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mardi 24 octobre 2017

Locataire

Nadia la chevrière
Rosie a retrouvé sa copine Nadia avec ses chèvres et sa brebis. Elle est avec elles pleine d'une déférence à laquelle je n'ai pas droit. Nadia, malgré le temps, sort son troupeau autant qu'elle le peut, car ce petit monde a pour elle le statut d'animaux de compagnie et elle a pitié de leur ennui hivernal qui va commencer.
Rosie s'est calmée depuis sa stérilisation et son accident. Elle vit essentiellement dehors, car je crois qu'elle a trop chaud et déteste être enfermée. Elle garde la maison, salue ceux qu'elle aime bien, elle mène sa vie.
C'était aujourd'hui l'anniversaire de Lika, la femme de Gilles, au café. Didier avait fait un fraisier, dans la précipitation, car on l'avait prévenu trop tard, et Maxime ne lui a livré les fraises qu'à une heure de l'après-midi, pour cause d'embouteillages à la sortie de Moscou. Didier râlait donc avec une énergie particulière.
Malgré ses invectives colorées, il est juste, et malgré ses déclarations fracassantes, il prend pas mal de choses en considération. Il n'aime pas qu'on se fiche de lui, et qu'on ne reconnaisse pas ses torts, mais de son côté, il reconnait les mérites quand ils existent.
Au café, je me suis retrouvée avec Didier, Gilles et Maxime, en train de discuter avec lyrisme, comme tous les Français, de bouffe, de restaurants, de vins et de pâtisseries. Maxime nous racontait que d'un certain restaurant françaisde Moscou, il était ressorti en tremblant de tout son corps, tellement le repas qu'il y avait fait avec sa femme était délicieux. Il avait même photographié les plats et nous les montrait avec émotion! En face, Didier me rappelait Gabin dans le Tatoué, par ses descriptions de plats régionaux, et j'avais l'impression de m'être déplacée dans l'espace, en France, et dans le temps, les années 60...
La dame qui s'occupe du café, une intellectuelle encore jolie prénommée Alla, était en recherche d'un appartement, car elle est de Moscou, et n'a ici qu'une datcha d'été devenue glaciale et  inhabitable. Après l'avoir mise en relation avec Kostia, je lui ai proposé d'habiter chez moi en mon absence avec les chats, puisque je dois bientôt repartir pour un coup de visa. Mis au courant, le gentil Maxime m'a dit: "Oh, je suis convaincu qu'il faut toujours aider les autres, j'agirais sans doute comme toi, mais tu fais sûrement une connerie..."Alla est venue voir les lieux et m'a déclaré que la maison lui convenait parfaitement, qu'elle me verserait un loyer et y resterait jusqu'au printemps, quand sa datcha serait de nouveau habitable. J'étais un peu prise au dépourvu. Je lui ai objecté que je recevais parfois des gens, que je planifiais d'héberger mes trois joueurs de gousli: "Pas de problèmes, il y a la place, j'adore le folklore. Vous pourrez partir sans vous soucier de vos animaux, et moi je suis tranquille jusqu'au printemps... Pourquoi ne pas rentabiliser votre moitié de maison?"
Bon. Eh bien me voici avec une locataire... en réalité, c'est vrai que pouvoir laisser mes animaux m'arrange bien, je finirai le coin cuisine salle de bains pour qu'Alla ait son indépendance, et elle n'est là que pour les mois d'hiver...

Le fraisier





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