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lundi 24 novembre 2025

Mieux vaut tard que jamais

 

Hier, j’ai réussi à aller à l’église, à l’office de neuf heures seulement, en hiver, je suis beaucoup plus lente à réagir, et quand il faut nettoyer la neige encore plus, mais nous n’en sommes pas là. J’ai manqué deux dimanches, le premier pour cause de fatigue, le second parce que je suis allée à Moscou et je suis arrivée trop tard à l’église du père Valentin.

La pauvre Katia se fait un sang d’encre pour Fédia qui a été envoyé sur une position très dangereuse, et il n’a pas là-bas de transmission internet, elle n’en a pas de nouvelles  ... Je demande une fois de plus des prières pour lui. Il dit lui-même que c'est à ces prières qu'il doit d'être encore en vie.

J’ai commencé à apprendre un Noël que chante le groupe la Chavannée, il me parle profondément, on peut dire génétiquement. Où sont passés les Français qui se transmettaient ces merveilles de poésie savoureuse et simple, et ces mélodies qui s’adressent au plus pur et secret de notre âme ? Quand j’entends ce que les gens écoutent, partout dans le monde, à la radio, dans leur voiture, j’ai envie de me boucher les oreilles pour ne pas laisser ces ondes maléfiques perturber mes cellules.

Hier, m’appelle une amie d’Olia, une certaine Victoria, qui m’avait déjà contactée. Elle est designer à Moscou et s’intéresse à mes dessins. Elle s’y intéresse tellement qu’elle m’en a pris deux, et qu’elle m’offre d’exposer dans son studio professionnel fin décembre et de signaler mes oeuvres sur son site. Je suis ébahie par le succès qu’elles connaissent tout à coup. 

Victoria est très sympathique, intelligente, nous avons bien discuté. Entre autres, des horreurs que l’on construit partout. Elle me dit que c’est lié à la modernité, et qu’on est sans cesse amené, quand on porte  les yeux sur quelque chose de beau, à les détourner aussitôt des monstruosités voisines, il devient impossible de trouver des endroits intacts, et si cela arrive, on n’est jamais à l’abri d’un saccage ultérieur. Evidemment, c’est pourquoi la modernité me paraît globalement satanique, elle est laide et cacophonique, comment pourrait-elle venir de Dieu ? Katia disait aujourd’hui, à propos de Pereslavl, à une touriste : «Ici, on voit un petit coin pittoresque, mais tout de suite après, trash, trash, trash, une belle église, et à nouveau trash, trash, trash,  un bout de rivière et encore trash, trash, trash. »

Victoria va régulièrement en France pour son travail, et lors de ses dernières visites, elle a trouvé que les choses changeaient terriblement à Paris. Elle va y acheter des tissus d’ameublement, car ils restent très beaux, et il n’y a pas d’équivalent en Russie, d’autant plus que les usines qui fabriquaient des tissus de lin ont été démantelées après la perestroïka et celles qui ont subsisté depuis ferment les unes après les autres. Ce que j’avais remarqué, car au début de ma vie ici, je trouvais de jolis pièces de lin dans un magasin de Pereslavl, et il en a de moins en moins. C’est évidemment consternant, autant qu'incompréhensible.

Elle m’a dit qu’en voyant des photos de moi sur ma terrasse, elle avait pensé un instant que je me trouvais en France, car on ne voyait pas de jardins pareils en Russie. Elle m’a d’ailleurs acheté une vue de mes fleurs pour sa mère. Je ne suis pas très sûre qu’on voit beaucoup de jardins comme le mien en France, encore que je me sois inspirée du « jardinier paresseux » et de la conception écologique du jardin respectueux des êtres vivants qui l’habitent. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir autour de moi un microcosme harmonieux et vivant, avec des papillons, des abeilles, des hérissons, des couleuvres, des grenouilles et des oiseaux. Pas un catalogue de garden center.

le choix de Victoria



La rédaction de traduction qu'on m'a commandée demande pas mal de travail. Cette dame parle très bien français, mais il y a quelques contresens, il faut lire avec attention, et puis souvent les phrases sont filandreuses et maladroites, à moins de connaître parfaitement les deux langues, c’est fatal quand on ne traduit pas d’une langue étrangère dans la sienne. J’ai beaucoup de pain sur la planche, j’ai aussi les panneaux de Gilles à réaliser, la musique à répéter, car je vais chanter au café, puis à Moscou à la fin du mois de décembre, et au rythme où l’on m’achète des tableaux, je n’aurai bientôt plus rien à exposer, Ioulia vient de m’en retenir encore trois ou quatre...  Je suis très heureuse que l’on commence à apprécier mes oeuvres. J’ai toujours travaillé dans une extrême solitude, sauf à New-York, dans l’atelier de gravure de la New-York Students League, où j’étais très appréciée. Si j’avais trouvé le moyen de rester là-bas, je pense même que j’aurais fait carrière, mais ce n’était pas mon destin. Même ici, je connais beaucoup d’artistes-peintres ou graveurs, mais on ne m’avait jamais prise trop au sérieux, parce que je n’avais pas fait leurs écoles, je ne faisais pas partie de leurs cénacles. Cela vient un peu tard, enfin d’un autre côté, trop tard pour que je prenne la grosse tête, et cela me permettra peut-être au moins de ne pas trop manquer d’argent sur la fin...

Sur la chaîne Telegram Camille_Moscow un extrait d’émission télévisée où encore un soi-disant spécialiste commente une assertion complètement fantaisiste du « philosophe » Michel Eltchaninoff dans le Figaro : « Donald Trump a été en quelque sorte forgé par Poutine. Il est le président dont il a toujours rêvé et il en a précipité l’avènement .Poutine a créé sa légende, son double carnavalesque, son double bouffon, de manière à garder une supériorité sur lui ». Dire que ce bonimenteur hagard descend du père Alexandre Eltchaninoff dont j’avais tellement aimé le Journal profondément spirituel ! Mais le grand Bernanos a bien pour arrière-petit fils un sinistre antifa, le lumineux père Alexandre, lui, a le pitoyable Michel, dont l’imbécilité, la mauvaise foi et la haine recuite déshonorent ses ancêtres, il aura bien besoin de leurs prières, cependant, quand il passera de l’autre côté... Comme écrivain de romans d’espionnage de seconde zone, il ne serait peut-être encore pas trop mauvais, et au moins, le lecteur serait averti qu’il s’agit de pure fantaisie.

Tous ces "spécialistes" de la Russie ne reculent devant aucune extravagance, ils inventent absolument n’importe quoi, et encore trop d’imbéciles avalent et recrachent leur salmigondis avec beaucoup de conviction. Ce n'est pas que je sois, comme ils disent, "poutinolâtre", mais il faut arrêter de raconter des salades irradiées. Et dire que c’est nous qu’on traite de complotistes...

Si bête et absurde que tout cela soit, c'est de moins en moins drôle, car il commence à ne pas faire bon exprimer autre chose. On vient d’arrêter Anna Novikova et Vincent Perfetti qui, depuis longtemps, depuis bien avant l’intervention russe, rassemblaient et acheminaient déjà de l’aide humanitaire vers le Donbass. Il est vrai que dès 2013, le Donbass et ses habitants n’avaient pas bonne presse auprès des grandes consciences. Des sous-hommes, des gilets rouges. Que les bataillons punitifs ukrainiens fissent des cartons sur eux ne dérangeait personne, et ne valait pas d’en parler. Mais moi, dès ce moment, j’étais au courant, je savais, et je criais dans le désert. Et je me souviens de tout. 



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Laurent Ozon (sur X - 23/11/2025) :
"Maudits soient les va-t-en-guerrre !

L’oligarchie occidentale a poussé deux peuples slaves à s’entretuer. Depuis trois ans, chaque plan de paix a systématiquement fait l’objet d’attaques féroces utilisant toutes les ficelles de l’émotion au militarisme, de l’optimisme délirant aux caricatures les plus mensongères. Nous avons eu droit à l’avenir radieux de l’Ukraine dans des maisons sans passoires thermiques, aux Russes qui combattent avec des bâtons et volent des chipsets de machines à laver pour leurs armes, au comédien cocaïnomane Zelensky transformé en Churchill et à Poutine atteint de quatre maladies fatales ou déjà remplacé par un sosie, au nouveau tank, missile ou avion qui allait tout changer, et j’en passe. Cette avalanche de mensonges a justifié à chaque fois un torpillage des efforts diplomatiques pour plus de guerre, plus d’armes, plus de milliards, plus de dettes, plus de souffrance, de morts et de familles endeuillées, plus de transferts de souveraineté vers les institutions non démocratiques de l’UE et de l’OTAN.

Chaque plan de paix a été rejeté pour pousser la guerre toujours plus loin et plus longtemps dans l’espoir d’affaiblir la Russie et pour assouvir l’inextinguible envie de vengeance de quelques réseaux souterrains. Les hommes qui connaissent l'absurdité de ce conflit fuient leur pays tandis que d'autres sont raflés dans la rue par des milices pour les envoyer au front. Les hommes ukrainiens sont tués dans ce conflit absurde, tandis que leurs femmes représentent désormais plus de la moitié de la population des bordels allemands. 

Pourquoi cette guerre ? On l’a expliqué cent fois ! Parce que la Fédération de Russie ne pouvait laisser des Russes se faire martyriser sans réagir dix ans de plus dans le Donbass par un État mafieux (par ailleurs devenu la plaque tournante du trafic d’enfants dans le monde), intégralement piloté par ses adversaires géopolitiques. Né en 1991 dans des frontières soviétiques, l’Ukraine était devenue une menace cent fois plus dangereuse que les missiles de Khrouchtchev à Cuba en 1962, qui avaient amené alors le monde au bord d’une guerre nucléaire. Il suffisait d’écouter la Russie pour comprendre pourquoi elle ne pouvait renoncer ni aux Russes martyrisés sur leurs terres ancestrales et emprisonnés dans les frontières de ce nouvel État, ni aux risques que lui font courir les néoconservateurs en militarisant l’Ukraine contre elle. 

Les peuples slaves ont une endurance à la souffrance qui a été largement démontrée par le passé. L’oligarchie occidentale qui nous détruit par la dette, la mondialisation sans limite, l’immigration de masse et la déconstruction de nos modes de vie se dit qu’elle peut se servir de ces monceaux de cadavres et de ces millions d’estropiés pour continuer à nous imposer sa loi. Nous qui avons conscience de ce qui se joue en Ukraine et dans toute l’Europe ne pouvons voir arriver cette entente possible entre les États-Unis et la Fédération de Russie sans espérer qu’un jour on puisse offrir à l’Ukraine un autre avenir que celui que lui offrent ses « amis » actuels. 

Les chiens de guerre doivent se taire et l’Ukraine doit maintenant laisser partir les peuples qu’elle a martyrisés. Elle n’a plus rien à leur offrir et le temps du deuil arrive. Maudits soient les va-t-en-guerrre ! Maudits soient les imbéciles qui ont soutenu ou alimenté cette boucherie !"

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