Nous avions beaucoup de monde au vernissage de notre exposition, Larissa et moi, et c'était très chaleureux. Cela dit, j'étais complètement ébahie de fatigue. Car les travaux continuent, avec des surprises.
Larissa tenait à m'inviter chez elle, pour continuer à fêter l'événement. Vladimir a joué à l'accordéon toutes les romances soviétiques, des chansons de la guerre de 40. Il y avait plein de monde, Larissa était très contente.
J'ai vu à l'exposition un Marocain orthodoxe, il s'appelait Abdou, le voilà devenu Marc, qui s'est installé il y a 5 ans au village de Ielizarovo, fief des Basmanov. Il est arrivé en Russie comme footballeur! On m'avait dit qu'il serait heureux de parler français, mais le malheureux l'a bien oublié, et ne parle pas tellement le russe par ailleurs, de sorte qu'il est assez incompréhensible. Il était accompagné par une orthodoxe de là bas, son fils et sa mère, la famille m'a bien plu, des gens dignes. Il se passe des choses à Ielizarevo, entre le musée local et l'église en restauration, et je me sens appelée à aller y faire un tour...
Katia Kalikinskaïa, mon amie qui écrit des livres et des scénarios de dessins animés pour les enfants, m'a dit qu'elle lisait Yarilo à petites gorgées, car elle le trouvait extrêmement émotionnel: "C'est un roman très inhabituel, d'abord par la langue, qui est riche, et par cette impression étonnante que l'auteur s'est arraché les entrailles pour l'écrire". J'étais très touchée qu'elle l'ait ressenti ainsi. Elle m'a retenu deux pastels.
A la liturgie, à laquelle je me suis rendue après mon combat habituel, j'ai trouvé les forces spirituelles dont j'ai besoin, un état d'amour et de reconnaissance. J'aime tout le monde, à l'église, chacun de nos prêtres, les dames qui vendent les cierges, les adorables petits servants d'autel, le sacristain, les fidèles, les vieilles. Je me sens positivement inondée d'amour pour les membres de ma paroisse. Pour les miens morts et vivants. Pour ceux qui veulent venir ici, pour ceux qui y sont déjà. Nous avons un nouveau prêtre, le père Alexandre, sans doute une recrue de notre évêque. Ses sermons sont à la fois courts et magnifiques, d'ailleurs les sermons magnifiques sont souvent courts. Il a commenté l'histoire du riche et du pauvre Lazare en nous disant qu'il ne fallait pas croire que cette parabole concernait seulement la richesse matérielle, que chacun de nous avait des richesses dont il pouvait faire profiter les autres, pour les uns l'argent, pour les autres le temps, ou encore le don de la parole, et qu'il pouvait s'agir parfois d'être seulement bien disposé envers des inconnus, d'avoir un mot gentil, de savoir écouter qui a besoin de parler, d'être attentif ou simplement poli, de se montrer utile, de semer le bien. Ainsi un tel fait preuve d'agressivité envers tel autre qui se venge sur un troisième, alors qu'un mot aimable va voyager de même de l'un à l'autre. Nous nous devons à tous ceux que nous rencontrons, car nous sommes tous liés, nous nous devons à nos ancêtres et à nos descendants, car tous sont réunis en Dieu, et c'était tellement ma vision des choses que moi qui souvent me demande si je suis bien chrétienne, au fond, j'avais tout à coup la certitude de l'être; et cela d'autant plus que ce sermon semblait avoir été fait exprès pour moi qui venais de m'attendrir sur les uns et de me repentir d'être impatiente ou injuste avec les autres, et notemment avec l'amie parfois casse-pieds qui avait si bien ressenti mon livre.
Une telle harmonie intérieure ressentie me fait échafauder un départ imminent de cet occident décadent vers des valeurs essentielles qui se perdent inéluctablement !
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