Je répercute ici un article publié par Slobodan Despot dans son Antipresse, l'article d'un libéral russe qui a tout à coup pris conscience qu'il se trompait peut-être légèrement de combat.
L’ENLÈVEMENT D’EUROPE 2.0 (traduit du russe par Slobodan Despot dans le dernier Antipresse)
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ANTIPRESSE 273 | 21.2.2021 ExergueDepuis le 6 décembre 2015, l’Antipresse a publié 273 lettres hebdomadaires, 2759 articles originaux, 165 tribunes («passagers clandestins»).
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Chers Lecteurs, Nous nous occupions de notre actualité nationale, suisse et française, lorsqu’un texte peu ordinaire nous est tombé sous les yeux. J’ai donc décidé, au dernier moment, de le traduire pour vous. Il s’agit du «manifeste Bogomolov» qui suscite ces jours-ci une polémique monstre dans le milieu intellectuel russe. Hirsute, branché, marié à une personnalité politique d’opposition, le metteur en scène Kostantin Bogomolov est un représentant type de l’intelligentsia «libérale» et pro-occidentale en Russie. Son texte sur l’«enlèvement d’Europe 2.0» constitue pourtant une charge violente contre le «modèle» que l’Occident actuel offre au monde. Une charge d’autant plus terrible que les valeurs de cet Occident y sont «déconstruites» par quelqu’un qui les connaît bien et qui aurait voulu, en d’autres temps, les importer dans son pays. Cette déclaration de divorce culturelle intervient au même moment où le ministre des Affaires étrangères, le si retenu M. Lavrov, se déclare prêt à rompre les liens avec l’Union européenne. Qu’est-ce que cela veut dire? Même s’il est emporté, hâtif, partial, et bien entendu assez injuste, le pamphlet de Bogomolov tend un miroir à l’Occident. «Voici pourquoi nous ne vous aimons plus», lui dit-il. Dans sa critique, exprimée avec de grandes références culturelles et littéraires, nous pouvons voir la métamorphose de notre société de liberté en un pandémonium de haine et de suspicion se dessiner avec des couleurs crues. Les vérités inconfortables sont toujours bonnes à prendre! |
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Le manifeste Bogomolov Orange mécanique
L’homme est une belle créature, mais aussi une créature dangereuse. Comme l’énergie atomique, il a des pouvoirs à la fois créatifs et destructeurs.
Gérer cette énergie, limiter sa puissance destructrice et encourager sa puissance créatrice est une tâche ardue. La tâche de construire une civilisation complexe basée sur la complexité de l’humain. C’est ainsi que le monde occidental s’est développé jusqu’à une époque récente. Maîtriser par la religion, la philosophie, l’art et l’éducation la face obscure de l’homme, mais aussi laisser cette obscurité s’échapper par les mêmes soupapes, comme la vapeur d’une chaudière surchauffée.
Au XXe siècle, cette pile nucléaire qu’est l’humain avait échappé à tout contrôle. Le nazisme fut son Tchernobyl. Le choc et la terreur de l’Europe face à cette éruption du primaire humain étaient insupportables.
Libéré du nazisme, l’Occident a décidé de se prémunir contre un «accident nucléaire» en éliminant cet homme complexe.
C’est ce même type humain que l’Europe a façonné pendant des siècles de christianisme, l’homme décrit par Dostoïevski: à la fois élevé et bas, ange et diable, aimant et haïssant, croyant et pris de doute, pensant et fanatique. L’Europe a eu peur de la bête dans l’homme, ne réalisant pas que la part animale dans l’humain est aussi naturelle et organique que sa part angélique. N’ayant pas la force de surmonter intellectuellement et spirituellement les conséquences du nazisme, l’Europe a décidé de castrer l’homme complexe. Châtrer sa sombre nature, emmurer à jamais ses démons.
En son temps, Kubrick a tourné Orange mécanique, un film sur des jeunes ensauvagés qui terrorisent la cité sous l’influence de la drogue, tabassant et violant les paisibles citoyens. Une fois le chef du gang capturé, on lui propose une thérapie expérimentale en échange d’une libération anticipée: fixant ses paupières pour les empêcher de se refermer, on lui montre des heures durant des scènes de violence tout en lui passant la musique de son Beethoven adoré. Au bout du compte, le jeune homme n’est pas seulement débarrassé de son agressivité: la musique le rend malade, il ne peut plus voir une femme nue, le sexe le dégoûte. En réponse aux coups de fouet, il lèche les bottes de son fouetteur.
L’Occident moderne est un semblable criminel qu’on a chimiquement castré et lobotomisé. D’où, sur le visage de l’homme occidental, ce faux sourire de bienveillance et d’assentiment. Ce n’est pas le sourire de la culture, c’est le sourire de la dégénérescence.
Le Nouveau Reich éthique
L’Occident se considère comme une société «vouée» à la réalisation des libertés individuelles. En réalité, l’Occident lutte aujourd’hui contre l’individu en tant qu’énergie complexe et dangereuse à manier. Dans cette lutte, les fonctions de poursuite, de jugement et d’isolement ne sont pas supprimées, mais déléguées par l’État à la société. L’État, représenté par la police et les forces de l’ordre, s’est «humanisé», mais la société prétendument progressiste a assumé le rôle d’une nouvelle phalange, avec l’aide de laquelle le même État combat la dissidence avec une efficacité redoublée.
Le monde occidental moderne est en train de devenir un nouveau Reich éthique avec sa propre idéologie: la «nouvelle éthique». Le national-socialisme, c’est du passé. Le socialisme éthique est devant nous. Le socialisme queer. Siemens, Boss et Volkswagen ont fait place à Google, Apple et Facebook, et les nazis ont été remplacés par un mélange non moins agressif d’activistes queer, de féministes et d’éco-psychopathes qui sont tout aussi désireux de reformater totalement le monde.
Les régimes totalitaires traditionnels avaient supprimé la liberté de pensée. Le nouveau totalitarisme non conventionnel est allé plus loin et veut contrôler les émotions. Limiter la liberté d’émotion d’un individu: c’est le concept révolutionnaire du Nouveau Reich éthique.
Les sentiments et les pensées ont toujours été la zone privée de l’homme. Ses mains pouvaient être ligotées, mais son cœur et son cerveau étaient libres. C’était là le contrat social tacite de la civilisation européenne, qui voyait l’homme comme un réceptacle d’émotions et d’idées, où la haine est l’envers de l’amour: une composante certes complexe et dangereuse, mais nécessaire et importante de la personnalité humaine.
Dans la société nazie, l’homme avait été dressé comme un chien à haïr l’autre. Dans le Nouveau Reich éthique, l’homme est dressé à aimer et privé du droit de haïr librement.
Vous ne pouvez plus dire «Je n’aime pas ceci…», « Cela ne me plaît pas…», «J’ai peur…». Vous devez coordonner vos émotions à l’opinion publique et aux valeurs communes.
Or les valeurs communes sont devenues un nouveau Mur des Lamentations, où tout individu malheureux, offensé ou simplement malhonnête peut non seulement apporter sa note, mais aussi exiger qu’un nouveau Dieu - la Société progressiste - inscrive son insulte, son drame, sa peur ou sa maladie sur les listes d’une nouvelle Unesco éthique, lui confère un statut socialement éminent, lui alloue un budget et lui affecte un quota spécial dans toutes les sphères de la vie publique. Et quiconque affirme qu’un grief est futile, qu’une maladie est soignable ou qu’un drame personnel est votre affaire intime sera la cible d’une puissante machine répressive: cette même opinion publique.
Tous contre un
Les réseaux sociaux sont devenus l’outil idéal de cette nouvelle machine répressive. Tous les citoyens «bienveillants» et «actifs sur les réseaux» en sont les collaborateurs virtuels. Ils ne portent pas d’uniforme, ils n’ont ni matraque ni taser, mais ils ont des gadgets, une soif de pouvoir philistine et une passion tacite pour la violence doublée d’un instinct grégaire. Ils n’ont pas de prérogatives légales, mais ils tiennent la haute main sur le plan moral. Et à la lumière des récents événements aux États-Unis, il est évident qu’il ne s’agit pas simplement d’une foule spontanément rassemblée sur les réseaux: ils sont soutenus par les autorités, le nouveau ministère de la vérité représenté par les propriétaires des géants de l’Internet.
Les réseaux ont conféré à ces nouveaux violeurs l’anonymat, l’absence de contact et - par conséquent - l’impunité. Foules virtuelles, lynchages virtuels, intimidation virtuelle, violence virtuelle — mais isolement mental et social réel de ceux qui sortent du rang. Ces mouchards et ces loups-garous du web jouent habilement de la peur éternelle de l’humain de se retrouver seul contre tous les autres.
Dans l’État nazi, un artiste pouvait perdre son emploi et sa vie à cause de son art «dégénéré». Dans le «bel» État occidental du futur, un artiste peut perdre son emploi parce qu’il soutient un mauvais système de valeurs. Cependant, il ne s’agit plus seulement de l’artiste comme figure d’influence. La situation évolue de manière fulgurante. Aujourd’hui, le plus modeste assistant de recherche dans une institution de province américaine, ou un simple étudiant pacifique et parfaitement à sa place peut être expulsé à cause de sa «mauvaise» opinion de la vie politique ou publique actuelle. Et puisque c’est la société et non l’État qui prend ces mesures répressives, ces excommunications sont appelées actes de solidarité sociale, sanctifiées par la juste colère des personnes «libres» et «progressistes», qui exigent que les hérétiques se mettent à genoux, auquel cas elles seraient prêtes à leur accorder leur absolution et avec elle le droit de travailler et de créer. C’est ainsi que l’on est amené à l’autocastration comme seul moyen de survivre dans ce nouvel État orwellien.
La contre-révolution sexuelle
Le Nouveau Reich a déclaré la guerre à la mort. Une guerre à la nature humaine, au sein de laquelle le vieillissement et la mort font partie d’un incompréhensible plan divin. La poursuite de la jeunesse éternelle est devenue l’idée fixe de la nouvelle société occidentale. La raison en est évidente: la mort est imprévisible et divine. Or les socialistes queer, comme les national-socialistes, comme les communistes, ne reconnaissent nul autre pouvoir que celui de leur Idée. L’Idée et la Raison sont leurs divinités. Ou plutôt, ils sont eux-mêmes des dieux et voient l’homme non pas comme un mystère, mais comme un objet d’expérimentation, comme de la viande. La guerre à la mort est une guerre au mystère de l’être. Une guerre absurde et stupide contre l’éternité.
Mais là où il y a guerre contre la mort en tant que donnée divine, en tant qu’issue mystique, il y a aussi, inévitablement, guerre contre la vie. Car la vie est aussi imprévisible que la mort. Tout aussi incompréhensible. Et donc incontrôlable et dangereuse.
L’Europe est rapidement passée de la révolution sexuelle, qui avait tenu lieu de nouvelle Renaissance européenne post-nazie, à une lutte à mort contre l’énergie du sexe, la partie la plus vitale, la plus émotionnelle et la plus incontrôlable de l’existence humaine.
Car le sexe, c’est la liberté. Le sexe, c’est le danger. Le sexe, c’est l’animal dans l’homme. Mais surtout, le sexe, c’est la naissance de la Vie.
Le christianisme conférait à l’acte sexuel un caractère sacré. Divinité et beauté. L’érotisme était un sujet de l’art. Le désir était une inspiration. Le sexe, une jouissance sacrée de l’Amour. La naissance, un miracle.
Le Nouveau Reich considère le sexe comme de la production et les organes sexuels comme des instruments. Conformément aux préceptes socialistes du passé et dans le cadre du nouveau socialisme queer, il met en commun les outils de production et les redistribue, tout en optimisant la production elle-même et en la plaçant sous le contrôle de l’État social, rendant l’appartenance sexuelle indifférente.
L’incendie de Notre-Dame de Paris n’est pas un signe de la chute de l’Europe chrétienne sous les assauts des musulmans. C’est un signe étrange et mystique de la guerre du Nouveau Reich contre le mystère sacré de la vie et de la mort révélé par la Croix.
Les frontières et la nouvelle théorie raciale
La société transfrontalière et la globalisation sont des composantes du nouvel empire totalitaire. Autrefois, le dissident avait la possibilité de quitter sa société d’origine et d’en trouver une nouvelle. Les frontières garantissaient la liberté individuelle: la diversité des systèmes éthiques et de valeurs permettait à l’être humain de se trouver un environnement de vie et d’accomplissement adéquat — ou à tout le moins, un environnement qui le tolère et qui ne l’empêche pas de vivre.
Le Nouveau Reich éthique vise à l’expansion et l’unification des sociétés. Il instaure ainsi un nouveau village global, où le dissident n’a nulle part où se cacher des gardiens de la pureté éthique.
La pureté éthique a remplacé la pureté raciale. Aujourd’hui, en Occident, ce n’est plus la forme du nez ou la nationalité qui est examinée au microscope, mais le CV éthique de chaque individu qui se démarque: n’y aurait-il pas là-bas, tout au fond de votre passé, du harcèlement, de l’abus ou ne serait-ce qu’une déclaration qui ne correspond pas au nouveau système de valeurs? Si tel est le cas, tombez à genoux et repentez-vous!
L’Europe qu’ils ont perdue
La révolution a isolé la Russie de l’Occident pendant près d’un siècle. Libérée du bolchevisme dans les années 1990, la Russie s’est précipitée vers l’Europe. Elle cherchait à se faire accepter, voulait apprendre, rêvait de retrouver son statut de pays européen. Et puis se réapproprier les valeurs européennes, les valeurs de la belle Europe d’avant-guerre. Une Europe qui n’avait pas peur de l’homme dans toute sa complexité. Qui respectait sa liberté d’aimer et de haïr. Une Europe consciente que la nature avait créé l’homme comme un être complexe, contradictoire et dramatique, et qui ne se considérait pas autorisée à s’immiscer dans les desseins supérieurs. Une Europe pour laquelle la principale valeur de l’homme tenait en son individualité, exprimée non pas dans sa façon particulière de faire l’amour, mais dans sa façon de penser et de créer. Où la créativité elle-même consistait à créer des peintures, de la musique, des textes, et non à remodeler son propre corps ou à inventer de nouvelles options de genre.
C’était l’Europe que la Russie recherchait dans les années 90. C’était ce qu’elle-même rêvait de devenir.
Est-il nécessaire aujourd’hui de se chercher à tout prix des alliés là où il n’y en a pas?
L’Europe est une cerisaie abandonnée et désaffectée. Les Firs y fuient la foule des migrants, les Ranevsky sniffent de la cocaïne pour ce qu’il leur reste de santé, les Petya Trofimov écrivent des lois européennes, les Anya s’y découvrent gay, et les séniles Gaïev, tel le vieux Biden, marmonnent des sentences toutes faites sur la bonté et la justice.(1)
La Russie actuelle est très loin de cette Europe à laquelle elle aspirait. Et, de toute évidence, elle ne veut pas rejoindre le nouveau panopticon européen.
Nos progressistes et nos occidentalistes insistent: la Russie a toujours été et demeure encore un pays de brutes et d’esclaves. C’est en grande partie vrai. Mais il est également vrai que les longues années de vie dans des conditions d’absence de liberté, la peur du camp incrustée dans les gènes, la délation, mais aussi le mutisme et la violence comme moyens de survie et d’autodéfense du peuple contre les autorités et des autorités contre le peuple — toutes ces choses ne nécessitent pas une nouvelle révolution, mais de la patience et de la thérapie.
J’ai horreur de l’esprit de violence et de l’atmosphère de peur. Mais cela ne signifie pas que j’accepterai la transformation d’un pays de brutes et d’esclaves en un pays où l’on ne frappe plus par réflexe de peur, mais par exigence du cœur, où l’on n’empoisonne pas par veulerie, mais par ouverture d’esprit, où des Schwonders(2) BLM de toutes les couleurs (y compris blancs) entrent dans les maisons pour exiger des professeurs qu’ils s’agenouillent, partagent leur espace de vie et donnent leur argent pour aider des Floyds affamés.
La Russie a vécu tout cela en 17. Et les écritures inclusives et autres déformations du langage, et la volonté de s’affranchir de l’identité sexuelle ou culturelle, et les assemblées discutant de moralité, et les revendications de masse des travailleurs, et même des enfants qui trahissent leurs parents — ainsi que cela s’est produit récemment aux États-Unis, où une fille démocrate a dénoncé ses parents trumpistes à la police(3) en découvrant qu’ils avaient participé à la prise d’assaut le Capitole. Tout cela, nous l’avons connu. Et comme il est étonnant de voir le monde occidental, comme s’il rêvait pour la première fois les doux rêves de Vera Pavlovna, et comme il est étrange de voir les yeux brûlants et les discours naïfs des nouveaux raznotchintsy(4) russes, dont la répression morale exercée contre les malpensants n’est pas moins ardente que celle de la police anti-émeute.
Or il y a beaucoup de malpensants, et ce ne sont de loin pas des orthodoxes «dormants». Ce sont des gens modernes, joyeux et libres, instruits et prospères, ouverts à la nouveauté, aimant la vie dans toute sa diversité. Des Russes, des Européens, des Américains, qui rêvent secrètement que ces temps étranges et sombres s’en aillent. Ils ont peur d’élever la voix. Ils ont peur d’être cibles du harcèlement en ligne en Russie, d’être moralement terrorisés, de perdre leur emploi et leurs moyens à l’Ouest.
Ils ont besoin de soutien comme d’air pur. Il faut que leurs sentiments et leurs pensées soient formulés en paroles et que ces paroles soient portées par de la volonté et de l’organisation. Ce qui signifie qu’il temps de formuler de manière claire et intelligible une nouvelle idéologie de droite, une idéologie à l’écart de tout dogmatisme radical, mais qui défende de manière stricte et sans compromis les valeurs d’un monde complexe fondé sur une humanité complexe.
Les raznotchintsy russes nous disent: la Russie est à la traîne du progrès.
Par un concours de circonstances, nous sommes la voiture de queue d’un train fou lancé à toute allure vers un enfer boschien où nous attendent des démons multiculturels et «dégenrés» (gender neutral).
Il nous faut simplement détacher notre wagon, faire un signe de croix et commencer à construire notre propre monde. Reconstruire notre bonne vieille Europe. L’Europe dont nous avons tant rêvé. L’Europe qu’ils ont perdue. L’Europe de l’homme sain.
Je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit Bogomolov, mais je crois qu'il a saisi l'essentiel, et que ceux qui ont saisi cela, de n'importe quel horizon qu'ils viennent, devraient faire corps.
Ce qu'il n'a pas compris, à mon avis, c'est que le virus de 1917, dont il reconnaît aujourd'hui les symptômes en Europe, venaient de l'Europe, l'Europe était son incubateur, c'est pourquoi sa nostalgie des belles valeurs européennes perdues me fait plutôt rigoler.
Ces valeurs là avaient commencé à disparaître depuis longtemps, et la première crise de cette maladie, après la révolution anglaise, fut la révolution française, qui a infecté la Russie.
Le virus de 1917 a continué à prospérer dans son incubateur de départ, dans les intelligentsias européennes, et en particulier françaises, imprégnées de trotskysme. Dans les facs des années 70 régnait exactement le climat qu'il dénonce ici, ce totalitarisme exécrable, moche et stupide, je l'ai vu venir.
Là où je ne suis pas d'accord non plus, c'est dans sa conception de son propre peuple, des brutes et des esclaves, mais c'est naturellement logique pour un être élevé dans la conviction qu'avant 1917, tout n'était que ténèbres, alors que la brutalité et la mentalité d'esclaves ont été largement le fait de la terreur bolchevique; celle-là même qu'on installe en ce moment chez nous, avec toute sa bêtise destructrice. Dieu sait que je n'ai jamais approuvé le servage, mais je sais que d'une part, il n'était pas implanté partout, que d'autre part, ce n'était pas à proprement parler un esclavage et qu'enfin, le foklore, sous toutes ses manifestations, ainsi que les photos anciennes, ne laissent pas apparaître une mentalité d'esclaves et de brutes avec les faciès correspondants. Mais ni l'intelligentsia tsariste ni à plus forte raison l'intelligentsia communiste ne se sont vraiment penchées sur le folklore, à part quelques notables exceptions.
En effet, la Russie est le wagon de queue du train fou, mais cela ne date pas d'hier. Cela date du moment où Pierre le Grand l'a accrochée à ce train. A l'époque, il semblait puissant et magnifique, mais il était fou quand même, c'est juste que maintenant, il est difficile de ne pas le voir.
Pour nous, Européens, qui avons compris cela et, dans la débâcle, mettons notre dernier espoir en la Russie, il est très important, que les Russes fassent la même prise de conscience que Bogomolov, et sauvent leur pays, en jetant ce que l'Europe a de pire, et en gardant ce qu'elle a de meilleur.
La phrase à retenir, dans cet article, la plus pénétrante et la plus juste, est celle-ci, à laquelle je souscris entièrement:
L’incendie de Notre-Dame de Paris n’est pas un signe de la chute de l’Europe chrétienne sous les assauts des musulmans. C’est un signe étrange et mystique de la guerre du Nouveau Reich contre le mystère sacré de la vie et de la mort révélé par la Croix.