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mardi 15 novembre 2022
Revenant
dimanche 13 novembre 2022
Le dos au mur
Les travaux sont terminés, enfin pour l'instant. Je retrouve un peu de calme, pour ranger tout ce qu'on m'a mis sens dessus dessous, et reprendre mes habitudes de création et de prière.
Nous avons eu un étrange réchauffement, avec une tempête pluvieuse, de retour du bar, je voyais une demie lune énorme, et des nuages affolés et rapides, des étoiles brillantes qui paraissaient fuir dans tous les sens. Nous avions un concert Monteverdi Purcell, avec notre luthiste Oleg Botko et deux jeunes chanteuses. L’une d’elle avait une robe lie de vin semée de paillettes et j’étais fascinée par la lumière qui courait sur elle et rebondissait sur ses boucles d’oreilles. L’autre avait une coiffure bizarre, des dread locks en partie rouges, des emplacements rasés, je pensais à l’univers de Monteverdi qui n’est pas si loin de nous, en fait, et pourtant, c’est une véritable Atlantide engloutie. Un peintre local est venu nous dire qu’il descendait d’Eugène de Beauharnais. Il pense que les Russes vont perdre la guerre car « ils sont les agresseurs ». Je lui ai dit que ce n’était pas mon avis, que depuis des années, ils avaient tenté d’éviter la guerre qu’on les acculait à faire, et que j’espérais bien qu’ils allaient gagner, car sinon, l’existence de l’humanité deviendrait un tel cauchemar qu’on serait content de mourir.
Le lendemain dimanche, j'en ai parlé en confession au père Andreï. "Mais non, nous n'allons pas perdre, me dit-il, avec une assurance bonhomme et indulgente. Nous ne pouvons absolument pas nous le permettre, nous sommes le dos au mur, si nous perdons, nous serons mis en pièces, il ne restera plus rien de nous ni de notre pays. Nous avons contre nous des satanistes enragés, c'est une guerre pour la sainte Russie!
- Oui, c'est ce que je me dis, et c'est ce que je répète à mon entourage, mais si vous saviez ce que je ressens quand je vois des orthodoxes soutenir ceux d'en face!
- Et alors? Cela s'est déjà produit! Combien de métropolites et de Russes blancs ont suivi Hitler?
- Ah oui, mais ce n'était pas pareil, à l'époque, entre Hitler et Staline, le choix était quand même difficile...
- Oh vous savez, derrière les idéologies, les choix fondamentaux sont les mêmes. On nous voulait déjà la peau."
J'étais venue communier, j'avais même assisté aux vêpres la veille, avant le concert de musique baroque...
Il faisait déjà beaucoup plus froid, le vent avait viré au nord, une énorme banquise de nuage montait sous le pâle vaisseau lunaire, et s'ornait d"un débris d'arc-en-ciel, dont je ne verrai sans doute plus de manifestations jusqu'au printemps prochain...
Un correspondant facebook m’a envoyé des tas de petits cadeaux, des edelweiss de son jardin, des dessins, un vieux billet de banque.... C'est très touchant, un peu comme une bouteille à la mer. Facebook est maintenant complètement bloqué en Russie, cela m’ennuie, car
je ne peux appeler ma tante, mon dernier espoir est qu'on réussisse à lui installer Whattsapp. Sinon, au moins, je ne lis pas les commentaires imbéciles de tous les gogos de la Secte.
Au café, j'ai rencontré le cuisinier du futur restaurant français de la salle voisine, Laurent. Nous avons beaucoup discuté, de la Secte, justement, de la façon dont son état d'esprit s'est installé, de l'impossibilité où nous sommes de faire entendre raison à des gens de plus en plus butés et agressifs qui sortent des énormités, et estiment que nos témoignages ne sont pas valables car, certes, nous avons vécu en Russie et eux, la plupart du temps, non, mais ils savent quand même mieux que nous, car notre longue familiarité avec le pays nous rend partiaux. Sans doute sommes-nous masos de nous obstiner à y vivre... Cela dit, il y a des tas de gens qui ont vécu ici, des slavistes, ou même des Russes, qui disent également n'importe quoi car ils se sont bâtis une espèce d'hallucination dont ils préfèreraient crever plutôt que de s'éveiller, c'est justement là un des traits de la Secte depuis que je la vois à l'oeuvre, soit 1968. Ce qu'il y a de bien avec Laurent, c'est qu'il est croyant, catholique, il a donc une dimension supplémentaire qui lui permet de mettre les choses en perspective. D'après lui, les gens reviennent à l'église, en France, enfin ceux qui ne deviennent pas musulmans. Car les fameuses "valeurs" de la Secte sont tellement anti humaines, anti naturelles, qu'elles ne peuvent certainement pas donner un sens à la vie des personnes restées un tant soit peu normales...
J'attire à ce sujet l'attention sur deux vidéos capitales, celle d'Idriss Aberkane, dont je partage l'analyse du consentement hagard de mes contemporains à n'importe quelles manipulations. Et celle de Jean-Dominique Michel, anthropologue.
Dans le discours de ce dernier sur tous les mécanismes à l'oeuvre pour le covid comme pour l'Ukraine, j'ai noté une réflexion intéressante sur la robotisation du travail. Il dit que nous ne pouvons pas travailler constemment, que cela nous est impossible, que nous avons besoin de ne rien faire, à l'intérieur de notre temps de service. Cela nous permet de penser. Toute nature créative et contemplative le sait bien, et jusqu'à l'invention du capitalisme du profit et de ses divers épiphénomènes politiques, c'était le cas de la plupart des gens, le monde moderne n'est jamais qu'une énorme caserne, et cela depuis au moins deux cents ans. Mais les horribles mutants engendrés par la quête du profit ne peuvent envisager une chose pareille, c'est comme cela qu'on en arrive à empêcher les caissières d'aller pisser. Quand j'étais instit, je ménageais des temps de pause dans ma matinée, pour moi et les enfants, et notre hiérarchie estimait que nous devions en permanence être à l'affût de ces pauvres gosses, que chaque minute de notre temps devait entrer sans répit dans notre démarche pédagogique, or ma démarche pédagogique était de nous laisser vivre, rêver, souffler, échanger, penser. Il y avait des moments où je lâchais les gosses, et où je réflechissais, en prenant un café. Et puis en les regardant, et en regardant ce qu'ils avaient fait, des idées me venaient. Parfois j'en parlais avec mon assistante maternelle, elle me donnait son avis. Parfois j'en arrivais à changer complètement ma démarche ultérieure. La hiérarchie avait toujours peur que nous ne volions l'argent de notre salaire, mais enfin, quand on prend un moment pour réfléchir, avec un café, dans le bruit d'une classe et le cadre d'un horaire, on n'est pas peinard chez soi à faire ce qu'on veut...
jeudi 10 novembre 2022
Mauvais esprit
Quand je lis des commentaires inquiétants sur le conflit, mon coeur se serre, car dans l'état actuel des choses plus que jamais, je pense que si la Russie succombe à ses démons, comme l'Europe succombe aux siens, c'est l'humanité qui sera défaite et tout ce qui valait pour elle encore la peine de vivre. D'un autre côté, je sais que si Dieu n'a pas décidé de laisser tout périr en vue de son second avènement, cela ne sera pas. Et si le second avènement est proche, alors, il faudra endurer tout cela.
Une Russe résidant en France écrit que nos Arabes lui expriment leur soutien à la Russie, en vertu de leur horreur des "valeurs occidentales" qui sont des anti valeurs, et je ne peux que les comprendre. En réalité, tout être humain, héritier d'une culture et d'une tradition, et convaincu du caractère sacré de la vie, sans entrer dans le détail des divergences de foi religieuse, ne peut que rejeter violemment ces "valeurs", et la fracture, le conflit, ne se produisent pas entre des pays, ni même entre des religions, mais précisément entre les "valeurs occidentales" et les sociétés traditionnelles, ou les héritiers des sociétés traditionnelles et des valeurs humaines éternelles et universelles. Les Russes qui "confessent" ces valeurs, se répandent en sarcasmes et se fichent éperdument du sort de leurs compatriotes et correligionnaires du Donbass ne sont à mes yeux plus vraiment des Russes, ni même peut-être plus vraiment des humains. Non plus que les soi-disant patriotes français qui servent des ploutocrates criminels, maudissant les "bolcheviques" et les "soviétiques", quand les pires perversions de l'esprit et du coeur engendrées par les idéologies du XX°siècle et le système dont elles émanent règnent désormais chez eux, car même le plus obtus des néocommunistes, ici, ne descend pas au niveau du gauchiste woke ou du droitard congelé.
On m'a envoyé du Donbass une prière, complémentaire de l'homélie du métropolite Arsène de Sviatogorsk. Je la traduis comme je peux, car elle est en slavon.
Prière pour la Sainte Russie
Seigneur Dieu des puissances, Dieu de notre salut, vois dans ta miséricorde tes humbles serviteurs, entends-nous et pardonne-nous: c'est une guerre d'union contre la Sante Russie; dans le but de diviser et de perdre son peuple unique.
Dieu, lève-toi pour défendre Ton peuple et donne-nous la force de Ta victoire.
Soutiens Tes fidèles serviteurs, gardiens fervents de l'unité de l'Eglise russe, affermis-les dans l'esprit de fraternité et délivre-les des malheurs. Réduis à l'impuissance ceux qui, dans l'obscurcissement de leur esprit et l'endircissement de leur coeur, déchirent Ta tunique qui est l'Eglise du Dieu Vivant, réduis à néant leurs projets.
Enseigne toutes sortes de bienfaits à ceux qui conservent la grâce de Ta puissance et enrichis la sagesse!
Conforte les guerriers et tous les défenseurs de notre Patrie dans tes commandements, envoie-leur la fermeté de l'esprit, garde-les de la mort, des blessures et de la captivité.
Conduis à la maison ceux qui sont privés de toit, exilés, abreuve ceux qui ont soif, conforte et soigne ceux qui souffrent et subisssent des fléaux, donne bon espoir et consolation à ceux qui sont dans le trouble et l'affliction!
Pardonne leurs péchés à ceux qui sont tués en ces jours, qui meurent de leurs blessures ou de maladies donne-leur un repos bienheureux!
Emplis-nous de Ta foi, de Ton espérance et de Ton amour, restaure entre tous les pays de la Sainte Russie la paix et l'unité, rétablis entre tes peuples l'amour mutuel, afin que d'une seule bouche et d'un seul coeur nous Te confessions, Dieu unique glorifié dans la Trinité. Car Tu es l'intercession, la victoire et le salut de ceux qui s'en remettent à Toi et nous Te glorifions, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Молитва о Святой Руси.
Господи Боже сил, Боже спасения нашего, призри в милости на смиренныя рабы Твоя, услыши и помилуй нас: се бо брани хотящия ополчишася на Святую Русь, чающе разделити и погубити единый народ ея.
Возстани, Боже, в помощь людем Твоим и подаждь нам силою Твоею победу.
Верным чадам Твоим, о единстве Русския Церкви ревнующим, поспешествуй, в духе братолюбия укрепи их и от бед избави. Запрети раздирающим во омрачении умов и ожесточении сердец ризу Твою яже есть Церковь Живаго Бога, и замыслы их ниспровергни.
Благодатию Твоею власти предержащия ко всякому благу настави и мудростию обогати!
Воины и вся защитники Отечества нашего в заповедех Твоих утверди, крепость духа им низпосли, от смерти, ран и пленения сохрани!
Лишенныя крова и в изгнании сущия в домы введи, алчущия напитай, недугующия и страждущия укрепи и исцели, в смятении и печали сущим надежду благую и утешение подаждь!
Всем же во дни сия убиенным и от ран и болезней скончавшимся прощение грехов даруй и блаженное упокоение сотвори!
Исполни нас яже в Тя веры, надежды и любве, возстави паки во всех странах Святой Руси мир и единомыслие, друг ко другу любовь обнови в людях Твоих, яко да единеми усты и единем сердцем исповемыся Тебе, Единому Богу в Троице славимому. Ты бо еси заступление, и победа, и спасение уповающим на Тя и Тебе славу возсылаем, Отцу и Сыну и Святому Духу, ныне и присно, и во веки веков. Аминь.
Voici ce qu'écrit dans vkontakte une des vendeuses de cierges de notre cathédrale, la joviale Natacha:
Ma Patrie, ma Russie. Qui n'écrit pas de nos jours sur l'assaut, le retrait, sur les forts et ceux qui ont peur, sur ceux qui abandonnent les leurs et ceux qui ne le font pas.
Et moi, je ne comprends rien à ces questions, je ne sais pas analyser, et encore moins raisonner sur des thèmes politiques. Je comprends seulement que j'ai une Patrie, que je l'aime indépendamment de la situation. La Patrie, c'est comme les parents. Et les parents, il y en a de toutes sortes, ils réussissent ou pas tellement, ils sont ou non en bonne santé, riches ou pauvres. Mais ils nous sont chers. Et ils peuvent nous agacer, mais nous avons le sentiment du devoir envers eux. Je voudrais tellement que le Seigneur gardât la Russie et nous tous du malheur, d'une fin soudaine et alarmée. Seigneur, garde-nous et protège-nous s'il te plaît. Et nous supporterons, tous nos ancêtres savaient travailler, endurer et croire. Et ensuite, quand nous aurons triomphé, nous discernerons comme il le faut ce qu'il fallait bien comprendre, ce qu'on a fait de travers. Mais maintenant, essayons de supporter ce qui nous est donné. C'est vraiment douloureux d'entendre comment persiflent sur la Patrie certains grands esprits et analystes.
Pardonnez-moi pour l'amour du Christ, si j'ai offensé quelqu'un.
Моя Родина,моя Россия. Кто сейчас только чего не написал про наступление,про отступление,про сильных и испугавшихся, про то что своих бросают,и своих не бросают.
А я ничего не понимаю в этих вопросах,анализировать не умею, тем более рассуждать на политические темы.Одно понимаю,что у меня есть Родина, и я её люблю независимо от ситуации .Родина -это как родители.И родители бывают разными - успешными и не очень , здоровыми и больными,богатыми и бедными.Но родные и любимые .А возможно, они начинают раздражать, но есть чувство долга перед ними. Мне так хочется,чтобы Господь уберег Россию и всех нас от беды,от внезапной и немирной кончины.Господи,сохрани и сбереги, пожалуйста.А мы потерпим, все наши предки умели работать,терпеть и верить.И мы сможем.А потом ,когда победим,будем разбираться,как надо было сделать правильно, и что наворотили неправильно. А сейчас, попробуем все перенести,что нам дано.Прямо реально больно слышать,как глумятся над Родиной некоторые умники и аналитики.
Et pendant ce temps, dans la patrie des droits de l'homme:
https://www.voltairenet.org/article218373.html
Justement, quelqu'un, à mon avis un type de droite qu'on a congelé dans les années 30, m'invective pour mon soutien à tout cela, à la Sainte Russie. Et en effet, ce soutien fraternel et profond n'est pas suscité par ma patrie de naissance, mais qui attaquait ma patrie, quand je l'ai quittée, à part ses propres dirigeants, ses propres journalistes et tous ses intellectuels faillis qui la couvrent de sarcasmes depuis que j'en ai pris conscience sur les bancs du lycée, soit plus d'un demi siècle? Dans quelles infamies n'avait-elle pas trempé depuis qu'elle s'était acoquinée avec l'OTAN? De quelle façon considérait-elle la foi de ses ancêtres, leurs traditions, leurs réalisations, leur histoire, leur culture? Peut-être que la patrie des droits de l'homme n'est plus celle des Français, et depuis un bon moment. Les valeurs de mes ancêtres français se conservent ici chez les Russes. C'est pourquoi s'est déployé depuis des décennies ce complot des cancrelats ploutocrates à l'égard de la "civilisation orthodoxe", dernier bastion de ce qu'ils ont détruit avec tant de patiente et vile fourberie dans toute l'Europe.
Je suis à cet égard avec une profonde tristesse le blog de Panagiotis, parallèle au mien par l'esprit, sur l'assassinat immonde de la Grèce.http://www.greekcrisis.fr/2022/11/Fr0994.html
Un assassinat de longue haleine, comme le nôtre. Dès les années 70, les gens "intelligents et cultivés"qui, d'ailleurs ne l'étaient souvent pas tant que ça, tournaient en dérision la France, sa religion, son passé, sa culture, ses traditions, les paysans étaient tous des abrutis, les petits commerçants et artisans tous des voleurs, les Français en général tous des collabos et des racistes, les cathos tous des neuneus.
Cette prétention des intellectuels, leur mépris des choses naturelles et sacrées, me valaient une grande solitude, car je ne partageais pas du tout cette vision des choses, et c'est aussi parce que de telles attitudes étaient étrangères aux Russes, même soviétiques, que je me suis tellement attachée à leur civilisation restée si longtemps paysanne et médiévale, avec la gravité et la pureté correspondantes. Même chez les gens "de droite", je ne trouvais pas cela en France, ils étaient souvent méchants, avec une espèce d'humour desséché, amer, il était de mauvais ton partout d'être spontané, sincère, lyrique, émotif, confiant.
On essaie de faire la même chose avec les Russes. On essayait déjà avant la révolution, comme il apparaît dans les romans de Dostoievski, où l'esprit de dérision, issu du XVIII° siècle français, contaminait la noblesse et l'intelligentsia libérale mais rebondissait sur le "peuple obscur". Maintenant, il pourrit la jeunesse des grandes villes, et tout a été fait pour ça. Tandis que la "populace" résiste.
Anna Ossipova m'écrivait récemment que les gens du moyen âge devaient être sérieux comme des enfants.
la Ballade du soldat |
Facebook, que j'ai continué à recevoir longtemps, n'arrive plus sur mon ordinateur.
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dimanche 6 novembre 2022
Le riche et Lazare.
Nous avions beaucoup de monde au vernissage de notre exposition, Larissa et moi, et c'était très chaleureux. Cela dit, j'étais complètement ébahie de fatigue. Car les travaux continuent, avec des surprises.
A la liturgie, à laquelle je me suis rendue après mon combat habituel, j'ai trouvé les forces spirituelles dont j'ai besoin, un état d'amour et de reconnaissance. J'aime tout le monde, à l'église, chacun de nos prêtres, les dames qui vendent les cierges, les adorables petits servants d'autel, le sacristain, les fidèles, les vieilles. Je me sens positivement inondée d'amour pour les membres de ma paroisse. Pour les miens morts et vivants. Pour ceux qui veulent venir ici, pour ceux qui y sont déjà. Nous avons un nouveau prêtre, le père Alexandre, sans doute une recrue de notre évêque. Ses sermons sont à la fois courts et magnifiques, d'ailleurs les sermons magnifiques sont souvent courts. Il a commenté l'histoire du riche et du pauvre Lazare en nous disant qu'il ne fallait pas croire que cette parabole concernait seulement la richesse matérielle, que chacun de nous avait des richesses dont il pouvait faire profiter les autres, pour les uns l'argent, pour les autres le temps, ou encore le don de la parole, et qu'il pouvait s'agir parfois d'être seulement bien disposé envers des inconnus, d'avoir un mot gentil, de savoir écouter qui a besoin de parler, d'être attentif ou simplement poli, de se montrer utile, de semer le bien. Ainsi un tel fait preuve d'agressivité envers tel autre qui se venge sur un troisième, alors qu'un mot aimable va voyager de même de l'un à l'autre. Nous nous devons à tous ceux que nous rencontrons, car nous sommes tous liés, nous nous devons à nos ancêtres et à nos descendants, car tous sont réunis en Dieu, et c'était tellement ma vision des choses que moi qui souvent me demande si je suis bien chrétienne, au fond, j'avais tout à coup la certitude de l'être; et cela d'autant plus que ce sermon semblait avoir été fait exprès pour moi qui venais de m'attendrir sur les uns et de me repentir d'être impatiente ou injuste avec les autres, et notemment avec l'amie parfois casse-pieds qui avait si bien ressenti mon livre.
vendredi 4 novembre 2022
Homélie du métropolite Arséne de Sviatogorsk, à l'occasion de la fête de l'icône de Notre Dame de Kazan
L'homélie de monseigneur Arsène, prononcée à l'occasion de la fête de la Mère de Dieu de Kazan, qui est aussi celle de l'unité russe, m'a paru si significative, que j'ai pris la peine de la traduire. La laure de Sviatogorsk est un haut lieu spirituel ukrainien. L'homélie de son métropolite jettera pour certains une lueur nouvelle sur la situation.
Aujourd'hui, le peuple orthodoxe célèbre la fête de l'icône de la Mère de Dieu de Kazan. La Mère de Dieu est unique, mais innombrables sont les saintes icônes peintes et vénérées en différents endroits, qui ont pris le nom des villes, des événements ou des lieux où elles sont apparues. Pourquoi le peuple orthodoxe fête-t-il particulièrement la Mère de Dieu de Kazan? Pensez donc, la capitale d'un khanat tatar, loin du centre et de la capitale, pourquoi cette image est-elle tellement vénérée par notre peuple? Parce que c'est justement elle qui a produit de grands miracles d'intercession pour notre patrie. Ce n'est pas en vain que dans l'acathiste à la Reine du Ciel on trouve les mots: "Intercessrice inlassable de la chrétienté". Ainsi, nous savons que les chroniques du XI et XII siècles nous disaient avec douleur: "Les églises sont vides, et les gens sont tout aux jeux et aux plaisirs. On ne trouve personne pour chanter à l'église, mais on se livre aux chansons à la maison. " C'est ce qu'elles mentionnaient juste avant les conflits. La froideur envers Dieu, l'oubli de Dieu ont provoqué les discordes et la haine, le morcellement de notre état en plusieurs principautés, l'hostilité mutuelle des princes et du peuple. Ainsi les chroniques, avant même l'invasion tataro-mongole, se demandent déjà avec épouvante ce qu'il adviendra de l'état russe pour un tel oubli de Dieu, un tel désamour pour Ses commandements.
A la fin du XVI¨siècle, en dépit de l'élargissement de notre état, de son influence accrue, on assiste à une grande dégradation morale et spirituelle dans notre société. Nous savons tous, par l'histoire, ce que fut l'opritchnina, quand des assassins et des calomniateurs anéantissaient des familles et des villes entières, nous savons que fut tué l'héritier du trône, le tsarévitch Dimitri, après quoi régnèrent Boris Godounov et autres boyards élus qui n'étaient pas de sang impérial. Les émeutes permanentes et la famine du règne de Boris Godounov, le désordre et l'indignation partout; les forêts et les villes, d'après les chroniques, envahies par des bandes de brigands, tout cela causait, avec la permission de Dieu, à notre peuple de nouveaux malheurs. Ce n'est pas Dieu qui nous punissait, c'est nous qui nous punissions nous-mêmes...
C'était le Temps des Troubles, quand les Polono-Lituaniens s'étaient emparés de toute notre patrie, et la pillaient à leur gré, transformant les églises en écuries, profanant les saintes reliques, les saintes icônes, dépouillant les églises, tuant les gens. Sur le trône des tsars, on plaçait de faux Dimitri, le premier, le second, le troisième. Même au gouvernement, c'était le désordre, et selon les historiens d'alors, les gens ne vivaient plus dans leurs villages mais dans les forêts. Ils craignaient les razzias, les pillages et les violences, ils ne semaient ni ne labouraient, car de toute façon, on leur brûlait tout. La famine était telle qu'ils se mangeaient entre eux.
Nous oublions ces leçons de l'histoire. Et voilà que pour secourir notre patrie, devenir les défenseurs de la foi orthodoxe, furent appelés des gens de simple origine: un staroste d'église, Kouzma Minine, et l'insignifiant prince Pojarski, qui bien qu'il fut d'une famille noble appauvrie, était un homme de guerre expérimenté. Ils furent choisis par la Mère de Dieu et le Seigneur pour relever notre patrie.
Les Polonais s'étaient tellement enhardis chez nous que déjà, des prêtres catholiques célébraient des messes dans les églises du Kremlin. Ils se conduisaient en maîtres, notre peuple l'a oublié, cette époque était particulièrement dure en Ukraine. Les église orthodoxes étaient fermées. On convertissait de force nos frères orthodoxes, on les faisait entrer dans l'Union. Et voilà que pour secourir sa patrie, le peuple nomma le patriarche Hermogène. Il fut un moment le recteur de l'église saint Nicolas de Kazan, et fut trouvé digne de découvrir l'icône de la Mère de Dieu de Kazan. C'est lui qui écrivit l'acathiste à la Reine du Ciel de Kazan, la tradition de l'Eglise rapporte que c'est justement lui l'auteur du tropaire: "Intercessrice inlassable de la chrétienté". C'est sur lui qu'à cause des actes écrits qui en faisaient l'élu du peuple, se jetèrent avec des couteaux les traîtres boyards. Et les polonais, ne sachant comment forcer le patriarche à se taire, l'enfermèrent dans un cachot où ils le firent mourir de faim. Voilà quel était alors l'état de notre patrie, mes frères et soeurs.
Alors la Mère de Dieu apparut à un simple staroste, un commerçant du marché de Nijni Novgorod, Kouzma Minine; et lui ordonna de rassembler une milice de résistance populaire. Lui, sidéré par l'apparition, ne savait comment lui, simple quidam, pourrait s'acquitter de cette tâche pour sauver la patrie. La Mère de Dieu lui apparut une seconde fois, lui ordonnant sévèrement de rassembler la milice populaire. Mais là encore, il fit preuve de pusillanimité. Alors elle lui apparut une troisième fois, et lui dit: "Si tu ne le fais pas, j'apparaîtrai ailleurs, et tu seras puni par Dieu". Alors, après avoir communié à l'église, il sortit sur le parvis, et s'armant de ferveur, de tout son amour de la patrie et de son coeur souffrant pour elle, fit un discours qui rassembla des milliers de novgorodiens. Les femmes enlevèrent leurs bijoux, les pauvres, n'ayant rien d'autre à offrir, leurs croix de baptême, et les jetèrent sur le tas des dons destinés à la milice populaire.
Le prince Dmitri Pojarski se rendit à l'appel de la Mère de Dieu. A la tête de la milice, on portait l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu de Kazan, et toute l'armée, en expiation des péchés du peuple, fit un jeûne de trois jours. Ne touchèrent ni eau ni nourriture non seulement les adultes, mais même les enfants, pour que leurs pleurs montassent jusqu'à Dieu, et même les animaux domestiques en furent privés, pour joindre leurs hurlements aux leurs. Après ces trois jours de jeûne et de prières d'intercession, la milice populaire, armée de ce qui lui tombait sous la main, partit défendre le pays. Les gens simples se soulevèrent non seulement pour leurs biens matériels, mais pour défendre la sainte orthodoxie, leur patrie contre les hérétiques qui s'en étaient emparés. Et nous savons qu'aujourdhui est une date particulière, en ce jour le Kremlin de Moscou fut délivré des conquérants polono-lithuaniens, et bientôt, toute la sainte Russie, par le choix ultérieur d'un tsar de la lignée des Romanov, commença à grandir et à prendre des forces.
Nous connaissons, mes frères et soeurs, de nombreuses périodes de l'histoire de notre patrie et notre peuple a toujours su les estimer à leur juste valeur. Il n'a pas essayé de dire que tout était parfait, que c'était ce qu'il fallait, que c'était pour le bien de la patrie, non. Le peuple a toujours appelé la discorde la discorde, la perversion des gens la perversion, le temps des Troubles le temps des Troubles, chaque période a été appréciée comme il le fallait par le peuple orthodoxe et ses historiens, et l'histoire de ces temps en toute vérité, sans rien cacher et sans mensonges.
Notre temps est aussi celui des troubles, on essaie d'applaudir en disant: "Ah mais c'est tellement bien, c'est la démocratie!" Qu'y a-t-il de bien là dedans? On a divisé le peuple, les dirigeants et les politiques se sont entredéchirés, l'économie s'est effondrée, personne ne se soucie des gens, personne ne s'occupe des enfants, toute l'histoire est renversée cul par dessus tête. C'est maintenant le temps des troubles, où il faut se repentir, où il faut particulièrement, frères et soeurs, prendre conscience de ses péchés devant Dieu. Ne pensez pas que si nous vivons sans Dieu, tout va être à l'avenir lisse et doux. Si nous continuons à nous détourner de Dieu et à élever nos enfants sans Lui, alors nous connaîtrons le malheur. L'histoire nous l'enseigne, regardez, qu'avions-nous avant les tataro-mongols? La même chose, la discorde, et la division. Qu'avions-nous avant le temps des Troubles? Qu'avions-nous avant l'invasion française? Quand au XVIII° siècle, on ne jurait que par la France, tellement qu'on avait honte de parler russe, la bonne société parlait seulement français, toute notre culture était méprisée, on ne voyait que la France, tout était si bien là bas. Catherine était amie avec Voltaire, avec les révolutionnaires français, l'incroyance s'installait partout, les loges maçonniques étaient si répandues au XVIII siècle, qu'un proverbe courait dans la noblesse: "Qui n'est pas maçon?" Le Seigneur permit l'année 1812, l'invasion de ces Français cultivés qui firent une écurie de la cathédrale de la Dormition au Kremlin, démontrant par là leur culture, et cela se termina, frères et soeurs, par une victoire, et non seulement la victoire, mais la renaissance de notre conscience nationale. En effet, ce n'est pas en vain que la guerre des partisans fut un secours énorme, comme l'ont été le temps des Troubles et 1812. Nous célébrons aujourd'hui, descendants rconnaissants de nos pieux aïeux, la fête de l'icône de la Mère de Dieu de Kazan. Nous remercions la Mère de Dieu de l'intercession dont elle fit et fait preuve pour notre patrie. Car l'icône de la Mère de Dieu du Don était à la bataille de Koulikovo; car l'icône de la Mère de Dieu de Kazan marchait à la tête du soulèvement contre les catholiques jésuites, car la Mère de Dieu de Smolensk précédait les régiments de Borodino, l'icône de la Mère de Dieu de la Puissance apparut au moment de l'abdication du tsar Nicolas en 1917, cette icône où la Mère de Dieu porte le sceptre et prend la tête de notre état. C'est l'icône de la Mère de Dieu de Kazan qui était sur la berge opposée de la Volga, près de Stalingrad en feu, et nuit et jour, on célébrait devant elle des offices d'intercession. C'est elle qu'on a fait voler par avion au dessus de Léningrad et, mourant de faim 900 jours, la ville ne se rendit pas à l'ennemi. C'est avec l'icône de la Mère de Dieu qu'on a parcouru les tranchées autour de Moscou, c'est l'icône de la Mère de Dieu de Kazan que Joukov a prise avec lui au siège de Koenigsberg, et l'on peut citer sans fin de pareils exemples. Et souvenons-nous, frères et soeurs, que si nous avons eu des périodes d'apostasie, nous avons eu des périodes de repentir. Dans quelle période nous allons vivre, vous et moi, cela dépend de nous. Soit nous choisirons la voie de l'apostasie, en dépit des exemples de notre histoire, et nous marcherons à nouveau sur le même râteau, soit nous nous souviendrons, frères et soeurs, de Dieu, de la Mère de Dieu, combien de fois nous les avons offensés par nos péchés, combien de malheurs nous avons causés à notre patrie par notre mécréance.
Rappelons-nous combien aujourd'hui d'alcooliques, de drogués et de débauchées nous avons élevés dans l'incroyance. Et après cela, elle est parfaite, et après cela, on chante ses louanges. Celui qui se dit athée, qu'il prenne sur lui la faute de l'anéantissement de ce que notre nation avait de plus saint, la destruction de nos églises, de nos icônes, l'éxécution des prêtres et des chrétiens othodoxes. Celui qui se dit athée, qu'il prenne la responsabilité du sort des paysans dékoulakisés qu'on a envoyés au bagne et fait mourir de faim. Celui qui se dit athée et incroyant, qu'il prenne la responsabilité des filles de notre patrie devenues pécheresses, de ses fils alcooliques; drogués et criminels, parce que c'est le système incroyant qui a élevé tous ceux-là. Celui qui se dit athée, qu'il regarde l'effondrement de l'agriculture et de l'économie de notre état en ruines, c'est aussi le fruit de la mécréance, car le Seigneur a dit: "sans moi, vous ne pouvez rien créer". Nous ne pouvons rien créer sans Dieu et nos pères et grands-pères disaient: "Sans Dieu tu ne passes pas le seuil, avec Lui tu vas au bout de la mer". Celui qui se dit athée, qu'il prenne la responsabilité de l'effondrement ultérieur de notre pays. Celui qui se dit athée, qu'il prenne la responsabilité du mensonge et de la duplicité dont font preuve nos politiciens envers notre peuple. tout cela, ce sont les fruits de l'incroyance.
Et que sont les fruits de la foi? C'est l'amour de sa patrie, le sacrifice de soi, la restauration de nos lieux saints profanés, la réunion en un seul écrin des trésors spirituels et culturels de notre peuple. Qu'est-ce que la foi? C'est notre renaissance morale et spirituelle. qu'est-ce que la foi? C'est l'éducation des enfants pour notre joie et celle de toute notre patrie. Qu'est-ce que la foi? C'est la forteresse de notre état et la conscience d'être une grande nation, choisie par Dieu lui-même. Qu'est-ce encore que la foi, frères et soeurs? C'est tout ce qu'il y a de bon, dans notre peuple, la chasteté, le pardon universel, l'amour les uns des autres, l'amour du travail, tout cela, c'est la foi. Et qu'allons-nous choisir, quelle voie? Celle de la mécréance athée s'est bien dévoilée et nous irions la suivre? Mais Dieu nous garde d'un tel bonheur!
Nous avons, frères et soeurs, l'exemple de la pieuse vie de nos pieux ancêtres, celui des saints princes et guerriers orthodoxes, défenseurs et unificateurs de notre patrie, celui des sages saints, des pieux laïques, travailleurs, qui aimaient Dieu, leur terre et l'Eglise Orthodoxe. Soyons, frères et soeurs, sensé et non déments. Ce n'est pas en vain que le monde civilisé nous a appelés homo sapiens, homme raisonnable. S'il est raisonnable, alors raisonnons, qu'est-ce qui est blanc, qu'est-ce qui est noir, qu'est-ce qui est bien qu'est-ce qui est mal? Ce n'est pas en vain que ce monde mécréant craint l'Eglise maintenant, et qu'un politologue américain écrit dans le Washington Post:"Après l'effondrement de l'Union soviétique, il ne nous reste qu'un seul ennemi, l'Eglise Orthodoxe russe!" C'est ce que dit ce politologue du gouvernement, ils détestent l'Eglise Orthodoxe. Pourquoi notre pays est-il assiégé par toutes sortes de sectes, de schismes et d'hérésies? Pour nous diviser encore plus, nous déchirer, nous démembrer, et après cela, divise et règne, en utilisant la faiblesse et l'impuissance. C'est, frères et soeurs, à notre époque, que l'on tombe sur l'Eglise Orthodoxe, c'est à notre époque que l'on craint de laisser entrer les prêtres dans les écoles. On nous dit que nous avons un large pluralisme religieux, que toutes les sectes ont leur place dans notre état orthodoxe. Ils ont peur, et en même temps, ils n'ont pas peur de fermer les écoles de campagne, détruisant de la sorte les villages. A notre époque, frères et soeurs, nous avons la responsabilité de nous-mêmes, qu'adviendra-t-il de nous, qui choisirons-nous, Dieu ou l'ennemi? Soit nous restons avec la sainte russie, conservant l'unité d'esprit du peuple orthodoxe, soit nous oublions toutes les leçons de l'histoire et tombons dans un esclavage impuissant, tournant la tête de tous les côtés, que dit-on ici, que pense-t-on là, qu'estime-t-on là bas? Il est temps de nous évaluer nous-mêmes, et de construire notre patrie sans conseillers venus d'ailleurs. Et ne commençons, frères et soeurs, la vie créative de notre pays par rien d'autre que le repentir et la prière dans les églises de Dieu. Au jour d'aujourd'hui, tenons-nous devant l'intercessrice assidue de la chrétienté, devant sa pure image. Souvenons-nous qu'elle a un jour appelé un homme simple à faire renaître la sainte Russie, Kouzma Minine. Que la Mère de Dieu élise en chacun de nous un homme de prière qui, par ses oraisons et ses récits, nons eulement en paroles mais par l'exemple, montre comment vivre et vers quoi diriger ses efforts, à quoi prêter attention, et quel sens donner à tout cela. Que la Mère de Dieu nous aide au jour d'aujourdhui, nous, pécheurs, maudits, indignes, coupés de Dieu, comme autrefois nos compatriotes, par sa miséricorde et sa protection, ses prières maternelles. Et bien que nous soyons tout cela, nous n'avons pas d'autre Dieu que notre Seigneur Jésus Christ, pas d'autre mère que la Reine du Ciel, et bien que nous t'ayons renié, Seigneur, Toi, ne nous renie pas. Reine du Ciel, par ton amour maternel, couvre nos féroces péchés, restaure en nous la ferveur pour Dieu, l'amour de la sainte orthodoxie, de cette voie sur laquelle marchaient nos ancêtres sans jamais le regretter. Amen.
mardi 1 novembre 2022
Un jeu
J'ai goûté les matriochkas du pâtissier Godfroi, il ne les fait que le dimanche. Ce sont des "religieuses" arrangées à la russe. C'est très joli et très bon. J'aime beaucoup aussi ses flans au chocolat, et il fait d'excellentes viennoiseries de son invention, de la pâte à croissant caramélisée fourrée de diverse manière, gelée de framboises, lait concentré caramélisé ou gelée d'oranges. J'aime le gâteau la Forêt, le tiramisu, la fleur d'or, le succès. La tarte au citron est trop moderne pour moi. Les éclairs à première vue me semblent également trop modernes,bien que je ne les ai pas essayés. Une jeune femme russe en a pris un et m'a dit que cela ne ressemblait pas aux éclairs dont elle avait l'habitude, les éclairs russes n'ayant pas grand chose à voir avec les éclairs français, d'ailleurs. Mais ceux-ci non plus car pour moi, l'éclair français, c'est de la crème pâtissière au café, à la vanille ou au chocolat dans un truc en pâte à choux avec un glaçage au sucre. J'ai du mal à faire le goûteur de gâteaux consciencieux, car leur nombre s'accroit et le nombre de mes kilos risque de faire pareil.
Bonne nouvelle, nous aurons bientôt un cuisinier et un restau français au même endroit. C'est un copain de Godfroi, très catholique. Le gars vient de la côte d'Azur, il va avoir un choc! Ce matin tout était blanc. Cela ne tient pas trop, c'est limite, moulligasse. Finie les fleurs, la verdure et même la dorure. Une mésange est venue frapper du bec à ma fenêtre, pourtant la mangeoire est pleine. Les mésanges me connaissent, elles savent même dans quelle pièce de la maison je me trouve, mais la saloperie de Moustachon m'en a tué une, ce connard glouton et obèse.
Une jeune amie russe très profonde, Anna, m'écrit:
Hier et aujourd'hui, pas d'éléctricité; cela fait plus d'une journée. Tout le monde est parti, et je suis restée seule. Il n'y a pas de lumière, tout est sombre alentour, la chaleur vient seulement du poêle, je sais que le téléphone faiblit, je dois le mettre à recharger, mais je ne peux m'arracher au "Nom de la Rose" d'Umberto Eco, que je dévore dessus, oubliant que ce n'est pas un livre papier. Ca y est, le téléphone est mort, maintenant, il n'y a plus de lumière, plus d'Internet, plus d'eau non plus, on ne peut pas seulement se faire une tasse de thé, juste l'obscurité, le silence, le poêle et moi. Je n'ai pas sommeil, j'essaie de m'endormir avec les difficultés de l'alphabet grec, puis je vais dîner aux chandelles. J'entre sale dans un lit très propre, on a commencé à chauffer ce matin le bain de vapeur, mais on n'en a pas eu le temps, pas de lumière, pas d'eau du puits.
Ce matin, je décide de chauffer le bain coûte que coûte: j'ai pris de l'eau dans le baril d'eau de pluie, je la chauffe au gaz, je chauffe le bain. Et tout autour, c'est un délice indescriptible, une immersion complète dans le moyen âge, le silence, le vide, un paysage de Brueghel, transparent, en demie teinte, une merveilleuse solitude, l'arôme du poêle, le Nom de la Rose dans la tête.
Il n'y a pas d'électricité. C'est intéressant: en Russie toute la jeunesse de mon époque et aussi d'avant se passionnait pour le moyen âge, je veux dire précisément le moyen âge d'europe occidentale. Tout commençait pas les romans historiques, puis les romans de cour médiévaux, les épopées, la musique, les ménéstrels, le gothique, les chevaliers... Personne n'était "dingue" du Moyen Age russe. En général, ce concept n'est pas utilisé dans l'histoire de la Russie. L'ancienne Russie. Notre voie vers le christianisme, pas seulement le christianisme, l'orthodoxie! J'ai commencé par les Fioretti de saint François d'Assise. C'est arrivé comme ça. De ma part, ce n'était pas délibéré. Aujourd'hui, à la lecture du Nom de la Rose, je suis saisie d'un étrange sentiment lorsqu'on oppose un ordre à un autre, les abbayes et les évêques et les prêtres des villes, les ordres et le pape, le pape et l'empereur, les ordres s'allient à l'empereur contre le pape, plus des myriades d'hérétiques de diverses obédiences, dans lesquelles s'impliquent des simplets que les dirigeants utilisent contre le pape, puis ils les remettent à l'Inquisition pour les faire brûler. Et voilà qu'apparaît l'impression qu'il s'agit d'un autre christianisme ou même d'un jeu du christianisme. Très sérieux, requérant toutes les forces de l'âme, et sanglant. Et la scolastique, en tant que tentative pour marier la foi et la raison. Je comprends que ce livre a un auteur, il ne s'agit pas de l'histoire de l''Eglise et du postmodernisme dans leur ensemble. Il est surprenant que le personnage principal, très rationnel, comme Sherlock Holmes, rejette le mysticisme, mais le roman est incroyablement mystique. Pendant que vous laissez votre regard courir sur les lignes, vous pensez que "ceci n'est pas le christianisme", mais en levant les yeux, vous comprenez que vous avez été captivé par la métaphysique non mystique du roman et plongé dans le charme d'une sorte d'absurde christianisme de l'Europe occidentale médiévale. Une bibliothèque et un scriptorium valent quelque chose. J'ai besoin de lire plus avant. Par conséquent hier, en l'absence d'électricité et de téléphone, j'ai songé à l'addiction mortelle à Internet!
Anna est une des personnes les plus intéressantes que je connaisse ici, et cette lettre m'a captivée. Plus que le Nom de la Rose lui-même, d'ailleurs, mais je l'ai lu il y a très longtemps, et elle m'a donné envie de le relire. A l'époque, j'avais pensé que "ce n'était pas ça le christianisme", et aussi que l'auteur, très érudit, n'était certainement pas croyant, mais c'était sans doute aussi parce que, étant complètement passée à côté du christianisme occidental, et m'étant intéressée dès mon adolescence au christianisme oriental, j'ai été spirituellement formée par ce dernier, et j'ai ressenti l'univers du Nom de la Rose comme quelque chose qui m'était profondement étranger.
Dans mon enfance, ma jeunesse, bien que très sensible à nos églises, villages et châteaux du Moyen Age, je n'en ai pas été "dingue", parce que j'ai été passionnée par l'antiquité grecque païenne, et j'ai débouché sur Constantinople et la Russie, c'est-à-dire l'orthodoxie. L'ancienne Russie me semblait un condensé de christianisme orthodoxe et d'univers païen nordique vaguement scandinave, avec une sorte de simplicité barbare et d'enthousiasme enfantin qui m'étaient proches.
Il me semble souvent que les gens du Moyen Age chez nous n'étaient pas si éloignés de leurs contemporains de l'ancienne Russie. Mais en fait, en lisant la lettre d'Anna, je me rends compte que si, quand même. D'ailleurs les visées conquérantes des chevaliers teutons, les tentatives de conversion opérées par la papauté auprès d'Alexandre Nevski, le sac de Constantinople par les croisés, tout cela, c'est le XII° siècle...
On croit souvent de part et d'autre qu'il n'y a pas de grande différence entre les branches catholique romaine et byzantine du christianisme depuis le schisme, mais cette lettre d'Anna me confirme dans l'idée que si. Au moment de ma conversion, quand j'étais étudiante, j'allais beaucoup au cinéma, et je me souviens avoir vu à peu près au même moment Andreï Roubliov de Tarkovski et le Septième Sceau de Bergman. Il me semble que si l'on compare ces deux films, qui se passent plus ou moins à la même époque, ces différences deviennent très sensibles. Bien entendu, Umberto Eco, Bergman et Tarkovski sont tous des gens du XX° siècle qui parlent du Moyen Age et peuvent projeter sur lui le reflet de notre présent. Mais ils en sont tous les trois les héritiers par leur culture. Et c'est dans le film de Tarkovski que je me suis reconnue, c'est en lui que j'ai trouvé une nourriture spirituelle. C'est certainement des trois celui qui a d'ailleurs le moins de distance par rapport à l'époque concernée.
Que les Russes aient une fascination pour le Moyen Age européen, on peut le comprendre, dans la mesure où on leur répétait sans arrêt que leur pays ne valait rien avant 1917, comme on répète d'ailleurs aux Français qu'avant 1789 c'était les ténèbres. Et puis notre Moyen Age est tout à fait féerique et attirant, il a engendré toute une littérature, il était certainement d'ailleurs plus facile à vivre que celui des Russes, avec des moeurs plus douces, plus raffinées, des relations entre hommes et femmes plus équilibrées. Pourtant, ce que décrivent Bergman ou Umberto Eco me parait en fin de compte beaucoup plus sombre que ce que montre Tarkovski. C'est le reflet aussi, sans doute, de ce que pensent les contemporains occidentaux du Moyen Age. En particulier, la manipulation des simplets par les grands de ce monde, la plupart des Français sont persuadés que les foules abruties du Moyen Age étaient endoctrinées par des gens qui ne croyaient pas à ces fadaises mais usaient de l'opium du peuple pour arriver à leurs fins. Ce qui est en réalité ce qui se passe aujourd'hui avec les idéologies à la mode, la presse qui les diffuse et les oligarques qui tirent les ficelles. Au Moyen Age, je ne dis pas que l'on ne manipulait pas et qu'on ne commettait pas de crimes politiques, mais je suis personnellement persuadée que tout le monde croyait aux "fadaises", l'empereur, le pape, les ordres, et le simplet, ou au moins se prenait au jeu, ce jeu "sérieux, requérant toutes les forces de l'âme, et sanglant."
dimanche 30 octobre 2022
L'hiver moins le quart
Je me suis poussée à aller à l’église, à l’issue d’une semaine où je n’ai pas beaucoup prié, mais beaucoup dessiné, pour m’abstraire de l’ambiance générale, m’arracher à internet. Je me suis souvenu de la merveilleuse vidéo sur le pianiste prêtre Jean-Claude Pennetier, qui m’a fait penser à un monsieur de Sainte-Colombe affable et radieux. Lorsqu’il interprète une pièce de musique, il a l’impression de faire une espèce de plongée sous-marine, de s’enfoncer en lui-même, et c’est mon cas, parfois avec la musique, parfois avec le dessin. J’ai brusquement compris que c’était là notre façon de prier, au père pianiste et à moi. Et que donc, cette semaine, j’ai prié, mais autrement.
Chaque fois que je vais à l’église, c’est le même combat, et quand j’en ai parlé au père Valentin, il m’a
J'ai si envie d'aller à l'église... Mais le jardin... le ménage... les oies... les poules... |
dit que pour lui c’était pareil. Sophie ne comprend pas cela. Elle me dit que nous devrions y courir joyeux, et moi aussi, je me le disais, mais en fait non. Je crois que Sophie ne comprend pas l’effort, comme beaucoup de contemporains, et ne croit pas au diable. Elle pense que si nous nous forçons à aller nous emmerder deux heures à l’église, c’est que nous nous y croyons obligés alors que Dieu est dans la joie, le plaisir et l’exultation. D’autres prétendent qu’il ne se trouve que dans la souffrance, ce que je ne crois pas non plus. Toujours est-il que je ne regrette jamais d’avoir fait cet effort. Car j’en retire souvent de la joie, de la bienveillance, un attendrissement du coeur, et parfois même des révélations plus ou moins importantes. Ainsi de la confirmation du sentiment que m’a inspiré la vidéo du prêtre pianiste. Et puis d’autres choses. Par exemple, en ce qui concerne les arbres, le tilleul assassiné par l’imbécile de derrière. Je suis persuadée que ce tilleul aura sa place dans la Jérusalem céleste, toutes ces créatures dont nous méprisons la subtile existence, les messages imperceptibles auxquels nos aïeux étaient sensibles, eux qui plantaient pour des années aux endroits judicieux, comme l’oncle Kolia son bouleau. Pourquoi la nature nous fait-elle tant de bien, quand nous n’y allons pas pour tourner en rond sur une moto bruyante qui pue, tirer sur tout ce qui bouge, écouter la radio en laissant derrière soi les immondices imputrescibles de notre pique-nique ? Pas seulement par la vertu de l’air pur, du soleil et de l’exercice, mais parce que nous entrons en résonnance avec l’Etre et ses créatures, que c’est là notre destin réel, celui que manquent la plupart des contemporains élevés hors sol dans la haine, l'indifférence ou l’incompréhension de tout ce qui est vrai, beau et vivant. Je prie en dessinnant, ou en faisant de la musique, et je prie aussi dans la nature, les trois sont liés pour moi, mais plus j’entre en résonnance avec elle, et plus je souffre de la façon dont on la traite, évidemment.
C’est alors que dans l’église, où je déplorais mon manque de maturité spirituelle et de toutes les qualités qui vont avec, j’ai ressenti une pensée qui était presque une voix intérieure : « Laisse un peu tomber. Ne souffre pas tant, laisse cela à Dieu, car c’est Sa volonté. C’est Sa création, et Il a Son plan pour elle, il est peut-être venu le temps où tout doit périr, et oui, ils détruiront tout, et tu verras tout cela avec horreur, apprends dans ce chaos, à faire confiance, et souviens-toi de cette citation que tu as lue il n’y pas si longtemps : on ne peut pas sauver le monde à soi tout seul, mais on peut créer les conditions du salut de soi-même et de ceux qui nous entourent, sauver ce qu’on peut du désastre, chaque personne sauvée est une victoire du Tout.
J’avais envie de
pleurer car il est très dur de voir profaner tout ce que l’on a de plus cher et
de plus sacré, mais je me sentais soutenue, et j’ai commencé à recommander à
Dieu tous les miens. C’est alors que me sont revenus des passages de mon livre,
Parthène, que l’on me traduit, et qu’une poignante compassion m’a envahie pour
le tsar Ivan, en même temps que le remords de continuer à fantasmer sur ces
âmes au lieu de les laisser en paix, mais en même temps, j’ai su que je les
avais prises sur moi, que ces tentations faisaient partie du lot, que de telles
âmes étaient lourdes à traîner, mais que c’était ainsi, que c’était peut-être
pour cela que j’étais restée seule, que j’avais cela à faire, et que c’était
partiellement fait. Je pensais aux préoccupations eschatologiques du tsar Ivan,
et au destin de la Russie, à sa chute, depuis son moyen âge tout récent. Nous
en étions sortis, ou déchus, depuis deux cents ans, quand le tsar Pierre a
poussé la Russie dans la modernité. Au temps de Pouchkine, le schisme des vieux
croyants n’était pas si vieux, il n’était pas plus éloigné de lui que je ne le
suis de Flaubert ou Dostoievski, c’est pourquoi dans les romans de ce dernier,
je retrouve quelque chose de si vitalement archaïque et sacré, complètement
absent de notre littérature de la même époque. Et tout cela à la veille de la
révolution, quand cette efflorescence de la Russie a été si affreusement gelée,
piétinée, mais elle ne s’est pas rendue sans combattre, et aujourd’hui, elle
combat encore. Peut-être pour la dernière fois.
Je me suis ensuite entretenue avec une personne chère d'une autre personen chère qui a perdu son fils. Elle est très courageuse, me dit mon interlocutrice, et après une période mystique un
peu malsaine, elle affronte la réalité, et se prépare à participer à de la
psychologie de groupe pour parents endeuillés. Ah oui, c’est sûrement plus
efficace que de faire une retraite au monastère de Solan, comme je le lui avais
conseillé. Et j’ai senti toute la profondeur du fossé qui me séparait de ma
génération et de l’occident actuel. Là dessus, la chère âme embraye sur les
déclarations du Tchétchène Kadyrov, qu’est-ce que c’est que ce dingue, qu’est-ce
que c’est que ces discours sur l’occident sataniste ? Là, le fossé est
devenu le gouffre de Padirac. Bon, les Tchétchènes sont les Tchétchènes, les
musulmans sont les musulmans, mais s’il y a une chose sur laquelle les
Tchétchènes, les musulmans, les Russes orthodoxes et moi-même sommes bien d‘accord,
c’est sur le satanisme de l’occident, et en ce qui me concerne, ça fait
longtemps. Mais même les plus gentils et les plus calmes de mes proches ont
tous la cervelle plus ou moins infestées de ce qui prend maintenant des
expressions extrêmes abominables et infâmes, qui d'ailleurs les choquent, mais s'ils ne remettent pas profondément en question, comment puis-je en discuter avec
eux ? Avec les libérés sexuels nostalgiques des années 70 et de leurs
minijupes, avec les hédonistes des piscines méridionales, avec les bonnes
copines aux avortements répétés, avec les concombres masqués fervents? J'espère,
me dit-elle, qu’on ne fait pas chez toi la chasse aux homosexuels. « Pas
du tout, on interdit juste la propagande LGBT auprès des enfants. » Ouf... tout va bien, on est bien d'accord que mêler les gosses à cela, ce n'est pas très justifiable.
Elle redoute que
l’Iran ne lâche une bombe atomique sur Israël, parce que les Iraniens sont des
fanatiques, j’en suis restée sans voix. C’est l’Iran qui fout la merde au moyen
orient ? Quelle que soit l’opinion qu’on ait de la société iranienne, elle
impose son mode de vie à l’extérieur ? Elle fomente des troubles dans
différents pays du monde ? Cela fait déjà un moment que j’ai compris cela,
les dictatures qu’on désigne à la vindicte publique ne sont vraiment pas celles
dont il faut avoir le plus peur. Mais la propagande, ça marche, surtout quand
elle s’exerce depuis des décennies de façon très sournoise. Une amie qui a vécu
au Donbass, reçu des bombes sur la tête, vu tout ce qu’il s’y passait, est
tenue pour une mythomane par son propre fils, élevé au lait toxique des facs
gauchistes et prêt à croire les journalistes plutôt que sa propre mère. J’ai
toujours cru mes parents plutôt que le monde entier, et justement mes parents,
tantes et oncles ne pensaient pas comme tout le monde. C’était même leur marque
de fabrique, bien qu’ils eussent commis certaines erreurs d’appréciation. Mais
certains membres de cette famille réfractaire se sont quand même laissé laver
irrémédiablement la cervelle... Nous avons tous nos rhinocéros.
Et puis après, bien sûr, cela glisse au complotisme, dont je me rends coupable, attribuer aux gouvernements occidentaux de si noirs desseins, c’est du roman d’espionnage. Pourquoi feraient-ils du mal à leurs propres concitoyens ? Je ne vois vraiment pas comment répondre à cela ex abrupto en dix minutes ou même une demi heure, alors que ma conviction repose sur des années de lectures, d’observations et de comparaisons, et comme je ne suis pas politologue je n'ai pas pris de notes. Mais coup de bol, je suis tombée sur une vidéo de Valérie Bugaut qui explique tout cela très bien. Voilà pour toi, ma chère cousine, (et pour tous les autres). Le pourquoi du comment de mes positions.
L’hiver est brusquement arrivé, je l’ai rencontré à la porte de l’église, venteux, glacial, nous avons eu une vraie tornade de neige, et vers le soir, parmi les débris des nuages, j’ai vu le croissant, comme toujours dans le ciel russe, très important, très présent, très brillant.