Mes Français n’ayant pas fait de traductions assermentées de leurs papiers, nous avons perdu des jours précieux, et nous n’avons plus le temps de faire établir leur passeport intérieur. Nous avons visité la maison de Falelieievo, c’est un endroit si beau et si paisible, et pas plus loin du centre de Pereslavl que ne l’était ma datcha de Krasnoié. De plus, en été, on a le voisinage de Marina et de sa charmante mère, les expositions, les concerts et les rencontres qu’elles organisent pour rénover l’église. Mais en fin de compte, la maison n’est pas disponible de sitôt, à cause de problèmes d’héritage inextricables. Nous avons vu une autre maison, que l’agent immobilier Alexandra ne voulait envisager pour personne, je ne sais pas pourquoi, et que la femme du père Vassili me vantait depuis longtemps. Elle n’est pas chère, et c’est à Pereslavl, dans un coin encore merveilleux, à la limite, elle aurait même bien fait pour moi. Elle est plus grande que je ne le pensais, avec un grenier aménageable, le chauffage central électrique, et le terrain est grand, la maison bien séparée des voisins, au fond d’une impasse, avec alentour des champs et des bois. Nous aurons bientôt toute une famille nombreuse de Français à Pereslavl.
Après cette visite, et la séance matinale à l’immigration, j’avais une rencontre avec des gens que m’envoyait l’institut Philarète, des Sibériens très gentils. Ils voulaient savoir où en était la France du point de vue spirituel et pourquoi nous avions décidé de partir. Je suis remontée à Vatican II et mai 68. Je leur ai parlé du démolissage de la culture, de l’agriculture, de la classe moyenne, et des compromissions de l’Eglise romaine avec la modernité. Marie en a rajouté une dose. Ces gens étaient des tatars qui avaient choisi l’orthodoxie.
Quand j’entends et vois
Macron, je comprends comment on peut en arriver au meurtre politique, Charlotte
Corday, Fanny Kaplan... Ce type est un tel concentré de saloperie, de fausseté, de bassesse, on comprend qu’il ait été promu par des gens comme Attali et
BHL : c’est un golem très réussi. L’entendre pontifier des absurdités et
des mensonges énormes, et savoir que nombre de pauvres décérébrés qu’il mène à
l’abattoir reprennent tout cela en choeur me donne le vertige et la nausée tout
à la fois.
Et parmi les nombreuses
victimes françaises de cette nullité sadique, plus personne ne se révolte vraiment. Sous la dictée de l’angoissante
Ursula, avec ses yeux de veau en gelée et son sourure d'automate, il envoie au massacre des milliers de
malheureuses bêtes, naufrageant définitivement les derniers éleveurs qui ne
réagissent plus. Il me semble que mon défunt beau-père aurait enterré déjà
plusieurs sbires de ce fourbe au fond de son parterre. A voir ce scandale, je
pense à la dékoulakisation des années trente, en plus faux-cul. J’en ai le
coeur soulevé, j’aimerais pouvoir pendre un préfet avec les tripes d’un
gendarme sur le bûcher d’un député. Ce qui est une figure de style, car je suis fondamentalement incapable de faire de mal à une mouche, contrairement à eux, qui ont tout le sang de la guerre d'Ukraine sur les mains.
Mais ces crimes contre la vie, contre la nature, nous allons les payer. Nous allons les payer, tous : ceux qui les ordonnent, ceux qui les exécutent, ceux qui ne s’y opposent pas. Et en premier lieu, le sinistre petit bellâtre en costar, avec sa voix d’acteur raté qui se parodie lui-même, j’espère qu’il prendra particulièrement cher. Quand je pense qu’à cause de lui, de ses parrains, de ses prédécesseurs et de ses comparses, la guerre a fini par advenir, entre la Russie et l’Ukraine manipulée, et qu’elle se poursuit, au prix de milliers de morts, à la grande joie de ce pervers et de toute sa clique d’intrigants et de mafieux ! Et c’est lui qui vient nous dire que « Poutine ne respecte jamais ses engagements » ou que « Poutine est un ogre et un prédateur », tremblez pauvres connards de service, qui sucez votre tototte devant les hypnotiseurs de la télé ! Car ce n’est pas le marchand de sable qui va passer mais la faucheuse à grands coups d’ailes. Et jusqu’en enfer, vous continuerez à têter et bêler sans rien comprendre.
Hier soir, nous avons dîné chez Gilles, barbecue dans le jardin, il faisait un froid de canard, nous avons eu trois semaines d’été étouffant et orageux plein de moustiques, entre un printemps glacial et un automne précoce. J’étais fatiguée, migraineuse, les conversations me saoulaient. Mais les Français et Gilles s'entendaient bien, c'est le principal. La situation en Russie que décrivait Gilles me rappelait Ivan le Terrible et les traîtres boyards, mais Poutine est beaucoup plus cool et patient que le tsar.
Ce matin, j’avais une autre
rencontre au café. Une Russe et ce que je croyais être un Français, mais non,
c’était un vieil intellectuel russe qui a vécu en France avec une femme
française, un homme charmant et intelligent, qui a aussi un blog. Il me propose
son aide pour obtenir la nationalité russe. Un de ses amis fait des listes
de Français méritants qu’il communique à Lavrov. Je pense souvent avec
attendrissement à un imbécile qui me mettait continuellement au défi de « prendre la
nationalité russe », comme quoi d’après lui, je n’avais pas la moelle,
alors que contrairement à la légende, non seulement je ne touche rien de
Poutine, mais que recevoir la nationalité présente pour moi toutes sortes de
difficultés, car je n’entre dans aucune case administrative... en somme, je suis arrivée trop tôt.
Cet homme, Mikhaïl Alexandrovitch, a des amis en commun avec moi, et notemment ma chère et regrettée mère Alexandra, qu'il connaissait quand elle allait encore au monastère de Bussy.
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la maison des Français |
Défilé
L’ange las au
bord de la route
L’ange las au
bord du chemin
Suit chagrin
les armées en déroute,
Suit défait
les soldats sans destin,
Pleurant sous
les volées sonores
De tous ces
grands oiseaux de fer
De la guerre
qui déshonore
Tous ceux qui
la font à l’envers.
Ils périssent
pour l’escarcelle
Des voleurs et
puis des menteurs,
Qui nous ont
tous coupé les ailes,
Qui nous ont
tous pourri le coeur.
Maudits soient
ceux qui nous entraînent
Vers la sourde
mort des damnés,
Privant des
divines étrennes,
Ceux qui
suivent leur défilé.
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