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jeudi 5 décembre 2019

Formule du carême


J'ai trouvé au fil de facebook, sur la page d'un moine, ces reflexions sur le carême qui répondent exactement à mon état d'esprit et m'apportent enfin la paix sur ce point, je les livre à ceux qu'elles pourraient aider.

Si tout à coup se trouvait assez de volonté canonique pour expliquer aux gens que toutes ces règles  ne sont pas pour eux, mais pour les moines, et encore pas tous, mais seulement ceux des monastères où ils sont en cours, combien d’entre eux pourraient pousser un soupir de soulagement et passer ce carême paisiblement, sans perpétuel sentiment de culpabilité ni ambiguité bigote. Mais la question n n’est pas du tout dans la nourriture.
Quelques traités médiévaux se terminent souvent par la phrase « assez sur ce sujet », c'est-à-dire « ça suffit là-dessus, assez », et nous voudrions aussi écrire une fois un texte sur le temps de carême qui se terminât par ces mots encourageants.
Pas possible. Car dès le début du carême, j’entends les questions habituelles :
- quels jours on a droit à du poisson ?
- On peut aujourd’hui user de l’huile ?
- Permettez-moi, père de manger avec du lait, j’ai un ulcère.
Et ainsi de suite, et ainsi de suite.
Mais je réponds encore et encore à ces perplexités, et ne cesserai pas de le faire, car j’ai pitié des gens et le thème du carême en plonge beaucoup, si ce n’est dans le marécage de l’hypocrisie, dans un sentiment perpétuel de culpabilité. Car tu ne peux le respecter comme il est indiqué, même si tu y mets toutes tes forces, alors, tu es un pécheur, imparfait et gourmand ! Et le paroissien vit des années dans une dépression orthodoxe sourde, dévoré par un sentiment de culpabilité insatiable.
Et tout de même, qu’est-ce qui est prescrit ? Par qui ? Pour qui ? Comment jeûner sans pécher, pour noffenser ni Dieu ni ses saints ?
Dans l’antiquité, le carême de l’avent durait une journée, c’était la veille de la Théophanie. Le fait est qu’alors, nos deux fêtes merveilleuses, la Nativité et la Théophanie, tombaient le même jour, et le jeune d’un jour correspondait justement à l’évènement de la Théophanie, comme un sacrifice particulier de concentration religieuse, un temps spécialement choisi pour prendre conscience de ce grand événement. C’est de cette semence, de cet effort d’un jour, qu’ensuite s’est développé notre jeune de quarante jours.
Cependant, sa durée et la prescription de la table n’ont jamais eu une signification générale de règle absolue pour tous. Il n’y a jamais eu de règlement général pour les laïcs ; et chaque monastère observait sa propre règle selon la volonté de l’higoumène, de sorte qu’un théologien byzantin du XV° siècle, Georges Protosingel, décrivant la tradition du carême de la Nativité, admise à son époque, écrivait que dans la capitale, on jeunait quarante jours, dans certaines régions à partir du 10° décembre, dans d’autres du six, et ailleurs du vingt, et tout cela subsistait tout à fait normalement au sein d’une seule tradition, , il ne venait à l’esprit de personne d’accuser l’autre d’hérésie ou de tendances modernistes.
Un peu plus tôt, au XII° siècle, le fameux canoniste Théodore Valsamon déclarait qu’à Constantinople, on jeunait 40 jours pour l’avent, mais pas tous, seulement les moines, et pourtant, la plupart des gens préfère seulement quatre jours avant la fête, ce que condamne Valsamon, insistant sur le plus raisonnable : faire abstinence sept jours avant la Nativité.      
Saint Jean Chrysostome ; dans son « sixième discours contre les Anoméens. Sur la bienheureuse Philogonie » appelle ses auditeurs à respecter le carême cinq jours avant la Nativité, soulignant que ce n’était pas la quantité de jours qui comptait mais la disposition de l’âme.                                                
 – D’où nous viennent, dans les calendriers, ces prescriptions : nourriture sans huile, poisson permis ?
– Elles sont extraites du Typicon, la règle générale qui organise l’existence type d’un monastère d’hommes, c’est-à-dire un ensemble de règles pour les moines, par ce que jeuner 40 jours avant la Nativité était la pratique monastique, et non mondaine, habituelle, et si dans notre milieu ecclésiastique se trouvait tout à coup assez de volonté canonique pour expliquer aux gens que toutes ces règles ne sont pas pour eux, mais pour les moines, et encore pas tous, mais seulement ceux des monastères où ils sont en cours, combien d’entre eux pourraient pousser un soupir de soulagement et passer ce carême paisiblement, sans perpétuel sentiment de culpabilité ni ambigüité bigote. De plus, si nous décidions de restaurer la tradition antique du  jeune pour les laïcs, cinq jours avant la Nativité, la question de la « névrose du jour de l’an » serait résolue, quand tous nos jeuneurs affamés sont encore plus tourmentés par la culpabilité à cause de l’impossibilité de passer légitimement une belle fête familiale.
Mais la question n’est pas du tout dans la nourriture. Si vous avez assez d’obstination pour étudier les monuments de la littérature religieuse, vous trouverez une telle variété de pratiques dans le jeûne et l’abstinence que vous en aurez la tête qui tourne, comment les suivre de la bonne manière : comme els saints du monastère des Studites, ou les ascètes irlandais, ou les syriens orthodoxes qui n’avaient pas du tout nos formes de jeûne ?
En réalité, la formule est simple, même un enfant peut se la rappeler.
Le jeûne, c’est la retenue et l’humilité, voilà tout.
La nourriture carémique est une nourriture modeste. Et au contraire, ce qui n’est pas carémique, c’est ce qui n’est pas modeste. De sorte qu’un déjeuner qui vous coûte plus cher et vous prend plus de temps que d’habitude n’est pas carémique.
Si pour raison de carême, vous avez déjeuné, mort de chagrin, avec des homards et une soupe japonaise à la mode, payant pour ce plaisir homologué par le Typicon trois fois plus cher que d’habitude, vous n’êtes plus modeste, vous avez rompu le carême.
Si vous avez pris pour votre petit-déjeuner des flocons d’avoine au lait, vous faites correctement le jeûne car ce qui le rompt, ce n’est pas ce malheureux lait ou des pelmeni prolétariens, mais le luxe et le laisser-aller qui peuvent surgir avec les produits les plus innocents.
- Et comment déterminer ce qui est modeste et ce qui ne l’est pas ?
- C’est en fonction de votre éducation. Pour les gens, c’est plus simple quand quelqu’un décide à leur place, mais l’ascèse chrétienne, c’est la diversité des efforts créatifs, c’est-à-dire la recherche et les efforts personnels et libres. S’il n’y a pas de règle universelle, et il ne peut y en avoir ! il vous faut trouver vous-même votre mesure de jeûne, et pour cela, il faut faire connaissance avec vous-mêmes, votre corps, vos désirs et vos émotions, et c’est un grand travail sur plusieurs années.
Bien sûr, ce ne sont pas seulement les croyants mais toute personne éduquée qui doivent être retenus et humbles tous les jours de leur vie, mais le temps du carême doit être celui de le simplicité, pour libérer notre attention en vue du principal, de ce qui justifie en fin de compte tout cela, la contemplation du Christ, la pensée divine.
Que ces hautes et nobles paroles ne vous effraient pas.
- Où suis-je et où est la pensée divine ! Qui suis-je pour contempler le Christ !
- Tu es l’enfant de Dieu et le Seigneur est venu ici pour toi ! Tu te souviens ? «Descendu des cieux pour nous et pour notre salut » !
Le principal que nous devons garder à l’esprit, c’est que nous devons nous souvenir du carême de la Nativité : c’est le moment où nous devons oublier nos querelles habituelles et nos différents ecclésiastiques, nos discussions sur juridictions, les scandales, les jupes et la quantité de margarine dans les biscuits, toute cette « nourriture non carémique », cette écume trouble de la vanité religieuse et de la vulgarité doit partir, laisser la place au Christ, à la contemplation de son clair Visage.
Seulement le Christ ! voici la formule du carême de la Nativité.

L’archimandrite Savva (Majouko)
https://www.facebook.com/vitogal777/posts/2501540253396939

Вестник Рождества № 1.
Формула поста.
Если бы вдруг обнаружилось достаточно канонической воли, чтобы объяснить людям, что все эти правила не для вас, а для монахов, причем не всех, а только тех монастырей, где это принято, – сколько людей вздохнули бы с облегчением и смогли провести этот пост спокойно, без вечного чувства вины и ханжеской двусмысленности. Но ведь дело вовсе не в пище.
Некоторые средневековые трактаты часто заканчиваются фразой «об этом довольно», то есть: «хватит уже об этом, достаточно», и мне бы тоже хотелось однажды написать такой текст про постное время, который бы заканчивался этими ободряющими словами.
Не получается. Потому что с началом поста я слышу привычные вопросы:
- по каким дням разрешается рыба?
- а можно ли сегодня с маслом?
- благословите, отче, кушать с молоком – у меня язва?
И прочая, и прочая, и прочая.
Но я снова и снова отвечаю на эти недоумения, и не перестану, потому что мне жалко людей, потому что тема поста погружает многих если не в болото лицемерия, то в вечное чувство вины и виноватости. Ведь ты не можешь соблюдать, как положено, даже если приложишь все возможные усилия, значит – грешник, несовершенный и сластолюбец! И живет церковный человек годами в глухой православной депрессии, разъедаемый ненасытным чувством вины.
А всё-таки, как положено? Кем положено? Кому положено? Как поститься, чтобы не согрешить, чтобы Бога не обидеть и святых Его?
Предрождественский пост в древности длился один день – это был канун Богоявления. Дело в том, что когда-то два наших чудесных праздника – Рождество и Крещение – приходились на один день, и однодневный пост был обращен именно на событие Богоявления как особая жертва духовной сосредоточенности, время, отделенное специально для осмысления этого величайшего события. Вот из этого зерна, из однодневного усилия позже и вырос наш сорокадневный пост.
Однако его продолжительность и устав трапезы никогда не имели значения всеобщего или абсолютного правила для всех. Общего устава для мирян никогда не существовало, а монастыри руководствовались каждый собственным уставом и волей игумена, так что один из византийских богословов XV века Георгий Протосингел, описывая традицию Рождественского поста, принятую в его время, писал, что в столице постятся сорок дней, в других регионах начинают говеть с 1 декабря, в третьих – с шестого, а где-то и с двадцатого – и всё это совершенно нормально уживалось внутри одной традиции, никому и в голову не приходило обвинять другого в ереси или модернистских тенденциях.
Немного ранее, в XII веке известный канонист Федор Вальсамон сообщал, что в Константинополе постятся сорок дней предрождественского поста, но не все, а только монахи, однако большинство предпочитает только четыре дня поста перед праздником, что Вальсамон осуждает, настаивая на самом разумном: воздерживаться семь дней перед Рождеством.
Святитель Иоанн Златоуст в «Слове шестом против аномеев. О блаженном Филогонии» призывает своих слушателей соблюдать пост – пять дней воздержания перед праздником Рождества, подчеркивая, что не количество дней важно, а расположение души.
– Откуда же у нас в календарях эти предписания: сухоядение, без масла, разрешение на рыбу?
– Они взяты из Типикона – общего устава, регламентирующего жизнь типового мужского монастыря, то есть это правила для монахов, потому что поститься сорок дней перед Рождеством было обычной монашеской практикой, не мирянской, и если бы в нашем церковном обществе вдруг обнаружилось достаточно канонической воли, чтобы объяснить людям, что все эти правила не для вас, а для монахов, причем не всех, а только тех монастырей, где это принято, – сколько людей вздохнули бы с облегчением и смогли провести этот пост спокойно, без вечного чувства вины и ханжеской двусмысленности. К тому же, если бы мы решились возродить древнюю традицию пощения для мирян – пять дней перед Рождеством, – решился бы и вопрос с «новогодним неврозом», когда наши несчастные постники еще больше изводят себя чувством вины из-за невозможности законно пережить красивый семейный праздник.
Ведь дело вовсе не в пище. Если вам хватит усердия в изучении памятников церковной письменности, то вы обнаружите такую пестроту практик поста и воздержания, что просто закружится голова – как же правильно: так, как постились святые Студитского монастыря, или ирландские аскеты, или православные сирийские подвижники, которые вообще не знали привычных нам форм говения?
На самом деле формула у поста довольно простая, даже ребенок запомнит.
Пост – это два «эс»: сдержанность и скромность – вот и всё.
Постная пища – скромная пища. И наоборот, скоромно – это когда нескромно. Поэтому обед, который вам обошелся дороже и хлопотнее обычного – непостный.
Если вы по случаю поста отобедали убитыми горем лобстерами и модным японским супом с черной лапшой, заплатив за одобренное Типиконом удовольствие втрое больше обычного, вы оскоромились, вы нарушили пост.
Если вы позавтракали обычной овсяной кашей на молоке – вы правильно поститесь, потому что пост нарушает не многострадальное молоко или пролетарские пельмени, а роскошь и несдержанность, которая может себя проявить и с самыми невинными продуктами.
– А как определить: что скромно, а что нет?
– Это уже мера вашей воспитанности. Людям проще, когда за них кто-то всё решил, но христианская аскеза – это разновидность творческого усилия, а значит, личного, свободного поиска и напряжения. Если нет всеобщего устава, – да и не может быть! – вам самому надо найти свою меру поста, а для этого надо познакомиться с собой, своим телом, желаниями и эмоциями, а это большой многолетний труд.
Конечно, не только верующий, но и всякий воспитанный человек должен быть сдержанным и скромным каждый день своей жизни, но постное время должно быть временем простоты, чтобы человек мог освободить свое внимание для самого главного, того, ради чего, собственно, всё это и затевается – ради созерцания Христа, ради богомыслия.
Пусть вас не пугают эти высокие и благородные слова.
– Где я, а где богомыслие! Кто я такой, чтобы созерцать Христа!
– Ты – дитя Божие, и Господь пришел сюда ради тебя! Помнишь? – «нас ради человек и нашего ради спасения сшедшаго с небес»!
Самое главное, что мы должны помнить о Рождественском посте: это время, когда следует забыть все наши обычные распри и церковные склоки, разговоры о юрисдикциях, скандалах, пикантных новостях, дискуссии о юбках и количестве маргарина в печенье – вся эта «скоромная пища», мутная пена религиозной суеты и пошлости должна уйти, освободить место для Христа, для созерцания Его светлого Лика.
Только Христос! – вот формула Рождественского поста.
Архимандрит Савва (Мажуко)

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