En ce lendemain de la toussaint 2017, j'aimerais aussi honorer les morts sur la tombe desquels tant de gens vont encore cracher, au nom de leur idéologie indécrottable et de leurs illusions néfastes, comme le fait le libéralisme mondialiste et ses médias complices sur les victimes du Donbass. Je suis tombée sur un témoignage de plus, au fil des commentaires de Facebook, et ces témoignages, j'ai décidé de les rassembler petit à petit, ça et là, ceux de mes amis, ceux qu'on trouve au fil des articles, des livres, pas chez Soljenitsyne, mais un peu partout, j'en voyais même passer dans l'émission lacrymale "Жди меня", "attends-moi", où des gens venaient rechercher des parents disparus avec l'aide de la télé, et Dieu sait qu'en Russie, le réservoir était inépuisable, entre la révolution, les répressions et la guerre. La veille de mon départ, j'ai demandé à mon père Valentin ce qu'il pensait des remises en question des témoignages de Soljenitsyne lui-même, des calomnies dont on le couvrait: "C'est n'importe quoi, m'a-t-il répondu. Il avait raison."
Voici donc le témoignage d'enfants qui avaient trouvé asile en Tchéquie et racontaient leurs odyssées dans une rédaction, juste après la révolution:
Le 12 décembre 1923, dans toutes les classes du
lycée Russe fondé en Tchéquie, pour les enfants des soldats blancs et des
émigrés, fut proposé à ceux qui en faisaient partie le sujet « mes
souvenirs de l’année 17, avant mon entrée au lycée ». Le temps imparti pour ce travail était de 2
heures, raison pour laquelle il ne fut en majorité pas terminé… Chacun écrivit
ce qu’il voulait. Les participants étaient d’origines les plus diverses. Il y
avait parmi eux beaucoup de cosaques, surtout du Don, des natifs des capitales,
Kiev, Odessa, du Caucase, de Crimée, de Sibérie etc. Les autres sont arrivés plus tard, par tous
les moyens bons ou mauvais. Les auteurs ont de 6 à 22 ans.
Un tiers d’entre eux sont des fillettes – J’ai vite vu
comment on découpait les gens. Papa m’a dit : « Allons-nous en, Marc,
tu es trop petit pour voir ça ». - Notre vie a en quelque sorte tout de
suite basculé. et tout a dégringolé vers le bas. – Le sang russe a vite
commencé à couler, mes proches sont morts sans une plainte, sans malédictions
ni récriminations. – Je suis le seul de la famille à m’en être sorti. – C’est
comme ça que j’ai su que c’était la révolution. Dans une petite maison,
on avait jeté
une bombe. Je me suis précipitée là bas. Tout s’écroulait. Dans un coin gisait une femme. A côté d’elle son fils,
les jambes arrachées. J’ai tout de suite su ce qu’il fallait faire,
car j’aimais le scoutisme. J’ai envoyé mon petit frère chercher un cocher, j’ai
bandé les blessés, comme je pouvais…Le plus affreux dans la révolution, ce sont
les blessés. On ne leur donnait jamais rien à manger.
Il nous fallu, à nous les enfants, réunir de l’argent pour leur
acheter du pain. –Tout était devenu gratuit, et il n’y
avait rien. – Un commissaire est venu, il a frappé sa botte de sa cravache et
nous a dit : « Qu’il n’y ait plus trace de vous dans les trois
jours ». C’est comme ça que nous sommes partis de la maison. – On nous a chassés
sept fois de nos appartements. .- Nous avions beaucoup d’affaires, et nous devions
les transporter nous-mêmes. J’étais alors très petite, et je me suis réjouie,
quand les bolcheviques nous ont tout pris. – Nous vivions alors à la recherche
de pain…- Je vendais alors sur les marchés. On restait debout, les pieds gelés,
on avait faim jusqu’à la nausée, mais il n’y avait rien à faire. – Quand ma
deuxième sœur a aussi attrapé le typhus, je suis allé vendre des journaux. Il fallait
se nourrir. – On a fusillé notre père, tué notre frère, son gendre s’est tué
lui-même. – Mes deux frères sont morts. – On a tué ma mère, mon frère et ma
sœur. On a tué mon père et torturé ma
mère par la faim… On a emmené mon oncle, ensuite on l’a trouvé dans l’une des
fosses, il y en avait là bas beaucoup. – Mon père est mort du typhus, et nous
avons commencé à manger des patates pourries. – on a tué mon oncle, parce qu’il avait le même
nom, c’est ce qu’ils ont dit eux-mêmes. – J’ai compris ce qu’était la
révolution quand on a tué mon gentil papa. – Nous étions six, je suis resté
seul. – Papa a été fusillé parce que c’était un médecin. Papa est mort du typhus abdominal, on ne l’avait
pas admis à l’hôpital, et notre famille est tombée en perdition. – On a fusillé mon père, parce qu’il y avait près
de la ville paraît-il des troupes. – Chez nous, grand-père et grand-mère sont
morts de faim, et notre oncle est devenu fou. – Cette année, j’ai perdu mon
père et ma mère. – On a emmené quatre fois mon frère pour le fusiller, afin de
l’effrayer, il a fini par mourir d’une congestion cérébrale. – Nous nous sommes
nourris six mois avec des orties et des espèces de racines. – Chez nous, on
avait comme partout des « Ouvrez !» autoritaires, des perquisitions
pillardes, des maladies, la famine, les exécutions. – C’était très dur. Maman qui
était belle, brillante, toujours élégante était devenue toute petite et très
bonne. Je l’ai aimée encore plus. - J’ai
vu à 11 ans et des fusillades, et des pendaisons, une noyade et même un roué. –
Tous nos réalistes sont morts. Personne n’est revenu à la maison. Ils ont tué aussi mon frère. – Pendant ces
années, j’ai tellement pris l’habitude de la mort que maintenant, elle ne me
fait plus aucun effet. – Je suis allée à la prison, j’ai demandé qu’on n’égorge
pas papa, qu’on m’égorge plutôt moi. Ils m’ont chassé. – Le médecin venait, et
montrant maman, il demandait : « Elle n’est pas encore
morte ? » J’étais couché à côté et j’écoutais cela chaque jour, matin
et soir… - J’ai vu des montagnes de blessés qui ont agonisé trois jours sur la
glace. – Ils ont enfermé mon papa dans une cave pleine d’eau. On ne pouvait pas
y dormir, ils se tenaient tous debout. A ce moment-là, maman est morte, et bientôt
papa est mort aussi…- Ses parents se cachaient. La faim les obligea à envoyer
leur fils chercher du pain. Il fut reconnu et arrêté. Ils l’ont tourmenté toute
une semaine : ils lui coupaient la peau, lui cassaient des dents, lui
brûlaient les paupières avec des cigarettes, exigeant qu’il livre son père. Il a
tout supporté, n’a pas lâché un mot. On a retrouvé au bout d’un mois son
cadavre incroyablement défiguré. Tous les enfants de notre ville venaient le
voir. La Tchéka s’était installée dans la maison de mes parents. Quand on a
chassé les bolcheviques, j’ai parcouru les pièces méconnaissables de notre
maison natale. Je lisais les notes des fusillés, tracées à la dernière minute.
J’ai trouvé une mâchoire, arrachée à quelqu’un, la petite chaussete chaude d’un
nourrisson, une tresse de jeune fille, avec un morceau de viande. Le plus affreux
se trouva dans nos granges. Elles étaient toutes remplies jusqu’au toit de
cadavres torturés. Sur le mur de la cave, on avait griffé ces dernières
paroles : « Seigneur, pardonne… » - Le jour, on nous tuait, et à
la faveur de la nuit, on nous ensevelissait. Elle était la seule à nous
recevoir tous. S’en allaient les propres et les sales, les rouges et les
blancs, apaisant leurs cœurs jeunes mais trop vite vieillis. Leurs âmes s’en allaient
vers le trône du Seigneur. Il fera justice à tout le monde. – On se moquait de
moi disant que j’étais né sous le feu des mitraillettes. Elles tiraient, il est
vrai, chez nous presque chaque jour. – J’errais tout seul et je vis comment
dans un village, on avait mis une selle sur le dos d’un prêtre de 80 ans et on le chevauchait. Ensuite, on lui arracha
les yeux et pour finir, on le tua. – A la
fin, je tombai moi-même à la Tchéka. On y fusillait dix personnes par nuit.
Avec mon frère, nous savions que ce serait bientôt notre tour, et nous avons
décidé de nous enfuir. Nous avons convenu au sifflet de tous nous enfuir chacun
de notre côté. Nous n’avons pas eu longtemps à attendre. La nuit, on nous a
fait sortir et on nous a emmenés. Et nous faisions semblant de rien, nous
riions, plaisantions, nous quittâmes le chemin pour la forêt. Quelqu’un a
sifflé et nous nous sommes tous égayés. Quelqu’un a été blessé, nous les avons entendus
l’achever. Neuf s’en sont tirés. Il nous a fallu longtemps souffrir de la faim.
Je suis resté un mois entier dans une cave sombre…
(D’après le matériel du livre du professeur V.V.
Zenkovski « Souvenirs de 500 enfants russes » Prague 1924.)
A ceux qui justifient ces choses avec de mauvaises raisons, et notamment "la fin justifie les moyens" ou "on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs", "il ne faut pas désespérer Billancourt", "c'étaient de vilains koulaks ou de vilains popes", je répondrai par l'opinion de Dostoïevski, qui avait pressenti tout cela: le bonheur de l'humanité ne vaut pas une seule larme d'enfants. combien de larmes d'enfants ont-elles été versées à l'occasion? Et en fin de compte, pour quel bonheur?
12 декабря 1923 г. во всех классах Русской гимназии, созданной в Чехии, для детей белых воинов и эмигрантов, было предложено учащимся написать "Мои воспоминания с 1917 года до поступления в гимназию". Для исполнения этой работы было дано 2 часа, почему большинство её не закончило... Каждый писал, что хотел. По происхождению своему учащиеся оказались принадлежащими к самым разным слоям. Среди них очень много казаков, особенно донцов, есть уроженцы столиц, Киева, Одессы, Кавказа, Крыма, Сибири и т.п. Остальные всеми правдами и неправдами пробрались позже. Авторам от 6 до 22-х лет. Одна треть из них девочки.— Я скоро увидел, как рубят людей. Папа сказал мне: "Пойдем, Марк, ты слишком мал, чтобы это видеть". — Жизнь как-то сразу у нас покачнулась, и всё покатилось по наклонной плоскости... — Скоро начала литься русская кровь, мои близкие умирали без стона, без проклятий и жалоб. — Я уцелел только один из всей семьи.— Я так узнала революцию. В маленький домик бросили бомбу. Я побежала туда. Всё осыпалось. В углу лежала женщина. Рядом её сын с оторванными ногами. Я сразу сообразила, что нужно делать, т.к. увлекалась скаутизмом. Я послала маленького брата за извозчиком, перевязала раненых, как могла... Самое ужасное в революции — раненые. Их никогда не кормили. Приходилось нам, детям, собирать им деньги на хлеб.— Всё стало бесплатно и ничего не было. — Пришел комиссар, хлопнул себя плеткой по сапогу, и сказал: "Чтобы вас не было в три дня". Так у нас и не стало дома. — А нас семь раз выгоняли из квартир. — У нас было очень много вещей, и их нужно было переносить самим. Я была тогда очень маленькой и обрадовалась, когда большевики всё отобрали... — Жили мы тогда в поисках хлеба... — Торговал я тогда на базаре. Стоишь, ноги замёрзли, есть хочется до тошноты, но делать нечего. — Когда и вторая сестра заболела тифом, пошел я продавать газеты. Нужно было кормиться...— Нашего отца расстреляли, брата убили, зять сам застрелился. — Оба брата мои погибли. — Мать, брата и сестру убили. — Отца убили, мать замучили голодом... Дядю увели, потом нашли в одной из ям, их там было много. — Умер папа от тифа, и стали мы есть гнилую картошку. — Моего дядю убили, как однофамильца, сами так и сказали.— Я поняла, что такое революция, когда убили моего милого папу. — Было нас семь человек, а остался я один. — Папа был расстрелян за то, что он был доктор. — Умер папа от брюшного тифа, в больницу не пустили, и стала наша семья пропадать. — Отца расстреляли, потому что были близко от города какие-то войска. — У нас дедушка и бабушка умерли от голода, а дядя сошел с ума. — За этот год я потерял отца и мать...— Брата четыре раза водили на расстрел попугать, а он и умер от воспаления мозга... — Мы полгода питались крапивой и какими-то кореньями. — У нас было, как и всюду, повелительное: "Открой!", грабительские обыски, болезни, голод, расстрелы. — Было очень тяжело. Мама из красивой, блестящей, всегда нарядной, сделалась очень маленькой и очень доброй. Я полюбил её ещё больше.— Видел я в 11 лет и расстрелы, и повешения, утопление и даже колесование. — Все наши реалисты погибли. Домой не вернулся никто. Убили и моего брата... — За эти годы я так привык к смерти, что теперь она не производит на меня никакого впечатления. — Я ходил в тюрьму, просил не резать папу, а зарезать меня. Они меня прогнали. — Приходил доктор, и, указывая на мою маму, спрашивал: "Ещё не умерла?" Я лежал рядом и слушал это каждый день, утром и вечером...
— Я видел горы раненых, три дня умиравших на льду. — Моего папу посадили в подвал с водой. Спать там было нельзя. Все стояли на ногах. В это время умерла мама, а вскоре и папа умер...— Его родители скрывались. Голод заставил послать сына за хлебом. Он был узнан и арестован. Его мучили неделю: резали кожу, выбивали зубы, жгли веки папиросами, требуя выдать отца. Он выдержал всё, не проронив ни слова. Через месяц был найден его невероятно обезображенный труп. Все дети нашего города ходили смотреть.Чека помещалось в доме моих родителей. Когда большевиков прогнали, я обошла неузнаваемые комнаты моего родного дома. Я читала надписи раcстрелянных, сделанные в последние минуты. Нашла вырванную у кого-то челюсть, теплый чулочек грудного ребенка, девичью косу с куском мяса. Самое страшное оказалось в наших сараях. Все они доверху были набиты растерзанными трупами. На стене погреба кто-то выцарапал последние слова: "Господи, прости..." — Днём нас убивали, а под покровом ночи предавали земле. Только она принимала всех. Уходили и чистые и грязные, и белые, и красные, успокаивая навсегда свои молодые, но рано состарившиеся сердца. Души их шли к Престолу Господнему. Он всех рассудит..— Надо мной смеялись, что я вырос под пулемётным огнем. Стреляли, по правде, у нас почти каждый день. — Я бродил один и видел, как в одном селе на 80-тилетнего священника надели седло и катались на нём. Затем ему выкололи глаза и, наконец, убили. — Наконец я и сам попал в Чека. Расстреливали у нас ночью по 10 человек. Мы с братом знали, что скоро и наша очередь, и решили бежать. Условились по свистку рассыпаться в разные стороны. Ждать пришлось недолго. Ночью вывели и повели. Мы ничего, смеёмся, шутим, свернули с дороги в лес. Мы и виду не подаём. Велели остановиться. Кто-то свистнул, и мы все разбежались. Одного ранили, и мы слышали, как добивают. Девять спаслось. Голодать пришлось долго. Я целый месяц просидел в тёмном подвале...
(Использованы материалы книги профессора В.В. Зеньковского, "Воспоминания 500 русских детей",Прага , 1924 год.)-На заставке жертвы Сибирского ЧК(Иркутск.)