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mercredi 28 mars 2018

Kemerovo


L’incendie d’un centre commercial à Kemerovo a fait beaucoup de victimes, dont énormément d’enfants, coincés dans un cinéma, parce que la direction, pour éviter les resquillages, avait fait barricader les issues. Les règles de sécurité n’ont pas été respectées, les gens accourus pour sauver leurs proches grossièrement repoussés. La population est soulevée d’indignation, les fauteurs de trouble en profitent pour verser de l’huile sur le feu. Chez les orthodoxes, on appelle à la prière et au silence, et moi, je veux bien, mais ce que je pense du fond du cœur c’est que les riches en Russie se permettent n’importe quoi avec un rare cynisme et depuis longtemps. Tous ces demi-bandits ou tout à fait bandits, à moitié députés, plus ou moins fonctionnaires, tout ce que sous le nom de boyards Ivan le Terrible empalait joyeusement en place publique, et je commence à le comprendre. Ce sont les mêmes créatures qui crachent sur « la populace » russe, saccagent les monuments historiques, placent leur argent à l’étranger, vendraient père et mère et à plus forte raison leur pays au premier venu.  Il me revient en mémoire plusieurs affaires. Par exemple, le jeune homme tué près de chez Xioucha, alors qu’il marchait tranquillement sur le trottoir, par un chauffard de la jeunesse dorée qui conduisait à tombeau ouvert et ne s’est même pas arrêté. Ou la salope, femme d’un truand local, qui a écrasé un enfant de six ans dont la police prétendait ensuite sans vergogne qu’il était bourré d’alcool autant qu’un ivrogne le samedi soir. Il suffit d’acheter, de menacer, et tout s’arrange, pour ces gens-là.  A cela, il faudrait mettre bon ordre, et d’urgence, et avec décision.
Je regarde avec consternation tant de jeunes et jolis visages qui ont disparu de cette façon atroce, parce que de gros requins ne pensent qu’au fric.  Un prêtre connu, le père Andreï Tkatchov, a commenté l’affaire en recommandant aux gens de ne jamais oublier de prier quand ils vont dans ce genre d’endroits, toujours beaucoup plus dangereux que les autres. En effet, et même il faudrait les asperger d’eau bénite. Et même ne pas y aller du tout. Pour deux raisons : cela s’appelle un centre commercial et un centre de loisirs, c’est à ce double titre un endroit à fuir. Centre commercial égale temple de Mammon, « consacré » à l’argent-dieu, destiné à nous en faire dépenser un maximum et à enrichir encore davantage les sangsues qui en sont les concepteurs et les gérants. Centre de loisirs, de loisirs de bas étage avec des films de merde et de la musique de merde qui avilissent et abrutissent ceux qui s’y laissent prendre, la conception même de loisirs et de centres à eux « consacrés » est une horreur dégradante qui salope les paysages et pervertit les populations. Le loisir doit être d’une autre nature. Il doit être en lien avec la nature et notre nature, sans nuire ni à l’une ni à l’autre.
Il est bien évident que dans le monde entier, les riches sont devenus absolument infréquentables. Je suis convaincue que seules les monarchies préservaient les populations de leur dictature absolue et transnationale. La prise de pouvoir par les bandits et leurs hommes de main et l’installation de dictatures mafieuses me paraît l’aboutissement obligatoire du système démocratique qui favorise la division des gens en factions et en partis, qui encourage les querelles, les calomnies, la presse à scandale et s’appuie sur les sentiments les plus vils, les plus dégradants. Le pire des monarques me paraît toujours préférable à un dictateur issu de l’idée démocratique, et l’on a vu que de n’importe quelle tendance, les dictateurs ont fait partout beaucoup plus de victimes que n’importe quel monarque du passé. La démocratie est aux bandits ce que la libération sexuelle est aux pervers et aux irresponsables : une aubaine, un vivier, un bouillon de culture.
Certains, devant les excès épouvantables du capitalisme débridé, prônent le communisme, comme s’il avait été lui-même innocent de tous crimes de masse et de formidables ravages culturels, quand on ne veut plus de la peste, il faut obligatoirement choisir le choléra… Pourtant, en l’état actuel des choses, et dans l’impossibilité de revenir à une situation antérieure plus saine, je préfèrerais personnellement un retour à une forme de communisme national modéré à ce que le capitalisme cupide est en train de faire de nos société et de notre planète. Aucun pouvoir n’a été aussi destructeur ni aussi profondément corrupteur ni aussi dangereux  que celui qui s’installe à présent : tout être resté normal en a les cheveux qui se dressent sur la tête, et comme on dit ici, nous n’en sommes qu’aux fleurettes, attendez les fruits…
D’autres, des intellectuels russes, pleurnichent qu’on en peut pas vivre en Russie, j’ai vu cela, on ne peut pas vivre en Russie, où tout est affreux, épouvantable et sans espoir, alors qu’en Europe (violons, jazz moelleux, petits oiseaux), alors là, en Europe, c’est la démocratie radieuse et l’abondance, les lendemains qui chantent aux terrasses parisiennes ensoleillées, les jolies boutiques et les parterres de fleurs. Alors, pourquoi suis-je venue en Russie, en dehors de toutes mes raisons personnelles d'aimer ce pays et sa culture ? Parce que la parenthèse trompeuse de l’Europe prospère est en train de se refermer, et qu’après avoir mangé le fromage, nous découvrons la nasse où l’on nous a poussés : nous n’avons plus aucune souveraineté nationale, nous sommes entièrement inféodés à des puissances visibles ou occultes qui ont décidé de nous faire disparaître, avec notre culture et notre identité, de nous croiser comme des vaches avec les taureaux noirs qu’elles font venir par millions sur notre territoire, de façon méthodique, délibérée, en nous anesthésiant avec une propagande effrénée accompagnée d'intimidation systématique.  Parce que l’avenir de l’Europe, c’est le Kosovo géant. Parce que les centres commerciaux  tuent nos villes, où sur nos places historiques ne rôde plus qu’une racaille allogène agressive et impudente que nous sommes censés supporter sans mot dire et à laquelle nos tribunaux et notre presse donnent systématiquement raison. Parce que cette presse, idéologiquement ou par intérêt, ne s’occupe plus que de propagande et ment d’une manière éhontée. Parce que nous ne pouvons plus nous exprimer librement sans risquer l’opprobre publique et la ruine, sinon l’emprisonnement. Parce que nos enfants seront pervertis et abrutis dès la maternelle. Parce qu’à force de s’entendre inculquer des idées absolument contre nature, les européens se sont transformés en une bande d’idiots hagards dont on fait ce qu’on veut, de véritables fous grotesques. Parce que nos derniers paysans ont perdu tout lien avec la terre et la tradition et se suicident en masse. Parce qu’on détruit des églises et construit des mosquées. Parce qu’on couvre les chrétiens de boue et de sarcasme, qu’on interdit les crèches et les croix. Parce que ce qui n’est pas déjà interdit est obligatoire. Parce que nous marchons sur la tête. Parce que nous ne sommes plus maîtres de notre destin. Parce qu’on nous conduit à l’abattoir, à la maison de fous et au bordel planétaire, et que l’unique peuple qui résiste encore, c’est le peuple russe et que la Russie, comme dit le père Basile, est notre dernière arche. Alors, intellectuels libéraux qui jugez votre peuple « irrécupérable » au regard des merveilleux critères de l’Europe civilisée, quittez-la donc, cette arche. Moi, je suis venue aider les Russes qui aiment leur pays à comprendre qu’ils ont bien raison de le faire et à colmater les voies d’eau.


1 commentaire:

  1. Merci Laurence pour l'éclairage sur ce drame. Quant à l'argent, on sait que Mamon peut tout acheter même le Fils Dieu pour trente malheureuses pièces d'argent...
    Je ne vous encourage pas souvent, mais je suis un fidèle lecteur de vos chroniques, Bien à vous, Bruno.

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