Kostia m’a emmenée
acheter du matériel. J’ai vu une belle isba, très joliment décorée, et en bon
état, mais elle était guettée par un gros monstre en blocs grisâtres qu’on a
construit juste derrière elle, afin de la détruire lorsqu’il sera terminé. J’ai
dit à Kostia : «Vous comprenez que toutes ces maisons qui disparaissent et
sont remplacées par des horreurs, c’est la mémoire de vos ancêtres et c’est la
référence de la beauté qui se perdent ? Les enfants grandiront au milieu
de trucs affreux, leur âme en deviendra difforme.
- C’est juste, m’a-t-il
répondu, c’est pourquoi j’emmène les miens en vacances en Grèce, pour qu’ils
voient de la beauté.
- Mais c’est justement
ce qui ne va pas en Russie, Kostia. Les gens saccagent leur pays sans aucun
état d’âme et vont ensuite en Europe se rincer l’œil sur des cités ou des
paysages préservés, ne serait-il pas opportun de respecter votre propre
héritage, votre culture originale et unique ? »
- Ah mais que
voulez-vous, il faut du temps pour ressusciter ce que nous avons perdu il y a
90 ans… »
Et nous, c’est
maintenant que nous allons le perdre. La Russie, en 1917, était à la veille de
sa plus grande catastrophe, et exactement un siècle plus tard, nous sommes à la
veille de la nôtre. Si nous pouvions voir telle qu'elle était toute la beauté du monde que nous avons ravagé en l'espace de deux siècles, nous en hurlerions de détresse. Ce monde vit encore dans chacune de mes cellules, d'une façon mystérieuse, et le tort qu'on lui cause me blesse constamment.
Le père Parfionov m'a fait parvenir un de ses beaux pastels par une’amie, Olga Kalashnikova. J’aime beaucoup
ses tableaux. On y voit le Pereslavl que j’ai connu, avant les promoteurs, les vacanciers
et les palais de plastique à plusieurs étages. Elle m’a emmenée dans le vieux Pereslavl,
voir une église toute neuve qui a l’air d’avoir toujours été là, puis celle des
quarante martyrs de Sébaste, à l’embouchure de la rivière Troubej. Il faisait
malheureusement trop sombre pour faire des photos de ce paysage d’eau dormante,
d’arbres nus, de ciel moiré et de lueurs électriques éparses et
fantasmagoriques.
Nouvelle église dans la vieille ville par Olga Kalashnikova |
J’ai pris le thé chez
elle, nous nous sommes entendues comme larrons en foire. Je m’aperçois avec
consternation que j’ai du mal à parler russe, cela me fatigue et j’ai parfois
du mal à construire certaines phrases, je ne me souviens plus de l’accentuation,
des mots m’échappent.
Olga a fait de
magnifiques champignons en pâte à sel et en papier mâché, ce qu’elle appelle
des portraits de champignons. On les dirait vivants, car elle a posé
directement les bandelettes de papier encollé sur les spécimens fraîchement cueillis. Disposés
dans une corbeille avec des feuilles mortes, c’est extrêmement joli. Mais elle
n’a pas voulu de photos, car elle voudrait mettre ses productions en scène
elle-même.
Magnifique Tres belle soiree amities marie
RépondreSupprimerOn croirai reconnaitre votre maison sur la dernière peinture...
RépondreSupprimerNon, mon environnnement est moins joli et le vert plus flashy!
SupprimerNon, mon environnnement est moins joli et le vert plus flashy!
SupprimerLaurence,
RépondreSupprimerMerci pour votre chronique sur laquelle je n'ai encore que laissé 1 ou 2 commentaires, mais que je découvre toujours avec un beaucoup d'intérêt.
Je me permets de lui faire un peu de visibilité en la partageant . Si cela ne vous convient pas, n'hésitez pas à me le faire savoir en MP.
Pour le reste, je vous embrasse et vous souhaite la bonne nuit de Belgique.
J'ai adoré vos photos de paysage prisent sous la neige...
Amicalement,
Jean Michel
Partagez, partagez, c'est fait pour ça et merci!
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