Translate

mercredi 19 juillet 2017

L’imbécile qui se confie au diable paie l’addition deux fois


https://tsargrad.tv/articles/bes-bespokajanstva_74958

On tira à l’empereur une balle en pleine figure, lui emportant la moitié de la tête. On considéra que le danger, pour le bonheur universel, des quatre grandes-duchesses, des jeunes filles de 22, 21,  19 et 17 ans, était si grand qu’on donna le coup de grâce à chacune, dans la tête. La princesse Olga était une grande et forte jeune fille et pour l’achever, on lui brisa les côtes à coups de baïonnette. On brûla les corps du tsarévitch Alexis et de la princesse Maria. On aspergea d’acide le visage des autres. Pour les rendre méconnaissables.
On va maintenant publier de plus en plus d’informations sur le crime monstrueux qui fut commis dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, dans la cave de la maison Ipatiev, à Ekaterinbourg. Et chaque nouveau document, chaque nouvelle expertise éclairera toujours davantage le tableau de cette boucherie cruelle que l’on ne peut se décider à appeler une exécution ou un passage par les armes. Il n’y a pas de régicides romantiques, mais l’hécatombe qu’organisèrent les prêtres du culte rouge défie l’imagination par son ignominie et sa sauvagerie.
Il est important de le rappeler, car les aspects mystiques, moraux, historiosophistes de la tragédie d’Ekaterinbourg nous en cachent souvent l’aspect humain et criminel. Les apologistes ricanants des assassins aiment à répéter la formule : « Ce n’est pas l’empereur qui a été tué mais le citoyen Romanov », éructation de cet amour soviétique obséquieux des chefs, comme si la mort d’un citoyen ordinaire signifiait moins que celle d’une personne titrée et haut placée. C'est pourquoi en effet, allons-y, oublions une seconde que fut tué l’empereur de toutes les Russies, dont les confirmations de l’abdication n’ont, bien sûr, aucune force juridique véritable, que le tsar russe a fini en martyr…Nous parlerons de la mort du « citoyen Romanov ».
Un couple d’époux âgés fut tué, sans jugement ni accusation, de façon bestiale, en même temps que ses enfants, quatre jeune filles en âge de se marier et un adolescent malade, et de plus, avec ses familiers, le médecin, le cuisinier, la femme de chambre et le valet de chambre. Même à l’époque de la célèbre année 37, on ne vit pas de massacres familiaux de cette ampleur.  Dans le cadre de cette époque, cela rappelle davantage les  sanglants massacres collectifs commis par les banderistes[1] et les « frères de la forêt ». Aujourd’hui, un meurtre collectif de cette ampleur mettrait sur les dents  toutes les chaînes fédérales pendant plusieurs jours, le commandement du comité d’Enquête prendrait l’affaire sous son contrôle personnel, la presse en discuterait les détails pendant des mois.  Voilà quelle serait la signification du meurtre de ces « simples citoyens ».
Est-ce ainsi que la société considère le meurtre de la famille impériale ?
Il y a, bien entendu, ceux qui en éprouvent un chagrin sincère, pour qui les « journées du tsar » sont un moment de concentration spirituelle personnelle et de deuil. Mais à lire notre internet, il est impossible de ne pas remarquer cette vague de détritus d’activité mentale secondaire, moquerie, persiflage, appels à ne pas « rappeler le passé » et en même temps, promesses de le « répéter » (c’est-à-dire qu’on ne parle plus du passé mais de l’avenir, ils peuvent refaire cela à nouveau) qui nous passe par-dessus la tête… Et des justifications infinies, des justifications de soi , des justifications de soi, comme si, sans avoir confirmé la justice du régicide, ces gens-là ne pouvaient vivre normalement.
Le déferlement même de ces autojustifications, exposées avec une impudence de truand expérimenté, nous dit que leur conscience les brûle et qu’en son for intérieur, notre société ne s’est pas réconciliée avec ce crime… Mais il y a ceux qui le voudraient bien. Tuer le tsar, tuer ses enfants et vivre heureux et tranquilles. Que ne vont-ils pas nous dire ici : ils vont rappeler la Khodynka, le dimanche sanglant, la fusillade de la Léna, Tsusima et Tannenberg, ils vont persifler sur Raspoutine, lancer pour la millième fois la fable stalinienne de l’exécution des chats, et mettront même en circulation le fils pendu de Marina Mnychek en 1614, pourvu que ce cruel infanticide du XVII° siècle pût justifier les assassins du XX° s’écroulant dans la barbarie…
On demande souvent : pourquoi se vautrer indéfiniment dans le repentir du régicide ? N’y a-t-il pas là quelque masochisme national, qui humilie le peuple russe sur la route hardie qui le conduit de l’époque du vélocipède à celle du giroscooter ? La vague de démence  ricanante qui s’élève à chaque évocation du souverain, montre qu’en réalité, nous ne sommes pas encore repentis une seule fois. Nous n’avons entendu d'estimation juridique et politique claire du régicide ni au niveau gouvernemental, ni au niveau humain, où les cœurs endurcis, devant le rappel de la cruauté et de l’iniquité, de l’infanticide et des coups de grâce tirés dans les crânes des jeunes filles, se répandent en nouveaux persiflages.  Notre société ne souffre pas d’un repentir exagéré, mais au contraire, de son absence enragée et provocante.
Il ne s’agit pas de se repentir des péchés des autres, des coups de revolver de Iourovski, de l’acide de Boïkov, des intrigues de Chaï Golochtchekine, de la noire volonté de Sverdlov, Bronstein et Oulianov… Il s’agit, pour commencer, de se repentir pour soi-même, des petits mots et des petites phrases insultantes, de la répétition irréfléchie et ignorante de cette légende noire que depuis la fin du XIX° siècle a assénée l’intelligentsia russe progressiste, pour rendre inévitable ce final sanglant, de l’invention de ces phrases cauteleuses et menteuses sur le thème « seuls les bolcheviques pouvaient sortir la Russie impériale de son impasse pour la mettre sur la voie de la modernisation ».  La haine du tsar est un virus mental grave qui infecte pratiquement toutes les couches de notre société, y compris même le clergé, les conservateurs, les nationalistes et parfois même… les monarchistes. Et voici que si l’on s’examine bien, alors on peut presque toujours trouver en chacun cette pourriture. Et si l’on ne se repent pas de cela, alors pourquoi se repentirait-on, en général ?
Représentons-nous des gens qui,  parlant  du péché originel avec agressivité et ardeur, diraient qu’Adam et Eve devaient obligatoirement goûter au fruit défendu, que le serpent disait des choses sensées et avait de bonnes intentions, mais que le méchant Dieu avait injustement maudit nos premiers ancêtres.  De telles gens existaient naturellement en quantité restreinte, mais à toutes les époques, on les regardait d’un mauvais œil. Dans notre ensemble, si nous croyons un tant soit peu au dogme du péché originel, comme en un fait historique ou au moins un symbole, nous aimerions qu’il n’eût pas eu lieu.  Et pourtant, Adam et Eve n’ont tué personne, n’ont percé le crâne de personne, n’ont pas brûlé de cadavres. Tout cela, il est vrai, Caïn l’a fait, mais son fan-club est plutôt limité.
Avec l’assassinat du tsar, c’est une autre histoire. Des centaines de milliers et des millions de lemmings virtuels et réels insistent avec une extrême obstination sur la nécessité historique et la justice de ce crime. Et cela implique des conséquences. Les politologues supposent que la nation se crée par la diffusion du haut vers le bas des privilèges de l’aristocratie et que le premier des aristocrates est le monarque. Eh bien, notre peuple a reçu tous les « privilèges » à pleine mesure. Nous nous sommes permis de calomnier notre tsar, et la saleté des calomnies russophobes s'accumule en couches de plus en plus épaisses et nauséabondes. Nous nous sommes permis de tuer notre tsar sans jugement ni enquête et nous errons en nous plaignant de l’absence totale, dans notre pays, de toute justice, nous nous étonnons de décisions iniques et de la corruption des tribunaux, c’est-à-dire de ce qui n’existait pas sous l’empereur Nicolas II, et ne pouvait pas exister.  Nous nous sommes permis de tuer d’innocentes jeunes filles, des adolescents invalides, des cuisiniers et des  femmes de chambre, et nous avons vu ensuite comment tout le pays est parti vers les exécutions sommaires dans les camps et la déportation, femmes, enfants, colonels et cuisiniers.
Nous avons bu et buvons encore aujourd’hui la coupe qu’ont bue jusqu’à la lie notre tsar et ses enfants. Et cela nous ramène aux questions d’Ivan Karamazov.  Personne n’a pu encore répondre à la question : en quoi  le coup de grâce dans la tête de la grande duchesse Tatiana était-il indispensable à l’avènement du bonheur des peuples ? Et au fait, où est-il, ce bonheur ? Bien sûr, si même il était advenu, il n’aurait pas valu cette même petite larme d’enfant. Mais tel qu’il n’existait pas autrefois, il n’existe pas non plus aujourd’hui. L’imbécile qui se confie au diable paie l’addition deux fois.
Notre société repose sur les ossements de ces enfants torturés, elle repose sur le marécage de l’effondrement moral, économique, social, national, et s’entête à ne pas vouloir faire la relation entre ces deux faits. Et quand elle essaie d’inventer une recette « populaire » de vie meilleure, c’est encore une autre recette d’assassinats massifs : « Qu’on les fusille ! » «Dans les camps ! » « Ah si Staline était là maintenant, ouh ! Ce qu’il en ferait ! » Mais c’est que chaque Staline commence avec Iourovski et des montagnes de cadavres d’enfants et s’achève de cette manière.
Il fut un temps où le thème du repentir dans notre société fut captée et profanée par les descendants des régicides. Ce sont eux, essuyant une fausse larme sur leur joue sale, qui exigeaient du peuple russe qu’il se repente, qu’il se repente pour « l’introduction des troupes en Tchécoslovaquie », pour les « trois millions de dénonciations » et beaucoup d’autres choses encore.  Et l’assassinat du tsar, avec les autres atrocités des bolcheviques, était mis au « compte » du peuple russe, présenté par les … descendants de ces mêmes bolcheviques. Et avec pour seul but de piller jusqu’au bout, d’humilier plus bas que le fond du fond, de façon à ce que les Russes ne se relèvent jamais. Ce genre de repentance devant les étrangers était dépourvu de grâce et porteur de mort.  Son essence consistait en la fabrication de « matériel »  en vue de la justification de n’importe quelle infamie future à l’encontre des Russes.
Mais la vague  de refus du repentir qui monte à notre rencontre, de provocation démonstrative envers ces crimes, ou de leur négation éhontée n’est en rien meilleure. Nous ne pouvons construire la Russie comme la maison natale du peuple russe sur les fondations du néobolchevisme, sur la justification de la collectivisation et le génocide de la campagne russe, sur l’athéisme militant et l’extermination massive des chrétiens fidèles, sur la démence marxiste et la destruction des meilleures parties de l’intelligentsia nationale. Et bien sûr, on ne peut construire la Russie sur la justification et la glorification du régicide, sur l’immunité de Voïkov et autres noms puants sur les cartes des rues de nos villes.
Mais on ne peut atteindre un véritable repentir, une métanoïa, c’est-à-dire un changement de direction dans la société, si l’on ne se repent pas dans son propre cœur, si l’on n’y laisse entrer la chaleur de l’amour pour les martyrs impériaux, si l’on n’y reçoit leur amour en retour, qui en chassera la légion des démons de la révolution.

Yegor Kholmogorov

Cet article percutant reflète une vérité qui m'inquiète. J'y vois un parallèle avec l'histoire de la France, qui meurt deux cents ans plus tard des suites de sa révolution et de ses crimes. J'avais pensé que dans son ensemble, la Russie avait fait ce que nous n'avons pas fait: acte de repentir. Mais à côté du travail de sape des libéraux, qui ont perdu la Russie en 17 et voudraient bien l'achever 100 ans plus tard, apparaît le facteur de division qu'est cette impudente vague néostalinienne et négationniste qui crache sur les nombreuses tombes communes, dont beaucoup restent encore anonymes, où l'on a jeté non seulement le tsar et ses enfants, une bonne partie de l'intelligentsia, complice ou non, et de l'aristocratie, mais les paysans, les chrétiens et les cosaques, les musiciens populaires et les artisans, tout ce qui faisait la sainte Russie, haïe d'une bande de russophobes et de zombies à leur service, comme aujourd'hui en Ukraine. Cette méchanceté indomptable qui renaît de ses cendres et trépigne peut compromettre le salut d'un pays qui est l'unique refuge des valeurs chères aux gens normaux.





[1] Partisans du nationaliste ukrainien pro nazi Bandera

5 commentaires:

  1. Une de mes très vieilles amies russes me racontait que la dynastie des Romanov avait commencé dans un palais Ipatiev, et finit dans la maison Ipatiev. Elle y voyait un signe fatal. Je n'ai jamais vérifié, mais voilà ce qu'il se disait dans les milieux cultivés de l'émigration russe.
    Sinon, il n' y a rien de choquant à ce q'un monarque, et sa famille, sacrés par définition soient ignominieusement mis à mort... C'est exactement le sens de la royauté sacrée chez les indo-européens: le roi et éventuellement les siens sont les victimes expiatoires désignées, quand tout va mal. Les tourbières d'Europe occidentales nous rendent de temps en temps des corps momifiés , horriblement mutilés... Leur étude révèle que ce sont des personnages de haut rang qui ont été rituellement sacrifiés par leurs sujets. Pas la peine de remonter à Adam et Eve, et à des mythes qui nous sont fondamentalement étrangers, même si tous les bons chrétiens se prennent pour des juifs, cet horrible massacre était inscrit au plus profond de notre sub-conscience. Voilà pourquoi les souverains doivent organiser le bien être de leurs sujets, j'imagine. Bien à vous Anita.

    RépondreSupprimer
  2. La mort du tsar était très injuste. son erreur a été de ne pas écouter Raspoutine et, par respect des traités qui le liaient, d'entrer dans la guerre de 14. La Russie, contrairement à la légende communiste, était en plein essor culturel et économique au début du siècle, le tsar était un homme doux et plein de bonne volonté, pénétré du caractère sacré de sa fonction. Il aurait fallu qu'à sa place régnât quelqu'un de beaucoup plus dur et autoritaire, qui aurait su purger le pays de ceux qui ont causé sa perte, mais parce qu'il n'était pas "Nicolas le sanglant", comme l'appelaient ceux qui ont versé le sang russe en abondance et fait des millions de victimes, il ne l'a pas fait. Je n'ai pas le souvenir d'un palais Ipatiev au début du règne des Romanov, peut-être plutôt le monastère Ipatievski à Kostroma, où le jeune Michel Romanov s'était réfugié avec sa mère et dont il est parti pour devenir tsar, élu par le peuple, plutôt à contre-cœur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce ne sont de plus pas des indo-européens qui ont décidé le meurtre du tsar et qui l'ont commis. Je connais ce rôle indo européen du roi bouc émissaire, mais la Russie était un empire profondément chrétien, et ceux qui ont commis ce crime n'étaient ni indo européens ni chrétiens. Et qu'il fasse partie de la tradition indo européenne païenne d'assassiner son monarque ne me rend pas la chose moins choquante. Les sacrifices humains aussi, partant de là.

      Supprimer
    2. Voilà , vous avez trouvé. Ce n'est pas sans doute pas d'un palais, qu'il s'agissait mais un monastère...
      Sinon, les victimes expiatoires ne payent pas pour leurs crimes... leur fonction les désigne pour le sacrifice. Louis XVI aussi était un homme bon, et très intelligent même...Le christianisme en validant la royauté sacrée, a perpétué la structure pyramidale de la société indo-europénne et ce qui va avec: le sacrifice.Cela relève de l'inconscient collectif... Il y a même des sociétés indo-europénnes, où les gens avaient plus ou moins compris... personne n'était plus roi depuis des siècles chez les Gaulois, quand César s'est lancé à la conquête de la Gaule...Il y avait des chefs de guerre mais personne pour revendiquer la couronne.
      Que ceux qui ont assassinés la famille impériale n'aient pas été des Russes et des chrétiens, n'a aucune importance. C'étaient les instruments du sacrifice. Nicolas II n'était pas à sa place... s'il n'avait pas laissé ses ministres injustes martyriser le peuple en 1905, s'il avait tenu ses engagements, il aurait peut-être échappé à ce tragique destin. Mais c'était un homme faible, bon père et bon époux mais dirigeant stupide.
      PS J'ai bien connu des déportés dans îles de la Mer Blanche en 1905... des gens pacifiques et qui n'ont dû leur condamnation qu'à leur prise de position sociétale.. Seuls les plus costauds en ont réchappé et sont devenus quasi centenaires... Vous pensez que ces déportations, ces vies brisées, étaient méritées ?

      Supprimer
  3. Je ne dis pas que Nicolas était sans fautes, je dis qu'il est mort en chrétien et en martyr, et a sans doute mystérieusement racheté son peuple, car les liens entre un tsar et son peuple sont indissolubles, comme entre un père et son fils. Je pense que dans un royaume, le souverain n'a pas toujours le contrôle de tout ce qui se passe, surtout dans un empire comme la Russie, et c'est l'argument qu'on me sort pour justifier Staline qui a commis ou laissé commettre des massacres sans précédent dans l'histoire russe, si ce n'est ceux des bolcheviques qui l'ont précédé au pouvoir et qu'il a épurés. Je vous signale en passant que tous ces assassins, qui l'ont fait délibérément, en exigeant toujours plus de sang sont morts, eux, dans leur lit, couverts d'honneur, cela vous paraît-il juste? La Russie a été assassinée avec son tsar, comme d'ailleurs la France avec son roi, et s'il renaît aujourd'hui quelque chose, cette petite flamme ne brillera, jusqu'au Jugement, que si ne l'étouffent pas la haine et l'orgueil, le mépris de ses ancêtres et du long cheminement national, cette procession de saints et de pécheurs appuyés les un sur les autres qui viennent du fond des siècles et que Glazounov a représentée dans un des ses tableaux. En cela, cet article est très pénétrant, et qui ne comprend pas cela n'est pas vraiment russe, je dirais aussi, n'est pas chrétien, mais vous ne l'êtes manifestement pas.

    RépondreSupprimer