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jeudi 22 juin 2017

Au revoir les filles

Photo Yana
J'ai pris congé, au café français, de Yana et Dounia, venues accompagner à Pereslavl un groupe d'adolescentes qui se préparent à des études artistiques. Elles étaient logées au monastère saint Nicolas, et dessinaient un peu partout. Je me suis très bien entendu avec Yana et Dounia. Yana est persuadée que tout va beaucoup mieux en France qu'en Russie, les vaches normandes ont l'air si heureux, les paysans font des fromages dans la joie et dans de jolies fermettes, les boulangeries et autres petits magasins sont si charmants. Elle ignorait la ferme des mille vaches, les suicides d'agriculteurs, les fermetures massives de petits commerces concurrencés par la grande distribution, accablés d'impôts et de tracasseries administratives, la désertification des centres villes et autres migrants de Calais...
Mais quand même, elle partage avec moi un sentiment de profonde angoisse, de danger croissant qui la rend parfois physiquement malade, l'impression de se trouver dans un monde détraqué, satanique.
Elle m'a parlé du Goulag, son grand-père avait été envoyé aux Solovki, puis à la guerre comme chair à canon, il en est revenu vivant par miracle. Je ne connais pratiquement personne ici qui ne m'ai fait part de ce genre de souvenirs de famille.
Hier soir, nous avons promené Rosie ensemble, dans mon quartier. Ce sont des fans de Rosie, mais j'ai vu que tout de même, elles en avaient un peu marre, il faut le voir pour le croire...
Rosie a vu un troupeau de moutons et de chèvres, et elle a été prise de panique lorsque les bêtes se sont mises à courir. Mais elle a fait connaissance. Avec les ovidés et les capridés, et avec la bergère. Elle est allée aussi solliciter la féroce gardienne de mon voisin, qui l'accueille avec placidité mais l'envoie vite voir ailleurs si elle y est d'un grognement caverneux.
Nous avons été prises sous une averse diluvienne. Dounia a porté Rosie dans ses bras jusqu'à ma maison. J'étais trempée comme une soupe.

photo Yana









Yana

Dounia

Il faisait 9° ce matin, c'est monté jusqu'à 15 dans la journée, vent glacial. J'ai discuté avec le petit vieux d'en face, très gentil et plein d'humour: "Vous ne voudriez pas m'aider à remonter ma débroussailleuse?
- Ma pauvre, si je savais comment me débrouiller avec ces engins, j'en aurais peut-être acheté un...
- Mais alors vous avez une faux?
- Eh oui, comment faire?"
Nous avons parlé politique. Lui, il comprend tout: les Américains veulent se jeter sur la Russie, Poutine ne les laisse pas faire.


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