Vendredi soir a eu lieu la bénédiction
du café français, c’est le père Andreï qui s’en est chargé. Gilles ne l’a pas
fait monter à la production, car il craignait que Didier le pâtissier ne pique
une crise. « Eh bien voilà, lui ai-je dit, maintenant, tous les démons
vont partir dans l’escalier et aller se réfugier chez Didier ! »
Du coup le père Andreï est reparti
avec plein de gâteaux, et moi aussi…
Samedi soir, instruite de la
présence de l’évêque, je me suis poussée à aller aux vigiles. C’était
d’ailleurs l’évêque qui confessait les gens lui-même. J’étais émue, je me
disais que ce serait la première fois de ma vie que je me confesserais à un
évêque, mais il n’a pas eu le temps, et c’est au père Andreï que je l’ai fait.
Cependant, alors qu’il confessait une jeune fille, il m’a aperçue et il m’a
fait de grands signes : «Venez, venez… » Je me suis approchée, il m’a
présenté sa pénitente, qui avait toutes sortes de diplômes dont un de français,
et il lui a dit : «C’est notre Française de Pereslavl… » et la jeune
personne de joindre les mains, extatique : « Oh, c’est donc
VOUS ! » Il faudra que je m’habitue à ce genre de réactions, qui me
laissent flattée, mais perplexe !
La jeune fille a pris mes
coordonnées, car elle habite Moscou et n’avait pas le temps de me rencontrer
cette fois-ci. D’après ce que j’ai compris, c’est une fille spirituelle de
notre évêque. A la fin de l’office, quand il distribue sa bénédiction à tout le
monde, il me l’a recommandée : « Ce sera très bien pour elle, de vous
fréquenter !
- Oui, elle pourra pratiquer le
français…
- Oh mais non, enfin si, mais ce n’est
pas le principal, je pense que vous avez beaucoup à lui apporter, je pense que
vous avez un grand cœur, au sens chrétien du terme… »
S’il le pense, c’est que ce ne doit
pas être faux, j’espère ne pas le décevoir.
J’ai parlé au père Andreï de mon
amour de la vie, des bonnes chose de la vie, je lui ai dit que j'avais du mal à m'en détacher, ce qui serait pourtant nécessaire, à mon âge, et à surmonter la tristesse d'être restée seule :
«je sais que même dans l’au-delà aucun mari ne m’attend, et vous ne pouvez pas
savoir comme cela me déprime. » Pour
l’amour de la vie, il m’a dit : « Le monde qu’il nous est prescrit de
mépriser, c’est surtout le monde social, la richesse, le paraître, l’orgueil, le
pouvoir, les intrigues, mais les bonnes choses de la vie n’ont pas été créées
pour rien, et saint Jean de Cronstadt disait aux jeunes gens trop excessifs de
ne pas les mépriser, et de danser, par exemple, comme leur âge le réclamait.
- Mais alors pourquoi n’a-t-il
jamais touché sa femme ?
- Mais c’était un cas très spécial,
c’est même le seul cas qui ait jamais existé de ce genre, il avait eu une
illumination, enfin, c’est le seul et il avait ses raisons! »
Je n’ai jamais compris personnellement
pourquoi saint Jean de Cronstadt n’était pas devenu hiéromoine plutôt que de se
marier avec une femme en lui imposant une chasteté dont elle n’avait peut-être
vraiment pas envie. Enfin moi, à sa place, je ne l’aurais pas très bien pris.
A un moment des vigiles, avant l’exhapsalme,
on a coupé toute lumière électrique, quelle beauté, tout à coup… l’iconostase,
éclairée par les cierges et les lampades, semblait habitée d’un doux feu intérieur,
comme un grand cristal, un feu qui se reflétait sur les vêtements dorés du diacre,
et ce jeune diacre chantait admirablement bien, et avec une grande simplicité, sans
effets de voix.
Je me dis parfois que je n’ai plus d’afflux
de grâce, comme j’ai eu deux ou trois fois dans ma vie, il y a déjà longtemps,
mais je me rends compte que la pâte travaille avec lenteur, et que mon être se
transforme.
Le chaton Stacha ne me quitte pas d'une semelle, un de plus. Il me fait des câlins éperdus, même trop. Je l'ai emmené chez le vétérinaire et il était très inquiet, il devait avoir peur d'être chassé du paradis, mais sur place, il a compris que c'était une formalité et que je ne le larguais pas dans la nature. Il s'entend bien avec Ritoulia, ils jouent ensemble. D'après la véto, il aurait dans les quatre mois, et il sera probablement énorme. C'est une pierre dans le jardin de Georgette, mais elle garde ses prégoratives, c'est juste qu'elle ne supporte pas les enfants...
Moustachon |
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