Le pâtissier était furieux contre son personnel, des choses qu'il a montrées cent fois, ses employés les font de travers, sans soin, sans goût. De plus, ils ne prennent pas leur travail au sérieux, s'absentent pour des broutilles, l'un d'eux avait manqué parce que sa femme avait de la fièvre! Il me dit que les Russes sont pires que les Equatoriens, les Pakistanais, qu'ils vont se faire bouffer par les Chinois, aucune discipline, aucune motivation, aucune organisation, et même aucune fierté. "Quand je pense au mal que je me donne pour leur transmettre quelque chose, il y en a qui paieraient pour avoir cette formation! Ils ne la méritent pas, ce sont des connards!"
Je suis en effet quelquefois perplexe. Il me semble qu'ils se donnent plus de mal qu'il ne le pense mais on dirait qu'il leur manque une case. Préparer à l'avance ce dont ils auront besoin dans la suite de leur recette ne leur vient pas à l'idée, mettre chauffer le beurre, par exemple, pendant qu'ils font la première étape, pour ne pas perdre de temps, et s'il y a beaucoup de travail, il n'y a pas de temps à perdre. Ou bien ils ne voient pas que leurs macarons sont de tailles trop différentes, ils n'ont pas le compas dans l'oeil, moi je l'ai, mais j'ai l'entraînement de la pratique du dessin. Ils ne voient pas que quelque chose manque à la déco, que c'est trop pâle, pas beau, mais là, j'en reviens évidemment à ma thèse favorite: quand depuis l'enfance on vit dans le moche, sans aucune éducation esthétique, on a mauvais goût et on ne fait pas la différence entre le beau et le laid, on ne voit pas que les couleurs jurent, que les proportions sont inharmonieuses. Or il suffit de visiter une maternelle russe pour comprendre dans quel bain de kitsch invraisemblable les malheureux enfants grandissent... Les Français ont perdu beaucoup de qualités de leurs ancêtres, mais il leur reste quand même, en général, le sens esthétique et la tradition de la bonne bouffe. Enfin pour l'instant. De plus, dans un pays où l'initiative personnelle était découragée et qui a connu de grands traumatismes, on vit souvent dans le précaire, la débrouillardise et les petits boulots alimentaires, à part les artistes et les écrivains qui travaillent pratiquement gratos, on a peut être perdu le sens de l'investissement personnel dans sa profession.
Mais quand même: peut-on juger de toute la Russie sur une poignée d'employés? En tant qu'institutrice j'ai eu quelques assistantes maternelles vraiment pas piquées des vers, dont une qui me découpait des masques pour les enfants avec les yeux à des hauteurs différentes, mais j'en ai eu une qui ne m'a jamais lâchée, qui venait travailler malade, en laquelle j'avais toute confiance... Sans parler de ma collaboration avec Sacha Viguilianskaïa en classe bilingue.
Il a beaucoup neigé, et il a fallu déneiger. Je me suis rendu compte que les salopards qui déversent leurs ordures partout dans le quartier l'avaient fait, cette fois, devant mon portail nord. Me faudra-t-il écrire, comme l'a fait quelqu'un dans la ville: "Les cochons, quand vous aurez laissé votre merde, n'oubliez pas de grogner?" J'ai failli prendre un pinceau et me suis arrêtée: serait-ce vraiment efficace?
J'ai écologiquement ramassé les immondices.
Auparavant, j'étais passée dans un magasin de fleurs important, "l'empire des fleurs", pour essayer de trouver quelque chose afin de suspendre une plante. J'ai pris une solution provisoire en plastique à trois francs six sous et en sortant de là, de ce festival de kitsch fleuri, je vois à l'entrée du magasin, une série de lampes très sympas, amusantes, que je n'avais pas remarquées. J'en ai acheté une pour ma cuisine.
Agréable, le petit colis? |
la lampe |
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