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dimanche 18 novembre 2018

Le métropolite et Babylone



De nos jours, il faut savoir penser global, en stéréoscopie, sortir de sa cour d’immeuble et de ses histoires de paroisses. Tout se complète en un puzzle général dont émerge un dessin vraiment pas engageant, mais il est, à mon avis, indispensable de le regarder en face, et non de remâcher des situations et des rancoeurs largement dépassées, d’agiter de vieilles momies idéologiques les unes contre les autres, alors que le mal qui les utilisait a pris une autre forme, mais reste dans la continuité.
J’ai traduit il y a quelques jours un article russe sur le « patriarche » Philarète, qui n’a pas été publié dans son entier, faute de sources en béton armé pour étayer certaines assertions du journaliste.
Il m’a beaucoup appris, et j’ai réalisé pourquoi resurgissait tout un folklore néonazi en Ukraine : tout cela restait à rancir en conserve dans les diasporas de partisans de Bandera aux USA et au Canada, qui n’avaient pas, dans leur esprit, fini la guerre, et se sont jetées sur le cadavre de l’URSS pour essayer d’en croquer leur morceau. Donc tout est ressorti comme dans le temps, les croix gammées, les défilés aux flambeaux, l’embrigadement des gosses, les brutalités envers les opposants, avec la bénédiction d’une mafia internationale en symbiose avec la CIA et le Mossad. Silence radio sur tout ceci dans les médias occidentaux. Silence que j’avais pu observer auparavant avec les pays baltes, où l’on peut impunément élever des monuments à la Waffen SS sans que personne à l’ouest ne pousse les cris d’orfraie de rigueur. Et dans la foulée, renaissance en face, et en fonction de cela, d'un certain néostalinisme, tout cela est très pervers.
Ces infiltrations américano-banderistes ont rencontré sur place des apparatchiks minables et  pourris que « l’indépendance » de l’Ukraine bombardait soudain roitelets, et un individu nommé Philarète qui rappelle le grand vizir Iznogoud, en moins drôle. Philarète a fait toute sa carrière ecclésiastique en mouchardant pour le KGB. C’était, à l’instar des roitelets des pays de l’ex URSS et des oligarques à multiples passeports, un pur produit du régime. Il a failli devenir patriarche de Moscou, mais on a élu Alexis II à sa  place et c’est là qu’ulcéré, il a décidé de devenir « patriarche » de l’Ukraine. Il a commencé à intriguer de tous les côtés pour créer le « patriarcat de Kiev ». Il faut savoir que l’autocéphalie avait été envisagée sous Alexis II et refusée par les hiérarques ukrainiens qui craignaient comme la peste d’être soumis à un individu comme Philarète et de retomber aussi dans des situations historiques du passé, où intriguaient sur leur dos à la fois Constantinople et les uniates.

Voici un article que je donne en entier et qui recoupe ce que je viens de dire :

 Le chef du service de presse du métropolite de Kiev Onuphre, l’archevêque de Nejinsk et de Priloutsk Clément, répondant aux questions du site grec orthodoxia.info, considère impossible sa participation, comme celle de tous les membres de l’Église orthodoxe d’Ukraine canonique au Concile de réunification des évêques ukrainiens en raison des blessures qui ont été ouvertes par le schisme qui dure depuis 30 ans et dont la faute revient au métropolite Philarète, ces blessures restant non guéries jusqu’à présent. L’archevêque Clément accuse Philarète pour son passé d’agent du KGB et pour sa vie personnelle immorale, étant le père de trois enfants illégitimes. Dans son interview, l’archevêque Clément affirme qu’il n’y a pas eu de correspondance officielle (de l’Église canonique d’Ukraine) avec le Phanar, outre le communiqué incompréhensible – selon ses termes- et quelques interviews fragmentaires et déclarations des évêques du Patriarcat œcuménique.

Orthodoxia : Le métropolite Onuphre, à de multiples reprises, s’est prononcé publiquement contre l’autocéphalie. Or, il avait signé dans le passé la demande d’autocéphalie à l’Église russe [au patriarche Alexis II, ndt]. Qu’est-ce qui a influencé son changement de position ?

L’archevêque Clément : La demande d’autocéphalie a été formulée par les évêques ukrainiens avant 1991, avant le schisme provoqué par Philarète. Plus tard, lorsque celui-ci a procédé ouvertement à ses actions destructrices dans l’Église afin de réaliser ses ambitions, Mgr Onuphre, et avec lui encore deux autres évêques, ont révoqué leur signature figurant sous la demande d’autocéphalie. Comme on le sait, le jour suivant, Philarète a déplacé les trois évêques de leurs cathèdres épiscopales. Il serait difficile d’imaginer comment l’histoire ecclésiastique se serait développée si, à ce moment, des milliers de fidèles du diocèse de Mgr Onuphre n’avaient pas engagé une protestation active contre les actions de Philarète [voir ici l– les protestations des fidèles lorsque le jeune évêque Onuphre annonce sa mutation, ndt]. Les autorités ecclésiastiques se sont trouvées impuissantes devant la position des laïcs. Les laïcs n’ont pas laissé entrer le nouvel évêque venu remplacer Mgr Onuphre dans le bâtiment de la chancellerie ecclésiastique. La situation commença à inquiéter les autorités de l’État, qui ne s’attendaient pas à de telles protestations populaires aussi importantes. Un grand nombre d’appels émanant des paroisses et des monastères ont été envoyés au patriarche de Moscou, lui demandant de les recevoir avec un statut stavropégique, si la terreur de Philarète ne cesse pas. La même situation se produisit aussi dans le diocèse d’un autre évêque, qui avec Mgr Onuphre, a révoqué sa signature de la demande d’autocéphalie et qui reçut un oukaze le déplaçant de sa cathèdre épiscopale. C’est précisément après cela que Philarète fut convoqué par l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe russe pour expliquer tout ce qui s’était produit. Tout ce qu’a fait Philarète après cela, était en contradiction complète avec les canons de l’Église. Mais cela n’est qu’une partie du problème. Avec le soutien du président Kravtchouk, « l’Église » nouvellement créée par Philarète a commencé partout à s’emparer des églises par la violence, en chassant les fidèles de l’Église canonique. Au début des années 1990, après l’effondrement de l’Union soviétique, c’est par de telles méthodes qu’ont été réglées de nombreuses questions dans le domaine des affaires. Ce climat d’agression a contribué à un stéréotype persistant dans le milieu ecclésial de l’Ukraine : l’autocéphalie est la violation des canons à l’aide des politiciens nationalistes et de la force brutale. En outre, les politiciens qui poussaient au schisme autocéphaliste, n’ont reçu du soutien que dans des petites régions occidentales de l’Ukraine, tandis que dans la grande partie du pays, leur radicalisme a provoqué le rejet de la société. Ils ont discrédité le terme même d’autocéphalie. Pour cette raison, la majorité écrasante des fidèles et aucun monastère, aucun séminaire, ne sont passés au schisme. Ils ont refusé catégoriquement l’idée de l’autocéphalie ecclésiale sur la base politique. Après tout cela, non seulement Mgr Onuphre, mais aussi absolument tout l’épiscopat de l’Église orthodoxe d’Ukraine s’est prononcé contre l’autocéphalie que l’on voulait leur imposer et dont le chef devait être à tout prix Philarète. Philarète lui-même et le gouvernement qui le soutient n’ont simplement pas examiné d’autres perspectives et sont entré dans un conflit ouvert et violent avec la société.

– Selon la déclaration du patriarche œcuménique Bartholomée, sa décision d’octroi de l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine ne sera pas annulée. Qu’est-ce que vous, les évêques, les prêtres et laïcs de votre Église, avez l’intention de faire, lorsqu’enfin sera proclamé le Tomos ?

– Aujourd’hui, la situation est comme suit. Notre Église a vécu pendant des siècles dans une situation canonique compréhensible pour le monde orthodoxe entier. Les évêques de toutes les Églises locales célébraient les offices, dans l’amour et la concorde, avec notre primat. Le patriarche Bartholomée, par le métropolite de France Emmanuel, transmit ses félicitations personnelles à S.B. le métropolite Onuphre à l’occasion de son élection au rang de métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine. Et voici qu’un matin, des millions de fidèles de l’Église orthodoxe d’Ukraine se sont réveillés et ont appris avec étonnement qu’on avait supprimé leur Église. C’est une sorte de surréalisme. En outre, nous apprenons que notre Église est supprimée par la révocation d’un document établi il y a 300 ans ! Nous avons essayé de poser cette question au patriarche Bartholomée : sur quel fondement a-t-il fait cette déclaration ? Sa réponse a été d’ignorer complètement la position de l’une des plus grandes Églises locales du monde. Il communique avec le président, avec le chef – non orthodoxe [uniate, ndt] – du parlement. Il communique avec les schismatiques. Mais de ce patriarche, le troupeau de millions de fidèles de l’Église canonique n’a pas entendu une seule parole de soutien. Et ce malgré l’endurance que cette Église a témoignée pendant des décennies dans les épreuves du schisme et les persécutions dans l’État. Récemment, l’archevêque constantinopolitain Job Guetcha, dans une interview à la BBC, a choqué les fidèles ukrainiens par la perspective « emplie d’amour paternel » d’attendre tranquillement les directives du patriarche Bartholomée, qu’il annoncera au plérôme de notre Église, lorsqu’il le considérera nécessaire. Nous nous efforçons de savoir sur la base de quels canons le patriarche Bartholomée s’immisce dans la vie d’une autre Église autocéphale, nous lui demandons de convoquer une conférence panorthodoxe pour discuter de la situation qu’il a créée. En réponse : pas la moindre explication de qui que ce soit parmi les personnalités officielles de Constantinople. Tout ce que nous avons est simplement la déclaration selon laquelle le patriarche Bartholomée dispose pour cela d’un privilège. C’est position est absolument contre-productive. D’autant plus que si l’on tient compte de la situation politique en Ukraine, les actes du patriarche Bartholomée font naître le doute qu’il s’est rangé aux côtés des puissants de ce monde. Cette position du patriarcat de Constantinople le place en dehors du champ canonique et des principes de la vie ecclésiale acceptés dans tout le monde orthodoxe. Aujourd’hui, pratiquement toutes les Églises locales voient dans le patriarcat de Constantinople une menace potentielle d’agression spontanée de revendications sur leur territoire canonique sans explication et discussion fraternelle. Jusqu’à maintenant, notre Église n’a pas reçu de Constantinople des explications officielles détaillées, aussi toutes les décisions du Patriarcat de Constantinople au sujet de l’Ukraine sont absolument nulles canoniquement. Bien plus, cela ne signifie pas seulement pas leur caractère illégitime, mais la responsabilité canonique relativement à la transgression de la discipline ecclésiale par ces évêques du Phanar qui sont mêlés à cette affaire. Pour ce qui concerne notre Église orthodoxe d’Ukraine, dans tous ses diocèses retentit la volonté des prêtres et fidèles à ne pas céder aux provocations et à vivre comme ils ont vécu pendant des siècles jusqu’à maintenant.

– Le Patriarcat œcuménique a-t-il essayé de vous informer ? Par écrit ou par son représentant ? Le Phanar vous a-t-il officiellement informé de la décision du Saint-Synode concernant votre Église ?

– Aucune tentative semblable ne m’est connue. Encore avant la prise de ces étranges décisions d’annexion du territoire ecclésial de notre Église par le patriarcat de Constantinople, sont venus deux évêques, qui se sont appelés exarques du patriarche Bartholomée. Ni eux, ni leur patriarche n’ont accordé préalablement leur visite et leur mission avec l’évêque canonique de Kiev. Ils n’ont même pas présenté la moindre explication officielle, comme le veut la procédure ecclésiale habituelle, concernant le fondement de tels actes canoniquement douteux. Comme cela était normal, l’Église a protesté contre leur visite. Par la suite, tout ce qui a été connu des plans du Phanar en Ukraine était le texte succinct d’un communiqué qui est rédigé de telle façon que personne n’a compris l’essence des décisions mêmes du Synode, des extraits des phrases du sermon dominical du patriarche et des interviews peu nombreuses de certains évêques qui au demeurant n’occupe aucune position-clef au Patriarcat de Constantinople.

– Sous quelles conditions pourriez-vous accepter de participer à un Concile de réunification ?

– C’est absolument impossible. Les « Pères » de ce soi-disant concile, comme on le prévoit, seront des schismatiques, des gens qui se nomment eux-mêmes prêtres et évêques. Il est curieux que le patriarche Bartholomée lui-même, tout en ayant annoncé la levée la sanction pesant sur Philarète, n’a pas concélébré avec lui jusqu’à présent autour du Calice eucharistique. Alors, comment l’Église canonique d’Ukraine peut-elle s’unir avec lui ? Cette Église qu’il a pendant presque trente ans persécutée à l’aide des politiciens, cette Église dont il a calomnié l’épiscopat, dont il a béni la saisie de ses lieux de culte et les voies de fait contre ses fidèles, ce dont il y a des témoignages innombrables. Je ne parlerais même pas de sa collaboration avec le KGB, en raison duquel de nombreux prêtres se sont retrouvés en prison, je ne mentionnerais pas sa relation honteuse – connue dans tout le pays – avec une femme, dont il a eu trois enfants.

– De quelle façon, d’après vous, peut-on parvenir à une désescalade dans la tension?

– Notre Église prie quotidiennement avec larmes afin que cette tension cesse. Malheureusement, aujourd’hui, le Phanar est un mur aveugle derrière lequel ne sont pas entendues les voix de millions de fidèles de notre Église. La cause du schisme ecclésial en Ukraine qui est survenu il y a presque trente ans est l’ambition personnelle de Philarète qui n’a pas réussi à devenir patriarche de Moscou. La cause de tous les problèmes actuels, ce sont les ambitions personnelles du patriarche Bartholomée. Toutes ses déclarations selon lesquelles il se préoccupe des fidèles ukrainiens, c’est de l’hypocrisie. Il se dissimule, ne parle pas en face avec eux et s’entend avec des politiciens douteux, dont la popularité, dans la société ukrainienne, selon les données des sondages, est insignifiante. Le patriarche Bartholomée explique toutes ses actions en disant qu’il est le premier dans l’Église orthodoxe. Je suis certain que la clef de la résolution du problème créé par lui serait rapidement trouvée, si ce patriarche se souvenait que Byzance n’existe plus depuis 500 ans. L’Église vit de l’Évangile, et non pas des « privilèges » d’un empire qui n’existe pas. Le Seigneur dans l’Évangile a dit ce qui est compréhensible pour tous : celui qui s’appelle premier, doit être le dernier. Que puis-je ajouter à cela ? Et si quelqu’un ose s’appeler premier, le Seigneur a montré à de telle personnes par Son exemple ce que cela signifie. Être premier, ce n’est pas envoyer des directives pour soumettre à soi, comme l’interprètent les évêques constantinopolitains, mais servir tous les autres, leur laver les pieds et être crucifié pour eux. Si le Phanar ne détruit pas ce mur aveugle et continue à ignorer le dialogue panorthodoxe pour ce qui concerne la question ukrainienne, il risque alors non seulement de ne pas entendre la voix des fidèles ukrainiens, mais aussi celle du Christ Lui-même.

Parallèlement, se déchaînent les persécutions contre les orthodoxes sur place. Les hiérarques ukrainiens restent massivement fidèles à leur pasteur remarquable, le métropolite Onuphre, et leurs fidèles avec eux. Donc, on leur prend de force leurs églises, en tabassant les paroissiens et les prêtres, on cherche à les intimider, on convoque un par un les évêques réfractaires au SBU, le KGB ukrainien. On agite la carotte et le bâton. On engage dans la presse des campagnes de calomnies. C’est que les commanditaires qui sont derrière de lamentables pantins sanglants comme Philarète et Porochenko commencent à s’impatienter. Il faut absolument parachever l’œuvre de création d’un pays-golem, d’un pays artificiel, bricolé avec des régions aux aspirations opposées, déjà par les soviétiques, puis entériné par les occidentaux, pour nuire à la Russie et détruire l’orthodoxie locale, essentiel ciment culturel et historique, et par la même occasion, l’affaiblir au niveau mondial. Ce pays-golem, c’est le projet pour tout le monde. Pour la Russie, qu’il faut briser en une infinité de petits territoires livrés aux appétits mondialistes, et pour l’Europe, qui ne doit plus être constituée de peuples et de pays homogènes mais devenir un territoire administratif occupable et exploitable par n’importe qui. Pour cela, il faut casser la spiritualité des gens, leurs valeurs morales, et faire disparaître leur mémoire en falsifiant leur histoire, détruire leurs cultures et leurs particularismes. Le massacre de la population résistante du Donbass, dont le sol et le sous-sol ont déjà été vendus par leurs satrapes de Kiev à des firmes américaines transnationales, entre dans ce programme. La fuite en Russie de millions d’Ukrainiens également. «Filez en Russie, les orthodoxes » ! proclame Porochenko à des millions de gens qui sont là depuis des siècles, alors que lui-même  n’a ni patrie, ni foi, ni loi. https://russian-faith.com/orthodox-church-should-flee-country-says-ukrainian-president-n1847

Et dernièrement, comme par hasard, on «incite les Ukrainiens à comprendre que leur pays aura besoin d’une immigration extra-européenne », le schéma est clair ? Il vous rappelle quelque chose ? Ou pas ? (https://zik.ua/ru/news/2018/11/15/ukrayna_dolzhna_pryvikat_k_poyavlenyyu_rabochyh_yz_tsentralnoy_azyy_y_afryky__1449171)

C’est sur ce fond que le patriarche Bartholomée intervient, en imposant une autocéphalie dont à part une poignée de brutes débiles et de coquins, pas grand monde ne veut, et que l’évêque Job s’immisce avec des discours arrogants et tordus.
Cependant, le métropolite Onuphre est l’homme de la situation, l’homme placé par Dieu dans ces circonstances difficiles et ce pays livré aux vautours. Et cela apparaît de plus en plus évident aux gens que n’agite pas une haine irrationnelle de la Russie ou qui ne sont pas restés, comme les diasporas banderistes, figés dans les schémas de la guerre de 40. Des amis Français orthodoxes venus me rendre visite m’ont fait l’observation suivante : « On voit que ce pays a subi une catastrophe sociale d’une ampleur inimaginable dont il n’est pas vraiment relevé, et il nous apparaît plus que jamais à quel point il est mensonger et ridicule de le présenter comme un envahisseur potentiel ne rêvant que de conquêtes : il n’en a pas les moyens. » Je le sais depuis les années 90, mais c’est si évident à toute personne de bon sens qu’ils l’ont vu en une semaine !
Ce pays se défendra sans doute si on l’attaque, il a encore de quoi le faire, et il a gagné du temps par des reculades incessantes pour restaurer son armement, mais il n’a aucune envie d’attaquer et n’a même pas pu se porter au secours des populations du Donbass, systématiquement massacrées par Kiev.
A l’intérieur de l’Ukraine, on observe cependant un phénomène rassurant  décrit par cet article :

En luttant contre l’EOU, Porochenko ne fait que la rendre plus forte.

  Grâce aux persécutions de Porochenko, l’EOU peut devenir un phénomène socio-politique très influent, pense un expert.
Le président de l’Urkaine Piotr Porochenko, par ses actions, a attiré l’attention de la société sur l’EOU et mit en route un processus de croissance de son autorité chez les Ukrainiens, d’après les paroles, rapportées par Perchi Kozatski (https://youtu.be/Vj-HeZDjv2E)  du directeur de l’Agence des communications sociales, le politologue Sergueï Belachko.
Jusqu’à l’ingérence de Porochenko dans les affaires religieuses de l’Ukraine, l’Eglise Orthodoxe n’était pas publique, peu de gens étaient au courant des qualités personnelles de ses clercs et la société considérait l’EOU comme « rétrograde », a déclaré le politologue. 
D’après lui, les discussions autour de l’autocéphalie ont permis de voir que l’EOU est une partie vivante de la société.
Nous voyons comment se sont engouffrés à toute vitesse dans l’espace public des hiérarques qui ont des choses à dire », a remarqué l’expert.
Belachko a pris pour exemple le métropolite de Zaporojie et de Meditopolsk Luc (Kovalenko), qui a une brillant diplôme de médecin, le sens de l’humour et du courage. Jusqu’aux événements autour du Tomos, on en connaissait le métropolite Luc que dans l’éparchie de Zaporojie et maintenant on parle de lui jusqu’à l’extérieur de l’Ukraine, souligne le directeur des communications sociales. Il a ajouté que la société a aussi remarqué les talents de l’archevêque de Nejin et de Prilouk Clément et d’autres hiérarques de l’EOU.
« Tous ces processus peuvent arriver à ce que nous ayons d’ici 2, 3, 4 ans une réalité religieuse sensiblement différente. La religion deviendra un phénomène socialo-politique important ».
L’expert a supposé que maintenant, le peuple ukrainien va écouter sa Béatitude le métropolite de Kiev et de toutes les Ukraine Onuphre comme le peuple de Géorgie écoute le catholicos-patriarche Elie II, qui « apparaît comme l’autorité morale principale du pays ».
Site Soyouz Pravoslavnikh Journalistov
traduction Laurence Guillon

Le parallèle entre le métropolite Onuphre et le patriarche de Géorgie Elie II m’a frappée : dans ces deux pays où les services secrets américains et occidentaux ont particulièrement travaillé la population par une propagande russophobe hystérique, et dont ils cherchent à faire des abcès purulents antirusses, avec toutes les conséquences malheureuses qu’une pareille politique peut avoir sur les gens, leur mentalité et leur niveau de vie, la providence a placé des pasteurs exceptionnels qui deviennent le seul recours, et la seule référence morale crédible… Personnellement, je regarde Onuphre et Elie II, je compare à Bartholomée et Job, et j’ai tout compris, pas besoin de me faire un dessin. Je pense que les orthodoxes sur place n’en ont pas besoin non plus.
Et dernier détail, le pape. Le pape qui nous livre aux migrants et abandonne les chrétiens d’orient, le pape donne 16 millions d’euros aux populations du Donbass de la partie occupée par l’Ukraine et ses bataillons de sbires néonazis… Le voilà qui s’en mêle, lui aussi. Pourquoi?
Claude Ginesty publie fort opportunément ce rappel:
J'ai sans doute mauvais esprit, mais je vois venir à l'horizon une "religion du futur", correspondant aux prédictions du père Sérafim Rose et aux visées mondialistes de ceux qui veulent nous transformer en poissons de banc ou en vaches d'élevage industriel. Vous en faites ce que vous voulez, bien sûr. Mais c'est mon avis...
Dieu protège le métropolite Onuphre et ses fidèles. Ils se retrouvent dans la même situation que le patriarche Tikhon et les siens avec les bolcheviques. Car l’idéologie a changé, ou disparu, plus besoin de masque, les mensonges et la propagande aussi, mais derrière tout cela, les forces à l’œuvre sont les mêmes et il est regrettable de voir des prélats orthodoxes se mettre à leur service.
Il est vrai qu’après 17, Constantinople l’avait déjà fait.

Le patriarche Elie II

le métropolite Onuphre


vendredi 16 novembre 2018

L'hospice d'Ilinskoïé


Lioudmila m’a demandé de l’emmener à côté d’Ouglitch pour déposer une vieille dans un hospice. Je râlais comme un pou, parce que je devais aller les attendre en bas de chez elles à 8 heures et me dépêcher le matin devient au dessus de mes forces. Tout en laissant rouspéter mon démon, je prêtais attention à la voix navrée de mon ange : « Tu as l’occasion de faire quelque chose pour les autres, cela t’arrive-t-il si souvent, vieille égoïste ? Tu as la chance d’être chez toi, et cette pauvre vieille s’en va à l’hospice, tu vas la fermer, ta gueule ? »
Donc, je suis arrivée au lieu du rendez-vous pour m’entendre dire que la vieille s’était oubliée et qu’il fallait attendre qu’elle eut fini de prendre son petit-déjeuner. La vieille n’a en fait que 12 ans de plus que moi, et elle a dû être jolie. J’ai refait avec elle, Lioudmila et Rita , le trajet de Borissoglebsk, en allant 40 km plus loin, presque jusqu’à Ouglitch, cela sentait le bout du monde, l’avantage, c’est que ces villages oubliés entre champs et forêts n’ont pas trop été défigurés par la tuile métallique et le siding, les isbas sont délabrées mais toujours charmantes, avec des dentelles de bois et des couleurs passées.
Nous sommes arrivées dans celui d’Ilinskoïé, où était l’hospice. Notre grand-mère n’avait pas trop mauvais moral, elle trouvait l’endroit tranquille. Oui, il était on ne peut plus tranquille… au milieu de nulle part, comme on dit en Amérique.
Lioudmila est allée s’occuper de l’admission. Je suis allée implorer le personnel de me donner l’accès aux toilettes, et j’ai discuté avec les infirmières. Gentilles et humaines. Elles se sont renseignées auprès de moi sur la grand-mère, enfin dans la mesure où je pouvais en dire quelque chose : « Elle marche seule ?
- Oui, elle marche.
- Et la tête ?
- Ca a l’air d’aller. »
J’ai promené Rita, petit pipi. Dans la grisaille sourde du matin lourd d'une neige qui se refuse à tomber, l’église avait l’air du seul point de lumière auquel on pouvait se raccrocher dans le coin : des coupoles dorées qui brillaient gaiement, fraichement restaurées.
Au retour, Lioudmila était triste. Elle ne sait pas quoi faire avec sa vieille, qui est sa voisine. C’est une femme sans défense, choyée toute sa vie par un mari attentif mort il y a huit ans. Des Arméniens ont commencé à faire de grandes démonstrations d’amitié à cette veuve, et ils ont fini par lui proposer de leur faire une donation de son appartement, dont elle reste théoriquement usufruitière, en échange de bons soins.  Et un soir, Lioudmila a vu arriver la vieille : «J’ai faim, je n’ai pas mangé depuis trois jours… » Dans l’appartement, plus rien, plus de vaisselle, plus de linge, plus de vêtements, comme si on l’avait déménagé, et la vieille ne s’y supporte plus, elle a peur.
Lioudmila a pris sa voisine chez elle, mais son appartement est minuscule, elle y vit avec sa fille et sa mère. La vieille lui a proposé de venir s'installer dans le sien. Mais il appartient aux Arméniens…  et de plus,  il est inhabitable sans meubles ni électroménager.
La solution est de dénoncer la donation, puisque les Arméniens ne respectent pas le contrat. Mais que faire, en attendant, de cette grand-mère ? D’après ce que Lioudmila raconte, elle a certainement une maladie dégénérative, même si elle reste assez autonome, et capable de converser.
La vieille elle-même ne veut plus rester seule, et envisageait l’hospice assez sereinement. Cependant, si celui d’Ilinskoïe fait bonne impression, on sera probablement obligé de l’envoyer dans un internat, et Dieu sait comment il sera.
Je raccompagne Lioudmila dans une semaine, voir comment cela se passe.
L’équipée m’avait également profondément remuée et me rappelait ce que j’ai vécu avec ma mère. «Un imbécile m’a accusée sur Facebook d’être partie en Russie pour sauver ma peau, ai-je confié à Lioudmila, mais ce n’est évidemment pas la raison, car il n’y a plus grand-chose à sauver, même ici, on n’est pas à l’abri, et en fin de compte, mourir, par exemple, fusillée dans une procession m’éviterait la maison de retraite… la fin de ma mère m’a rendue fataliste par rapport à la mienne.
- Nous t’éviterons cela !
- Tu sais Lioudmila, c’est très dur à vivre. Avec maman je n’ai pas tenu très bien le coup, et c’était l’être que j’aimais le plus au monde. Je compte sur Dieu pour arranger les choses au mieux. Je me dis que si maman a vécu cela, c’est que Dieu voulait lui faciliter le passage. Mon amie moniale, dont la mère était morte folle, avait été prise en stop, en Grèce, par saint Païssios. Et celui-ci lui avait dit : «Les gens comme ta mère vont directement au ciel. Il n’y a rien de pire que de perdre la tête et c’est une maladie qui les dépouille de tout, de sorte qu’ils passent comme une lettre à la poste. » Maman avait une bonté rare, mais elle en voulait à Dieu de la mort de mon père et ne voulait pas revenir à lui. Elle avait un certain orgueil, et ses filles étaient tout pour elle. La maladie l’a privée de tout, de son orgueil et de ses filles, et l’a laissée absolument démunie, elle est sortie de la vie comme elle y était entrée : comme un petit enfant. Dieu va-t-il demander des comptes à un petit enfant ? Un jour que, dans un éclair de lucidité, elle se désespérait d’être séparée de moi dans l’au-delà parce que j’étais croyante et pas elle, je lui avais répondu : « D’abord, personne ne sait qui de nous deux passera première, et puis, si tu vois le Christ devant toi, tout d’un coup, maman, quand tu passeras de l’autre côté, vas-tu te détourner de lui ? Si tu le vois devant toi ?
- Oh non, non… bien sûr que non. Je lui dirai : « bonjour monsieur, je m’appelle Michelle Pleynet… »
Elle me répétait aussi : « Dieu me pardonnera bien, je pardonne à tout le monde, alors lui d’autant plus… »
Lioudmila m’a déclaré : « Pour Dieu, la bonté couvre pas mal de choses, j’en suis persuadée ».


jeudi 15 novembre 2018

La mouche et l'abeille



Le prêtre de l’église du Signe, le père Alexeï, m’a contactée parce qu’il a vu le rédac chef de Thomas, Gourbolikov, et que celui-ci lui a parlé de moi. De son côté, Dany, à Paris, à la rue Daru, a rencontré l’évêque de Pereslavl, monseigneur Théodore, le monde orthodoxe est petit…
J'ai reçu aussi un coup-de-fil d'une femme que j'avais connue quand j'avais ma datcha, "la comtesse", qui était effectivement comtesse, de Saint-Pétersbourg. Elle vit maintenant à Pereslavl, dans sa maison de famille, à côté du monastère saint Théodore.
Je suis contente de me faire des amis sur place, car depuis que j’ai Rita, je ne sais plus comment aller à Moscou. Elle n’est pas propre. Bien sûr, elle comprend que lorsqu’elle fait pipi dehors, elle a une « vkousniachka » et se précipite vers l’armoire où je garde les friandises pour chien, mais elle n’a pas le réflexe de demander à sortir, ni même de sortir seule à travers la chatière, ce que faisait Doggie. Elle est contente de sortir, maintenant, elle aboie joyeusement dans le jardin. Mais pas sans moi…
Je l’ai emmenée promener hier avec Rosie, et elle marche beaucoup plus volontiers. Rosie la défend, pour elle, elle fait partie du troupeau, avec moi et les quatre chats. Rosie monte la garde avec un air très compétent. Elle fait des rondes jour et nuit, inspecte même la maison, c’est comme si j’avais un flic à domicile. Au retour de la promenade, nous sommes passées devant un chemin au bout duquel vivent des chiens errants, que je n’avais pas vus depuis longtemps. Rita a fait mine de s’y engager, et bien qu’il n’y eût personne à l’horizon, Rosie s’est précipitée pour la décourager, en tournant autour d’elle et la mordillant, si bien que je l’ai prise dans son sac. La minute suivante, les chiens sont arrivés. Et Rosie est restée sur le chemin pour leur barrer le passage tandis que je m’éloignais avec Rita…
Tout était gelé, terne, mais très graphique, avec ces fleurs sèches devenues une sorte d’écume terreuse qui moutonne, gorgée des graines des floraisons futures, sous les branches nues . Il y a de plus en plus d’ordures, partout, de bouteilles en plastique, les gens ont-ils plaisir encore à venir pique-niquer dans une décharge en apportant, à chaque fois, leur contribution à ce désastre ? Leurs maisons elles-mêmes, qui pullulent insolemment et sans autorisation sur l’escarpement et cachent le monastère tout en cassant l’ambiance, ressemblent à de gros déchets de plastique, et sans doute que leur âme aussi, prend cette allure-là… sinon, ils vivraient et construiraient autrement.
Le lac gelé a pris cet aspect laiteux et opalescent qu’il a en hiver. La neige se fait attendre, mais elle recouvrira bientôt miséricordieusement la plupart des disgrâces. Dans le marais, un arbre brisé étale de grandes ailes osseuses de ptérodactyle, Rosie va et vient, elle casse la glace pour boire là où il y a encore de l'eau dessous, et cherche des proies, en sautant verticalement comme un renard polaire. Rita me suit comme mon ombre, mais trottine et renifle. 
Les commentaires des communistes, sur Facebook, me glacent le sang. Youri Shoubine en a de toutes sortes, sa page est une sorte de forum, où il admet tout le monde, entrant patiemment en discussion avec n’importe quel imbécile, ce que je n’ai pas le courage de faire, et lorsque cela m’arrive, j’ai du mal à rester sereine. En cela, pourtant, il répond aux désirs du patriarche, qui nous demande de ne pas laisser internet aux trolls... Il a mis la photo d’archive d’une des innombrables victimes des purges, une folle en Christ de 90 ans, fusillée au terme des joyeusetés que l’on sait, emprisonnement, interrogatoires musclés… « Elle a eu ce qu’elle méritait », écrit une communiste. Et en dehors de son âge, qui à lui seul aurait pu décider des juges humains à la laisser mourir tranquille, qu’avait-t-elle fait qui méritât cela ? Des gens venaient la voir avec vénération dans son appartement et lui demander des conseils spirituels… En effet, la mort était pour cela un châtiment trop doux. La mentalité idéologique est une maladie mentale. Parce qu’à côté de cela, il y a des gens, sympathisants communistes par horreur du libéralisme ou par amour de la justice (il y en a quelques uns), qui admettent et regrettent ce qui s’est passé. Mais le vrai pur et dur ne regrette rien, il ne demande qu’à recommencer les délations, les exécutions, il partirait joyeux garder la chiourme, toute personne qui lui paraît se mettre en travers de son illusion forcenée et de son idolâtrie des bourreaux est un ennemi mortel à exterminer, du tsarévitch Alexis jusqu’à la vieille folle-en-Christ, en passant par les paysans, les vielleux, les cosaques et les poètes. J’avais une amie orthodoxe qui me disait dans les années 90, à propos des vieux qui défilaient avec la photo de Staline : « Je ne les plains pas, ce sont eux qui ont laissé s’installer tout cela et qui y ont contribué, ils en récoltent maintenant les fruits. Les vieux normaux, leurs familles et leurs paroisses s'occupent d’eux. »
Un autre communiste, en commentaire à un article que j'ai traduit sur les turpitudes de l'abominable "patriarche" Philarète, (et c'est effectivement Iznogoud, le vizir qui voulait être calife à la place du calife, en beaucoup moins drôle), décrète que Staline avait bien raison de tenir les popes avec un collier de fer. C'est-à-dire qu'il voit en Philarète, qui, avant de se rabattre sur les néonazis, avait construit toute sa carrière en mouchardant pour le KGB, soit pour les organes de son cher pouvoir communiste, et envoyé les prêtres et hiérarques ukrainiens en taule par paquets entiers, la justification du martyre et de la persécution de tous les saints prêtres et laïques des répressions bolcheviques et staliniennes. Mais il ne voit pas la gueule de l'apparatchik pourri Koutchma, cauteleux et vicieux jusqu'à la moelle, lui aussi pur produit de son régime bien-aimé. Et il ignore le métropolite Onuphre, ses hiérarques fidèles et les 60% d'orthodoxes ukrainiens qui n'ont jamais trempé dans ces magouilles et en souffrent même tous les jours. Cela me rappelle l'histoire de la mouche et de l'abeille, l'une trouvant toujours la merde, et l'autre les fleurs, de par leurs natures respectives.







mercredi 14 novembre 2018

« Quels canons ! » : Porochenko a exigé du métropolite Onuphre qu’il reconnaisse la primauté de Constantinople



Les médias affirment qu’entre le président Porochenko et le représentant de l’Eglise Ukrainienne  Onuphre a eu lieu une conversation téléphonique « très émotionnelle ». « Quels canons ! Quels canons ! » aurait crié le président au métropolite, après que celui-ci lui eut déclaré qu’il ne s’apprêtait pas à reconnaître la primauté de Constantinople dans la question de l’autocéphalie.
Rappelons que la veille, le président Porochenko avait manqué la rencontre avec les archevêques de l’Eglise Ukrainienne. Celle-ci devait avoir lieu dans la Laure des Grottes de Kiev, mais le chef de l’état ukrainien ne s’y est pas montré.
D’après les données de la presse, Porochenko a téléphoné au métropolite Onuphre quand celui-ci était avec d’autres hiérarques ukrainiens. Le saint père lui-même, pendant la discussion, restait calme, bien que le président lui demandât de « faire machine arrière » et de reconnaître la décision du patriarche Bartholomée sur l’Ukraine.
En ce qui concerne Porochenko, il aurait « hurlé si fort dans le récepteur que ses paroles parvenaient à de nombreux hiérarques présents dans la salle ».
Cet épisode est rapporté par la publication Strana: https://strana.ua/news/171265-podrobnosti-sobora-upts-hde-mitropolit-onufrij-hovoril-po-telefonu-s-poroshenko.html avec un lien qui renvoie à la source de l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne.

trad. L. Guillon

 
Quand l'archevêque Jonas a proposé à sa Béatitude Onuphre de regarder le film
"le Moine et le démon", celui-ci a répondu: "CE CINEMA-LA, JE LE VOIS TOUS LES JOURS"!

D’Issoudun à Pereslavl à cheval.




Mon amie Sophie caresse le projet de venir me retrouver à Pereslavl sur une jument de race cosaque kabarde, pour prouver l’endurance de ces chevaux, dont on voudrait développer l’élevage. Son voyage a aussi des aspects spirituels, car elle compte aller, sur le trajet, de lieu orthodoxe en lieu orthodoxe, mémoriels, car elle le fait en hommage au corps expéditionnaire russe de 1914 et aux soldats de l’armée russe qui ont péri pendant la seconde guerre mondiale. Et écologiques, car elle compte en chemin collecter des graines anciennes et en échanger. Elle compte aussi témoigner de ce qu'elle verra en chemin, au moyen de récits, photos et dessins.  Le but ultime étant de s’installer éventuellement en Russie, après cette prise de contact pour le moins inhabituelle, pour s’occuper de chevaux et de permaculture. Elle compte partir avec une bannière à l’effigie de la Mère de Dieu, afin d'annoncer la couleur. Et elle cherche des coéquipiers, assez fous pour faire cela avec elle, car par les temps qui courent, la traversée de l’Europe n’est plus une promenade et il vaut mieux être plusieurs… 
Elle en a semble-t-il trouvé au moins un, en la personne d’Alexeï, qui vit pas loin d’ici, et qui est un cavalier épris d’aventure.
Ce qui sera peut-être encore plus difficile à trouver, c’est l’argent pour acheter la jument. Un crow founding est ouvert.
Elle a pris contact avec un écrivain, Jean-Louis Gouraud qui a déjà accompli cet exploit et lui a donné des conseils utiles. Voici son livre, pour ceux que l’expérience intéresse. Il reprend en hommage le titre d'un récit du grand écrivain russe Leskov: le pèlerin enchanté.
 A noter qu’une douzaine de cosaques a fait le voyage inverse, sur la trace de leurs ancêtres de 1812, en 2012, pour le bicentenaire de l’événement. Leur expédition a pratiquement été complètement passée sous silence par les médias français. Pourtant, c’était un hommage, car les cosaques adorent leur ennemi Napoléon,  et me chantent invariablement « le tombeau de Napoléon » pour mon anniversaire, supposant que je partage leur enthousiasme pour le conquérant de la République, devenue Empire éphémère. Le voyage de Sophie sera une réponse au leur, puisqu'elle le fera dans l'autre sens sur une jument cosaque.
  



lundi 12 novembre 2018

A la rencontre de la sainte Russie

Le magnifique portail du monastère
J'étais conviée hier matin à la liturgie dominicale du monastère saint Boris et saint Gleb, à Borissoglebsk. C'est à une heure de chez moi, pas loin de Rostov. Mais je n'accepterai plus de me déplacer le matin. Je mets des heures à émerger, je suis complètement au ralenti, me presser la matin, je ne peux plus, je commence même à comprendre ma tante Jackie qui ne prenait aucun rendez-vous le matin. Je suis devenue physiquement incapable de me presser. Déjà rien que pour me déplier et sortir de mon lit, ça me prend dix minutes. Et puis bien sûr, au moment de partir, je cherche mes clés, mes gants et la serrure du cadenas du portail est bloquée par le gel...
Par dessus le marché, j'ai loupé l'embranchement de la route de Borissoglebsk, qui se prend, comme on dit ici, "à travers l'oreille gauche", il faut vraiment deviner qu'on doit tout à coup tourner à gauche sur une espèce de poche, et ensuite revenir en arrière prendre le passage à niveau et la route peu engageante qui le traverse.
Pourtant, par la suite, cette route s'avère très jolie, et elle était inondée de soleil, un soleil froid et pur d'hiver provençal, par jour de mistral.
Le monastère est absolument magnifique, la bourgade autour encore assez intacte, avec de jolies maisons typiques. Le monastère... pratiquement rien de postérieur au XVII° siècle, une architecture russe sans mélange, féerique comme à Rostov, qui, du temps de l'union soviétique, avait été complètement profanée, ce qui a laissé des traces regrettables, et deux bâtiments sont irrécupérables. Un tel joyau aurait dû être choyé par le gouvernement, par le peuple tout entier. C'est une architecture unique, qui n'a rien à voir avec la répétition idiote des modèles gréco-latins ni avec le béton-verre universel à qui on sacrifie tant de fric.
J'étais tellement en retard que je craignais de ne plus trouver personne, mais les offices monastiques sont tellement longs, que j'ai eu droit à un bonus de trois quarts d'heure. Je suis entrée dans cette église (du temps de Vassili III, père d'Ivan le Terrible, début XVI° siècle) et je suis tombée dans un état second: tout était beau, délabré, mais beau, aucun détail de mauvais goût, des restes de fresques académiques, mais si passées, sombres et malmenées qu'elles en prenaient un mystère brumeux et tragique, bien que paisible, et cette iconostase de bois clair et chaud, récupérée quelque part, ces icônes disparates, mais toutes VRAIES, sincères et simples. Et non seulement cette merveilleuse église restait noble et authentique, mais le chœur chantait des chants très anciens, sans fioritures, avec des voix naturelles, et non cette affectation académique pompeuse qui me crispe. Au dessus de l'higoumène en vêtements dorés, deux bannières détachaient leurs dentelles métalliques sur ce bois doucement ardent, et si usé, si maltraité lui aussi, et pourtant plus splendide, dans son héroïque, rustique et simple résistance, que tous les cacas boursouflés et dorés que j'ai vu défigurer jusqu'alors nombre d"églises "restaurées". Tétanisée, j'ai dit à Vassili Tomachinski, qui m'avait invitée et accueillie: "Ici, c'est la Russie, c'est vraiment la Russie, c'est la sainte Russie. En haillons, et couverte de cicatrices, mais vraiment elle-même".
Après l'office, je suis allée m'incliner sur les reliques des fondateurs du monastère, et sur celles de saint Irinarque, dont la célèbre procession de cinq jours a lieu de tous les étés. Pour vénérer la châsse de saint Irinarque, il faut enfiler les deux croix de fer reliées par d'énormes chaînes qu'il portait en permanence. Une fois prosternée avec ça, j'ai bien cru que je n'allais plus jamais pouvoir me relever.
L'higoumène Jean m'a ensuite signifié qu'il voulait me faire un cadeau. Je l'ai suivi jusqu'à sa résidence, et en l'attendant, j'ai écouté Vassili Tomachinski me faire l'historique du monastère. Je m'emplissais de toute cette grâce, de ces dentelles de briques, de ces arches, de ces imbrications de formes légères et si simples, si originales, de ces coupoles inégales, aux floraisons inaltérables, et les cloches sonnaient dans la lumière. Le père Jean est revenu avec un sac bourré de livres, il m'a fait Noël avant l'heure. Il y a là deux livres d'art sur le monastère et la procession, un gros livre intitulé "Sainte Russie, garde la foi orthodoxe", des brochures diverses sur le même genre de thème, des DVD, et deux paquets d'infusion d'épilobe ramassée sur le trajet de la procession, naturellement. "Vous n'avez pas encore participé à la procession?
- Non, père, car j'ai beaucoup de mal à marcher... je voulais venir cet été, mais j'ai reculé à cause de cela, et je suis allée aux Solovki.
- Mais voyons, voyons! Il suffit d'y aller, les gens y vont tous, à n'importe quel âge et dans n'importe quel état, en patinette, en fauteuil roulant! J'ai connu un sportif qui avait eu un accident et tirait la jambe, quand il a bu l'eau de la source, il a oublié ses douleurs!
- Ah, alors... j'avais pensé la suivre à vélo, mais mon père spirituel m'a dit que ce ne serait peut-être pas très traditionnel...
- Venez en vélo, aucun problème, vous avez ma bénédiction..."
avec Vassili Tomachinski
Cet higoumène m'a beaucoup plu, il semble très bon, plein d'humour, d'une sorte de tendresse malicieuse. Mais je n'ai rien compris à son sermon. Il marmonne et il est inaudible. Quand ses paroissiens le lui font observer, il répond qu'ils n'ont qu'à se nettoyer les oreilles.
Je suis allée ensuite avec Vassili chez Alexeï. La fille d'Alexeï vit à Paris, elle est mariée avec un journaliste français du Point (je n'ai pas fait de commentaires...) Il vit dans une isba bleue aux fenêtres sculptées. Nous avons discuté des problèmes avec le patriarche Bartholomée, des paroisses françaises, et j'ai raconté la visite d'Henri et Patricia et leurs impressions. "En réalité, a observé Vassili Tomachinski, malgré tout, il reste quelque chose de nous, de notre foi, et quand j'entends ce genre de témoignages, je me dis que nous avons sans doute encore quelque chose à apporter, un rôle à jouer...
- J'en suis convaincue. Un rôle eschatologique."
  Puis nous avons rejoint Lioudmila,Pavlovna, que j'avais connue cet été et qui voulait déjà m'embarquer dans la procession (à laquelle je n'échapperai pas l'année prochaine...) C'est une femme intelligente et fine, elle fait partie des ces dames qui, avec l'âge, prennent un air de vieilles fées, comme l'artiste peintre Elena Vassilieva, et elle aussi y est allée de son cadeau: une icône ancienne, assez abîmée, que je n'oserais pas restaurer moi-même, mais je vais essayer de trouver quelqu'un...
Lioudmila Pavlovna a un poêle russe ancien couvert de céramiques. Chaque carreau est orné d'un losange bleu, mais ces losanges étant faits à main levée sont tous différents, sous leur apparente unité, ce qui leur donne une vie extraordinaire.
Après quoi, j'ai fait la connaissance d'Elena, qui est belge et vit sur place. Une petite dame toute ronde avec une canne, et l'air d'une moniale. En fait elle a la nationalité belge, mais ses parents sont des émigrés russes.
Elle m'a fait faire le tour de son domaine, un ancien monastère où quelques novices s'efforcent de restaurer les ruines qui subsistent. Elle prend cela très à cœur. Les églises étaient entourées d'un  cimetière, dont il ne subsiste que deux pierres tombales, et où reposaient les gens du coin. Pour faire un château d'eau, ce qui, si j'ai bien compris n'était pas autorisé, on a profité de son absence pour creuser dans ce qui était le cimetière, et revenant de Belgique, elle a trouvé devant chez elle des caisses d'ossements. Avec les paroissiens, elle a enfoui tous ces restes chrétiennement, et refermé la fosse avant le retour des ouvriers. "Ces maisons, par ici, me dit-elle, sont construites sur des ossements et beaucoup de pierres tombales ont été utilisées pour les fondations." Cette façon de traiter ses ancêtres comme un tas d'ordures semblent l'émouvoir tout particulièrement.
Il y avait beaucoup d'étoiles, dans le ciel de Borissoglebsk quand je me suis décidée à rentrer, et un croissant orange au ras des forêts, comme sur un tableau de Vroubel, ou une illustration de Bilibine.
Aujourd'hui, j'ai reçu la visite de Sacha Joukovski et de son fils Timocha, en route pour leur datcha, à 40 km d'ici. Sacha est folkloriste, sa femme également, les enfants ont grandi là dedans, ils ont un ensemble familial et se produisent tous ensemble. Élevés sévèrement, dans la religion orthodoxe, la musique traditionnelle et le respect du pater familias, les enfants de Sacha sont très attachants, équilibrés, et toujours avenants.
Sacha m'a raconté que dans la région de Borissoglebsk, il y avait un village qui se mourait autour de son église délabrée, et un homme riche qui y avait ses racines, a commandé la restauration de l'église à un entrepreneur local. A l'issue de la restauration, il a posé un autre paquet de fric sur la table: "Bon, maintenant, il faut un prêtre pour cette église, pars étudier au séminaire.
- Qui ça, moi?
- Et qui d'autre? Tu feras très bien l'affaire."
Devenu prêtre, l'entrepreneur a commencé à restaurer des maisons et avec l'homme riche, à remonter l'agriculture locale: bétail et même chevaux, ils ont à présent un centre d'hippothérapie et toutes sortes d'activités artisanales. Quand quelqu'un veut acheter dans ce village, l'administration locale dit: "allez voir le père Vladimir, et vous achèterez s'il vous le permet!"
J'avais acheté des gâteaux du café français, et Timocha n'osait pas les goûter. Il en avait très envie mais semblait voir dans ce produit raffiné de la civilisation occidentale quelque chose de décidément trop recherché, trop sybarite. "Prend-en la moitié, je mangerai l'autre", lui dit son père.
Le garçon a mangé sa moitié avec délices. "Alors Timocha, ça te plaît quand même?
- C'est... c'est indescriptible! Mais justement, c'est trop! C'est trop!"
Un ascète!

c'est là que vit le père higoumène

Ici, c'est le XVII° siècle, plus orné. Chaque carré est orné d'un carreau de céramique central.

Au fond de l'allée, la cellule de saint Irinarque.



Sortie de l'église




Les boutiques collées contre l'enceinte du monastère se sont conservées.
On y vendait autrefois des produits du monastère ou des objets de piété.

j'ai remarqué partout que pour installer un mas de téléphonie mobile, on choisissait obligatoirement
les parages immédiats d'un monastère ou d'une église. C'est quasiment un réflexe. Celui-ci se voit de
l'intérieur, où on voudrait pouvoir l'oublier.

                            

samedi 10 novembre 2018

L’EGLISE ORTHODOXE RUSSE HORS FRONTIÈRES : LE PATRIARCHE BARTHOLOMEE N’EST PAS LIBRE DE SES ACTES, DERRIERE LUI SE TIENNENT DES FORCES PARTICULIÈRES, ÉLOIGNÉES DE L’EGLISE DU CHRIST ;

Je publie en complément du précédent article et en intégral, cet article traduit pour orthomonde:
http://www.orthomonde.fr/index.php/journal/86-le-patriarche-bartholomee-nest-pas-libre-de-ses-actes?fbclid=IwAR1e1H4YspyMmwGCQ7j4uTNnl4YMkzVNbFdNypRRQX3Li3Na8Lsfr36MTzc


Sur la demande de la rédaction, l’archiprêtre Seraphim Gan, en charge des affaires de la chancellerie du Synode épiscopal, secrétaire du Premier hiérarque de l’Eglise Russe Hors Frontières, a commenté les décisions du patriarche Bartholomée et donné son appréciation des actes du Phanar.
- Nos pensées, nos profondes inquiétudes et nos prières brûlantes accompagnent sa Béatitude le métropolite Onuphre,  les archipasteurs, les pasteurs, les habitants et les pèlerins des laures des Grottes de Kiev, de Potchaïev et Sviatogorsk, les moines et les laïcs et de toute l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne, cœur de l’Orthodoxie de la sainte Russie. Notre Eglise Orthodoxe Ukrainienne n’est pas seulement le cœur de toute l’Eglise Russe mais aussi de chacune de ses parties autonomes, y compris l’Eglise Russe Hors Frontières.
Sur une fresque de l’église commémorative saint Séraphin de Sea Cliff  (New-York USA), où j’ai la divine grâce d’accomplir mon ministère, est représentée toute l’histoire de la sainteté et de la piété de notre peuple qui a toujours conservé Dieu, de nos ancêtres, depuis le baptistère de Kiev jusqu’à la restauration de la plénitude de la communion fraternelle à l’intérieur d’une Eglise Orthodoxe Russe unie : le Premier Primat de l'Église Russe à l'étranger, le métropolite Antoine (Khrapovitski), qui a créé et consacré la cathédrale de la Sainte Trinité de la Dormition de la laure de Pochaïev, et qui, après l'assassinat du prêtre martyr Vladimir (Bogoïavlenski),  lui a succédé à la chaire  métropolitaine de Kiev ; l’archevêque Vitali (Maximenko) qui, quelques jours avant le meurtre du métropolite Vladimir, en 1918, avait célébré avec le futur nouveau martyr un acathiste dans la grande église de la laure des Grottes de Kiev et avait dirigé pendant de nombreuses années la fraternité typographique de la laure de Potchaïev. L’archevêque Vitali, alors archimandrite,  avait réussi, avec l’aide de Dieu, à faire passer la frontière à la fraternité typographique de la laure de Potchaïev, qui avait continué à remplir son office écclésial, social et missionnaire dans la diaspora.
La fraternité typographique de Potchaïev imprimait, au début dans la Russie de Priachev, puis en Allemagne et aux Etats-Unis,  une littérature spirituelle et morale, théologique et liturgique non seulement pour les enfants de l’Eglise dispersés après la révolution et la guerre civile, mais aussi pour ceux qui aspiraient à une instruction spirituelle dans leur pays. Cette oeuvre véritablement sainte fut ensuite poursuivie par le métropolite Laur, recteur de bienheureuse mémoire du monastère de la sainte Trinité à Jordanville (New-York), ami spirituel de sa Béatitude le métropolite Onuphre, avec lequel il communiait aux mêmes sacrements. Comme on le sait, saint Jean (Maximovitch), grand archipasteur et thaumaturge de lEglise Russe Hors Frontières, naquit, étudia et acquit sa formation spirituelle sur le territoire de l’actuelle Eglise Orthodoxe Ukrainienne. De sorte que nous gardons très proches de nos cœurs  l’Eglise Orthodoxe sur la sainte terre ukrainienne, et tout ce qui lui est lié.
C’est pourquoi, quand sa Sainteté le patriarche Bartholomée a déclaré pas plus tard qu’hier, et qui plus est à plusieurs reprises, qu’il reconnaissait comme chef canonique de tous les orthodoxes d’Ukraine le seul métropolite Onuphre, et a solennellement promis, devant la haute assemblée  des primats et des représentants des Eglises Locales Orthodoxes, de ne pas se mêler des affaires de l’Eglise Orthodoxe sœur d’Ukraine, cela fit éclore en nous la joie du Seigneur et la paix spirituelle au sujet du destin des croyants orthodoxes d’Ukraine, du respect pour le patriarche Bartholomée qui, comme il le semblait alors, avait profondément compris la situation et gardait et défendait avec amour l’Eglise canonique.
Or aujourd’hui, il ignore sa Béatitude le métropolite Onuphre, respecté de tous, archipasteur, pasteur et toute l’assemblée de plusieurs millions de fidèles enfants de l’Eglise, ainsi que de nombreux saints et bienheureux primats-confrères des saintes Eglises de Dieu. Et cela éveille dans notre milieu, pour le moins, le désarroi et des sentiments anxieux.
Il convient de remarquer que le patriarcat de Constantinople a, tout à fait récemment, entièrement soutenu et même confirmé notre position à l’égard de Mikhaïl Denissenko et de ses activités.
C’est pourquoi les actions actuelles de Constantinople nous obligent à soupçonner que sa Sainteté n’est pas libre de ses actes, que derrière ces derniers se tiennent des forces particulières, très éloignées de l’Eglise du Christ,  et qui poursuivent leurs buts maléfiques. Et cela est si amer !
Quand nous voyons dans les églises du « patriarcat de Kiev » des icônes du saint grand martyr Georges le Victorieux  terrassant l’aigle à deux têtes, et autres représentations du même genre, quand nous entendons proférer depuis l’ambon des déclarations politiques et toutes sortes d’autres discours destinés à alimenter les passions et le conflit national, il devient clair que le prédicateur du schisme Philarète et ses sectateurs ne cherchent pas la paix, ni l’unité des orthodoxes dans le Christ, mais le pouvoir, l’influence, la vaine gloire de ce monde et l’accomplissement de quelques buts qui sont les leurs et n’ont rien à voir avec l’Eglise. A l’observation de la conduite et du ministère de sa Béatitude le métropolite Onuphre, à l’écoute de ses homélies et à la lecture de ses interviews, nous voyons qu’il appelle à la prière continuelle, à l’amour fraternel, à la paix de l’âme et au véritable patriotisme, exprimé dans une vie selon l'évangile et l’amour du prochain. A mon avis, c’est le signe que sa Béatitude se trouve du côté de la Vérité de Dieu, vers qui il guide par son exemple son troupeau empli de l’amour divin de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine. Et si dans les conditions actuelles difficiles  de la vie ecclésiale d’Ukraine quelqu’un veut garder la vérité ou la cherche, alors qu’il s’accroche à la mante de sa Béatitude, et tout sera parfait !
Cependant, nous ne perdons pas courage et avec la foi du cœur et l’humilité nous prions pour que la situation créée soit révélatrice de la vérité de Dieu et des vrais ascètes et gardiens de la Sainte Orthodoxie sur la terre ukrainienne, qui font et portent dignement l’œuvre du Christ. La principale affaire de tous les orthodoxes est de ne pas exacerber les passions, mais de prier, de se confier à Dieu, en prenant l’épreuve actuelle comme donnée par Lui et comme la possibilité de servir l’Eglise, et de dire la vérité d’une façon absolument paisible, comme le fit le Précurseur du Seigneur Jean envers Hérode qui, comme on le  sait, n’agissait pas justement. Si nous essayons d’agir précisément comme cela, alors je crois que le Seigneur, selon l’expression du Psalmiste, « donnera Sa forteresse aux hommes et la bénédiction de la paix »,  ce que je souhaite de tout mon cœur à nos frères et nos sœurs par le sang.
Agréez l'assurance de mon indéfectible amour dans le Seigneur, avec l'accolade des confesseurs de la foi dans l'Église orthodoxe ukrainienne.
l’archiprêtre Séraphim Gan, chef  du bureau du Synode des Evêques, secrétaire du Premier Hiérarque de l’Eglise Russe Hors-Frontières.