Il fait aujourd'hui assez froid, et la température dans ma maison laisse à désirer, or j'ai dépensé un paquet d'argent en plus pour soi-disant perfectionner le chauffage qui d'ailleurs marchait tout à fait correctement.
J'en ai profité pour aller me promener. Tout était monotone, du blanc et du brun, différents tons de bruns, aucun noir, et une sorte de lait nacré translucide, de lumière rose sous-jacente qui baignait toutes choses.
Je suis retournée à ce chemin de pêcheur qui passe à travers le marécage jusqu'au lac gelé. La dernière fois, j'étais avec petit Doggie et nous avions marché par l'église des quarante Martyrs et l'embouchure de la rivière jusqu'au café français...
Je ne me sentais pas de renouveler cet exploit, mais je n'avais pas trop mal à la jambe. Une brume givrante nappait de cristal brillant les roseaux et les saules. Les lointains disparaissaient dans une sorte de lumière sourde, où se devinait un peu d'azur, le disque du soleil.
J'aime le moment magique où les arbres s'effacent, où je ne suis plus accompagnée que par les roseaux, minces, ébouriffés, merveilleusement inégaux, tous à la fois semblables et différents, réunis, reliés à une harmonie générale.
Ils m'escortent puis s'écartent, et le lac apparaît, blanc, velouté, sans limites, il se perd dans les brumes. D'ici, on ne voit plus les disgrâces modernes, on ne voit plus qu'un grand lac russe drapé de brouillard dont émerge parfois la silhouette d'un pécheur.
Rosie était très contente, perpétuellement le nez dans la neige. Il y avait longtemps que nous ne nous étions pas baladées ensemble.
Un correspondant facebook m'a dit que Rosie vivait sa normale vie de chien, et les chiens, c'est son rayon. Rosie est heureuse et libre comme l'air, avec les risques que cela comporte.
La beauté.
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