J'essaie d'aller chaque jour nager, car ce n'est pas seulement bon pour ma santé physique, mais pour mon état intérieur. Le trajet en vélo, par les chemins défoncés bordés de saules, de maisons et de jardinets où s'épanouissent flox, cosmos, dahlias et "boules d'or", les papillons et les oiseaux qui m'accompagnent, comme dans la chanson de Montand "la bicyclette": "faisant naître un bouquet changeant de libellules, de papillons et de reinettes", sauf que ce n'est pas la France, mais la Russie typique. Mon amie Claire est venue me voir et m'a parlé de la nostalgie qu'elle éprouve de ce qu'elle a à peine connu, la France vivante des petits commerces et des petites exploitations agricoles, des paroisses et des écoles de campagne, une ambiance qu'on retrouve ici, en toute nonchalante liberté, à Pereslavl Zalesski. Je rencontre des gens qui me saluent, les pêcheurs me demandent si l'eau est bonne, les vieux sportifs matinaux me grondent de ne pas venir assez régulièrement sacrifier au sain exercice: "Et alors, on ne vous a pas vue, hier? Il faut venir, on a encore une semaine d'été, après, on ne sait pas ce qui nous attend, l'eau "fleurit" déjà!"
Là où je laisse mon vélo,il y a un jardin potager, avec des pommes de terre et des choux, mais aussi des tournesols, des zinias, des dalhlias, des oeillets d'Inde, et autres fleurs disposées n'importe comment, d'ailleurs. Des chats se promènent. L'eau n'est pas si fraîche, mais comme les petits matins le sont de plus en plus, j'entre vite, je nage, et je ressens le froid plus tôt qu'auparavant, mais j'ai quand même le temps de glisser dans cette immensité bleue avec des canards flegmatiques, de voir jouer la lumière dans les saules liquides, et les nuages blancs s'effilocher entre les ailes rapides des mouettes.
Hier, un vieux crétin a failli écraser ma chienne. Beaucoup de moscovites qui ne peuvent plus aller à l'étranger se retrouvent ici, où ils conduisent et se conduisent très mal. Les grandes villes rendent les gens idiots. J'attendais une livraison, le type s'est arrêté sur la route pour me la délivrer, et je suis sortie la récupérer, suivie de Rita. Le vieil imbécile, dans une grosse bagnole, sur notre chemin écarté, au lieu d'attendre, ou a la rigueur de nous demander de nous pousser, s'est mis à forcer le passage, j'ai vu ma chienne disparaître sous le capot, sur lequel je me suis jetée en hurlant, et cette erreur de la nature nous a, de plus engueulés!
Les deux filles de Claire ont beaucoup apprécié Nounours et réciproquement. Elles ont joué avec lui, elles lui ont fait des câlins. Ce chien a le don d'apparaître sans bruit, il se matérialise tout d'un coup, une blanche présence au regard sentimental. Avec Ania, nous l'avons remis en présence de son frère César, et ils ont joué avec tant de joie...
Le soir, je suis allée au bar retrouver Gilles, Godfroy et Maxime, à la terrasse. Dania le balalaiker déchaînait les noctambules de Pereslavl au bord de la rivière. Un type bourré a demandé à Maxime si j'étais sa grand-mère, j'ai répondu que bien que vieille, je n'étais la grand-mère de personne. Et c'est vrai que je ne me sens pas du tout dans ce rôle.
"Les grandes villes rendent les gens idiots" : 90% des gens vivent dans cinq villes...en Australie.
RépondreSupprimerOuais mais vous ne vous appelez pas Paule-e-e-ette ...:-))
RépondreSupprimerNicodème
et je ne suis pas non plus une jeunesse accompagnée par des garnements haletants!
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