Les cosaques m'avaient invitée au festival du "monde russe", à Serguiev Posad. Leur autobus partait à huit heures du matin, j'y suis allée en voiture, à dix heures, avec Aliocha, mon petit voisin, le fils d'Ania et Kolia. C'est un ado intelligent et bien élevé. Il voudrait devenir pâtissier. J'ai tout de suite vu qu'il pourrait entrer en apprentissage au café français d'ici quelques temps, mais il voudrait d'abord travailler un an chez un pâtissier à Moscou. Drôle d'idée, quand on a le génie du gâteau français sous la main... Mais il ne se rend sans doute pas compte de ce que l'occasion a d'unique!
Aliocha m'a expliqué que dans sa famille, tout le monde mettait la main à la pâte. Son père est plutôt rôtisseur, sa mère plutôt pâtissière. C'est normal, en France aussi, les hommes s'occuppent traditionnellement plutôt des viandes. Ces gens, qui ont gardé beaucoup de qualités de la Russie d'autrefois et les transmettent à leur fils, ont du coeur et de la finesse. Quand Ania travaille, c'est son mari qui fait la cuisine. Tous les membres de la famille s'entraident, et ils aident volontiers les voisins.
L'endroit où avait lieu le festival était très beau, la nature y est belle, les essences d'arbres, les prés fleuris de lupins, les vallonnements, la petite rivière... On y a construit une cité dortoir, fort heureusement peu élevée, mais je crains qu'elle ne reste pas seule. De là, on avait une vue magnifique sur la Laure de la Trinité-Saint-Serge.
Il y avait énormément de monde, mais nous avons trouvé facilement nos cosaques de Pereslavl. Ils ont joué, dansé, fait la danse du sabre et du fouet. J'espérais rencontrer des folkloristes comme mes copains de Moscou, ou des joueurs de gousli, car il y en a qui vivent à Serguiev Posad, mais je n'ai vu aucun d'entre eux.
J'ai fait avec Aliocha le tour des exposants, je n'ai rien vu de bien extraordinaire, le "monde russe" ne s'exprimait vraiment pas à plein. Parmi des hordes de badauds, erraient des cosaques, des jeunes gens en costumes typiques, d'autres en costumes médiévaux, étrange mélange qui reflétait les réalités différentes dans lesquelles nous vivons, en ce crépuscule de nos civilisations qui est peut-être celui de l'humanité. Ce qu'il reste de la Russie, au sein des représentants de ses tristes lendemains, cependant nombreux à se rendre à ce rassemblement patriotique, je ne l'aurais même pas cru.
Aliocha et Rita |
Typique de notre époque : "je n'ai rien vu de bien extraordinaire, le "monde russe" ne s'exprimait vraiment pas à plein." Nous sommes des simulacres.
RépondreSupprimerOui, mais par exemple au festival de folklore de Vologda, j'avais vu de merveilleux ensembles, du bel artisanat, de beaux jeunes gens...
Supprimer