Aujourd'hui fête de l'Archange saint Michel et des puissances célestes, je me suis traînée à l'église et j'ai même communié. J'ai bien fait, car le service s'est terminé dans l'église du métropolite Pierre. Son premier étage est consacré à l'Archange Michel, pour lequel Ivan le Terrible, qui l'a bâtie, avait une vénération particulière, il lui a même écrit une ode. C'était le moment de prier pour son âme, pour celle de maman, et aussi pour la France, qui est sous son patronage, et pour la sainte Russie. Le père André m'a inondée d'eau bénite. La staroste est extrêmement avenante, elle prend toutes les vieilles dans ses bras comme si elles étaient sa propre mère,moi y comprise. Les gens sont adorables, prévenants, j'ai toujours droit à plusieurs prosphores, à des sourires chaleureux.
En sortant de l'église, je suis passée à la galerie. J'ai encore vendu deux tableaux, et l'on m'a laissé des appréciations très touchantes. Irina m'a dit que je vendais au juste prix, et que pour cette raison, je vendais: "Les gens n'ont pas beaucoup d'argent, et vous restez accessible. Il vaut mieux vendre plus et moins cher, cela renouvelle vos cartons, vous n'allez pas vous faire enterrer avec vos dessins. Regardez, là, j'ai des trucs énormes qui sont là depuis des années à des prix astronomiques. Déjà, le format n'est pas adapté aux appartements où vivent la plupart des gens, mais alors le prix! Vous faites des petits formats accessibles, et c'est ce qu'il faut, des gens qui adorent ce que vous faites achètent avec joie. Moi, je trouve que c'est justifié,vos peintures sont magiques!"
Ce que les gens achètent, ce sont des vues de France. L'exotisme... On m'a pris "le chemin de la Condamine", celui où j'allais me promener quasiment tous les jours avec mon petit Doggie en lisant mes prières. Je pensais le garder pour moi...
J'ai retrouvé quatre cadres que j'avais oublié de mettre et qui vont remplacer ceux que j'ai vendus. Et puis j'ai retouché un tableau à l'acrylique que je vais ajouter. La plaine de Pierrelatte sous le mistral. J'ai un autre petit tableau du même sujet, mais celui-ci, je le garde pour moi.
vendues |
retouchée |
Psychopompe
Lasse d’attendre et d’espérer
J’espère en Dieu.
Michel archange au ciel arqué
Ailes de feu, glaive dressé,
De nous auras-tu donc pitié,
Quand nous viendrons à trépasser ?
Parmi les astres écumeux
Sur nous poseras-tu les yeux
Quand nous menant auprès de Dieu
Tu nous découvriras les cieux ?
Nous n’avons pas su de nos ans
Tirer de l’or et de l’argent,
Nous avons tout dilapidé
Nous voici vieux et fatigués
Il n’est plus temps.
Bel Archange prend donc pitié
De nous et puis de nos parents
Conduis-nous pareils aux enfants
Avec eux dans l’éternité
Dans les grands champs illuminés
D’après le temps.
D’après le temps qui a passé
Sur nous sans qu’au fond de nos cœurs
S’éteigne le reflet sacré
Sous le vent sombre des malheurs.
Un peu de vie dans la poussière
Qui fleurira dans la lumière
Si Dieu le veut et nous reçoit
Aux champs dorés de l’au-delà.
Je suis heureux de vous "voir" en forme et j'apprécie, aujourd'hui, votre ton allègre. Je vous souhaite une belle journée.
RépondreSupprimerElle a raison votre galeriste. Et puis plusieurs petits formats, par trois, quatre ou six, finissent par constituer un joli ensemble cohérent. Ce n'est peut-être pas tant l'exotisme, avec tout ce que le terme comporte de kitsch, mais plutôt la vue d'un paysage autre qui retient le regard russe et l'incite à la rêverie... ? En tous cas l'encadrement et le passe-partout sobres retenus pour les aquarelles mettent très bien en valeur leur fort contraste "gionesque", je trouve, entre ombres et éclat.
RépondreSupprimer"Enfin, après cela nous aurons le gazon, les thuyas, les pavés autobloquants et les petits massifs avec des bordures en plastique, peut-être même un réverbère et un nain de jardin..." => comme en France !
Comme partout! Je ne mettais là pas de connotation kitsch au mot exotisme, qui n'en a pas forcément. En effet, je comprends que cela fasse rêver les Russes, comme les Français les isbas ou les paysages orientaux.
SupprimerQue c'est beau !
RépondreSupprimerVos tableaux sont magnifiques et le terme "gionesque" leur va comme un gant !
Le poème est également très beau, bien qu'il résonne d'une douce gravité...
oui, et cela me touche car j'aime beaucoup Giono
SupprimerDans un livre intitulé " Le culte de saint Michel et le Moyen Age latin "( Picard, 1922), Olga Rojdestvensky a exploré minutieusement tous les aspects littéraires, légendaires et politiques du culte de l'Archange en Occident. Il ne s'agit donc pas de théologie ou de liturgie. On y trouve une évocation du "mythe impérial" développé après la dislocation de l'empire carolingien, dans lequel l'Archange est magnifié par les poétes, en tant que protecteur de l'empire . Ainsi " on espérait toujours dans le retour de l'empereur, dans le rétablissement de l'empire. Sa fin n'est pas arrivée et n'arrivera point jusqu'à l'avènement de " l'antichrist". Telle est la prophétie d'Adson dans son oeuvre remarquable De Antechristo, le produit le plus intéressant de la " littérature sibylline " du haut moyen âge. Et, " bien que l'empire romain soit ruiné en grande partie, sa dignité ne peut pas périr tant qu'existent les princes francs...". Un d'eux viendra un jour pour régner sur l'empire rétabli: roi au visage clair et beau, qui triomphera de la révolte des peuples impurs et déposera, après un règne de 112 ans, sa couronne et son sceptre à Jérusalem, sur le mont des Oliviers. Alors, seulement, l'empire romain et chrétien aura sa fin. Viendra ensuite la dernière révolte de Satan, qui "sera vaincu pour toujours par saint Michel sur le mont des Oliviers". La lutte de l' "empereur" avec les peuples impurs et de saint Michel avec l' "antichrist" inaugure donc la fin des choses terrestres et l' empire définitif de Dieu." (p. 37).
RépondreSupprimerIl apparait que si l'on peut toujours compter sur l'Archange, l'empereur n'est pas au rendez-vous. Adson doit être déçu!