, elle concerne maintenant un grand nombre de jeunes et même d’enfants.

Et ici, voilà qu'on en vient à ce que veut précisément imposer l'état profond occidental, c'est-à-dire mondialiste, la vaccination forcée des enfants qui ne sont pratiquement pas touchés par la covid mais subissent parfois de graves effets secondaires du fait du vaccin. Et c'est un métropolite orthodoxe conservateur qui va dans leur sens en Russie! Au lieu de balayer d'un "c'est un vieux gâteux", comme le font les médias universels, les objections du professeur Montagner, songez que ces aggravations et ces variants exotiques, il les avait annoncés, en conséquence de la vaccination en cours d'épidémie. Nos gouvernements ne nous veulent pas du bien. En tous cas, en occident, c'est évident, et pour certaines personnalités politiques russes également. Je pense à Sobianine, à Gref... 

Je tiens particulièrement à souligner, bien entendu, que la vaccination contre cette maladie mortelle, le covid, est une affaire volontaire. Et personne ne peut être forcé. Mais convaincre, bien sûr, est possible, nécessaire et indispensable. Cependant, une certaine limite arrive. Ici, au monastère de Pskov-Petchersky, il y a déjà eu 4 ou 6 conversations avec les frères à ce sujet. J’ai déjà dit tout ce que je savais, invité un médecin, nous avons parlé au téléphone avec un merveilleux médecin de Saint-Pétersbourg, qui soignait le Père Jean Krestiankin, qui a également conseillé la vaccination. Le choix appartient donc à chacun. Choix et responsabilité. Responsabilité devant Dieu, pour la santé de notre prochain, à laquelle, Dieu nous en préserve, nous pouvons nuire en infectant une personne. Et pour votre propre santé, qui est un don de Dieu. Et il y a une responsabilité encore plus grande pour notre santé spirituelle. Parce que, comme l’a écrit le père Jean Krestiankin : « L’ombre noire de l’indignation spirituelle a remué les esprits et les cœurs des croyants et les prive non seulement de la joie du triomphe de l’Église, mais aussi de la foi et de la confiance elle-même. »

Santé, bon sens à tous, aide et salut de Dieu.


Dans cette lettre, je ne suis d'accord qu'avec la conclusion: santé, bon sens à tous, aide et salut de Dieu. Nous en aurons besoin, pour résister à ce que 1% de malades mentaux ont décidé d'imposer à tous les autres. Et cela alors même que nos hiérarques marchent sans aucun discernement, et parfois même par pure et simple complicité, dans une sombre et terrifiante combine. 

Une mémé pas encore gâteuse.

https://youtu.be/47wqeSRAlYk

https://rumble.com/vldnk9-dr-astrid-stuckelberger-coutez-bien-c-est-une-bombe-.html?fbclid=IwAR0ZPPVOWmvp2-_lH_7M3QBMsvKPtfzIyCMw4k9C_cY7mVUTyWNJ0jyLRZ0

https://www.christianismeaujourdhui.info/2021/08/13/covid-19-amour-et-vaccination-9-raisons-pour-ne-pas-les-confondre/

dimanche 22 août 2021

Chez les cosaques de Pereslavl

 

les jeunes filles et Aliocha

Ce dimanche matin, j'ai décidé d'aller à la liturgie de 6h30, parce que c'était l'évêque qui la célébrait et que je n'arrive jamais à croiser son chemin, avec tous mes voyages, et mes coups de fatigue. Je suis partie dans une brume totale, au radar. Mais sur place, je ne l'ai pas regretté, l'église saint Vladimir, qui n'est pas vraiment restaurée, est plus petite, il y a beaucoup de monde, c'est plus recueilli et on entend mieux. Monseigneur m'a dit: "Eh bien, mais qu'est-ce que vous devenez? Je ne vous vois plus qu'à la télé!

- Je sais, je sais, j'ai voyagé, et puis j'ai été bousculée... Je suis venue spécialement ce matin, pour vous apercevoir!

- On dirait que vous avez rajeuni?

- Si c'est le cas, loué soit Dieu, ce doit être le jardinage!"

Son homélie recoupait les propos de la mère Alexia: nous sommes appelés à passer de l'ancien Testament au nouveau, du statut de juste à celui de saint, à transfigurer notre chair mortelle pour entrer dans le Royaume. Vaste programme. Mais je me sentais apaisée et presque joyeuse.

L'après-midi, j'étais invitée chez les cosaques par l'autre vedette de Pereslavl, le Suisse Veniamin, devenu Russe récemment par le passeport. Il était filmé par la chaîne Rossia, qui lui a bloqué deux jours. Tout cela se passait au "Parc Russe", avec ses bâtiments kitsch de style pseudo national. Le temps a complètement changé, cela sent l'automne à plein nez, et c'est venu, comme bien souvent ici, de façon très brutale. Il faisait froid et pluvieux, mais au cours de l'après-midi, le vent a dissipé les nuages et ramené un soleil qui nous a consolé par sa tiédeur. Lavée par la pluie, la lumière prenait une transparence d'un autre monde, et je voyais défiler de mystérieuses et énormes structures nuageuses sur les bouleaux frémissants.

Les cosaques se livraient à des jeux guerriers, le fouet, le sabre, lancer de poignards, Veniamin s'en sort très bien, il doit avoir un sacré entraînement. "Oncle Slava" a joué de l'accordéon, Olga de la balalaika, j'ai joué des gousli et de la vielle. On fêtait le départ de la fille d'Olga, qui vient de réussir le concours d'entrée à l'université de Kaliningrad. Mère et fille étaient au bord des larmes. Même Aliocha a joué un peu de sa balalaïka, et tout le monde l'a félicité. Il était resté longtemps sans venir, à cause des horaires infernaux de son école. Et l'on s'étonnait de le voir si grand et si changé. Olga m'a demandé d'inclure sa fille Lada dans les cours avec Skountsev.

L'ataman m'a confié que les enfants devaient jouer à des jeux guerriers, qu'il fallait que les garçons fussent des garçons et les filles des filles (bien qu'à vrai dire, les filles se livrassent aussi à des activités sportives et à la danse du sabre...) Il fallait élever des enfants chevaleresques, patriotes et responsables. Oncle Slava a fait un discours sur l'affection qui devait tous nous unir, l'entraide qui devait régner entre nous, l'humilité, la capacité de pardonner, de réconcilier. L'exemple que nous devions donner à tous. Car nous n'étions pas seulement nous-mêmes mais tous nos ancêtres, dont il fallait se rendre dignes. Quelles que soient les imperfections ou les maladresses de cette équipe de cosaques, je les trouve extrêmement touchants, il y a si peu de gens capables de rêver, de nos jours, et de se donner des objectifs élevés, exigeants...











jeudi 19 août 2021

Fruits


C'était aujourd'hui la Transfiguration, une fête que j'aime beaucoup et que j'associe à celle de saint Séraphim de Sarov devant Motovilov. J'aime toutes les fêtes du Saint Esprit. Je me suis révéillée si ankylosée, si fatiguée, il m'a fallu vraiment lutter avec moi-même pour aller à l'église et communier. Mais je suis contente de l'avoir fait. Cela m'a fait du bien. Je me suis confessée au père Andreï, qui est chaleureux, intelligent et plein d'humour. Je lui ai dit que j'éprouvais une grande lassitude, peut-être pas de l'acédie, mais presque. La science-fiction de la covid, mes trop nombreuses activités, les différents vampires auxquels j'ai affaire. Et puis les poires...
- Ah oui, vous récoltez vos fruits à tour de bras, mais c'est bien d'en avoir.
- Certainement, mais ces fruits m'ont demandé beaucoup de travail!
- Pensez donc aux fruits amers que nous sommes pour notre Seigneur Jésus Christ!
Les gens venaient faire bénir fruits et miel. J'ai lu récemment un post d'un moine qui s'indignait de ces bénédictions, et des expressions populaires de "Sauveur des pommes " ou de "Sauveur du miel" pour caractériser la fête. C'est superstitieux, païen, il ne rêvait que de purifier l'orthodoxie de ces enfantillages. J'ai protesté contre cette vision des choses, disant que les catholiques l'avaient fait et que cela ne leur avait pas réussi, et j'ai pris une volée de bois vert de la part de dignes lettrés de la foi. Et pourtant, ces enfantillages mettent du sacré dans les périodes de notre vie et ses gestes quotidiens, et je regardais les prêtres répandre l'eau bénite avec bonhommie sur les récoltes de leurs paroissiens, en quoi cela dérange-t-il ces personnages, et pourquoi faut-il que des pisse-froids viennent toujours nous gâcher le goût du ciel avec celui de la terre?
J'ai vu avec joie que la belle église du métropolite Pierre, construite par Ivan le Terrible, allait enfin être plus ou moins réparée, je me demandais si cela allait arriver un jour...
La Transfiguration annonce l'automne. Il fait chaud, mais on commence à voir des rameaux jaunir, le temps est pluvieux, on sent que cela peut changer désormais assez vite. Je suis allée me baigner à la Vioksa, pour le cas où cela se produirait. Mais l'eau était basse, et pas très propre, contrairement à l'année dernière. J'ai nagé au milieu des canards. Rita m'attendait sur le ponton avec un air de martyre. J'aurais préféré la laisser. Mais la veille quand, j'ai voulu le faire, pour aller à Serguiev Possad retrouver mes amis, prévoyant qu'elle allait me gêner et souffrir de la chaleur et des allées et venues, je me suis aperçue, après ce moment de fermeté, que j'avais oublié mon téléphone, et revenant pour le prendre, j'ai vu, au milieu du portail ouvert, un spitz tragique, prêt à m'attendre la journée entière, le nez levé pour inspecter la route avec une résignation désespérée... comment ensuite laisser l'animal fou de joie de me voir revenir?

mardi 17 août 2021

Henri et Michelle

 


Les poires se raréfient, j'en vois le bout. Le père Vassili est venu avec trois de ses enfants ramasser les dernières. Il y en a qui ne sont pas récupérables et que mangeront les guêpes, les fourmis, les oiseaux et les souris, il faut bien que tout le monde en profite, et je suis épuisée. Car avec ça, il faut aussi entetenir le terrain, faucher un minimum... Mes topinambours ont des dimensions gigantesques, c'est vrai qu'ils éliminent la berce du Caucase, mais j'ai dû en tailler quelques uns, j'en ai profité pour faire un bouquet qui semble bien tenir. J'ai vu avec satisfaction que j'avais des grenouilles, des petites grenouilles vertes; et je vais faire une mare, puisque à certains endroits, j'ai trente centimètres d'eau en permanence... Les saules poussent à vitesse vertigineuse. Mon saule crevette a pris plus d'un mètre en trois mois, il est plus grand que moi.

La dernière fois que j'ai eu un cours avec Skountsev, j'ai appelé mon petit voisin Aliocha. Skountsev n'était pas très chaud, mais Aliocha s'en est très bien sorti, il comprend vite, j'en étais moi-même étonnée. Skountsev l'a félicité et lui a dit qu'il avait une très bonne balalaïka (balalaiker...) Quand quelqu'un n'intéresse pas Skountsev, c'est tout de suite visible.  Il lui dit: "Bon, écoute, pas la peine de perdre ton temps, on n'est pas tous obligé de jouer de quelque chose..." Et c'est bien, autant que je fasse profiter Aliocha de mes séances... Parce que sinon, en plus de tout le reste, je dois l'accompagner aux leçons de Katia, puisque je lui ai offert l'instrument et l'ai poussé à en jouer... Et moi, je veux bien jouer de la balalaïka, mais c'est un peu trop, pour moi, j'ai assez des gousli et de la vielle. Et des séances de traduction avec mon éditeur Slava...

Pour me remercier, Aliocha, tout joyeux, m'a rapporté un pin de la campagne. Il m'assure qu'il poussera dans mon marécage et me cachera vite la maison moche...

Ce matin, épuisée, j'ai pris le chemin de Serguiev Possad, où je devais retrouver une famille franco-russe qui vit en France et que je n'avais pas vue depuis deux ans. Nous avons fait une photo de groupe au monastère, mais je ne donne ni la photo ni l'identité, car étant donné que la France est une démocratie modèle, ils ne tiennent pas à attirer l'attention sur leur voyage et ses dates. Ils ont eu tous les problèmes du monde à venir dans notre épouvantable dictature en zone rouge, pour leur bien, sans doute, Big Brother veille sur les administrés de Macron. Le couple était excédé et consterné par le climat qui règne en France, la dictature qui s'installe, la menace de la vaccination obligatoire des enfants... Le mari, comme j'évoquais au restaurant les tentatives locales pour nous imposer le même délire, m'a répondu: "Ce qui sauve la situation ici, c'est le bordel russe!" Et c'est en effet là dessus que je compte moi-même, le bordel et la résistance passive. Une amie à lui, journaliste, a évoqué le cas d'un collègue qui, pour avoir fait allusion aux activités mafieuses d'un homme politique, avait retrouvé chez lui la serrure changée, et à l'intérieur, sur son réfrigérateur, une photo de ce dernier qui lui souriait gracieusement, en guise d'avertissement sans frais. 

"C'est joli, s'est exclamé mon ami, oui, je dirais même que c'est presque élégant.

- En effet, ai-je renchéri, cela me rassure, dans un sens, c'est en quelque sorte profondément local, pas du tout mondialiste. Ivan le Terrible aurait pu faire pareil, c'était assez son genre d'humour.

- Oui, et puis quand même, a observé la journaliste, il avait beau être un vampire, il employait ses forces à construire le pays plutôt qu'à le détruire!"

J'étais profondément émue de les voir, les enfants ont tellement grandi, ces deux ans me paraissent une telle fracture avec ma vie précédente... J'avais une mission à leur confier, emporter en France la bague de fiançaille de ma mère, afin de la remettre à mon filleul pour sa jeune femme. Bien sûr, je pourrais attendre d'être en mesure de le faire moi-même mais Dieu sait quand cela se produira et si jamais il m'arrivait quelque chose, je ne sais pas ce que deviendrait cette bague. Maman aurait souhaité qu'elle revînt à la femme de ce jeune homme. Je me suis fendu d'une lettre. Et à cette occasion, je suis tombée sur une photo des fiançailles de mes parents, je l'ai jointe à l'envoi. En réalité, j'étais complètement bouleversée de me séparer de ce bijou, et en même temps, il est clair que je ne l'emporterai pas avec moi. Et que comme m'a dit maman en me le donnant, il va mieux au doigt d'une jeune femme... Je l'ai remplacé par la bague ancienne de ma tante Jackie. 

La photo elle-même m'a terriblement touchée. Je l'ai scannée. Je l'ajouterai à mon "Album de famille", mes souvenirs d'enfance, que je voudrais bien retrouver le temps et la disponibilité d'esprit de rédiger, or je n'en finis pas de traduire et corriger mes livres précédents. J'en suis de plus en plus surmenée. Les gens de ma famille continuent à vivre en moi, je suis leur sanctuaire, peut-être leur salut, je leur dois ce livre. Maman m'avait suppliée de l'écrire, juste avant de tomber malade, et elle ne l'aura pas lu. Quand à mon père, je l'aime comme s'il avait accompagné toute ma vie, et d'une certaine façon, il l'a accompagnée, de son énorme absence physique et peut-être de sa présence mystique. Je ne peux penser à sa mort sans avoir les larmes aux yeux.





samedi 14 août 2021

La fête des gens heureux

 


La fête des « gens heureux » est une épreuve terminée. Hier soir, Il y avait un monde fou dans l’appartement à côté, Génia et sa petite amie, un couple de folkloristes et leur gamine turbulente qui menaçait de tout casser, un jeune homme, une jeune femme, Katia, Ira, bien sûr. J’ai un tel besoin d’être un peu tranquille que je me sentais complètement hébétée. Ils ont chanté, moi aussi, mais je n’étais pas à ce que je faisais.

Le matin, je me demandais comment j’allais affronter la journée. La cuisine est sens dessus dessous. Les poires et les concombres menacent de pourrir, le jardin retourne à l’état sauvage, et il est si détrempé que je ne peux pas le tondre. Moustachon m’a dès l’aube réveillée en fanfare en m’apportant un oiseau qu’il a lâché sous le lit. J’ai pu sauver le pauvre animal.

La fête avait lieu derrière le village de Gorodichtché dont on devine qu’il a dû être d’une beauté fantastique, mais de nombreuses villas "mon rêve" de moscovites ou de locaux enrichis ont considérablement cassé l’atmosphère. Il domine le lac de sa belle église blanche à cinq coupoles bleues. Et je le contemplais, ce lac, dans le vacarme d’une sono qui diffusait, comme bien souvent, de la merde.

C’est moi qui devais ouvrir le concert, où sont venus se produire des tas de gens, les uns après les autres. Avec les micros, la sono, les badauds, les étals d’artisanat ou de produits fermiers. Une bonne femme m’a présentée comme quelqu’un de positivement extraordinaire, la Française férue de folklore venue s’installer ici. J’étais poursuivie par la trouille irrationnelle qu’un affreux type qui m’injurie sur les sites de Pereslavl, et injurie également tous ceux qui défendent le lac et les derniers endroits pittoresques du coin, vînt faire du scandale, ce qui, évidemment, ne s’est pas produit. D’ailleurs, une fois  sur cette scène, je n’y ai plus pensé. J’ai chanté mes deux chansons cosaques marrantes, aux gousli, et une complainte bretonne, à la vielle à roue, « la Vierge et saint Jean-Baptise », car c’est le carême de la Dormition qui commence. Je ne dis pas que j’ai été acclamée par des foules en délire, car la foule était partout occupée à choisir des fromages ou à acheter des jouets ou des céramiques, mais j’ai fait ma petite impression, pas mal de gens sont ensuite venus me trouver. Je me suis cependant promis de ne plus m’embarquer dans ce genre de galère. Les soirées - au café français, ou chez moi, ou dans d’autres endroits plus intimes. C’est trop fatigant, tout ça. Et puis quand j’ai écouté Génia et compagnie qui ont pris ma suite, je me suis rendu compte que la sono et le folklore n’allaient pas ensemble, c’était terriblement bruyant. Ceux qui sont passés ensuite donnaient nettement dans la « culture de kolkhose ».


Génia, Katia et leurs amis

Une dame m’a abordée, elle s’appelle Ioulia, et elle est guide à Moscou. Elle a fait un jeu « Alexandre Nevski », pour les enfants, qu'elle m'a offert, et en ferait bien un « Ivan le Terrible », car elle s’occupe également de l’école du dimanche de sa paroisse, et du reste, son jeu, je l’avais vu dans la mienne, de paroisse. Elle attend la sortie de Yarilo avec impatience. Je ne sais pas comment elle en a entendu parler, mais du coup, je me dis qu’il aura peut-être plus de retentissement qu’en France, il pourrait d’ailleurs difficilement en avoir moins...

Elle m’a dit qu’elle ne savait pas comment parler d’Ivan le Terrible pendant ses excursions, et je lui ai avoué que moi-même, je redoutais les réactions. «S’il avait été entièrement mauvais, a-t-elle ajouté, il n’aurait pas laissé le pays plus grand et plus puissant qu’il ne l’a trouvé ».

J‘ai ensuite rencontré dans un stand Anastassia, qui s’occupe du centre culturel « the Place », à Rostov. Elle était avec une charmante céramiste qui, à 50 ans, a décidé qu’elle ne perdrait pas davantage sa vie à la gagner dans la publicité, et elle a quitté Moscou pour la province et l’aventure créatrice. Anastassia serait prête à organiser une présentation de Yarilo quand il sortira. Nous avons vu le père Pantaleimon, higoumène du monastère saint Daniel, et il a acheté une belle icône en bois sculpté de saint Georges, que j’aurais prise, s’il ne s’était pas décidé, et cela n’aurait pas été très raisonnable. Je suis contente qu’elle soit revenue au père Pantaleimon. « Qu’il est beau garçon, cet homme, nous dit ensuite une dame présente, est-ce qu’il est vraiment tout à fait moine ? Même sa barbe n’arrive pas à le défigurer !

- Ah oui, il est même higoumène !

- Il est bien jeune pour être higoumène...

- Notre évêque aussi, est jeune. Ils sont tous les deux très intelligents.

- Ca se voit !»

Anastassia et la céramiste prétendaient qu’ici, c’était la dictature, je leur ai dit : « Regardez, nous sommes là, détendues, sans masque, sans passe sanitaire, nous avons une vie normale, en France, c’est la maison de fous en permanence, les gens vont bientôt perdre leur travail sans indemnités s’ils ne montrent pas leur pass vaccinal, ils ne peuvent aller nulle part, on leur prend des amendes monstrueuses, et certains font même de la prison. Je les vois tous se promener avec leur couche culotte sur la figure, regardez autour de nous, vous en voyez, des muselières ?»

J’étais complètement ahurie. J’aurais grand besoin de solitude, de paix, de quelques jours sans sollicitations ni obligations, ni invitations.

mercredi 11 août 2021

Les temps sont courts

 


Submergée par les poires, je n'ai plus le temps de rien faire, il en tombe autant que j'en ramasse; j'en distribue à tout le monde, je sèche, cuit, pèle, confit, et il faut aussi nettoyer la maison, qui ne ressemble à rien, entre les chats et les poires. Et entretenir le jardin. Et saler les concombres que m'a donnés Nadia la chevrière. Qui plus est, je suis harcelée de tous les côtés par des obligations, des entrevues, et j'ai du mal à organiser ce qu'il me reste de temps, à canaliser ce qu'il me reste de forces. Je traduis Parthène, parce que Natacha a besoin d'argent, et que mieux vaut faire les deux livres avec la même personne. Je traduis Epitaphe, parce que mon éditeur s'y est attelé et ne me lâche plus, c'est passionnant mais très long et très fatigant. Je fais de la musique pour ne pas perdre la main, et pour me reposer l'âme, heureusement, si je puis dire, Skountsev a de la tension et ne peut me donner de leçons. Je vais aux cours de balalaïka pour soutenir l'apprentissage de mon petit voisin Aliocha. Je tiens ma chronique, enfin j'essaie. Je n'arrive pas à écrire la suite de mes souvenirs d'enfance, ni à entreprendre de mettre de l'ordre dans mes journaux intimes; et j'ai cette impression constante que le temps presse, d'une part parce que je prends de l'âge et d'autre part, parce que l'ombre de Mordor gagne toute la terre. 

Hier, de façon impromptue, Olga et Oleg m’ont invitée avec deux moniales de Zadonsk. Je n’avais pas trop envie d’y aller, bien que Olga et Oleg fussent des gens très agréables, intelligents, et je ne les avais pas vus depuis longtemps. Je n’avais pas envie de parler avec des moniales de sujets élevés. Je n'avais même pas envie de parler du tout.

Elles étaient tout à fait adorables, la mère Dorothée et la mère Alexia. Elles ont raconté toutes sortes de miracles, enfin surtout la mère Dorothée, parce que la mère Alexia, en face de moi, priait profondément. Sa cordelette de prières filait entre ses doigts, et son visage aux yeux clos était imprégné d’une paix et d’une béatitude qui me fascinaient. Je racontais ma ma vie. Brusquement, la mère Alexia sort de son état de béatitude silencieuse et me dit : « Beaucoup trop de gens profitent de vous»

Elle a commencé à s’agiter, et elle a déclaré que nous devions aller absolument au monastère voisin de saint Nicolas, pour recevoir l’onction, au lieu de rester à bavarder sur une terrasse. Et je n’en avais pas envie, mais la mère Alexia était visiblement persuadée qu’elle devait jouer pour moi le rôle d’ange gardien.Yann Sotty, qui avait tourné avec moi l’émission « Davaï », était de passage à Pereslavl, il voulait me voir et me remettre de petits cadeaux. La mère Alexia, inflexible, pensait que l’église était plus importante que le Français. Et nous voilà parties, les deux moniales, Olga et moi. La mère Alexia ne me lâchait pas le bras, et avec un sourire maternel, m’expliquait qu’il fallait que ma religion devint plus intérieure, qu’il me fallait m’occuper de mon âme, car les temps étaient courts, et ne pas perdre mes forces avec toutes sortes de gens. Arrivées au monastère, elle m’a traînée jusqu’à l’higoumène, m’assurant qu’elle était très bonne et que je devais lui parler, mais si je veux bien aller exposer mes problèmes spirituels à quelqu’un, mon choix ne se porterait pas forcément sur l’higoumène de saint Nicolas. On m’a d’ailleurs déjà fait le coup avec l’higoumène de saint Nicétas. Et je me suis retrouvée à bafouiller des stupidités sans savoir comment m’en sortir.

La mère Alexia ne m’a pas lâchée avant que le prêtre ne m’eût tracé le signe de croix sur le front. « Maintenant, me dit-elle, tout va aller très bien ». Je suis allée retrouver Yann Sotty, sa famille, son nouveau-né, et les cadeaux, qui auraient dû m’être remis lors du tournage, des objets RT, tasse RT, parapluie RT, chope RT, plaid et coussin RT... joli design, d’ailleurs. Je lui ai fait part des compliments qu’on m’a fait sur son émission, sur lui, sur la façon dont tout cela a été tourné.

La mère Alexia n’a pas tort. Je ne m’occupe pas assez de mon âme, je me laisse submerger par toutes sortes de mondanités et d’obligations. Pourtant, aller tout le temps à l’église, je n’en éprouve pas le besoin non plus. J’en discutais avec mon éditeur, Slava, qui lui non plus, ne me lâche pas. Il a passé dix jours près d’un grand lac, et me dit qu’en barque sur ce lac, il avait davantage le sentiment du divin qu’à l’église mais que cependant, s’il n’allait pas à l’église, ne se confessait pas et ne communiait pas, il se sentait sale et déprimé. C’est exactement mon cas.

Pour ce qui est des gens qui profitent de moi ou me harcèlent, pour m’inviter, me rencontrer, me faire rencontrer quelqu’un, il faut quand même voir que certains d’entre eux me donnent une contrepartie importante. Skountsev est un très grand emmerdeur, et quand j’ai dit au conservateur du musée Krioukov que je prenais des cours online avec lui, parce qu’au début de la covid, il avait beaucoup de temps et pas d’argent, il m’a objecté sereinement : «Que Skountsev reste sans argent, excusez-moi, mais je ne crois pas cela possible...

- En effet, à ce moment-là, il a trouvé le mien ! Cependant, il m’a tellement appris, et sans lui, je en serais pas venue ici, je n’aurais pas vu tout cela, le Don, la rivière Khapior et votre musée ! »

J’ai eu une fois dans ma vie une intense expérience spirituelle qui s’est prolongée plusieurs jours. Mais je n’arrive pas à me trouver dans un perpétuel état de grâce. Parfois, quand je prie, j’éprouve du réconfort ou une certaine plénitude, je pleure beaucoup, aussi, surtout en ce moment, avec ce qui nous arrive à tous, le monde qu’on nous fait me fait vraiment horreur, ainsi que la vilenie et la fourberie de ceux qui nous l’imposent, la stupidité programmée de leurs troupes de mougeons hagards. Je pleure sur nous tous, sur les gens qui n’ont pas une lueur dans leur vie, sur ceux qui sont morts et qui me manquent, et sur ce qui nous attend probablement.. Parfois je n’ai pas le temps de prier, pas la disposition d’esprit, j’essaie, comme mon amie Dany, de garder au moins ma veilleuse allumée. Mais j’assume d’être avant tout quelqu’un de créateur et n’ai pas envie de me violenter pour me transformer en moniale.

Cependant, je ressens qu’il y a des stades à franchir, même en restant une créatrice solitaire, je stagne. J’aurais tendance à confier cela à Dieu. Il saura bien me les faire franchir, ces stades. Le père Placide, tout comme l’higoumène de Simonos Petra, disait qu’on ne pouvait rien faire par nous-mêmes, sinon consentir...

...



En France, pour savoir d’où vient la dictature, et dans le monde, pour savoir où nous entraîne l’opération covid, il suffit de regarder le scandale provoqué par une affiche qui se contente d’énumérer des noms. Tous impliqués dans cette opération et dans beaucoup d’autres affaires et manipulations grandioses et malfaisantes. Cette affiche provoque chez une certaine mafia les mêmes réflexes que la révélation par Soljénitsyne des vrais noms des principaux bourreaux bolcheviques. Et cette réaction est en elle-même un aveu. Pourtant, si il existe une mafia italienne ou tchetchène, il ne vient à l'idée de personne de hurler à l'anti italianisme quand l'on considère Al Capone comme un bandit...

Cependant, tous les représentants de cette communauté ne sont pas les complices de cette mafia. Ecoutez ce qu’expose le docteur Zelenko, avant que cette vidéo ne soit supprimée par la bande en question et ses « connards laquais », selon une heureuse expression que j’ai vue passer sur facebook. Ecoutez-le bien. Il n’est pas le seul à le dire. Et c’est la terrible vérité. Les temps sont courts.

https://www.facebook.com/marie.bars.7/posts/4396223833763402?__cft__[0]=AZUW5B2NvKKfgu0uDSBWvaTlmA-JlCd2geYFA_JpwMHNYZRxVHcn4nlcdAh0a0Dxzz6kM-VzpNKMG3AB5nrYCQlS8PU5rmZWbNjgR0PZwkJpJcIvkgve_38OepaVAnDLpqQsQ5F7mcfS2Jr3AEySxweT&__tn__=R]-R

https://odysee.com/@LeLibrePenseur.org:2/dr-zelenko:a?fbclid=IwAR1txchKdFz9mCd-k8WctHYxYOlE1894c4L3pu_tApKJ_VrFTHa-Oa3WKlA

dimanche 8 août 2021

Terpila

 


J'ai quitté le plein été torride du Don pour une sorte de pré automne. Il pleut à verse, et mon jardin est détrempé, résultat des terrassements du voisin, qui a vaguement consolidé son tuyau et fait tout son possible pour reconquérir mes bonnes grâces, parce que ma froideur le perturbe. Des milliers de poires dégringolent de mes arbres surmenés qui ont pourtant bien du mal à survivre. Je suis constemment en train de les ramasser, peler, cuire et sécher. 

Je pense souvent à mon récent voyage, à tous ceux que j'ai rencontrés, à Kolia le taulier, torse nu sur sa terrasse, avec ses pétunias, ses luminaires kitsch, ses clientes coquettes en robe de chambre, pareilles à de gros ballons souriants, prêts à s'envoler dans les airs, au bout d'une ficelle; à son pote le tatar Islam, beurré comme un petit lu. A ce cosaque à longue barbe grise, un anneau dans l'oreille, qui déambulait dans les bois en slip de bain jaune et vert avec une casquette d'uniforme sur la tête. Je revois la rivière Khapior, ses eaux douces et rapides, pleines de la lumière froissée des nuages brûlants, les chevaux qui s'y baignaient.avec les enfants, tandis que résonnaient des chants lyriques et virils. Le ciel nocturne si profondément noir, avec ses étoiles si nettes et brillantes, et si nombreuses. J'étais complètement dépaysée, là bas, et pourtant, j'y retrouvais quelque chose de familier, de méridional, avec une sorte de dinguerie slave joviale, le mauvais goût y prenait des accents felliniens, plus modeste que par ici, mais encore plus décomplexé, et tout cela au sein de cette steppe aride et illimitée, sous sa fourrure odorante de chardons, de fenouil et d'absinthe amère, soyeuse et argentée. Avec ce qui se passe en France, et qu'on cherche sournoisement à implanter en Russie, j'avais besoin de cette consolation. Chaque fois que je découvre une région de cet immense pays, l'envie me vient de déménager, la province russe me fascine et me donne une impression de liberté et de sécurité. Quelles que soient les séquelles du soviétisme, il s'y conserve quelque chose de vivant, de normal, et je dirais de résistant. Beaucoup de gens ne voient pas de mal à se faire vacciner, car ils restent dans l'idée que c'est pour le bien des populations, comme au temps de l'Union soviétique, quand personne ne se faisait des profits mafieux sur la santé des gens. Mais pour ce qui est de la suite du programme, les QR code et la dictature électronique mondiale, je pense que ce sera plus dur, je ne sens pas toute cette humanité très humaine, très anarchique, très capricieuse, incorrigiblement lyrique et follement idéaliste, prête à entrer dans le transhumanisme futuriste. A moins  de recourir à des procédés trotskystes de massacres à grande échelle. Je suis persuadée que le Don ne diffère pas beaucoup du Donbass, pour ce qui est de la mentalité. Tous les poteaux électriques sont bagués aux couleurs du drapeau russe. Une banderole, en travers de la rue principale de Koulmyjenskaïa proclame: "Rien ne nous est plus cher que notre pays natal..."

En face de la propagande hypnotique de la télé, on recourt ici aussi au discours sur la "théorie du complot" afin de discréditer ceux qui n'avalent pas cette bouillie à la louche. C'est surprenant, voici qu'au XXI° siècle, nous avons pour la première fois de l'histoire, des classes dirigeantes irréprochables qui ne complotent jamais, et des administrés ingrats qui voient le mal partout. Les romans historiques sont pleins des complots du passé, le XX° siècle nous a gavés de financiers retors, de politiciens pourris, d'idéologues tarés et sanguinaires et de savants fous, mais nous sommes invités à croire que le même genre de population, aujourd'hui, ne se soucie que de notre bien, et que le mettre en doute n'est pas raisonnable... Cette caste a pourtant plus de moyens de nuire qu'elle n'en a jamais eu, de sorte qu'on ne sait même pas comment se défendre, dans la guerre qu'elle nous fait. Le docteur Fouché nous présente ici quelques propositions:

 https://rumble.com/vksflu-louis-fouch-4-aout-2021.html?fbclid=IwAR1SyKNXVFt-PkW6W3Ow9FiWWCxmRtjZZzhrlhnfIwsPWnon5Fc1Yyl-O24

 A l'église, ce matin, le père Andreï nous a fait un sermon intéressant, à propos d'un nouveau mot à la mode, terpila, conçu d'après le mot terpenie, patience. Ce mot, dit-il envahit toutes les bouches. Il signifie un être dont on peut faire ce qu'on veut, le tondre et l'exploiter sans qu'il réagisse, et il est plein de mépris, un peu comme chez nous les sans-dents ou les mougeons. Mais, nous explique-t-il, c'est que la société nouvelle qu'on cherche à installer n'est pas seulement indifférente au christianisme, elle lui est profondément antagoniste. C'est une société de prédateurs impatients qui ne connaissent pas de frein à leur avidité. Antagoniste au christianisme et également à la Russie, dont la patience était la vertu principale, patience d'Alexandre Nevsky, par exemple, glorieux chef de guerre qui, pour le salut de son pays, allait trouver le khan mongol et s'humilier devant lui. Et cela m'a rappelé une vidéo de l'avocat DiVizio "en marche vers l'enfer", sur la société "en marche", dont l'avènement a été inauguré par le parti "en marche" du satrape Macron. Une société où ceux qui ne peuvent pas marcher sont laissés pour compte, achevés, voire exterminés. Une vidéo rapidement supprimée de youtube avec la chaîne de l'avocat, ce qui me prouve que c'est bien là le programme des mutants du nouvel ordre mondial qui essaient de prendre le pouvoir universel. Au XIX° siècle, Jack London décrivait les misérables sans logis de Londres, contraints de marcher sans trêve, car ils n'avaient le droit ni de s'asseoir ni de s'étendre, ni même de s'arrêter. 

 https://odysee.com/@DiVizio:2/en-marche-vers-l%E2%80%99enfer:d?r=AJxNFrm3sD6g74HKCJUZqhLYnVrMJUYx&fbclid=IwAR1c4bp4lf1913mMB4pDLC-E94-tJjS8d4yOjiuB8oCHkWwEwueiu8q1T

Mais il convient de voler autant que faire se peut de beaux moments de vie à la nuit qui vient.





dimanche 1 août 2021

Avant l'avènement des gnomes

 


Après une dernière soirée à la rivière Khapior, je suis rentrée de nuit, par la piste, à la  stanitsa. L'air sentait l'absinthe, il soufflait un vent puissant et tiède, il avait soufflé toute la soirée, pendant que chantaient les cosaques dans l'obscurité croissante. Une des responsables de la manifestation voulait absolument brancher une sono "pour les jeunes", Skountsev s'y est opposé à juste titre. Car pour les jeunes il était justement extrêmement important d'apprendre à écouter et de sortir de l'univers du vacarme et du faux-semblant. 

La nuit est très noire dans le Don, avec des étoiles très vives, mais des nuages les cachaient en partie. Il en traînait de grosses et presque dorées, dans les ténèbres que des éclairs de chaleur hantaient de brusques déploiements vacillants, une danse enflammée de séraphins tout à tour invisibles et révélés.

Le lendemain, je devais repartir pour Moscou avec Sergueï le militaire et sa jeune femme Sacha, et puis un autre jeune homme arrivé au dernier moment, mais toute cette compagnie changeait sans arrêt d'avis. Il paraît que c'est un trait des cosaques, nous sommes comme ça, nous sommes spontanés. On est sans arrêt en train de les attendre, on ne sait jamais ce qu'ils vont faire. Mais ils font preuve d'un grand charme, distribuant câlins et sourires désarmants.

Skountsev en est un exemple extrême, qui épuise même ses compatriotes. Il est, comme on dit, pour l'utilisation des compétences. Avant le départ, il a fallu faire le taxi pour lui, et comme il restait quelques jours de plus, rapporter à sa femme des bagages qui pesaient un âne mort, et que si son ascenseur avait été à nouveau en panne, ni elle ni moi n'eussions pu transporter au dixième étage!

Afin d'avoir la paix pendant qu'il promenait le maître et installait ses bagages dans notre coffre, Serioja, le militaire du Kremlin, qui s'était décidé finalement à rentrer avec moi, m'avait laissée au musée Fiodor Krioukov, grand écrivain cosaque qui était originaire de la stanitsa de Skountsev. Moyennant quoi, je ne sais ce qu'il est advenu; dans la bagarre, du sac où j'avais mis la bouffe de la chienne, la botte d'absinthe que j'étais si heureuse d'avoir cueillie, et le bocal de boeuf en conserve maison qu'on m'avait offert au camp.Le conservateur était ravi de tomber sur une Française passionnée par les cosaques et m'a interrogée sur mon itinéraire. Je lui ai pris, à sa grande joie, les oeuvres complètes du grand homme local. Il m'a donné sa carte en me suppliant de revenir. Mon taulier Kolia, de son côté, m'a dit qu'il m'attendait l'année prochaine. 

En quittant sa rue, j'ai aperçu à nouveau la bignonne et ses trompettes oranges. J'ai conduit tant qu'il faisait jour et le Don m'a offert pour mon départ un soleil  chatoyant, presque rose, pris dans des vapeurs à la fois colossales et légères, bouclées, translucides, violettes au dessus d'immenses champs de tournesols d'un jaune intense et gras, avec les brûlures circulaires de leurs centres bruns. Ce pays m'apportait des éléments du mien, de mon midi français, dans un ensemble pourtant absolument dépaysant qui sent déjà la Grèce et la Turquie, et aussi l'Asie géante, béante qui s'étend d'ici jusqu'à la Chine. La végétation aride n'est cependant pas vraiment méditerranéenne, car si la mer n'est pas encore si loin, aucune chaîne de montagne ne vient faire obstacle au souffle énorme de l'arctique. Les hivers sont très froids, plus brefs que dans le nord, mais très froids, et les étés torrides. Je pensais aux souvenirs d'une Française, qui avait visité le sud de la Russie avec son mari vers 1850. Elle disait qu'elle avait l'impression de rêver, d'être dans une sorte de conte hallucinant, et évoquait un jeune cosaque de son escorte, qu'elle avait vu jouer avec un aigle. J'imagine bien, car dans ce même pays, pourtant dénaturé par la modernité, je ressentais quelque chose de comparable. La rivière Khapior, les falaises en moins, me rappelait l'Ardèche des années 50, par son aspect désert et sauvage, son cours capricieux. Les cris des enfants, ou les chants des adultes, ne me gênaient pas dans ma contemplation, alors que la radio me révulse. Je m'éloignais contre le vif courant, sur ce sol de sable doux et meuble, et je regardais le ciel reflété dans ces eaux lisses. La lumière froissée, et le soleil qui s'y berçait, dans un halo doré, ne me blessaient pas les yeux et révélaient des formes qui me restaient indiscernables, quand elles ne m'étaient pas traduites par ce miroir magique.

Le jeune cosaque dernièrement arrivé me parlait de son pays avec lyrisme, ce n'est pas un hasard si le Donbass résiste avec tant d'héroisme, il me semble d'ailleurs davantage le prolongement du Don que de l'Ukraine, mais j'ai fait très plaisir au conservateur du musée Krioukov en lui disant: "Vous savez, pour moi, les Grands Russiens, les Ukrainiens, les Biélorusses et les Cosaques, ce sont juste différentes sortes de Russes, et je crois que c'est Dostoievski qui disait avec raison que rien n'est pire que des Russes qui rejettent leur russité." Ce garçon me suggérait d'aller sur les bords de la mer d'Azov, que j'imaginais comme une sorte de lac salé, mais pas du tout, il m'en vantait les vagues magnifiques, les paysages arides et les champs de lavande...

Sérioja a pris le volant à la nuit tombée, mais en cours de route, il m'a demandé de le remplacer une heure, et je me suis aperçue que ma voiture éclairait bien peu la route en position de code. Lui aussi s'en était aperçu, mais il est jeune, et cela ne le gênait pas trop. A un moment, j'ai été suivie par une voiture de police tonitruante, et je me mettais sur le côté pour la laisser passer, or elle me poursuivait. "Pourquoi ne vous arrêtez-vous pas quand on vous suit? 

- Mais je croyais que vous vouliez juste me dépasser parce que vous étiez pressés...

- Et le geste de notre chef, pour vous faire garer sur le bas côté?

- Je n'ai pas vu le geste. Le chef non plus.

- Madame, il faut vous faire remplacer, vous êtes fatiguée. Votre vigilance en souffre...

- Oui, c'est vrai mais justement, mon équipier va prendre la suite..."

Pour être honnête, la femme de Sérioja n'avait pas vu non plus l'officier nous faire ce geste. Et  je ne sais d'ailleurs même pas pourquoi il l'a fait. Mais ils ont été très gentils, ces flics, ils ont le respect des grands-mères. En réalité, jusqu'à la tombée de la nuit, Sérioja était bluffé par ma façon de conduire, il me donnait même quelques avis, à la fois admiratifs et goguenards. Cela me rappelait certains retours de concerts où les cosaques me surnommaient Schumacher et disaient à Micha, qui avait la conduite agricole: "Donne le volant à Laura, sinon, on n'arrivera jamais..." 



Je réfléchissais, pendant ce voyage, à ce qui m'attirait particulièrement chez ces sacrés cosaques, chiants, machos et complètement dingues, et leur merveilleux folklore. C'est un mélange de gravité et de malice goguenarde, de sauvagerie et de douceur, de noblesse, d'insolence, de vitalité, le culte de la bravoure, l'amour de la nostalgie et du rêve, le lyrisme, la folle générosité, toutes choses que la modernité abhorre, qu'elle tourne en dérision et qu'elle persécute. Un petit garçon est venu avec une sorte de fierté très sérieuse demander à Skountsev s'il pouvait se servir de son accordéon. Tous les gosses que je voyais dans ce camp, même si leurs parents sont dispersés loin de leurs terres ancestrales, grandissent à la lumière de ce soleil sauvegardé, entre un père barbu ou moustachu, et une mère qui, sans être effacée, tient son rôle, ils apprennent à se battre et à rêver, à admirer et à aimer, à faire éventuellement le sacrifice de leur vie; ils apprennent à être des hommes au sens où on l'entendait autrefois, avant l'avènement des gnomes.