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jeudi 8 février 2024

Neige

 


En face de moi, un paysage d’hiver idyllique, tout est blanc, tout scintille sous la lumière et un ciel bleu laiteux. Mon jardin n’est plus que congères sculptées par le vent où serpentent les sentiers que je dégage à la pelle. Il fait à nouveau très froid, sans doute pour la dernière fois, cet hiver. C'est un bel hiver russe.
En face, se poursuit le saccage de la maison de l’oncle Kolia. Le gars, qui est dans le bâtiment, fait une verrue sur pilotis au ras de la jolie façade, s’il l’avait reculée de deux mètres, pour laisser un perron couvert, et faire la nouvelle maison sur l’arrière, l’impression serait toute différente, mais pas le moindre goût, évidemment, à quoi pouvais-je m’attendre, quand un « architecte moscovite célèbre » écrase tout le pays avec un OVNI en verre lourdingue qui ne tient aucun compte de son environnement ? Heureusement, je me rends compte  que ce désastre ne sera pas trop visible. De la terrasse et de ma fenêtre on ne voit déjà presque rien, même en hiver, quand le thuya et le genévrier auront pris encore un peu de hauteur et de volume, je pense que la pauvre isba disparaîtra presque complètement. Elle ne me réjouira plus la vue, mais ne la gâchera pas non plus. En revanche, j’entendrai sûrement la radio... 

Les bénévoles de «Tom Sawyer Feast », qui chaque année repeignent une maison traditionnelle pour sauver de Pereslavl ce qui peut l’être encore discutent de leur prochaine saison. «Quel intérêt de repeindre des ruines ? » demande un jeune type, dont la page ne montre que des motos, des bagnoles, et un intérieur dont la fantasmagorique laideur me conduirait en deux jours à la folie furieuse. J’ai répondu : « L’intérêt, c’est que vos maisons contemporaines étant généralement affreuses, sans style, sans proportions, sans goût, il faut sauver des modèles de maisons normales pour les générations futures, et même pour notre équilibre et notre développement intérieur. Sans compter qu’on n’attire pas les touristes en transformant une vieille ville pittoresque en favella chaotique. »                          

Les paysans semblent durcir le mouvement autour du parlement de Bruxelles, et je crains que l’on en commence à leur tirer dessus. Je ne sais pas s’ils ont complètement intégré qu’ils ont affaire à une mafia sans aucun principe, sans aucune empathie, sans aucun honneur, sans aucune parole, sans foi ni loi, ni patrie? Parce que tant que tout le monde ou presque ne l’aura pas compris, tous ces mouvements n’auront pas de résultat, sinon celui d’aggraver le flicage et la répression.

Parallèlement, dans le trou noir bleu et jaune, des justiciers ont tabassé l’admirable métropolite Longin, homme de foi et d’amour, qui a élevé des centaines d’orphelins avec une affection qu’ils lui rendent bien. En ces temps où Satan est déchaîné, toute la détestation de ses valets se concentre évidemment sur ce genre de personnes. Le métropolite, dont la santé est très ébranlée, a échappé de peu à la mort. Et que disent les suppôts ahuris d’un des principaux responsables de cette persécution, le patriarche de Constantinople ? « Le métropolite s’est poché les deux yeux en tombant de lui-même ».

https://orthodoxologie.blogspot.com/2024/02/la-police-enquete-sur-le-passage-tabac.html

Bon, ils n’ont quand même pas dit « très bien, très bien », comme dans le psaume, mais je ne sais pas si c’est mieux, au fond. C’est juste faux-cul.




Et ils ont coupé le bouleau, pour qu'on voie mieux cette tristesse...

 Sur VK, une jeune ethnographe a posté quelque chose sur le costume russe paysan et les différences entre la représentation qu'on en donnait et en donne encore au cinéma: marronnasse, grisâtre, misérable. tous ceux qui s'intéressent comme elle à la question, savent qu'il n'en était rien, que le costume et l'intérieur des paysans étaient pleins de couleurs et de poésie. Mais en France aussi, si l'on représente le Moyen Age et le monde paysan, on va habiller les gens de guenilles sinistres. C'est la raison pour laquelle, bien dressés, des tas de gens comme le jeune homme dont j'ai parlé plus haut, détestent tout ce qui peut rappeler un passé pourtant beaucoup plus attractif et intéressant que leur présent, authentiquement banal et affreux, lui. C'est un exploit du diable d'avoir pu faire préférer sa camelote hideuse à ce qui était harmonieux et vrai. Et le "merveilleux nouveau monde" est à son image.

https://vk.com/wall-211619279_8977 

 

4 commentaires:

  1. "Sans compter qu’on n’attire pas les touristes en transformant une vieille ville pittoresque en favella chaotique" : c'est hélas faux Laurence. Les crétins visitent en groupe les favelas à Rio. 15 euros... Et Léon Bloy : "Par nature le Bourgeois est haïsseur et destructeur de paradis. Quand
    il aperçoit un beau Domaine, son rêve est de couper les grands arbres,
    de tarir les sources, de tracer des rues, d’instaurer des boutiques et des
    urinoirs. Il appelle ça monter une affaire." Exégèse, CI.
    https://www.bibebook.com/files/ebook/libre/V2/bloy_leon_-_exegese_des_lieux_communs.pdf

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    1. Oui, ce n'est pas faux, cela dit, on ne vient pas dans une vieille ville russe pour voir une favella brésilienne, et ma soeur m'avait dit, en découvrant Pereslavl, qu'elle s'attendait à un endroit typiquement russe et voyait une bourgade américaine en plastique. Après, on avait vu quelques coins préservés et surtout, des villes que l'on n'a pas encore défigurées, comme Souzdal et Rostov. En effet, l'imbécile hait la beauté. Ma soeur voyait dans le jardin voisin quatre chênes plantés sous Louis XIV, la première chose qu'a faite le nouveau propriétaire a été de les couper. Ici, pareil. Le type qui défigure l'isba d'en face s'est dépêché de couper le bouleau qui aurait pu masquer le saccage au moins l'été.Plus loin, des gens ont construit une grosse cliche et coupé le superbe tilleul qui poussait au bord de la rue. Je ne me ferai jamais à cette bêtise épaisse qui fait tant de mal.

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    2. Bonjour Laurence, bonjour Nicolas. Ici à Minsk où je vis, c'est pareil. Les rares et dernières maisons en bois sont l'une après l'autre menacées de démolition, seront remplacées par des tours. Les stalinkas à deux étages, c'est pareil. Elles sont à vendre, mais "à tes risques". Expropriation ... on te donnera un appartement à la place, dans une tour de 20 étages. J'ai fini par abandonner l'idée d'acheter. Je viens en Russie d'ici un mois ... sans beaucoup d'illusion. Gilles.

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    3. Bonsoir Gilles. Je crois que pour avoir la paix, il faut, quand on est jeune, aller récupérer avec des copains un village perdu et en faire un centre de vacances ou quelque chose comme cela. Je n'ai plus l'âge ni les forces. Mais il faut avoir le courage de renoncer à la civilisation, enfin à cette civilisation, et aller reconstruire une vie normale là où on ne viendra pas trop nous la gâcher. Ici, un businessman orthodoxe, Boris Akimov, administre un village où se regroupent des gens qui ne veulent pas de cette laideur. Mon roman Epitaphe parle de quelque chose de similaire, avec une fin mystique. Cela restera pour moi un rêve. Mais je fais de ma maison un petit ilôt de beauté dans ce désastre, et je dois dire qu'à Pereslavl, malgré l'opposition goguenarde et agressive des rhinocéros locaux, quelque chose se dessine dans le bon sens. On commence à restaurer des maisons, à en construire d'esthétiques, le maire et le gouverneur projettent de sauver ce qui subsiste.

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