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dimanche 6 novembre 2016

Fééries hivernales




L'église de la Nativité de la Mère de Dieu (contemporaine)

le lac gelé
Moins huit ce matin et beau soleil, je suis partie pour une grande balade, avec mon petit chien guilleret. Je suis retournée au lac. Ce n’est pas le Baïkal, mais jamais je n’avais vu une aussi grande étendue d’eau gelée. Cela me surprend par son immobilité et ses nuances de vert aquatique, de bleu profond. La neige scintille, tout est pur, propre, céleste.
J’ai rattrapé à pied la rivière Troubej et l’ai franchie par une passerelle. Je voyais l’église des quarante martyrs de Sébaste, construite par les pêcheurs locaux, à l’embouchure. Et puis les coupoles du monastère saint Nicolas, à contre jour, avec leurs reflets dorés : ce coin de Pereslavl est encore relativement préservé, pour combien de temps ? La belle église de saint Nicolas est neuve, elle n’existait pas, il y a quelques décennies, mais on dirait qu’elle a toujours été là. L’horizon que dessine le monastère au dessus des isbas est vraiment féérique, l’orthodoxie est un rêve d’enfant, elle est austère, exigeante, mais elle met de la beauté, de la poésie, là où il n’y en aurait plus du tout sans elle.
Au détour de la route, je revois l’église que m’avait montrée Olga. Elle est neuve, elle aussi, et semble sortir d’un conte, à côté d’elle une isba ravissante, à qui je souhaite longue vie, ce serait un crime de la remplacer par un caca boursouflé.
L'église des quarante martyrs de Sébaste

Mon petit chien marque brusquement son désaccord en se couchant sur la route avec un regard éloquent : ras le bol de marcher, nous avons fait dans les cinq kilomètres, et il a froid aux pattes.  Je décide donc d’aller au café Montpensier, le café français me paraît tout à coup trop loin.
Gilles, le patron du café, alors que je lui disais que je philosophais ici avec tout le monde, m’a répondu : « Oh ça, pour la philosophie, ici, il n’y a pas de problèmes, pour les mettre au boulot, c’est plus dur. Je ne peux pas compter sur eux, ils s’absentent pour un oui ou pour un non. Et je n’en trouve pas que l’acquisition du métier intéresse tellement, alors que c’est peu développé, ici, la pâtisserie et la boulange, il y a vraiment de quoi faire, et une clientèle à prendre ! »
Oui, c’est bien connu, les Russes sont plutôt des rêveurs et des mystiques, il leur faut une motivation supérieure et collective pour accomplir des exploits, mais je le comprends bien, je suis pareille. Il m’est revenu à l’esprit ce que disait je ne sais plus quel chef indien, que les hommes n’étaient pas faits pour travailler et gagner de l’argent, mais pour chasser, cultiver la terre, contempler et rêver. Le Russe et moi-même (et les indiens) avons gardé notre tempérament archaïque : nomade, cosmique, épique, lyrique, mystique. Le reste n’est pas important, le reste n’est que vanité, et introduit une oppression intolérable et malsaine des côtés les plus vitaux et les plus sublimes de l’être humain.
Mais enfin, évidemment, cela ne fait pas marcher le commerce et l’industrie. Et ce tempérament exaspérait un triste individu comme Pierre le Grand, avec son petit esprit mécanique, son goût pour les putains et les bandits occidentaux. Alors qu’Ivan le Terrible avait besoin qu’on lui joue des gousli le soir et qu’on lui chante des épopées pour s’endormir, et composait lui-même des hymnes et de stichères, et en vertu de cela, il lui sera beaucoup pardonné, en tous cas de mon côté.

Ne changez pas, les Russes, et même si mes prises de courant sont posées au milieu des panneaux, je ferai avec. 
par la fenêtre du café Montpensier

Une petite fille s'intéresse à Doggie. Elle veut absolument le dresser ce qui est fréquent
chez les enfants, surtout les filles, sans doute une future maîtresse d'école...


1 commentaire:

  1. Merci pour cette balade il manquait que les bruits des grelots dans le lointain comme je vous envie çela me conforte jour après jour du bien fondé de mon désir de partir m'installer sur la terre de mes aïeux j'en éprouve un besoin irrépressible merci ençore et Tres bonne soiree ma Chere amie. Amities marie

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