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jeudi 7 août 2025

L'anniversaire du père Valentin.

 


J'ai dû partir à Moscou, pour les soixante-quinze ans du père Valentin. J'ai fait la moitié du trajet sous une pluie battante, par une épouvantable chaleur moite, et comme je n'y voyais plus rien, j'ai été obligée de m'arrêter. Depuis, la pluie n'a cessé qu'une journée; mais maintenant, il fait seulement seize degrés, c'est l'automne.

L'anniversaire du père Valentin se fêtait dans un restaurant de Moscou, il y avait la famille, les amis, les prêtres de la paroisse, des gens que je connais depuis déjà vingt ou trente ans, leurs enfants, leurs petits enfants , j'étais placée à côté des Soutiaguine. Chacun y allait de son toast ou de son numéro musical, on lui a chanté en choeur "Dieu sauve le tsar" que tout le monde a écouté debout, et un choral allemand, préparé en famille car son fils, le père Mikhaïl et sa fille Liéna sont tous deux chefs de choeur. Entre les toasts, un petit orchestre classique de jeunes filles et une cantatrice remarquable qui chante au choeur de l'église interprétaient Mozart, Debussy ou Schubert. Je songeais que mon jubilé aurait déjà lieu dans deux ans, mais que je ne pourrais plus le fêter à Moscou: trop difficile et trop cher. Je le ferai à Pereslavl, viendront ceux qui pourront. Malheureusement, je suis née en plein hiver, ce qui complique un peu les choses...

Le moment venu de lever mon verre, j'ai évoqué ma rencontre avec le père Valentin, en quatre-vingt-dix sept: "Je suis la fille spirituelle française du père Valentin. Je me suis intéressée à la Russie encore adolescente, et je me suis alors convertie à l'orthodoxie. En 1994, je suis venue travailler au lycée français de Moscou, mais j'avais du mal à trouver une paroisse qui me convînt. Quelqu'un m'avait traînée dans celle d'un prêtre connu, mais la confession prenait tellement de temps que j'y suis passée seulement à dix ou onze heures du soir, le temps de rentrer, il était minuit, et l'office du lendemain a duré trois heures, le lundi, au travail, j'avais l'impression d'avoir subi une anesthésie générale. Un jour d'épuisement et de tristesse, j'ai donné de l'argent à une mendiante, et celle-ci m'a dit: "Tu as l'air triste, il te faut aller vénérer l'icône de la Mère de Dieu "Apaise mes chagrins". Puis, devant partir en France pour Noël, j'ai prêté mon appartement et mon chat à une étuidante française qui était amie avec Macha Asmus. De sorte qu'à mon retour, j'ai fait connaissance avec celle-ci qui s'est écriée: "Vous êtes orthodoxe? Vous devez rencontrer mon père!"  Et le lendemain, j'arrivai dans le fameux appartement stalinien des Trois Gares, devant l'impressionnant père Valentin, avec sa grande barbe et sa voix grave. Pendant que nous discutions dans son bureau, toutes les cinq minutes arrivait l'un ou l'autre de ses neuf enfants sous toutes sortes de prétextes, jusqu'au moment où j'ai vu passer par l'entrebaillement de la porte le petit nez de le matouchka, puis toute son imposante personne, qui nous déclara: "Bon, alors vous vous décidez à venir boire le thé, oui ou non?" De sorte qu'en trouvant un père spirituel ici, j'ai aussi hérité d'une famille russe! Le dimanche suivant, en me rendant dans sa paroisse d'alors, j'ai vu que le principal objet sacré en était une grande icône miraculeuse de la Mère de Dieu "Apaise mes chagrins" et je me suis souvenue de ce que m'avait dit la mendiante, en pensant que ce genre de choses n'arrivait qu'en Russie."



Aujourd'hui, j'ai vu Katia, nous nous sommes rencontrées au café, avec Tania, qui repart bientôt, après avoir organisé toutes choses en vue de son retour définitif. Nous avons parlé du Donbass, de l'aide humanitaire, et de Fédia. Il y a quelques temps, le père Basile Pasquiet me disait que tous les soldats pour lesquels on priait chez lui à l'église étaient toujours en vie. Et Fédia lui-même est un miraculé à répétition. Merci à ceux qui prient pour lui. Katia m'a appris que le cosaque Dmitri avait été réformé; à la suite de ses blessures, il est resté sourd d'une oreille, mais il a retrouvé sa famille, et on peut dire qu'il s'en tire bien. D'après elle, Fédia a pris de l'assurance, à la guerre, il a grandi. Les épreuves qui ne nous brisent pas nous élèvent... 

https://www.facebook.com/reel/1084161356764810

Espérons, à ce propos, que l'article de Karine Bechet Golovko pèche par excès de pessimisme:

https://russiepolitics.com/billet-dhumeur-rencontre-poutine-trump-ou-combien-coute-la-russie-sa-terre-ses-hommes/

L'idée qu'on puisse voler aux Russes une victoire si chère payée des deux côtés serait trop révoltante. 

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