J’ai vu hier la jeune
femme du centre culturel, Macha, celle qui veut me faire conduire des activités
créatives d’initiation au français. En discutant avec elle, j’ai mieux cerné ce
que j’allais faire. Mais c’est très mal rémunéré. Je le fais pour les perspectives
que cela pourrait ouvrir d’expositions, concerts, promotion de l’art populaire
russe, stages de chant traditionnel, et pour payer ma dette à la Russie qui
m’héberge.
Le soir, je suis allée
aux vêpres de l’Ascension, à saint Théodore. La sœur Larissa m’a accueillie à
bras ouverts, et ce matin, elle m’a encore fait de petits cadeaux, des bonbons,
une prosphore, un paquet de cierges et un petit chandelier en forme de poisson.
Une telle sollicitude me touche. « Viens plus souvent, me dit-elle, tu ne
t’en trouveras que mieux ! »
Le prêtre m’a
demandé : «Pourquoi restes-tu assise avec cet air triste ? » et,
sans doute pour m’égayer, m’a envoyé en pleine figure une énorme giclée d’eau
bénite.
L’air triste, c’est
mon air naturel. J’ai « le sentiment tragique de la vie » inné.
J’ai vu aussi la bonne
Lioudmila. Comme elle est juriste, je voulais louer ses services pour m’aider à
remplir toutes les obligations légales liées à ma maison. Mais elle refuse
catégoriquement de se faire payer. Elle me materne et me donne un peu
l’impression d’avoir déjà quatre-vingt-dix ans.
Dans la cour du
monastère, elle a tendrement étreint une jeune novice, à mon avis la benjamine du
monastère, qui vient de Kazan : quel adorable visage, enfantin, limpide et
très doux, il faut aller au monastère de Solan pour voir l’équivalent chez la
jeune Raphaëlle. Autrement, cela n’existe plus dans la nature… Cette petite m’envoie
désormais quand elle me croise des sourires radieux.
La sœur Larissa se
plaignait d’avoir beaucoup de mauvaises herbes à arracher, on ne pouvait venir
à bout du jardin, lequel devrait être entièrement couvert de pelouses
irréprochables et de massifs bien propres, ce qui n’est pas du tout ma
conception des choses. Quelques massifs bien étudiés, des buissons bien
disposés, un naturel contrôlé et tout serait plus esthétique et moins fatigant
pour les sœurs… Mais je sens que d’une manière générale, mon point de vue sur
la question est irrecevable. C’est plutôt celui du monastère de Solan.
De même à l’intérieur,
les meubles sur lesquels sont présentés les icônes sont si rutilants et si
chargés qu’on ne voit plus les icônes elles-mêmes.
Rosie me fait la vie
impossible, elle saccage tout, et semble ne pas comprendre grand-chose, elle me
rappelle ces enfants qui, en maternelle, se jetaient dans tous les sens sans
s’intéresser à rien, gênaient tout le monde, et que je ne savais pas comment
attraper pour avoir la paix avec les autres.
Georgette commence à sortir dans le jardin, c'est la plus casanière de tous, elle a horreur du froid |
Petite sieste pendant que la patronne travaille... |
La sieste de Rosie, en revanche, est déjà finie |
La voilà prête à nous casser les pieds |
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