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samedi 1 mai 2021

Veille de Pâques

 


Je devais aujourd'hui participer à une émission de la chaîne SPAS, mais il a été impossible de me trouver un taxi et on a renoncé à me faire venir. J'en étais soulagée. Cet aller et retour entre deux longs offices m'épuisait d'avance. Je m'apprête maintenant à me rendre à celui de Pâques, je ne sais pas encore si je resterai à la liturgie dans la foulée. 

Jeudi soir, c'était la lecture des douze évangiles de la Passion. Il y a des détails dans les Evangiles qui ont quelque chose d'un peu mythique. Je disais un jour au père Placide: "Il paraît qu'on ne trouve pas trace dans les témoignages historiques du massacre des Saints Innocents." Il me répondit: "Vous savez, en orient, on estime que pour être pris au sérieux, il faut toujours en rajouter. Ainsi on m'a présenté un jour comme l'higoumène d'un monastère de 72 moines, alors que c'était loin d'être le cas. J'ai demandé pourquoi raconter une chose pareille et on m'a répondu que c'était plus imposant comme cela!"

Mais les récits de la Passion, ce n'est pas du tout de la mythologie, et même, cela tranche par son réalisme, et son actualité éternelle, avec tout ce qu'on pouvait voir jusqu'alors d'antique, de légendaire. Du reste, le Suaire de Turin apporte une confirmation de tout cela qui relève de la médecine légale.

Et je pensais à tout ce que j'ai entendu, vu et lu sur les nouveaux martyrs de Russie, depuis le tsar et sa famille jusqu'aux plus humbles prêtres et paysans, ces calomnies déchaînées, cette hideuse vilenie, ces lynchages sadiques. Tous ces gens qui ont bu la coupe jusqu'à la lie, et qui ont été trahis par les leurs. 

J'ai rencontré Nadia et Katia à l'église. Notre évêque me voyant au côté de cette dernière, au moment de nous donner sa bénédiction, a dit en souriant: "Ce soir, toutes nos étoiles sont rassemblées!" 

Le lendemain, c'était l'office de l'ensevelissement du Christ, suivi des matines du samedi saint, je suis restée à l'église plus de quatre heures. Je suivais sur un livre, en slavon. Quand je lis, je comprends beaucoup mieux, mais parfois je me perds, parce que je m'endors. Cependant, cette plongée dans une sorte de demi conscience, s'éclaircit peu à peu, j'ai été frappée par la façon dont les offices, au début si tragiques, avec les prêtres vêtus de noirs et d'argent, mêlent le pressentiment du triomphe à la déploration, et l'on entend déjà, sur un mode triste et funèbre, ce qui sera repris avec joie et éclat pendant l'office de Pâques, c'est comme un soleil levant qui s'annonce d'abord par la vivacité accrue des étoiles, puis une pénombre grise, puis l'illumination progressive de l'horizon. Je voyais l'unité organique de ces trois jours, qui ne forment qu'une seule fête. Et aussi l'unité mystérieuse de tous ceux qui y participent depuis la nuit des temps jusqu'à ce qui pourrait en être déjà la fin. . 

Dommage qu'à ce receuillement fassent généralement suite des débordements harmoniques et des débauches d'électricité qui font de la joie un sentiment tonitruant qu'il n'est pas, en tous cas pas cette sorte de joie.                                                                                                                                                                                                               

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