Je me suis fait engueuler par un intellectuel russe, au demeurant très gentil, parce que j'ai osé répercuter un recueil de citations de Lénine, dument accompagnées de leurs références dans les journaux de l'époque et ses oeuvres complètes, où il appellait au massacre et à la spoliation impitoyables de tous ceux qui l'empêchaient de faire de la Russie ce qu'elle n'avait jamais été et n'a pas vraiment réussi à être, encore un qui nous voulait du bien, comme Klaus Schwabe, comme Gates, comme Soros. Citations "sorties de leur contexte". Oui, mais même sorti du contexte, l'appel au massacre, à la terreur, c'est quand même un appel au massacre. Le contexte serait sans doute leur justification. Personnellement, je n'en vois pas. surtout à cette échelle, et avec cette brutalité. Et contre n'importe qui. Je dirais même qu'il m'est impossible de discuter avec des olibrius qui continuent à adorer cette idole phénicienne et à approuver les sacrifices humains qu'elle ne cessait de réclamer. Avec ceux qui regrettent papa Brejnev mais reconnaissent les "erreurs" précédentes, à la rigueur... mais cracher sur tant de tombes, non, en tant qu'orthodoxe, je ne le ferai jamais, et ce n'est pas cette "Russie", privée du reste de son nom et même de son intégrité géographique, culturelle et spirituelle, comme en voit les conséquences aujourd'hui, que j'ai aimée et que je suis venue retrouver.
En ce moment, on débat de savoir si l'on doit remettre la statue de Dzerjinski, le patron de la Tchéka, devant la Loubianka, ou s'il vaut mieux y établir la statue de saint Alexandre Nevski. Le débat n'est vraiment pas anodin. Je pense que le destin physique et métaphysique de la Russie dépend de ce choix. Un correspondant l'appelle "le choix entre un tchékiste et un saint", entre un bourreau idéologique et un saint prince. D'un point de vue purement politique, je pense qu'Alexandre Nevski étant une figure médiévale nationale unanimement reconnue, il serait beaucoup plus fédérateur de lui donner la préférence, plutôt que de jeter un os à ronger aux révisionnistes, ce qui va hérisser les autres, et j'ai déjà vu une lettre de hiérarques orthodoxes déclarant qu'ils ne reconnaîtraient jamais la restauration de celui qui a martyrisé tant de chrétiens écclésiastiques ou laïques, et cela paraît bien compréhensible. Une éventuelle réconciliation nationale ne saurait être que complètement compromise par le choix provocateur de Dzerjinski, et ce serait un vrai cadeau pour les libéraux et leurs maîtres occidentaux.
D'un point de vue chrétien, d'un point de vue métaphysique, il est évident que le choix de Dzerjinski plutôt que d'Alexandre Nevski serait un reniement définitif de la sainte Russie et de sa mission spirituelle en ce monde, de tous ses martyrs, à commencer par le dernier de ses tsars et sa famille, et aussi toute sa civilisation paysanne que l'on a détruite. Auquel cas, on pourrait être assuré qu'elle ne durerait plus longtemps. La réconciliation nationale deviendrait impossible. Dieu ne pourrait plus épargner un tel état. La Russie subirait le sort qui lui est promis par le Mordor occidental, et dégringolerait vite au niveau de tout le reste sans espoir de retour, avec quelques foyers de résistance, quelques ilôts, qui subsisteraient peut-être dans la nuit totale.
Prions donc pour que ce sacrilège ne se commette pas et que cette tentation soit déjouée. C'est pour moi la même chose que de préferer Maliouta Skouratov à saint Philippe de Moscou.
Très juste, je m'étonne du reste que ce soit sujet à débat. Ce n'est pas rassurant.
RépondreSupprimerCela doit faire l'objet d'un référendum à l'intérieur de la ville de Moscou, si j'ai bien compris.
SupprimerEn fait, je me demande si ce n'est pas une provocation, car il est évident que cela ne peut que diviser les gens, et certains se posent la question, d'ailleurs. Qui a lancé cette idée et pourquoi?
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