Il y a une chose que les Russes considèrent comme sacrée, c'est le jour de l'anniversaire, peu importe l'âge de celui qui le fête, et même, j'ai vu continuer à le fêter de manière posthume. Xioucha a fêté le mien, avec son père, et des amis, de son côté et du mien.
Le père Valentin et le père Valéri ont parlé des remous occasionnés par la restitution à l'Eglise de la cathédrale saint Isaac, à Saint Pétersbourg. Les libéraux ont sauté sur l'occasion pour tenter une émeute, comme ils le font partout dans le monde, pourtant, quoi de plus normal que de restituer une église à l'Eglise, persécutée et spoliée au moment de la révolution? Un prêtre s'est fait incendier parce qu'il a osé dire qu'aujourd'hui comme alors, le même public est à l'oeuvre, ce qui est pourtant la stricte vérité.
Parallèlement, les communistes, ou ce qu'il en reste, agitent les gens dès que l'on veut construire une église dans Moscou: on prend le dixième d'un parc pour ce faire, et c'est la révolte, on vole les espaces verts et les terrains de jeux des enfants, mais quand c'est un casino ou autre établissement commercial qui fait la même chose en grand et en moche, l'émotion n'est pas si grande. A la faveur du centième anniversaire de la révolution d'octobre se manifeste un révisionnisme communiste qui voudrait blanchir la cause des innombrables cadavres innocents qu'elle a semés derrière elle, en particulier les néomartyrs de Russie. Son patriotisme est soviétique.
De sorte que les persécutions sont toujours une éventualité, d'autant plus que dans le reste du monde, elles se déchaînent contre les chrétiens avec une violence meurtrière ou sournoise.
Une jeune amie m'a ensuite montré une vidéo, une chanson intitulée "ce qui vote pour Poutine, c'est la maison de fous". Elle avait hésité à le poster sur ma page facebook pour mon anniversaire. C'est une jeune femme orthodoxe et charmante, et je l'ai regardée avec consternation: "Mais la maison de fous, la voilà, ce sont ceux qui chantent cette chanson et ce qu'ils représentent..." Elle a protesté que pour être un bon conservateur, il fallait d'abord avoir été révolutionnaire. Oui, en effet, on le dit, c'est un must, semble-t-il, je ne suis pourtant jamais passée par cette étape. Mais après avoir visionné le truc, eh bien, si j'en avais le droit, je voterais pour Poutine des deux mains, car j'ai rarement vu quelque chose d'aussi pitoyable, dégradant et sinistre, une agitation provocatrice de singes déboussolés qui voudraient ressembler aux nôtres, à qui se montrer complètement cons et déjà devenu une seconde nature.
Le lendemain, j'ai fêté à nouveau cet anniversaire dans le local de Skountsev à l'église saint Dmitri Donskoï, avec les petites dames orthodoxes qui apprennent auprès de lui le chant traditionnel. Les petites dames ont fait en mon absence des progrès impressionnants. Elles chantent avec hardiesse et enthousiasme comme si elles avaient appris cela dans leur enfance au village. C'est le miracle Skountsev.
Je me demande si nous chantions autrefois de cette manière, au moyen âge, chez nous, de tout notre être, si remontait à travers nous tout ce qui avait chanté avant nous, par les rivières, les champs et les forêts, depuis la nuit des temps. Le chant traditionnel russe, c'est l'âme du monde, l'âme collective des hommes.
Ces petites dames, qui ne m'avaient vue qu'une fois dans leur vie, m'ont accueillie comme une proche parente. Chacune d'elles m'avait apporté un gâteau. Nous en avons mangé deux, avec du thé, et l'on m'a chanté "longue vie", Skountsev m'a chanté une chanson d'anniversaire traditionnelle extraordinairement jolie. Il nous donne beaucoup de chants des cosaques Nekrasovtsi, partis en Roumanie, puis en Turquie, pour fuir les persécutions contre les vieux-croyants, et revenus en Russie dans les années 60. Leur folklore est antérieur au XVII° siècle, leurs chants religieux également. Et je retourne béatement aux sources de la sainte Russie intacte, vivace, innocente. J'y retrouve quelque chose que nous avions sans doute en commun avec elle et que nous avons complètement perdu. Quelque chose de précieux, d'indispensable, de vital, de pur et de régénérant.
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Kostia Soutiaguine m'a offert un tableau! |
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L'hortensia de Sacha Joukovski, je pourrai le replanter dans le jardin |
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Pétia, le petit garçon de Xioucha m'a offert son lapin, j'espère que ce n'était pas celui de sa soeur. |
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Les fleurs de Tania et Zakhar
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